Hey !
Le chapitre de la semaine ! Au final j'ai pas corrigé l'OS des 100 thèmes que je comptais poster, dooonc voilà. (Bon c'est mon avant dernier chapitre en réserve par contre, va falloir que je me bouge pour la suite)
(Pour le titre, j'ai corrigé tout ça en reregardant Twilight. Puis je suis nul pour les titres. j'aurais dû me contenter de numéroter les chapitres.)
Merci à Mijoqui pour sa review sous le chapitre précédent !
Bonne lecture !
Fascination
.
Larx zieute son portable. Mais non, aucune nouvelle de sa mère. Rien. Niet, comme Van dirait. Bon.
Elle fourre l'objet au fond de sa poche. Comme si ça n'avait pas d'importance.
C'est de sa faute, aussi. A se faire des espoirs pour rien. Elle le sait bien qu'elle veut plus lui parler, l'autre conne. Mais merde quoi, un texto, un appel, ça lui écorcherait la gueule ?
Sans doute. C'est de famille, la fierté. Elle sait de qui elle tient.
– Salut.
Ah. Cette voix, elle la reconnaît. Faut dire qu'il a le timbre plat au matin, le Riku.
– Yo. T'es pas levé tôt, toi.
– J'ai mal dormi.
Et ça elle veut bien le croire. A voir sa gueule de zombie... Au moins, il fait pas tâche dans le décor. Remarque, parait que c'est comme ça que les familiers finissaient, dans le temps. De ce qu'Aqua lui a dit. Et comme ça qu'ils finissent encore dans d'autres pays. A trop se faire saigner, ils terminent tout mous, patraques sur leurs cuisseaux. Pour ça qu'elle attend toujours un certain délai, avant de venir lui bouffer le cou. Larx apprécie l'attention. Pour sûr qu'elle voudrait pas se transformer un marshmallow décérébré.
– Tu t'couches tard, aussi.
Elle repense à ce que l'autre lui a montré la haut, et elle peut pas s'empêcher de scruter Riku. Discrètement, du coin de l'œil. Elle surveille, des fois qu'un détail lui sauterait aux yeux. Un truc qui voudrait dire que Riri est plus vraiment... 'fin, comme elle a vu, quoi. Elle traque le petit quelque chose qui met la puce à l'oreille, comme elle voit Aqua faire, chaque fois qu'elle lui tombe dessus.
Bah, elle flippe pour rien la bleue. Mais elle est comme ça. Sûrement que ça doit lui peser, d'avoir la responsabilité du manoir et de toutes les merdes qui s'y trament.
Clairement, c'est pas une belle histoire qu'elle lui a raconté. Plutôt le genre secret gore de petit paysan du fond de campagne. Mais Van est pas tant méchant, et le nouveau, plus si nouveau, il a juste un problème d'horloge interne.
Ou alors, c'est à cause de ça qu'il ne dort plus. Merde. Est-ce qu'elle doit prévenir sa meuf ?
– J'ai pas vu le temps passer.
– Méfie-toi. Kai' non plus, elle voit pas passer le temps. Elle peut causer jusqu'à dans deux semaines si tu prends pas de pauses. Et Sora est pas mieux.
– J'imagine.
A tous les coups, les deux amoureux ont conversé toute la nuit. Elle est bien contente d'avoir filé parmi les premiers. Pas qu'elle aime pas Kairi, au contraire. Ça manque de meuf dans le coin. Mais elle oublie parfois que les humains ont besoin de piocher pour pas finir déphasés. Larx sait de quoi elle parle. Pendant ses premiers jours ici, elle différenciait plus midi et minuit.
– Et avec lui, tout roule ?
– J'ai l'impression.
– Il est pas trop goinfre ?
– Non. C'est plutôt le contraire.
– Sérieux ?
Il hoche la tête.
– J'aurais pas cru.
Le gris se tourne les pouces alors qu'elle se ressert un grand verre d'Ice-Tea. Midi approche, elle a la dalle. Le truc qu'elle fait mijoter, qui ressemble presque à une ratatouille, attend sur les plaques de la cuisine. Elle devrait aller surveiller, d'ailleurs. S'assurer que ça crame pas. Enfin. Elle le sentira, si ça merde. Y a pas plus forte odeur que celle de la bouffe qui brûle au fond d'une casserole.
– Dis.
Tiens. Ça sent la question, ça, vu comme il la regarde. Il a du sommeil plein les yeux, le pauvre. Sûr que Sora abuse pas ? Il sait à quelle fréquence les vampires sont censés boire, au moins ? Possible que le galopin l'ai entourloupé.
Il zieute sur le côté comme un gosse pris en faute, et elle se dit... Non, quand même ? Peut-être que si ? Elle se fait des idées. Ou pas.
– Quoi ?
– T'y connais quelque chose, en... Enfin, sur ce que les vampires peuvent faire ?
– Ça dépend.
Elle termine son verre d'une traite. Oublie de le savourer.
– Mais j'en sais plus que toi, alors demande toujours.
Elle cache bien la hâte que sa question provoque. Allez. Ça sent le ragot, ça. Et les ragots, c'est encore le truc le plus intéressant entre ces murs.
– De quoi ils sont capables ?
– Une question plus précise, s'il te plait. Parce que là, on y est encore dans deux jours.
Il soupire et s'attrape un morceau de pain comme son ventre grogne.
– Pour chasser. Est-ce qu'il peuvent...
Il cherche ces mots. Ou alors, il est gêné. Est-ce que le ragot vaut le coup, au moins ? Ça commence à l'inquiéter.
– Est-ce qu'ils peuvent attirer leurs proies ?
– Attirer ?
Oh. Elle commence à voir le truc venir.
Merde.
– Qu'est-ce que tu veux dire ?
– J'ai pas d'exemples précis.
Ou alors, il veut pas en donner. Et c'est pas bon signe.
– Essaie toujours.
Pas la réponse qu'il attendait, vu la gueule qu'il tire. Il plisse les yeux. Vraiment, il a dormi combien de temps cette nuit ?
– Est-ce qu'ils peuvent s'en prendre à l'esprit de leur proie ? Pour les envoûter, par exemple.
– Oh. Tu veux dire, façon Dracula avec Lucy ?
– Peut-être.
Elle comprend à sa tête qu'il a pas la référence. Tant pis. Tant que l'idée y est.
– Nan, ça c'est surtout un mythe.
– Surtout ?
– Parait que les plus vieux y arrivent. Tu comprendras quand tu verras le boss, ce soir. Mais c'est le seul qui sait faire ça, de c'que j'en sais.
– Et ça ressemble à quoi ?
– Tu vois l'effet que ça te fait, quand tu rencontres un type important qui t'écrase du regard ? Genre, t'es en adoration, et en même temps tu pourrais te pisser dessus.
– J'imagine.
– Bah voilà.
Riku hoche la tête. Mais clairement, c'est pas la réponse qu'il voulait. Et ça, ça veut dire qu'elle a vu juste. Possiblement.
– Mais même les plus vieux ici sont pas à ce niveau.
– Et est-ce qu'ils peuvent s'y prendre autrement ?
– Précise.
– En...
La gêne. Cette fois, elle la repère. Le gars est pas à l'aise.
– En les séduisant, par exemple.
Putain.
– Pas que je sache. Et même pour eux, ça demanderait un sacré effort. Personne ici est assez vieux pour gérer un truc pareil.
– T'es sûre ?
– Ouais. Un peu qu'elle est sûre.
– Tout c'qui se passe dans la tête, c'est galère à gérer pour eux.
Sûre, surtout qu'elle va filer voir Aqua dès qu'elle aura englouti cette ratatouille qui l'attend. Parce que là ça pue, et elle parle pas de la bouffe qui cuit.
– Après je te dis, je sais pas tout. J'suis juste humaine, moi.
Faut qu'on parle, elle tape à la vas-vite sur son portable. Ça va la faire flipper, mais au moins, elle a une chance de la croiser. De la croiser avant que le boss arrive. Et ça, vaut mieux que la cheftaine le sache avant que Xemnas découvre la tête de son nouveau locataire.
– D'acc.
Riku soupire. Il a la tête pleine comme un œuf, et si elle a bien compris pourquoi, elle lui souhaite bien du courage.
xoxoxox
Encore, les vampires s'amassent. Comme au soir de l'arrivée de Kairi, si ce n'est que cette fois, il ne manque pas une tête. Pas une tête que Riku ne connaisse.
Ça vient doucement. D'abord, Riku s'installe dans le canapé du hall en compagnie de Sora et Kairi. Ils échangent des mots sans se soucier d'Axel qui descend comme un courant d'air et apparaît soudain au milieu de la pièce, son regard souligné d'un impeccable trait de khôl. A sa suite, un Roxas patient gratifie chaque marche de son pas. Saïx n'est pas là, mais Riku a remarqué, chaque fois que le blondin s'approche, l'homme à la balafre s'efface aussitôt.
– Et, c'est quoi le truc que tu voulais me demander ? Sora lâche brusquement.
– Rien d'important.
– Mm, et en vrai ?
L'humain hausse les épaules. Sa réponse, il l'a déjà trouvée auprès de Larxène. Quoi qu'elle a elle-même reconnu ne pas tout savoir sur le fonctionnement du monde vampirique. Sora saurait sans doute l'éclairer. Sauf que Riku n'est plus sûr de vouloir comprendre ce qui lui arrive.
Kairi relève un regard intéressé. Un éclat de curiosité qui se perd dans l'interminable ennui de son existence.
Poser la question, c'est prendre le risque de se heurter à une seconde réponse, identique à la première. Une réponse qui n'est pas celle qu'il veut.
– J'en ai déjà discuté avec Larxène.
Et, justement, elle arrive. Short court, débardeur qui s'agite comme ses épaules roulent, tignasse encore humide de la douche qu'elle a prise. Elle s'est préparée, Riku le devine d'ici. Pour le retour du chef, ou pour le plaisir ?
Peu après, Naminé sort du salon. Elle n'a pas apporté sa harpe.
– Et tu lui as demandé quoi ?
Sa trogne de cabot penchée, Sora l'observe. Maintenant qu'il sait que question il y a, il veut la connaître. Et Riku comprend qu'il va insister. Qu'il sera frustré de ne pas savoir, comme les enfants qu'on silencieux alors qu'ils demandent pourquoi le ciel est bleu. Il sourit.
– Quelque chose.
– Et ça veut dire ?
Il le sent qui pose sa tête lourde contre ses cuisses. Sa joue mole appuyée, sa tignasse écrasée contre son pantalon. Ses yeux cherchent la vérité.
– Ça veut dire que j'ai déjà posé mes questions.
– C'est pas ce que je voulais dire.
Demyx ne vient pas. Il est loin du manoir, ce soir. Mais Ienzo ne tarde pas à fouler les marches que ses camarades ont dévalées. Il se trouve une place loin de l'entrée, là où son dos courbé disparaît dans l'ombre d'un meuble écrasé par le temps.
Reno débarque aussi vite qu'Axel, fait sursauter le gris. Il oublie parfois que les corps qui l'entourent sont capables de telles prouesses. Il faut dire, Sora en a si peu fait la démonstration devant lui.
Et en parlant de prouesses. Le regard apitoyé de Sora est à noter parmi ses incroyables capacités.
– J'avais juste des questions sur vous.
– Nous ?
– Oui.
– Kai' et moi, tu veux dire ?
Kairi rit. Elle a vu la faute et s'en amuse, et regarde son amour l'œil plein d'une tendresse moqueuse.
– Non. Vous, les vampires.
– Oh. Et qu'est-ce que tu voulais savoir ?
Joshua - un nom de plus qu'il a enfin retenu - sort d'il ne sait où. Sa démarche gracieuse lui donne des airs de spectre alors qu'il traverse son morceau de pièce et vient s'installer près de l'entrée comme on réquisitionne la meilleure place d'une salle de ciné. Bientôt Xion suit, et Marluxia. Et d'autres.
Et comme le hall se remplit, Riku lutte contre l'angoisse.
Ce soir, c'est leur chef qui arrive. Enfin, ce qui ressemble le plus à un chef, dans cette étrange famille.
– Ce qu'il essaie de te dire, So, c'est que ça te regarde pas, Kairi répond.
– Genre ! C'est une question qui voulait me poser !
Il plisse les yeux sans lâcher son familier du regard.
– Hein ?
– Eh bien il a changé d'avis.
Riku les regarde qui se rassemblent et forment leurs petits groupes, comme ils ont eux-mêmes fait. Des clans à l'intérieur du clan. L'appréhension le gagne, il ignore les mots que Sora prononce par la suite. C'est un froid vicieux qui lui gèle les oreilles.
Leur supérieur, leur chef. Il en a vu des tableaux qui le représentent, à commencer par celui qui orne l'entrée. Une longue chevelure, un visage digne, un coin de sourire qui éveille la méfiance. Personne ici ne semble le craindre. Les conversations vont bon train, les rires s'échappent et certains se détendent derrière une vidéo Youtube, assis à même les escaliers. Mais ils sont venus, tous. Est-ce qu'il doit y voir une marque de respect. Peut-être. Ça expliquerait, aussi pourquoi Vanitas est absent.
Et comme il pense à lui, le brun apparaît soudain à l'autre bout de l'escalier.
Toutes les pensées qu'il a retenues des heures durant déferlent dans sa tête.
– Y va être en retard, ça dit derrière lui.
– Ça lui ressemblerait pas.
A nouveau ce visage tordu de fierté et son cœur qui cogne.
– Je prends les paris !
– Dix contre un que Reno se plante.
Le garçon s'avance comme un prince au milieu de la pièce, va trouver sa place le cul dans un fauteuil sans doute plus vieux que ne le serait l'arrière grand-père de Riku, s'il était encore en vie. Il croise nonchalamment les jambes, loge sa main au creux de sa paume.
Il ne sourit pas.
– Tiens, t'es là toi ?
Axel s'étonne. Vanitas ne daigne même pas lui répondre.
Mais pour une fois, son silence ne sonne pas comme une preuve de condescendance. Riku y discerne autre chose. Un secret enfermé, protégé sous deux portes lourdes. Il l'observe, scrute son visage à la recherche d'une faille où se faufiler. Une réponse.
Vanitas ne le regarde pas.
– Laisse, la princesse des glaces et pas d'humeur à taper causette.
Et il voudrait que Vanitas le regarde.
– J'crois que j'ai vu de la lumière dans l'allée !
Et ça le rend dingue.
– Ah nan, ça bouge pas.
– P't'être qu'il s'est arrêté ?
– Nan, ça a pas l'air d'être une bagnole.
Il voit d'ici un morceau de nuque froide qui se perd sous une touffe de mèches foisonnantes. Une prise parfaite pour ses doigts.
– Ouais, ça ressemble pas à des phares.
Il guette, attend le moment où il se retournera - ce même moment où il lui faudra détourner les yeux avant de se faire prendre. Mais la tête solide du vampire demeure immobile. Là, posée dans sa main, son dos enfoncé dans un dossier moelleux, il attend et Riku attend, lui, quelque chose qui n'arrivera pas. Il déglutit.
Il voit d'ici comme ses doigts sont fins. Leur souvenir pèse encore sur sa joue.
– Quelqu'un sait où il en est ?
– Si ça s'trouve le sommet a mal tourné.
– Nan mais ça fait déjà deux jours qu'il est en route.
Ton torse ne semble pas se soulever. Le tissu lisse de sa chemise reste lisse. Riku la détaille, remonte jusqu'au col. Il voit, imagine, les boutons qui tombent un à un et-
– Riri ?
Il sursaute. Sous lui, Sora fait la moue.
– Mm ?
– T'es pas avec nous, là.
– Et elle est où ta tête, si je suis pas avec vous ?
Il agite ses doigts dans la tignasse chaude qui tape un repos sur ses cuisses. Un geste qui fait sourire le vampire, sans chasser l'inquiétude qui l'habite. Face à lui, une Kairi pensive balade ses doigts sur l'accoudoir de son fauteuil. Elle a des idées dans la tête, il pense. Des idées qu'elle ne partage pas avec eux.
Elle se tourne vers Vanitas. Et comme Riku l'imite, il ressent une immense frustration de voir que le brun ne lui rend pas la pareil. Il reste là, tourné vers sa porte, à attendre que... Que quoi ? Qu'est-ce qu'il y a de si intéressant, derrière le battant ?
– Tu recommences.
A nouveau un sursaut, qui agite la petite tête posée sur ses jambes. L'humain inspire. Il ne fait pas exprès. C'est la faute de Vanitas, si...
Sora a raison. Il recommence.
– Y a un truc avec mon frère ? il lui demande sous couvert de nonchalance.
– De quoi ?
Il y a que Vanitas le rend dingue.
– Van. T'arrête pas de le fixer depuis tout à l'heure.
Certes. Et il ne comprend pas pourquoi.
– Il m'intrigue. C'est tout.
Et encore il relève les yeux vers lui, sans jamais croiser les siens. Ce jaune miel désespérément loin de lui. Il la connaît par cœur pourtant, cette couleur. Il ne cesse d'y penser depuis vingt-quatre heures. Plus précisément depuis qu'il l'a coincé au bout d'un couloir - si tant est que ce ne soit pas lui qui se soit fait coincer, dans cette histoire ? Vanitas a déclenché une catastrophe incontrôlable et il ne peut même pas lui demander d'arrêter. L'autre tournerait autour du pot, pour mieux lui tourner autour.
Lui tourner autour.
– Moi qui pensait que tu t'inquiétais à cause du chef, Kairi lance.
Il ne sait pas si elle est sérieuse. Le chef ? Oui, il... C'est leur chef. Enfin, s'il a bien compris. Il y a cette histoire de vieux qu'on a évoqué devant lui plusieurs fois, à l'importance tout aussi capitale. Mais oui, bien sûr que ça l'intrigue et l'inquiète. Cet homme a tous les pouvoirs, ici. De ce qu'il a compris. Même Aqua - apparue à l'angle de l'escalier - s'approche les lèvres plissées. Elle passe et repasse ses doigts sous la bretelle de la robe qu'elle a enfilée, ignore - volontairement ? - le geste de la main que Larxène lui adresse.
Oui, bien sûr qu'il est inquiet, et intrigué. Qu'il devrait l'être.
Mais la vérité, c'est que face à Vanitas, ces considérations sont insignifiantes. Il lui prend la tête, dans tous les sens du terme. A croire qu'il s'est infiltré dedans. Et c'est sans doute le cas. Il a dû trouver un moyen, pour mieux emmerder son frère.
– Ça devrait aller.
– T'es confiant, elle rit.
– Je serais pas ici s'il s'y était opposé, non ?
Elle adoucit son sourire. Ses doigts s'enroulent autour du cuir abîmé qui la soutient.
– Pas faux.
Elle le regarde comme on contemple un enfant et ses réponses désarmantes de simplicité face à une questions trop complexe. C'est comme si elle savait des choses qu'il ne pouvait connaître. Qu'il lui manquait l'énergie, l'envie de les lui dire. Et lui, il lui manque l'envie pour creuser, alors il ne cherche pas. Un haussement d'épaule, il va pour retourner vers l'objet premier de son attention. Mais au même moment, ça s'écrie.
– Putain les gars ! Il est là !
Silence. Puis des murmures. Des voix qui n'osent pas pousser trop fort. Aqua tend brusquement son bras le long de son corps. Axel redresse la tête. Ienzo lève la sienne de son livre. Naminé abandonne son carnet, et Marluxia son verni. Joshua croise les bras, intéressé.
Le monde retient son souffle.
Des pas, puissants, derrière la porte. La poignée s'enfonce dans un claquement sec. Soudain, Aqua est en bas.
Une armée d'yeux convergent vers l'unique entrée.
La lourdeur du battant qu'on pousse étire le temps.
Riku ne réalise pas que Sora lui prend la main, si qu'il la serre. Que ça fait presque mal.
Un homme - non, pas un homme, quelqu'un est apparu dans l'entrée, et il ne peut plus bouger. Quelqu'un. Quelqu'un chose.
Fier d'un rictus satisfait, Xemnas se tient face aux siens.
– Bonsoir.
Un seul souffle que tous retiennent. Une unique respiration. Et soudain, quelqu'un expire, et la vie reprend son cours.
– Quelle agréable surprise de vous voir tous réunis ici.
– Bonsoir, Xemnas.
La voix d'Aqua ne porte plus de joie. Ce timbre ton sérieux inquiète Riku. Il la sent comme forcée, à cran, pire qu'un élastique rompu par le temps. Il peut presque entendre son cœur cogner au travers de la pièce, comme un réseau de veine dispersé dans les murs du manoir. Mais non, c'est seulement son sang qui bat à ses tempes.
Xemnas. Ce nom est une enclume. Il courbe les épaules. Sans remarquer la froideur de la main de Kairi qui vient s'y poser.
La suite de la conversation, il ne l'entend pas. Elle se déroule tout bas, trop loin de ses oreilles. Inaccessible. Mais il ne lâche pas des yeux ce type aux yeux aussi jaunes que ceux de Vanitas, cette peau assombrie comme celle de Sora. Ces cheveux longs qui débordent sous la capuche d'un long manteau noir, comme un morceau de nuit qui apporte avec lui à l'intérieur. Ça cogne, un besoin urgent de se détourner et d'abandonner toute autorité sur son propre corps.
L'humain ramène ses bras contre son ventre.
La conversation s'abrège sur un silence, et alors le vampire regarde la salle. Il se tourne, scrute, la lèvre redressée sur une preuve d'impatience. Et alors.
Alors, leurs yeux se croisent. Et Riku comprend deux choses fondamentales.
La première, c'est qu'il n'est rien. Moins qu'un grain de sable sous l'océan, qu'une poussière, un atome, il n'est rien.
La deuxième, plus dure encore à accepter, ce sont les mots de Larxène. Oui, il comprend ce qu'elle voulait dire. Et non, ça n'a rien à voir avec l'effet que Vanitas lui fait. Xemnas n'est pas dans sa tête.
Mais il ne peut pour autant le lâcher du regard, et comme il s'approche, Riku sent que le sol disparaît sous ses pieds. Le monde entier.
– Riku, c'est ça ?
Sa voix porte jusqu'à ses oreilles, mais impossible d'enclencher le mécanisme qui devrait engendrer une réponse.
– A ton avis ?
Et la voix qui sort, donc, ne vient pas de sa bouche. Ce timbre rocailleux n'appartient qu'à Vanitas.
– Ce n'est pas à toi que je pose la question.
– Tu sais très bien qu'il peut pas te répondre.
Des tempêtes se cognent sous ses yeux. Comment le noiraud peut-il se tenir là, la tête droite, alors que Riku ne demande qu'à plier l'échine ? Que son nom prononcé par cet homme est un immense honneur et une sentence de mort ?
– Qui sait. J'aime être surpris.
– Que dalle. Tu ferais pas ça, sinon.
La main de Sora serre la sienne comme il se redresse d'un coup.
– C'est bon, tout le monde a sa réponse. On peut s'arrêter là ?
Cette légèreté. Comment peut-il ne serait-ce que parler ? Et Kairi, qui caresse son épaule ? Riku ne comprend pas. C'est insensé.
– Je viens de rentrer et tu me chasses déjà ? sa voix gronde.
– Ouais. Sora est capricieux, avec son nouveau jouet. Il partage pas.
– La question ne t'était toujours pas dressée.
– T'as ta réponse, c'est ce qui compte.
Xemnas tourne la tête, et ça dure une éternité. Le temps qu'il attrape le regard de celui qui ose lui parler. Pas de colère, ni de rancœur et pourtant c'est quelque chose d'immense qui s'écrase sur eux, un orage que personne ne semble entendre ici, et Riku ne comprend pas qu'ils puissent encore, eux, ouvrir la bouche, dire des mots. Non.
– Vanitas.
– C'est mon nom.
Un souffle, et l'autre ose croiser les bras.
– Quelle impertinence.
– Quelle perspicacité. Le congrès t'as pas ramolli le cerveau, c'est bien.
Tout le monde les regarde, et fait mine de ne pas les regarder. Comme une pièce qu'on ne doit pas - pas ouvertement - admirer. Mais qu'on attend. Un final qu'on devine, les dernières minutes d'un film, celles qui ramènent à elle toute la tension accumulée. Un signal. C'est ce qu'ils semblent tous attendre.
Et le temps semble si long pour Riku. Si long.
Xemnas se racle indéfiniment la gorge.
– Je vois. C'est comme ça que tu accueilles ton frère.
Son… Pardon ?
Et voilà. Bon bon, il y aura un peu d'explications au prochain chapitre (Ou pas ? Qui sait. Lalala.)
A la prochaine !
