Chapitre 10
- Tais-toi sombre idiote ! Me dit Ginny. Viens Neville, nous allons à l'infirmerie, il faut que je la soigne.
J'ai juste le temps de sentir les bras de Neville me soulever, que je sombre dans la noirceur.
Mes paupières sont lourdes, mon visage me fait atrocement souffrir et je ne parle même pas de mon ventre où les sensations de coups persistent. J'ouvre les yeux doucement, appréhendant de voir mon tortionnaire, cependant ce n'est pas mon mari que je vois en face de moi, mais un regard bleu rempli de colère. J'essaye de me redresser, mais je ne parviens qu'à me mettre un peu plus haute sur mon oreiller. Ma meilleure amie me regarde faire sans rien dire, finit par soupirer fortement, et par venir m'aider à m'installer plus confortablement dans le lit.
- Tu es fière de toi ? Me demande-t-elle froidement.
- Quoi ? Ce n'est pas toi qui m'as dit de lui résister.
- De lui résister oui, mais pas de le provoquer ouvertement comme tu l'as fait !
- Je… je voulais juste…je voulais juste le faire souffrir comme il m'a fait souffrir. Lui dire la vérité en face.
- Ah oui ? Alors pourquoi tu as dit à Neville qu'il aurait dû le laisser finir ? Hermione, ne me dis que tu veux mourir, ne me dis pas que tu veux abandonner ! Il faut que nous nous battions pour Harry, pour Ron et pour toutes les personnes qui ont été injustement tuées durant cette guerre, pour tous les nés-moldus exécutés à l'heure actuelle.
- Je le sais, Ginny, mais mourir est la seule façon de vous aider. Si je meure, Voldemort sera plus vulnérable et vous pourrez…
- Tu sembles très vite oublier son immortalité !
- Severus pourra trouver une solution pour inverser les propriétés de la potion.
- S'il est capable de faire une telle prouesse, tu ne crois pas qu'il pourrait aussi trouver une solution pour te libérer du mariage de sang ?! Réfléchis y Hermione ! De plus, je crois que nous pourrions avoir des alliés dans les autres pays sorciers du monde. Voldemort veut nous le cacher à tous, mais des sources anonymes ont révélée que les Etats-Unis et l'Asie ne sont pas du tout favorables à ses idéaux.
Elle avait dit cette dernière phrase à voix très basse.
- Comment être sûr que cela est vrai ? De plus, d'où tiens-tu cette information ? Une source anonyme n'est pas une source fiable.
- C'est George et Neville qui ont trouvé des prospectus dans la salle sur demande. Ils cherchaient un moyen de trouver de l'aide. Quand ils sont rentrés dans la salle, il y avait plein de journaux et de prospectus sur cette rébellion menée contre le mage noir. Le reste du monde semble enfin se rendre compte qu'il faut agir !
Nous sommes interrompus par un raclement de gorge que je reconnaîtrais entre mille. Severus s'avance vers nous avec des potions et des lotions.
- Excusez-moi d'interrompre cette discussion qui semble très intéressante, mais je prends le relais miss Weasley. En outre, vous êtes attendu dans le bureau du directeur pour la réunion de pré-rentrée.
- Bien, je m'y rends de ce pas. A tout à l'heure, Hermione. Professeur Rogue.
Elle le salue d'un signe de tête avant de partir. Il lui rend sa salutation, s'avance jusqu'à mon lit afin de déposer tout son matériel sur la petite table de chevet, et finit par s'asseoir sur la chaise se situant à côté du lit.
- Vous êtes une idiote Hermione.
- Je sais, vous n'êtes pas le seul à me le dire.
- Mais enfin… satané Gryffondor ! Vous aimez souffrir, c'est ça ?!
Ses mots me blessent, mais m'énervent aussi très fortement. Je lui lance un regard meurtrier et lui dit :
- Je voulais juste lui rendre la pareille.
- Juste lui rendre la pareille ! Nous ne parlons pas d'un vulgaire combat entre deux enfants, mais entre le mage noir le plus meurtrier de tous les temps et la sorcière la plus combative, la plus brillante et la plus...insolente de sa génération.
Je ne peux m'empêcher d'avoir un sourire niais sur le visage à ces mots.
- Pourquoi ce sourire ?
- Vous m'avez complimenté deux fois dans une même phrase. Le méchant et sadique professeur Rogue, aurait-il vraiment disparu ?
Il soupire bruyamment, prend une lotion, un gant, et commence à me l'appliquer délicatement sur le visage.
- Vous êtes insupportable Hermione. Comment voulez-vous que je tienne ma promesse, si vous le provoquez à tout bout de champ ?
- Alors je dois me soumettre ? Lui demandais-je alors qu'il continue d'appliquer ses lotions sur mon visage.
- Non. Vous pouvez respecter ses ordres sans pour autant lui être entièrement soumise. Je suis sûr que vous pouvez faire preuve de manipulation sans trop d'effort. Me dit-il avec un regard de malice que je n'avais alors encore jamais vu chez lui. Je vais devoir examiner votre ventre également, me permettez-vous ?
- Oh...oui, oui bien sûr.
Je m'apprête à soulever mon tee-shirt, mais je rougis fortement quand je me rends compte que je suis en robe. Il se retourne pour me laisser de l'intimité, je me mets sous la couverture pour cacher le bas de mon corps, et soulève la robe jusqu'à ma poitrine pour lui donner accès à mon ventre.
- Vous pouvez vous retourner Severus.
Il se retourne, détaille brièvement mon corps, je peux voir un soupçon de convoitise dans ses yeux, je rougis encore plus et le laisse m'examiner en silence. Je ne peux pas m'empêcher de frissonner quand il pose ses mains sur ma peau nue.
- Vous avez froid Hermione ?
Ma respiration se raréfie, je le regarde dans les yeux et lui répond doucement :
- Oui, c'est sans doute cela. C'est le froid de la lotion que vous m'appliquez.
Il sourit en coin, et je peux constater qu'il ne croit pas un mot de ce que je viens de dire. Il continue à appliquer la lotion sur mes bleus, et je remarque qu'il en profite pour promener ses mains délicatement sur mon ventre. Il termine au bout de quelques minutes, des minutes qui passèrent bien trop rapidement à mon goût.
- J'ai fini, vous pouvez vous rhabiller correctement.
Je redescends ma robe jusqu'à mes genoux, il ne me quitte pas des yeux, prend deux potions et me les tend.
- C'est une potion pour accélérer la cicatrisation et une autre pour la douleur.
- Merci beaucoup Severus.
- Ce n'est rien, mais promettez moi de ne plus le provoquer aussi dangereusement. Je n'aime pas vous voir couverte de bleus, Hermione.
Je hoche la tête et murmure :
- Je te le promets Severus.
Je me mordille les lèvres en appréhendant sa réaction vis-à-vis du tutoiement. C'est un long silence qui me répond. Je relève les yeux, j'ai peur qu'il ne l'accepte pas et qu'il m'en veuille d'être aussi familière avec lui.
- Ma foi, pourquoi pas. Je vous autorise à me tutoyer, mais ne me demandait pas d'en faire autant tout de suite.
Je souris devant sa réticence à faire de même, et approuve d'un signe de tête.
- Je ne m'attendais même pas à ce que tu m'autorises à te tutoyer alors…
- Vous êtes ma reine à présent, je suis censé vous obéir, et respecter vos décisions.
- Votre reine…
- Ma reine.
Je souris encore plus, ce mot, et ce déterminant possessif placé avant, me font ressentir une chaleur au creux de mes reins.
- Effectivement, elle est ta reine Severus, puisque c'est MA femme. Tu peux disposer, tu as fait ta part.
- Bien maître.
Je peux avoir un dernier regard tendre de sa part, avant de voir sa cape noire virevolter en sortant. Mon époux s'avance avec une lueur de colère au fond des yeux. Je baisse mon regard, je vais appliquer les conseils de Severus, et obéir à ce monstre sans jamais me soumettre à lui psychiquement. Manipulation, je dois manipuler.
- Je… je suis désolé. Pardonnez-moi pour mon attitude, vous êtes à présent mon époux, et je dois…
- Tu dois m'obéir, me satisfaire, m'aimer et m'être fidèle.
Je hoche la tête, et tourne le regard une nouvelle fois vers le sol. Il remonte mon menton avec sa main, me regarde droit dans les yeux et essaye de lire en moi. Il grimace et grogne de frustration.
- Foutu pouvoir de magie blanche.
Je fronce les sourcils, je ne comprends pas exactement ce qu'il se passe, mais je comprends qu'il ne peut pas avoir accès à mon esprit comme il le souhaiterait.
- Ton esprit me refuse l'entrée, ta magie me bloque, elle semble se développer de jour en jour. Elle prend possession de tout ton être, sans que tu ne t'en aperçoives, et elle te protège. Je ne peux donc pas savoir si tu me mens.
- Je ne vous mens pas, je suis sincèrement désolé. J'aurais sincèrement voulu apprendre à vous aimer comme vous le souhaitez, mais vous devez avouer que nos débuts n'ont pas été des plus heureux.
- Nous pourrions changer cela.
- Changer cela, mais comment ?
Là, c'est lui qui me surprend.
- Je veux t'offrir un cadeau, belle Hermione.
- Quel cadeau ?
- Vois-tu, j'ai bien compris, que je ne pourrais pas refréner la passion, que tu éprouves pour Severus. Alors, si tu accomplis correctement tes devoirs conjugaux envers moi, et que tu arrêtes de me provoquer ouvertement, je te laisserai plus de moments en sa compagnie.
- Quel est le piège ? Demandais-je avec suspicion.
- Il n'y a aucun piège.
- Il y a toujours un prix à payer avec vous. Vous utilisez les mêmes subterfuges que la magie noire.
- Même s'il y en a, cela ne te convient-il pas ? Tu n'as qu'à te donner à moi, à accepter ta place à mes côtés, et tu pourras rester près de ton cher Severus. Tout en n'oubliant pas tes promesses de mariage.
- Vous savez que cela sera impossible. Vous la ressentez cette sensation, que je ressens, quand il est à mes côtés.
- Oh oui, je la ressens.
- Que se passe-t-il si nous…
- … si vous perdez le contrôle. Tu aimerais sentir la chaleur de ses baisers, la douceur de ses caresses sur ton corps nu, le sentir te posséder. Tu voudrais tout cela n'est-ce pas petite lionne ?
Je hoche la tête doucement avec les yeux larmoyants.
- Eh bien, vous pourriez faire l'amour sans problème, seulement, ton amant mourrait d'une mort lente et douloureuse, pour t'avoir fait bafouer ta promesse. Vous devrez donc vous contentez à vie d'étreintes et de baisers sans avenir.
Mon regard se voile davantage et je chuchote tristement:
- Un beau cadeau empoisonné.
- Un magnifique cadeau empoisonné, ma douce. Mais le refuseras-tu pour autant ?
- Non. Murmurais-je d'une voix à peine audible.
- Bien, nous avons, dès lors, un contrat toi et moi. Maintenant, repose-toi, je reviendrais te chercher demain matin pour le repas.
- Tom !
Il se retourne vers moi, et m'interroge du regard.
- Pourquoi ? Pourquoi nous accorder cela seulement maintenant ?
Il se rapproche de moi, vient se mettre à seulement quelques centimètres de mon visage, me caresse la joue tendrement, puis me répond d'une voix douce :
- Tes paroles m'ont fait réfléchir, nous allons passer l'éternité en tant que mari et femme, et un époux souhaite voir sa dulcinée heureuse et épanouie.
- Oui, mais pas dans les bras d'un autre homme, et surtout pas vous.
- Oh, mais ce n'est pas moi qui suis le perdant dans cette histoire. Je suis plutôt le grand gagnant, puisque tu me promets d'accomplir tes devoirs envers moi, ma petite lionne. Je vais enfin obtenir tout ce que je veux de toi.
Il caresse mes cheveux, me tire vers lui, et m'embrasse passionnément. Il se détache de moi en me regardant droit dans les yeux, remet une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et me murmure à l'oreille.
- Tu veux jouer au petit serpent, mais à ce jeu-là, c'est moi qui gagne. C'est toujours moi qui gagne, quand il s'agit de ruser.
Une larme solitaire coule le long de ma joue droite, il la prend à l'aide de son pouce, et la porte à ses lèvres.
- Bonne soirée. Tâche de passer une bonne nuit, tu vas en avoir besoin Hermione.
Il quitte la salle après m'avoir regardé malicieusement. Je reprends un rythme cardiaque correct, et vois entrer Ginny, Neville et George dans la pièce. Je leur souris chaleureusement, ils viennent s'installer près de moi et nous discutons jusqu'à l'heure du dîner, qui m'est apporté par un elfe de maison. Ginny revient seule, elle s'assure que mon état de santé est correct, puis s'installe à côté de moi sur le lit. On regarde le plafond toutes les deux, durant quelques instants, et je finis par dire avec une voix à peine audible :
- Tom m'a proposé un marché.
Elle se retourne alors vers moi et me regarde avec des yeux plein de reproches et suspicions. Je décide de continuer dans mes explications avant qu'elle ne m'interrompe.
- Il...Il m'accorde du temps avec Severus, et en contrepartie, je dois accepter de le satisfaire et d'arrêter de le provoquer.
- Bien entendu, tu as accepté ce contrat, car tu es éperdument amoureuse de Severus Rogue.
Je me retourne vers elle et l'observe avec attention. Elle me sourit malicieusement et semble très satisfaite de ses dires.
- Hermione, tu auras beau me dire que ce n'est qu'un ami, je vois bien que c'est bien plus que cela. Ce regard que tu as, quand il est avec toi, tu ne l'avais même pas avec Ron.
- Ginny, je suis…
- Ne le sois pas, je sais que tu as aimé mon frère, mais ce n'était qu'un premier amour sans véritable avenir.
- Tu as tellement changé Ginny. Tu as mûri tellement vite !
- Nous avons qu'un an de différence, je te rappelle. Arrête donc de me prendre pour une gamine de dix ans !
- Pardon, c'est juste que tu resteras à jamais la petite sœur que je n'ai jamais eu.
On se prend dans les bras l'une de l'autre. Le temps défile, et je peux voir à travers les fenêtres de l'infirmerie, que le noir a remplacé la clarté du jour.
- Il se fait tard, je ferai mieux de rejoindre mes appartements. Me dit à regret Ginny.
- Lucius ne te touche plus ?
- Non, Voldemort lui a dit d'attendre le mariage pour reprendre ce qu'il...avait entrepris.
- Je voulais m'en assurer, Tom me l'avait dit, mais je voulais être sûre, que ce salaud te laissait tranquille.
Elle hoche la tête, son regard se voile, et elle éclate en sanglots sans pouvoir se retenir.
- Ginny qu'est-ce qu'il y a ?!
- Dans deux jours. Dans deux jours, il pourra reposer ses mains sur moi, faire ce qu'il voudra…
Je la prends dans mes bras, lui caresse les cheveux, la berce doucement, lui murmure que tout ira bien, et que je la protégerais du mieux que je le pourrais. Elle essuie ses larmes, me dit bonne nuit, et rejoint avec lenteur son logis. Les lumières s'assombrissent et seul le clair de lune éclaire la salle. Je me mets à sangloter à mon tour, en repensant à Harry, à Ron, et en imaginant les événements obscurs qui se passeront à l'avenir. Je sens une personne s'allonger derrière moi dans le lit. Je reste silencieuse et continue de pleurer, sachant pertinemment qui s'est introduit dans le lit. Un bras puissant entoure ma taille, me plaque contre un torse dur, tandis qu'une main vient se frayer un chemin dans mes cheveux. Ses caresses m'apaisent, puis sans un mot échangé, nous nous endormons l'un dans les bras de l'autre.
Je suis réveillé par des chatouillements dans le cou et des caresses sur ma joue. Je me retourne pour pouvoir plonger mes yeux dans les siens. Son regard onyx m'hypnotise totalement, il me regarde avec tellement de tendresse et de fascination, que je ne peux m'empêcher de rougir et de détourner les yeux vers un autre coin de la pièce.
- Bonjour à vous aussi, Hermione. Me dit-il d'une voix douce.
- Bonjour Severus.
- Avez-vous bien dormi ?
- Oui très bien. Et toi ?
- Ce fut ma seule nuit correcte, depuis des semaines.
Un raclement de gorge se fait entendre, je relève le regard vers ma meilleure amie, qui est accompagné de mon merveilleux époux. Severus se précipite hors de mon lit, et s'apprête à partir, mais Tom l'en empêche.
- Non, ne pars pas Severus. Miss Weasley, pouvez-vous ausculter une dernière fois mon épouse avant qu'elle ne sorte pour aller prendre le petit-déjeuner ?
- Oui monsieur.
Il prend ensuite Severus avec lui, et se dirige dans un coin plus reculé au fond de la pièce. Je n'arrive pas à détourner mes yeux des deux hommes. Je ne sais pas ce que Tom va dire à Severus, mais j'ai peur que celui-ci m'en veuille d'avoir accepter le contrat. Une main passe devant mes yeux.
- Hermione ! Hermione, tu m'écoutes ou tu préfères reluquer les deux beaux bruns ténébreux qui sont au fond de la salle.
- Je préfère reluquer les deux beaux bruns... Euh quoi ? Oui, oui, je t'écoute Ginny. Bien sûr que je t'écoute, tu disais quoi ?
Elle éclate de rire, m'étale une lotion sur la lèvre, et me tend une potion. Je la bois tranquillement, ayant reconnu la potion contre la douleur de Severus.
- Les autres plaies se sont correctement refermées, il y aura juste celle-ci à surveiller. Je vais te donner le baume, tu l'appliqueras le matin et le soir.
- D'accord, merci, Madame l'infirmière. Lui-dis-je avec un clin d'œil.
Elle me tire la langue, m'aide à me lever, puis m'emmène dans la salle de bain. Je me lave rapidement, m'habille, me coiffe et retourne dans l'infirmerie. Il ne reste plus que Tom. Il me tend le bras, je le prends sans rien dire, et nous nous dirigeons dans la Grande Salle.
