Nous avons continué à voyager et une certaine routine s'est installée. Le temps continue lentement à se réchauffer. Est-ce qu'ici aussi il y a un réchauffement climatique ? Sauf que celui-ci serait surnaturel ? Ou alors, nous avançons lentement, mais sûrement vers le Reaper. Une autre question se pose : pourquoi le temps se réchauffe en approchant de lui ? Je ne peux que supposer que la magie est à l'œuvre. Mikasa n'a jamais dit qu'il utilisait la magie... Un artefact peut être ? Ça serait beaucoup plus réaliste...
Je ne sais d'ailleurs pas combien de temps s'est écoulé depuis notre arrivée. Je suppose que ça fait un peu plus de trois semaines que nous sommes là, mais je n'en ai aucune certitude. J'ai cessé de compter depuis quelque temps maintenant. De toute façon, nos journées se passent toujours de la même manière. Marcher, pause, manger, marcher. D'ailleurs, pendant nos pauses, je me suis mis à écrire. Un bestiaire. Mon bestiaire. C'est idiot à dire, mais je ne sais pas si je vais survivre à cette aventure et je ne veux pas que mes connaissances soient perdues. Je sais qu'elles pourront aider de nombreuses personnes et sauver des vies. C'est pour ça qu'une fois finis j'aimerais le donner à Jean, je sais qu'il en ferait bonne usage.
J'entends soudain du bruit. Réel bruit ou nouvelle hallucination auditive ? Le manque de son peut rendre fou et dans cet endroit, les sons ne courent pas la rue. Je me stoppe et j'étends ma magie tel une brume sombre à la recherche d'une menace.
Elle se fige vers l'est, non loin d'un coven de vampire. Ils sont au moins quinze. Pour le moment, ils se maintiennent à distance. Je les laisse donc en paix. Je n'ai aucune envie, ni motivation pour me battre. Un peu comme mes deux acolytes.
Je recommence à marcher et me rapproche au maximum d'Amatis et de Léo. Je les préviens de ce que je viens de voir. Leur seule réaction est un haussement d'épaule lasse. Cette affaire commence doucement, mais sûrement à nous user mentalement et physiquement.
Vivement, qu'on trouve ce type, parce qu'à ce rythme-là, je ne suis pas sûr qu'on tienne encore longtemps. Quelques jours. Quelques semaines tout au plus. Le temps et la perte de repères nous affectent tous de manière différente. Jean, étant un simple humain, arrive presque à sa limite. Son moral est au plus bas et le début d'une dépression pointe le bout de son nez. Je ne sais vraiment pas quoi faire pour l'aider... Je n'ai rien à ma disposition pour le faire. Je regrette vraiment de l'avoir traîner ici avec moi ...
Mikasa pourtant habitué du lieu semble tout autant touché que nous. C'est sûr que suivre une proie pour la traquer et la manger et nettement plus palpitant que de chasser quelqu'un qui vous fait flipper et pourrait potentiellement vous tuer. N'oublions pas qu'ici, l'immortalité n'en est pas vraiment une. La mort peut vous attraper à chaque tournant, plus la faim ne fait qu'ajouter du stress à la sirène. D'ailleurs, je lui ai proposé de se rétracter à plusieurs reprises. Je sais qu'elle ne veut pas rencontrer ce Reaper, ça se sent et ça la met à bout de nerfs. Elle a décliné à chaque fois ma proposition. Foutue femme têtue à la détermination inébranlable !
Quant à moi, étant un démoniste, je suis tout aussi immortel que Mikasa, mais seul l'ennui et la lassitude m'atteignent. Coincé pour l'éternité à l'âge de 25 ans. L'envie de balancer une boule de feu noir là-dedans pour nous changer les idées et le paysage me semble presque une bonne idée... J'en vient à espérer que les vampires nous attaques.
Malheureusement les vampires sont toujours à une bonne distance de nous.
Je réfléchis à quoi faire et j'en viens à la conclusion que nous devrions nous arrêter. Je leur partage mon idée et elle est acceptée à l'unanimité. Je les aide à monter le camp tout en gardant un œil sur nos indésirables. J'ajoute une barrière qui m'avertit si un ennemi s'approche trop près de nous.
Nos provisions s'allègent de plus... Je sors rapidement de la viande séchée et de l'eau de mon sac et je la distribue. Notre repas frugal avalé, je les envoie se reposer, prenant le premier tour de garde. J'en profite pour faire le point sur nos réserves et je ne peux m'empêcher de grimacer. Nous avons mangé les trois quarts de notre nourriture et il ne nous reste qu'un bidon d'eau. J'espère qu'on va vite le trouver ce Reaper, sinon je ne donne pas cher de notre peau.
