Chapitre 8 : Shun a des ennuis

Saori venait d'atteindre ses dix ans, dorénavant, en plus de l'école, elle serait formée pour devenir présidente de la Fondation Graad. C'était la condition que Mitsumasa Kido avait demandé pour qu'elle rentre en possession de son héritage. L'enseignement était si dense et si ardu qu'elle ne disposait presque d'aucun temps pour ses loisirs et être une jeune fille normale. Aussi Shaka et Natassia, en accord avec les gérants de la Fondation, avaient-ils décidé de la retirer de l'école et de lui donner un précepteur privé qui s'occuperait aussi bien des matières scolaires que de la formation de la future présidente de Graad, dans l'espoir de lui laisser un peu plus de temps libre. Ils choisiront Aioros Sagitta et sa candidature fut plébiscitée et largement approuvée par les gestionnaires de la Fondation.

Un soir, Shun revint du collège avec un large hématome sur la joue et une longue estafilade sur le bras. Une jeune fille et Seiya le raccompagnait. Le jeune garçon avait trois ans d'avance, ce qui n'était pas très apprécié par les élèves autour de lui. Pour l'heure, il bougonnait à l'adresse de Seiya.

Shun : C'est inutile d'en faire un plat, Jamian est un idiot télécommandé par Laïmi.

Seiya : Et alors, tu vas pas te laisser taper dessus quand même. Si June n'était pas intervenue, tu te faisais tabasser. Il faut prévenir tes parents, à moins que tu préfères que j'en parle à Ikki ?

Shun : Parce que tu crois vraiment qu'une raclée made in Ikki va le forcer à m'apprécier, peut-être ? Je ferai attention.

Juin : Shun, je t'en prie, sur ce coup, Seiya a raison. Je sais bien que tu veux éviter l'escalade de la violence mais il ne faut surtout pas rester sans réagir.

Shun : D'accord, je vais en parler à mon père, ça vous convient ?

Seiya : Je viens avec toi.

Shun : Seiya !

Seiya : Je te connais, tu vas encore minimiser les choses.

Shun : Mais non, je dirai la vérité.

Juin : Seiya, on peut avoir confiance en Shun. Mais l'attitude de Jamian me déplaît, Shun. Il avait l'air content de lui malgré le brin de conduite.

Shun : Je sais, j'ai remarqué, mais c'est juste parce qu'il a réussi à me faire crier. J'avoue que le coup de la branche dans le bras, je l'ai pas vu venir.

Juin : Raison de plus pour agir. Il t'a quand même bien entamé le bras et tu as un beau bleu sur la joue. Il va faire quoi la prochaine fois ?

Shun soupira mais il savait pertinemment que ses amis avaient raison. Il espérait néanmoins que ses parents ne prendraient pas la menace assez au sérieux pour le retirer lui aussi du collège. Il appréciait la compagnie de June, et la présence de Seiya et de Shiryu dans son établissement le rassurait face à ceux qui étaient jaloux de ses capacités intellectuelles. Il fut accueilli par sa petite sœur. Cette dernière allait lui sauter dans les bras quand elle vit la blessure.

Cécile : Shun, tu es fait mal, je vais prévenir mère tout de suite.

Shun : Non, s'il te plaît, petite sœur, ne dis rien. Père est là ?

Ce fut Shaka lui-même qui a répondu. Il venait de revenir et avait vu et entendu une partie de la conversation des trois adolescents.

Shaka : Je suis là, Shun ! Va te soigner puis rejoint moi dans mon bureau.

Shun : D'accord, fit-il en baissant les yeux. Il savait que Shaka l'écouterait attentivement et ne décideraitit qu'après avoir mûrement réfléchi et étudié toutes les possibilités. Mais une fois sa décision prise, il n'y avait guère de chance qu'il change d'avis. Shaka n'élévait que rarement la voix et n'aurait jamais levé la main sur les enfants mais savait parfaitement se faire obéir lorsque c'était nécessaire. La petite fille demanda avec anxiété.

Cécile : Tu vas le gronder ?

Shaka : Non, ma puce, mais j'ai besoin de parler avec ton frère. Bonjour Seiya, jeune fille ?

Juin : Je m'appelle June, enchantée de vous connaître monsieur.

Shaka : Moi aussi, je suis heureux de faire ta connaissance malgré les circonstances. Alors, je vous écoute, que c'est-il passé, cette fois ? On lui encore volé un cahier ou on l'a poussé dans les escaliers ?

Juin : Jamian l'a coincé dans un coin et a essayé de le tabasser. Heureusement, j'ai pu intervenir, pas assez rapidement pour empêcher qu'il soit blessé.

Shaka : Tu tiens à lui, n'est ce pas ?

Juin : Il est si gentil, tellement intelligent, je l'apprécie beaucoup.

Shaka : Et j'en suis heureux. Seiya, merci de veiller sur lui.

Seiya : Bah, je l'aime bien et j'ai promis à Ikki et Hyoga de garder un œil sur lui.

Shaka : Merci à vous deux. Cécile, emmène donc les amis de ton frère prendre un bon goûter.

Cécile : Oui, père, tout de suite ! Venez, on va demander à Akiko, elle a fait des crêpes aujourd'hui.

Elle les entraîna en babillant joyeusement. Shaka les suivit des yeux puis se rendit dans son bureau. Shun ne tarda guère à le rejoindre. Shaka fit asseoir le jeune adolescent et le considéra d'un œil critique. Shun s'était changé, avait mis de la pommade sur sa joue et nettoyé sa blessure.

Shaka : Montre moi ça !

Shun tendit le bras et Shaka examina la plaie.

Shaka : C'est profond, avec quoi on t'a fait ça ?

Shun : Une branche, je l'ai pas vu et mon esquive a été un peu trop courte.

Shaka : Tu vas quand même pas essayer de me faire croire que c'est de ta faute, Shun ?

Shun : Non, mais…

Shaka l'interrompit.

Shaka : Quelqu'un a voulu te blesser, Shun, c'est important. Depuis combien de temps cela dure cette histoire ? Raconte moi tout !

Shun : Au départ, c'était juste des piques, des blagues vaseuses et des quolibets. Mais depuis cette année, cela s'est accentué. D'abord des bousculades, des rebuffades puis les vols et les dégradations d'affaires et enfin Jamian. Tout ceci c'est à cause de Laïmi. C'est un petit chef de bande, je l'ai surpris à fumer et à préparer un plan pour racketter des primaires sur le chemin de l'école. J'ai eu le tort de le prendre de haut et de le prévenir que je ferai tout pour l'en empêcher. Depuis, il fait tout pour m'embêter et me perturber. J'essaye d'éviter l'escalade de violence.

Shaka : Tu en as référé à un adulte ?

Shun : J'en ai parlé à mon professeur d'anglais. Cela n'a pas vraiment calmé Laïmi, c'est pour ça qu'il a envoyé Jamian me piéger.

Shaka : Je vois, ton intelligence est une arme mais là, Shun, il va falloir faire quelque chose de chose de plus.

Shun : Quoi ? Je ne peux pas l'obliger à m'apprécier.

Shaka : Déjà, on va aller soigner ton bras plus sérieusement. Après, je vais réfléchir à une solution, mais Shun, si ça s'accélère, tu viens me voir. Je sais pertinemment que tu ne veux pas qu'on te retire du collège comme Saori mais si on ne trouve pas de solution satisfaisante pour ta sécurité, je n'hésite pas. Je compte sur toi pour me dire si ça ne va pas, on est d'accord ?

Shun : Oui.

Shaka : Très bien. Ne t'en fais pas, sur va trouver une solution tous les deux. Viens, à présent, on va s'occuper de ton bras puis délivrer tes amis que j'ai laissé aux mains de ta petite sœur.

Shun : Je suis sûr que Cécile va très bien s'entendre avec June.

Shaka : Tu l'apprécies, n'est ce pas ?

Shun : Oui, beaucoup, admet-il en rougissant. Shaka sourit mais ne dit rien pour éviter d'ajouter au malaise du pré-adolescent face à lui. Il lui ouvrit la porte et le conduisit à la salle de bains. Là, il l'aida à panser son bras puis ils rejoignirent tout le monde à la cuisine.

Cécile : Shun, je t'ai gardé des crêpes, aussi pour Hyoga et Ikki. Sinon, Seiya, il mangeait tout !

Seiya : Dis donc, toi, tu me fais passer pour quoi ?

Juin : Un goinfre, ce que tu es. Je vais devoir y aller, on se voit demain, Shun ?

Shun : Bien sûr, je te raccompagne.

Il escorte la jeune fille au portail. Seiya allait les suivre mais Shaka le retin.

Shaka : Attends, il ya d'autre personnes que ce Laïmi qui ennuient Shun ?

Seiya : Non, à part Laïmi et sa bande, c'est juste des piques ou des propos désagréables.

Shaka : Merci, Seiya, je vais voir ce que je peux faire.

Seiya : De rien.

Shaka : Allez, rentre vite chez toi, tes parents vont s'inquiéter.

Seiya : Non, ils ont l'habitude, je préfère raccompagner Shun.

Shaka : Encore merci de veiller sur lui.

Seiya se répartit rapidement. Shun finit son goûter et alla faire ses devoirs. Aujourd'hui, il avait un peu de mal à se concentrer. Il entendit quelqu'un toquer à sa porte et inviter le visiteur à entrer. Il s'agissait de sa jeune sœur. Elle s'était changée, se préparant pour son entraînement de patinage.

Cécile : Je voulais te donner ça. A l'école, sur on a fait des bracelets porte bonheur. Celui-là, c'est le tien.

Shun : Merci, Cécile.

Cécile : Pourquoi t'es tout triste, grand-frère ? Père t'a grondé ?

Shun : Non, ma puce. Il y a des grands qui m'embêtent à l'école et j'aimerai qu'ils arrêtent.

Cécile : Ils sont bêtes. Toi, t'es gentil, s'ils étaient gentils avec toi, ils auraient des bonnes notes, comme toi.

Il rigola gentiment devant cette logique enfantine et mit le bracelet en coton autour de son poignet. Il fit une bise à sa sœur et dit.

Shun : Merci beaucoup, petite sœur, maintenant, je dois faire mes devoirs.

Cécile : D'accord ! Dis, tu viendras nous voir, dimanche ?

Shun : C'est promis.

Cécile : Merci grand-frère, à plus tard.

Elle sortit après une bise sur la joue de son frère et rejoignit sa mère qui devait l'emmener à la patinoire.

Sur la glace, Kagaho fit travailler leurs programmes aux deux jeunes puis les fit venir auprès de lui.

Kagaho : Bien, vous connaissez parfaitement vos programmes. Je vais vous proposer quelque chose. Dimanche, pour le gala, je voudrais que vous fassiez un programme de danse sur glace. Il faut promouvoir cette discipline et vous en avez largement les capacités. Ce sera un programme court, une minute trente environ, et pour ne pas avoir à changer vos tenues de compétition, j'ai choisi le générique de Sailor Moon. Aujourd'hui on va travailler deux portés. Rassurez vous ce sont des portés simples et des pas que vous connaissez. Vous voulez bien essayer ?

Cécile : Ah oui !

Hyoga : Volontiers, cela nous changera. Mais on n'a qu'une semaine pour travailler tout ça.

Kagaho : Mais j'ai toute confiance en vous, Hyoga !

Cécile : J'ai un peu peur de m'embrouiller entre mon programme et celui-ci.

Kagaho : Mais non, ne t'en fais pas. On va tout travailler et j'ai foi dans mes deux meilleurs élèves. Au travail !

Il leur montra les portés et leur décomposa les mouvements. Les deux membres de la fratrie avaient déjà patiné ensemble, main dans la main et s'étaient amusés à tester quelques portés, aussi l'exercice était-il facilité. De plus la fillette avait six ans de différence avec son frère et avait un petit gabarit pour son âge, son poids plume ne pénaliserait pas l'adolescent. Toute la semaine, ils travaillèrent les trois programmes avec acharnement. Le soir, les deux enfants s'endormaient, épuisés. Mais leur travail acharné fut payant. Non seulement chacun d'entre eux se classa premier dans sa catégorie et se qualifia pour les championnats nationaux, mais leur démonstration de danse sur glace remporta une standing ovation. Néanmoins, même s'ils avaient apprécié patiner ensemble, aucun des deux jeunes n'aurait abandonné sa catégorie pour faire de la danse sur glace.

Pourtant peu à peu, si la plus petite continuait ses progrès, Hyoga semblait avoir atteint un palier. Aux championnats nationaux, même s'il se classait régulièrement dans les cinq premiers, il ne parvenait pas à sortir du lot et restait souvent à la quatrième place, malgré son travail acharné.