Résultat d'un atelier sur les capitales, sur le Discord des défis galactiques.
Moscou.
Jaime avait trainé Jon au café Pouchkine.
Le Lannister avait des goûts de luxe, forcément, avec sa famille. Le bâtard de Winterfell ne s'était pas senti bien durant tout le trajet en métro, dans sa vieille parka d'occasion qu'il avait achetée en arrivant en Russie, avec un bonnet qu'il trainait depuis ses quinze ans et une écharpe Décathlon premier prix. Jaime, lui, portait un magnifique manteau en laine gris clair au col haut, et un foulard en soie vert émeraude qui se mariait parfaitement à ses yeux. Il ne semblait pas avoir froid car il laissait sa tête nue, mais il était très fier de sa chevelure dorée et abondante, aussi Jon le soupçonnait-il de coquetterie.
Quand ils trouvèrent le café, ils surent qu'ils étaient arrivés : la devanture elle seule était magnifique, et quand ils rentrèrent, l'atmosphère feutrée et confortable les saisit, ainsi qu'une douce chaleur. Un employé en costume suranné mais éminemment classe attendait les visiteurs et leur demanda où ils voulaient s'asseoir. Jaime choisit le bar, moins guindé que les jolies petites tables rondes en marbre blanc et en bois. La moquette était rouge foncé et très moelleuse, les murs, le parquet et le plafond étaient en bois sculpté très finement. Des lustres à pampilles grandioses éclairaient la pièce. Un énorme globe terrestre en bois et en papier vieilli trônait non loin d'eux. De grands miroirs étaient enclos dans les murs. Le bar, en bois également, était très imposant et les tabourets très jolis et confortables. Jon et Jaime accrochèrent leurs manteaux en dessous, et s'intallèrent… Les bouteilles d'alcool les plus chères s'alignaient jusqu'au plafond derrière le bar, et tous les instruments étaient de bonne facture, en argent. Le barman était très beau et très bien habillé et préparait un cocktail avec une telle dextérité que ses gestes étaient un spectacle à eux seuls. De la musique classique discrète résonnait en fond sonore.
Alors qu'il s'attendait à se sentir déplacé dans un tel décor, Jon se sentit étrangement à sa place. Il se mit à sourire en regardant autour de lui, émerveillé, et quand ses yeux se posèrent à nouveau sur Jaime, il vit que celui-ci souriait également, mais en le dévorant des yeux, lui. Ses prunelles d'un vert merveilleux le fixaient comme s'il était la plus belle chose au monde, et Jon déglutit difficilement. Il n'était toujours pas habitué, et détourna le regard en rougissant, prétendant s'intéresser à la fabrication d'une délicate pelure d'orange entière comme un ressort qui ornerait très certainement un cocktail. Le barman s'approcha d'eux quand il eut fini.
-Qu'est-ce que tu veux boire ? lui demanda Jaime
Jon le regarda avec un sourire en coin.
-Je crois qu'un chocolat s'impose, comme dans la chanson…
-Comme dans la chanson, alors…
La chanson faire référence à "Nathalie" de Gilbert Bécaud.
Je me suis sentie comme Jon, là-bas. Comme si je ne correspondais pas à l'endroit. Puis finalement je m'y suis sentie bien. J'avais un blouson de ski et des baskets Décathlon à 28 euros, qui m'ont fait mes trois mois en Russie... La chaussure droite couinait... j'ai couiné sous la pluie, dans la neige, de Saint-Pétersbourg à Vladivostok en passant par Moscou et la Sibérie... les gens se retournaient quand j'étais derrière eux... j'avais honte, honte... je pensais sans cesse à racheter des chaussures... pourtant ces petites baskets ont tenu le coup dans l'extrême orient, par moins quarante degrés... mais elles étaient foutues à mon retour en France, au point de me faire saigner des talons à l'intérieur. Je les ai jeté avec émotion.
Et combien j'ai pu écouter cette chanson, aussi, à Moscou.
La prochaine fois que je monte sur Paris, j'irais au café Pouchkine du Marais, près de la Place des Vosges, et je prendrais un chocolat, et je me rappellerais la belle Russie :')
