Chapitre 9
Levi reste enfermé dans son appartement pendant deux jours entiers. Le souvenir de ce qu'il s'est passé dans la salle de bain d'Erwin lui inspire un tel sentiment de honte qu'il ne parvient pas à trouver la paix. Le visage déçu du capitaine revient sans cesse à l'assaut de son esprit. Il ferme les yeux et fronce le nez, comme si ça pouvait empêcher ses entrailles de se tordre à nouveau.
La vérité, c'est qu'il n'est même pas certain de savoir pourquoi il ressent un tel malaise. Il a déjà tiré des coups catastrophiques, par sa faute ou celle de son partenaire. Ou par simple incompatibilité. Il s'en est toujours remis en se disant qu'il y a certaines personnes avec qui ça ne fonctionne pas, et tant pis.
Mais « tant pis » ne marche pas avec Erwin. Levi ne s'est pas rendu compte qu'il attendait autant de ce moment avec lui. Il a tout gâché. Il le sait. Il l'a baisé comme une rencontre fugace dans l'arrière-cour d'un bar, comme un étranger. Comme s'il n'était qu'une queue et qu'une paire de couilles qu'il oublierait sitôt après avoir joui. Comme il en a l'habitude, comme il sait le faire le mieux. Il est passé pour un idiot, pour un nul. Pour un animal désespéré. Il se cache les yeux et laisse échapper un grognement pour évacuer son embarras.
Il s'est montré entreprenant avec Erwin, il a utilisé à ses fins l'attirance physique que le capitaine a pour lui. Il a joué avec sa frustration. Tout ça pour… ça ? Il enfouit son visage dans son oreiller. Il lui a fait miroiter des promesses qu'il a été incapable de tenir. Aucun d'eux n'a tiré la moindre satisfaction de cet acte mécanique et précipité.
L'avantage de cette foirade, c'est que par la force des choses il s'est sevré d'Erwin. Il n'osera plus jamais lui montrer sa gueule après ça. Et s'il se remet à penser à lui d'une manière inappropriée, ses souvenirs le giflent suffisamment fort pour supprimer toute once d'excitation.
Au-delà de la honte, c'est l'importance qu'il attache à ce que le capitaine pense de lui qu'il n'assume pas. Le fait que, sans y avoir réfléchi, il le place bien au-dessus de tous ses précédents partenaires. Il veut s'en détacher. Le reléguer à un souvenir. L'oublier. Car en s'attachant à lui, il a l'impression de trahir ses amis et de s'offrir un réconfort qu'il ne mérite pas.
Poussé par la faim, il finit par sortir de chez lui. Il doit absolument trouver quelqu'un avec qui s'allier pour survivre. Il vivote de rapines depuis la mort de Furlan et Isabel, mais l'instantanéité de cette vie de vaurien n'est plus digne de lui depuis longtemps. Il veut recommencer à faire des coups, des gros, qui flatteraient son orgueil. Des casses qui lui permettaient de s'assurer une vie confortable pendant plusieurs mois.
Pendant une semaine, il erre dans les coins mal famés de Trost, ceux qu'ils avaient l'habitude de fréquenter et qu'il considère comme son territoire. Il se reprend un peu et cesse de se soûler dès le début de matinée. Il faut qu'il ait l'esprit assez affûté pour repérer des candidats potentiels. Non seulement sa recherche est vaine, mais terriblement douloureuse. La nouvelle de la mort de Furlan et Isabel s'est propagée, et on l'accuse ouvertement d'en être la cause.
Avant qu'Erwin ne le capture, Levi jouissait d'un certain statut dans les Bas-Fonds. On connaissait son nom, on connaissait son tempérament, et on ne jasait pas sur lui en toute impunité. Il a mis des années à se faire respecter, à effacer l'héritage de Kenny pour se construire sa propre réputation. Et d'un coup tout s'effondre, tous ses efforts se retrouvent réduits à néant. On raconte qu'il a trahi ses amis pour travailler avec la police. On murmure qu'il leur est sans doute encore soumis, parce qu'on pense impossible que les flics l'aient libéré aussi facilement. On le soupçonne d'être un traître, un espion.
Levi retrouve en ville un ancien ami de Furlan, qu'il a toujours soupçonné d'avoir été son amant pendant une courte période. Il n'a pas le temps de saluer l'homme qu'il lui écrase son poing dans la figure. Il pourrait répliquer. Il pourrait contre-attaquer et tuer l'homme sur place. Il n'en fait rien. Même ses réflexes sont engourdis par la culpabilité. L'homme en profite pour lui décocher deux autres coups, un dans la mâchoire et un dans le nez. Il crache à ses pieds avant de tourner les talons.
Au lieu de l'appeler par son nom, on commence à l'appeler « le traître », « le vendu », ou des termes beaucoup moins polis en rapport avec sa supposée soumission aux flics. On fait des allusions obscènes sur ce qu'ils ont dû lui faire pour le rallier à leur cause, ou sur ce qu'il a dû leur faire pour obtenir sa liberté. On n'ose pas encore trop s'attaquer physiquement à lui, mais on le bouscule sans vergogne. Bientôt, Levi n'a plus la volonté de se défendre, plus l'énergie d'encaisser de tels reproches. Une partie de lui admet sa propre culpabilité dans la mort d'Isabel et Furlan et estime qu'il mérite d'être traité comme de la vermine, l'autre est écorchée vive d'injustice quand il se souvient combien il s'est battu pour eux.
Sa réputation est morte. Sa crédibilité est morte. Il cesse de fréquenter les hauts-lieux du grand-banditisme et retourne se terrer dans les troquets immondes de la rue où se trouve son appartement.
Pour la première fois depuis que Kenny l'a abandonné, il touche à nouveau le fond. Il se laisse engloutir par le désespoir. Il ne se voit plus aucun avenir. La seule solution qui se présente à lui est de partir de ce milieu, de cette ville où il n'arrive plus rien à construire, hanté par les fantômes de ses deux amis. Mais recommencer à zéro, dans un autre endroit qu'il ne connaît pas et où il n'a personne sur qui s'appuyer, lui demanderait une énergie qu'il ne pense plus avoir en lui.
Il a envie de disparaître. Il veut se soustraire au jugement des autres, à cette peine et à cette culpabilité qui pèsent sur sa poitrine. Il veut fuir, plus vite et plus définitivement que par l'alcool.
Il décide d'attaquer les Titans. Seul.
Il va les retrouver et en détruire le plus possible. Il sait qu'il n'a aucune chance de survivre à une telle folie. Mais quitte à mourir, il en emportera le plus possible avec lui en Enfer. Il ne le fait pas pour Erwin. Il le fait un peu pour Furlan et Isabel. Il le fait surtout pour lui-même, pour libérer enfin cette violence brute et aveuglante qu'il sent affleurer en lui.
Il réunit les armes qu'il lui reste. Il n'a pas de plan précis à part foncer dans le tas dès qu'il se sentira prêt. Il est confiant sur le fait de les retrouver rapidement, même si ses réseaux risquent de se montrer moins coopérants qu'avant.
Il ne lui reste que quelques détails à régler quand Erwin se pointe dans les Bas-Fonds. Levi n'en croit d'abord pas ses yeux. Il est en train de négocier avec un marchand d'armes quand le capitaine entre dans la taverne où il se trouve et parcourt immédiatement la salle du regard. Il détonne parmi les crapules qui peuplent l'endroit. Trop propre, trop bien habillé, trop séduisant. Il rayonne trop fort. Levi se lève d'un bond et marche droit sur lui. Les traits d'Erwin s'éclairent, puis s'affaissent quand il remarque les traces de coups sur le visage de Levi.
— Qui t'a fait ça ?
— Qu'est-ce que tu fous là ? réplique Levi d'une voix hargneuse.
— Il faut qu'on parle.
— J'ai rien à te dire. Tire-toi.
Il lui donne une bourrade dans la poitrine pour le faire reculer. Sans surprise, Erwin ne bouge pas d'un pouce. Levi se sent mou, vidé.
— Levi…
— Tu vois pas que tu m'attires que des emmerdes ? Je suis déjà assez dans le pétrin comme ça.
Erwin fronce les sourcils. Ses stupides sourcils trop épais, qui à cet instant agacent Levi plus que tout autre chose sur cette planète.
— Si tu as des ennuis, je peux t'aider.
— Non ! Je veux que tu dégages, j'ai rien à te dire et je veux plus jamais te voir !
Les lèvres d'Erwin se tordent en une légère grimace.
— Tu crois que les gens ici sont trop stupides pour comprendre qui t'es ? Tu sens le poulet…
— Je sens le poulet ?
Levi est certain qu'il fait exprès de ne pas comprendre pour l'irriter.
— Ta putain de Cologne, Erwin ! Personne ne porte ce genre de truc ici !
— Y'a un problème, Ackerman ? demande en s'approchant l'homme avec qui il négociait quelques minutes plus tôt.
— Non, c'est bon, retourne t'asseoir.
— C'est qui celui-là ?
Il inspecte Erwin de haut en bas, une moue sur les lèvres. Levi se raidit.
— Toi, là, recule, ordonne une voix qui lui ôte les mots de la bouche.
Mike apparaît derrière Erwin, une main sur le manche du poignard accroché à sa ceinture. Il hésite un instant pendant qu'il décide qui fusiller du regard, Levi ou le marchand d'armes. Levi serre les poings et se met machinalement en position d'attaque.
— Putain, Levi, t'as ramené tes copines ? s'écrie le vendeur d'armes.
Tous les regards se tournent vers eux. Mike décide que le vendeur est le plus dangereux des deux et pose la main sur le biceps d'Erwin pour l'éloigner de lui.
— C'est des flics ! crie le vendeur. Des connards de flics ! Ackerman les a ramenés jusqu'ici !
Plusieurs hommes se lèvent, les poings serrés sur la première arme de fortune qu'ils trouvent : bouteille, chandelier, tabouret. Le patron de l'établissement, qui visualise déjà son établissement en ruines, braille à tout le monde de se calmer. En vain. Un bruit de verre cassé annonce que l'un des hommes vient de briser le culot de sa bouteille pour la rendre tranchante.
— Nous venons juste chercher Levi, annonce Erwin en levant les mains en signe d'apaisement. Nous ne mettrons pas le nez dans vos affaires.
Plusieurs hommes font un pas en avant en direction des deux policiers. Mike semble sur le point de lancer une attaque.
— Tu serais pas le lieutenant de la Brigade d'Intervention qui a liquidé Jacquot-le-Borgne il y a trois ans ?
Erwin met une seconde de trop à répondre. Le marchand d'armes brandit un revolver et se retrouve avec la lame de Levi plantée dans la trachée avant même d'avoir pu en ôter la sécurité. Mike tire Erwin en arrière. Erwin veut saisir Levi par le poignet pour l'entraîner avec eux, mais le malfrat lui glisse entre les doigts pour repousser un couple d'agresseurs de deux coups de poing dans le nez. Quand il est certain que les deux policiers sont hors de portée de tir, il s'éclipse à leur suite.
Erwin et Mike sautent avec agilité sur les deux chevaux qui les attendent un peu plus loin dans la rue. Erwin adresse un signe à Levi qui le comprend immédiatement et saute derrière lui. Ils partent au galop à travers les rues de Trost. Il n'y a aucune chance pour que leurs poivrots de poursuivants les pourchassent, mais ils continuent sans s'arrêter jusqu'à l'hôtel de police. Levi enserre la taille d'Erwin dans une étreinte solide, peut-être un peu plus forte que nécessaire. Il sent la musculature de son dos se contracter contre sa joue.
Ils s'arrêtent devant l'hôtel de police et mettent pied à terre, un peu sonnés.
— Vous êtes vraiment deux crétins… siffle Levi. Putain, j'arrive pas y croire. Merde !
Il donne un coup de pied rageur dans un pavé abandonné qui traîne par là.
— J'insiste pour que tu m'accordes un instant, Levi, dit Erwin.
— Va te faire foutre, Erwin ! Va te faire enculer avec un couteau cranté !
— Eh ! Surveille ta langue, espèce de dégénéré ! intervient Mike.
— Arrêtez, tous les deux, ordonne Erwin. Levi, aussi alléchante que soit ta proposition, j'aimerais seulement discuter.
Levi croise les bras. Il a horreur de se confronter à lui quand ils sont debout. Lever la tête pour fusiller du regard cette andouille géante lui fait instantanément perdre en crédibilité.
— J'ai pas que ça à faire de papoter avec la flicaille.
— Tu as autre part où aller ? demande Erwin, agacé de devoir négocier avec quelqu'un d'aussi buté.
Levi plisse les yeux, prêt à lâcher un flot d'insultes particulièrement inspirées. Erwin décide de mettre un terme à la dispute avant même qu'elle ne commence.
— Levi. S'il te plaît. Nous perdons notre temps tous les trois.
Levi sent qu'il va céder. Il se sert de sa colère pour se donner la force de résister, mais Erwin est en train d'en venir à bout.
— Tsk, je rentre pas là-dedans, annonce-t-il en désignant l'hôtel de police.
— Nous pouvons trouver un autre endroit tranquille, si tu préfères.
— Et la grande perche débile ne vient pas.
— Alors pour ça, tu peux te gratter, rétorque Mike.
— Qu'est-ce qu'il y a, t'es jaloux ? On va parler de notre dernière baise et t'es pas invité.
Exaspéré, Erwin ferme les yeux et se pince l'arête du nez. Mike vire au cramoisi.
— Tu crois que je ne suis pas au courant ? balbutie-t-il. J'ai bien compris ce que vous aviez fait ensemble. Il est revenu en sentant la morale douteuse et le retard de croissance à plein nez.
Il a l'air tellement désarçonné par les paroles crues de Levi que celui-ci ne prend pas la peine de répliquer. Il le dévisage avec un air effronté et un rictus aux lèvres.
— Bon, ça suffit, tous les deux, tranche Erwin, les joues légèrement roses mais la voix ferme. Levi, suis-moi. Mike, tu peux rentrer. Ramène mon cheval, s'il te plaît.
Levi suit Erwin avant tout pour le plaisir de jeter un regard condescendant à Mike par-dessus son épaule.
— Est-ce que ça te convient si on va chez moi ? demande Erwin. Si ça te met mal à l'aise, on peut aller ailleurs.
Levi tressaille mais hoche la tête en silence. Ils marchent sans décrocher un mot jusqu'à chez Erwin, Levi plusieurs pas en retrait derrière le capitaine. Celui-ci se retourne à intervalles réguliers pour s'assurer qu'il le suit toujours. Levi ne parle pas non plus quand Erwin lui ouvre la porte et quand il se déchausse avant de pénétrer dans le salon désormais familier. Il refuse la proposition d'Erwin de prendre place sur le canapé et s'appuie contre la table, les bras croisés. Erwin fait de même contre sa cheminée, de l'autre côté de la pièce. Levi est étonné de constater qu'il a du mal à le regarder dans les yeux.
— Levi, la manière dont nous nous sommes quittés la dernière fois…
— Tu m'as vraiment fait venir pour qu'on discute de ça ? J'ai dit ça juste pour emmerder Mike. J'ai pas envie d'en parler.
— Non, pas vraiment. Mais j'ai l'impression que ça reste comme un point de tension entre nous et j'aimerais l'évacuer. Laisse-moi parler, s'il te plaît, ajoute-t-il quand Levi prend une inspiration pour le couper.
Il étudie longuement le visage d'Erwin. Il est d'un calme remarquable. Et malgré sa carrure impressionnante, la douceur qui émane de lui à cet instant apaise Levi.
— Ce qu'il s'est passé, c'était un ratage, et c'était de notre faute à tous les deux. C'était en grande partie de la mienne parce que je n'ai pas pris en compte ce que toi, tu désirais. Je ne me suis concentré que sur la manière dont je voulais que les choses se passent. Tu n'as aucune honte à en tirer. C'est moi qui ai mal réagi. Je suis désolé.
— Me parle pas comme si j'étais un petit animal blessé, gronde faiblement Levi.
— Je te parle comme à une personne que j'estime assez pour prendre le temps d'avoir cette discussion délicate.
— Je sais que c'est de ma faute si c'était nul. Pas besoin de faire le chevalier, Erwin. J'ai merdé, point barre.
— S'il y a une prochaine fois, j'aimerais qu'elle se passe autrement.
Levi en a le souffle coupé. Erwin lève enfin ses yeux bleus pour accrocher les siens. Levi se force à rester impassible.
— C'est pour ça que tu m'as fait venir ? demande Levi, sincèrement perplexe cette fois-ci. Tu veux qu'on rempile ?
— Non. Enfin… non, ce n'est pas pour ça que je t'ai fait venir.
Erwin se redresse et reprend soudain son allure de capitaine du Bataillon d'Exploration. La douceur et la bienveillance disparaissent de son regard au profit d'un air grave et sérieux. Il est là pour parler affaires. Et affaires sérieuses.
— Levi, j'aimerais que tu rejoignes pour de bon le Bataillon d'Exploration. Que tu travailles avec nous.
Avec nous. Pas pour nous. Levi ne peut pas dire qu'il est surpris par une telle proposition. Il ne voit pas ce qu'Erwin aurait pu lui proposer d'autre.
— Vous n'arrivez toujours pas à tirer quoi que ce soit du morveux ? demande-t-il.
— Non, concède Erwin. Mais ce n'est pas la raison. Nous avons besoin de ta force, de ton expérience et de ta dextérité.
— Ma quoi ?
— De la manière dont tu manies les armes. Sans compter que tu es le seul à avoir réussi à manier en si peu de temps les grappins d'Hange.
— Équipement de manœuvre tridimensionnelle, corrige Levi.
Erwin marque une petite pause, puis ajoute d'un ton plus léger :
— Elle va me tuer si je ne te recrute pas. Elle dit que nous sommes tous des bons à rien sans toi, ce qui est sans doute un peu exagéré mais pas entièrement faux.
Levi esquisse un sourire. La binoclarde est sans doute la seule personne qui lui manque un tant soit peu dans ce merdier. Au moins, elle ne lui a jamais causé de tort. Son équipement lui a même probablement sauvé la vie.
— Shadis n'est pas entièrement au courant de cette proposition, admet Erwin. A vrai dire, je pense qu'il te croit mort depuis la dernière opération. Mais c'est un détail que je me chargerai de régler, si tu acceptes. Tu seras rémunéré au même titre que n'importe quel autre policier. Tu auras un salaire, tu seras nourri, logé et blanchi. Tu accéderas rapidement au grade d'officier. Nous assurerons ta protection.
Le demi-sourire de Levi se mue en rictus. Ils assureront sa protection, ou il assurera la leur ?
Il se doutait que la proposition d'Erwin finirait par tomber. Il sait qu'ils ont besoin de lui. Ils n'arrivent pas à faire parler Eren et le temps presse. Ils ont besoin de quelqu'un pour lui mettre des gifles sans salir leur bel uniforme. Ils ont besoin de lui pour les protéger de Mikasa Ackerman, pour la neutraliser si nécessaire. Erwin a mis maintes fois sa fierté de côté pour lui faire comprendre qu'il est unique en son genre, qu'il est le soldat qu'ils rêvent tous d'avoir dans le Bataillon.
Et s'il accepte, s'il travaille pour lui, Erwin deviendra immédiatement son supérieur hiérarchique. Et Levi sera alors à lui, entièrement à lui. Dépendant de sa volonté et soumis au moindre de ses caprices. Son humeur s'obscurcit.
— Bien sûr, tu n'as pas besoin de me donner ta réponse tout de suite, poursuit Erwin d'une voix égale. Ce n'est pas non plus un engagement à vie, nous pouvons commencer par un contrat de courte durée, révocable à tout moment.
L'aisance avec laquelle Erwin expose son plan agace Levi. Tout se déroule exactement comme le capitaine l'avait prévu. Levi est un pantin entre ses mains.
— Tu avais prévu ça depuis le début ?
Erwin écarquille les yeux.
— Pardon ?
— C'était ton plan depuis le début, c'est ça ?
— Je ne sais pas de quoi tu parles. C'est une proposition tout à fait circonstanciée.
— Tu me voulais. Tu as tout détruit autour de moi. Mes amis, ma réputation, toute ma vie.
— Levi…
— Et tout ça pour quoi ? Pour m'avoir pour toi tout seul ? Pour que j'aie plus nulle part où aller, à part ton pieu ?
— Levi ! Arrête ça.
Mais Levi veut voir dans les yeux d'Erwin l'éclat de culpabilité qui lui prouvera qu'il a raison. Il ne sait même pas pourquoi il le provoque ainsi. Il se sent horriblement mal. Il a besoin d'évacuer le trop-plein d'émotions qui bouillonne en lui, et la manière la plus simple qu'il connaisse est de déclencher une dispute. Voire une bagarre. Oui, c'est ça qu'il veut. Qu'Erwin perde son sang-froid et qu'il se mette à lui donner des coups. Mais le capitaine ne semble absolument pas décidé à s'énerver. Il reste calme et solide contre le manteau de la cheminée.
— Je sais que tu n'as pas besoin de nous, mais nous avons besoin de toi. J'ai besoin de toi.
Une chaleur familière se répand dans le ventre de Levi.
— Je te fais cette proposition en tant que capitaine qui a besoin de ton talent. Ça n'a rien à voir avec l'attirance…
Sa voix meurt dans sa gorge, comme s'il ne savait pas vraiment comment terminer sa phrase.
— …que nous avons l'un pour l'autre, finit-il d'une voix plus faible. Ne me fais pas l'affront de penser que je ne te respecte pas. Tu sais que c'est faux, et ce petit jeu stérile de provocation commence à me lasser.
Levi n'est décidément pas doué avec les mots. Il comprend qu'il ne parviendra pas à ses fins. Avec une pointe de dégoût pour lui-même, il décide de faire taire tous les sentiments contradictoires qui l'assaillent et de suivre encore une fois son instinct.
Il se décolle de la table et avance vers Erwin d'un pas décidé.
— Prends-moi.
Erwin reste interdit.
~o0o~
— Prends-moi ! s'exclame Levi d'une voix désespérée. C'est ce que tu veux, Erwin, alors fais-le ! Je suis à toi !
Il laisse sa veste glisser de ses épaules et la jette sur le dossier du canapé, avant d'entreprendre de déboutonner sa chemise d'une main furieuse. Erwin s'approche et lui saisit le poignet.
Il veut dire quelque chose pour arrêter Levi, pour qu'il cesse immédiatement de se déshabiller devant lui. Mais ses mots se coincent dans sa gorge quand il baisse les yeux sur lui. Levi le regarde par en-dessous, le regard à moitié voilé par les cheveux qui lui tombent sur le front. Ses pupilles dilatées brillent de colère et de désir.
Erwin lui lâche le poignet comme s'il s'était brûlé. Sans le quitter des yeux, Levi continue de déboutonner sa chemise et la laisse glisser sur le sol. Il dénoue ensuite le foulard autour de sa gorge. Erwin retient sa respiration en parcourant des yeux ses épaules, ses clavicules, son torse, son ventre.
Cette fois, Levi ne lui saute pas dessus. Il attend qu'Erwin fasse le premier pas, le regard planté dans le sien, le souffle court. Il attend qu'il s'empare de lui.
Une partie d'Erwin veut résister pour prouver à Levi qu'il a tort sur ses intentions. Évidemment qu'il a tort. C'est le combattant qu'il veut garder auprès de lui. C'est aussi un peu l'homme. Mais il n'a jamais voulu le soumettre à sa volonté. L'idée même le débecte. S'il doit avoir Levi, il le veut au sommet de sa puissance, comme il le lui a déjà dit. L'autre partie de lui ne rêve que de lui céder, de saisir cette occasion de passer l'éponge sur leur première fois catastrophique.
Il lui saisit le menton avec délicatesse et lui incline le visage en arrière. Il dépose un baiser sur son front, entre ses sourcils, sur le bout de son nez, puis descend jusqu'à sa mâchoire. Il embrasse du bout des lèvres la cicatrice que Levi porte désormais sur le cou. Même s'il en crève d'envie, il a bien compris qu'il ne veut pas qu'on touche à ses lèvres. Il se doute que ça doit avoir pour le malfrat une portée symbolique qui lui échappe. Il le respecte. Il évite aussi les bleus qui marbrent sa peau. Ses lèvres les contournent pour ne pas en raviver la douleur.
Levi ferme les yeux, comme pour se concentrer sur le contact délicat des lèvres d'Erwin. N'y tenant plus, celui-ci le serre contre lui. Il le colle contre sa poitrine, inspire l'odeur de ses cheveux, ressent son corps qui palpite contre le sien. Les mains du malfrat se remettent en action et il défait la boucle de sa propre ceinture puis le bouton de son pantalon, laissant apparaître la ligne de poils noirs qui plonge depuis son nombril.
— Qu'est-ce que tu veux qu'on… ? murmure Erwin.
— Je veux que tu me suces. Comme l'autre fois, dans ton bureau.
Levi se mordille la lèvre à ce souvenir. Les baisers d'Erwin l'ont apaisé. Il lit encore un fond de défiance dans ses yeux, mais surtout du désir.
— Ok.
Cette fois, Erwin ne va pas se contenter du sol dur. Levi semble bien de cet avis, car il l'attrape par le devant de sa chemise et le tire sans sommation jusqu'à la chambre. Il se laisse tomber à plat dos sur le lit en entraînant Erwin dans sa chute. Ce dernier se retient avec les mains pour ne pas écraser Levi de son poids. Le malfrat attrape sa chemise et l'ouvre d'un mouvement sec en envoyant voler les boutons à travers la pièce. Erwin tourne la tête pour les suivre des yeux, mais Levi lui saisit le visage pour ramener son attention sur lui. Ses yeux brillent d'une flamme incandescente. Ses hanches se frottent contre les siennes, ses cuisses s'écartent pour laisser le capitaine s'installer entre. Il s'est rarement senti autant désiré.
Erwin veut caresser chaque endroit, embrasser chaque recoin de son corps. Les mains empressées de Levi les débarrassent tous les deux du reste de leurs vêtements. Erwin gémit quand leurs érections frottent l'une contre l'autre. Levi reste silencieux, encore une fois, mais il sent à la tension dans son corps et à sa respiration saccadée qu'il est au moins aussi excité que lui. Quand il glisse une main entre eux et commence à le caresser à un rythme soutenu, Erwin lui pose le bras sur le biceps pour l'arrêter et s'accorder un instant pour reprendre ses esprits.
— Si tu continues comme ça, je vais… Laisse-moi plutôt m'occuper de toi.
Levi obéit. Il laisse ses bras retomber sur le matelas et attend, les lèvres entrouvertes, le corps frémissant. Erwin sent une nouvelle vague d'excitation le submerger. Il écarte les cheveux de son front pour y déposer un long baiser. Puis sa bouche chemine de baiser en baiser jusqu'à sa gorge puis son torse où elle s'arrête sur l'un de ses tétons. Levi se cambre sous lui quand il le prend dans sa bouche et le mordille avec délicatesse. Erwin s'interrompt une seconde pour cracher dans sa main et la glisser jusqu'à l'entrejambe de Levi. Il se met à le caresser avec lenteur.
— Putain de merde… grogne l'homme en se cachant les yeux d'une main.
Erwin sourit contre son téton et reprend son chemin jusqu'à son nombril. Il plaque sa main libre contre son ventre pour l'empêcher de se cabrer contre lui. Levi tente d'imposer à la main autour de son sexe un rythme plus rapide, mais Erwin ne voit pas les choses de cette manière. Il ralentit la cadence.
— Erwin ! proteste Levi.
— Oui ?
— Espèce d'enfoir- ah !
Erwin enfouit son visage dans le creux de l'aine de Levi et dépose un long baiser dans les poils drus à la base de son sexe. Sa langue trace son chemin jusqu'au sommet et il le prend dans sa bouche. Tout le corps de Levi se tend. Erwin aurait voulu qu'il laisse échapper les gémissements coincés dans sa gorge, mais il n'est pas vraiment dans la meilleure position pour discourir à ce sujet. Il prend son temps pour l'explorer avec sa bouche. Il s'adapte à ses réactions, s'ajuste à ses soupirs, apprend de son plaisir. Il s'applique pour lui faire perdre tous ses moyens. Levi, haletant, échevelé, se redresse sur les coudes pour le regarder faire.
Ses doigts se mêlent aux cheveux d'Erwin pour l'accompagner dans ses mouvements. Sa respiration se fait de plus en plus saccadée, jusqu'à ce qu'il repousse Erwin d'un geste brutal.
— Attends ! Attends…
Levi ferme les yeux, le poignet en travers du visage. Erwin remonte jusqu'à son cou pour y enfouir ses lèvres.
— Ça va ? demande-t-il alors que l'homme reste immobile sous lui.
Il sait que son partenaire l'a interrompu pour s'empêcher de basculer trop vite dans l'orgasme. Mais il a maintenant sur le visage une expression étrange, presque douloureuse. Quand Levi ouvre les yeux, Erwin les trouve étonnement humides.
— Prends-moi, lui souffle Levi. J'ai envie de ta queue.
— Tu… tu es sûr que ça va ?
Pour toute réponse, Levi lui enserre la taille en crochetant ses chevilles dans son dos et se remet à onduler doucement contre lui.
— S'il te plaît… Prends-moi.
Erwin sait qu'il ne parviendra pas à lui refuser quoi que ce soit.
Levi ne desserre pas son étreinte quand Erwin tend le bras pour atteindre le flacon d'huile lubrifiante qu'il garde dans son tiroir de table de chevet. Levi suit chacun de ses gestes avec attention tandis qu'il s'en imprègne les doigts.
— Je peux ? demande Erwin.
Levi hoche la tête. Il grimace et se cambre quand les doigts d'Erwin pénètrent en lui, d'abord un seul puis un deuxième. Erwin le sent se crisper autour de lui, et en même temps Levi lui ordonne de continuer.
— Ok, c'est bon. Mets-la moi.
— Déjà ? Tu es sûr ?
— Erwin, tu m'emmerdes. Fais ce que je te dis.
Erwin déglutit et saisit à nouveau la bouteille d'huile. Il le pénètre lentement, petit à petit, mais Levi se colle contre ses hanches et le prend en lui d'un coup. Ils halètent tous les deux.
— Bouge, ordonne Levi.
Erwin veut y aller progressivement, mais même s'il est sous lui, c'est Levi qui mène la danse à rythme soutenu. Il encourage sans cesse Erwin à accélérer. Erwin a peur de lui faire mal, il sait que ses partenaires ont en général besoin d'un peu de temps pour s'adapter à lui. Mais Levi insiste.
— Plus fort. Baise-moi plus fort !
Il se cramponne à Erwin et cache son visage contre sa clavicule. Erwin change d'angle pour se donner plus de profondeur. Mais Levi en demande toujours plus. Plus fort, plus vite. Sa voix prend des accents désespérés. Il se presse contre la peau d'Erwin et bande les muscles de ses bras pour le maintenir contre lui malgré les soubresauts que lui imposent ses coups de hanche. Il encaisse le rythme frénétique de ses va-et-vient sans desserrer les lèvres. Il ne dit rien, n'émet aucun son.
Erwin commence à réaliser que quelque chose ne va pas. Levi est trop silencieux. Le doute lui fait perdre le rythme. Il se rend soudain compte que son épaule est humide.
— Levi ?
Levi répond par un petit bruit étranglé. Horrifié, Erwin réalise qu'il pleure. Il se retire précipitamment en lui arrachant un petit gémissement et l'oblige à se décoller de lui. Levi est en larmes. Erwin panique. Toute son excitation retombe d'un coup. Le corps de Levi est secoué de violents sanglots. Sa détresse est telle qu'il n'a même plus la force de résister quand Erwin s'assoit et le prend dans ses bras.
Levi cache à nouveau son visage dans le creux de son épaule. Erwin le tient contre lui et passe une couverture autour de ses épaules pour dissimuler sa nudité. Il lui caresse les cheveux pour l'apaiser.
— Tu t'es servi de moi pour te faire du mal ? murmure-t-il comme s'il n'en revenait pas lui-même.
Il connaît déjà la réponse. La nausée le prend à la gorge. Levi se met à pleurer de plus belle.
— Je suis dé… désolé… articule-t-il après plusieurs essais.
— Chhh…
Erwin enfouit son nez dans ses cheveux fins et dépose un baiser sur son crâne. Il sait qu'il a probablement une quantité non négligeable de morve sur l'épaule, mais il s'en fiche. Il veut juste que Levi se calme. Il le berce en douceur sans même s'en rendre compte. Il veut que Levi sache qu'il a le droit de chercher du réconfort, qu'il ne peut pas passer le restant de ses jours à chercher un moyen de se punir pour la mort de ses amis.
Il lui faut du temps pour s'apaiser. De longues minutes s'écoulent en silence, puis les hoquets de Levi s'amenuisent et ses larmes se tarissent. Il est tellement immobile dans les bras d'Erwin que ce dernier pense qu'il s'est endormi, drainé par sa peine.
Quand il bouge un peu pour trouver une position plus confortable, cependant, Levi s'agite à nouveau. Il relève la tête, les yeux rouges et bouffis, et constate avec dégoût le désordre qu'il a laissé sur son épaule. Avec une expression contrariée, il l'essuie précipitamment à l'aide de la couverture dans laquelle il est enveloppé.
Il s'extirpe de son étreinte et fait un pas hors du lit. Son visage a repris son masque habituel, comme s'il ne s'était rien passé. Ses jambes flageolent, il se rattrape de justesse à la main qu'Erwin lui tend pour lui éviter de tomber.
— Reste, Levi. Tu es épuisé. Tu… tu as mal. Reste ici pour la nuit.
— J'accepte ta putain de proposition, grogne le malfrat en tentant un second pas prudent. Je vais bosser pour toi. Mais là, tout de suite, je me tire.
— Je refuse que tu prennes une décision aussi importante dans un moment pareil, répond Erwin. Nous en reparlerons plus tard.
Levi lui lance un regard irrité, récupère son pantalon et clopine jusqu'à la salle de bain. Sa démarche fait grimacer Erwin. Il ressort quelques minutes plus tard, l'air beaucoup plus solide. Il s'arrête dans l'encadrement de la porte, ouvre la bouche pour dire quelque chose, puis se ravise et va récupérer le reste de ses vêtements dans le salon. Erwin entend la porte d'entrée claquer.
Il se laisse tomber à plat dos sur le lit dans un profond soupir et fixe le plafond. Levi n'est pas dur à lire, mais son impulsivité reste difficile à gérer pour Erwin. Le capitaine sait que sa vie tumultueuse l'a poussé à se construire de multiples mécanismes de défenses, et il sait que malgré sa relation tendue avec son père, lui-même a été plutôt chanceux de ce côté-là. Il ne sait pas quels traumatismes Levi a dû affronter par le passé. Il est un peu plus jeune que lui, mais il a sans doute traversé beaucoup plus d'épreuves. Il est plus dur que lui, plus solide. Plus résistant, par nécessité. L'homme le plus fort qu'il ait jamais rencontré, physiquement et mentalement.
Il aimerait pouvoir lui dire tout ça. Il aimerait qu'ils communiquent plus. Il ne s'attend pas à ce que Levi s'ouvre entièrement à lui, il ne sait pas si ce sera un jour possible. Mais il a besoin qu'ils éclaircissent ce qu'il se passe entre eux. Ça leur ferait du bien à tous les deux. Erwin ne peut pas faire porter à Levi la responsabilité de leur manque de communication. La diplomatie fait partie de son métier, il est d'habitude plutôt doué pour ça. C'est à lui de faire le premier pas, d'inviter Levi à s'ouvrir sans pour autant le brusquer. Lui qui se targue d'être un bon stratège et un fin politicien devrait y arriver. Mais le malfrat n'est pas comme les autres personnes à qui il a affaire. Il doit reconnaître avec frustration qu'il lui fait perdre tous ses moyens.
Il se met au lit. Le sommeil met des heures à venir. Il se retourne d'un côté et de l'autre sans réussir à faire taire le flot de ses pensées. Il tergiverse sans fin. Il ne sait pas si Levi va revenir. Plus il reste seul avec ses pensées, plus il imagine le pire.
Il vient à peine de sombrer que la porte de sa chambre s'ouvre et Levi entre à nouveau. Il fait volontairement du bruit en retirant ses vêtements pour annoncer sa présence et ne pas effrayer Erwin.
— Je peux ?
Erwin soulève la couverture pour qu'il se glisse dessous. Levi se blottit sans hésiter entre ses bras. Quand il pose le menton au sommet de son crâne, Erwin s'aperçoit qu'il sent la cendre.
— Ils ont tout brûlé, l'informe Levi d'une voix neutre.
Il parle comme s'il a dépassé le stade où il peut encore ressentir quelque chose. Sa voix est monocorde, aseptisée.
— J'ai plus d'appartement, plus rien.
Erwin se redresse dans le lit. Levi esquisse un mouvement pour le retenir contre lui, mais il n'est pas assez rapide.
— Est-ce que…
— Non.
— Mais…
— Y'a rien à faire ce soir.
Levi marque une pause puis ajoute dans un souffle, les yeux fermés :
— J'en peux plus.
Erwin se rallonge contre lui et dépose un long baiser dans ses cheveux. Il veut lui transmettre tout le réconfort qu'il peut, et il sait que Levi est beaucoup plus réceptif aux gestes qu'aux paroles.
— Je… j'ai besoin de… rester avec quelqu'un, ok ? Juste une fois, juste ce soir.
Le cœur du capitaine se serre douloureusement.
— Nous chercherons une solution dès demain. En attendant, tu peux rester ici.
Il le tient dans une étreinte solide jusqu'à ce qu'il s'endorme, épuisé par ses larmes, avant de s'abandonner à son tour au sommeil.
