Disclaimer : Pas à moi.
Note : Merci pour vos gentilles reviews. Merci à Hel de me menacer de me kidnapper car elle veut la suite, merci à Dobby et à Stphanie Dufour pour vos gentilles reviews, et à la guest à laquelle je ne peux pas répondre en privé mais qui m'a laissée beaucoup de reviews adorables ! Merci à vous toutes !
Bonne lecture.
Innamoramento
Chapitre I : Danza delle ore
Quelques mois après la guerre
Harry avait l'air épuisé.
Ses cernes sous les yeux faisaient peur à voir, ses cheveux n'avaient jamais été aussi décoiffés, sa barbe naissante n'arrangeait rien.
Mais il souriait posément, en dépit de tout, la main qui serrait son verre sûre et stable.
En croisant son regard, Hermione haussa un sourcil amusé. Bien sûr que ce n'était qu'une énième interview pour un magazine populaire. Il était pourtant capital que Harry exprime ses idées, son avis, sa position sur les dernières initiatives du gouvernement, sur le traitement des Mangemorts, sur la réouverture de Poudlard…
Les procès continuaient sans discourir, les amendes pleuvaient, des « réparations » qui avaient bon dos quand le ministère lui-même avait persécuté les Nés-Moldus... Et rien sur le reste. Comme si on divertissait le peuple pendant que les vraies décisions étaient prises dans l'ombre, à l'écart des guerriers, des survivants, des rescapés.
Aussi, sur les conseils de Hermione, Harry enchaînait les rendez-vous, alors qu'il n'avait qu'une envie : dormir tout son soûl après ces mois de cavale, sa mort, son combat final.
Mais il fallait mieux que ce soit Hermione qui l'accapare plutôt que les vautours du Ministère : ils étaient tous deux d'accord sur ce point. Alors Harry acceptait sans broncher.
S'étaient-ils battus pour un monde pareil ?
Le rictus au coin de la bouche de son meilleur ami laissait penser que non, ce n'avait jamais été le cas. Et pourtant… Ils étaient bien là, à écouter la journaliste inconnue vanter les mérites de tel ministre ou la vaillance de Harry face à Voldemort.
Hermione haussa les épaules alors qu'il l'interrogeait du regard sur une énième question peu opportune : la vie amoureuse de Harry était un infime détail vu ce qui se tramait actuellement dans les coulisses du pouvoir politique.
Hochant subrepticement la tête, il humecta ses lèvres avant de dévier la conversation comme lui et son amie avaient convenu de le faire :
« Mais surtout, ces histoires de lois pour obliger les familles à se marier, ça me paraît insensé. »
La journaliste, une jeune fraîchement sortie de Poudlard, deux ans avant eux sans doute, s'immobilisa sous la surprise.
« Monsieur Potter ? »
Avec un charmant sourire, Harry fit glisser son doigt le long de son verre d'un geste à la lenteur calculée.
« Vous seriez d'accord, vous, si on vous imposait un mariage avec une personne que vous ne connaissez pas ? Que vous n'aimez pas ? Alors même que vous pouvez enfin être libre des croyances, des jugements, du regard que colportaient les familles de l'ombre… »
Il releva son visage vers la jeune blonde, allumant quelques lumières dans ses yeux verts.
« Sommes-nous mieux que nos oppresseurs si nous nous rabaissons à leur niveau ?
- Je… »
Plume à la main, la jeune femme cilla à plusieurs reprises avant de répondre doucement au charmant sourire que lui lançait Harry.
« Vous êtes donc contre ces bruits de couloirs, Monsieur Potter ?
- Appelez-moi Harry, Joyce, susurra-t-il. Et oui, je suis contre tout ce qui porte atteinte à nos libertés individuelles. Échanger un tyran pour une société despotique ne me convient pas. »
Hermione se mordit la lèvre pour ne pas sourire en voyant la journaliste se pencher vers elle. Gagné.
« Pensez-vous de même, miss Granger ? »
C'était dans la poche.
Il soupira en portant sa tasse à ses lèvres.
« On monte l'opinion publique contre ce projet de loi, d'accord. Mais tu vois bien qu'ils ne reculent pas... Ces idiots ! »
Ron tapa du poing sur la table de la cuisine du Square Grimmaurd, l'air excédé.
« J'en ai assez, on ne va pas nous obliger à nous marier aussi jeune, surtout que même pour échapper à un mariage arbitraire et imposé, on ne peut pas... »
Sa voix mourut dans sa gorge, chacun regardant ailleurs face à ses mots qui pesaient sur leurs décisions quotidiennes. Ginny finit par poser sa main sur son épaule, en signe de réconfort :
« Kingsley fait traîner les choses, leur met des bâtons dans les roues, mais il faut que vous acceptiez son offre de rejoindre le Ministère, je pense..."
Ron et Harry partagèrent un regard, un sourire fatigué, résigné. Ils avaient toujours voulu être Auror, mais cette entrée au Ministère avait un goût amer. De défaite. Alors même qu'ils étaient ceux qui avaient vaincu.
Avalant une gorgée de son thé brûlant, Hermione hésita avant de prendre la parole. Ils devaient savoir, s'en douter – mais ne valait-il pas mieux qu'elle évoque sa décision ? Qui pourrait sembler égoïste, mais qui était sienne, qui serait sienne, qui était le cadeau qu'elle s'accordait après avoir tout fait comme il fallait ; elle avait sauvé les siens, sa famille, ses amis, sa communauté. Ne pouvait-elle pas avoir ça, juste ça ?
« Je suis censée... retourner à Poudlard. »
Tous se tournèrent vers elle. Mais ce fut Ginny qui répondit, lèvres serrées.
« On s'y attendait, mais es-tu sûre de vouloir partir maintenant ? Malgré les conditions actuelles ? »
Ses boucles ondulèrent autour de son visage quand Hermione acquiesça vigoureusement. Juste ça. Elle ne demandait que ça.
« J'en ai parlé avec McGonagall : elle aura besoin de toute l'aide nécessaire. J'aiderai autrement, on ne sera pas trop de deux pour prévenir et rallier les concernés, Ginny. »
La jeune fille eut un regard sombre avant de sourire tristement.
« Quelle joie... Encore une année compliquée... Si j'avais pu aller au Ministère, j'avoue que... »
Hermione soupira, avalant lentement sa breuvage. Toujours boire avant les mots difficiles, sa mère le lui avait assez répété.
« Si je dois quitter Poudlard pour rentrer au Ministère en cours d'année, je le ferai. Mais je suis sûre que Harry et Ron se débrouilleront très bien. »
Elle jeta un regard convaincu à ses meilleurs amis. Fière d'eux et des efforts qu'ils faisaient aujourd'hui, face à l'urgence de réagir pour changer leur monde, à nouveau en proie à de mauvaises décisions, quand bien mêmes celles-ci étaient bien intentionnées.
« La loi ne passera pas, Harry. »
Il hocha la tête, peu confiant, à mille lieux du personnage, du rôle qu'il avait campé à la perfection quelques heures plus tôt pour les lectrices du périodique.
Du coin de l'œil, Hermione vit Ginny se mordre la lèvre, prête à le toucher en signe de soutien, avant de se raviser, raide et droite sur sa chaise.
Son cœur se serra, mais leurs déboires amoureux attendraient, tout comme leur éducation avait attendu l'année dernière. Car l'heure était aux choses sérieuses, importantes. Toute idée d'entretenir une quelconque relation avait été chassée, oubliée, balayée dès que la rumeur de mariages arrangés obligatoires, imposés par le Ministère, entre héritiers des Vingt-huit sacrés et Nés-Moldus était apparue. A quoi bon s'aimer si on devait se quitter contre son gré ? A quoi bon faire des promesses si elles devaient être brisées ? A quoi bon ? Etait-ce pour ce monde qu'ils s'étaient battu ?
Hermione redressa sa nuque, s'empêchant de regarder Ron. Plus tard, plus tard... Quand tout irait mieux, quand tout serait réparé, peut-être auraient-ils une chance. Ginny et Harry. Elle et Ron.
Elle l'espérait. De tout cœur, elle espérait.
