Chapitre 8
Quand Levi pénètre dans l'appartement qu'il partage avec Furlan et Isabel, sa solitude le gifle en pleine face. C'est son appartement à présent. A lui tout seul. Il n'a plus personne avec qui le partager.
Il referme la porte et se laisse glisser contre jusqu'au sol. Il enlace ses genoux et y enfouit son visage. Cet appartement ne résonnera plus des cris trop enthousiastes d'Isabel. Il ne passera plus ses soirées à planifier leur prochain coup avec Furlan. Il ne les verra plus jamais, ne les entendra plus jamais, ne les touchera plus jamais.
Il sait qu'il devrait être en colère, ressentir de la haine, la laisser l'envahir et s'en servir pour aller de l'avant. Mais il ne ressent que du chagrin. Il se sent abattu, défait. Vidé de son énergie.
Il finit par se relever, retire ses chaussures et allume la lampe à huile. Les affaires de Furlan et Isabel traînent encore partout. Il a été peu présent ces derniers temps, et ses deux compagnons en ont profité pour se dispenser de maintenir l'appartement en ordre, comme l'exigeait Levi.
Il ramasse les livres de Furlan qui jonchent le sol et les aligne sur l'étagère. Il pourrait les jeter, il n'y a plus personne pour les lire. Mais il ne peut s'y résoudre pour le moment. Il empile les assiettes et les tasses éparpillées dans la pièce, les lave, les sèche et les range. Il se laisse tomber sur le lit où ils se blottissaient les uns contre les autres et enfouit son nez dans les oreillers. Celui d'Isabel a un parfum légèrement fruité, et celui de Furlan des accents boisés. Levi dormait la plupart du temps entre les deux, la taille prisonnière des bras d'Isabel. Les yeux humides, il décide de changer les draps. Il va sûrement le regretter, mais laisser des souvenirs d'eux aussi prégnants lui fait trop mal. Il nettoie la table, fait la poussière et lave le sol. Il lessive l'intégralité de ses vêtements. Le voisin finit par se pointer à la porte pour savoir pourquoi il s'agite ainsi au beau milieu de la nuit. Levi le rembarre avec une insulte et un geste obscène.
Quand il a terminé de briquer l'appartement, il décide de se laver à son tour. Il récure chaque centimètre carré de sa peau. Il s'est déjà lavé chez Erwin, mais il a l'impression d'être à nouveau couvert de crasse. Il se frotte les cheveux pendant plusieurs minutes, les rince, les frotte à nouveau, les rince encore. Il recommence, et cette fois il n'arrive plus à s'arrêter de frotter. Chaque fois qu'il s'ordonne d'arrêter, une partie de lui exige qu'il frotte encore un peu. Il fait pareil avec ses ongles, jusqu'à ce que ses cuticules saignent. Il sait qu'il est parfaitement propre, mais il se sent toujours souillé.
Il se fait violence pour s'extirper de la bassine et enfin s'habiller. Il remarque pour la première fois que la lame de la fille à l'écharpe a laissé une trace sur la peau de son cou, une croûte brunâtre déjà en train de cicatriser. Il découpe une chemise de Furlan et noue la bande de tissu autour de son cou pour dissimuler la balafre.
Il se laisse tomber à nouveau sur le lit, épuisé. L'état de propreté de l'appartement laisse encore à désirer. Il devrait repasser un coup sur la table. Les sachets de thé sont alignés n'importe comment sur le buffet. Il est certain que les premiers rayons du soleil dévoileront les monceaux de poussière à côté desquels il est passé.
Malgré sa fatigue, il ne parvient pas à trouver le sommeil. Il finit par se lever et monter sur le toit. S'asseoir contre la cheminée lui rappelle les soirées passées là en compagnie de Furlan et Isabel. Tout lui rappelle Furlan et Isabel. Peut-être qu'il ferait mieux de trouver un autre logement pour pouvoir aller de l'avant.
Levi sait que malgré tous ses talents, survivre seul sera difficile. Il va sans doute devoir se trouver d'autres compagnons de route. Une tâche difficile pour lui qui n'accorde sa confiance à personne. Une tâche impossible. Il ne veut pas être dramatique au point de penser qu'il ne trouvera plus jamais des personnes dignes de confiance comme l'étaient Furlan et Isabel, mais la perspective de recommencer tout le processus de se lier d'amitié l'étourdit.
Il finit par s'évanouir de fatigue sous la caresse froide des rayons de la lune.
Pour oublier, Levi s'abandonne à une vie dissolue qu'il n'a plus connue depuis sa rencontre avec Furlan. Il s'assoie dès le matin dans un troquet répugnant et descend sa première bière avant que le clocher de l'église du coin ne sonne les neuf heures. L'alcool atténue son anxiété et sa peine. Il le plonge dans un brouillard rassurant, anesthésie ses sens et brouille les souvenirs qui le font souffrir. Il ne boit jamais au point d'oublier des pans entiers de sa journée – de toute façon il a toujours été particulièrement résistant à l'alcool et il lui en faudrait des quantités astronomiques pour se mettre vraiment mal. Il se contente de regarder le temps passer à travers un écran de buée.
Il sort loin de chez lui, dans d'autres quartiers mal famés de la ville, là où personne ne connaît Isabel ou Furlan. Là où personne ne s'inquiète de ne pas les voir à ses côtés. Il retrouve bien sûr quelques têtes connues, mais des fréquentations trop peu recommandables pour qu'il leur ait présenté ses amis.
Il a encore assez de recul pour se trouver pitoyable. Il n'est plus que l'ombre de lui-même. Si les Titans le trouvent, ils n'ont plus qu'à le cueillir et lui faire la peau. Il s'en fiche. Il n'a plus envie de se battre.
Le soir, il laisse des hommes poser leurs mains avides sur lui. Il va les chercher, même, s'il est honnête. Levi se voit rarement refuser un coup rapide. Même s'il est conscient de ne pas remplir les critères de beauté conventionnels et qu'il s'en fiche, son visage austère et son agressivité à fleur de peau lui donnent une aura d'inaccessibilité qui éveille l'intérêt. Sans compter son corps sec et musclé qui attise les convoitises. Ceux qu'il choisit se sentent privilégiés qu'il s'offre à eux.
Mais Levi ne s'offre à personne. Il les utilise pour son propre plaisir et, une fois leur affaire terminée, il leur aboie de déguerpir, ce qu'ils font sans demander leur reste. Il a l'habitude des rencontres rapides, anonymes, guidées par une brutale montée de désir qui dissimule toutes ses aversions sous le mirage d'une envie pressante à assouvir. S'ensuit une descente tout aussi brutale. Le dégoût le submerge, il se sent sale, souillé, il se demande comment il avait pu s'abaisser à un acte aussi vil et il se promet de ne jamais recommencer. Jusqu'à la fois suivante.
Il repart dans ses travers d'autrefois. Il se laisse entraîner dans les coins sombres des arrière-cours où ils le plaquent sans ménagement contre le mur froid et glissent leurs doigts crasseux sous ses vêtements. Il ferme les yeux et frémit quand leurs lèvres suçotent la peau de son cou. Il tente de se projeter dans l'atmosphère plus chaleureuse de l'appartement d'Erwin, d'imaginer que c'est dans ses bras à lui qu'il se trouve. Mais les hommes qui profitent de son désespoir n'ont rien de la grandeur d'Erwin. Leurs mains sont avides, brusques, égoïstes. Ils empestent l'alcool bon marché. Leur crasse l'écoeure. Il se lave pendant des heures après qu'ils l'aient touché.
Il s'aperçoit vite qu'il ne peut plus se donner à des inconnus sans se sentir affreusement mal. Peut-être parce que les deux seules personnes dont il acceptait les marques d'affection sont mortes, peut-être parce qu'il n'arrive pas à se sortir Erwin de la tête. Il se bloque. L'intimité que lui proposent ces hommes le répugne. Il décide rapidement de maintenir de la distance. Il les laisse le tripoter, parfois le sucer s'ils ne sont pas trop dégoûtants, mais rien de plus.
— Depuis quand t'es devenu une petite prude ? demande l'un d'entre eux. On m'a dit que t'as pas fait tant de manières quand tu t'es tap-
— Ferme ta gueule, répond Levi sans prendre la peine d'ouvrir les yeux.
— On m'a dit aussi que t'adorais te la prendre dans le c-
— Ta gueule, j'ai dit !
Il l'écarte de lui d'un coup de genou dans le ventre. C'est comme ça que se finissent la plupart de ces rencontres. Aucun de ces hommes n'est capable de comprendre un refus. Alors il leur parle avec des coups. Ce n'est pas comme ça qu'il va se trouver de nouveaux alliés.
Un soir, alors qu'il déprime devant une énième chope de bière, un silence tendu envahit la salle dans laquelle il se trouve. Il lève machinalement les yeux vers l'entrée et sent le sang geler dans ses veines.
C'est elle.
La fille. La protectrice d'Eren Jaeger.
La seule personne qui ait jamais montré une force similaire à la sienne. Elle le cherche des yeux et, quand elle le trouve, s'avance droit sur lui. Levi a un mouvement de recul et manque de basculer de sa chaise. Il se rattrape de justesse à son maigre restant de dignité. Il ferme les yeux un instant pour tenter de se concentrer malgré l'alcool qui coule dans ses veines. Quand il les rouvre, elle est toujours là, plantée devant lui. Il décide de jouer la nonchalance. Ça fait des jours qu'il a passé le point de non-retour dans l'indifférence.
— Si tu veux m'achever, j'aimerais qu'on évite de faire ça en public, bougonne-t-il.
— Tu t'appelles Ackerman ?
La manière dont elle a posé cette question interpelle Levi et l'aide à sortir un peu de la torpeur qui enlise son cerveau. Elle ne lui demande s'il est Ackerman, elle lui demande s'il est un Ackerman. Nuance non négligeable et d'autant plus inhabituelle.
— Ouais.
Elle s'assied sur la chaise en face de lui. Malgré son visage impassible, une lueur de curiosité anime ses yeux. Levi jette un regard dans le fond de sa chope. Toujours aussi vide.
— Moi aussi.
Il relève la tête.
— Mikasa Ackerman.
— Tu es une Titan ?
— Non.
Elle marque une pause.
— Je suis la sœur d'Eren.
Levi fronce les sourcils.
— Adoptive, précise Mikasa.
Il s'accorde un moment de réflexion, puis pose la question qui lui brûle les lèvres :
— Et nous, on est de la même famille ? Je connais personne à part ma mère et mon oncle. Et je pense qu'ils sont aussi morts l'un que l'autre.
— Mes parents aussi, répond Mikasa.
— Sale temps pour les Ackerman, grommelle Levi.
La fille continue à l'observer en silence. Un peu mal à l'aise, Levi se met à jouer avec sa chope d'un air absent.
— J'ai jamais rencontré quelqu'un qui se bat comme moi, lâche-t-il. Enfin, comme toi.
Elle hausse les épaules. Ça n'a pas l'air d'être une grande bavarde. Encore une particularité des Ackerman, pense Levi. Bien que maintenant qu'il y songe, il a souvent souhaité que Kenny la ferme et lui foute un peu la paix.
— Je sais pas où est Eren, annonce-t-il.
Elle sonde son visage. Il la laisse faire. C'est la vérité, il n'en a aucune idée. Qu'elle le lise sur ses traits, ça lui évitera de dépenser de la salive pour la convaincre.
— Je bosse pas avec les flics. Plus. Ils m'ont fait chanter et ils m'ont mis dans la merde.
Cruel euphémisme. Ils ont ruiné sa vie.
— Eh, toi, la greluche ! Tu commandes à boire ou pas ? interpelle l'homme qui monte la garde derrière le comptoir.
— Mêle-toi de ton cul, connard ! lui aboie Levi avec une telle agressivité que l'autre n'insiste pas.
Il se ressaisit et reporte son attention sur son interlocutrice, parfaitement indifférente face à cet élan de poésie.
— On peut travailler ensemble, propose-t-elle. Tu les tues, je récupère Eren.
— Hein ? Qu'est-ce qu'une gamine de ton âge sait à propos de tuer ? On t'aidait encore à te torcher il y a quoi, deux mois ?
Comme depuis le début de leur discussion, Mikasa ne montre aucune réaction.
Levi réfléchit aussi vite que le peut son esprit ensuqué. S'il doit faire la liste des menaces qui pèsent sur Erwin et la brigade, en dehors de lui-même, il mettrait en premier une attaque coordonnée des Titans pour récupérer Eren. Et en deuxième, juste derrière, cette Mikasa Ackerman. Seule. Elle n'a besoin de personne pour être dangereuse. Il n'est pas très à l'aise à l'idée qu'elle se mette à roder trop près de l'hôtel de police.
— Je m'approcherais pas de ces types, si j'étais toi, grogne-t-il en évitant son regard.
Il ne sait pas pourquoi il fait ça. Pourquoi il essaye de la maintenir à distance d'eux.
— Mais t'en fais pas pour le morveux, ils vont rien lui faire. Ils ont des principes, les flics. Il est trop jeune. Ils vont juste attendre qu'il en ait marre et qu'il crache le morceau.
Elle ne semble pas convaincue. Elle ne sera rassurée que quand il sera à nouveau avec elle. Levi la comprend. Si l'un de ses amis avait été seul entre les mains du Bataillon d'Exploration, jamais il ne se serait contenté d'un ne t'en fais pas. Cette réflexion lui rappelle combien il a échoué à les protéger.
Se venger en leur lançant Mikasa au cul serait si simple. Il n'aurait que quelques mots à prononcer. Mais quelque chose le retient.
Il donne un coup rageur sur la table avec sa chope. Il sait très bien ce qui le retient. Il est ridicule, à tenter désespérément de se mentir à lui-même.
Il ne veut pas qu'Erwin se retrouve face à face avec Mikasa. Il a peur qu'elle lui fasse du mal.
Personne ne touche un cheveu d'Erwin, sauf lui. Il n'a pas encore tout à fait décidé s'il veut le tuer ou lui faire l'amour, ou les deux, mais en attendant, il ne permettra à personne de le prendre de vitesse. La vie d'Erwin repose désormais entre ses mains, par décision unilatérale qu'il ne se souvient même plus d'avoir prise. Peut-être qu'il a vraiment trop bu. Il ne sait pas si l'alcool fait sauter la censure mentale imposée à son inconscient, ou s'il le fait tout bonnement perdre pied avec la réalité.
Mikasa doit percevoir qu'il ne lâchera rien, car elle se lève.
— Juste pour information, la prévient Levi d'un ton détaché. Si tu te balades un peu trop près de l'hôtel de police, c'est pas impossible qu'on recommence à se mettre des pains dans la gueule, toi et moi.
Elle ne réagit pas, ce qui pour quelqu'un d'aussi peu expressif qu'elle doit être l'équivalent d'un haussement d'épaules. Elle disparaît comme une ombre entre les autres clients de l'établissement. Levi fait signe au roquet derrière son comptoir de le resservir.
Une Ackerman… c'est étrange. Ils doivent être liés à un degré trop lointain pour que leurs deux familles s'en souviennent. Il se la sort de l'esprit en s'intéressant aux hommes autour de lui. Il a envie de se taper quelqu'un. Il a besoin de soulager sa frustration.
Il en considère plusieurs, dont certains surprennent son regard appuyé et le lui rendent. Il fronce le nez et continue son inspection. Il s'arrête sur un homme à peine plus âgé que lui, un grand blond à l'air sérieux qui ressemble à… bref. C'est à peu près ça qu'il cherche. Il sait pourquoi, ça l'agace, mais c'est inutile de le nier. Faute d'avoir le vrai, il doit se contenter de cette pâle copie. Il essaie de ne pas penser que c'est lui qui s'est refusé à Erwin. Plusieurs fois.
Il croise le regard de l'homme et le soutient. Son visage reste impassible, mais l'autre comprend ce qu'il veut à la flamme incandescente de ses yeux. D'un discret signe de tête, il l'invite à le suivre. Levi quitte sa table et s'engouffre à sa suite dans le couloir sombre qui mène au débarras. Il connaît le truc. L'homme a l'air de le connaître aussi.
De près, la ressemblance est beaucoup moins évidente. L'homme est plus petit, avec des yeux sombres et des traits moins affirmés. Son corps est flasque, avec tout juste la quantité de muscles nécessaire pour fonctionner. Pathétique. Levi sent déjà son excitation tiédir. Sa frustration, elle, redouble. Les mains de l'homme examinent déjà son ventre musclé. Il essaye de l'attirer à lui pour l'embrasser. Levi détourne le visage pour signifier que ce n'est même pas la peine d'y penser.
Il fait signe à l'homme de se mettre à genoux devant lui. Adossé contre le mur, il ferme les yeux pour conjurer une image plus agréable que la situation merdique dont il doit se contenter. L'homme défait l'avant de son pantalon et le masturbe avec un peu trop d'ardeur. Les pensées de Levi sont aimantées par l'appartement bourgeois qu'il a quitté quelques jours plutôt. L'homme le prend dans sa bouche. Quelques secondes plus tard, Levi le repousse. Non, ça ne va pas le faire.
Sans explication, il laisse l'homme planté là et sort en trombe de la taverne. Une fine pluie commence à tomber. Il resserre sa veste autour de lui et trottine en direction du nord de la ville.
~o0o~
Erwin obéit à Levi et ne le cherche pas. Il ne l'oublie pas non plus.
Il se consacre corps et âme à sa mission de faire parler Eren Jaeger. Quinze jours après sa capture, le garçon refuse toujours de leur dire quoi que ce soit. Erwin a l'impression que c'est la peur des autres Titans, plus que sa loyauté, qui lui scelle les lèvres.
Hange aussi prend cette mission à bras le corps. Elle délaisse son laboratoire pour passer ses journées assises devant la cellule d'Eren à le bombarder de questions. A plusieurs reprises, elle tâte le terrain pour savoir si Erwin la laisserait utiliser des méthodes d'interrogatoires un peu plus musclées. Il refuse net. Jaeger n'est encore qu'un gamin, un adolescent perdu qui se raccroche aux Titans pour exister.
Erwin profite cependant de l'excès de zèle de sa collègue pour se positionner en opposition à elle, en offrant à Eren son aide et sa protection s'il parle. Il n'a pas plus de succès. Il doit cependant reconnaître que son investissement dans cette tâche est limité, parce qu'il est distrait par des pensées intrusives qui l'empêchent d'y consacrer tout son potentiel intellectuel.
Sans compter qu'Hange ne l'aide pas vraiment à passer à autre chose.
— Toujours rien à propos de Levi ? lui demande-elle régulièrement.
Erwin a beau lui avoir dit que leurs chemins se sont séparés pour de bon, que le malfrat a été ferme sur ce point, elle ne veut rien entendre.
— Tu es complètement inutile depuis qu'il est parti, se plaint-elle. Envoie quelqu'un le chercher pour qu'il te remette les idées en place avec un bon coup…
Erwin frise l'arrêt cardiaque.
— …sur la caboche.
Il se remet à respirer.
— Je suis complètement inutile ? répète-t-il en fronçant les sourcils.
— Tu es distrait. Tu passes des heures à réfléchir avec les yeux dans le vague et rien n'avance. On a enfin un Titan entre les mains et tu passes tes journées à rêvasser. On va finir par se prendre une offensive du Gang, on ne sera pas prêts et on va perdre Eren sans n'avoir rien appris.
C'est aussi l'une des craintes de Mike. Maintenant qu'ils ont mis la main sur l'un des leurs, ils ne sont pas à l'abri que les autres se lancent dans une opération pour le récupérer. Pour le moment, ils détiennent Eren dans un endroit secret. Mais plus le temps passe, plus le risque que les Titans le retrouvent est grand. Les pensées d'Erwin reviennent régulièrement à cette fille que Levi a affrontée, lors de la capture d'Eren. Si elle les retrouve, ils vont passer un sale quart d'heure. Aucun d'eux n'est de taille à l'affronter. Sauf… lui.
— Je suis en train de perdre mon temps, gémit Hange. Je ferais mieux de retourner au laboratoire et de mettre au point des techniques défensives.
Elle lui pose brièvement une main sur l'épaule en guise d'au revoir.
— Eh, Erwin…
— Oui ?
— Tu sais, ce n'est pas comme ça que tu vas devenir commandant. Ou tu l'oublies, ou tu le recrutes, mais il faut que tu prennes une décision.
Sa remarque titille une corde sensible, celle de son ambition. Il pousse un profond soupir et rentre chez lui sous une pluie dense, la queue entre les jambes.
L'appartement d'Erwin ne lui a jamais paru vide. Il a vécu dans une solitude assumée et confortable la majorité de sa vie, à l'exception des quelques mois passés en collocation avec Mike au début de leur carrière dans la police. Cependant, depuis que Levi est parti, il a l'impression qu'il lui manque quelque chose. On ne peut pas dire que le malfrat ait laissé une empreinte indélébile lors de son passage, à l'exception de la rayure du tisonnier sur le parquet du salon. Pourtant, Erwin conserve la vague impression que sa présence flotte encore dans sa chambre. Ce n'est pas son parfum, il a changé les draps depuis longtemps. Il est conscient que c'est un fantasme conçu entièrement par son imagination.
Il se déchausse, retire sa veste d'uniforme trempée et se fait couler un bain. Il glisse dans la baignoire et se détend, les paupières closes. Un petit son métallique attire son attention et lui fait entrouvrir un œil. Levi se trouve dans la pièce, à quelques mètres de lui.
Erwin sursaute avec une telle violence qu'il envoie une vague d'eau parfumée par-dessus le rebord de la baignoire. D'instinct, il se plaque contre la paroi derrière lui et se palpe la taille à la recherche de son poignard. Mais il est dans son bain, et il est complètement nu. Un sentiment de panique l'envahit.
— Du calme, le rassure Levi. J'ai pas l'intention de t'étriper dans ta baignoire. Pas aujourd'hui, en tout cas.
Il se tient debout, les bras croisés, adossé à l'encadrement de la porte. Ses cheveux dégoulinent de pluie, et malgré ses efforts pour conserver un air bravache, il a l'air frigorifié. Erwin ne serait pas étonné que ses dents se mettent à claquer. Il remarque qu'il porte un foulard autour du cou. Il se doute que c'est pour dissimuler sa blessure.
— Comment tu es rentré ? demande Erwin.
— Par la fenêtre de la cuisine.
— Je l'ai laissée ouverte ?
— Non.
C'est bien ce qu'il lui semblait.
— Et que me vaut l'honneur de cette visite ?
Erwin s'applique à rester imperturbable, mais le retour de Levi lui inspire une multitude d'émotions contradictoires. Il a peur, il ne peut le nier, de se retrouver dans une telle situation de vulnérabilité face à un homme aussi impulsif. Il est intrigué de connaître la raison de son retour, et soulagé de voir qu'il se porte bien. Il y a aussi une autre sensation, beaucoup moins assumée celle-là, une espèce de chaleur logée au creux de son ventre…
— Tu as fait parler le morveux ? demande Levi.
— Non, concède Erwin.
Levi hausse les sourcils.
— Je pense qu'il a peur des autres Titans.
— Et après deux semaines, tu n'as pas réussi à faire en sorte qu'il ait moins peur d'eux que de toi ? Amateur…
— C'est un enfant, Levi.
— C'est un Titan.
Il marque une pause.
— Sa copine est venue me trouver. Tu sais, l'énervée avec l'écharpe.
— Qu'est-ce qu'elle voulait ? tressaille Erwin en cherchant une serviette des yeux.
Il aimerait autant ne pas poursuivre cette conversation dans son bain.
— Rien.
— Rien ?
— Me prévenir qu'elle va te faire la peau. J'ai répondu que je m'en fiche.
— Vraiment ? Et elle t'a laissé partir, juste comme ça ?
— Ouais.
Erwin n'y croit pas trop. La possibilité que Levi ait passé un accord avec la fille pour se venger d'eux lui effleure l'esprit. Contre tout principe de prudence, il choisit de l'écarter.
Il s'appuie sur les bords de la baignoire pour s'en extirper.
— Attends !
Erwin se fige. Levi s'approche et s'accroupit devant la baignoire, du côté de ses pieds. Accoudé sur le rebord, il pose son menton sur ses mains jointes. Son regard d'acier est pensif, mais Erwin est assez perspicace pour remarquer qu'il se mordille la lèvre inférieure. Il est nerveux. Et épuisé. C'est évident, maintenant qu'il est si près de lui. Il est plus pâle que jamais, les traits tirés, les cernes marqués. Erwin a envie d'écarter les mèches qui lui tombent devant les yeux. Il a aussi envie de...
— Je peux te rejoindre ?
— Pardon ?
Ils se dévisagent. Levi sait qu'il a parfaitement entendu sa question. Maintenant, il attend une réponse. Il effleure la surface de l'eau du bout des doigts, puis relève les yeux vers Erwin. Son regard répand une chaleur insistante dans tout le corps du capitaine.
— Je… Il n'y pas assez de place pour deux.
— Ça dépend de notre position.
Très bien. Cette fois, Erwin sent le rose lui monter aux joues. Son corps commence à répondre à l'image que les mots de Levi dessinent dans son esprit. Il n'est pas du genre timide, mais il reçoit rarement des propositions aussi directes, surtout de la part d'autres hommes. Il a admis depuis longtemps que Levi lui plaît physiquement. Il ne va pas le nier. Du moins, il ne va pas se le nier, même s'il n'est pas prêt à le reconnaître à voix haute. Mais même s'il a de l'attirance pour lui, il reste du chemin à parcourir avant de lui accorder une telle confiance.
— Si tu as besoin de quelque chose, nous pouvons en discuter sans que tu aies besoin de coucher pour l'avoir.
Levi se raidit. Le provoquer sans arme à portée de main n'est sans doute pas son idée la plus raisonnable. Mais Erwin a besoin de le tester pour comprendre ses véritables motivations.
— Je veux un coup de bite, c'est tout.
Bon.
Il a beau être un homme particulièrement éloquent, il n'a pas de réponse à ça. Levi est bien la seule personne sur Terre qui réussisse à lui couper le sifflet de cette manière.
Le malfrat prend son silence pour du scepticisme. Il baisse les yeux et se pose une main sur le front, comme s'il était pris de migraine.
— Je… j'arrive pas à te sortir de ma tête. Putain, ça me rend fou.
Sa voix tremble de frustration et de dégoût, comme si c'est une torture pour lui, comme s'il parle d'une maladie qui lui empoisonne la vie.
— Je crois que j'ai besoin qu'on baise pour passer à autre chose.
— Charmant, ne peut s'empêcher de commenter Erwin.
— N'est-ce pas ?
— Un vrai romantique.
— Ensuite… ajoute Levi d'une voix où pointe l'hésitation. Ensuite on s'oublie.
Erwin cille. Il a déjà essayé d'oublier Levi. Il a échoué. Visiblement, ils partagent le même problème. Et Levi est atteint au point de mettre son ego de côté et de revenir, alors que c'est lui qui a mis un point final à leur relation.
Inutile de se leurrer, ils ne s'oublieront pas. Du moins, Erwin ne l'oubliera pas. Parce qu'il ne rencontrera jamais d'autre homme comme lui. Il n'arrive plus à se concentrer sur quoi que ce soit en dehors de Levi, de ses yeux gris, de sa bouche entrouverte et de ses cheveux humides.
— Alors ?
Erwin se ressaisit. Il faut qu'il reste maître de lui-même. Ne pas montrer à Levi l'effet enivrant qu'il a sur lui. Il a besoin de se prouver qu'il peut prendre de la distance. Que certes, Levi l'attire, mais qu'il ne lui fait pas encore perdre totalement la tête. Il ne peut pas se permettre, en tant que capitaine d'une brigade si prestigieuse, de se laisser dominer par des instincts aussi primaires. Il tente de désamorcer la tension entre eux.
— Tu vas encore me sortir le nom d'un Titan si je te fais jouir ?
— Tsk. Je sais pas, tente ta chance.
Sa tentative de le dérider échoue lamentablement. Levi ne lâche pas l'affaire pour autant. Il attend toujours sa réponse.
Erwin va céder. Il sait déjà qu'il va céder. Levi est trop près de lui, trop vivant, trop attirant pour qu'il trouve la volonté de le repousser. Il pince les lèvres.
— Ok, viens, finit-t-il par lâcher.
— C'est pas trop tôt.
Levi retire ses bottes, déboutonne sa chemise et l'accroche sur le porte-manteau derrière la porte. Erwin admire les lignes bien dessinées de sa musculature. Levi retire son pantalon et se glisse dans l'eau, à l'autre extrémité de la baignoire.
Il ne laisse pas le temps au malaise de s'installer. Avec souplesse, il se penche en avant et se glisse jusqu'à Erwin. Il lui écarte les genoux pour se frayer un chemin entre. Quand il atteint son torse, il se plaque contre, les mains à plat contre ses pectoraux. Il glisse ses paumes sur les muscles d'Erwin avec un air admiratif qui fait rougir le capitaine. Puis il enfouit son visage dans le creux de son cou et suçote la peau sensible sur sa clavicule. Erwin laisse échapper un petit gémissement de plaisir. Il est un peu sonné de retrouver si brutalement le corps nu de Levi collé contre le sien. Sa peau est encore froide de la course qu'il vient de faire sous la pluie.
Erwin lui enlace la taille pour le maintenir contre lui. Enfin il peut le toucher, le caresser, embrasser sa peau. Il n'avait pas réalisé à quel point il le désirait. Il veut ses bras, son torse, ses lèvres, son cul. Il le veut tout entier. Il n'a qu'une appréhension, que Levi change brutalement d'avis et lui claque à nouveau la porte au nez.
Mais le malfrat ne semble pas du tout considérer cette option. Erwin le sent déjà durcir contre son ventre. Il préférerait prendre son temps pour explorer chaque détail de son corps, mais Levi n'est pas de cet avis. Ses gestes sont empressés, fébriles même. Sa bouche vorace a déjà quitté sa clavicule pour descendre le long de son torse. Erwin pose les mains sur ses joues et le force à le regarder. Levi est agacé d'être interrompu dans sa tâche, et méfiant de ce qu'Erwin s'apprête à faire.
— Pas sur la bouche, grogne-t-il.
Erwin hausse les sourcils.
— C… comme tu voudras.
Un peu déçu, il lui incline la tête en douceur et dépose une ligne de baisers le long de sa mâchoire. Levi ferme les yeux, le souffle court. L'intensité avec laquelle il réagit à la moindre caresse excite Erwin. Ses hanches ondulent contre lui pour chercher un peu de friction.
Erwin se redresse dans la baignoire et Levi s'assied sur ses cuisses. Ils ne peuvent ignorer son érection entre eux.
Les mouvements du malfrat sont maintenant frénétiques, comme s'il ne parvenait plus à se contrôler. Erwin est un peu déstabilisé par sa précipitation. Il n'est pas crédule au point d'avoir pensé qu'ils feraient l'amour de manière lascive et passionnée, comme un couple d'amants. Mais il a imaginé quelque chose de plus… sensuel. Il ne lui laisse même pas le temps de se montrer attentionné.
Erwin devrait trouver les mots pour l'apaiser, mais il a trop peur de le contrarier. Il sait combien Levi se braque vite, et il a trop envie de lui pour prendre le risque de le faire fuir à nouveau. Il tente tant bien que mal de suivre le mouvement. Il plonge la main dans l'eau pour saisir son sexe et pompe lentement. Levi exhale et se cambre contre lui. Il ne prononce aucun son, mais ses dents mordillent l'épaule d'Erwin.
— Je veux que tu me la mettes, souffle-t-il dans l'oreille d'Erwin.
Erwin sent un lent frisson lui descendre toute la colonne.
— Tu es sûr ?
— Putain, je suis venu pour ça, Erwin ! Alors, oui ou non ?
— Oui. Oui !
Le front collé contre son épaule, Levi passe une main entre ses cuisses pour se préparer.
— Tu veux que je m'en occupe ? propose Erwin, le souffle court.
— Tsk. Laisse-moi faire.
Erwin grogne d'anticipation. Levi essaye de se repositionner dans la baignoire trop étroite pour deux. Ils ont déjà mis de l'eau partout autour. Les genoux de Levi, de chaque côté de ses hanches, heurtent les parois à chaque mouvement. Le malfrat pousse un juron sonore.
Il s'extirpe de la baignoire et, avec une force surhumaine pour quelqu'un de son gabarit, il tire Erwin pour qu'il le suive. Erwin ressent une bouffée de soulagement. Levi va mieux. Il a retrouvé sa force. Il roule sur le sol et le malfrat s'empresse de reprendre sa position, à cheval sur ses hanches.
Levi s'accorde quelques secondes pour étudier le corps d'Erwin, qu'il voit nu pour la première fois. Le capitaine n'est pas quelqu'un de particulièrement pudique, et il se sait plutôt avantagé par la nature. Mais le regard de Levi fait naître en lui une timidité inédite.
— On peut aller dans la chambre… propose-t-il.
Le sol humide de la salle de bain ne l'enchante pas vraiment. Ils passent décidément leur temps à se rouler par terre.
— On bouge pas de là, répond Levi.
Il lui tient les poignets de chaque côté du visage. Quand il est certain qu'Erwin ne va pas se sauver, il le lâche et attrape le savon sur le bord de la baignoire.
— J'ai de l'huile lubrifiante dans ma chambre, tente de nouveau Erwin.
— On va prendre ça.
L'empressement de son partenaire le stupéfait. Mais la sensation que lui procure Levi quand il descend lentement autour de lui vide son cerveau de toutes ses interrogations. La bouche entrouverte, le souffle court, la tête penchée en avant de manière à ce que ses cheveux lui cachent les yeux, Levi le guide en lui d'une main décidée. Il va trop vite. Erwin le sent se contracter douloureusement. Son autre main, à plat sur son torse, se crispe.
— Ça va ? s'inquiète Erwin.
L'autre hoche la tête et donne de petites impulsions à ses hanches. Erwin le laisse imposer son rythme. D'abord un rythme prudent, le temps qu'il s'habitue à lui, puis de plus en plus rapide. Erwin saisit sa taille. Levi est magnifique. Il le surplombe, il l'utilise pour son plaisir, et Erwin n'a rien d'autre à faire que l'admirer et en profiter. Il accélère. Encore et encore. Il impose une cadence tellement soutenue qu'Erwin sait qu'il ne va pas durer. Il essaie de ralentir, mais Levi ne le laisse pas prendre les rênes. Il a besoin de les contrôler. Erwin préférerait qu'il lui parle, qu'ils communiquent, mais son partenaire retient jusqu'au moindre de ses grognements. En dehors des gémissements d'Erwin, seul le claquement humide de leurs chairs l'une contre l'autre résonne dans la pièce.
Soudain, Levi tombe en avant contre le torse d'Erwin, essoufflé. Erwin le serre contre lui. Son partenaire cache son visage contre sa clavicule, muet, un poing serré dans les cheveux d'Erwin et l'autre entre eux pour se caresser.
Levi jouit sans prévenir. Il ne pousse rien d'autre qu'un petit hoquet étouffé. Erwin s'en rend compte au soubresaut qui agite son corps et à la chaleur poisseuse qui se répand entre leurs ventres.
Sans même se laisser le temps de profiter du flot de plaisir qui l'envahit, Levi roule sans cérémonie sur le côté. Erwin reste là, allongé sur le dos sur le carrelage inconfortable, avec un cruel goût d'inachevé.
Combien de temps a duré tout ça ? Quelques minutes à peine ?
Sa déception est telle qu'il décide d'en rester là. Il ne s'est pas senti aussi insatisfait depuis longtemps, depuis ses premiers ébats malhabiles. Quand Levi tend la main pour s'emparer de lui et l'aider à finir, il le repousse.
— Ça va aller.
Il se rassoit sur le sol de la salle de bain et soulage tout seul la tension qui persiste dans son entrejambe. Levi écarquille les yeux d'incompréhension. Puis l'humiliation obscurcit son regard. Les deux hommes restent un moment silencieux. Malgré ses efforts pour ne pas mettre Levi mal à l'aise, Erwin a du mal à dissimuler sa déception.
Il déteste ce qu'ils viennent de faire. Trop précipité. Trop mécanique. Trop ascétique.
Ils sont adultes et expérimentés. Ça n'aurait pas dû se passer comme ça. Et quand bien même, ils devraient discuter de ce fiasco. Il est prêt à le faire, mais Levi ne semble pas d'humeur à décrocher un mot. Il se relève, s'essuie, jette un regard dégoûté au carnage qu'ils ont laissé sur le sol et se rhabille. II s'applique à ne pas regarder Erwin, mais le capitaine voit bien que ses yeux sont humides.
— Levi…
— C'était une mauvaise idée.
— En effet, admet Erwin. Nous aurions dû nous y prendre autrement. Si…
— On va pas faire un exposé, hein. Je me casse.
— Levi !
Mais le malfrat a déjà disparu. Erwin n'entend pas la porte claquer. Il a dû s'éclipser comme il est venu, par la fenêtre. Erwin soupire et se relève pour se nettoyer à son tour.
Un coup de bite. Erwin a cru qu'il utilisait cette expression pour le provoquer, mais c'est exactement ce qui vient de se passer. Et ça ne lui correspond pas. Ni avec Levi, ni avec quiconque. Il comprend qu'ils viennent tous les deux de milieux très différents, qu'ils n'ont sans doute pas le même vécu ni le même rapport au sexe. Mais ça, ce qu'il vient de faire… ce genre d'acte impersonnel, silencieux et expéditif, Erwin n'en veut pas.
Il se lave, remet de l'ordre dans sa salle de bain et va se coucher avec un arrière-goût amer dans la bouche. L'humiliation qu'il a lue sur le visage de Levi est imprimée dans son esprit et l'empêche de trouver le sommeil pendant de longues heures. Il dort très mal cette nuit-là.
