Notes : J'ai écrit ce texte durant la journée mondiale de la bisexualité, le jeudi 23 Septembre dernier. Fait cocasse, Fleur rentre et dit qu'elle est fatiguée et qu'elle va faire une sieste, mais que je dois écrire mon texte pour la journée de la bisexualité. Je dis que je ne peux pas écrire de J&J, les personnages n'étant pas bi dans le canon. Elle me dit alors d'écrire sur Oberyn, et propose l'idée que vous lirez ci-dessous, et part se coucher. J'écris, et pendant que je pose les derniers mots de la dernière phrase, Fleur entre dans le salon, s'étire, baille un peu, et me regarde. Et là : "J'ai fini." "Quoi ?" "D'écrire mon texte avec Oberyn".
Moi je dis : timming parfait.
Malaga :
Jon et Jaime profitaient de leurs petites vacances de printemps après le terrible hiver qu'ils avaient dû endurer en Suède : ils étaient partis rejoindre la sœur jumelle de Jaime, Cersei, à Malaga, où elle faisait son Erasmus. Située au bord de la mer, à la pointe sud de l'Espagne, avec les côtes marocaines en vue par temps clair, c'était la ville idéale pour prendre le soleil et profiter de la chaleur. Chaleur du climat, mais aussi chaleur des habitants, qui se révélèrent un peu trop muy caliente au goût de Jaime…
Cersei leur servit de guide sur son temps libre, mais leurs vacances ne correspondaient pas et elle passait beaucoup de temps à la fac, si bien que Jon et Jaime s'étaient surtout retrouvés en amoureux. Jon avait été ravi à l'idée de rencontrer la sœur de son petit ami même s'il en avait aussi été malade des jours à l'avance. Il n'était pas mécontent de la voir sporadiquement : elle était polie avec lui, semblait contente de le connaître, mais avait une attitude un peu hautaine et lointaine qui le déstabilisait. Jaime lui avait dit que c'était parce qu'il était la première relation sérieuse qu'elle lui ai jamais connu et qu'elle restait sur la défensive, réservant son affection pour quand elle le connaîtrait mieux. Du reste il lui fit remarquer que lui-même ne s'était pas montré spécialement affectueux avec sa sœur et Jon fit un peu la tête mais dû admettre que c'était vrai, et continua de se comporter courtoisement mais sans plus avec Cersei.
Jon adora l'Espagne. C'était la première fois qu'il y venait, et les couleurs, les odeurs, le climat, l'architecture, la musique et le comportement des habitants le ravirent. En plus, le sud de l'Andalousie était très peu cher, et il pouvait dépenser autant que Jaime, et comme ils logeaient dans le bureau de Cersei aménagé en chambre d'amis avec le canapé-lit, il n'y avait pour le moment plus entre eux les problèmes d'argent qu'ils avaient pu connaître à Helsinki et qui les gênaient encore parfois à Stockholm.
Ils allaient dans les soirées étudiantes, mais aussi underground et anarchistes, où ils buvaient du tinto de verano, du vin rouge ou sangria coupé à la limonade. Tout le monde si entiendo jaja, s'accordait pour dire que c'était de la merde, mais c'était rafraichissant et montait vite à la tête. Le soir ils rentraient éreintés et alcoolisés, mais heureux. Ils s'embrassaient et se tenaient la main dans la rue sans avoir peur, Malaga étant un endroit sûr.
Un dimanche ils avaient fait de l'autostop et s'étaient rendus une journée dans la ville de Cadix, elle aussi sur la côte, où se tenait le Carnaval. C'était une fête populaire de grande envergure pour les gaditans, que lesdits habitants de Cadix préparaient toute l'année durant. Pendant dix jours, des agrupaciones, visiteurs venant de toute l'Espagne mais aussi de plus en plus du monde entier, le festival ayant été déclaré d'intérêt touristique international, venaient écouter et admirer les groupes de chant folklorique, déguisés, et juchés sur des chars éparpillés dans toute la ville. A chaque coin de rue, sur chaque place, un ou plusieurs coros les attendaient. Certains avaient pour thème la pêche, et ainsi une douzaine de braves gaillards vêtus en marins pêcheurs chantaient en espagnol sans doute sur la thématique de la mer. D'autres reprenaient des classiques comme "Alice au Pays des Merveilles" (qui avait énormément plu à Jon et Jaime qui étaient restés admirer les costumes et le char un long moment), ou des thèmes plus modernes comme le steampunk.
Le spectacle était aussi dans les rues, car les visiteurs étaient censés venir déguisés. Jaime avait emprunté un chapeau de pirate à sa sœur qu'elle avait gagné à une soirée étudiante organisée par la marque de rhum "Captain Morgan", avait noué un foulard rouge autour de son cou et mis des habits normaux mais qui pouvaient passer pour des habits de pirate. Quant à Jon il n'avait rien voulu faire, par timidité, mais le regrettait un peu à présent qu'il baignait dans l'influence et la gaieté du festival. Ils déambulèrent toute la journée dans la ville, à en avoir mal aux pieds, goûtèrent des tapas quand ils en avaient envie. Jon fut à la fois surpris et ravi par les oursins à avaler à peine ouverts et encore frais et vivants. Le goût était très sucré mais c'était délicieux. Il fit une tête vraiment bizarre quand il prit sa première bouchée et Jaime ne put s'empêcher d'éclater de rire. Il assistèrent au coucher de soleil sur la plage, à la fin de la journée, assis sur le mur le long de la promenade. Un soleil rouge, sanglant, plongea dans la mer. Une gigantesque sorcière en bois et en paille était érigée sur le sable, et dès que le soleil fut couché, les gaditans y mirent le feu. Il faisait froid et ils se serrèrent l'un contre l'autre, n'ayant pas prévu de vêtements chauds. Finalement leur blablacar leur donna rendez-vous un peu plus loin, et ils firent la connaissance de deux jeunes espagnols très en forme qui rentraient eux aussi à Malaga. Le conducteur conduisait horriblement mal, mais cela n'empêcha pas Jon de dormir, lové contre Jaime, bien que les cahos et les virages brusques le réveillaient de temps en temps. En revanche le trajet de deux heures fut un calvaire pour Jaime qui était tout aussi fatigué mais ne parvint pas à sommeiller, étant habitué à un peu plus de confort, et n'osant pas bouger pour ne pas réveiller Jon même si sa position était horriblement inconfortable. Quand ils arrivèrent chez Cersei, elle dormait déjà. Ils prirent une douche ensemble et allèrent se coucher directement après.
Le vendredi soir, Cersei suivait des cours de salsa. Elle invita Jon et Jaime à se joindre à son petit groupe. Les professeurs étaient un espagnol pur andalou et une française tombée amoureuse de la culture espagnole. Les cours étaient à peine payants, ils faisaient ça pour le plaisir, et une majorité d'élèves étaient des étudiants. Cersei pratiquait avec son binôme, un bel allemand bien plus grand qu'elle qui avait beaucoup de charme. Jon eu l'impression qu'il y eut un échange silencieux entre les jumeaux après qu'elle les eut présentés, mais il n'en comprit ni les enjeux ni les conséquences.
Les cours avaient lieu dans un bar, qui pour l'occasion poussait une partie des tables et des chaises contre les murs. Les élèves et leurs amis consommaient, et les touristes de passage s'arrêtaient pour le spectacle, ce qui fait que le bar s'y retrouvait. Jon et Jaime prirent une bière et assistèrent aux cours. Alors que Jaime paraissait très concentré sur ce que faisait sa sœur, l'attention de Jon fut indubitablement attiré par le professeur de salsa. Oberyn, comme ils s'étaient présentés, et sa partenaire Fleur, dansaient d'une façon incroyablement sensuelle. Ils se mouvaient en parfaite synchronisation quand ils montraient les pas de danse et les enchaînements que devraient reproduire leurs élèves, et bien souvent se laissaient emporter par la fièvre de la danse et partaient en improvisation plus longues. Fleur était une jolie fille aux pommettes hautes et au sourire ravageur, les cheveux brun bouclés attachés en chignon et portant une somptueuse robe rouge avec une ceinture noire. Elle avait mis des paillettes dorées sur ses joues qui réhaussaient encore ses belles pommettes et faisait ressortir le noisette de ses yeux, et un rouge à lèvre assorti à sa robe. Son partenaire était beau, grand, typé ibérique sans conteste, la peau cuivrée, très brun avec une petite moustache et une barbe, avec des yeux de velours très noirs qui faisaient fondre ses élèves. Il était musclé et évoquait une panthère, tout vêtu de noir qu'il était. Tous deux bougeaient comme une seule et même flamme et enflammaient les spectateurs.
A la pause, Cersei et son compagnon de danse rejoignirent Jon et Jaime, et la Lannister demanda à Jon ce qu'il pensait de la salsa. Il ne put se retenir de dire à quel point il trouvait les professeurs formidables, et félicita Cersei qui était elle-même extrêmement gracieuse avec son beau germanique. Cela sembla lui faire réellement plaisir. Jaime appuya l'avis de Jon sur Cersei et son binôme, mais se contenta de demander à propos des professeurs s'ils étaient ensemble. Le rire de Cersei lui confirma qu'il y avait au moins eu quelque chose entre eux… Quand ceux-ci vinrent leur parler, faisant le tour des élèves pour voir comment ils se sentaient aujourd'hui par rapport au cours, et décider de quoi serait composée la deuxième partie selon leurs réponses, Jon bafouilla en espagnol "me encanta" devant Oberyn, qui lui jetta un regard appuyé et un sourire beaucoup trop charmeur que Jaime ne manqua pas. Fleur et Cersei avaient l'air de bien s'entendre et elles parlèrent technique, pendant qu'Oberyn donna des conseils à son compagnon pour corriger quelques défauts, même si le couple faisait apparemment partie de leurs meilleurs élèves. Jon ne quitta pas Oberyn des yeux en se cachant derrière sa bière et en écoutant son accent chantant, sauf quand Jaime lui demanda s'il n'était pas fatigué et voudrait rentrer. Il répondit aussitôt par la négative et c'est là qu'Oberyn lui proposa d'essayer quelques pas de danse. Il le fit se mettre en position avec Fleur après lui avoir montré les mouvements, et ne se priva pas de le toucher pour rectifier sa position, et l'accompagna pendant tout l'essai. Jaime bouillait de jalousie en voyant les grandes mains brunes du professeur de salsa sur les hanches, le dos, la nuque et le buste de son petit ami, rectifiant sa position, remettant une jambe en place… Cersei à côté de lui avait un petit sourire en coin satisfait qu'il ne vit pas.
À la reprise des cours, Jon revint s'asseoir, un grand sourire sur les lèvres, flottant sur un petit nuage. Jaime lui demanda aigrement :
-ça t'a plut ?
Jon ne releva pas le ton et hocha la tête.
-Tu crois qu'on pourrait trouver des cours de salsa à Stockholm ?
Jaime noya son courroux dans la bière. Il ne tenait pas particulièrement bien l'alcool qui faisait ressortir les travers de sa personnalité. A la fin des cours, les élèves s'égaillèrent tous ensembles, formant des groupes, et Jon se leva pour aller voir les professeurs. Jaime le perdit des yeux et soudain bascula dans la panique la plus totale. Il se leva et chercha Jon dans toute la salle, alla dans les toilettes, en proie à une mauvaise intuition. Il attendit même que les gens sortent des cabines pour constater que son petit ami n'était pas là. Il se rendit dans la rue dehors, fit cent mètres d'un côté en dévisageant tous les passants, cent mètres de l'autre, revint au bar… Cersei lui demanda ce qu'il avait, il lui répondit qu'il cherchait Jon. Le binôme de Cersei lui dit alors qu'il l'avait vu partir avec le professeur Oberyn dans la cour de derrière. Jaime passa par les cuisines sans même s'excuser, et s'arrêta au pas de la cour, se plaquant contre le mur : Jon et Oberyn fumaient une cigarette sous un arbre. Ils ne l'avaient pas vu. Jaime, mort de jalousie, décida de les observer un peu. Les deux hommes avaient l'air de s'amuser, ils plaisantaient et riaient ensemble. Le cœur de Jaime se serrait au fur et à mesure de leur conversation. Il faillit bondir de sa cachette quand Oberyn posa l'air de rien sa main sur la hanche de Jon et l'attira petit à petit à lui jusqu'à ce qu'ils se retrouvent très proches, trop proches. Mais celui-ci sembla gêné et enleva la grande main d'Oberyn.
-J'ai un petit copain, murmura-t-il sans pour autant se reculer.
-Et alors ? souffla le professeur de salsa. Il n'est pas obligé d'être au courant...
Jon rit, mais sans joie, et recula enfin.
-Mais moi, je le serais.
-Ah, tant pis pour moi. Mais s'il ne te traite pas bien, reviens à Malaga, je me ferai une joie de t'accueillir.
Ce faisant, il sortit sa carte, la montra brièvement à Jon et la glissa lui-même dans la poche arrière du jean du jeune homme, ne se privant pas pour le toucher bien plus que nécessaire...
-Bon, ça suffit comme ça, non ? s'énerva Jaime en sortant de sa cachette comme un beau diable.
Les deux hommes sursautèrent, et Jon s'exclama :
-Mais enfin Jaime, t'espionnais ?
Jaime ne répondit même pas, le prit par la main et le traîna à sa suite à l'intérieur du bar où Cersei et Fleur étaient encore en train de bavarder et de boire avec quelques élèves. Jaime était rouge comme une écrevisse, Jon était déconcerté, et le fut encore plus quand Cersei vint écraser un gros baiser sur sa joue :
-Je n'ai jamais vu mon frère se mettre dans cet état pour quelqu'un, je crois que tu l'as accroché, félicitations, dit-elle avant de partir dans un rire cristallin qu'elle partagea avec Fleur qui avait la mine aussi pétillante que les yeux de Cersei.
