Chapitre 17

Levi et Hange sont promus capitaines. La cérémonie est courte, solennelle. Il n'y a aucune forme de célébration. Personne n'a envie de célébrer.

Levi ne tire pas vraiment de fierté de son nouveau grade, même s'il lui permet de prendre officiellement la tête de l'escouade volante. Il n'aime pas cette position. Il ne veut pas être responsable de la vie des gamins. Les morts de Petra et Mike n'ont fait que lui rappeler à quel point ils sont tous vulnérables.

Le grade de capitaine est plus synonyme d'emmerdes que d'autre chose pour lui. En revanche, il est très fier pour Hange.

— Pourquoi tu penses que Mike n'a jamais pu me piffrer ? lui demande un jour Levi. Est-ce que c'est parce qu'il pensait que j'étais mauvais pour Erwin ?

Levi réfléchit beaucoup à Mike et à la relation qu'ils entretenaient, ces derniers temps. Surtout parce qu'il sent son absence planer autour d'Erwin. Et depuis que cette idée l'a effleuré, il a du mal à s'en débarrasser. Il a besoin d'avoir l'avis de son amie sur le sujet.

— Non, répond Hange avec une certitude qui le rassure aussitôt. Mets-toi à sa place. Il était le plus fort du Bataillon et la personne la plus proche d'Erwin. Jusqu'à ce que tu arrives.

— Oh.

Il n'avait pas vu les choses de cette manière. La peine que lui fait la réponse d'Hange met plusieurs semaines à se dissiper.

Comme il l'a anticipé, Erwin reprend son rôle de chef dès le lendemain de la mort de Mike et des autres. Une fois les enterrements passés, il lance une large campagne de recrutement. En comptant Eren, ils ont réussi à capturer trois Titans en tout. Le Bataillon d'Exploration obtient enfin des résultats concrets et suscite un véritable engouement au sein de la population. Levi voit d'un œil morose tous ces jeunes gens bien trop enthousiastes de s'engager pour cette cause si dangereuse. Est-ce qu'ils n'ont pas mieux à faire de leur vie ? Se trouver un travail ennuyant, fonder une famille et se faire baver dessus par leurs morveux ? Il ne comprend pas l'héroïsme.

Ce regain de popularité du Bataillon provoque le retour de personnes moins désirables, à commencer par Lord Reiss. Levi le croise un jour sur le pas de la porte du bureau d'Erwin et manque de lui faire avaler sa cravate quand il lui adresse un sourire lourd de sous-entendus.

Erwin ne lui a pas fait de cachotteries. Levi sait qu'il a finalement accepté de travailler avec Reiss.

— Qu'est-ce qu'il voulait ? demande-t-il avec mauvaise humeur en rejoignant Erwin.

— Il m'a demandé s'il pouvait voir les Titans, répond le commandant, un peu perplexe.

— Hein ? Il rêve.

— Je lui expliqué qu'en effet, ce n'était pas possible.

— Parce qu'on est pas dans un zoo ?

— J'ai plutôt mis en avant les questions de sécurité.

Levi hésite un instant, puis il lâche ce qu'il a sur le cœur.

— Il sait qu'on est ensemble. Il a dû nous voir, à la soirée.

Erwin s'interrompt dans ce qu'il est en train d'écrire et hausse les sourcils.

— C'est un problème ?

— C'est pas un problème que les gens sachent, réplique Levi. D'ailleurs, il y a des bruits qui commencent à courir dans le Bataillon. Ça me dérange que lui, il sache.

— Pourquoi ?

Erwin a l'air de prendre le sujet très au sérieux, au point que Levi est un peu déstabilisé. Il ne sait pas trop. Erwin doit être lassé de l'entendre répondre « une mauvaise intuition ».

— J'ai… j'ai l'impression qu'il pourrait l'utiliser contre nous.

— Tu le penses mal intentionné ?

— Tu plaisantes ? Les sales types comme lui ont toujours quelque chose derrière la tête.

Erwin prend le temps de réfléchir à la question.

— Pour le moment, il n'a rien fait qui puisse éveiller les suspicions.

— Par exemple, ça lui viendrait pas à l'esprit de demander à voir les Titans, rétorque Levi. Par simple curiosité.

Le commandant incline brièvement la tête pour signifier qu'il marque un point.

— Et par rapport au reste du Bataillon ? demande Levi d'un ton un peu plus calme. Est-ce que… ça pose un problème ?

— Quand je t'ai embrassé sur ce balcon, j'ai accepté que l'information se répande. Non, ça ne me pose pas de problème.

— Alors il n'y a plus d'histoire d'interdiction de baiser ses subordonnés ?

— Ça n'a jamais été une interdiction formelle, mais une précaution de ma part. Je crois qu'il est désormais clair aux yeux de tout le monde que tu mérites ta place parmi nous.

— T'avais peur qu'on t'accuse de m'avoir recruté pour mon cul ?

Erwin pousse un profond soupir.

— Peut-être qu'ils n'auraient pas eu tort. C'est vraiment un cul spectaculaire.

Levi se fend d'un rictus.

— Tant que se poser des questions ne distrait pas trop les autres, je n'ai plus rien à cacher, conclut le commandant en reprenant son stylo.

— Tu pourrais me rouler une pelle au prochain lever des couleurs pour lever toute ambiguïté.

— Aucun risque, puisque tu ne participes pas aux levers des couleurs, Levi. Mais puisque tu en parles, en tant que capitaine, il est de ton devoir de…

Levi se penche par dessus le bureau et le fait taire avec un baiser langoureux.

— Pas dans le bureau, rappelle Erwin, légèrement hors d'haleine.

Il ne recule cependant pas son buste, et leurs bouches restent si proches l'une de l'autre que Levi ne peut s'empêcher d'attraper délicatement sa lèvre inférieure entre ses dents. Erwin pousse un soupir et lui rend son baiser pour qu'il le lâche.

— Personne ne nous entendra, murmure Levi. Je sais que tu en as envie aussi.

— Non.

— Non ? T'en as pas envie ? T'es sûr de ça ? T'as jamais eu envie de virer tous ces rapports à la con et de m'écarter les cuisses à la place ? T'as jamais eu envie de me sauter en uniforme ? T'as jamais eu envie de me voir jouir en t'appelant « commandant » ?

Erwin se mordille la lèvre. Il remet de l'ordre dans ses papiers déjà impeccablement classés.

— Ce n'est pas une question d'envie, c'est une question de principes et de professionnalisme.

— Tu ne m'as jamais pris sur le bureau depuis ta promotion ! déplore Levi.

— Peut-être qu'il vaut mieux laisser ça dans la catégorie des fantasmes, répond Erwin.

Il essaye de garder une attitude impassible, mais Levi le voit croiser discrètement les jambes sous son bureau. Très bien. Il n'insiste pas plus.

Il ne réitère pas sa demande. En revanche, quand ils se retrouvent seuls tous les deux dans le bureau d'Erwin, il adopte avec nonchalance des postures suggestives. Erwin ne met pas longtemps à comprendre son manège et s'en amuse, mais ne cède pas. Levi ne perd pas espoir.

En dehors des moyens qu'ils trouvent pour agrémenter leur quotidien, la vie au sein du Bataillon d'Exploration est loin d'être tranquille.

Parce que Reiner Braun ne trouve rien de mieux à faire que de lui cracher des menaces au visage, Eren – et par la même occasion, Mikasa – comprend qu'il n'a plus d'avenir dans le Gang des Titans et accepte enfin de rejoindre officiellement leurs rangs. Une fois qu'on leur a remis un uniforme, ils se joignent à l'entraînement où Eren ne perd pas une seconde pour se disputer avec Jean. Levi doit régler le problème en distribuant des coups de pied des deux côtés. Il menace de transférer Eren dans une autre escouade que la sienne, d'autant plus qu'il est particulièrement médiocre avec l'équipement de manœuvre tridimensionnelle. Il sait cependant qu'il ne mettra jamais ses menaces à exécutions, car il doit le garder à l'œil, et il a besoin de Mikasa.

La jeune femme est spectaculaire avec l'équipement d'Hange. Non seulement elle l'apprivoise en un temps record, mais elle réalise avec des prouesses qui font pâlir de jalousie la triplette infernale. Depuis la mort de Mike, Levi n'avait plus d'adversaire à sa taille lors des entraînements. Non seulement il a maintenant la seule qui puisse espérer un jour le vaincre, mais qui rivalise avec lui à la fois sur terre et dans les airs.

Fort de la capture du Cuirassé et du Féminin, de la mort du Colossal, ainsi que de l'augmentation de leurs effectifs, Erwin décide d'adopter une stratégie beaucoup plus offensive à l'encontre des Titans. En frappant le plus tôt possible après leur dernière mission, il compte les empêcher de se réorganiser. Ils ne savent pas combien de Titans il reste à Trost. Erwin et Hange ont toujours supposé qu'ils n'étaient pas tous sur place. Ils ne savent pas non plus si l'Originel se trouve ici. De ce fait, ils ne savent pas combien de Titans il leur reste à mettre hors d'état de nuire. Tous leurs efforts se concentrent en revanche sur le Bestial, qu'ils ont identifié comme le plus dangereux du fait de son intelligence – ce dont ils étaient bien loin de se douter d'après son nom.

Dans les mois qui suivent la mission qui a coûté la vie à Mike, Levi participe à cinq expéditions. À chaque fois, ils infligent des pertes respectables parmi les sbires des Titans. Ils perdent des agents, eux aussi. Beaucoup. Assez pour faire diminuer l'engouement pour le Bataillon. D'autant qu'à aucun moment ils n'arrivent à se montrer réellement menaçants pour le Bestial. À force de la voir à ses côtés, toujours avec la même passivité déconcertante, Erwin et Hange déduisent que la femme brune aux paupières tombantes est également l'une des Titans. De vives discussions s'ensuivent pour savoir duquel il s'agit, car elle ne leur a pour l'instant montré aucune aptitude particulière. Hange pense qu'il s'agit du Mâchoire. Erwin du Charrette. Rien ne leur laisse pour le moment penser que l'un ou l'autre à raison.

Levi et son escouade, parce qu'ils sont indubitablement les plus habiles, sont toujours envoyés en première ligne. Lors des premières missions, Eren et Mikasa restent à l'hôtel de police. Erwin ne veut pas les confronter à leurs anciens alliés avant de s'assurer que les liens qu'ils ont formé avec le Bataillon sont suffisamment solides pour les faire résister à la tentation de retourner dans l'autre camp. D'autant qu'Eren n'a toujours pas précisé quel lien du sang l'unissait à Zeke Jaeger.

Levi rentre de chaque expédition harassé, drainé, vidé. Même s'il ne le montre pas, la perte de ses agents lui donne à chaque fois un coup dont il met plusieurs jours à se remettre, d'autant qu'il est maintenant responsable d'eux. Parfois, il aimerait faire preuve de la même distance qu'Erwin. Il envie sa capacité à se détacher et à voir les choses sous l'angle de la logique. Des chiffres. De la stratégie. Pourtant, s'il n'est pas en première ligne, Erwin prend aussi de plein fouet les conséquences de leurs pertes. C'est lui qui rencontre les familles des défunts. C'est lui qui encaisse leurs larmes, qui trouve les mots pour atténuer leur douleur, alors que Levi ne parvient pas à réagir autrement qu'en s'enfermant dans un silence amer.

Si Levi est son bras armé, Erwin est le pilier central du Bataillon d'Exploration. Celui sans qui tout s'écroulerait. Et Levi, plus que tous les autres, a besoin d'Erwin.

Il a besoin d'Erwin quand il rentre de la bataille. À mesure des expéditions, ils s'installent dans un rituel de retour de mission. Une fois les rapports ébauchés et la revue des effectifs terminée, ils s'enferment dans le bureau d'Erwin pour une réunion plus informelle en petit comité avec les autres chefs d'escouade. Puis Levi rentre le premier à l'appartement. Il se lave, nettoie son uniforme jusqu'à en retirer la dernière goutte de sang et attend Erwin. Il ne mange pas, il est incapable d'avaler quoi que ce soit. Il ne s'endort jamais en l'attendant. C'est impossible. Il reste allongé sur le dos en travers de leur lit, les yeux grands ouverts malgré la fatigue et la lassitude.

Quand Erwin rentre à son tour de l'hôtel de police, ils n'ont pas grand chose à se dire. Il le rejoint dans la chambre et ils font l'amour. Même s'ils sont épuisés, ils ont besoin de cette intimité. Levi a besoin du corps d'Erwin. Il veut sentir le commandant sur lui, en lui. Sentir ses muscles se contracter, son souffle s'accélérer, son cœur s'emballer. Sentir la sueur glisser sur sa peau. Il a besoin de le sentir vivant, de se sentir vivant entre ses bras. Il en a besoin pour enfin trouver le repos. Ils s'endorment enlacés et Levi ne se réveille que bien après les premières lueurs de l'aube qui débutent d'habitude ses journées. Souvent, ces matins-là, Erwin se réveille avant lui et profite qu'il soit encore dans le lit pour se pelotonner contre sa poitrine.

Levi lui dit enfin qu'il l'aime. Il n'y pas d'occasion particulière. Ils viennent de se réveiller au lendemain de la troisième expédition, et ils profitent de leurs derniers moments de tranquillité avant de retourner à l'hôtel de police. Levi est adossé contre les oreillers et Erwin est allongé entre ses jambes, la tête sur son ventre, les bras autour de sa taille. Levi joue avec ses cheveux ébouriffés par le sommeil. Erwin semble avoir trouvé une position trop confortable pour se résoudre à se lever.

C'est le décalage entre l'homme lové contre lui et le commandant du Bataillon d'Exploration qui, la veille à la même heure, leur livrait un grand discours sur le courage, qui fait basculer Levi. Il les aime tous les deux, à en crever. Les mots sortent tout seuls de sa bouche, et quand il les prononce, Erwin pousse un profond soupir d'aise avant de répondre dans un murmure :

— Moi aussi je t'aime, Levi.

~oOo~

Erwin ne met pas Levi – ni Hange, d'ailleurs – au courant de toutes les manœuvres politiques qui se trament dans son bureau. Il en garde beaucoup pour lui. Levi a déjà la responsabilité d'entraîner et de maintenir en vie son escouade, et Hange doit assurer la maintenance d'un groupe entier d'agents équipés pour la manœuvre tridimensionnelle, sans compter la recherche constante d'armes plus efficaces. Maintenant qu'ils ont le Cuirassé, elle peut enfin étudier de près son armure et travailler sur des armes plus performantes, même si leur prochaine cible, le Bestial, ne semble pas en être recouvert.

L'homme obsède Erwin. Eren consent enfin à lui avouer qu'il s'agit de son demi-frère par son père, mais il ne le connaît que très peu et n'a pas beaucoup d'informations à leur fournir sur lui.

Si jusqu'à présent les Titans démontraient surtout une force à laquelle seul Levi pouvait se confronter, Erwin a l'impression d'avoir enfin trouvé un adversaire dont la ruse et l'intellect rivalisent avec les siens. Il a l'impression que le Bestial l'a également identifié comme le seul capable de se mesurer à lui. Lors des missions, contrairement aux autres, ce n'est pas Levi qu'il cible. Le capitaine est une nuisance à prendre en compte, bien sûr, mais le Bestial ne semble pas s'être donné comme impératif de le mettre hors d'état de nuire. Il s'intéresse beaucoup plus à Hange, facilement repérable au cœur de la Bataille alors qu'elle essaye de rafistoler les équipements cassés. Et à lui. Erwin s'est un temps demandé si une rencontre serait possible. S'il pourrait négocier avec lui. Mais il sait que Levi ne le laissera jamais faire une chose pareille.

Lord Reiss est de plus en plus présent dans le quotidien d'Erwin. Il passe souvent par son bureau, si souvent qu'il finit par repérer les horaires auxquels il est certain de ne pas croiser Levi. L'aristocrate ne fait aucune allusion à son capitaine devant Erwin. C'est un homme poli, qui semble partager leur obsession pour les Titans.

Poussé en partie par l'intuition de Levi, Erwin décide quand même de faire des recherches plus approfondies sur lui. Reiss vient d'une vieille famille de la noblesse qui a réussi à négocier un tournant habile en se reconvertissant dans le commerce après l'abolition des privilèges. Il trouve plusieurs articles de presse où l'homme est accusé d'avoir trempé dans des affaires d'extorsion et de blanchiment d'argent, sans que rien n'ait pu être prouvé.

À mesure qu'il rentre dans le détail des affaires, il doit bien reconnaître que les faits troublants s'amoncellent. Il y passe ses journées et ses nuits, suspendant même pour une durée indéterminée la prochaine expédition. Bien entendu, Levi et Hange veulent savoir ce qu'il mijote. Il ne veut rien leur dire tant qu'il n'a pas trouvé de preuve concrète.

Afin de lui tirer des informations, il se montre beaucoup plus enclin à recevoir Lord Reiss et se met même à lui envoyer des invitations. Sonder l'homme n'est pas une tâche facile. Il est méfiant, habitué aux manigances et peu sensible au charme d'Erwin. Or, s'il commence à se méfier, non seulement Erwin perdra toutes ses chances d'en savoir plus, mais le Bataillon devra se passer d'une part considérable de ses financements.

Un soir, il tombe enfin sur l'information qui le fait basculer du doute vers la certitude.

Il fait venir ses deux capitaines dans son bureau.

— Je pense que Reiss travaille avec les Titans, annonce-t-il.

Inutile de tourner autour du pot, il préfère être direct avec eux. Hange pousse une exclamation outrée, Levi se fend d'une grimace écœurée.

Il leur présente les preuves qu'il a accumulées. Hange parcourt toutes les pages avec de grands yeux écarquillés. Levi reste assis sur sa chaise, les jambes croisées, et se contente d'écouter les commentaires d'Erwin.

— Nous allons devoir mettre fin à notre partenariat avec lui, conclut Erwin. Je suis désolé, Hange. Je vais m'atteler à la recherche de nouveaux financements.

— On n'a pas le choix, répond Hange avec philosophie, même si elle a du mal à cacher sa déception. Il représente plus une menace qu'autre chose tant que nous dépendrons de lui.

— Je pense que son projet est en effet de nous mettre à sa merci, surtout qu'il nous a accompagnés dans l'expansion de la brigade et que nous avons graduellement augmenté notre dépendance. Et ensuite ? Je ne sais pas trop quel est son but final. En tout cas, il a déjà travaillé avec les Titans et pourrait le refaire sans vergogne.

Il réunit tous les documents en une pile nette et se rassoit. Il reste un moment silencieux, puis Levi se racle bruyamment la gorge en désignant la porte du bureau. Hange comprend le message.

Une fois qu'ils sont seuls, Levi s'autorise un petit sourire moqueur.

— Je…

— Tu me l'avais dit, le devance Erwin sans pour autant montrer le moindre signe d'agacement. Merci, Levi.

— Le vieil aristo puait la merde à dix bornes depuis la seconde où il s'est planté devant moi.

— Effectivement, il y avait de quoi.

— Je crois que je mérite une récompense…

Il décroise les jambes.

— …pour un tel acte de loyauté envers le Bataillon.

Erwin pince les lèvres. Ce n'est pas vraiment une question de loyauté, même si celle de Levi est indiscutable. Mais il voit très bien où il veut en venir.

— À circonstance exceptionnelle, récompense exceptionnelle, poursuit Levi.

Erwin lève les yeux vers lui. Son regard brille déjà d'une lueur espiègle qui répand une chaleur familière dans son ventre.

— Viens-là, lui dit-il d'une voix neutre.

— C'est vrai ? sursaute Levi.

— Je vais te montrer quelque chose.

— Oh, répond le capitaine, déçu.

Il s'avance vers Erwin. Celui-ci se lève de son fauteuil et fait signe à Levi de se placer devant lui. Ses fesses touchent le bureau. D'une main ferme, Erwin lui fait faire un demi-tour sur lui-même le plie en avant sur le bureau. Levi laisse échapper un petit hoquet de surprise.

— Tu vois le problème ? demande Erwin en se collant contre ses fesses.

Levi est trop petit pour cette position. Ses fesses n'atteignent pas le bassin d'Erwin.

— Tu plaisantes, j'espère, grogne Levi. Comme si c'était la première fois que tu me prenais par derrière.

— Pas sur un plan dur aussi haut. On a déjà essayé cette position sur la table du salon, ça ne fonctionne pas.

— Alors, soit on utilise des livres pour me surélever, même si c'est particulièrement humiliant, soit...

— Non Levi, grogne à son tour Erwin. Pas les livres.

Cette conversation et le corps de Levi contre lui commencent sérieusement à l'exciter, ce qu'il ne va pas pouvoir dissimuler très longtemps à son capitaine.

— … soit tu me prends comme ça.

D'un saut leste, il s'agenouille sur le bureau, les jambes écartées et le dos cambré. Le cœur d'Erwin s'emballe soudain.

— Si vraiment tu penses que ça ne va pas le faire, tu peux me prendre de face…

Il fait mine de se retourner mais Erwin l'en empêche en le saisissant par la nuque et en enfouissant son visage dans le creux de son cou. Les poumons de Levi se vident d'un coup.

— Je… je crois qu'on a dé… déjà montré qu'on a de la re… ressource. Ah ! halète Levi.

Erwin lui incline le visage pour l'embrasser par derrière. Tant pis pour ses principes, il a trop envie de lui. Il tire sa chemise de son pantalon et glisse ses mains dessous, contre son ventre musclé. Levi se plaque en arrière contre lui.

— La porte n'est pas fermée à clé, murmure Levi contre ses lèvres.

Erwin grogne.

— Ça ne me dérange pas, ajoute Levi d'un ton mutin qui envoie des frissons directement dans son entrejambe.

Il se cambre pour se coller contre le commandant et ondule les hanches langoureusement.

— Va verrouiller la porte, ordonne Erwin.

Levi est un peu surpris par son ton autoritaire. Il cesse de bouger et se tourne vers lui. Erwin soutient son regard. Ils sont dans son bureau, le centre névralgique du Bataillon, l'endroit d'où partent toutes les décisions. Ici, il règne en maître. Ici, Levi est son subordonné et il doit lui obéir.

— C'est un ordre.

Un peu impressionné, Levi obtempère.

— Dans ce bureau, je suis ton commandant, et tu es mon capitaine, lui dit Erwin. C'est compris ?

— Ou… oui.

— Oui qui ?

— Oui, commandant.

Erwin donne un petit coup du plat de la main sur le bureau pour lui faire reprendre sa position. Levi s'exécute, les lèvres entrouvertes. Erwin enroule aussitôt ses bras possessifs autour de son torse.

Levi tourne le buste pour quémander un nouveau baiser. Erwin le lui refuse. Levi gronde de frustration. Erwin tient bon. S'il se sent excité par leur petit jeu, c'est un doux euphémisme de dire qu'il en est de même pour Levi. Il gémit presque d'inconfort dans son pantalon trop serré. Erwin lui plaque la main sur la bouche et enfonce ses doigts dans ses joues.

— Pour une fois, je veux que tu restes silencieux. Si j'entends un seul son sortir de ta bouche, j'arrête de te baiser et tu te finis tout seul dans le couloir, c'est compris ?

Levi hoche la tête pour signifier qu'il a compris. Erwin teste sa résistance en glissant la main sur son entrejambe et en le caressant distraitement. Son capitaine se mord la lèvre mais réussit à ne lâcher aucun son.

— Déshabille-toi, lui ordonne Erwin dans un murmure.

Levi retire sa veste et son pantalon.

— Complètement, précise Erwin.

Levi enlève le reste, tremblant d'excitation.

— Tu vas me sucer. Je ne veux pas t'entendre parler, c'est compris ? Je ne veux entendre que le bruit humide de ta bouche autour de ma queue.

Erwin est vaguement scandalisé par ses propres paroles, mais il continue.

— Je ne veux pas que tu prononces un son avant que je ne t'en donne explicitement l'autorisation.

Levi hoche à nouveau la tête, docile. Erwin se force à garder une attitude composée, mais il brûle de désir.

Levi glisse du bureau et s'agenouille devant lui. Erwin ne va pas pouvoir rester là, debout, à se faire sucer, si Levi le regarde de cette manière. Ses jambes cèdent et il se laisse tomber dans son fauteuil. Levi ne le quitte pas des yeux, comme s'il lui demandait en permanence si ce qu'il fait lui convient.

Il s'approche entre ses jambes et enfouit son visage contre son érection. Le tissu du pantalon d'Erwin le torture, mais Levi remédie au problème. Il libère le sexe d'Erwin et le prend aussitôt dans sa bouche.

En dépit de ce qu'il vient de dire à Levi, c'est Erwin qui se retrouve à lutter pour ne pas faire de bruit. Levi le suce consciencieusement. Erwin sent ses lèvres se serrer autour de lui, il sent sa langue explorer sa peau sensible. Tout l'excite. Les mouvements réguliers de la tête de Levi, voir sa queue disparaître dans sa bouche, le sentir s'appliquer autant pour lui faire plaisir. Levi est tellement concentré qu'il en oublie de regarder Erwin dans les yeux. Le commandant lui pose un doigt sous le menton. Levi lève le regard, bat lentement des cils, et Erwin entre en ébullition. La pièce est silencieuse en dehors de sa respiration bruyante et des bruits de succion de Levi.

Sans ralentir la fréquence, Levi saisit sa main droite d'Erwin et la pose derrière son crâne. Erwin comprend le message. Il impose son propre rythme à Levi, enfonce sa queue plus profondément dans sa bouche, commence de petits va-et-vient avec ses hanches pour accompagner ses mouvements de tête.

Il a chaud. Levi goûte le début de son orgasme et s'enhardit. Erwin lâche un grognement sonore et plaque l'autre main contre les lèvres, horrifié du son qui vient de s'échapper de sa bouche. Levi répond par un petit son étranglé. Erwin l'entend à peine. Il est en train de perdre pied.

Erwin va… Il va…

Il jouit. C'est brutal, puissant. Il a l'impression que son orgasme le heurte en pleine poitrine. Par réflexe, il plaque le visage de Levi contre son bas-ventre et le maintient autour de sa queue, le nez enfoui contre les poils de son bas-ventre. Il se libère dans sa gorge. Les yeux de son capitaine s'embuent. Il tousse à deux reprises, et Erwin le lâche pour qu'il puisse retirer sa bouche. Des gouttes de sperme lui coulent sur le menton.

Erwin s'affaisse dans son fauteuil, sourd, aveugle, perdu dans une autre réalité. Levi tombe en arrière sur le tapis et s'essuie les lèvres du revers de la main.

Erwin s'égare pendant plusieurs minutes. Son esprit dérive. Il oublie complètement qu'ils se trouvent dans son bureau. Quand il revient à lui, Levi est toujours assis sur le tapis et se caresse frénétiquement. Erwin grogne. C'est à lui de s'occuper de ça.

— Sur le bureau, ordonne-t-il à voix basse. De dos, comme tout à l'heure.

Levi s'agenouille à nouveau entre ses rapports et ses stylos. Bon sang, ils vont en foutre partout. Littéralement.

Erwin le plaque contre lui. Sa queue est en train de ramollir, encore sensible entre ses cuisses. Mais il sait que s'il s'accorde un peu de temps, le corps de Levi est capable de lui inspirer de quoi recommencer. En attendant, il va s'occuper de lui.

Il balade ses mains sur son torse. Sur ses pectoraux, d'abord, puis ses abdominaux. Le corps de Levi est brûlant. Ferme. Rassurant. Il frôle son épaule du bout des lèvres. Il sent bon, le savon et le désir. Les poils de Levi se hérissent au passage de sa bouche. Le capitaine se presse encore contre lui, avide de contact. Erwin sent combien il est excité. Ses mains descendent jusqu'à l'intérieur de ses cuisses sans jamais toucher son sexe. Levi se crispe, à bout de souffle. Une goutte de sueur coule le long de sa tempe jusque que dans son cou. Erwin la lèche du bout de la langue. Il jette un coup d'œil à l'érection douloureuse de Levi.

— Peut-être que je pourrais te la sucer pour te soulager…

Levi prend une inspiration saccadée.

— Parle.

— Oui !

— Qu'est-ce que tu viens de dire ?

— Oui, suce-moi, Erwin.

Erwin retire ses mains du corps de Levi. Celui-ci laisse échapper un petit glapissement.

— Tu viens de me donner un ordre ? demande Erwin d'une voix glaciale.

— Non ! répond précipitamment Levi. C'était pas un ordre !

Erwin s'amuse beaucoup. Il sent son excitation tendre à nouveau son corps tandis qu'il joue avec celui de Levi. La manière dont répond son capitaine l'encourage à continuer. Il l'enlace à nouveau. Levi se presse en arrière contre lui avec un soupir de soulagement.

— Est-ce que tu te souviens de la première fois où je t'ai sucé ? Dans mon ancien bureau ?

— Oui... halète Levi.

— Je me rappelle encore du goût que tu avais… et quand je t'ai fait jouir, tu as prononcé un autre nom que le mien. Tu as osé prononcer un autre nom.

Il saisit sa mâchoire d'une main ferme et lui incline la tête en arrière.

— Je suis désolé…

— Ça ne se reproduira plus, Levi, c'est compris ? Quel nom tu vas prononcer, désormais ?

— Le… Le vôtre, commandant.

— J'espère bien. Mais ce ne sera pas aujourd'hui.

Il le lâche à nouveau. Levi a l'air sur le point de gémir de frustration. Il frissonne, privé du contact de la peau d'Erwin. Erwin sourit de voir le soldat le plus puissant du Bataillon aussi désespéré de son toucher.

— S'il vous plaît…

Ce vouvoiement envoie un frisson d'excitation parcourir son corps. Ça y est, il bande à nouveau. Levi s'en rend compte et se met aussitôt à se frotter contre lui. Il ne sait pas quoi faire de ses mains, n'ose pas se caresser, n'ose pas non plus saisir Erwin.

— Touche-moi…

— Pardon ?

— Touchez-moi, commandant… implore Levi.

— Hmm, Levi...

— Est-ce que je peux me toucher, alors ? demande-t-il d'une voix timide.

Erwin le fait attendre sa réponse pendant quelques secondes.

— Montre-moi ta main.

Levi lui présente sa paume par-dessus son épaule et Erwin crache dedans.

— Maintenant tu peux te caresser.

La main tremblante de Levi se serre autour de son sexe, et il se masturbe lentement en étalant la salive d'Erwin sur toute la longueur. Erwin le surveille par dessus son épaule.

— Doucement… lui murmure-t-il. Ne te précipite pas… doucement… là. C'est bien, Levi. C'est très bien.

Levi pince les lèvres de toutes ses forces pour ne pas gémir. Erwin le guide en murmurant ses instructions dans son oreille. Il sent Levi se tortiller de frustration contre lui. Ah, s'ils pouvaient le voir à cet instant, l'agent le plus fort du Bataillon d'Exploration, le puissant capitaine de l'escouade volante. Il passe jalousement un bras autour de ses clavicules.

— Tss, Levi, doucement.

Il lui saisit le poignet pour faire ralentir sa main. Levi lâche un petit son étranglé. Erwin suçote la peau de son cou. Levi est entièrement protégé par ses bras, pressé contre lui. Il est tout à lui.

— Tu veux que je prenne le relais ?

— Oui ! s'écrie Levi.

Erwin ne bouge pas.

— S'il te plaît ! S'il vous plaît, commandant !

— Chh...

Erwin pousse un soupir de contentement. Levi remue entre ses bras pour rechercher un peu de friction. Erwin se crache dans la main, écarte celle de Levi d'une petite tape et le prend dans son poing. Du bout du pouce, il joue avec l'extrémité de sa queue. Levi tremble contre lui.

Erwin glisse un doigt dans sa bouche. Docile, Levi se met aussitôt à le sucer. Le doigt d'Erwin fait un petit va-et-vient entre ses lèvres. Ce geste l'excite sans doute encore plus qu'il n'excite son capitaine, mais il s'oblige à garder une attitude composée.

— Je vais te caresser, murmure-t-il. Si tu me mords, j'arrête tout.

Levi se crispe d'anticipation, mais continue à sucer le doigt d'Erwin, docile et consciencieux.

Le commandant pompe lentement Levi. Il n'aime pas vraiment étaler son autorité dans l'exercice de ses fonctions, parce qu'il préfère quand elle s'exprime naturellement, mais il accepte de le faire en privé quand il voit à quel point il excite Levi. Son capitaine a du mal à céder le contrôle spontanément, il préfère qu'Erwin s'en empare. Et son bureau est parfait pour se mettre en condition.

Erwin adore quand Levi remet entièrement son plaisir entre ses mains.

Il le masturbe avec un rythme tranquille et accélère peu à peu. Les dents de Levi lui mordillent le doigt mais se ressaisissent avant d'exercer une pression trop forte. L'érection d'Erwin appuie contre ses fesses.

— Est-ce que je te fais du bien ?

— Oui…

— Si tu refuses de t'adresser à moi correctement, je vais devoir te lâcher.

— Non ! Commandant ! Vous me faites du bien, Commandant. Beaucoup… de… bien…

— Alors je continue ?

— Oui… Par pitié…

— Tu vas jouir sur mon bureau, Levi ? Sur mes rapports ?

Levi préfère gémir plutôt que de prendre le risque de donner une mauvaise réponse.

Toute l'attention d'Erwin est focalisée sur l'homme qui se pâme entre ses bras. Il veut récompenser la confiance qu'il lui accorde en le faisant jouir. Fort.

Il le sent proche. Il le lâche.

Levi pousse un grognement guttural et colle ses fesses contre son érection. Il pose la tête en arrière sur l'épaule d'Erwin, à bout de nerfs. Celui-ci laisse ses doigts tomber de sa bouche et exige un baiser sur ses phalanges. L'espace d'un instant, le commandant se laisse subjuguer par la beauté de ses yeux gris et par la confiance qu'il y lit. Il l'embrasse. Un baiser vorace, qui contraste avec la manière presque timide dont Levi lui tend ses lèvres.

Erwin sort une bouteille de lubrifiant de son tiroir. Les pupilles de Levi se dilatent quand il comprend qu'il l'a dissimulé pendant tout ce temps.

— Baise-toi sur mes doigts, murmure Erwin.

Levi obéit. Il se retourne et s'allonge sur le dos, puis il écarte les jambes et saisit la main d'Erwin pour guider ses doigts. Il se retient de gémir, mais sa respiration se coupe chaque fois que les doigts du commandant s'enfoncent en lui. Ses hanches se balancent en rythme. Erwin recourbe les doigts à l'intérieur de Levi. Le corps de ce dernier est secoué d'un spasme. Il prend une inspiration saccadée qui trahit son effort silencieux.

Erwin n'en peut plus d'attendre. Il lui attrape les cuisses pour le ramener d'un coup au bord du bureau. Levi sait exactement ce qui l'attend. Il se laisse tomber en arrière et se cache les yeux d'anticipation.

Erwin le veut. Tout son corps brûle de s'emparer de celui de Levi. Il s'enfonce en lui d'une traite. Cette fois, Levi laisse échapper un hoquet bruyant.

— Trop vite ? halète Erwin.

— Laisse-moi une seconde…

— Dis-moi ce que tu ressens.

Levi se contracte autour de lui.

— Ce que je ressens ? Ta queue, Erwin. Chaque putain de centimètre de ta queue énorme dans mon cul.

Erwin fait mine de se retirer. Levi se redresse d'un coup pour le rattraper par la chemise.

— Je ne tolérerais pas l'impertinence, siffle Erwin en enroulant une main autour de sa gorge.

L'ombre d'un doute effleure le visage de Levi. Erwin soutient son regard, impassible.

— C'est ma queue qui est énorme, ou si c'est ton cul qui est étroit ?

— C'est mon cul. C'est mon cul qui est étroit.

— Rallonge-toi.

Erwin lui lâche le cou et Levi obéit.

— Dis-moi ce que tu ressens, répète-t-il sur le même ton, comme si la première tentative était déjà effacée.

— Toute votre puissance, commandant. Vo… votre autorité.

— Et ?

— Et je… j'ai l'impression de vous appartenir.

— Est-ce que tu m'appartiens ?

— Oui, commandant. Je suis à vous.

— C'est bien, Levi…

— Vous allez me baiser ?

Sa voix est presque hésitante, comme s'il avait peur qu'il ne change d'avis, alors même qu'il est si profondément enfoncé en lui que son bassin se presse contre l'arrière de ses cuisses. Erwin a de plus en plus de mal à garder une attitude stoïque.

— Oui, Levi.

— Baisez-moi fort, commandant. Utilisez-moi. Je suis à vous. Rien qu'à vous. Rien que… ah !

Erwin se retire presque entièrement avant de repartir en avant. Levi lui appartient. Il veut le posséder. Cet homme magnifique, incroyable, il l'a choisi lui, et c'est son rôle d'honorer son choix.

Il le baise. Tout le corps de Levi sursaute sous la puissance de ses coups de rein. Des deux mains, Erwin lui retient fermement les cuisses pour qu'il ne parte pas en arrière chaque fois qu'il s'enfonce en lui. Il y va avec des mouvements francs, à un rythme soutenu. Il sait que c'est comme ça que Levi préfère qu'il le baise. Puissant et franc. Erwin sait exactement comment le faire jouir.

— Tu aimes ça ?

— Ou... oui, oui ! Con... continue !

— Chh, doucement, Levi.

À cet instant, Erwin se sent le maître du monde. Il a tout. Un poste prestigieux à la tête d'une brigade d'élite, le succès dans ses expéditions, une vie confortable et un compagnon sublime qu'il est à deux doigts de faire crier de plaisir.

— Plus fort, murmure Levi en essuyant la sueur qui perle sur son front. Baise-moi plus fort.

Il s'agrippe au bord du bureau pour exercer une résistance aux coups de rein d'Erwin.

Erwin lui fléchit les cuisses de manière à ce que les genoux de son capitaine s'écartent de chaque côté de son buste. Levi est souple. Erwin utilise sa souplesse pour se donner un meilleur angle.

Levi pousse un long gémissement étouffé. Erwin sait qu'il ne va pas tenir longtemps. L'image qu'ils donnent, avec Levi là, les cuisses écartées, exposé sans pudeur sur son bureau, l'excite plus que tout. Il accélère. Levi pousse un faible grognement à chaque fois qu'Erwin disparaît en lui, mais ce dernier n'a plus assez de souffle pour lui rappeler d'être discret. Il décide de changer de tactique. S'il le fait durer, Levi va finir par les trahir. Il va le faire jouir avant que les autres n'aient l'occasion de les entendre.

— Attrape tes jambes et tiens-les écartées, lui ordonne-t-il.

De cette manière, il se libère les mains pour pouvoir le masturber énergiquement. La tête de Levi bascule en arrière.

— Putain… encore. Encore ! couine Levi. Fais-moi jouir, bordel !

Erwin n'a pas le temps de le punir pour cette impertinence. Levi bascule dans l'orgasme. Tout son corps se cambre dans un spasme, puis il retombe sur le bureau, sonné. Erwin accélère encore, fait trembler son bureau, jusqu'à sentir le plaisir exploser en lui à son tour. Il se retire et vient dans son poing. Il titube en arrière.

Épuisé, essoufflé, Levi se laisse glisser du bureau et s'affaisse sur le sol. Erwin s'essuie les mains et l'aide à se relever. Il se rassied dans son fauteuil et le prend, encore tremblant, sur ses genoux. Il l'embrasse langoureusement. Puis Levi se blottit contre lui, le visage dans le creux de son épaule, ses bras autour de son cou. Erwin le berce doucement.

— Je t'avais dit que ça valait le coup, de baiser sur ce bureau, grogne Levi contre sa peau.

Erwin rit et Levi dépose un baiser contre la peau de son cou. Il a l'air proche de s'endormir, sur ses genoux, dans son bureau. Il sent bon. Il sent les effluves de son savon libérées par l'effort, il sent la sueur, il sent le sexe. Un profond sentiment protecteur s'empare d'Erwin. Il resserre son étreinte autour de lui.

— Tu devrais rentrer, lui dit-il en déposant un petit baiser dans ses cheveux.

— Et toi ?

— J'ai des choses à finir. Je te rejoindrai plus tard.

— Erwin…

— Je vais faire vite.

Au prix d'un effort surhumain, Levi s'arrache à lui et se rhabille. Erwin s'applique à ignorer le fait qu'il boite un peu. Avant de quitter le bureau, Levi se penche vers lui et l'embrasse à pleine bouche. Erwin est sur le point de céder. De laisser tomber la paperasse et de rentrer avec lui pour qu'ils se blottissent ensemble sur le canapé. Mais sa conscience professionnelle reprend le dessus.

Levi a dû sentir son hésitation, car il ne peut cacher sa déception.

~oOo~

Une fois à l'appartement, Levi s'occupe en mettant un peu d'ordre dans le salon déjà impeccablement rangé.

Une heure plus tard, le commandant n'est pas rentré. Levi commence à s'impatienter. Au début, il en veut à Erwin. Il a envie qu'il rentre. D'habitude, il n'est pas trop regardant sur l'heure à laquelle le commandant quitte l'hôtel de police. Il sait qu'il a des impératifs, et que ses responsabilités au sein de la brigade passeront toujours avant Levi. Il l'a accepté, ça fait partie des prérogatives de leur couple. Pourtant, ce soir-là, son absence lui pèse plus que d'habitude. Erwin lui manque. Au bout de deux heures, Levi est en colère. Il se sent négligé. Au bout de trois, il commence vraiment à s'inquiéter.

Il est vingt-deux heures quand il retourne à l'hôtel de police. Tous les commerces sont fermés, les rues sont presque désertes. Le bureau d'Erwin est fermé à clé. Il fait un tour rapide du bâtiment et ne le trouve nulle part. Personne ne l'a vu depuis le milieu de l'après-midi. Levi sent l'angoisse s'immiscer en lui. Il se force à ne pas courir jusqu'au laboratoire d'Hange.

— Il n'est pas avec toi ? Il est passé il y a deux heures pour me faire signer des bons de commande. Il m'a dit qu'il rentrait.

Le sol s'ouvre sous les pieds de Levi. Erwin a disparu.