Disclaimer : Pas à moi.

Note : Merci pour vos adorables retours ! Bonne année à toutes et merci à Lucielct, Black's Phoenix Dreams et dobbymcl pour vos reviews ! Non, je n'ai pas eu le temps pour ma fic calendrier de l'Avent, mais on verra si j'en trouve le temps ce mois-ci. Et oui, ma surprise est encore en cours de création. ;)

Bonne lecture.


Chapitre VI : La cena delle beffe

« On reprend. »

Trainant des pieds, elle se releva avec l'enthousiasme du condamné envers sa potence.

« Est-ce réellement nécessaire ? Devons-nous vraiment recommencer ? »

Il eut un rictus amusé :

« Tu t'avoues vaincue, Granger ? »

Soupirant, elle reprit position au centre de la pièce, remettant une mèche rebelle en arrière. Malefoy s'avança vers elle, les mains tendues, un sourire goguenard rivé aux lèvres.

« Jamais, Malefoy.

- Alors, on reprend. Tu n'es pas prête. »

Hermione sentit monter la tentation de lui écraser le pied, de lui couper l'envie de la narguer avec ses traditions de petit snob héritier et ses commentaires digne du siècle dernier. Était-cela la vie des filles de Serpentard ? Elle comprenait mieux qu'Andromeda se soit enfuie pour Ted Tonks ; personne ne méritait pareille torture.

« Je dois rejoindre Ginny après, alors mets-y du tien ! »

Le jeune homme haussa un sourcil hautain, la dardant de ce regard gris qui la faisait frémir si elle le contemplait trop longtemps.

« Pressée de tenir la chandelle, Granger ? »

Elle se mordit la langue, tâchant de ravaler la réplique acerbe qui lui brûlait la bouche. Constructive, elle serait constructive, l'enjeu était plus important que de petites piques lancées par un gamin immature.

« Blaise est très charmant, si tu veux tout savoir. »

Malefoy fronça son visage, ses yeux s'assombrissant.

« Tu appelles Zabini par son prénom ? »

Relevant le cou, Hermione le fixa, dépitée. Blaise serait-il ostracisé par sa faute ? Depuis qu'elle le fréquentait par le biais de Ginny, elle comprenait ce que son amie lui trouvait ; sous une façade flegmatique, le Serpentard cachait un humour corrosif et une bienveillance inattendue. Avait-il souffert aussi de la guerre ? Hermione perdait le fil entre les pertes des uns, les traumatismes des autres, et la colère de certains. Et puis, elle devait gérer cette foutue loi. Qui était peut-être la raison même du changement de comportement de Zabini à son égard.

« Ca te pose un problème qu'il étudie avec Ginny ? »

Le regard perçant de Malefoy la darda fixement, comme s'il aurait voulu la brûler intensément, mais il resta silencieux, démarrant la musique d'un claquement de doigt.

A nouveau, Hermione tenta de se laisser aller, de fermer les yeux et de suivre les pas, mais elle n'y arrivait décemment pas. Comment faire confiance à ce garçon qui la harcelait depuis leur plus jeune âge ? Comment pouvait-elle baisser sa garde et lui laisser champ libre pour mener ?

Et pourtant, elle essayait, elle se forçait - mais elle n'y arrivait pas. Elle mettait à mal toute leur tactique avec son incapacité à se laisser guider par lui. Et le blocage venait bel et bien d'elle, comme Malefoy aimait à le rappeler de son air narquois. Ses sens demeuraient aux aguets, son dos tendu, ses doigts prêts à jeter un informulé s'il s'approchait d'un peu trop près... Sur ses gardes, comme une éternelle guerrière. Et pourtant, le combat était désormais autre, reposant sur leur ruse qui décidément, n'augurait rien de bon. Allaient-ils seulement arriver à se tenir côté à côte sans avoir l'air de se détester ?

Elle inspira lentement, expira, priant à nouveau de toutes ses forces. Il faudrait pourtant, il faudrait bien.


Ginny lui jeta un sourire ravi alors qu'elle s'approchait de leur table, éreintée.

« Hermione ! »

Ses joues rosies laissaient supposer que Blaise l'avait complimentée discrètement, comme il s'amusait à le faire régulièrement. Un gentleman, répétait Ginny dans l'intimité de leur salle commune, qui attendait qu'elle lui donne un signal pour qu'il fasse le premier pas. Avec un pincement au cœur, Hermione la voyait s'éprendre peu à peu du jeune homme ; elle ne craignait que trop que son plan échoue, que Ginny ne vive une nouvelle déception amoureuse. Qui serait nettement plus cruelle cette fois : car le mariage avec un autre détruirait toute cette relation bourgeonnante.

« Nous avions tout juste fini ! »

Se laissant tomber sur la chaise en face du couple, Hermione sortit son manuel d'enchantements.

« Parfait, alors attaquons-nous aux révisions maintenant ! »

Un éclat de rire lui répondit, tandis que Ginny posait sa main sur son bras.

« Allons faire un tour. Tu as une mine effroyable et je n'en peux plus d'être cloîtrée ici. »

Blaise acquiesça, rangeant ses affaires rapidement.

« D'autant que notre projet touche à sa fin, bientôt nous n'aurons même plus besoin de réviser ensemble, Granger. »

Elle manqua s'étouffer avec sa salive.

« Ne plus réviser avec vous... Mais que vais-je devenir ? »

Ginny s'esclaffa à nouveau, enroulant son écharpe autour de son cou :

« Quel dommage que je n'ai pas révisé les BUSE avec vous, j'aurais bien ri, en plus d'être mieux organisée ! »

La mine de Blaise se fit sombre, sans doute à l'évocation de ce passé pas où ils s'étaient détestés, aussi Hermione tenta d'alléger l'atmosphère d'un ton badin :

« Tu aurais gémi avec les autres, voyons !

- Certainement ! »

Avec un dernier rire, Ginny passa la porte de la bibliothèque et s'arrêta net face à Malefoy, adossé au mur, qui semblait les attendre.

« Weasley.

- Malefoy. »

Il tourna son regard vers elle, sévère, noir. Insondable.

« Granger.

- Malefoy.

- Zabini.

- Malefoy ? »

Ginny brisa le silence, coupant court au malaise qui s'installait.

« Nous allons au parc, veux-tu te joindre à nous, Malefoy ? »

Hochant la tête, il les suivit, s'approchant de Blaise pour vraisemblablement échanger quelques mots, tandis Ginny tirait Hermione par le coude. Son souffle caressa sa peau alors qu'elle chuchotait rapidement.

« Il te parle parfois quand vous révisez ensemble ?

- Qui donc ?

- Malefoy ! »

Hermione soupira. Décidément, Ginny transposait sa relation avec Blaise partout. Comme si Malefoy pouvait changer en quelques jours. Comme si Hermione pouvait tout oublier, même la torture que sa tante lui avait infligée, en quelques heures. Comme si elle n'était pas obligée de s'entendre avec lui aujourd'hui alors qu'elle ne voulait rien de plus que s'éloigner ce qu'il représentait. Elle avait été désolée pour lui l'espace d'un moment, oui, mais désormais qu'il s'amusait à la narguer, elle se rappelait pourquoi elle l'avait détesté. Et elle comptait les jours où elle serait à nouveau débarrassée de lui avec impatience.

« Non, encore une fois, il n'y a rien entre nous, Ginny.

- Alors pourquoi il te regarde comme ça ? »

Hermione releva la tête vers Malefoy qui, effectivement, la fixait sourcils froncés, tout en chuchotant avec Zabini. Son cœur se serra. Elle savait, elle le savait qu'elle n'aurait rien dû dire ; voilà qu'il ennuyait Blaise avec ses propos rétrogrades de petite fouine...

« Il doit sans doute se plaindre que je lui gâche la vue... »

Son amie lui pinça le poignet, lui arrachant un petit cri.

« Je t'interdis de te dévaloriser de la sorte. Crois-moi, tu lui plais. »

Elle se tapota le nez avec un clin d'œil assuré.

« J'ai du flair pour ces choses-là. »

Face à l'air assuré de Ginny, Hermione ne put se résoudre à lui dire la vérité, que c'était de la comédie - que tout n'était qu'illusion. Elle ravala les larmes qui lui piquaient les yeux, mentant avec effronterie.

« Tu as peut-être raison. »

Après tout, ce n'était pas la faute de Ginny, qui ignorait tout du prédicament de Hermione, des choix qu'elle avait dû faire et qu'elle faisait encore pour leur bien à tous. Déjà, Blaise s'approchait d'eux, Malefoy sur les talons. Le vent soufflait, entre les branches nues, amenant avec lui le parfum des jeunes hommes, et le rappel de cette sombre soirée où elle avait accepté les règles de Malefoy.

Non, ce n'était la faute de personne, si Hermione n'avait pas de chance.