Hello !

Navrée pour le retard, ce chapitre est très important pour la suite et je l'ai réécrit plusieurs fois. Beaucoup de messages importants y sont passés... J'espère que ça vous plaira !

Si vous en avez l'occasion, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, j'aimerais vraiment avoir votre retour sur ce chapitre.

Bonne lecture :-)

M


Chapitre 12

17 décembre 2006

Drago émergea difficilement. La nuit avait été courte. La veille, Hermione et lui étaient rentrés à l'auberge et avaient passé la soirée à chercher une solution pour sauver la bibliothèque. En vain. Hermione avait bien tenté de reparler de ce qui s'était passé chez Jo et Dolly, mais Drago s'était fermé comme une huître. Il grogna un peu. Il n'était pas du genre à se laisser attendrir si facilement d'habitude. Ni à prendre ce genre d'événement trop à cœur. Pas plus d'ailleurs qu'il n'était du genre à se laisser marcher sur les pieds sans broncher par n'importe quel moldu de pacotille. Il était loin le temps où il pleurnichait dans les jupes de sa mère. Depuis qu'il s'était affranchi de son père, Drago avait mis un point d'honneur à ne pas donner d'occasion de lui manquer de respect. Ce qui impliquait d'être parfaitement irréprochable et surtout, de ne pas s'ouvrir trop franchement aux relations sociales. Moins on se laissait approcher, moins de risques on prenait de voir son cœur amoché. Drago avait appris à se protéger à la dure, et il y avait laissé son innocence d'enfant. Cela étant, il s'était bien rendu compte de son changement de comportement depuis quelques jours. Avec Jane, il avait pensé qu'il ne prenait pas trop de risques. Quel mal une enfant, de Cedar Hill qui plus est, pouvait-elle bien lui faire ? Et puis… il y avait Granger aussi. Granger. Elle aussi, elle avait changé d'attitude. Son état semblait osciller en permanence entre l'agacement devant tant de mièvrerie… et la béatitude la plus absolue devant le moindre sapin de Noël. Avec lui aussi, elle avait changé. S'il devait être complètement honnête avec lui-même, Drago devait bien admettre qu'il la trouvait bien moins horripilante qu'à Poudlard. Oh, elle était toujours aussi étrange lorsqu'elle avait le nez fourré dans ses bouquins, mais il trouvait ça plutôt attendrissant, tout bien réfléchi. Et puis, la veille, lorsqu'elle s'était retrouvée dans ses bras… Drago rougit en y repensant. C'était Granger, par la barbe de Merlin ! Mais il avait perçu son trouble et il en avait été tout retourné, lui aussi. Par Salazar, si Blaise et Pansy le surprenaient à rêvasser ainsi dès le réveil, ils se moqueraient de lui jusqu'à la fin de ses jours.

Il fut surpris de voir qu'Hermione avait déjà quitté la chambre. C'était souvent le cas, elle était bien plus matinale que lui, mais tout de même, ils avaient travaillé vraiment tard hier. En se levant, il avisa un petit mot, laissé sur la table de nuit.

« Malefoy, je suis à la bibliothèque. J'ai réfléchi cette nuit et j'ai peut-être une piste pour faire changer d'avis le père de Nate. On se retrouve pour le déjeuner ? H. »

Il se surprit à sourire bêtement devant les pattes de mouche de sa collègue. Puis il jura. Cette fille était en train de le rendre complètement fou.


- Thomson, je ne sais pas trop à quoi je m'attendais quand j'ai accepté de t'accompagner pour choisir un sapin de Noël… Mais est-ce que c'est un CHAMPS DE SAPINS ?!

L'intéressé éclata de rire devant l'air stupéfait du blond qui l'accompagnait.

- Drago, bienvenue à la ferme de sapins de Max Smith ! C'est ici que Grand-mère et moi venons chercher le sapin chaque année depuis que je suis tout petit. Merci de m'accompagner, d'ailleurs.

- Je t'ai dit que je t'aiderai du mieux que je pouvais tant qu'Hilda était alitée. Même si je ne pensais pas que cette aide inclurait… un champs de sapins.

- Ha ! Vous êtes vraiment drôles vous autres gens de la ville. On dirait que tu n'as jamais vu un arbre ! Mais blague à part Drago, j'apprécie sincèrement ton aide. Même si Hermione a eu l'air surprise l'autre jour, je persiste : tu es un type bien.

Drago tenta d'ignorer la boule qui s'était formée au creux de son ventre et préféra changer de sujet.

- Bon ! Trêves de bavardages, comment on sait quel sapin est le bon ?

- Suis-moi, je vais te montrer !


- Ce truc est bien trop grand pour le salon de l'auberge. Et pour ta… voiture. Et accessoirement, beaucoup trop lourd pour nous deux aussi.

- Mais non, fais-moi confiance, c'est celui-là ! Allez, prends l'autre bout de la scie et aide-moi.

Drago haussa un sourcil. Il se demandait si en claquant des doigts, il ne pourrait pas faire venir Effie, l'elfe de maison de sa mère. Elle pourrait transporter ce sapin gigantesque jusqu'à l'auberge en un tour de main. Bon, son arrivée créerait sans doute un petit mouvement de panique… Oh, par Morgane…

Les deux jeunes hommes s'attelèrent à la tâche et restèrent silencieux quelques minutes. Drago reprit cependant la parole en pensant à la conversation qu'il avait eue hier avec Granger.

- Alors, tu as eu l'occasion de revoir Gemma, depuis l'autre fois ?

- Oh ! Euh… oui, on s'est croisés quelques fois. Elle… elle n'a vraiment pas changé depuis le lycée, balbutia un Thomas rouge comme une pivoine.

- Thomas Thomson, vous êtes en train de rougir comme un adolescent en pleine crise d'hormones, c'est gênant. Elle te plaît toujours hein ? Ajouta Drago, goguenard.

Son compagnon se gratta l'arrière de la nuque, visiblement mal à l'aise.

- Franchement… Oui. Beaucoup. Je n'ai pas fait beaucoup de rencontres à Grandtown. Je pensais sincèrement que c'était parce que mon job était très prenant mais en fait, je me rends compte en revenant ici que… que je n'ai pas oublié Gemma.

- Dans ce cas ma question va sans doute te sembler incroyablement farfelue mais… Nom d'un hippogriffe, pourquoi tu ne lui dis pas ?!

- C'est pas si simple Drago ! J'ai mon travail à Grandtown et elle -

- Oh je t'en prie Thomas, c'est à peine à quelques heures d'ici !

- Je sais mais… si ça n'a pas marché la première fois, pourquoi ça fonctionnerait cette fois-ci ? Je veux dire… Je n'ai pas envie de la faire souffrir à nouveau.

Drago se tut puis sourit en voyant son vis-à-vis si perdu.

- Mon vieux, cette fille te rend complètement idiot. Tu te verrais à sourire niaisement !

- Parle pour toi ! Tu crois que je ne t'ai pas vu avec Hermione ?

- Granger ? Qu'est-ce que Granger vient faire là-dedans ?

- Pas à moi Drago, j'ai bien vu comment tu la regardais ! Tu craques pour elle hein ?!

Sentant son cœur faire une violente embardée, Drago remercia son père de lui avoir appris à toujours garder son masque Malefoy bien accroché.

- Quoi ? Non mais ça va pas bien ? On est collègues. Et même pas volontaires en plus. Notre boss nous a donné une mission en binôme, on l'accomplit, on rentre chez nous et on reprend le cours de nos vies respectives. Fin de l'histoire.

Thomas jeta un regard moqueur au jeune homme, laissant clairement voir qu'il n'était pas dupe.

- Tu essaies de convaincre qui au juste ? Moi… ou toi ? Je ne comprends pas, pourquoi ne veux-tu pas tout simplement admettre qu'elle te plaît ? Vous êtes tous les deux célibataires, non ?

Drago posa sa scie et finit par s'asseoir sur un rondin en soupirant.

- Écoute Thomas, tu ne sais pas tout… Granger et moi on se connaît depuis très longtemps.

- Et donc ?

- C'est compliqué… Mais pour la faire courte, je n'ai pas franchement été très sympathique avec elle, par le passé. On vient de deux mondes complètement différents, opposés même. Et j'ai passé des années à m'enorgueillir de venir d'une famille plus… disons plus aisée que la sienne. Toutes les disputes, les insultes… ça laisse des traces.

- Et aujourd'hui, tu penses toujours que vous êtes si différents ?

- Ce que je pense aujourd'hui n'a pas grande importance.

- Bien sûr que si ! Drago, tu as changé, tu as grandi, et Hermione aussi. Aujourd'hui vous êtes deux jeunes adultes passionnés et peu importe que vos familles soient différentes. Je suis persuadé que si tu lui fais des excuses, Hermione te pardonnera en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Cette fille est incroyable.

- Je n'en serais pas si sûr si j'étais toi. J'ai dit et fait des choses vraiment… vraiment atroces. Impardonnables.

- Oh allez Drago, tout le monde a droit à une seconde chance, même toi ! Surtout à Noël !

- Arrête un peu ton char Thomson, tu empestes l'esprit de Noël !

- Pense ce que tu veux, moi je sais ce que je vois. Je sais comment tu la regardes et je sais comment elle te regarde. Alors pense à ce que je t'ai dit Drago. Qu'est-ce que tu as à perdre ?

- Ferme-la et reprends ta scie, ce sapin ne va pas se couper tout seul.

Drago se remit à la tâche en maugréant sous les rires du brun. En un sens, Thomas avait raison. Après tout, qu'avait-il à perdre ?


- Thomas ! Mais enfin ce sapin est bien trop grand pour mon salon !

- Grand-Mère, mais qu'est-ce que tu fiches ici ? s'exclama le brun en voyant la vieille femme claudiquer au beau milieu dudit salon. Hermione, tu sais bien qu'elle doit restée couchée !

La brunette haussa les épaules, vaincue.

- Oh moi je le sais, Hilda en revanche ne veut rien entendre ! Elle voulait absolument voir le sapin de Noël que vous aviez choisi tous les deux.

- Hilda, intervint Drago, je suis entièrement d'accord avec vous, ce sapin est bien trop grand, dit-il en lançant un regard lourd de sens à son compère. Cependant, vous n'avez absolument rien à faire ici, alors remontez dans votre chambre avant que je ne me fâche !

En voyant les trois jeunes gens qui lui faisaient face lui jeter un œil sévère, Hilda préféra abdiquer… pour le moment.

- Très bien, très bien, je vais remonter. Même plus maîtresse dans ma propre demeure, on aura tout vu ! Thomas, viens donc m'aider à monter ce fichu escalier. Hermione, Drago, je compte sur vous pour décorer le sapin. Et vu sa taille, remontez-vous les manches, il y a du travail !

Alors que Thomas et sa grand-mère s'éloignaient doucement, Hermione avisa son binôme soupirer lourdement devant l'ampleur de leur tâche.

- Tu veux que je te dise Granger ? Ce n'est pas Cedar Hill qui aura ma peau. Ce n'est pas la magie de Noël et ce n'est même pas toi. Non, celle qui finira par m'achever, c'est Hilda Thomson !

Hermione se mordit les lèvres devant l'air défait de son compère… avant d'éclaiter de rire.


- Un peu plus à droite… Non, pas trop ! Voilà, là c'est parfait !

Ça faisait une bonne heure qu'ils s'étaient mis à l'œuvre, sans trop se chamailler, étonnamment. Thomas n'était toujours pas réapparu. Drago le soupçonnait de le faire exprès et maugréa dans sa barbe inexistante alors qu'il positionnait une boule supplémentaire en hauteur, suivant les consignes de sa partenaire. En cette heure avancée de l'après-midi, le salon du Snowflake Inn était plutôt calme. Drago repensa à sa conversation matinale avec Thomas.

- Granger ?

- Mmhh ? Répondit distraitement l'intéressée tout en tentant de démêler une guirlande lumineuse.

- Tu sais… Je suis désolé pour tout ce que je t'ai fait.

C'était sorti tout seul. Il n'avait pas eu le temps de rattraper ses mots. Ce n'est pas vraiment ce qu'il avait voulu dire, il aurait voulu aborder le sujet petit à petit, tâter le terrain…Trop tard. Les mots avaient fait le chemin directement depuis son cœur et restaient suspendus en l'air, tout comme la main de Granger et tout comme sa fichue guirlande.

- Je te demande pardon ?

Elle chuchotait presque, incertaine. Qu'est-ce qu'il venait de dire ? Il aurait voulu plaisanter, se moquer, balancer l'une des piques acides dont il avait le secret. Détendre l'atmosphère. Mais les mots étaient là, ils planaient dans l'air, tranchants comme des couteaux. Il déglutit et descendit doucement de l'échelle sur laquelle il était perché.

- J'ai dit que j'étais désolé. Pour tout ce que je t'ai fait subir à l'école et après. C'était méchant. Et stupide. Et même si lors de mon procès, ils ont dit que je n'étais pas responsable de mes actes, que j'étais sous influence… J'étais parfaitement conscient et responsable des mots que j'ai prononcés, des pensées que j'ai eues, des mauvais coups que je t'ai faits. Et j'en suis désolé Granger, vraiment.

Elle resta silencieuse très, très longtemps. Drago restait face à elle, les bras ballants. Il n'était pas sûr d'espérer une réaction de sa part. Allait-elle le gifler ? Lui hurler dessus ? Ou se mettre à pleurer ? Il aurait voulu rattraper ses mots et en même temps… il était soulagé de pouvoir enfin les lui dire. C'était curieux, jusqu'à cet instant précis, il n'avait jamais eu conscience d'avoir besoin de lui faire des excuses. Mais maintenant que c'était fait, il se sentait libéré d'un poids, un poids qui lui pesait depuis des années.

Le silence dura encore. Longtemps. Ni l'un ni l'autre n'essayèrent de le combler.

Et puis, doucement, Hermione leva les yeux vers lui et… sourit. Un sourire franc, sincère, un vrai sourire. Il la dévisagea un instant, ne sachant pas trop comment l'interpréter. Alors elle sourit plus largement encore, et finalement, il sourit à son tour. C'était un peu gauche, un peu incertain. Mais ils se sourient, tous les deux.

Et ce fut tout.


Elle était plongée dans sa lecture depuis un moment maintenant, tandis qu'il rangeait les quelques cartons qui traînaient encore. En temps normal, il aurait pesté, mais ça lui faisait du bien d'être seul avec ses pensées.

- Drago ?

En levant les yeux, il aperçut Thomas qui l'interpelait, la tête dépassant de la cuisine.

- Je suis passé chercher du lait de poule à l'épicerie. Vous en voulez ?

Il acquiesça et rejoignit le brun dans la cuisine.

- Alors ce sapin, il n'est pas si grand finalement ? Interrogea-t-il en souriant.

- Parle pour toi, tu m'as lâchement abandonné je te rappelle. J'ai bien cru qu'on ne finirait jamais !

Thomas eut un petit rire.

- Vous avez fait du bon boulot, merci pour votre aide, sincèrement. Et avec Hermione, ça va ? Je ne vous ai pas entendu vous disputer depuis un moment, ça m'inquiéterait presque !

Tous deux rirent de bon cœur.

- Ça va oui. Tout devrait bien aller maintenant.

Thomas le dévisagea, incertain quant au sens à donner aux paroles de son vis-à-vis.

- Tant mieux, fit-il simplement. Tiens, voilà vos laits de poule. Je vous laisse, je vais en déposer un verre à Grand-mère.

Drago le remercia d'un hochement de tête et se dirigea vers le salon.

- Granger ? Il me semble qu'on a bien mérité un lait de -

La fin de sa phrase mourut dans sa gorge en apercevant Granger endormie sur le canapé. Il eut un sourire en coin. Ha ! Elle avait voulu se lever tôt ce matin…

Doucement, il posa son verre de lait sur un guéridon et récupéra la livre ouvert qu'elle avait laissé tomber. Avisant un vieux plaid à carreaux, il l'en couvra doucement. Ce ne fut qu'après l'avoir fait qu'il se rendit compte de son geste. Avait-il déjà eu un geste aussi doux, aussi tendre, pour qui que ce soit ? Sans doute pas. Il baissa le regard vers la brune qui semblait déjà profondément endormie. Elle avait l'air si paisible, si sereine…

- Tout ira bien maintenant.