Hé mes petits nandous, c'est pas fini ! C'est bien la preuve que personne ne lit mes résumés, ou mes chapitres introductifs, j'ai toujours dit qu'on allait jusqu'à Noël ! Il reste deux-trucs petits trucs en suspens. Ce chapitre est particulier, parce qu'il ne se déroule pas réellement le 25 décembre (contrairement à tout le reste), mais il en parle, et fait des aller-retours dans le temps. Enfin, vous allez bien voir ça. Même si, désolée, ce chapitre arrive un peu en retard parce que j'étais assez occupée, principalement à tousser et cracher mes poumons.

Je profite d'avoir (peut-être) votre attention pour dire quelques petites choses : premièrement, merci du fond du cœur pour tous vos messages sur cette fic, ça me fait toujours quelque chose de vous voir présents au rendez-vous ! Deuxièmement, suite à un bête résultat positif qui m'a appris que mon rhume n'était pas un rhume, je suis isolée et confinée depuis plusieurs jours, et mon Noël est assez particulier, donc faites moi plaisir et laissez des reviews, ça m'occupe dans mon ennui lancinant de l'isolement *cœur*. Troisièmement, si vous êtes attentifs, vous venez d'apprendre un nouvel animal en N, et vous pourrez crâner au petit bac si vous avez une catégorie spécial animaux, quand tous les gens autour sortiront seulement naja et narval.

JOYEUX NOËL (à ceux qui le fêtent) et bonne lecture !

Epilogue


John ouvrit les yeux, lentement, et constata que Sherlock s'était roulé en boule pour lui faire un câlin post-coïtal, et qu'il s'était endormi contre son flanc. Durant leurs vacances, ils avaient profité autant que possible de la maison Holmes tranquille et bien isolée pour se découvrir le plus possible physiquement. Sherlock, avec la rhétorique qui le caractérisait, avait argué que Mycroft et Lestrade devaient avoir du lubrifiant, eux.

— Je t'en prie, va en demander à ton frère, avait répliqué John. Je t'attends là.

Ça avait coupé court à leurs envies, et ils avaient rongé leur frein pendant quelques jours. Quand ils étaient rentrés, quelques jours après Noël, la voiture, toujours conduite par Toby avait posé Greg chez lui, Mycroft à son bureau en demandant à son chauffeur de s'occuper de son frère, puis John chez lui. Il en avait profité pour récupérer d'autres fringues et du lubrifiant, et ils étaient aussitôt repartis en direction de chez Sherlock, appartement plus grand et agréable.

Du reste, John n'avait rien vu de l'appartement. Ils avaient filé droit dans la chambre, et n'en étaient pas ressortis depuis, plusieurs heures plus tard. Pas étonnant que Sherlock dorme profondément, et que John lui-même se soit assoupi. Ils avaient passé leur temps à s'envoyer en l'air, et John était fourbu.

Il se détacha doucement de Sherlock, remontant les draps autour du corps nu de son amant, ne pouvant empêcher son cœur de tressauter de bonheur devant cette vision.

Balayant la pièce du regard, il fut incapable de trouver ses vêtements, et attrapa une couverture, dans laquelle il se drapa, avant de partir à la découverte de l'appartement. La salle de bains, il connaissait déjà. Le salon brièvement entraperçu était un champ de bataille. La cuisine abritait du matériel de chimie dont John soupçonnait d'être plus professionnel que certains labos spécialisés.

Ouvrant le frigo dans l'espoir d'y trouver à manger, il découvrit une bouteille de formol, une tête humaine, un truc qui ressemblait à du foie, mais considérant qu'il était dans le même sachet que des orteils humains, John n'avait aucune envie de le manger.

Il referma le frigo. Ça aurait dû le dégoûter, ça ne faisait que l'amuser. Il apprendrait à Sherlock à mieux se nourrir et respecter le frigo. En attendant, ils commanderaient à emporter.

Il dénicha des toasts, ne prit pas le risque d'utiliser le grille-pain, et les grignota ainsi. C'était fade, mais ça apaisait son estomac qui grondait de faim.

Il repassa dans le salon, et laissa son regard errer de partout. Il y avait des tasses de thé vide un peu partout. Des marques de couteau plein le manteau de la cheminée. Un crâne, humain, également. Des livres partout, et une grosse couverture moelleuse sur le dossier du canapé. Des partitions, aussi, traînaient de çà et là. Et du bazar varié, comme des trucs qui ressemblaient à des tuyaux de cornemuse.

John sourit en reconnaissant la partition posée sur la table basse. Resserrant les pans de la couverture qui l'habillait, il se remémora Noël, quelques jours plus tôt. Le réveillon avait été fastueux. La tradition de la famille Holmes plaçait l'ouverture des cadeaux le 25 au matin, et ils étaient tous allés se coucher après avoir déposé les paquets au pied du sapin.

Le lendemain, en pyjama pour la plupart (Sieger, Violet, John et Greg, à vrai dire. Sherlock avait une chemise, Mycroft était en costume trois pièces dès neuf heures du mat. Greg avait ricané qu'il dormait ainsi), ils avaient ouvert les paquets. Ils n'avaient pas vraiment prévu d'être tous là, ainsi, et John culpabilisait notamment de n'avoir prévu aucun cadeau pour Mycroft, et Lestrade, mais au final, tout le monde s'en ficha. Pour John comme pour Greg, c'était la première fois qu'ils voyaient la famille Holmes, et ils s'amusèrent énormément, tous les deux, à les voir évoluer, dire les choses sans les dire, être incapables d'exprimer leurs sentiments mais en se dévouant pour ne surtout pas que leur père se fasse encore plus mal à la hanche. Les cadeaux n'avaient aucune importance, simplement le plaisir d'être ensemble.

John, cependant, avait rougi en ouvrant le cadeau que Sherlock lui avait réservé. Il ne s'attendait pas vraiment à recevoir quoi que ce soit, parce que ça semblait très loin des préoccupations du génie, et qu'à la base, ils étaient là pour faire semblant, et Sherlock n'avait rien dit sur les cadeaux mutuels dans le cadre de leur rôle. Au vu de son caractère, il aurait pu être crédible qu'il n'offre rien à John, alors il n'avait pas osé en parler. Pourtant, Sherlock lui avait tendu un paquet sans la moindre hésitation, que John avait ouvert fébrilement.

— Ils sont tactiles, avait précisé Sherlock. Pour que tu puisses envoyer des messages sans t'abîmer les mains dans le froid.

John avait mis les gants, magnifiques et coûteux, parfaitement adaptés à sa taille, et très chauds. L'attention de Sherlock lui avait mis les larmes aux yeux.

En retour, il avait rougi et balbutié qu'il ne savait pas ce qui lui ferait réellement plaisir, et qu'il était entré dans un magasin de musique spécialisée, et qu'on lui avait recommandé des auteurs de musique classique dont il n'avait jamais entendu parler, et qui proposait des variations pour violon inédites et méconnues. John avait l'impression d'être égoïste, parce qu'il aimait entendre jouer Sherlock, mais manifestement, les nouveaux morceaux à découvrir et jouer pour John avaient ravi son amant. Il avait commencé à les travailler le jour-même, tout en alternant avec des cantiques de Noël, pour faire plaisir à John et sa mère. Si John n'avait pas été aussi fou amoureux, il le serait devenu cet après-midi-là.


Revenant à la réalité, John délaissa les nouvelles partitions et s'approcha de la fenêtre. Il n'avait pas eu la chance d'apprécier la vue de l'appartement de Sherlock, et la fenêtre de sa chambre donnait sur une arrière-cour sans vis-à-vis, ce qui était heureux pour leurs récentes activités.

Il se colla à la fenêtre, appréciant le spectacle de Londres enneigé, et replongea de nouveau dans ses souvenirs.

Il avait réussi, le 25 après-midi, à traîner Sherlock dehors, sur l'immense tapis immaculé de neige, et John avait retrouvé son enfance, s'amusant comme un gosse dans la neige. La forêt blanchie et givrée était un décor de cartes postales, et Sherlock lui-même semblait oublier la douleur de ses souvenirs d'enfance. Surtout quand John lui avait décoché en pleine tête une boule de neige, riant aux éclats.

Il avait répliqué aussitôt, furieux, mais il n'était pas doué pour tirer, au contraire de John qui visait parfaitement juste.

Greg s'était mêlé à leur jeu, essayant d'y entraîner Mycroft qui avait refusé de bouger d'un millimètre, l'air pincé, sur le pas de la porte. Lestrade tirait juste, lui aussi, et Sherlock en avait fait les frais. Il avait lamentablement perdu la bataille de boules de neige, et il était parti bouder dans sa chambre. John l'avait rejoint, et poussé sous la douche pour se faire pardonner. Sherlock, étouffant son gémissement de jouissance dans son giron, avait pardonné peu de temps après.


John en revint à Londres. La neige était arrivée sur la capitale quelques jours plus tard, et elle s'accrochait encore aux toits des immeubles, aux arbres et aux parcs, mais les trottoirs disparaissaient sous un gris sale nettement moins joli au regard.

Une devanture, en bas de la rue, attira le regard de John, qui se contorsionna pour essayer de lire l'enseigne. Impossible, elle était presque sous ses pieds, et il n'était pas dans le bon axe. Se détournant de la fenêtre, il avisa son téléphone, dépassant à moitié de la poche de son jean, perdu sur le sol du salon. Ils avaient commencé leur effeuillage à peine entrés dans la pièce.

Il récupéra l'engin, dédaigna les quelques messages qu'il avait pu recevoir, et ouvrit une application de géolocalisation, qui pouvait lui indiquer le magasin en contrebas. La réponse ne se fit pas attendre, et il rit doucement, dans le silence de la pièce.

— Sherlock, espèce d'enfoiré, marmonna-t-il en riant.

Il ouvrit l'application de messages, cliqua sur le nom de son amant, et remonta les derniers échanges.

J'ai hâte d'arriver à Londres.

Il se souvenait du regard surpris de Sherlock, quand il avait lu le message et relevé ensuite la tête pour regarder John. Ils étaient dans la voiture de Mycroft, qui les ramenait tous les quatre sur la capitale.

Pourquoi tu m'écris ? Je suis juste à côté de toi.

Plus rigolo.

Y'a des choses qu'on ne peut pas dire à voix haute.

De quoi parles-tu, au juste ?

De pourquoi j'ai hâte d'arriver à Londres, par exemple.

Te débarrasser de Mycroft ? Je comprends le sentiment, mais tu peux le dire à voix haute.

Je tiens à ma vie, et je crois qu'il tenterait de m'assassiner si je disais un truc pareil. Mais en l'occurrence, ton frère n'est pas inclus au programme, en fait. Même penser à lui n'est pas inclus au programme.

Je veux surtout penser à toi.

Toi, nu.

Contre un mur.

Ou dans un lit.

De dos, les mains accrochées à la tête de lit, tentant de reprendre le contrôle.

Pendant que derrière toi, je te donnerai le plus de plaisir possible.

Ou dans une douche. J'aime bien les douches. Toi aussi, il semblerait.

Il avait été extatique de voir Sherlock devenir un peu plus rouge à chacun de ses messages, alors qu'il n'était même pas très explicite dans le choix de ses termes. Fort heureusement, Mycroft travaillait et Greg somnolait, et ils n'avaient rien remarqué.

On a aussi l'embarras du lieu si tu préfères. Table, canapé, fauteuil, chaise ?

Et l'embarras des positions. Cuillère ? Cavalière ? Levrette ? Crabe ?

Je crains qu'il me faille vérifier ce que tu dis sur Google.

Ne le fais pas. Je te les apprendrai. C'est beaucoup mieux avec de la pratique... ;p

Avec de la nourriture, aussi. Tu dois apprendre le plaisir de manger... Je suis sûr que je peux essayer de te convaincre de manger certaines choses, avec un peu de motivation. Tu mets déjà plus de choses en bouche qu'avant...

John avait les yeux rieurs, tandis qu'il faisait référence au fait qu'un soir, Sherlock avait décrété qu'il voulait tester la fellation en tant que donneur, pas receveur. John ne s'y était pas opposé longtemps.

Sa relecture de leurs échanges en voiture fut interrompue par l'arrivée d'un nouveau message sur le fil, qui fit automatiquement redescendre le curseur tout en bas pour l'afficher.

Tu n'es plus là ? Où es-tu ?

John sourit bêtement à son téléphone. Sherlock angoissait de ne plus le trouver dans le lit sans même penser à le chercher dans l'appart.

Pas très loin. Dis donc, abruti, tu habites littéralement au-dessus du Speedy's en fait ! Tu t'es bien gardé de me le dire !

Il n'eut aucune réponse, mais il entendit du bruit derrière lui, et il sourit un peu plus largement en voyant Sherlock arriver, nu à l'exception de sa robe de chambre en soie bleue, qui ne cachait pas grand-chose, lâchement nouée autour de ses hanches fines.

— Je pensais que tu l'avais remarqué, quand Lestrade t'avait emmené chez moi, quand vous me cherchiez.

Le cœur de John se serra à ce souvenir. Sherlock dut le sentir, parce qu'il s'approcha, et prit son amant dans ses bras, autant que possible avec la couverture toujours drapée sur les épaules de John.

À un moment donné durant leurs vacances à Musgrave, John avait fini par demander où Sherlock avait disparu, durant cette terrible journée où il ne répondait plus. Sherlock avait grimacé, et affirmé que la réponse ne lui plairait pas. John avait insisté, un peu. Puis, il s'était ravisé, affirmant que Sherlock n'avait pas à lui dire ce qu'il ne souhaitait pas divulguer. Ce n'était pas comme ça que marchait un couple, ni la communication. Bizarrement, c'était ce qui avait motivé Sherlock à parler.

— Je suis allé traîner dans des squats.

La réponse avait soufflé John, et effectivement, ne lui avait pas plu.

— Je n'ai rien pris. Tu as vu mes dernières analyses de sang, de toute manière. Mycroft m'a fait tester juste après cet épisode. Et les jours suivants, aussi. À la base, j'étais sorti juste pour tester mes capacités à sortir. Je voulais… J'envisageais de te rencontrer. Mais pour ça, je devais sortir, alors j'ai décidé d'essayer. C'était dur, mais j'étais suffisamment arrogant pour penser que tout irait bien.

— Ça ne l'a pas été ?

— Si, justement. Ensuite, j'ai eu l'idée d'aller à l'appartement de Victor. Je ne sais pas pourquoi. Pour voir. J'allais rarement là-bas, mais ça m'arrivait.

John n'avait pas pipé mot. Il ne savait déjà pas très bien comment réagir au fait que Sherlock avait fait ça pour lui, à la base. Il se sentait flatté et gêné tout à la fois. Et puis Sherlock se braquait quand il évoquait le processus de deuil qu'il n'avait pas encore achevé à propos de Victor. Il y viendrait avec le temps. John l'aiderait, s'il le fallait. Il avait déjà progressé, de toute manière, sans en avoir conscience.

— J'ai croisé un ancien indic... de mon réseau... Je ne les voyais plus, forcément, puisque je ne sortais plus. Mais Wiggins m'a reconnu aux alentours de l'appartement de Victor, et il a dit qu'il avait besoin d'aide. Alors, je l'ai suivi. Je n'avais pas le choix, à vrai dire. Je lui avais demandé un service un peu avant, pour toi, et je devais payer ma dette. Tout se paye, dans ce genre de milieu.

Sherlock grimaça.

— Il se trouve que Wiggins habite dans des endroits que j'avais l'habitude de fréquenter. Enfin, l'adresse n'était pas la même que mes anciens squats habituels, mais un squat est un squat. Même odeur, même ambiance, même ressenti. Il y avait eu un meurtre d'un SDF. Puis d'un autre. La police n'en avait pas grand-chose à faire. Des camés sans-abris, ça les intéresse rarement.

— J'imagine, oui... commenta John, le cœur au bord des lèvres, encore plus coupable de savoir que c'était pour payer le service qu'il avait demandé à Wiggins pour John qu'il s'était retrouvé dans cette situation.

— Wiggins savait que moi, je les aiderai. C'est ce que j'ai fait. Mais ça a été... exceptionnellement dur. J'ai tenu bon en restant focalisé à 100% sur l'enquête, et la voix de Wiggins. Il devait me parler en permanence. Je ne pouvais rien faire d'autre. Quand je suis rentré chez moi, j'avais encore envie d'une dose, terriblement envie. Je ne voulais que ça, à vrai dire. Ça, et te parler. J'ai choisi cette option.

John s'en souvenait parfaitement. De ce message, tard dans la nuit, après lequel il avait immédiatement appelé Sherlock pour la première fois. À ce moment où, pour la première fois, Sherlock avait envisagé de le voir, parce qu'il était incapable de tout lui raconter par messages ou par téléphones interposés. À ce moment-là, John ignorait encore tout du passé de Sherlock. Il avait deviné qu'il était drogué, mais c'était tout. Cela lui semblait si loin, dans leur relation. Ça datait pourtant de quelques jours à peine. Après la confession de son conjoint, John n'avait rien dit. Il s'était contenté de le serrer dans ses bras de toutes ses forces, à lui faire mal. Puis l'embrasser, passionnément et intensément, essayant de transmettre dans ses gestes tout ce que les mots ne pouvaient dire.


— Je dois t'avouer quelque chose, murmura Sherlock, ramenant John dans l'instant présent. Je ne sais pas si tu vas t'énerver.

Il était toujours blotti dans les bras de Sherlock, devant la fenêtre, perdu dans le spectacle des toits de Londres.

— Dis toujours ? demanda-t-il, un peu inquiet.

— La première fois que je t'ai vu... Enfin, je t'avais menti. Je savais déjà qui tu étais.

— Quoi ?

John n'était pas vraiment sûr de suivre exactement ce dont il retournait.

— J'ai su qui tu étais dès le jour où tu as accepté de devenir mes yeux sur les enquêtes. Tu te souviens ? On discutait, tu étais à Regent's Park, tu avais froid, tu m'as demandé un lieu, et je t'ai conseillé le Speedy's pour la première fois.

— Oui, je me souviens, et ?

— On voit les gens passer, d'ici. Je t'ai volontairement indiqué le café en bas de chez moi pour que tu passes sous mes fenêtres. Je t'ai cherché. Identifié. Regardé passer.

Sherlock pointa le sol, parfaitement visible depuis la fenêtre. On lisait mal l'enseigne, mais on distinguait clairement l'entrée de l'appartement de Sherlock, ainsi que celle du bistrot, littéralement côte à côte. On voyait surtout le crâne des gens, bien sûr, mais pour quelqu'un habitué à la vue et à observer les gens, il était sans aucune doute possible de déterminer beaucoup d'informations sur les passants en contrebas.

— Je t'avais conseillé de venir ici, je savais que tu étais en chemin. J'ai observé tous les gens qui passaient, et quand tu es arrivé... j'ai su que c'était toi. J'ai toujours su à quoi tu ressemblais. Tu te souviens de la fois où tu as voulu qu'on se croise sans se rencontrer ?

John hocha la tête. C'était au Speedy's, de nouveau. Là encore, il ne savait pas encore les difficultés que Sherlock avait rencontrées, qu'il ne sortait pas vraiment de chez lui. Il savait juste que, pendant un instant, ils s'étaient a priori trouvés dans le même espace qu'était le café. N'ayant pas la mémoire de son compagnon, il ignorait si, ce jour-là, il avait réellement vu Sherlock ou non. Il aimerait affirmer que s'il l'avait vu, il ne l'aurait pas oublié, mais c'était faux. Des tas de gens étaient passés, certains qu'il avait vus, d'autres seulement aperçus, et il avait l'impression de leur trouver à tous un air de mystérieux correspondant.

— Je suis venu. Tu ne m'as pas vu, à vrai dire, j'y ai fait très attention. Mais moi, je suis venu, et je t'ai observé, pour être sûr de connaître par cœur ton visage, ce à quoi tu ressemblais. Je savais déjà qui tu étais vu d'en haut. Je n'ai eu aucun mal à t'identifier. J'avais besoin... j'en avais besoin. De savoir exactement à quoi tu ressemblais. De convoquer ton image mentale dès que tu m'écrivais. Dès que je te répondais. J'avais besoin de ça.

John avait la bouche ouverte, soufflé par l'intensité de la douleur sous-jacente des propos de Sherlock. Il avait honte de ce qu'il avait fait, de l'avoir trompé, d'avoir su qui il était physiquement avant leur première rencontre, alors que John ignorait tout de lui. Mais surtout, il se sentait faible d'avoir eu ce besoin irrationnel, dès le départ, de John. De l'avoir utilisé, de l'utiliser encore comme palliatif à la drogue.

Il était impossible de savoir pourquoi John avait remplacé son besoin de cocaïne simplement en lui parlant, et il était probable qu'il leur faudrait en parler, apprendre à gérer leur relation sainement, sans dépendance de la part de Sherlock. Il avait conscience que ce serait peut-être dur, à terme, mais il refusait l'idée même que sa relation avec John échoue. Il était sans doute trop possessif, et remplacer la drogue par John, et lui faire ainsi peser son absence de rechute sur sa simple existence n'était pas une bonne chose.

Il en avait conscience, et John aussi.

— Ça ira, Sherlock. Je serai là. On y arrivera ensemble.

Il l'enlaça, le serrant contre lui. Il comprenait Sherlock par cœur, et comprenait ce qu'il y avait au-delà de son aveu. Lui-même refusait que cette relation échoue, et il ferait tout pour ça marche entre eux. Lui-même avait ses démons, ses cauchemars, son PTSD, ses problèmes. Ils affronteraient tout ça ensemble.

Il sentit soudain sa main vibrer. Il n'avait pas de poche, nu enroulé dans une couverture, et n'avait pas pu poser son téléphone depuis qu'il avait répondu au SMS de Sherlock, un peu auparavant. Machinalement, il relâcha son amant et jeta un œil à son écran.

Message entrant - Sherlock Holmes

Il releva le regard. Sherlock rougissait sans le regarder, tenant son propre téléphone entre ses doigts. John laissa ses yeux retomber vers l'écran :

Je t'aime.

John comprit aussitôt. Ces mots que Sherlock ne parvenait pas à prononcer. L'importance qu'avaient eue les échanges écrits, dans leur relation. John était peut-être bisexuel, et Sherlock particulièrement beau, mais ce n'était pas ça qui l'avait attiré en premier lieu. C'était de son esprit qu'il était tombé amoureux tête la première, sans aucune considération de sexe ou d'apparence.

Il sourit doucement, et ses doigts volèrent sur le clavier, tapant le message le plus court et le plus important de toute sa vie.

Puis, il releva les yeux, et observa l'expression de Sherlock quand son portable vibra et qu'il lut le message :

Je t'aime aussi.

Il était absolument parfait, rougissant, adorable. Gêné, mais heureux, et gêné d'être heureux, et sans doute heureux d'être gêné.

John jeta son téléphone sur le canapé le plus proche, et repoussa les pans de la couverture qu'il tenait. Il était entièrement nu, en dessous.

— J'avais mentionné de tester les canapés et les fauteuils aussi. Je veux savoir quel sera le plus moelleux et confortable pour tout le temps que je compte bien passer ici...

Hypnotisé par son regard, Sherlock rangea aussitôt son téléphone aussi, bien à l'abri dans la poche de sa robe de chambre, dont il dénoua la ceinture, la laissant glisser de ses épaules, se retrouvant aussitôt aussi nu que John. Et aussi excité, a priori.

— Tu peux passer ici le restant de tes jours, à vrai dire, murmura-t-il.

John l'embrassa pour toute réponse, le faisant basculer rapidement dans le canapé. Puis, il lui murmura oui à l'oreille, et Sherlock sut qu'il avait compris (et accepté !) sa proposition d'emménager ensemble.


Coming next : le chapitre de remerciements et bilan courant janvier, toutes vos réponses à reviews en janvier/février, puis je reprendrai la publication d'une fic un peu longue en fin février/mars, qui est le cadeau de Kty Koneko ! Portez-vous bien, prenez soin de vous, et passez de bonnes fêtes ! :)