Chapitre 12 : And the battle's just begun

Elda regarda l'elfe Winky, ramenée par McGonagall quelques minutes plus tôt, pleurer en s'accrochant à Barty Croupton Jr. Elle invectivait Dumbledore entre deux sanglots, le maudissant d'avoir attaqué le fils de son maitre.

La jeune fille soupira, les yeux levés au ciel.

_ Il l'a tué, ton cher maitre. Le soir où Harry et Viktor ont vu Croupton père. Il l'a vu arriver à Poudlard grâce à la Carte du Maraudeur qu'il avait prit à Harry plus tôt dans l'année. Junior a tué Senior pour l'empêcher de révéler la vérité à Dumbledore.

_ Mensonge ! La Sang-de-Bourbe est une menteuse !

_ Je ne mens jamais. Mais on peut aisément prouver mes dires.

Dumbledore hocha la tête et fit avaler quelques gouttes de Veritaserum à l'homme toujours sous l'emprise du sortilège Stupéfix avant de le libérer d'un Enervatum.

Croupton Jr se réveilla avec un air hagard. Son regard se voila alors et son visage perdit toute expression.

Tout le temps que dura l'interrogatoire mené par Dumbledore, il répondit d'une voix égale, même aux questions les plus épineuses.

Il leur raconta ainsi toute son histoire, depuis le début, à commencer par savoir comment un homme déclaré mort se trouvait bien vivant devant eux.

_ C'est ma mère qui m'a sauvé la vie. Elle a été dévastée lorsque mon père m'a expédié à Azkaban. Lorsque ma mère a sut qu'elle allait bientôt mourir, elle a supplié mon père de me sortir de prison. Il n'a pas put lui refuser cette dernière faveur, mon père aimait profondément ma mère, on ne peut pas lui retirer ça. Ils sont venus me rendre visite avec du Polynectar. Ma mère et moi avons prit chacun une dose contenant un cheveu de l'autre et avons ainsi échanger nos apparences et nos vêtements. Je suis sorti de ma cellule et ma mère y a prit ma place.

Winky éclata en sanglot en s'accrochant convulsivement à l'homme, mais il restait de marbre. Dumbledore le regarda sombrement. Le Veritaserum d'Elda était encore plus efficace qu'il ne l'aurait imaginé, ôtant jusqu'à toute envie de se débattre à Croupton. Il se contentait de répondre aux questions avec indifférence.

_ Les Détraqueurs sont aveugles, et j'étais dans un état aussi lamentable que ma mère. Ils ont simplement senti une personne saine et une personne mourante entrer à Azkaban, et une personne saine et une personne mourante en sortir. Le Polynectar servait à duper les autres prisonniers et d'éventuels visiteurs. Ma mère a prit du Polynectar jusqu'à sa mort, et a était enterrée sur mon nom et mon apparence. Seuls mon père et Winky connaissaient la supercherie. Ils ont fait croire que ma mère était morte dans son lit et mon père a organisé un faux enterrement dans la plus stricte intimité.

_ Et comment Barty Croupton vous a-t-il caché et contraint à lui obéir ?

_ En me gardant à la maison sous l'emprise du sortilège de l'Imperium. Mais j'ai apprit à lutter contre ses effets et j'ai finit par parvenir à me libérer chaque jour un peu plus. Un jour, Bertha Jorkins, une sorcière travaillant au ministère dans le service de mon père, et passé à la maison et m'a découvert. Mon père lui a jeté un sortilège d'amnésie suffisamment puissant pour causer des dommages irréparables à sa mémoire.

_ Et ensuite ?

_ Lors de la Coupe du Monde de Quidditch, Winky a convaincu mon père de m'autoriser à y aller, et j'ai profité du chaos provoqué par les Mangemorts pour faire apparaitre la Marque des Ténèbres dans le ciel. Mon maitre saurait ainsi que quelqu'un lui était resté fidèle.

_ Votre maitre ? Lord Voldemort ?

_ Le Seigneur des Ténèbres, oui. Je savais qu'il attendait son heure, caché quelque part. Il est venu me chercher en personne, après la Coupe du Monde, dans les bras de Queudver, malgré son état. Il avait apprit mon existence grâce à Bertha Jorkins, capturée en Albanie. Il l'a interrogée et a apprit beaucoup de chose, levant le sortilège d'amnésie de mon père, notamment le Tournoi des Trois Sorciers tenu à Poudlard cette année.

_ Alors Voldemort vous a demandé d'infiltrer Poudlard en vous faisant passer pour le professeur Maugrey à l'aide de Polynectar. Personne ne se méfierait en vous voyant boire à votre flasque et fouiner partout puisque c'est ainsi que se comporte Maugrey.

_ Oui. Notre but était de faire participer Potter au tournoi afin de le livrer à mon maitre. J'ai mit son nom dans la Coupe de Feu en le faisant passer pour un élève d'une autre école, je me suis assuré qu'il remporte chacune des tâches et ai transformé le trophée placé au centre du labyrinthe en Portoloin qui mènerait Potter au cimetière où l'attendait mon maitre.

Dumbledore hocha la tête.

_ Ce qu'a dit Elda au sujet de votre père est-il vrai ?

_ Oui, je l'ai bien tué.

Winky sanglota plus fort encore. Dumbledore l'ignora, gardant un visage froid.

_ Où est le véritable Alastor Maugrey ?

_ Dans la malle. J'avais besoin de le garder vivant pour l'instant. Il est sous l'emprise du sortilège de l'Impérium et stupéfixé.

Dumbledore hocha la tête et se détourna de Croupton pour regarder Rogue.

_ Severus, je voudrais que vous alliez prévenir Madame Pomfresh de monter ici. Il faudra transporter le professeur Maugrey à l'infirmerie. Vous irez ensuite chercher Cornelius Fudge pour lui dire de venir, il voudra sans doute interroger Croupton lui-même. Elda, je voudrais que vous partiez avec lui. Harry, vient avec moi dans mon bureau, je sais que ça sera pénible pour toi, mais tu dois me raconter ce qu'il s'est passé dans le cimetière.

Elda adressa un sourire encourageant à Harry et s'éloigna avec Rogue.

_oOo_

Harry retrouva avec surprise et soulagement Sirius dans le bureau de Dumbledore. Son parrain se précipita vers lui, visiblement fou d'angoisse. C'est McGonagall qui était allé le chercher non loin de la cabane de Hagrid, sous sa forme de chien errant.

Dumbledore s'assit derrière son bureau et l'observa.

_ Harry, je sais que ça va être terriblement pénible pour toi, mais j'ai besoin que tu me racontes ce qu'il s'est passé après que tu es prit le Portoloin avec Cedric Diggory.

Le jeune homme brun se sentait mal, avait l'impression que les évènements de la nuit n'était qu'un horrible cauchemar et, plus effroyable encore, qu'il aurait put les éviter. Si seulement il avait écouté Elda… Son amie l'avait pourtant mit en garde, le suppliant d'empêcher Cedric de prendre le trophée, quoi qu'il arrive… Mais il avait voulut partager avec lui la place du vainqueur, car ils s'étaient entraidés dans le labyrinthe, notamment face à Krum sous l'emprise d'un sortilège.

La main de Sirius se posa sur son épaule pour l'encourager et il commença à parler. D'abord pénible, son récit lui apparut comme libérateur.

Il raconta alors qu'après avoir prit le Portoloin, Cedric et lui avait atterri dans un cimetière et que quelqu'un avait tué Cedric. Puis Queudver s'était montré. Harry raconta le rituel macabre auquel il avait été contraint de participer quand Queudver avait prit son sang, la résurrection de Voldemort, les Mangemorts arrivant à l'appel de leur maitre… il raconta tout. Même l'étrange phénomène ayant lié sa baguette à celle de Voldemort, et l'apparition des dernières victimes du mage noir, dont Lily et James Potter, ses parents. Les fantômes avaient retenus Voldemort pour lui permettre de récupérer le Portoloin et de s'enfuir avec le corps de Cedric.

A la fin de son récit, il se sentait totalement épuisé. Il remarqua à peine Sirius reprendre sa forme de chien noir, et Dumbledore les conduire à l'infirmerie.

Là-bas, il retrouva ses amis mais aucun ne lui posa de question. Il but une potion et sombra dans un profond sommeil dépourvu de rêves.

_oOo_

Ce fut une agitation soudaine qui le réveilla.

_ Il a faillit l'embrasser !

Harry tourna la tête et entrouvrit les yeux. Il parvint à distinguer des silhouettes entrant dans l'infirmerie.

_ Professeur Dumbledore ! Fudge a fait entrer un Détraqueur dans le château !

_ Severus, calmez-vous.

_ Me calmer ? Cette chose s'est jetée sur Elda et a faillit l'embrasser !

Harry força sa vision à redevenir nette. Il put alors voir Rogue dans un état de colère qu'il ne lui avait jamais vu. Il soutenait une Elda à peine consciente, pâle comme un mort et tremblant de la tête aux pieds.

_ Severus, j'ai conscience de la gravité des faits, mais installez d'abord Elda sur un lit, elle ne tient plus debout.

Dumbledore se tourna alors vers Fudge qui était jusque là resté en retrait. Son regard devint aussi tranchant qu'une lame d'acier.

_ Je croyais avoir été clair l'année dernière, Cornelius. Je ne voulais plus voir un seul Détraqueur à Poudlard. Réalisez-vous ce qu'il aurait put faire à une de mes élèves ?

Elda s'assit sur le bord du lit où Rogue l'avait guidée, écoutant Dumbledore rabrouer le Ministre de la Magie en personne comme un enfant. Elle était frigorifiée, alors qu'elle portait sur ses épaules la lourde cape noire du professeur Rogue. Le Détraqueur avait eut sur elle un effet presque aussi terrible que sur Harry, et si Rogue n'avait pas jeté un sortilège de Patronus pour la protéger, en forme de biche argentée…

Ce n'est clairement pas à un Détraqueur que j'envisage d'offrir mon premier baiser…

_ Le Détraqueur a embrassé Croupton…
Dumbledore regarda alors la jeune fille et son visage se recouvrit d'un masque plus froid encore. Il reporta son attention sur Fudge, glacial.

_ Alors non content d'attaquer une élève innocente, votre monstre à éliminé de l'équation un témoin clé. Il ne pourra plus témoigner et révéler pourquoi il a tué tous ces gens.

_ Inutile de le faire témoigner pour ça, c'est un fou furieux !

_ Un fou furieux qui a permit à Voldemort de revenir ce soir…

Fudge darda sur Elda un regard agacé. La jeune fille avait ramené ses jambes sous elle et s'était lovée contre Rogue, recherchant visiblement un peu de chaleur humaine. Pourtant son regard restait braqué sur le Ministre de la Magie sans ciller.

_ Vous-Savez-Qui ? Revenu ? Balivernes !

_ Bien sûr… Et Cedric est mort de son plein gré…

_ C'était un regrettable accident !

_ C'était un meurtre…

_ Le Seigneur des Ténèbres n'est pas revenu !

Rogue se leva alors et releva sa manche gauche pour mettre son bras nu sous le nez de Fudge.

_ Et la Marque des Ténèbres sur mon bras, de nouveau clairement visible, c'est quoi, à votre avis ? Une lubie m'aurait traversé l'esprit de la peindre ? Fudge, vous êtes aveugle si vous refusez de croire que le Seigneur des Ténèbres est de retour.

Il remit sa manche en place et retourna s'asseoir à côté d'Elda qui lui adressa son sourire tranquille avant de reposer sa tête contre son épaule, le teint toujours beaucoup trop pâle. La voir dans cet état le mettait dans une rage folle. Il devait bien admettre avoir eut peur lorsque le Détraqueur s'était jeté sur la jeune fille, tendant vers elle ses mains putréfiées. Bien plus peur qu'il ne l'aurait imaginé. Il regarda froidement Fudge, le responsable de l'état d'Elda.

_ Vous savez ce que représente la Marque des Ténèbres, chaque Mangemort en a une, que Vous-Savez-Qui appose lui-même. S'il la touche, nous le rejoignons. Ma marque est devenue plus nette au cours de l'année, tout comme celle de Karkaroff. Il a prit la fuite ce soir, ce qui se comprend après avoir dénoncé tant de ses collègues. Je ne donne pas cher de sa peau.

Fudge parut furieux. Il se drapa dans son égo et se redressa, toisant Dumbledore avec méprit. Sans même le regarder, il jeta un sac sur le lit de Harry.

_ Ton prix.

Elda le regarda passer devant elle et se redressa au mieux.

_ Vous vous en mordrez les doigts, monsieur le Ministre de la Magie… Vous refusez de voir la réalité en face pour préserver votre petite place et votre énorme égo… Ils ont fait ça aussi, à mon époque. Croyez-moi, les résultats de la politique de l'autruche ne sont pas beaux à voir. Se voiler la face à condamné mon monde, bien que des imbéciles heureux tentent encore de le nier et se reproduisent comme des lapins... Voldemort est revenu, monsieur le Ministre de la Magie, et refuser de le voir ne le fera pas disparaitre. Vous devriez écouter Dumbledore et prendre des mesures, car après, il sera trop tard, très cher…

_ Foutaises !

Sans plus rien ajouter, Cornelius Fudge quitta l'infirmerie d'un pas furieux. Elda soupira, comme si la présence du Ministre de la Magie avait jusque là refoulé le sentiment de désespoir que le Détraqueur avait instillé en elle.

Dumbledore secoua la tête et échangea quelques mots avec Mrs Weasley, au chevet de Harry. Elda savait qu'ils s'apprêtaient à reforger l'Ordre du Phénix. Bill parti après cet échange pour parler à son père et le mettre en garde contre Fudge.

Le directeur de Poudlard envoya ensuite Madame Pomfresh s'occuper de l'elfe Winky, toujours dans le bureau de Maugrey et sans aucun doute traumatisée à vie, avant d'enfin faire face au chien noir à côté de Harry.

Elda s'appuya plus lourdement contre l'épaule de Rogue, sachant parfaitement ce qui allait se produire, alors que le chien reprenait forme humaine. Elle sentit parfaitement le professeur tressaillir, mais au moins ne s'emporta-t-il pas.

_ Black ! Qu'est-ce qu'il fait ici ?

_ Il est ici parce que je l'ai invité, Severus. Je sais que je peux compter sur vous deux, le moment est venu d'oublier vos anciennes querelles et d'avoir confiance l'un en l'autre.

_ Professeur Dumbledore, j'ai énormément de respect pour vous. Mais ce que vous dites, je ne peux pas l'accepter…

Elda se redressa laborieusement, une vive nausée lui tordant l'estomac. Elle chancela mais une main ferme la retint par le bras. Rogue s'était levé à son tour et la soutenait.

_ Du harcèlement scolaire de ce niveau… ce n'est pas une vulgaire querelle… Surtout que je sais que Sirius a faillit tuer le professeur Rogue.

Elle regarda alors Sirius Black avec attention, un air de reproche sur le visage. Il n'arriva pas à soutenir son regard clair. Personne ne lui avait jeté ce genre de regard accusateur pour prendre la défense de Rogue. Il lui paraissait presque inconcevable que quelqu'un veuille le faire !

_ Vous êtes la jeune Elda qui avait confié de la nourriture à Harry et ses amis pour qu'ils me l'apportent, n'est-ce pas ?

_ Oui. Je vous aime bien, vous n'êtes pas un mauvais bougre, mais il y a des choses chez vous qui me répugnent. Cela dit, je ne vous ferais pas de leçons de morale. J'ai une sainte horreur des moralisateurs qui veulent refaire le monde. Je tenais juste à ce que les choses soient claires.

La jeune fille se laissa retomber sur son lit, ayant visiblement épuisé le peu d'énergie qu'elle avait réussi à recomposer après l'attaque du Détraqueur. Dumbledore la regarda et esquissa un léger sourire amusé, le premier depuis le début de la soirée. Décidément, cette jeune fille était bien étonnante. C'était peut-être elle, le miracle qu'il attendait…

Sirius s'avança et présenta sa main à Rogue sans dissimuler son dégout.

_ A court terme, je pense pouvoir te faire confiance, Servi… Severus.

Il frémit sous le regard noir que lui adressa Elda lorsqu'il manqua de prononcer un ancien surnom particulièrement cruel. Rogue grimaça avec écœurement en lui serrant brièvement la main, acceptant une trêve.

Dumbledore hocha la tête, satisfait. En tout cas, lorsque ces deux-là se retrouveraient ensemble, il devait veiller à ce qu'Elda soit dans les parages aussi, elle paraissait être capable de les apaiser. Oui, vraiment, Elda était une jeune fille étonnante.

_ Sirius, je voudrais que vous partiez immédiatement prévenir Remus Lupin, Arabella Figg, Mondingus Fletcher… tous les anciens. Puis vous vous cacherez chez Lupin, je vous contacterais là-bas.

Sirius hocha la tête, dit au revoir à Harry et reprit son apparence de chien noir pour partir. Dumbledore se tourna vers Rogue qui l'observait de son impénétrable regard noir.

_ Severus, vous savez ce que je dois vous demander. Si vous y êtes prêt…

Elda sentit son professeur se crisper, sa main posée sur son épaule tressaillit légèrement. Elle leva la sienne pour serrer celle de Rogue. Il avait les doigts glacés.

_ J'y suis prêt.

_ A la bonne heure. Je… Si vous pouviez commencer, dès ce soir…

Le professeur jeta un regard en direction d'Elda, incertain.

_ Ça ira pour moi, je vais manger du chocolat et je serais vite sur pieds…

La jeune fille lui sourit, comme pour le rassurer et le sombre professeur se leva, un peu plus pâle que d'ordinaire. Il quitta l'infirmerie et Elda soupira. Elle savait qu'à partir de maintenant, le professeur le plus haït de Poudlard allait se battre presque seul en mettant sa vie en danger chaque jour. Et il faudrait attendre sa mort pour le savoir et le voir comme il était.

L'homme le plus courageux que je connaisse…

La jeune fille s'allongea sur son lit pendant que Harry prenait une nouvelle potion pour dormir. Il ne savait pas tout ce qu'entreprendrait Rogue pour le maintenir en vie, et se contenterait de le détester chaque jour un peu plus.

Il ne tient qu'à toi de changer ça, ma vieille. Hors de question d'avoir de nouveaux regrets.

Elle sourit avec une détermination nouvelle. Oui, plus de regrets. Et surtout…

Je ne le laisserais pas se battre seul.