La seule pensée qui me vient, c'est que ses yeux sont identiques à ceux de mes rêves. Était-ce lui ?
-Qui êtes-vous ?
Il ne répond pas à ma question. À la place, il marmonne juste : "Toujours les mêmes, ces putain de créatures, jamais à me prendre au sérieux.". Il se relève.
-Hey la sirène, viens m'aider à l'asseoir. Il faut vérifier sa blessure.
Mikasa, se précipite et jette un regard méfiant au nouvel arrivant. Elle passe derrière moi, s'accroupit, me chuchote des excuses à l'oreille pour la douleur que ça va me causer. Elle me tire ensuite et m'assoit. Je retiens mon gémissement de douleur et je me rends compte que je suis maintenant appuyé contre la poitrine de mon amie.
Je lève la tête et tombe dans le regard froid de l'homme.
-Qui êtes-vous ?
Notre sauveur s'assoit face à moi. Il sort un tissu, demande de l'eau à Jean pour en imbiber le tissu. Il lui tend une bouteille sortie tout droit de son sac. Il le remercie d'un signe de tête et appuie l'étoffe sur mon épaule. Je grimace à la douleur et à la subite sensation de fraîcheur sur ma blessure.
-Est-ce réellement important ? J'aurais pensé que tu m'aurais reconnu... JE t'ai reconnu...
Sa voix me surprend, je ne m'attendais plus à une réponse de sa part. Il me faut une minute pour me concentrer et lui répondre.
-Oui, oui, ça en a. Comment est-ce que je t'aurais reconnu... Je ne t'ai jamais vu.
Il lève son visage vers moi et marmonne que les rêves doivent être trop récent pour moi, pour pouvoir le reconnaitre. Je peux maintenant l'observer. Il possède une peau blanche, des yeux en amande aussi bleue qu'un ciel d'été, des lèvres roses à peine définies, des cheveux bruns si foncés qu'ils semblent noirs. Il semble typée asiatique, mais rien n'est moins sûr.
-Tes yeux... Ils sont identiques à ceux de mes rêves. Pourquoi ?
Il se penche à nouveau sur mon épaule. Il laisse le tissu mouillé dessus et sort des feuilles qu'il pose sous le tissu.
-Laisse agir quelques minutes.
Son hésitation à continuer est clairement visible. Le noiraud finit par soupirer et vérifier le tissu sur mon épaule.
-Je ne sais pas encore pourquoi nous sommes liés ensemble, mais c'est le cas. Je te vois depuis que je suis tout petit dans mes rêves.
Il arrête là son explication. Je ne l'ai jamais vu, j'en suis sûr. Que ce soit dans mes rêves ou autre part. Et puis, il me voit depuis tout petit ? Ca n'a aucun sens... Mes rêves n'ont commencé qu'avant de venir au purgatoire. Mikasa me tapote la tête. Je reviens au moment présent et continue de fixer l'homme face à moi.
-Est-ce que tu as bu de son sang ?
Je baisse la tête et réponds à l'affirmative.
-Tu sais à quel point, c'était stupide ?! Est-ce que tu sais ce qu'il va t'arriver maintenant ?
-Oui, bien sûr que je le sais et ce n'était pas voulu.
Jean s'assoit à mes côtés.
-Tu veux bien expliquer à ton vieux frère ? Tu sais les lacunes, tout ça, tout ça.
Je lève les yeux au ciel.
-Et bien, tu vois mon sang va soit me tuer pour combattre la transformation, soit me transformer en un hybride jamais vu auparavant ou le venin sera plus puissant que ma magie et il va l'anéantir pour pouvoir me transformer en vampire.
Je vois la couleur disparaître de son visage.
-T'en fais pas Jean, il y a une solution pour éviter les trois cas.
Il se lève et se met à faire les cent pas. Balançant ses bras en l'air, il s'exclame.
-Vraiment ? Et c'est quoi ta soluce ? Prier un soir de pleine lune en dansant la macarena ? Tu peux pas être sérieux ! Je sais pas si tu en es conscient mais y a pas de lune ici ! Y a que dalle ! C'est la merde totale ! je te rappelle qu'on est coincé dans le purgatoire, au milieu de nulle part.
Je secoue la tête et grimace en sentant mon épaule tirer.
-Jean, calme-toi. Ça ne sert à rien de s'énerver. Tu te rappelles ? Sac sans fond et les trois-quarts d'une bibliothèque ?
Je le vois se calmer et s'asseoir à côté de moi. Mikasa qui est restée calme jusque-là se met à grogner lorsque le nouveau s'approche de mon sac.
-Reaper ou pas Reaper, je te dépèce si tu touches à ce qui ne t'appartient pas.
Je vois le jeune homme se stopper, lever les mains et reculer lentement de mon sac.
-Je ne voulais pas le piquer. Juste l'amener à ton ami. Il a dit qu'il avait ce qu'il fallait pour le soigner et comme il ne peut pas vraiment bouger... Je te laisse mettre deux et deux ensemble.
Je tourne la tête vers Mikasa. Je sais qu'elle cache sa peur derrière sa fureur. Malgré tout, il faut qu'elle reste calme. Pour l'instant, elle semble vouloir nous aider, mais qui sait ? Elle pourrait changer d'avis et m'achever à la place.
-Mikasa, reste calme, s'il te plaît.
Je pose ma main sur la sienne et la sers de manière rassurante. Reaper ramasse enfin mon sac et me le tend. Ou plutôt le laisse tomber. Je fais un mouvement de tête pour la remercier. On le voit se mettre en position d'attaque et sortir deux machettes.
Jean suit son mouvement et il se positionne dos à lui. Lui aussi machette dégainée. Il tourne lentement, semblant compter le nombre d'ennemis aux alentours.
-J'en vois quatre.
Jean secoue la tête.
-Non, ils sont six, il y en a deux dans les arbres en face.
Reaper fait ensuite une combinaison de gestes avec ses mains et Jean semble comprendre et lui répondre. Je reconnais les gestes qu'ils font. Ils sont en train de préparer une stratégie, ces deux-là sont faits pour se battre ensemble. Mikasa me tire sur mes jambes. Je serre les dents sous la douleur et elle m'aide à m'asseoir contre l'arbre le plus proche.
-Désolée Eren, mais ça sera plus simple pour te défendre.
Je grogne face à mon inutilité, mais je ne fais aucun geste pour les rejoindre. Je vais sagement rester là et m'inquiéter de ce qui peut leur arriver... Je suis sûr que je peux les aider à distance. Je souris tranquillement et je commence à réfléchir à ce que je peux faire.
