Disclaimer : Pas à moi.

Note : Merci pour vos gentilles reviews. J'ai été malade le week-end dernier, et j'ai eu quelques ratés de box hier, donc ce chapitre arrive en fin de week-end. Si j'en trouve le temps, vous aurez la suite mercredi, sinon le week-end prochain ! ;) Et bien sûr, merci à Hel et merci à Dobby !

Bonne lecture.


Chapitre III : L'uccello di fuoco

Les annales et les coupures de journaux soigneusement classés par ordre chronologique sous le bras, elle allongea le pas. Si elle n'était pas en place pour l'intercepter, Hermione ne savait pas quand elle en aurait de nouveau l'occasion.

Elle ne doutait pas de la folie de son entreprise : son idée fulgurante pouvait bien s'avérer être un coup de grâce, mais elle se devait de tenter. Ça pouvait marcher. Ça le pouvait... Et si ça marchait, si son plan fonctionnait : ils seraient tous sauvés.

« Que fais-tu là ? »

La voix sonna avec suspicion, la faisant sursauter. Alors qu'elle se rendait compte qu'elle ne lui avait jamais vraiment parlé en sept ans de scolarité, elle regretta cette mascarade intense à laquelle ils se livraient tous depuis des années. Il fallait que tout cela change. Elle releva la tête vers le visage qui la contemplait attentivement, les yeux verts soupçonneux, tandis qu'elle prenait son courage à deux mains.

« J'attends Malefoy. »

Son regard se rétrécissant, il l'observa avec froideur.

« Et qu'est-ce que tu lui veux à Malefoy ? »

Elle ramena l'anse de son sac sur son épaule, ne se laissant pas démonter par les sourcils froncés du jeune homme.

« J'ai une proposition pour lui. »

Il croisa ses bras sur son torse, la toisant de sa hauteur :

« Et qui te dit que Malefoy aura envie d'entendre ta proposition ? »

Hermione soupira, dire que ce n'était que la première étape, elle n'était pas rendue à sa cause.

« Il n'y a que lui pour m'en faire part. »

Theodore Nott sembla soupeser ses propos quelques instants encore avant de tourner les talons.

« Très bien. Je vais le chercher. »

Essuyant ses paumes moites sur ses cuisses, Hermione tâcha de reprendre contenance : elle savait qu'elle devait avoir l'air sûre d'elle si elle voulait convaincre, car aucun Serpentard ne lui laisserait le bénéfice du doute. Son idée sonnait étonnamment hardie, mais Hermione n'avait pas peur d'être téméraire : c'était souvent en osant prendre des voies différentes qu'on pouvait se sortir de certaines impasses. Et le temps filant à une vitesse vertigineuse, ils n'avaient plus le luxe de tergiverser.

Elle inspira lentement en priant intérieurement. Si elle réussissait à le convaincre, si seulement elle y arrivait... En vérité, elle n'avait aucune idée de comment son idée serait accueillie.

Malefoy semblait être invisible depuis cette rentrée. Dans les lieux communs il passait toujours très rapidement, ou demeurait absent. Si Lavande mettait un point d'honneur à prendre tous ses repas dans la grande salle, comme pour mieux affronter le lieu où elle s'était retrouvée victime, ce n'était pas le cas du jeune homme. Il apparaissait avant chaque cours et disparaissait à la fin de celui-ci aussi vite que possible.

Hermione se doutait que s'il avait eu le choix il ne serait pas revenu à Poudlard : comme pour beaucoup de ses camarades, le Ministère avait décidé de leur retour au château. Était-ce une façon de les occuper, de les divertir avec des cours, pendant que quelques politiques, plus ou moins bien intentionnés, choisissaient pour eux leur futur ? De plus, Hermione se doutait aussi que Malefoy avait un statut particulier suite au mensonge de sa mère : ni héros, ni traître, dans quelle catégorie rangeait-on désormais sa famille ? Était-ce pour cela qu'il se cachait tant ? Et cela contribuait au fait qu'il avait toutes les raisons du monde de l'envoyer balader. Mais Hermione était prête : elle était déterminée, parée à toutes les éventualités, quitte à affronter ses moqueries. Peu importe, face à la possibilité qu'il dise oui, elle pouvait mettre son ego de côté.

Armée de sa patience, de tout son courage, de l'espoir qui battait dans sa poitrine, elle releva les yeux au son des pas qui s'arrêtèrent à quelques mètres d'elle.

« Granger. »

Elle le salua d'un bref hochement de tête.

« Malefoy. »

Il ne bougeait pas, attendant sûrement qu'elle se décide à lui expliquer la raison de sa présence. Comment l'avait-elle retrouvé devant cette salle où il étudiait avec ses pairs, caché des autres élèves ? Pourquoi lui, qui se faisait si discret dans le château ?

Hermione avala sa salive avant de se lancer :

« J'aimerais te parler. »

Il eut un rictus amusé.

« Je te suis. »

Elle avança jusqu'à la porte d'une salle de cours vide, résignée à se ridiculiser devant son camarade. Il referma doucement derrière lui tandis qu'elle jetait un sortilège pour s'assurer que la conversation demeurerait privée.

« De quoi veux-tu me parler ? »

Hermione lui tendit un parchemin qu'elle avait soigneusement recouvert de son écriture nette.

« Voici tout ce que j'ai pu trouver sur les mariages, les contrats de mariage, et les rares cas où le Ministère peut intervenir pour modifier la constitution. »

Haussant un sourcil, Malefoy attrapa du bout des doigts le document, l'air interdit.

« Et tu m'en parles parce que...? »

Mordant ses lèvres, Hermione leva son regard décidé vers lui.

« Parce que tu es toi aussi concerné par la folie actuelle. »

Il eut un soupir moqueur.

« Granger, loin de moi l'idée de vouloir te contredire, mais... »

Il grimaça, fronçant du nez comme si une odeur déplaisante envahissait ses sens.

« Je ne pense pas avoir beaucoup de poids face à ce quoi que ce soit, actuellement... »

Ses yeux lançaient des éclairs, manquant de la faire reculer par leur intensité. Mais elle se devait de tenir bon, de lui tenir tête, si elle voulait exécuter son plan.

Cherchant en elle les tréfonds d'orgueil qu'elle avait entendu sa tante utiliser, celle qui était persuadée que leur famille méritait la lune, elle tenta d'utiliser le même ton de voix qu'elle avait toujours abhorré mais qui semblait aujourd'hui si nécessaire.

« En effet, mais j'ai du poids, moi. »

Aux grands maux les grands remèdes ; tant pis si elle frisait l'impertinence avec des propos emplis d'orgueil, il lui fallait continuer sur sa lancée pour convaincre son interlocuteur.

« Et je pense qu'en nous alliant l'un à l'autre, nous pourrions faire reculer cette loi rétrograde. »

La fixant comme s'il ne l'avait encore jamais vue, Malefoy resta la bouche béante quelques secondes avant de se ressaisir.

« Je... Je pense que tu sous-estimes le Ministère. »

Elle eut un petit rire alors qu'elle rangeait le parchemin dans son sac.

« Je vais finir par croire que tu tiens à épouser une Née-Moldue, Malefoy. »

Il fronça les sourcils, une moue se dessinant sur son visage.

« Ne dis pas de sottises. »

Elle croisa les bras sur sa poitrine, décidée coûte que coûte à le faire changer d'avis.

« Alors accepte de m'aider. Avec ton nom associé au mien, nous avons une chance de faire changer les choses. »

Son regard orageux rencontra le sien, hésitant. Hermione croisa les doigts dans son dos. C'était un pari, un superbe coup de poker qu'elle jouait là. En fonction de sa réponse, tout pouvait marcher ou s'effondrer en mille morceaux : son idée, ses plans sur la comète, et tous ses espoirs. Elle avait besoin de Malefoy. Il était l'élément décisif, l'excuse toute trouvée, le candidat parfait.

Si le petit merdeux qu'il avait été montrait qu'il s'était repenti, qu'il entretenait désormais des relations amicales, voire plus, avec des Gryffondors, des Nés-Moldus, avec elle : qui remettrait en cause l'abrogation de la loi ? Cette loi n'avait de sens que si les mentalités n'évoluaient pas. Mais si on leur montrait que la nouvelle génération avait changée, avait évoluée, avait modifié son comportement – cette loi se serait-elle pas caduque ?

« Quelle est ton idée, exactement ? »

Malefoy la fixait avec attention, prêt à rebuter son argumentation à la première hésitation, au premier impair de sa part. Hermione serra les poings.

« Soyons amis. »

Un ricanement échappa à Malefoy qui l'observa avec un sourire en coin. Mais Hermione ne se départissait pas de son regard sérieux, lèvres pincées.

« Non, tu es sérieuse ? »

Elle darda ses yeux chocolats sur lui, hochant la tête d'un air grave.

« Oui, et il faut y mettre du tien. Être crédible. »

Malefoy leva une main aux long doigts.

« Attends, attends... On doit être amis ou on doit sortir ensemble ? »

Hermione se mordit la bouche, embêtée. Il avait donc suivi son raisonnement. Il avait compris. Il fallait maintenant qu'il se range à son avis. Ou tout était perdu.

« Juste amis, pour l'instant. »

Il ricana à nouveau, un sourire lascif étirant ses joues.

« Tu aurais dû me prévenir, Granger, que tu voulais être une de mes conquêtes, pas besoin de... »

Elle leva sa baguette, menaçante.

« Termine cette phrase, et je t'assure que tu vas regretter cette pensée. »

Un rire lui échappa à nouveau, ses yeux brillants d'une lueur démente.

« Tu n'iras pas loin sans mon aide, Granger. Et mon aide vient avec mes commentaires déplacés. »

Relevant le menton, Hermione agrippa plus fermement sa baguette,

« Il va falloir que tu trouves d'autres termes pour cet arrangement, car tu risques de perdre ta langue très vite, alors. »

Son sourire retomba. Bien, il avait compris qu'elle ne plaisantait pas. Elle était désespérée, pas folle.

« Je te laisse réfléchir Malefoy. Mais si tu peux faire l'effort d'être bienséant, ce qui est en jeu est notre liberté, et donc l'abolition de cette loi. »

Elle posa un regard sérieux, inquisiteur sur lui.

« Même toi peux convenir que ça vaut le coup de prétendre être en bons termes avec la Sang-de-Bourbe la plus connue, non ? Réfléchis. Et dis-moi si tu te sens prêt à agir plutôt que de continuer à subir. »

Il haussa un sourcil alors qu'elle ouvrait la porte.

« Persuadée que je vais accepter, Granger ? »

Ne lui accordant pas plus d'attention, elle leva le sortilège d'insonorisation.

« Pour le bien de tous, je l'espère en tous cas. »

Sans lui laisser le loisir de répondre, elle tourna les talons avant de faire un geste qui risquait de contrecarrer le succès de son plan. Comme étrangler ce foutu Malefoy.