Chapitre 7 : Hôpital, surnom et confiance
A l'hôpital, alors que Natassia remplissait le dossier administratif, une infirmière et un médecin à l'air rébarbatif s'approchèrent de la fillette qui pleurait toujours en sanglots silencieux, assise sur un lit d'examen.
Infirmière : C'est profond, docteur, je lui donne de l'Aldol ?
Docteur : 'Pas la peine, c'est l'histoire de cinq minutes, trois points suffiront largement, quatre grand maximum.
Cécile : On peut attendre maman ?
Docteur : Cela sera fini le temps qu'elle arrive, fit-il en commençant à recoudre la plaie. La petite fille poussa un petit cri de douleur quand l'aiguille s'enfonça dans sa peau.
Docteur : Pleure pas pour ça, gamine, en plus tu trembles, je vais rater mes points.
L'enfant fit un effort pour retenir ses larmes, surprise de se faire ainsi rabrouer. L'infirmière eut pitié d'elle et lui prit la main pour la rassurer.
Docteur : Voilà, tu vois, c'est fini, tu t'es fait ça avec quoi ?
Cécile : Mon patin à glace.
Docteur : Je vois, mets toi sur le côté, je vais te faire une piqûre pour éviter les risques d'infection...Terminé ! Infirmière, je vous laisse expliquer les soins et le reste.
Infirmière : Oui, docteur Yagato. Viens, petite puce, on va rejoindre ta maman, dit-elle après avoir fixé un pansement sur la jambe blessée. Elle la ramena auprès de Natassia. L'enfant tremblait comme une feuille, terrorisée par les manières brusques du médecin et par la douleur ressentie.
Natassia : Ma petite chérie, pourquoi tu trembles ? Tu as froid ?
Infirmière : Je suis désolée, le docteur Yagato est de mauvaise humeur aujourd'hui, il a été assez rude avec elle. Il faut changer le pansement tous les jours, nettoyer la plaie et dans sept jours, il faudra retirer les points et refaire une injection anti-tétanique. Votre médecin traitant peut s'en charger ou sinon vous pouvez revenir à l'hôpital. Elle remit à Natassia tous les documents nécessaires et tendit une sucette à la fillette.
Infirmière : Tu as été très courageuse, petite fille, c'est pour toi !
Cécile : Merci madame.
Natassia rassura Shaka d'un bref coup de fil et prit sa fille dans ses bras.
Natassia : C'est fini, on rentre à la maison, ma puce, d'accord ?
Cécile : Voui ! On va pas voir Hyoga ?
Natassia : Cela fait presque deux heures qu'on est parties ma puce, ton frère a fini.
Cécile : Il a gagné ?
Natassia : Oui, ma chérie, il a gagné, allez on rentre !
Trois quart d'heure plus tard, elle déposa doucement son enfant dans son lit.
A la patinoire, Hyoga avait effectué un programme parfait, qui lui valu une première place amplement méritée. Pourtant il prêta à peine attention à ses résultats, préoccupé par l'état de sa sœur. Dès qu'il put, il rejoignit sa famille et interrogea Shaka.
Hyoga : On a des nouvelles, père ?
Shaka : Oui, je viens d'en avoir. Votre mère la ramène à la maison.
Hyoga : On rentre nous aussi ?
Shaka : Tu ne veux pas rester pour ta remise de médaille ?
Hyoga : Je voudrais voir Cécile.
Shaka : Je sais bien, mon bonhomme, mais d'une part, ta sœur doit dormir après cette rude journée et puis tu lui a promis de lui ramener la médaille. Encore une petite demi-heure de patience, d'accord ?
Les enfants acquiescèrent un peu à contre cœur. Hyoga se rendit à la remise de médaille et s'efforça de ne rien laisser paraître de son inquiétude pour sa sœur ni de son envie de rentrer au plus vite chez lui. Quelques journalistes lui posèrent des questions et l'un d'entre eux demanda.
Journaliste : Votre mère était l'Étoile dansante de la Glace, c'est elle qui vous a poussé à faire ce sport ?
Hyoga : Non, elle nous a toujours laissé décider nous mêmes quel sport nous voulions pratiquer.
Journaliste : C'est elle qui vous entraîne ?
Hyoga : C'est senseï Kagaho qui nous entraîne. Ma mère ne patine plus que pour son plaisir.
Journaliste : Merci, Petit prince.
Hyoga : Petit prince ?
Journaliste : C'est l'un des surnoms que l'on vous donne, le Petit prince de la Glace ou l'Étoile filante de la Glace, vous ne l'ignoriez ?
Hyoga : Totalement, je fais simplement de mon mieux. Si vous voulez bien m'excuser, je dois y aller.
Il rejoint sa famille avec bonheur. Shaka lui posa une main sur l'épaule.
Shaka : Bravo ! Je sais que ce n'est pas la partie que tu apprécies le plus, tu t'en es très bien tiré.
Hyoga : Merci, on peut y aller ?
Shaka : On y va !
Ils ne tardèrent guère à rentrer chez eux. Les enfants auraient voulu se précipiter pour voir leur benjamine mais Natassia les arrêta.
Natassia : Doucement, elle s'est endormie. Elle a eu très peur, mais ça va ne vous en faîtes pas. On va la laisser se reposer, vous la verrez tout à l'heure.
Enfants : D'accord, mère.
Natassia : Je sais que vous vous inquiétez pour elle, mais c'est parce qu'elle a besoin de repos que je vous dis ça, pas pour vous punir.
Ikki : On le sait, mère.
Natassia : Tant mieux, allez vous amusez gentiment, on vous préviens dès qu'elle est réveillée.
Les enfants s'éparpillèrent sauf Hyoga.
Natassia : Hyôga ?
Hyoga : Mère, ils m'ont donné un surnom,qu'est ce que je fait ?
Natassia : Rien du tout, mon chéri. Il te plaît ce surnom ?
Hyoga : Je sais pas.
Natassia : Comment t'ont-ils appelés ?
Hyoga : Le petit prince de la Glace ou l'Étoile filante de la Glace.
Natassia : C'est parce que tu patines vite. Rassure-toi, on m'avait surnommé l'Étoile dansante de la Glace, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi. Laisse les dire ce qu'ils veulent. L'important c'est ce que tu ressens ici et ce que tu penses ici, dit-elle avec un joli sourire en lui posant la main sur le cœur puis sur le front.
Hyoga : Merci, mère.
Natassia : De rien, mon chéri, tu me montres ta médaille ?
Il sourit et lui remit sa médaille d'or. Natassia la regarda et lui rendit.
Natassia : Elle est très belle et méritée. Tu as beaucoup travaillé pour l'avoir.
Hyoga : Je m'en veux un peu d'avoir mis autant de temps pour aller chercher Cécile.
Shaka : Tu n'as aucune raison de t'en vouloir, mon grand, tu as été là pour aller la chercher, c'est l'important, d'accord ?
Hyoga : D'accord, merci.
Shaka : Allez, va prendre une douche et puis tu pourras aller voir si ta petite sœur est réveillée et lui donner ta médaille.
Hyoga : Merci beaucoup, fit-il avec un franc et grand sourire.
Il s'élança et se dirige vers une des salles de bains pour une douche rapide. Shaka et Natassia le regardèrent partir avec un sourire. Shaka enlaça tendrement sa femme, passant ses deux bras autour de la taille de son aimée et l'appuyant contre lui.
Shaka : Il te ressemble sur la glace et à l'extérieur.
Natassia : Je suis contente qu'ils lui aient donné un surnom, cela veut dire qu'ils l'aiment. Et si le public l'aime, c'est l'assurance d'être porté et supporté malgré les doutes et le jugement des officiels.
Shaka : Si je ne me souviens bien, tu n'appréciais guère le tien.
Natassia : Ce que je n'aimais pas c'était le décorum qui allait avec et le fait que mon père s'en servait pour ses intérêts et pour m'exhiber à la place de ma mère.
Shaka : Cela me rappelle notre première rencontre. Tu étais si belle et pourtant tes yeux exprimaient une grande tristesse. Je t'aime.
Il la fit pivoter, la serra dans ses bras et lui dédia un tendre et langoureux baiser. Saori et Shun qui venaient demander s'ils pouvaient veiller sur le sommeil de la benjamine, s'éloignèrent sans bruit en sentant l'amour qui rayonnait autour du couple. Une fois arrivés dans le jardin, ils se sourient.
Saori : C'était trop beau, ils s'aiment tant. J'espère que mes parents s'aimaient autant.
Shun : J'en suis sûr !
Saori : Merci, petit frère !
Shun : T'exagères, je n'ai que quatre jours de moins que toi !
Saori : Petit frère, petit frère, fit-elle en riant.
Shun : C'est malin, grogna-t-il. Ikki vint les rejoindre et s'immisça dans la conversation.
Ikki : Et alors, c'est très bien d'être le petit frère ! Vous êtes mon petit frère et ma petite sœur et je vous protègerai toujours.
Shun : Ikki, je n'ai plus cinq ans.
Ikki : Tu auras toujours cinq ans pour moi.
Shun : Ok, tu veux quoi ?
Ikki : J'ai pas le droit de vouloir protéger mes benjamins ?
Shun : Si mais quand tu dis ça c'est que tu veux quelque chose.
Ikki : Seiya m'a dit qu'il y avait encore des garçons qui t'embêtaient à l'école.
Shun : Tu me fais surveiller ? Ils sont jaloux, c'est tout.
Ikki : Seiya cru rendre un service. Tu devrais le dire à père ou à mère. Tu vas encore sauter une classe, tu seras avec des ados de trois ans de plus que toi, ils peuvent te faire du mal.
Shun : Ikki, je sais m'occuper de moi tout seul. Ne t'en fais pas trop, grand-frère !
Saori : Et puis, ils auraient trop peur de te voir débarquer avec ta crosse de hockey pour les rosser.
Ikki : Rassure-toi, Saori, j'en ferai autant à tous ceux qui te feront du mal, et si un garçon te fait pleurer, je lui casse les dents.
Les enfants rigolèrent et Saori lui fit une bise sur la joue en lui disant.
Saori : Tu es un super grand-frère. Elle s'éloigna. Shun et Ikki s'assirent et discutèrent ensemble.
Dans la chambre de la plus jeune, Hyoga s'était faufilé dans la chambre et attendait son réveil en lisant un livre. Une heure plus tard, elle se réveilla doucement et son frère lui sourit.
Hyoga : Coucou, petite sœur !
Cécile : Hyôga ! Je suis désolée, grand-frère, j'ai fait de mon mieux mais je n'ai pas pu te ramener une médaille.
Hyoga : C'est pas grave, moi je t'ai ramené la médaille d'or. Elle est pour toi.
Cécile : Vrai ?
Hyoga : Oui, regarde. Il prit la médaille dans sa poche et la mit autour du cou de la fillette.
Cécile : C'est lourd ! Merci grand-frère. La prochaine fois, je te donne la mienne.
Hyoga : Comment va ta jambe ?
Cécile : Elle me fait un peu mal et le docteur il était pas gentil.
Hyoga : Ma pauvre puce ! Tu voudrais bien revenir faire du patin avec moi ?
Cécile : Oh oui ! Tu sais c'est parce que j'ai eu peur de me tromper que je me suis fais mal, alors je vais travailler plus fort pour ne plus me tromper.
Hyoga : Tu as bien raison. Ikki, Shun et Saori veulent te voir eux aussi, tu veux bien ?
Cécile : Ils sont pas contents ?
Hyoga : Arrête de penser que tu as fait une bêtise. C'était un accident, ils ont simplement eu peur pour toi. Je vais les chercher et prévenir père et mère que tu es réveillée.
Cécile : D'accord, merci grand-frère.
Il partit alors qu'elle contemplait la médaille qu'il lui avait offerte. Quelques minutes plus tard, il régnait un joyeux brouhaha dans la chambre de la plus jeune. Tous les enfants étaient réunis sur le lit et discutaient entre eux. Natassia et Shaka les regardaient depuis la porte. La fillette les vit et s'exclama.
Cécile : Mère, père, regardez, Hyoga m'a donné sa médaille d'or.
Shaka : On a vu. Allez les enfants, on va laissez votre sœur se reposer.
Cécile : On sera très sage, Shun allait me raconter la légende de la princesse Andromède, s'il te plaît père ?
Shaka : Ok, dix minutes, pas plus, nous sommes d'accord ?
Enfants : Oui, père.
Shaka sourit, embrassa sa fille sur le front, caressa la tête des aînés et embrassa Saori sur la joue.
Shaka : Saori, comme je sais que tu es la plus raisonnable avec Shun, je te charge de vérifier que cela n'excède pas dix minutes.
Saori : C'est promis.
Les parents se retirèrent. Dès leur plus tendre enfance, ils avaient confié des responsabilités aux enfants et leur avaient appris à prendre soin des uns des autres. Aussi les cinq enfants étaient ils très soudés et leurs rares diputes ne s'éternisaient que peu et se terminaient le plus souvent par un câlin collectif. Les deux aînés étaient également très protecteurs envers leurs benjamins.
Sept jours plus tard, Mû enleva les points. Voyant que la fillette tremblait de peur, il la fit asseoir sur les genoux de Shaka, qui l'avait amenée, et lui demanda de fermer les yeux. Il lui expliqua doucement qu'il allait utiliser un spray anesthésiant pour endormir un peu la jambe. Une fois que le spray eut fait effet, il ôta rapidement les fils puis demanda gentiment.
Mû : Ça va, je ne t'ai pas fait mal ?
Cécile : Non, merci tonton Mû.
Les enfants avaient pris l'habitude de l'appeler ainsi car il venait souvent rendre visite à ses amis.
Mû : Il a vraiment pas du être gentil avec toi, ce docteur, pour te faire aussi peur.
Cécile : Non, mais toi tu es très gentil, tonton. Avec toi, j'ai pas trop peur.
Mû : Tu es mignonne. Reste bien dans les bras de ton père et ferme les yeux. Donne moi ton bras et compte jusqu'à dix.
Docile, elle fit ce qu'on lui demandait. Mû fit rapidement une injection pendant que la fillette comptait consciencieusement. Elle venait d'arriver à six quand il déclara.
Mû : Terminé.
Cécile : Merci, tonton.
Mû : Mais de rien, ma belle. Tiens va voir l'infirmière à l'accueil, elle te donnera une sucette.
Cécile : D'accord, je peux faire un bisou avant ?
Mû : J'en serai honoré, mademoiselle, dit-il en riant.
Elle lui fit un gros baiser sur la joue après être descendu des genoux de son père et alla récupérer sa sucette. Shaka regarda Mû, l'interrogeant silencieusement et ce dernier acquiesça.
Mû : Tu avais raison, elle a développé une peur panique des aiguilles. Parce que je la connais bien, j'arrive à la détendre mais cet abruti lui a vraiment fait mal et peur. Et en plus, il aurait pu lui donner en une fois l'anti-tétanique, vraiment un idiot.
Shaka : Merci, Mû, pour tout.
Mû : Bah de rien, tu as une magnifique famille et tu en prend grand soin.
Les deux amis se sourirent et se serrèrent la main alors que la petite fille revenait vers eux en serrant précieusement sa sucette dans les mains.
