Chapitre 28

— Joyeux anniversaire, Levi.

— Mmpf.

Levi remue sous la couverture, se rend compte que sa nouvelle position lui fait perdre un peu de la chaleur d'Erwin et se blottit à nouveau contre lui avec un petit grognement. Erwin lui caresse doucement les cheveux.

Le vingt-cinq décembre est le seul matin de l'année où il s'autorise à traîner au lit. Avant, il restait chez lui, mais il travaillait au moins toute la matinée jusqu'à l'heure du déjeuner, qu'il passait en compagnie d'amis – Hange, Mike, et d'autres membres de la Brigade.

Depuis qu'il est avec Levi, cette date a pris une saveur différente. Le jour de Noël a toujours aussi peu de signification pour Erwin, mais c'est désormais aussi l'anniversaire de son compagnon. Non pas que Levi y accorde la moindre importance, ou qu'il souhaite se retrouver au centre de l'attention. Mais c'est une excuse de choix pour traîner avec lui au chaud sous la couette, pour se lever tard, pour faire semblant de lire quelques rapports pendant que Levi somnole tranquillement sur son ventre, pour finalement les abandonner quand Levi commence à grogner qu'il le fait « chier avec ce genre de conneries » un jour où ils ne sont pas censés travailler.

Aujourd'hui, Erwin a décidé de ne pas travailler du tout. Il a décidé d'offrir cette journée à Levi, de lui offrir tout son temps et toute son attention, sans doute ce qu'il a de plus précieux.

La respiration de Levi ralentit à nouveau. Il s'est rendormi. Erwin le laisse profiter de la tranquillité de ce matin d'hiver. Il neige depuis trois jours. Il n'y a pas de sensation plus réconfortante que la présence de Levi à ses côtés, au chaud dans leur appartement. Erwin hésite un instant à sortir du lit pour allumer un feu.

— 'win… marmonne Levi.

Un petit filet de bave lui coule de la commissure des lèvres. Erwin fait mine de lui caresser la joue et l'essuie discrètement.

— Oui ?

— 'iction 'tir 'li, marmonne encore Levi.

— Répète ça en remuant un peu les lèvres, pour voir ?

Levi fronce les sourcils et pousse un profond soupir, comme si articuler lui demandait un effort inhumain.

— Interdiction de sortir du lit.

— Sous peine de ?

Les bras de Levi se serrent autour de lui dans une étreinte possessive.

— Si tu sors de ce lit, j'invite Hange pour qu'elle te parle de son dernier prototype.

— Ouch !

Levi sourit légèrement, les yeux toujours clos.

— C'est ton anniversaire, signale Erwin, comme si ça réglait le problème.

Un silence confortable emplit la pièce le temps que Levi analyse cette information.

— C'est Noël, alors.

— Admirable esprit de déduction. Tu veux que j'aille faire du café pour te réveiller un peu ?

— C'est pas parce que j'ai un an de plus que je vais commencer à boire cette merde, ronchonne Levi.

Erwin tire la couverture et la passe par-dessus leurs têtes pour les enfermer complètement dans un cocon de chaleur. Il glisse un peu dans le lit pour que leurs visages se trouvent à la même hauteur. Levi crochète sa jambe autour de sa hanche et ouvre les yeux.

Erwin est subjugué par le gris de ses yeux, qu'il connaît par cœur, mais qui a encore le pouvoir de lui couper le souffle. Il se penche pour l'embrasser. Levi grimace et recule.

— Pas de bon matin !

— Alors je sors du lit pour me laver ?

— Non, répond fermement Levi en renforçant l'étreinte de sa jambe.

— Il va falloir choisir, rit Erwin.

Il les fait tourner de manière à se retrouver sur Levi. Ce dernier écarte les jambes par réflexe pour qu'il puisse s'installer entre, et lui emprisonne la taille dans une étreinte solide entre ses cuisses. Erwin dépose une traînée de baisers légers depuis l'angle de sa mâchoire jusqu'à la peau sensible sous son oreille. Levi prend une inspiration saccadée et glisse ses doigts dans ses cheveux blonds déjà ébouriffés par le sommeil. Ses soupirs d'aise se transforment en petits gémissements de contentement. Il ondule les hanches sans même s'en rendre compte.

— Enlève ça, ordonne Erwin dans un murmure en tirant sur sa chemise.

Levi lève les bras pour qu'il le fasse lui-même. Il se plaque aussitôt contre le torse nu d'Erwin.

— Je suis tout à toi, aujourd'hui. chuchote Erwin à son oreille.

Levi frissonne.

— Pas de rapports à la con ? Pas de Bataillon ?

— Rien. Juste toi.

Levi lui saisit le visage entre les mains pour le forcer à le regarder dans les yeux.

— C'est vrai ?

— Oui. Joyeux anniversaire, Levi.

— Si je te prends en train de penser une seule seconde au Bataillon…

— Tu décideras toi-même de la sanction. Mais je te jure que ça n'arrivera pas.

Ils mettent encore plusieurs heures à sortir du lit. Ils font l'amour, se remettent tranquillement en paressant au chaud, puis refont l'amour. Levi est insatiable. Protégé par l'écrin de confort qu'Erwin tisse autour d'eux, il oublie lui aussi le Bataillon, la prochaine mission, les inquiétudes qui le rongent depuis plusieurs semaines. Il s'agrippe à Erwin, lui abandonne son corps et le laisse contrôler son plaisir. Erwin le vénère. Il vénère chaque centimètre de lui, le moindre de ses soupirs, l'odeur de sa peau. Il s'abreuve du spectacle que lui offre Levi, les cheveux collés au front par la sueur, les yeux brillants, le regard légèrement voilé par l'orgasme.

Ils ne sortent du lit que lorsque Levi déclare qu'ils ont franchi les limites du tolérable en terme d'hygiène et qu'ils ont besoin de prendre un bain. Ils s'attardent encore dans la baignoire, inondent la salle de bain et réparent leurs bêtises en pouffant comme des gamins. Quand ils se préparent pour sortir, il est déjà l'heure du déjeuner.

— Erwin, non.

— Non ?

— Non, chéri. C'est même pas la peine d'y penser. Je me balade pas dans Trost avec toi si tu portes ça.

Erwin retire à regret ses caches-oreilles en fourrure. Tous les ans, il tente à nouveau de les sortir, mais Levi reste inflexible. Noël est l'une des seules journées de l'année où ils ne sortent pas en uniforme. Levi enfile un long manteau doublé, des gants, un bonnet qui lui descend sur les sourcils et une écharpe lui qui remonte jusqu'au nez, si bien qu'il ne lui reste presque plus de surface de peau visible en dehors de son bout du nez. Erwin se penche pour y déposer un petit baiser.

— Il ne fait pas si froid que ça, rit-il.

— Je me laisserai pas tromper par tes mensonges éhontés, Erwin Smith, gronde Levi.

Ils sortent se balader dans le quartier commerçant décoré pour l'occasion. Après plusieurs minutes d'hésitation, Levi s'enhardit et se rapproche de lui jusqu'à ce que leurs manteaux se frôlent. Puis, quand il voit qu'Erwin ne s'écarte pas, il glisse un bras timide autour du sien. Erwin plaque son bras le long de son flanc pour emprisonner sa main.

S'il n'a pas le cœur à repousser Levi, Erwin ne peut cependant pas s'empêcher d'être un peu nerveux. Il est presque certain que des yeux indiscrets les observent. Après avoir scruté à plusieurs reprises les alentours et manqué de se faire remarquer par son compagnon, il abandonne. Tant pis. Il a de toute façon décidé de faire sauter tous les interdits et de ne pas laisser l'ombre de Zeke gâcher cette journée. La mission est dans quelques jours. Que Zeke voie le lien solide qui l'unit encore à Levi. Qu'il enrage de sa désobéissance. Quelle que soit l'issue de leur prochaine confrontation, tout ça n'aura bientôt plus d'importance.

Ils quittent leur quartier et se dirigent vers le centre-ville. L'air est sec et froid, et leurs souffles se condensent devant leurs bouches. Levi se presse contre lui, à peine réchauffé par leur marche. Il finit par glisser leurs mains liées dans la poche d'Erwin.

Ils s'arrêtent acheter du vin chaud qu'ils boivent en remontant les rives du fleuve. Chaque fois qu'ils passent devant une devanture de marchand de jouets, Levi dévie leur trajectoire pour longer les vitrines illuminées. Il jette des coups d'œil discrets à l'intérieur, par-dessus les crânes des gamins qui se pressent pour s'extasier, le nez collé contre la vitre.

— Tu veux entrer ? demande Erwin à plusieurs reprises.

— Tsk !

Erwin n'est pas sûr de la raison pour laquelle il fait mine de ne pas être intéressé, mais il finit par prendre les choses en main et le tire de force chez un vendeur de jouets en bois. C'est la première fois qu'il met les pieds dans ce genre de boutique lui aussi, et il est plutôt impressionné par la qualité des jouets exposés.

— Et si tu achetais une bricole pour l'orphelinat ? suggère-t-il d'un ton détaché.

Il sait que c'est précisément à ça que Levi pense depuis qu'ils ont mis les pieds dehors.

— Pour quoi faire ? marmonne Levi en commençant à inspecter les jouets qui attirent le plus l'attention des enfants. Hange adorerait ce truc-là, ajoute-t-il en désignant un petit train qui se déplace sur un rail d'une longueur spectaculaire à travers toute la boutique.

— Pour… Noël ? Par exemple ? répond Erwin d'un ton patient.

— Hmm.

Levi continue d'inspecter les étagères. Erwin lui passe son bras en travers de la poitrine et le plaque en arrière contre lui pendant qu'il étudie le contenu d'un présentoir. Il pose ses lèvres dans ses cheveux et inspire son odeur.

— T'es en train de me renifler en public, Erwin ? demande Levi, mi-dubitatif mi-grinçant.

— Oui. Tu n'avais qu'à pas sentir aussi bon.

— Tsk ! Bon, aide-moi un peu. Qu'est-ce que tu penses de celui-là ?

Ils reçoivent quelques coups d'œil traînants auxquels Erwin répond par un sourire aimable. Levi est trop concentré sur sa tâche pour les remarquer.

Il se décide finalement pour un modèle de train plus modeste que celui exposé dans le magasin. Erwin approuve son choix d'une voix distraite, enivré par l'aura d'assurance et de tranquillité qu'il dégage. Il est presque déçu quand Levi se sépare de lui pour aller payer.

Ils achètent à manger et grignotent en regardant glisser les patineurs. Erwin se dit que Levi serait fantastique et probablement naturellement doué pour ce genre d'exercice. À en juger par l'expression de son visage, Levi est en train de se dire que l'espèce humaine n'a aucune chance de subsister si elle continue à s'adonner à de telles pratiques pour le plaisir.

Jamais leur appartement ne leur a paru aussi chaud et confortable que lorsqu'ils rentrent enfin, les doigts gelés et les joues brûlantes de froid. Erwin prend un moment pour réchauffer Levi. Puis ils se laissent tomber sur le canapé et Levi reste là à profiter de sa chaleur, un bras autour de son torse, pendant qu'il lit un livre. Il regrette presque de ne pas s'offrir plus souvent des journées comme celle-ci.

Le milieu de l'après-midi arrive tranquillement et Erwin réunit enfin l'énergie nécessaire pour commencer à se préparer pour le bal de charité auquel ils doivent se rendre le soir-même. Bien entendu, Levi grogne quand il le déloge de son torse pour sortir du canapé.

— C'est toi qui m'y a invité, rappelle Erwin. Tu ne voudrais pas d'un cavalier négligé.

— Même si tu y allais en chemise de nuit, tu serais toujours le centre de l'attention, baille Levi.

Surtout si je viens en chemise de nuit. Mais ça ne serait pas très sérieux.

Levi consent enfin à le laisser se lever. Il reste assis en tailleur sur le canapé, à observer chacun de ses gestes pendant qu'il remet de l'ordre dans ses cheveux puis enfile son uniforme. L'uniforme de cérémonie est beaucoup moins fonctionnel que celui qu'ils portent tous les jours. Tout en broderies, en dorures, en décorations. Il affiche ostensiblement le grade prestigieux d'Erwin, non seulement sur ses épaules mais également sur le pourtour de ses manches. Une cordelette dorée lui part de l'épaule gauche et lui pend sur la poitrine avant de remonter vers sa boutonnière. Il porte plusieurs rangs de plaques colorées, qui correspondent chacune à une décoration ou une médaille qu'il a reçue au cours de sa carrière. Il enfile son médaillon et glisse son gant blanc dans sa poche pour plus tard. Les couturiers de la brigade ont adapté sa veste depuis qu'il n'a plus de bras droit, en recouvrant son épaule d'une petite cape bordée de fil doré. Levi s'approche sans quitter son reflet des yeux. Il l'observe de la tête au pied, le fait tourner sur lui-même pour le mettre face à lui et se mord la lèvre.

— Ça te plaît ?

— Putain…

— Je croyais que le folklore militaire te laissait de marbre, fait remarquer Erwin d'un ton taquin.

— Hmm. C'est tout des conneries, confirme Levi. Tu peux enlever tes médailles, je m'en fiche, mais cette veste… bordel. Regarde comme elle te cintre la taille.

Il lève les bras pour ajuster son médaillon puis passe la main sur le tissu pour le débarrasser d'une poussière imaginaire.

— Interdiction de porter autre chose jusqu'à nouvel ordre.

— Je n'ai pas le droit de l'enlever ? demande Erwin d'un ton ingénu.

— Oh, si, mais uniquement sur mes instructions.

— C'est entendu, capitaine.

Levi opte quant à lui pour une tenue civile. Il connaît les règles : s'ils viennent tous les deux en uniformes, ils viennent en tant que représentants du Bataillon, et les signes d'affection sont fortement déconseillés. Pas parce qu'ils sont deux hommes, mais parce qu'ils ont un devoir de réserve et de représentation. Si Levi vient en civil, toutes ces barrières protocolaires s'effondrent, du moins pour lui. Ils n'ont pas vraiment discuté avant de ce qu'ils comptaient faire à ce sujet, et Erwin est heureux que Levi ait décidé de laisser son uniforme au placard.

Quand ils sont enfin tous les deux prêts, Levi commence à montrer quelques signes de nervosité. Incapable de rester assis plus de quinze secondes, il reste planté au milieu du salon à se balancer d'un pied sur l'autre. Erwin est calme. Il maîtrise cet exercice à la perfection. Pour dire vrai, après des semaines à ne pas vraiment s'intéresser à la soirée, il commence à être sincèrement excité.

Avant de partir, il prend le temps d'embrasser Levi. Un baiser sincère, long, profond, qui résonne dans tout son corps. Levi, debout sur la pointe des pieds, lui passe les bras autour du cou pour le presser contre lui.

— Tu es… vraiment incroyable, ce soir, Erwin.

Erwin n'est pas surpris par cette information – cet uniforme fait toujours son petit effet – mais la remarque de Levi lui va droit au cœur. Ses compliments sont rares et précieux, et il est la seule personne qu'Erwin souhaite impressionner ce soir.

— Est-ce que…

Levi rosit et baisse les yeux.

— Est-ce que je pourrai te présenter comme mon compagnon ?

Erwin pose un doigt sous son menton et l'oblige à relever le visage.

— Pourquoi est-ce que tu ne pourrais pas ?

— Je sais pas… si jamais… comme tu es le commandant… Peut-être que… Oh, tu m'emmerdes avec tes questions.

Erwin l'attire dans ses bras pour se faire pardonner.

— Je n'éprouverai jamais rien d'autre que de la fierté d'être avec toi, Levi.

— C'est pas ça, répond aussitôt Levi. C'est une question de protocole, d'étiquette, je sais pas comment tu appelles ça.

Il rosit encore.

— Tu m'impressionnes un peu, dans cet uniforme.

Erwin rit. Il s'amuse déjà beaucoup, et ils n'ont même pas encore quitté l'appartement.

— Si j'avais su qu'il te suffisait d'un peu de dorures, j'aurais commencé par là quand nous nous sommes rencontrés.

— Tsk ! Je t'aurais étranglé avec ta corde.

— Fourragère, le reprend Erwin.

— On s'en fout.

Et les yeux de Levi s'illuminent d'un coup. La timidité s'évapore de son visage, chassée par un air espiègle.

— Je sais exactement ce qu'on pourrait faire avec cette corde.

— Peut-être qu'on devrait aller au bal, avant.

— Hmm.

Pensif, Levi enfile ses bottes et son manteau sans quitter des yeux l'uniforme d'Erwin. Ils échangent un dernier baiser puis sortent dans la nuit froide du début de soirée.

~oOo~

Levi ne pensait pas qu'une réception officielle puisse aussi bien se passer. L'expérience catastrophique de la soirée où il a rencontré Reiss est restée marquée au fer rouge dans son esprit. Pourtant, ce soir il se sent à l'aise. Mieux, il se sent parfaitement – et très étrangement – dans son élément.

Ils sont accueillis par Gabi avant même d'avoir pu atteindre le seuil de la grande salle de l'hôtel de ville qu'on leur a gracieusement prêtée pour l'occasion. Elle percute Levi de plein fouet dans le hall pour lui enlacer la taille et manque de le renverser en arrière. Il lui rend brièvement son étreinte, mais elle s'est déjà tournée vers Erwin pour le bombarder de questions.

— Tu es qui, toi ? Attends, me dis pas, je sais… Tu es le commandant de la police. Le commandant de Levi. Il m'a parlé de toi. Il m'a dit que tu es très fort.

Levi pince les lèvres.

— Il a dit ça ? demande Erwin en se tournant vers Levi avec un air amusé.

— Oui, et il a dit que tu étais le meilleur commandant que la police a jamais eu.

Erwin se fend d'un grand sourire.

— J'espère que je vais me montrer à la hauteur de vos espérances, alors, jeune fille. Je suis en effet le commandant Erwin Smith, et je commande le Bataillon d'Exploration.

— C'est l'homme qui partage ma vie, Gabi, lâche Levi comme si les mots lui brûlaient l'intérieur de la bouche. Tu comprends ce que ça veut dire ?

Erwin semble un peu surpris par cette annonce précipitée, mais s'ils laissent passer une telle occasion, ils prennent le risque qu'elle ne se représente pas. Gabi a l'air offusquée.

— Bien sûr que je sais ce que ça veut dire ! Ça veut dire que c'est ton amoureux. Vous vous faites des bisous sur la bouche, et le soir vous…

— Oh là ! s'écrient Levi et Erwin d'une même voix.

Levi ouvre de grands yeux en guise d'avertissement. La petite pose les mains sur ses hanches et lui adresse un rictus espiègle.

— Ok. Il est beau. Mais la différence de taille est bizarre.

Levi pince à nouveau les lèvres. Erwin semble au comble de l'amusement. Il pose quelques questions à Gabi pour qu'elle se sente importante. Levi l'observe interagir avec elle, le cœur battant. Erwin est charmant et rusé, comme à son habitude, et il réussit à s'attirer immédiatement les bonnes grâces de la fillette. Levi se demande s'il est physiquement possible de retomber amoureux d'un homme qu'il aime déjà si fort.

En étudiant Gabi, il remarque sans grand étonnement qu'elle a opté pour un pantalon, ce soir, et imagine la crise que cette décision a dû provoquer à l'orphelinat. Les nourrices ont de plus essayé de lui arranger les cheveux en une coiffure présentable, mais elle est déjà à moitié ébouriffée. Il remarque Falco qui les observe en retrait et lui fait signe de venir les rejoindre. Une fois que Gabi a présenté tout le monde à tout le monde, ils laissent les deux enfants les escorter vers la salle de réception.

Erwin fait grande impression quand il retire son manteau, et Levi irradie de fierté. Même Gabi ne trouve plus ses mots, rétrospectivement intimidée par la conversation qu'elle vient d'avoir avec un homme si impressionnant. Historia s'avance à leur rencontre pour les saluer, radieuse et rayonnante. Erwin la laisse le guider dans la salle de réception, et Levi suit avec les deux enfants bouche bée.

— Est-ce que si je rentre dans la police j'aurai cet uniforme ? demande Falco en tirant sur la manche de Levi pour qu'il s'incline vers lui.

— Est-ce que les filles et les garçons ont le même, ou est-ce que je vais devoir casser des bouches pour avoir celui-là ? demande Gabi.

Levi leur passe chacun un bras autour des épaules.

— Pour avoir cet uniforme, jeunes gens, il faut mériter de le porter. Et ça commence par surveiller la manière dont on parle en public, Gabi.

— C'est pour ça que toi, t'en as pas ? rétorque Gabi.

Levi grimace. Le bal a lieu dans une salle de taille raisonnable, agrémentée d'un mélange de décorations probablement prêtées par l'hôtel de ville et de décorations indubitablement confectionnées par des enfants. Erwin reconnaît aussitôt des invités et se dirige d'un pas assuré pour les saluer.

— Capitaine Levi ! l'appelle Historia. Venez, je vais vous présenter aussi.

Ils se lancent dans la tâche fastidieuse de faire le tour des convives. Tout le monde n'a d'yeux que pour Erwin et salue Levi par politesse quand Historia le présente. Levi fait un effort pour se montrer cordial en se rappelant que ces hommes et ces femmes sont là pour donner de l'argent pour l'orphelinat. Erwin est bien meilleur que lui à cet exercice. Il parle de l'établissement comme s'il le connaissait par cœur, comme s'il avait suivi le projet depuis le début. Il lâche quelques inexactitudes qui passent totalement inaperçues auprès des invités peu renseignés.

Son charisme, son éloquence et sans doute sa beauté, additionnés à ceux d'Historia, sont leurs meilleures armes. Erwin fait aussi office de bouclier pour Levi. Les gens s'intéressent peu à lui, ce qui lui convient parfaitement. Il attend patiemment qu'Historia se libère pour discuter avec elle à part.

— Je suppose que vous avez entendu parler des problèmes auxquels est confrontée Gabi ? demande-t-il.

Une ride se creuse entre les sourcils d'Historia.

— En effet. Et cela ne fait que s'aggraver, d'après ce que m'ont dit les nourrices quand je suis passée à l'orphelinat, tout à l'heure.

Elle marque une pause. Levi observe la petite, en pleine mission d'une discrétion douteuse avec d'autres gamins pour récupérer des victuailles sur la table du buffet.

— Je crains que nous ne soyons contraints de chercher une solution alternative. Nous n'avons visiblement pas les ressources pour l'aider. Nous sommes un orphelinat encore jeune, et nous manquons sans doute d'expérience.

— Certaines de vos nourrices sont loin d'être des débutantes, fait remarquer Levi.

— Et pourtant, nous sommes tous dépassés. Gabi a été trouvée dans les Bas-Fonds…

Levi hoche la tête pour signifier qu'il le sait déjà.

— Dieu sait ce que cette petite a subi par le passé.

— Et qu'est-ce que vous comptez faire à son sujet ? demande Levi avec une pointe d'agacement.

— Demander un transfert dans un autre établissement, si la situation ne se calme pas rapidement.

— Où ?

Historia lui jette un regard un peu étonné de l'agressivité qu'elle perçoit dans sa voix.

— Nous n'avons pas encore commencé à prospecter, mais Trost ne manque pas d'orphelinats.

— Vous avez ouvert le vôtre parce que vous saviez que ces orphelinats étaient bondés.

— Nous échangerons une place contre une place.

— Les enfants ne sont pas du bétail, gronde Levi.

— Je sais, capitaine, répond Historia d'une voix calme qui le frustre encore plus. Mais nous devons trouver une solution. Nous ne pouvons pas laisser l'une de nos pensionnaires mettre en danger les autres.

Levi ne pense pas que Gabi représente un danger pour les autres enfants, mais il n'est pas assez présent pour donner son avis sur le sujet.

— Et Falco ?

— Falco est un garçon doux et gentil, il se fera facilement d'autres amis.

Levi décide d'arrêter là la conversation. Il ne veut pas s'énerver ce soir, alors il fait en sorte de désamorcer la colère qui monte en lui. Il se tait et observe Gabi qui redistribue entre ses complices le butin de leur rapine. Il se sent soudain étrangement nostalgique, presque triste.

Historia se fait interpeller par d'autres invités et prend congés de lui. Levi reste un instant seul.

— Tout va bien ?

Erwin pose la main sur la chute de ses reins et l'entraîne vers le buffet. La table est couverte de bougies, de branches de sapin et de petits objets en forme d'étoiles ou de boules irisées.

— Ta petite protégée ne nous a laissé que les miettes, fait remarquer Erwin. Ça ne va pas ? Tu as l'air préoccupé.

Levi voudrait qu'il le serre contre lui. Il voudrait sentir ses lèvres sur lui, n'importe où, tant qu'elles sont pressées contre sa peau.

— Tu ne danses pas ? demande-t-il à la place.

— Depuis qu'il me manque un bras, les gens ont tendance à être un peu mal à l'aise, répond Erwin d'un ton détaché en choisissant un chocolat.

Levi le fixe. Erwin a assisté à un nombre considérable de soirées depuis sa blessure, et il n'a jamais évoqué ce changement. Quand Erwin remarque l'insistance de son regard, il hausse les épaules. Puis ses yeux se mettent à briller d'une lueur facétieuse.

— Est-ce que toi, tu m'accorderais cette danse ?

— Tsk ! Je sais pas danser, Erwin. Ça a pas changé depuis la dernière fois.

— Personne ici ne sait danser, fait remarquer le commandant en se retournant pour contempler la piste.

Piste qui aurait d'ailleurs besoin d'un petit élan motivationnel, pour sortir de leur torpeur les quelques couples qui s'y balancent tranquillement.

— S'il te plaît, insiste Erwin. Je te guiderai.

Il passe le bras autour des épaules de Levi et l'attire contre lui.

— J'ai envie de parader devant tout le monde avec l'homme le plus séduisant de la soirée.

— Tsk ! Arrête de te moquer de moi. Personne ici ne t'arrive à la cheville.

Erwin le fait tourner pour qu'il se retrouve face à lui. Il jette un rapide coup d'œil autour d'eux, puis lui relève doucement le menton.

— Je ne vois personne dans cette pièce qui puisse rivaliser avec toi.

Levi a très envie de l'embrasser. Il ne sait pas s'il peut. Ses lèvres se séparent sans même qu'il y prête attention. Erwin baisse les yeux vers sa bouche et sourit.

— Alors ?

— J'en ai très envie, confesse Levi, mais…

— Viens, l'encourage Erwin.

Il le prend par la main et l'entraîne vers la piste. Ils s'arrêtent en périphérie du parquet.

— Pose ta main sur mon épaule, dit Erwin. Rapproche-toi un peu… c'est une danse de couple, chéri, ça ne peut pas fonctionner si tu es à deux mètres de moi.

— Tsk !

Levi se rapproche au point que leurs torses s'effleurent. Erwin lui présente sa main pour qu'il glisse la sienne dedans.

— Trois temps, lui dit-il en marquant le tempo à l'aide de petits mouvements de la tête. Un, deux, trois. Un, deux, trois.

Levi laisse la musique l'envahir.

— Prêt ?

— Non.

Erwin l'entraîne quand même. Les premières secondes, Levi panique. Il ne sait pas quoi faire de ses pieds. Sa main manque de déraper de l'épaule d'Erwin. S'il avait deux bras, Erwin le tiendrait fermement par la taille et le guiderait pour l'empêcher d'improviser des pas maladroits. Là, Levi doit se concentrer pour le suivre.

— Ne regarde pas mes pieds, Levi. Regarde-moi. Très bien. Continue.

Le regard bienveillant qu'il pose sur lui le rassure. Son sourire est si sincère, et Erwin a l'air si heureux, que Levi fait céder la dernière barrière de réticence en lui. Il le laisse le guider. Il a l'impression de voltiger, de manière moins spectaculaire qu'avec l'équipement, bien sûr, mais pour une fois Erwin est contre lui, il l'enveloppe de son parfum, il le réchauffe de sa bienveillance, et il est beau, si beau, et Levi est immensément fier. Il en oublie où ils se trouvent, et avec qui, et il ne voit plus qu'Erwin, il se sent plus que lui, sa présence, la proximité de son corps ferme et rassurant contre lui. Il se sent parfaitement en sécurité.

— Ça va ? chuchote Erwin.

— Continue…

— Colle-toi contre moi.

Levi passe le bras autour de son cou pour presser leurs corps l'un contre l'autre. Il se rend compte que les gens les regardent. Il se rend aussi compte que Gabi a rejoint la piste de danse en entraînant de force Falco. Elle le guide dans une chorégraphie chaotique avec un air sérieux et investi. Erwin suit les deux gamins des yeux avec un air attentif et amusé, et Levi l'observe pendant qu'il les observe. Il dépose ensuite un baiser furtif sur la ligne de sa mâchoire. Erwin se tourne à nouveau vers lui avec un regard attendri.

Levi se demande si… Il rougit mais se tait.

Ils dansent pendant encore plusieurs minutes, puis Levi décide qu'il en a assez. Il les fait s'arrêter au beau milieu de la piste, se hisse sur la pointe des pieds et embrasse Erwin à pleine bouche. Il ne réfléchit pas. Il a juste une envie irrépressible de le faire, tellement forte que ni l'embarras, ni l'appréhension ne pourraient le retenir. Le bras d'Erwin s'enroule aussitôt autour de sa taille pour le maintenir contre lui. Une exclamation dégoûtée se fait entendre, qui vient précisément de l'endroit où se trouve Gabi. Erwin sourit contre les lèvres de Levi.

— Je t'aime, murmure Erwin d'une voix très basse.

— J'ai putain d'envie de toi, chuchote Levi en même temps.

Ils échangent un regard. Levi dépose encore un baiser bref mais appuyé sur ses lèvres.

— Trouve-nous un endroit tranquille, que je te suce la queue.

— Attends quelques minutes, ils nous regardent tous. Si nous nous éclipsons maintenant, ils vont comprendre pourquoi.

— Et alors ? Tu penses qu'ils ont encore des doutes sur le fait qu'on baise ensemble ?

— Probablement pas, mais nous pouvons quand même garder une part de mystère.

Levi va donc se servir une coupe de champagne et la sirote d'un air maussade en attendant d'avoir l'autorisation de faire jouir son compagnon. Erwin discute brièvement avec quelques personnes et disparaît par une porte barrée au public. Il a déjà participé à d'innombrables soirées, cérémonies et réunions à l'hôtel de ville. Il connaît le bâtiment comme sa poche. Levi compte cinq interminables minutes et file à son tour par la même porte.

Sitôt qu'il passe le palier, il est attiré dans un baiser langoureux. Il peine à respirer. Ses mains palpent le corps d'Erwin à travers sa veste, avides et impatientes. Erwin s'arrache à leur baiser et l'entraîne à travers le couloir puis dans un bureau à la décoration outrancière. Levi se perd un instant dans la contemplation de toutes ces dorures, de ces tapis, de ces meubles en bois sans doute luxueux. L'agitation de la salle de réception ne parvient pas jusqu'ici, et ils se retrouvent dans un silence tranquille. Erwin l'enlace par derrière et dépose un baiser humide sur sa nuque. Mais Levi a une idée bien précise de ce qu'il veut faire.

— Où on est ? demande-t-il en s'asseyant dans le fauteuil.

— Dans le bureau du maire.

— Vraiment, Erwin ?

— Ça ne te plaît pas ?

— Viens-là.

Il lui fait signe de venir se placer entre le bureau et lui. Erwin obéit, docile. Levi ne perd pas une seconde et s'attaque à la fermeture de son pantalon.

— Eh ! proteste le commandant. C'est ton anniversaire, Levi.

— Et alors ? J'ai pas le droit de te sucer le jour de mon anniversaire ?

— Tu ne préfères pas plutôt que je m'occupe de toi ?

— Non. Agrippe-toi bien à ce bureau, Erwin Smith, parce que je vais te tailler la pipe de ta vie.

Erwin en perd sa répartie et se contente de répondre par une longue inspiration excitée. Levi le sent durcir à travers son pantalon.

— Alors ? Je peux ou pas ?

— Ou… oui.

Levi sort sa queue.

— Et si ça te plaît, ce soir tu me baises ?

— Je te baiserai quoi qu'il ar- ah ! gémit-il quand Levi introduit le bout de sa queue entre ses lèvres.

Il le stimule avec sa langue, l'aspire à plusieurs reprises puis le lâche avec un bruit de succion.

— Si je te satisfais, je veux que ce soir tu te serves de moi, Erwin. Je veux que tu me fasses languir, et que tu m'utilises, et que tu me plies à ta volonté.

Erwin souffle bruyamment et desserre le nœud de sa cravate. Levi lève les yeux vers lui et le regarde à travers ses cils dans une attitude qu'il espère séductrice.

— Oui ?

— Tout ce que tu voudras, Levi, mais suce-moi…

Levi depose un baiser sur le côté de sa queue et pousse un grondement qui fait trembler ses lèvres. La respiration d'Erwin accélère.

— Je crois que tu ne m'as pas bien compris, dit Levi. Je veux qu'on fasse tout ce que tu voudras.

— C'est compris, répond Erwin dans un souffle. S'il te plaît.

Levi prend sa queue entre ses lèvres et commence à le sucer. Sa bouche joue avec lui, sa langue l'explore consciencieusement, ses lèvres l'enserrent dans un étau étroit. Il s'amuse à faire de petits bruits humides qui envoient des frissons dans tout le corps de son partenaire. Il veut le faire perdre ses moyens. Il veut qu'Erwin jouisse et se répande dans la moiteur humide de sa bouche, il veut goûter à son plaisir.

Levi se laisse guider par les frémissements des cuisses d'Erwin, par le rythme de sa respiration, par l'odeur suave de son entrejambe. Il peut déjà goûter le début de son orgasme. Il le lâche et enfouit son nez sous la base de sa queue pour lui sucer délicatement les testicules.

— Levi, je… Levi ! Ta… ta bouche… Ah !

Sa voix prend des accents désespérés. Il semble lutter pour faire rentrer l'air dans ses poumons. D'un geste impulsif, il décolle la tête de Levi de ses cuisses et aligne à nouveau sa bouche avec le bout de sa queue dans un message clair. Les lèvres de Levi se tordent en un rictus avant de se fermer à nouveau autour de sa queue. Il le masturbe des deux mains, et il le suce comme si sa vie en dépendait.

Erwin semble perdre toute contenance. Il manque de s'affaler sur le bureau derrière lui. Ses cuisses vacillantes le soutiennent à peine.

— Levi… je vais… finis-moi !

— Baise ma bouche ! Baise-la, Erwin, elle est à toi !

Erwin hésite. Levi lui prend la main et la pose au sommet de son crâne pour qu'il lui bloque la tête. Erwin donne un… deux coups de rein prudents entre ses lèvres puis se prend au jeu. Son poing se serre dans ses cheveux. Levi le laisse lui baiser vigoureusement la bouche, il le laisse l'utiliser comme il l'entend. Il lève un regard embué de larmes vers son visage et prend sa queue avec docilité. Il pousse de petits gémissements sonores pour faire vibrer sa gorge. Erwin ne tient plus. Il jouit dans un râle sonore.

Levi avale et reprend la main pour le sucer tranquillement jusqu'à ce qu'il commence à mollir. Dès qu'il retire sa bouche, Erwin s'affale contre le bureau et se laisse glisser jusqu'à terre, sonné. Il a les joues rouges, le souffle court, les yeux humides. Levi se penche en avant pour remettre un peu d'ordre dans ses cheveux.

— Ça va ? demande-t-il.

Erwin répond par un petit son étranglé.

— Tsk, si les gens pouvaient voir le grand Commandant Smith à cet instant, dit Levi d'un air faussement dépité en faisant claquer sa langue contre ses dents. Lui d'habitude si éloquent, si composé…

Il glisse sur les genoux d'Erwin et lui enlace le cou. Ils s'embrassent. Levi sent la main d'Erwin remonter le long de sa cuisse jusqu'à son entrejambe. Il la chasse d'une petite tape.

— Je me préserve pour ce soir. Je peux déjà imaginer ta tête entre mes cuisses, ajoute-t-il dans le creux de son oreille.

— À quelle heure finit la soirée ?

— Ah, tu as sans doute de longues heures à attendre, mon chéri, répond Levi en lui caressant la joue. Profites-en pour commencer à réfléchir à ce que tu vas me faire.

Il dépose un petit baiser sur ses lèvres et se relève pour se libérer. Il inspecte le bureau et le fauteuil. Ils ont été bien sages, ils n'ont laissé aucune trace de leur passage.

— Je te laisse remettre un peu d'ordre dans tout ça, dit Levi d'un ton autoritaire en désignant l'uniforme d'Erwin. Tu sens le sexe à dix kilomètres – ce qui ne me gêne pas, mais ça pourrait déstabiliser les autres. Laisse-moi une dizaine de minutes d'avance.

Il tourne les talons et le plante là avant de s'éclipser d'une démarche désinvolte.

Quand il revient dans le brouhaha de la salle de bal, il trouve l'atmosphère soudain étouffante. Il a besoin d'air. Il enfile son manteau et sort dehors pour profiter du calme de la nuit, assis sur le parapet de la terrasse. Le froid calme son excitation. Il laisse ses pensées vagabonder.

Il se sent plus paisible qu'il ne l'a été depuis des semaines. Peut-être grâce à l'ambiance de Noël qui allège tous les esprits, peut-être grâce à Erwin qui lui offre le meilleur cadeau d'anniversaire qu'il pouvait espérer en le soulageant temporairement de son angoisse. Il a tenu parole et fait des efforts depuis leur dispute, et ils ont réussi à retrouver leur complicité d'avant. À mesure qu'elle approche, et qu'il retrouve le Erwin qu'il a toujours connu, l'anxiété de la mission diminue au profit de l'impatience. Levi a hâte d'en finir avec Zeke Jaeger et de commencer une nouvelle vie.

Erwin sait très bien que Levi quittera le Bataillon après la mission. La brigade n'aura plus lieu d'être, sans les Titans. S'ils décident de se lancer dans une nouvelle quête, ce sera sans lui. Le commandant reste cependant très évasif sur ce qu'il compte faire une fois l'opération réussie. Mais Levi n'est pas plus surpris que ça. Erwin a toujours refusé de leur dévoiler les coups qu'il avait d'avance, afin qu'ils se concentrent sur chaque mission.

Il est interrompu dans ses réflexions par Gabi qui s'avance vers lui en tenant une bougie dont elle protège la flamme de la main. Elle s'approche d'une démarche étrange, d'un pas rapide mais assez prudent pour préserver la flamme vacillante, et Levi se rend compte qu'elle essaye de garder une longueur d'avance sur les autres mômes. Falco la suit avec une autre bougie à la main. Et un troisième enfant. Et un quatrième.

Levi se redresse, circonspect. Gabi s'assoit à sa droite, et Falco prend place à sa gauche. Les autres enfants se regroupent autour de lui. Ils sont une douzaine, dont Levi connaît presque tous les prénoms. La lumière de leurs bougies donne des reliefs étranges à leurs visages trop émaciés. Ils le regardent avec des yeux timides.

— Qu'est-ce que…

— Joyeux anniversaire, Capitaine Levi ! explose Gabi comme si elle n'arrivait plus à se retenir.

— C'est le commandant qui vous a envoyés ? demande Levi d'un ton soupçonneux.

Gabi tire un trait sur sa bouche pour signifier que jamais elle ne trahira ce secret hautement sensible. Levi les remercie tous, d'une voix un peu étranglée.

— Tu vas pas pleurer, hein, dit Gabi, méfiante. C'est ton anniversaire, c'est pas triste !

— Je ne pouvais pas imaginer une meilleure soirée, sourit Levi.

— Même si à la base, c'est une soirée pour nous, pas pour toi, tient à préciser un petit garçon en bravant sa timidité.

— C'est pour tous les orphelins ! s'écrie Gabi en commençant à serrer les poings. Même les plus vieux !

Levi lève la main pour faire redescendre la tension.

— Vous allez m'aider à souffler, d'accord ? Gabi, je peux souffler la tienne avec toi ?

Gabi vient se positionner dos à lui, entre ses genoux, pour qu'il puisse souffler la bougie par-dessus son épaule. Ils comptent à rebours ensemble et soufflent, sans doute plus de postillons que d'air. Levi laisse Gabi souffler la sienne. L'odeur de mèche brûlée se dissipe rapidement dans la nuit. Levi renvoie tous les mômes très fiers d'eux à l'intérieur pour ne pas qu'ils attrapent froid. Erwin ne tarde pas à le rejoindre sur le balcon et s'assoit à côté de lui.

— Je n'ai pas trouvé trente-deux enfants à recruter, mais Gabi comptait probablement pour dix en terme de volume sonore.

Il lui présente une tranche de pain d'épices dans lequel il a planté une dernière petite bougie qui vacille dans le froid.

— Joyeux anniversaire, mon amour.

Il dépose la part de gâteau dans sa main un peu tremblante. Levi lève les yeux vers le visage d'Erwin, fait un vœu et souffle la bougie.

Puis il se jette contre lui et le serre de toutes ses forces contre sa poitrine. Erwin passe son bras puissant autour de sa taille. Les doigts de Levi se ferment sur sa veste d'uniforme à s'en faire pâlir les jointures. Il inspire profondément, comme pour emplir tout son corps de son parfum. Il est au bord des larmes, et il ne sait même pas pourquoi.

— Merci, balbutie-t-il. Merci pour cette journée.

Erwin ne répond pas. Il le berce doucement dans ses bras. Levi lève le visage pour réclamer un baiser.

— Mais vous allez passer toute la soirée à vous lécher la gueule ? s'enquiert la voix de Gabi depuis l'encadrement de la porte-fenêtre.

Un concert d'exclamations outrées lui répond depuis l'intérieur. Le regard fixé sur Gabi, Levi pose la main sous le menton d'Erwin et lui lèche langoureusement la joue de bas en haut.

— Dégueulasse ! conclut celle-ci avec une authentique grimace de dégoût.

— Levi… ajoute Erwin d'un ton réprobateur. Devoir de représentation.

Levi dépose un rapide baiser sur sa joue humide, comme pour effacer son effronterie. Il reste sur la pointe des pieds pour lui murmurer à l'oreille :

— J'ai envie qu'on rentre.

— J'ai discuté avec Historia, les promesses de dons sont très satisfaisantes. Peut-être qu'ils vont pouvoir se passer de nous à partir de maintenant.

— Ramène-moi à la maison. J'ai envie que tu me fasses l'amour.

Erwin ne se fait pas prier. Cette fois, ils se fendent d'un rapide tour de salle avant de prendre congé. Levi pose un genou à terre devant Gabi et lui fait jurer de ne pas se battre ni insulter personne d'ici la fin de la soirée. Il lui promet qu'il passera demain à l'orphelinat avec un cadeau pour tous les enfants. Ils se séparent en se signant mutuellement le geste qui signifie ami pour les orphelins des Bas-Fonds.

Levi est intenable dans la voiture qui les ramène chez eux. Il a besoin de toucher le corps d'Erwin. Il se glisse sur ses genoux et l'embrasse encore et encore, jusqu'à ce que les lèvres d'Erwin gonflent à force d'être pressées contre les siennes. Ils montent les escaliers quatre à quatre, et Levi commence à se déshabiller avant même qu'Erwin n'ait réussi à glisser la clé dans la serrure de leur appartement. Ils claquent la porte derrière eux avec un entrain qui fait trembler les murs. Leur manque de discrétion les fait pouffer de rire.

Erwin arrache le reste des vêtements de Levi. Le foulard qu'il porte autour du cou et qui l'empêche d'y enfouir son visage, la chemise qui recouvre ses muscles qu'il veut caresser, le pantalon qui dissimule – tant bien que mal – son excitation.

Levi est déjà hors d'haleine. Les gestes d'Erwin sont fermes, autoritaires. C'est exactement ce qu'il veut. Il veut qu'il s'empare de lui et qu'il le baise jusqu'à ce qu'il s'évanouisse de plaisir. Il saute en hauteur et s'agrippe à lui en serrant sa taille entre ses cuisses. Erwin le porte jusqu'à leur lit pendant que Levi le noie sous une pluie de baisers.

Son compagnon le fait tomber sur le dos sur le matelas et le recouvre aussitôt de son corps en l'enfonçant de plusieurs centimètres sous son poids. Erwin est encore habillé, et le tissu rêche de son uniforme frotte contre la peau de Levi.

— Je vais te salir, se sent-il obligé de prévenir.

— Peu importe. Je le laverai.

— Sors au moins ta queue…

Erwin glisse la main dans ses cheveux et lui incline la tête en arrière.

— Je croyais que c'était moi qui donnait les ordres, ce soir, Levi, dit-il à quelques centimètres de son oreille.

Levi prend une inspiration bruyante. Son érection frotte contre le bas de la veste d'Erwin.

— Je suis à toi, gémit-il.

— Tout à moi ? Ta bouche, ta queue, ton cul ?

— Tout à toi, répète docilement Levi.

Il veut remettre son plaisir entre ses mains. Erwin est la seule personne sur terre en qui il ait suffisamment confiance pour le faire.

— Je vais t'attacher pour que tu restes bien sage, lui dit Erwin d'un ton qui ne laisse pas place à la contradiction.

Levi répond par un petit gémissement.

— Ensuite, je vais te bander les yeux, pour que tu ne te concentres sur rien d'autre que mes lèvres autour de ta queue, c'est compris ?

Le cœur de Levi bat si fort qu'il a peur que sa cage thoracique explose.

— Je t'ai posé une question.

— Oui, chéri.

— Bien. Sors ma queue de mon pantalon, comme tout à l'heure. C'était très bien, Levi, tu m'as très bien sucé. Tu mérites une récompense. Tr… très bien. Écarte un peu plus les jambes pour moi. Voilà. Est-ce que tu sens comme tu m'excites ?

Leurs queues frottent l'une contre l'autre. Ce degré d'intimité, alors qu'Erwin n'a même pas encore retiré sa veste d'uniforme, envoie des frissons dans tout le corps de Levi. Il glisse les doigts dans les cheveux de son compagnon.

— Tss, non, le réprimande aussitôt Erwin. Montre-moi ta paume.

Levi obéit et Erwin crache dedans.

— Maintenant, prends nos queues. On va voir si ta petite main peut s'enrouler autour.

Levi glisse la main entre leurs corps et saisit leurs deux queues. Ils sont aussi durs l'un que l'autre, aussi excités l'un que l'autre. Erwin grogne de plaisir, un grondement sourd qui fait vibrer ses lèvres contre la peau de Levi.

Levi essaye d'embrasser Erwin, tandis que celui-ci semble décidé à le dévorer. Il dépose des baisers voraces sur son cou et sur ses clavicules, des suçons qui laisseront probablement des marques pendant plusieurs jours. Il pince doucement le lobe de son oreille entre ses dents. Levi gémit, gesticule sous lui, se pâme. Il veut plus.

— Levi, mon amour. Laisse-toi faire.

— Erwin…

— Chhh. Laisse-moi prendre soin de toi.

Mais Levi s'agite. Alors qu'il essaye de baisser la garde pour s'abandonner à Erwin, ses mécanismes de défense cèdent d'un coup et tout le stress qu'il a enfoui au cours des dernières semaines déferle sur lui. Il est soudain pris de la peur irrationnelle que tout s'arrête, qu'Erwin le quitte, qu'il disparaisse… Il suffoque. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Une angoisse profonde se répand dans tout son corps.

Erwin est un peu déstabilisé.

— Levi ? Mon cœur, qu'est-ce qu'il se passe ? demande-t-il d'une voix très basse.

Levi lutte pour reprendre le contrôle de sa respiration. Il se sent horriblement vulnérable, horriblement dépendant, horriblement fragile.

Erwin bascule sur le côté et l'enferme dans une étreinte solide. Il expire longuement à chaque respiration pour que Levi s'aligne sur les mouvements de sa poitrine. Il ne dit rien, mais son corps ferme et rassurant apaise peu à peu Levi. Celui-ci tente de retrouver l'usage de la parole.

— C'est juste… c'est juste que je t'aime tellement, je…

Sa voix s'étrangle.

— Tu… tu restes avec moi, hein ?

— Je ne bouge pas d'ici.

— Tu vas prendre soin de moi ?

— Abandonne-moi tes peurs, Levi, et laisse-moi les transformer en plaisir.

Levi obéit. Il remet ses peurs entre les mains d'Erwin pour qu'il l'en soulage.

Il ferme les yeux et se laisse guider par ses sensations. Erwin reprend sa place sur lui. Levi tente une nouvelle fois de glisser ses mains dans ses cheveux. Cette fois, son compagnon le laisse faire, et Levi accompagne sa tête pendant qu'il l'embrasse pour dissiper la tension dans son corps.

Avec des doigts tremblants, il détache la corde – la fourragère, se corrige-t-il en silence – qu'Erwin porte sur la poitrine et la pose sur le matelas. L'anticipation fait battre son cœur à tout rompre. Puis il défait un par un ses boutons. Erwin le regarde faire, attentif. Levi entrouvre sa veste, glisse ses mains contre son ventre et agrippe ses hanches.

— Baise-moi.

Erwin lui attrape les poignets et les lui bloque au-dessus de la tête, les genoux de chaque côté de ses hanches.

— Ne sois pas impatient, Levi.

Il le domine de toute sa stature impressionnante. Levi se sent tout petit, et il se sent protégé. Erwin prend soin de lui. Il a entièrement confiance en lui. Erwin est fort, beaucoup plus fort que lui, et il le domine et… oh !

Les lèvres humides d'Erwin se ferment sur l'un de ses tétons. Levi se cambre contre sa bouche. Erwin le suce, le mordille, joue avec lui. Levi gémit.

— Chhh, lui dit Erwin pour l'apaiser.

Il a tellement envie de lui qu'il va s'embraser. Il veut le sentir en lui. Il veut qu'il le remplisse. Que chacun de ses mouvements déclenche une onde de plaisir.

— Tu veux que je t'attache ? demande Erwin.

La pointe de sa langue joue avec son téton. Levi hoche frénétiquement la tête.

— Et que je te bande les yeux ?

— Oui ! S'il te plaît !

— Et après ça, ton petit cul va prendre docilement ma queue ?

Levi gémit une réponse inintelligible.

— Est-ce que tu penses que tu pourras la prendre sans préparation ? Si je vais doucement. Si je te la mets centimètre… par centimètre… par centimètre…

Il suce délicatement son téton entre chaque mot. Levi n'arrive plus à respirer.

— …jusqu'à ce que tu sois tout dilaté autour de moi, hmm ? Imagine ma queue en toi, Levi. En train de te remplir.

Les hanches de Levi se balancent doucement contre celles d'Erwin.

— Tu vas te baiser sur moi jusqu'à me faire jouir, d'accord ? Je veux que tu me sentes me vider en toi. Et quand je me retirerai, tu sentiras mon sperme qui coule de toi. Je pourrai te lécher pour te nettoyer, si tu veux.

Levi va perdre les dernières bribes de lucidité que son esprit possède encore. Son érection est tellement tendue qu'il en a mal.

— Est-ce que tout ça te convient ? Dis-moi, mon amour, mon Levi. Tu es prêt à faire tout ça pour moi ?

— Oui ! s'écrie Levi.

— Tu vas être tout docile et obéissant pour moi ?

— Oui ! C'est promis, Erwin, c'est promis !

— Pourquoi ?

— P-parce que je suis à toi. Je te laisse mon corps, prends-moi, fais-en ce que tu veux ! Mais par pitié fais-moi jouir, je t'en supplie ! J'en ai tellement besoin, je… je…

Erwin lui coupe la parole, le souffle, et toute pensée rationnelle en l'embrassant. Il plonge sa langue dans sa bouche comme si elle lui appartenait. Il lui monte dessus, fait peser le poids de son corps sur lui, lui montre qu'il le domine. Levi l'accepte et se soumet.

Un fois qu'il est certain que Levi a bien compris ce qu'il attend de lui, Erwin s'agenouille sur le matelas et lui demande de joindre ses mains. Il passe sa fourragère autour et lui noue étroitement les poignets. Levi le regarde faire, soudain dubitatif.

— Comment est-ce que tu y arrives aussi facilement avec une seule main ? demande-t-il.

Il sait qu'il rompt la sensualité du moment, mais il est sincèrement ébahi. Erwin grimace.

— Je me suis entraîné.

— Tu… quoi ?

Ils échangent un regard et éclatent tous les deux de rire. Levi imagine Erwin en train de s'entraîner seul dans son bureau pour trouver la meilleure manière d'attacher son capitaine au lit. Il a du mal à respirer. Il en pleure de rire. Erwin cède à sa propre hilarité et cache son visage dans le creux de son cou. Levi passe ses mains liées sur ses épaules et le maintient contre lui. Il est fou de cet homme, et son rire… son rire fait s'évaporer les dernières ombres d'inquiétudes en lui.

— Embrasse-moi.

Erwin l'embrasse, puis lui noue un bandeau autour des yeux, Levi est presque contrarié de devoir se priver de le regarder. Il se laisse aller en arrière sur les oreillers et prend une profonde inspiration d'anticipation.

Les lèvres d'Erwin se posent sur les siennes, délicatement, comme pour imprimer leur empreinte. Elles descendent le long de sa mâchoire, disparaissent – Levi gémit – puis réapparaissent sur son pectoral. Elles descendent ensuite le long de son flanc droit en déclenchant un frisson qui lui parcourt tout le corps, puis ralentissent au niveau de sa hanche. Erwin lâche un petit rire. Levi se rend compte qu'il écarte spontanément les cuisses. Erwin explore son nombril avec le bout de sa langue, puis suçote doucement la traînée de poils qui descend jusqu'à son entrejambe.

— Erwin… gémit-il.

Erwin décolle ses lèvres de sa peau et Levi n'ose pas en dire plus. Il n'ose pas lui donner d'ordre. C'est Erwin qui décide ce qu'il veut faire de lui, et s'il veut le faire languir pendant encore des heures, il ne pourra rien faire d'autre que gémir sa frustration.

Mais Erwin semble aussi impatient que lui, même s'il s'évertue à le dissimuler. Il enfouit son nez dans les poils à la base de sexe de Levi et inspire son odeur. Il soupire, et son souffle caresse sa peau sensible, proche, si proche de…

Erwin saisit sa queue, pose ses lèvres sur l'extrémité, et tout le corps de Levi se tend.

— A-Attends ! exhale Levi.

Erwin se fige autour de lui, et Levi se concentre pour faire redescendre son excitation. La bouche d'Erwin. Depuis le début, son arme la plus redoutable. Sa bouche pourrait soulever des empires, renverser des gouvernements et faire jouir Levi au bout de douze secondes comme un adolescent libidineux.

Il déglutit puis l'autorise d'une voix tremblante à reprendre. Erwin plonge d'un seul mouvement sur sa queue. Levi gémit de sentir ses lèvres si serrées autour de lui. Erwin le suce avec entrain. La pièce se remplit de ses petits bruits humides de succion et de ses grognements satisfaits. Toute l'attention de Levi est dirigée vers sa propre queue et les sensations que la bouche d'Erwin lui procure. Ses cuisses tremblent, et il doit faire un effort conscient pour ne pas les serrer autour de la tête de son compagnon.

C'est trop bon. Ses hanches accompagnent les mouvements de la bouche d'Erwin, si bien qu'il est obligé de lui poser la main sous le nombril pour l'empêcher de lui baiser la bouche.

— Si tu es incapable de tenir en place, je vais devoir arrêter, Levi.

— Non ! Continue à me sucer ! S'il te plaît ! Ta bouche me fait tellement de bien !

— Hmm…

— Remets-la dans ta bouche, s'il te plaît ! Reprends ma queue. Suce-moi !

Erwin dépose de longs baisers humides et traînants sur sa queue, mais il ne le reprend pas dans sa bouche. Levi pousse un grondement sourd. Mais il sait que c'est de sa faute. Il avait promis à Erwin qu'il se laisserait faire.

— Mets-toi à genoux, lui ordonne Erwin.

Levi l'entend se déshabiller. Il frissonne, un peu désorienté. Soudain, la main d'Erwin s'enroule autour de son poignet.

— Là, je suis là, Levi. Et ma queue est là. Tu la sens ?

Les doigts de Levi se referment autour de son sexe dur. Il le pompe lentement en attendant de recevoir plus d'instructions. Erwin est allongé sur le dos au milieu du lit.

— C'est bien, continue. Caresse-moi. Tu sens comme je suis dur ? C'est ton corps, Levi, qui me fait cet effet. Si tu pouvais te voir… ta queue est encore toute humide de ma salive.

Levi frissonne encore. Erwin pose une main possessive sur sa nuque et la descend le long de sa colonne. Puis il glisse un doigt entre ses fesses et le caresse avec négligence.

— Est-ce que ton cul est prêt pour moi ?

Levi croit l'entendre manipuler la bouteille de lubrifiant. Son cœur bat à tout rompre dans sa poitrine. Oui, il est prêt. Il sera toujours prêt pour Erwin.

— Bien, enfourche-moi. Tss non, dans l'autre sens.

À tâtons, Levi passe un genou au-dessus de ses hanches et s'assoit sur ses cuisses, dos à lui. Il peut sentir son érection qui appuie contre ses fesses.

— J'ai une vue imprenable sur son cul, commente Erwin en lui caressant affectueusement la nuque.

Sa main est humide de lubrifiant.

— Tu vas t'enfoncer sur ma queue, d'accord ?

— Ou-oui... balbutie Levi.

— Tu vas la prendre gentiment. Ah, Levi, j'ai si hâte de te sentir te serrer autour de moi... Recule un peu, soulève les hanches… voilà. Attends une seconde…

Il aligne sa queue avec Levi. Il peut en sentir l'extrémité caresser sa peau sensible. Il retient son souffle. Ses cuisses tremblent déjà sous l'effort.

— Très bien… Maintenant descends… à ton rythme.

Le souffle de Levi se coupe dans sa gorge quand la queue d'Erwin s'introduit en lui et le dilate. Il gémit. Il halète. La sensation est un peu désagréable au début, mais il s'adapte vite, comme à chaque fois. Son corps connaît celui d'Erwin par cœur. Son compagnon pose la main sur sa hanche. La pulpe de ses doigts s'enfonce dans la peau de Levi.

Erwin est dur, et épais, et chaud. Levi se contracte autour de lui et lui arrache une inspiration saccadée.

— Tout va bien ? demande Erwin à voix basse.

— Oui…

— Si tu voyais le spectacle que tu es en train de m'offrir, grogne son compagnon.

— Ça te plaît ? halète Levi.

— Oui, mais je suis sûr que tu peux la prendre plus profond. Prends tout ce que tu peux.

— Je peux la prendre en entier, gémit Levi.

La main d'Erwin se crispe sur sa hanche.

— Alors fais-le. Prends toute ma queue et baise toi dessus. Ne te concentre sur rien d'autre. Voilà, comme ça. Encore. Je veux entendre tes jolis petits gémissements, Levi. Je veux que tout l'immeuble les entende. Que tout le monde sache que tu es en train de te baiser sur moi.

Levi prend tout Erwin en lui. Il s'accorde une minute pour s'adapter, la tête penchée en avant, le souffle court. Puis il appuie ses mains liées sur les cuisses d'Erwin, soulève ses hanches et commence de petits mouvements de va-et-vient. La queue d'Erwin se retire puis s'enfonce en lui à un rythme régulier. La sensation qu'elle lui procure se répand dans tout son corps. Levi est fort, il est l'agent le plus fort de la brigade, le plus fort de toute la police, et il est en train de se désagréger autour de la queue de son commandant.

Erwin pousse un râle sonore.

— C'est bien, Levi, mon chéri… Continue. Je veux entendre le son de ton petit cul qui claque contre mes cuisses. C'est très bien… Tu es magnifique… Continue… continue à prendre ma queue en toi.

Levi redouble d'efforts. Il veut vraiment faire du bien à Erwin. Il veut lui rendre le plaisir qu'il lui procure. La queue d'Erwin s'enfonce en lui et chaque frottement déclenche une vague de plaisir. Il change d'angle et bascule la tête en arrière, les lèvres entrouvertes.

— Je vois que tu connais parfaitement ton corps, Levi, et que tu sais exactement comment te faire jouir. Profite de moi, mon amour, prends tout ce que je peux te donner.

Les cuisses de Levi tremblent sous l'effort. Ses cheveux lui collent au front. Et pourtant, il continue. Il ne peut plus s'arrêter. Il le veut, il le veut, il…

— Erwin… baise-moi, supplie-t-il.

Erwin pose la main sur la chute de ses reins et commence à bouger les hanches pour accompagner ses mouvements. Il pousse de petits grognements de satisfaction chaque fois qu'il voit sa queue disparaître en Levi. Levi répond par un long gémissement qui sursaute à chacun de ses coup de rein.

— Plus fort… plus fort… halète Levi.

Erwin accélère encore. Levi essuie la sueur qui perle sur son front. Il a soudain envie des lèvres d'Erwin. Du contact intime de son torse contre le sien. Il sait qu'il n'est pas en position d'avoir des exigences, mais il ne peut pas s'empêcher de réclamer.

— Erwin… embrasse-moi !

Erwin le pousse pour qu'il se retire de sa queue. D'un seul geste, il le retourne sur le dos, lui écarte les jambes et l'enfile à nouveau. Levi pousse un cri de surprise et de plaisir. Erwin le fait taire avec un baiser vorace. Levi passe ses mains liées autour de son cou. Leurs torses dégoulinants de sueur se collent l'un contre l'autre. Erwin le baise vigoureusement, et il sent sa queue qui martèle en lui, ses muscles qui se contractent contre sa peau, son souffle qui caresse son visage, l'odeur de sa sueur qui envahit ses narines.

— Erwin ! Putain, continue !

Il se met à crier. Il crie le plaisir qu'il lui procure, le bonheur de l'avoir en lui, l'amour qu'il ressent. Puis son extase lui monte à la tête et il perd ses mots. Il pousse de petits cris étranglés. Il va jouir. Il sait à peine où il se trouve. Il ne sait plus rien d'autre qu'Erwin, Erwin sur lui, Erwin contre lui, Erwin en lui.

Le bandeau lui tombe des yeux sous la puissance des coups de rein de son compagnon. Levi est aveuglé pendant une seconde, puis il distingue les contours de la silhouette d'Erwin sur lui. Il ferme les yeux quand son compagnon enfonce à nouveau sa langue dans sa bouche. Il le possède complètement.

Puis, hors d'haleine, Erwin ralentit le mouvement de ses hanches pour pouvoir lui murmurer à l'oreille.

— Tu es magnifique. Ton… ton corps est sublime. Je…

Levi bascule la tête en arrière et se cambre.

— Je… Je… Levi, je...

Erwin ne trouve plus ses mots, mais Levi sait très bien ce qu'il veut dire. Il le ressent dans chacun de ses mouvements, dans chacune de ses caresses, dans chacun de ses souffles.

Il jouit. Il se libère entre leurs ventres avec un grand cri de jouissance. Un éclair aveuglant lui fend le crâne. Son corps se crispe violemment, puis il s'écroule sur le matelas, un filet de bave à la commissure de ses lèvres.

Tout son corps est parcouru de spasmes.

— Chhh…

— Gnh, gémit Levi.

Les mouvements des hanches d'Erwin sont de plus en plus erratiques. Il pousse un grondement sourd, sauvage, bestial. Levi ne sait plus qui il est. Il ne peut plus former la moindre pensée cohérente. Il ne sent plus rien d'autre qu'Erwin qui l'écrase dans le matelas et qui le possède sauvagement.

Ils sont couverts de sueur, la leur, celle de l'autre. Levi se répand en gémissements. Il entend à peine la respiration rauque d'Erwin, les grincements plaintifs du lit et le son humide de leurs peaux qui claquent l'une contre l'autre. Tous ses sens sont décuplés par son orgasme.

Erwin accélère encore, pousse un grognement sonore et jouit en lui. Il s'écroule sur lui et reste là, haletant, sonné.

Levi se laisse bercer par les vagues de plaisir. Erwin est à bout de souffle. Tout le poids de son corps pèse sur sa poitrine.

Ils mettent tous les deux du temps à sortir de leur hébétude. Levi caresse machinalement la peau glissante de sueur d'Erwin. Ni l'un ni l'autre ne veut briser le silence confortable qui emplit la pièce. C'est finalement Erwin qui parle le premier, d'une voix si douce qu'elle tire à peine Levi de son cocon.

— Tout va bien ?

— Gnnh.

Erwin rit doucement.

— Est-ce que tu veux… te laver ?

Non, Levi n'en a pas envie. Il veut encore faire l'amour. Il… il va se remettre, il va récupérer un peu, et il veut qu'Erwin le prenne à nouveau.

— 'core, parvient-il à articuler.

— Encore ? Tss, Levi. Regarde dans quel état tu es.

— 'win.

— Chh, pouffe Erwin.

Il l'embrasse gentiment. Levi essaye de bouger et il est obligé de se rendre à l'évidence. Il n'est pas en état pour remettre ça. Il n'est même pas en état pour faire semblant d'être un être humain fonctionnel. Il est épuisé, vidé de toute énergie. Mais aussi de toute angoisse. Il nage dans une béatitude qui frise le ridicule.

Il est en train de s'endormir quand Erwin roule sur le côté pour le libérer de son poids. Il va chercher une serviette et le nettoie de la tête aux pieds. Il commence par essuyer délicatement la sueur de son visage, puis son cou, puis son torse et son dos. Il lave ensuite son sexe encore poisseux de son orgasme. Levi grimace quand il passe la serviette entre ses fesses.

— Je te fais mal ? demande Erwin en adoucissant encore ses gestes.

— Nan, ment Levi.

Il écarte les jambes pour lui donner un meilleur accès.

Une fois qu'il a terminé, Levi réunit le peu de forces qu'il lui reste pour ramper sous la couverture. Erwin va se laver, et la chaleur de son corps lui manque atrocement, mais quand il revient il sent le savon et le propre, et le rassurant. Ils se blottissent aussitôt l'un contre l'autre dans les draps réchauffés par Levi.

Dans l'intimité de leur lit, Erwin lui murmure doucement à l'oreille. Levi ne comprend pas vraiment le sens de ce qu'il dit, mais la mélodie de sa voix lui procure un tel sentiment de bien-être qu'il s'en contente. Plus que jamais, il se sent aimé.

Avant de s'endormir dans les bras de la personne qu'il aime le plus au monde, il pense à Gabi. Quand ils rentreront de la mission, Levi parlera à Erwin de l'adopter.