Disclaimer : Pas à moi.

Note : Merci pour vos adorables retours ! J'ai malheureusement pas eu le temps de poster ce week-end, mais voilà le chapitre, tout frais, tout beau ! On se retrouve en fin de semaine - ou lundi prochain, donc ! ;) Et bien sûr, merci à Black's Phoenix Dreams !

Les notifications de ffnet remarchent de mon côté, je vous invite donc à vérifier que vous êtes bien à jour niveau lecture avant d'entamer ce chapitre !

Note importante : On organise toujours des fest d'écriture sur HP, et il y a l'embarras du choix en ce moment : Fluffy Fest, Winter Fest et même Dark Fest ! Il reste encore du temps si vous voulez nous rejoindre ! Et même sans participer, si vous souhaitez échanger sur fics et fanarts, parler écriture, ou juste papoter : on a un discord très sympa ! Toutes les infos sont sur mon profil - et si ça ne marche pas, je suis dispo par MP, alors n'hésitez vraiment pas ! ;)

Bonne lecture.


Chapitre III : Il volo del calabrone

« Tu attends quelque chose ? »

La voix de Ginny sortit Hermione de sa rêverie ; elle n'avait pas tourné une seule page depuis quelques minutes, en effet.

« Une note importante ? Un courrier ? Une réponse pour un apprentissage ? »

Hermione referma son livre d'un geste sec, agacée par les questions.

« Qu'est-ce que tu as à te ronger les ongles comme ça, alors ? »

Elle observa Ginny, l'air irrité. Ne pouvait-elle donc pas réfléchir en paix ? Avec Harry et Ron, trop occupés à déblatérer Quidditch pour s'inquiéter de ses silences ou de ses absences, Hermione avait pris l'habitude de ces moments où personne ne s'occupait d'elle. Elle pouvait penser à loisir, sans être interrompue dans le flux de ses élucubrations.

C'était ainsi qu'elle avait pu planifier toutes les étapes de leur mission, la meilleure marche à suivre, le tout sans rien laisser au hasard. Et si Hermione avait confiance en quelque chose, c'était bien en sa capacité à raisonner : toutes ses réflexions, les milliers de petits détails qu'elle avait envisagé avaient contribués à les aider à gagner la guerre. A les sauver d'un danger pour mieux les mettre face à une nouvelle menace. S'ils avaient su...

Mais son cerveau serait-il suffisant aujourd'hui ? A nouveau, elle se retrouvait en position de devoir envisager toutes les probabilités, l'infinité des possibles, les opportunités et surtout, les alternatives éventuelles. Là où ses amis n'avaient pas forcément suivi toutes ses analyses, ses calculs, les divers risques qu'ils encourraient ; ce qui leur avait permis de n'écouter que leur courage, leur impétuosité face à Voldemort, elle en était persuadée, ce n'était de même avec Ginny. Perspicace, la jeune fille l'observait d'un œil acéré, à l'affût de toutes les données que son amie laisserait échapper.

Hermione entrouvrit les lèvres, prête à lui annoncer les rouages de son plan avant d'avaler sa salive, de refermer la bouche. Ginny était aussi concernée qu'elle. Devait-elle lui dire la vérité ? La mettre dans la confidence ?

Elle secoua la tête. Non la vraie question était autre : pouvait-elle lui avouer qu'elle pensait pactiser avec l'ennemi ? Que cela lui semblait la meilleure idée pour convaincre l'opinion publique et les vieux croûtons qui siégeaient au Ministère ? Qu'elle avait déjà approché Malefoy pour lui en faire la proposition ? Que disait l'adage ? Que si elle n'avait pu garder son secret, elle ne pourrait se plaindre si autrui le divulguait.

Il fallait donc mieux attendre. Attendre la réponse de leur ennemi commun, attendre que les choses s'améliorent, attendre de meilleurs auspices. Lui laisser le soin de croire encore.

« Je vais bien. Un peu de stress, j'imagine. »

Haussant les épaules, Ginny soupira après un long silence qui laissait entendre qu'elle n'était nullement dupe, mais qu'elle ne forcerait pas Hermione à s'expliquer. Au moins ça. Peut-être était-ce aussi bien d'avoir comme camarade la rouquine pour cette année, de se sentir exister, voire comprise... Le changement était-il forcément néfaste ?

« Il faudra bien apprendre à gérer autrement ton stress Hermione », finit-elle par dire, « tu devrais prendre un bain, tiens. »

La fille fronça le nez. Un bain ? Lire un bon livre dans le calme de son lit, oui, mais que pouvait bien un malheureux bain pour elle ?

Car malheureusement pour Hermione, s'immerger dans un texte, entre des lignes, se perdre dans des mots ou même apprendre par le biais de la lecture - tout ce qui avait trait à cette activité qu'elle avait toujours adoré ne lui procurait plus aucun plaisir dernièrement. Elle restait allongée, à fixer désespérément le plafond, à se demander si son futur mari la laisserait lire, s'il la déposséderait de son temps, de ses loisirs, de son argent... Ou toutes ces notions sur lesquelles les sorciers étaient tellement en retard. D'ailleurs, serait-elle obligée de lui donner un héritier dès la première année ou aurait-elle le luxe voire l'embarras du choix ?

Si autrefois le risque de mourir avait été omniprésent, aujourd'hui tout était différent. Car elle vivrait, ça oui, elle allait vivre, mais comment ? Quel serait son lot ? Et surtout, sur qui tomberait-elle ? Les choix semblaient arbitraires, mais l'étaient-ils réellement ?

Elle plissa des yeux, mordant ses lèvres. Ginny n'avait pas tort : il fallait qu'elle trouve un exutoire avant de devenir folle. Elle pouvait bien tenter un bain.

Se redressant, elle posa son livre sur la table, ramenant une mèche derrière son oreille.

« Tu as raison. Je vais préparer mes affaires. Je te retrouve pour le diner. »

Elle arriverait peut-être à se noyer, avec un peu de chance...

Ses pas la menèrent jusqu'au cinquième étage, sans trop qu'elle sache comment tant ses pensées tourbillonnaient. Elle avait conscience qu'elle marchait comme une coupable vers la potence, vers une sentence qui n'avait pas encore été prononcée, mais qu'elle craignait déjà chaque seconde qui la rapprochait de son inexorable futur. Pourtant elle ne se dirigeait que vers la salle de bains des préfets. Elle devait se ressaisir.

Une présence l'arrêta alors qu'elle approchait de la statue de Boris le Hagard.

Les cheveux légèrement mouillés, Malefoy refermait la porte derrière lui. Il s'arrêta en la voyant, la dévisageant avec surprise. Mais très vite, son visage reprit l'habituel masque de dédain qu'il lui accordait.

Avec morgue, il passa une main dans ses cheveux blonds, faisant tomber quelques gouttes qui brillèrent l'espace d'un instant sur sa nuque.

« Granger. »

Hermione se mordit les lèvres, cherchant une réponse adéquate. Elle ne tenait pas à le confronter aussi vite, encore moins aussi tôt. Avait-il seulement pris le temps de considérer sa proposition ? Pesé le pour et le contre, comme elle se doutait qu'il le ferait, une fois qu'il se rendrait compte qu'ils partageaient la même galère ? Allait-il l'envoyer paître ? Ou au contraire l'accuser de le suivre, de faire pression sur lui ?

Contre toute attente, il s'approcha lentement d'elle, tel un chasseur jaugeant sa proie.

« J'ai longuement mûri ton offre. Et je tiens à te répondre. »

Figée sur place, Hermione sentit ses entrailles se geler, noyant son espoir, abreuvant ses craintes, créant frayeur, rancœur, alarmant ses sens tandis qu'une tempête s'élevait dans son esprit. Tout était perdu, tout était fini, tout...

« Favorablement. »

Elle cligna une fois, deux, face au sourire moqueur qui découvrit ses dents.

Malefoy lui tendait la main, la fixant droit dans les yeux.

« Amis ? »

Hermione mordit ses lèvres, le cœur battant, avant de détourner son attention sur les murs du couloir.

Si elle acceptait, si elle acceptait… C'était tout ce qu'elle avait espérait, la solution providentielle tant attendue. Mais elle se doutait que ce ne serait pas aussi facile. Que Malefoy avait ses propres doléances. Et c'était celles-ci qui l'inquiétaient au plus haut point.

Car Hermione n'était pas bête : elle se doutait qu'il avait compris qu'elle était désespérée. Sinon aurait-elle jamais fait appel à lui ? Lui aurait-elle demandé de l'aide ?

Certainement pas.

Il savait donc qu'il avait les cartes en main. Allait-il utiliser cette donnée contre elle ?

Bien sûr, on parlait de Malefoy quand même. Comment allait-elle bien pouvoir le contrer ?

Son regard se perdit au loin, sur les montages, les vallées, la mer plus loin. Sur ce tableau qui décrivait l'ailleurs où elle ne pouvait plus aller, vers lequel elle ne pouvait plus fuir, sous prétexte de sauver le présent. Car c'était cela l'enjeu, elle devait mener bataille ici et maintenant, affronter avec logique, tactique les enjeux. Il n'était plus question de courage, de bravoure, d'ardeur ou d'impulsivité, tout ce qui incombait à ses meilleurs amis. La frénésie ne les aiderait en rien. Pas plus que l'amour, ou n'importe quels bons sentiments nobles. Pas cette fois.

« Granger. »

Il claqua de la langue avec agacement, tâchant de la ramener au présent, à sa poigne tendue.

« La proposition disparaîtra avec moi. »

Ses yeux rageurs brillaient quand enfin, elle tourna son visage vers le sien, avant qu'elle ne soit à nouveau engloutie par ses pensées.

« Plaît-il ? »

La foudroyant du regard, il la toisa de son air le plus hautain.

« Tu veux que nous soyons amis ? »

Elle hocha la tête. En effet, il fallait au moins envisager cela vu l'impasse dans laquelle ils se trouvaient actuellement.

« Voire plus en fonction des réactions ? »

Hermione ferma les yeux, étouffant l'angoisse qui l'étreignait. C'était son idée, pourtant. Raisonnable, puisqu'il faudrait au moins ça pour les préserver de la folie de cette loi de malheur.

La gorge serrée, elle acquiesça à nouveau. Ils étaient trop nombreux à être concernés pour qu'elle hésite.

Malefoy humecta ses lèvres, un rictus amusé s'étirant sur ses lèvres.

« Alors, écoute mes conditions. »