Hello !

C'est parti pour le quatrième chapitre.

Merci pour vos messages, je suis ravie que mon histoire vous plaise.

Très bonne lecture !

M


Chapitre 4

24 décembre 2006 – Enfin… peut-être

Du plus loin qu'il se souvienne, Drago Malefoy s'était rarement senti aussi impuissant. Et pourtant, il en avait traversé des épreuves ! Lorsque le plus grand mage noir de tous les temps décide de prendre votre maison comme résidence secondaire, vous êtes plus ou moins forcé de vous endurcir. Et de faire preuve d'ingéniosité pour éviter les foudres dudit mage noir. Entendant un grognement au-dessus de lui, Drago poussa un profond soupir. Mais qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter d'emmener cette idiote avec lui en mission, par la barbe de Merlin…

Il tenta de discerner l'heure sur le vieux réveil qui trônait sur la table de chevet. 4h32. Ô joie. La veille, lorsque Granger lui avait annoncé qu'ils avaient atterri dans un félétilm de Noël (ou était-ce un téfélilm ? Il ne savait plus et s'en fichait comme d'une goule endormie dans un grenier, à la réflexion), il s'était légèrement inquiété. Non. Complètement paniqué était sans doute plus proche de la vérité s'avoua-t-il de mauvaise grâce. Il avait beau n'avoir aucune idée de ce qu'était un félétilm, si Granger avait trouvé ce que c'était avant lui, c'était forcément dangereux. Elle avait pourtant calmé sa crise d'hyperventilation en le secouant comme un prunier, et ils avaient fini par suivre la vieille Hilda Thomson au Snowflake inn. L'auberge du flocon de neige. Non mais vraiment !

Drago se massa les tempes en maugréant. Il était loin, bien loin du réveillon de Noël qu'il était censé passer chez Pansy et Théodore. A la place, il avait eu droit à une crise de nerfs de Granger lorsqu'elle s'était rendue compte qu'elle ne parvenait pas à faire de la magie sans baguette pour diviser l'unique lit de leur chambre en deux. S'il lui avait semblé tout bonnement absurde de dormir par terre, dans un premier temps, il avait fini par céder en voyant les yeux de la brune se remplir de larmes. Par Morgane, il n'avait pas signé pour gérer une ancienne héroïne de guerre en larmes dans une chambre d'hôtel au beau milieu du pays de Noël ! Si un jour il parvenait à retourner à Londres, il commencerait par faire un crochet à Ste Mangouste, histoire de donner à James la raclée qu'il méritait. Après tout, c'était bien à cause de lui qu'il en était là… Le crépitement du feu qui ronronnait dans la cheminée attira son attention. C'était curieux tout de même, ce feu qui ne faiblissait pas, alors que ni lui ni Granger n'avaient pensé à remettre une bûche dans l'âtre. Le jeune homme constata d'ailleurs qu'il n'avait pas froid, malgré la pierre froide sous son dos. Étrange… Étaient-ils vraiment chez des moldus ? Oh par Salazar, toute cette histoire lui donnait mal au crâne…


- Malefoy. Malefoy, réveille-toi !

L'intéressé ouvrit un œil, puis deux. Une espèce d'énorme touffe brune se tenait penchée au-dessus de lui.

- Granger ? Oh c'est un cauchemar…

- Hilarant Malefoy, vraiment. Lève-toi. Je suppose que ce n'est pas toi qui es allé acheter des vêtements cette nuit ?

Drago avisa les deux piles de vêtements qui trônaient au pied du lit. A vue d'œil, ils semblaient parfaitement à leur taille.

- Il y a une note, grogna-t-il. « J'ai remarqué que vous n'aviez pas de valise… Si vous ne voulez pas prendre froid, vos étranges toges noires ne suffiront pas à Cedar Hill ! J'ai retrouvé ces vieux vêtements dans mes armoires. Faites-en bon usage ! - Hilda »

- Quelle délicate attention !

- Granger, on est coincés dans un endroit inconnu, peuplé de gens inhabituellement gentils et accueillants, après avoir été engloutis par une félétision moldue. Tu penses vraiment que c'est le moment de choisir une jolie robe ?

- On dit télévision Malefoy. Et si on veut explorer les lieux et trouver un moyen de rentrer, nous avons tout intérêt à nous fondre dans le décor. Alors change-toi et rejoins-moi en bas.

Drago maugréa puis finit par obéir de mauvaise grâce. Le temps qu'il choisisse quoi porter, la jeune femme s'était emparée d'une robe bleu canard, d'une paire d'épais collants de laine et de bottines de cuir usées par le temps, et avait disparu dans la salle de bain. Par Merlin, par Morgane et par tous les sorciers, cette fille aurait sa peau.

Lorsqu'il retrouva enfin la brune, une bonne demi-heure plus tard, il eut l'impression de faire un voyage dans le passé. Plongée dans la lecture du journal, l'air profondément concentré, Granger semblait avoir été transportée dans la bibliothèque de Poudlard en pleine période de révisions. Il ne put s'empêcher de se moquer en s'asseyant en face d'elle.

- Granger, Granger… Toujours un petit rat de bibliothèque à ce que je vois. Tu penses vraiment que c'est le moment de lire les nouvelles du coin ?

Avisant le sourire narquois du blond, Hermione pinça les lèvres.

- Figure-toi que je cherchais des informations pour nous sortir de ce pétrin Malefoy, et tu aurais pu m'aider si tu n'avais pas passé des heures dans la salles de bain.

- Tu aurais pu y passer un peu plus de temps et t'attacher les cheveux, ça aurait éviter qu'ils trempent dans ton thé, rétorqua-t-il vertement. Et donc, tu as trouvé quelque chose ?

- Eh bien figure-toi que oui, répondit-il en ignorant sa remarque. Là, regarde.

Drago jeta un œil à la une du Cedar Hill Daily que lui tendait Granger. Cérémonie d'illumination du sapin le 14 décembre, concours de maisons en pain d'épices le 15, atelier couronnes de Noël à la bibliothèque le 18, concours de la rose de Noël et bal du réveillon le 24...

- Une minute. De quand date ce journal Granger ?

- De ce matin, je l'ai demandé à Hilda en descendant. Regarde la date.

Le blond suivit du regard le doigt de sa vis-à-vis.

- 12 décembre 2006, murmura-t-il. Nom d'un hippogriffe chauve…

- Comme tu dis. On n'a pas seulement voyagé dans l'espace Malefoy. On a voyagé dans le temps.

Tous deux prirent quelques secondes pour assimiler la nouvelle. Ce fut Hermione qui prit la parole la première.

- Est-ce que… Eh bien, est-ce que quelqu'un va s'inquiéter de ton absence à Londres ?

Drago prit le temps de la réflexion.

- Si nous sommes toujours le 24 à Londres, oui. J'étais supposé célébrer le réveillon chez Pansy et Théodore. En revanche, si nous sommes le 12… Alors je suis en mission avec James au fin fond de l'Irlande.

Il grimaça. Il ne donnait jamais de nouvelles à ses proches pendant ses missions. Cela leur évitait de s'inquiéter si, soudainement, ils n'en recevaient plus.

- Pareil pour moi, dit Hermione. Je devais passer le réveillon au Terrier. Mais si nous sommes effectivement le 12 décembre là d'où nous venons… Alors personne ne m'attend chez moi et mon chef ne doit même pas s'être aperçu que je n'étais pas au bureau.

- Oh aller Granger, personne ne t'attend chez toi ? Où est donc passé Weasley dans l'équation ? Tu n'as pas quoi, 3 ou 4 rouquins qui courent partout chez toi ?

Hermione fronça les sourcils, agacée.

- Pour ta gouverne, je ne suis pas en couple avec Ronald, Malefoy.

- Tu es donc vraiment devenue une vieille fille en couple avec ton chat ? Fascinant ! Mes prédictions pendant les cours de cette vieille folle de Trelawney étaient donc justes !

- La ferme Malefoy ! Tu n'es pas célibataire, toi aussi ?

- Si, mais c'est la vie que j'ai choisie Granger. Je ne pense pas que ça soit ton cas. Ne me regarde pas comme ça, admets-le ! Lorsque tu avais 17 ans, ton rêve, c'était vraiment de moisir au milieu des archives du Ministère, sans personne pour se préoccuper de toi ?

- Quand j'avais 17 ans, mon seul rêve, c'était de survivre à ton père et ses copains, Malefoy !

La jeune femme se leva d'un bond, tremblant de rage. Sans prêter attention au regard courroucé de son binôme, elle lui arracha le journal des mains et quitta le petit salon dans lequel ils étaient installés.

- Eh bien, eh bien jeune homme, qu'avez-vous dit à votre fiancée pour qu'elle soit aussi furieuse ?

Drago fit volte-face en entendant Hilda Thomson entrer. Il tenta de se composer un air serein, en vain.

- Nous ne sommes pas fiancés Madame Thomson. Nous sommes tout au plus… collègues de travail.

- Voyez-vous ça ! Vous avez l'air bien mal à l'aise pour quelqu'un qui vient de se disputer avec une simple collègue. Peu importe ! Prenez le long manteau rouge qui traîne dans l'entrée et apportez-le à votre « collègue ». Cette petite va attraper la mort en sortant sans manteau par ce temps ! Eh bien qu'attendez-vous donc ? Ouste ! Du balai !


Il avait mis longtemps à se décider. Vraiment, vraiment longtemps. D'abord, il était remonté dans sa chambre d'hôtel pour prendre un bain et tenter de se calmer. Mais pour qui se prenait-elle au juste, à toujours tout savoir mieux que tout le monde ? Ensuite, il avait passé des heures à tenter de rassembler la magie qui coulait sans ses veines pour transplaner. Ou au moins transformer ce stupide jean en un pantalon digne de ce nom. Il avait tempêté, maudit James Farell d'avoir fait preuve de tant d'imprudence lors de leur dernière mission ensemble, maudit son père d'avoir été un mangemort, maudit Hermione Granger d'être une foutue miss je-sais-tout. Et il avait fini par se maudire lui-même en s'apercevant qu'il était bien incapable de se sortir de ce pétrin tout seul.

Après ça, il lui avait encore fallu de longues minutes avant de se décider à mettre sa fierté de côté et de se mettre en quête de Granger. Et lorsqu'il l'avait enfin retrouvée, grelottant sur un banc près du vieux kiosque à musique, il avait encore pris quelques minutes supplémentaires avant d'aller s'excuser.

- Granger.

- Malefoy.

Elle n'avait même pas levé les yeux vers lui.

- Navré d'avoir pensé que tu ne valais pas mieux que cet idiot de Weasley et que tu finirais mariée avec lui.

Elle se massa les tempes, clairement lasse.

- Malefoy… Tu crois vraiment que c'est en insultant mes amis que tu vas arranger ton cas ?

- Je me suis excusé Granger. Ne m'en demande pas trop.

Elle soupira tandis qu'il s'asseyait à ses côtés.

- Tiens. La gérante m'a donné ça pour toi.

Elle enfila le long manteau rouge et lui jeta enfin un regard.

- Merci, souffla-t-elle, reconnaissante.

Ils n'ajoutèrent rien pendant un moment. Autour d'eux, tout respirait la joie et l'allégresse. Les gens se saluaient gaiement en se croisant, les enfants couraient dans tous les sens sous le regard attendri de leurs parents, même les quelques chiens qu'ils apercevaient semblaient plus heureux que la moyenne.

- Je ne sais pas comment on va sortir de tout ça Malefoy, déclara finalement Hermione. Mais je sais une chose.

- Une seule ? Tu me surprends Granger.

- Très drôle. Il va falloir qu'on se serre les coudes. Alors même si on se déteste toi et moi, je te propose de mettre nos différends de côté le temps de trouver une issue à ce cauchemar de mièvrerie.

- Qu'est-ce que proposes, une trêve de Noël ?

- Quelque chose comme ça oui. Tu as beau être un foutu gamin immature et prétentieux…

- Drôle de façon de commencer une trêve Granger, l'interrompit-il, vexé.

- … mais tu es intelligent, je suis capable de le reconnaître. Et moi aussi. Sans magie, nous ne pouvons compter que sur nos neurones. Alors mettons nos forces en commun. Plus vite on sera rentrés chez nous, plus vite on pourra se quitter et ne plus jamais se revoir.

- Voilà une formidable perspective Granger ! Ça me va.

La jeune femme leva les yeux vers lui, suspicieuse.

- Alors, partenaires ?

Drago haussa un sourcil, mais préféra ne pas relever.

- Le temps d'une trêve Granger. Partenaires.