Chapitre 13 : Jusqu'où peut-on aller pour gagner ?

Deux semaines plus tard, en fin d'après midi, la jeune fille se rendit à la patinoire avec Angelo. Ses parents ne seraient pas présents pour le programme court. Ils assistaient à un jumping de charité organisé par Saori au nom de la Fondation Graad et auquel elle participerait. Angelo vit que la jeune fille s'agitait sur la banquette arrière de la voiture.

Angelo : Tu a l'air nerveuse, tout va bien ?

Cécile : Ça va, merci. Je suis toujours un peu nerveuse avant une compétition particulièrement quand il y a Pandore dans les parages.

Angelo : Ikki ne la quittera pas des yeux. Je t'accompagne jusqu'à Hyoga et Camus puis je vais aller me poster en haut de la patinoire pour avoir une vue d'ensemble. Tu ne risques rien sur la glace, personne d'extérieur ne peut s'en prendre à toi !

Cécile : Merci Angelo !

Angelo : Et en plus Aiolia et Kanon surveillent les alentours.

Cécile : Tu veux dire que Kanon surveille les alentours et qu'Aiolia surveille Marine, corrigea-t-elle en riant.

Angelo : C'est pas faux, acquiesça-t-il tout sourire.

Ils ne tardèrent pas à arriver à la patinoire. Angelo accompagna la jeune fille au vestiaire où elle déposa son sac, où elle déposerait son survêtement, et qui lui permettrait de se changer après l'épreuve. Ensuite, il la dirigea vers le bord de la piste auprès de Hyoga et Camus.

Angelo : Je te laisse, tu restes avec Camus et Hyoga et je compte sur toi.

Cécile : Promis, tu ne t'ennuieras pas lors de mon passage même si deux minutes quarante cinq c'est court.

Angelo lui sourit et se dirigea vers le haut de la patinoire pour pouvoir tout observer.

Camus : Nerveuse ?

Cécile : Comme toujours, je ne suis jamais très sereine quand Pandore est là, mon oncle.

Hyoga : Ne t'en fais pas, Ikki ne la quitte pas des yeux.

Cécile : Marine et Gérald sont arrivés ?

Hyoga : Marine est avec Aiolia et Gérald ne devrait pas tarder, fit le blond en remarquant le jeune garçon brun aux yeux verts qui s'approchait dans le dos de sa sœur. Gérald passa deux mains tendres autour de la taille de son amie. Elle se retourna, ravie et ils échangèrent un doux baiser. Mais Camus les sépara rapidement.

Camus : Assez batifolé, la jeunesse, allez vous échauffez un peu. Gérald, fais moi donc deux tours de piste en courant. Cécile prépare tes sauts et tes chevilles.

Les deux acquiescèrent, se séparant à regret, tout en sachant que Camus faisait de son mieux pour éviter une blessure due à un manque d'échauffement. Ils obéirent donc sans répliquer. Gérald se mit à courir autour de la glace alors que la jeune fille sautillait sur place pour échauffer ses chevilles tout en restant sous la surveillance de ses entraîneurs, en sécurité, loin de la malveillance de Pandore. Cette dernière regardait la jeune fille avec rage. Son entraîneur la chapitra.

Hypnos : Arrête de t'occuper de cette fille ! Pense à ton programme et fais moi plaisir, pour une fois, bat là ! Donne toi à fond !

Le père de Pandore, Thanatos Elysium s'approcha.

Thanatos : Allez, ma fille, je veux te voir resplendir. Ne t'en fais pas pour ton adversaire, je suis sûr qu'elle ne finira pas ce programme court à la première place, j'y ai veillé.

Hypnos : Thanatos ! J'essaye de la pousser à se dépasser, pas à déstabiliser ou à anéantir sa rivale pour gagner !

Thanatos : Tous les moyens sont bons, mon frère. Allez, ma fille je compte sur toi et ton cousin Myu.

Pandore : Vous le pouvez, père ! Je promets de réussir.

Thanatos : J'en suis certain.

Une demi-heure plus tard, Camus envoya la jeune fille retirer son survêtement pour être prête à monter sur la glace pour le warm-up de dix minutes.

Camus : Hyoga va aller avec toi.

Cécile : Heu, June si elle veut bien, j'aimerai passer aux toilettes.

La blonde, petite amie de Shun, était présente et accepta volontiers. Elle avait l'habitude de servir de protecteur à la plus jeune. Elle firent le court chemin sans encombre mais June ne manqua pas de remarquer que la plus petite scrutait les alentours comme un animal traqué.

June : Tu la crains vraiment.

Cécile : C'est surtout son inventivité et sa capacité à me nuire que je crains. Et puis cela m'ennuierait qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi. Tu es déjà bien gentille de me servir de garde du corps.

June : Ça ne me dérange pas du tout et c'est un honneur de protéger la Petite Étoile de la Glace.

Cécile rougit à cette appellation et protesta faiblement.

Cécile : Pas toi aussi, ce n'est qu'un surnom et puis je fais de mon mieux, c'est tout.

June : Je sais, mais je trouve que ce surnom te va très bien. Ne t'inquiète pas pour moi. Ça ne me dérange pas et puis il ne m'arrivera rien à part que je pourrai me défouler si quelqu'un t'attaque.

Cécile : Merci, June.

June : De rien.

Elles continuèrent à discuter. Dix minutes plus tard, la plus jeune montait sur la glace pour les dix minutes d'échauffement accordées à chaque groupe de cinq patineuses avant le passage de leurs programmes courts. Elle s'assura que Pandore était à l'opposé de la glace et se lança dans une série de sauts. Tout se passa bien et elle sortit de la glace, soulagée. Camus et Hyoga la raccompagnèrent dans la pièce où les patineuses attendaient leur tour et qu'on appelait la chambre d'appel. Marine passait en troisième position, elle en quatrième et Pandore en dernier. On appela Marine quelques minutes plus tard.

Cécile : Bonne chance, Marine, je te souhaite le meilleur.

Marine : Merci, à toi aussi.

Elles s'étreignirent amicalement puis Camus accompagna Marine jusqu'au bord de la glace pour superviser son passage et la soutenir. Cécile entendit, après les deux minutes quarante cinq de programme, les applaudissements du public signifiant que le public avait aimé la prestation de son amie. Elle sourit et se leva lorsque l'officiel l'appela à l'entrée de la chambre d'appel. Hyoga la suivit et lui sourit avant de lui poser les deux mains sur les épaules. Camus les rejoignit.

Camus : Prête ?

Cécile : Oui.

Hyoga : J'ai foi en toi, ma grande. Alors amuse toi et fais de ton mieux.

Cécile : Merci grand-frère. Elle lui sourit et ils se firent une chaleureuse accolade avant qu'elle ne monte sur la glace. Il la suivit des yeux, évoluant en esprit avec elle. Il connaissait par cœur le programme de l'adolescente et il vivait chaque saut, chaque pirouette. Il savait que sa sœur accomplissait un programme parfait. Encore une pirouette, le saut final et il pourrait respirer librement, rien n'était venu troubler sa prestation. Elle en était au dernier saut quand il vit quelque chose venir percuter sa sœur. Le choc la fit plier en deux et elle s'effondra au sol, sa tête percutant la glace de plein fouet. Le choc fut d'autant plus important que la jeune fille était en pleine impulsion lors de sa chute. Plus grave, elle restait inerte au sol. Un "oh !" de stupeur avait retentit et les lumières s'étaient éteintes lorsqu'elle était tombée. Quand elles se rallumèrent, Hyoga était déjà entrain de patiner à toute vitesse vers sa sœur. Il s'agenouilla à ses côtés. Il avisa alors une petite bille d'acier, d'environ cinq centimètres de diamètre, non loin d'elle. Il la ramassa avec son mouchoir pour ne pas y laisser d'empreintes. Il était certain que c'était cet objet qui avait causé la chute de sa sœur. Il lui souleva précautionneusement la tête, essayant de ne pas la bouger trop. Une large plaie barrait son front et sa tempe droite et le sang coulait abondamment. Pas un mouvement n'animait la jeune fille. Il la prit délicatement dans ses bras et la ramena aux bords de la glace pour la confier aux secouristes. Ils allongèrent l'adolescente inerte sur un brancard. Camus et Shun embarquèrent dans l'ambulance, blêmes. Ikki rejoignit son cadet.

Ikki : Hyoga qu'est ce qui c'est passé ? Pandore n'a pas bougé. Comment va Cécile ?

Hyoga : Pas bien, c'est sa tête qui a touché. Et quelqu'un l'a fait tomber !

Ikki : Je peux garantir que Pandore n'a pas bougé d'un cil et Cécile était seule sur la glace.

Hyoga sortit la bille, qu'il avait enveloppé dans son mouchoir et mit dans sa poche, et l'exhiba devant Ikki toujours en évitant d'y mettre ses empreintes.

Hyoga : Je l'ai vue recevoir quelque chose sur le flanc, avant de tomber, je suis sûr que c'est ce truc.

Ikki : Où est Kanon, il devait patrouiller en bas ?

Hyoga : Je ne sais pas et j'ai d'autres problèmes à gérer, dont celui qui arrive en courant, dit-il en avisant Gérald qui arrivait en courant, bouleversé après avoir vu son amie, inerte, dans les bras de son frère aîné.

Gérald : Hyoga, comment va-t-elle ? Je vais aller me faire cette pouffiasse, je suis sûre que c'est de sa faute. Quelque chose a provoqué sa chute, je l'ai vu !

Hyoga : Tu te calme ! Pandore n'a pas bougé, Ikki peut le certifier. Va te préparer, tu passes dans moins d'une heure, je te signale.

Gérald : Je suis sûr de moi, Hyoga !

Hyoga : Je sais, je l'ai vu aussi ! J'ai besoin que tu sois calme et que tu fasses ton boulot, je t'en prie. Je n'ai pas vraiment le temps de te calmer. Alors si tu ne veux pas que je colle deux baffes devant tout le monde, tu fais ce que j'ai t'ai dit !

Gérald : Son passage va être annulé.

Hyoga : Justement j'aimerai m'occuper de ça, alors va te préparer, s'il te plaît ? Je te rappelle que c'est ta chance pour te qualifier.

Gérald : Hyoga, je comprends mais honnêtement je n'ai pas vraiment l'esprit à la compétition. Je suis inquiet, je l'aime Hyoga, vraiment !

Hyoga : Je sais. Tu dois gagner, si tu veux faire quelque chose pour Céc', ramène lui cette médaille, celle dont elle vient d'être privée. Et damne le pion à Myu Elysium ! Ils veulent rafler les deux médailles et on ne va pas leur laisser ce plaisir. Fais le pour Cécile !

Les yeux verts du jeune homme cherchèrent le mensonge dans les yeux bleus de son entraîneur et n'en trouvèrent aucune trace. Hyoga était convaincu de ce qu'il disait. Gérald baissa les yeux et accepta la demande, non sans avoir arraché au blond la promesse de lui donner des nouvelles de la jeune fille dès qu'il en aurait. Ikki attendit qu'il soir hors de portée de voix pour demander.

Ikki : Pourquoi tu lui as dit que Pandore n'y était pour rien ? C'est sûrement elle qui est derrière tout ça. Je serai bien allé l'aider !

Hyoga : On a pas l'ombre d'une preuve. Alors, déjà je vais aller éviter l'annulation du passage de Céc' et après on verra ce qu'on peut faire.

Aiolia et Kanon arrivaient et se frayèrent un chemin jusqu'aux deux frères.

Kanon : Hyoga, des nouvelles ?

Hyoga : Non, aucune, Angelo ?

Kanon : Il va bien, même s'il s'en veut beaucoup. Il a attrapé le tireur, j'ai appelé la police, ils arrivent.

Hyoga : Tant mieux, viens avec moi, je dois aller voir les juges pour éviter qu'ils annulent le passage de Cécile.

Kanon : Avec plaisir. Je met Aiolia sur Gérald ?

Hyoga : Non, les Elysium ne le jugent pas dangereux, et ils vont s'en mordre les doigts.

Tout en parlant, ils se dirigeaient vers les officiels. Il s'adressa à un juge arbitre.

Hyoga : Bonsoir, je suis Hyoga Kido, l'entraîneur de mademoiselle Cécile Garasu, je viens déposer une réclamation pour chute provoquée.

Juge : C'est une demande très sérieuse, je dois vous demander des preuves. Cependant, deux de mes collègues m'ont aussi signalé qu'ils avaient vus clairement quelque chose percuter cette jeune fille.

Hyoga : J'ai trouvé ça, près d'elle en allant la chercher et notre garde du corps Angelo Di Vitto a attrapé le tireur, expliqua-t-il en montrant la bille d'acier alors que Kanon montrait la photo du tireur prise par Angelo.

Juge : Vous comptez porter plainte, j'imagine ?

Hyoga : Bien sûr, avant tout, c'est ma sœur et je suis très inquiet pour sa sécurité.

Juge : Venez, on va visionner la vidéo de son passage, voir si on peut y trouver quelque chose. Mais elle reste forfait pour le long.

Hyoga : Je sais mais je tenais à rétablir la vérité.

Juge : Je comprend ! Monsieur Gémini, c'est bien ça ? Quelle est votre qualité ?

Kanon : Je suis détective privé, j'ai appelé la police et ils ne devraient pas tarder à arriver. Tout ce que je verrais sera transmis à la police pour assurer au mieux la sécurité de cette jeune fille.

Juge : Bien, venez avec nous.

Il appela un officiel et demanda la vidéo du programme de l'adolescente. Les quatre hommes se penchèrent sur le visionnage du passage de la compétitrice. Au ralenti, on voyait parfaitement un objet venir heurter les côtes de la patineuse causant ainsi son déséquilibre et sa chute. Le juge entérina la réclamation de Hyoga et assura à ce dernier qu'il gardait une copie de la vidéo pour la police. Cette dernière arriva peu après et mit la bille et la vidéo sous scellés. Angelo leur amena le tireur qui avait un bel œil au beurre noir et semblait assez effrayé par le garde du corps. Celui-ci avait la lèvre fendue et une coupure à la pommette et le nez qui avait visiblement saigné. Il remit l'homme à la police ainsi que le lance pierre dont il s'était servi pour projeter la bille trouvée par Hyoga. La police arrêta l'homme et interrogea brièvement Angelo. Hyoga demanda à Ikki.

Hyoga : Je dois rester pour le passage de Gérald. Tu peux prévenir Shun qu'elle a prit un choc dans les côtes et voir si tu peux joindre père ou mère ?

Ikki : Bien sûr ! Regarde là, elle me dégoûte, fit-il en désignant Pandore qui paradait après sa deuxième place au programme court, sachant que sa rivale ne pourrait pas participer au programme long.

Hyoga : On s'en fout de Pandore, elle n'est même pas capable d'être première alors que Céc' n'a pas terminé son programme. Elle se satisfait de bien peu, elle n'est pas de taille face à notre petite sœur.

Ikki : Ce que je vois, moi, c'est qu'elle veut l'empêcher de concourir par tous les moyens, j'appelle Shun.

Il s'éloigna un peu pour téléphoner à leur jeune frère. Sa discussion fut rapide puis il passa un nouveau coup de fil.

Sur le terrain où se tenait le jumping organisé par Saori. Cette dernière, en compagnie d'Aioros et de Tatsumi son garde du corps, discutait avec Saga Gémini et deux autres hommes d'affaires. Shaka s'excusa brièvement.

Shaka : Excusez moi de vous déranger, messieurs, puis-je dire quelques mots à ma charmante fille, en privé ? Les hommes acquiescèrent et laissèrent Saori rejoindre Shaka.

Saori : Père ?

Shaka : Je suis désolé, Saori, on va devoir te laisser, ta sœur vient d'être transportée à l'hôpital, victime d'une grave chute sur la glace.

Saori : Oh mon dieu, c'est grave ? Je comprends tout à fait, père, je viens avec vous.

Shaka : Saori, tu as organisé cet événement, il est très réussi, tu ne peux pas partir et tout laisser en plan. On te tiendra au courant, je te le jure, mais tu ne peux pas tout laisser sans clôturer ce jumping. Courage, ma fille, Aioros et Saga vont t'aider à gérer au mieux, j'en suis certain. Sois forte, ma petite, dit-il en lui posant les deux mains sur les épaules avant de la serrer contre lui pour une chaleureuse accolade.

Saori : Je vais faire de mon mieux, père, c'est promis. Vous me tiendrez au courant, n'est ce pas ?

Shaka : Dès que j'ai des nouvelles, c'est promis. Et bravo pour ta prestation, tu étais magnifique, ma chérie.

Saori : Merci, père, cela me semble bien peu de chose à présent.

Shaka : Je m'en doute mais je tenais à te le dire.

Il lui fit un sourire encourageant et retourna auprès de Natassia. Les deux s'éclipsèrent rapidement et discrètement. Saori rejoignit ceux avec qui elle discutait auparavant, la mine défaite. Saga comprit qu'il s'était passé quelque chose et s'arrangea pour s'éloigner avec Saori et Aioros.

Saga : Saori, que ce passe-t-il ?

Saori : Ma sœur a été hospitalisée à la suite d'une grave chute, je voulais aller la voir mais père m'a dit que je devais rester et clôturer cette manifestation.

Saga : C'est très dur mais il a eu entièrement raison. Tu dois rester forte et gérer jusqu'au bout, tu ne dois surtout pas leur montrer tes failles.

Saori : J'ai peur pour elle, Saga c'est encore une enfant.

Saga : Je sais, je vais t'aider, ne t'en fais pas. Va te rafraîchir un peu, je vais annoncer la remise des prix.

Saori : Merci, Saga, pour tout.

Saga : Allons, tu fais un peu partie de la famille lui fit-il gentiment.

Elle lui retourna un pauvre sourire, remerciant le scrupuleux gestionnaire des entreprises Aquarius pour sa gentillesse et sa loyauté envers la famille Aquarius dont Natassia faisait partie. Elle s'éloigna, toujours flanquée d'Aioros et de Tatsumi alors que Saga attirait à lui tous les regards. La jeune femme le rejoignit quelques minutes plus tard et affichait un grand sourire alors que son cœur était en peine. Elle remit les prix avec grâce et beaucoup d'intelligence, s'efforçant de cacher au mieux son inquiétude pour celle qu'elle considérait comme sa petite sœur. Aioros et Saga l'encadraient et la soutinrent jusqu'à la fin de cette manifestation.

Aux urgences, Mû, prévenu par Shun, était de garde. Il donna aussitôt les ordres nécessaires pour assurer une prise en charge rapide et en douceur de la jeune fille. Quand Shun descendit de l'ambulance, il fit un bref signe de tête négatif à l'adresse de son mentor. La jeune patineuse n'avait pas repris connaissance durant le voyage.

Mû : Shun, cela fait combien de temps ?

Shun : Plus d'une demi-heure, elle est stable mais elle a perdu beaucoup de sang et je pense qu'il y a un traumatisme crânien. Ikki m'a aussi dit qu'elle avait été touchée aux côtes, ce qui l'a fait tomber.

Mû : Ok, on l'emmène au scan immédiatement ! Dit-il en poussant le brancard sur lequel était allongée l'adolescente.

Trois quart d'heure plus tard, Shaka, Natassia, Camus et Ikki attendaient anxieusement des nouvelles dans une salle d'attente. Shun vint les rejoindre, pâle.

Shaka : Shun, alors ?

Shun : Elle a un gros traumatisme crânien et deux côtes cassées dont une risque de toucher les poumons, Mû va venir vous expliquer plus en détail.

Natassia : On peut aller la voir ?

Shun : Non, pas encore, mère, Mû lui recoud la tempe, elle va avoir au moins vingt points de suture. C'est long car la plaie est profonde.

Angelo, Kanon, Marine et Aiolia les rejoignirent une demi-heure plus tard. Mû les rejoignit à ce moment et invita Natassia à venir voir sa fille.

Mû : Un quart d'heure, pas plus.

Natassia : D'accord.

Mû fit signe à une infirmière d'accompagner la mère de famille auprès de sa benjamine. Il jeta un œil à Angelo et vit les coupures qui marquaient son visage et nota qu'il avait visiblement saigné du nez. Il se tourna vers Shun.

Mû : Shun, tu veux bien nettoyer la figure d'Angelo, s'il te plaît et vérifier qu'il n'a rien de cassé, également ?

Shun : Bien entendu.

Angelo : C'est rien du tout. Il avait le crâne un peu dur et un bon crochet, c'est tout.

Mû : Il faut nettoyer, c'est relativement profond, surtout ta joue, s'il te plaît ?

Angelo râla mais suivit Shun. Mû se tourna vers Shaka et Ikki.

Mû : Bon, elle a un important traumatisme crânien, pour l'instant, elle est toujours inconsciente même si on commence à voir quelques signes d'éveil. Elle a aussi deux côtes cassées dont une pourrait endommager ses poumons. On va la garder en observation quelques jours quand elle sera réveillée.

Shaka : Quand va-t-elle reprendre conscience ?

Mû : On ne sait pas exactement, quelques heures, quelques jours. Le traumatisme est sévère avec une fracture de crâne, sans hématome cérébral, cependant. Les examens restent rassurants, elle n'aura, vraisemblablement, aucune séquelle durable ni importante, peut-être quelques migraines, le temps que la fracture se résorbe. Il faudra faire des contrôles tous les mois pendant trois à quatre mois suivant l'évolution, elle a eu de la chance. Après, il reste le problème de sa côte cassée. Il va falloir qu'elle reste allongée au moins deux semaines après sa sortie de l'hôpital.

Shaka : Je voudrais la voir.

Mû : Patiente un peu. Il faut qu'elle se repose, une visite à la fois. Dès que Natassia sera revenue, tu pourras y aller. Autant que tu te prépares, elle a un gros hématome sur le visage et on lui a fixé des électrodes sur le crâne pour vérifier son activité cérébrale. C'est assez impressionnant.

Auprès de la jeune fille, Natassia découvrait avec stupeur les diverses machines qui entourait son enfant. Gentiment, l'infirmière lui expliqua l'utilité de chaque chose et la fit asseoir au chevet de sa fille. Cette dernière avait la moitié du visage bleu-violacé et gonflé, son œil droit était gonflé et un large pansement couvrait la moitié de son front. Elle était revêtue d'une tenue d'hôpital qui dissimulait le vaste bleu couvrant son flanc droit. Natassia prit la petite main dans la sienne, pleurant doucement en tenant la main contre sa joue, son autre main sur la joue pâle de sa cadette en lui murmurant.

Natassia : Ma toute petite, ma chérie, c'est fini, maman est là maintenant, réveille toi, ma puce, je t'en prie.

Au bout d'un quart d'heure, Mû vint trouver Natassia. Doucement, il retira la petite main de la sienne.

Mû : Viens, Shaka va te remplacer. Rentre chez toi, Ikki va te raccompagner.

Natassia : C'est ma petite fille, Mû !

Mû : Et elle va avoir besoin de toi en forme ! Parce que les prochaines semaines vont être dures pour elle. Pas de sport, rester allongée un maximum pour ne pas que sa côte risque de toucher ses poumons, elle aura besoin de ta présence, tu comprends ?

Natassia : Oui, merci, Mû. Je pourrai revenir quand ?

Mû : Demain matin. Allez, viens, Ikki va te ramener.

Il la conduisit doucement hors de la pièce et la confia à Ikki à qui il demanda de la ramener. Ensuite, il conduisit Shaka auprès de sa fille.

Mû : Un quart d'heure, pas plus et si elle s'agite, se réveille, tu nous appelles immédiatement, il suffit d'appuyer sur ce bouton, fit-il en désignant le bouton d'appel relié au poste des infirmières.

Shaka : Merci, mon ami.

Mû : Pas de quoi.

Il sortit et alla retrouver Camus. Ce dernier demanda doucement.

Camus : Tu sais que la police va vouloir l'interroger ?

Mû : Hé bien, ils attendront ! Là, tout dépend d'elle.

Camus : Je m'en veux, je n'aurais pas du la laisser participer à cette compétition, elle n'en n'avait pas besoin.

Mû : Elle est heureuse sur la glace. Tu ne pouvais pas savoir et si c'est l'œuvre de la famille Elysium, cela aurait pu se produire n'importe quand. Sois présent auprès de ta sœur, elle va avoir besoin de ton soutien, ta nièce également et n'oublie pas Hyoga.

Camus : Surtout que le pauvre a du se charger de tout et rester à la patinoire pour le passage de Gérald.

Mû : Tu ne feras rien de plus ici. Vas remplacer Hyoga, il aura besoin de voir sa sœur.

Camus : Oui, je comprends, merci Mû.

Mû : De rien, je l'aime bien cette petite,moi aussi.

Shaka, lui, avait pris la main de sa fille et lui caressait doucement les cheveux. Il y avait près de dix minutes qu'il était à son chevet quand elle s'agita un peu avant de se réveiller, un peu perdue. Il appuya sur le bouton d'appel et la serra délicatement contre lui.

Shaka : Ma puce, on a eu si peur !

Cécile : Père, je ...qu'est ce qui s'est passé ? Oh non, je dois vite retourner sur la glace...Aïe, grimaça-t-elle en appuyant sa main sur ses côtes douloureuses.

Mû, qui veillait avec les infirmières, arriva et rallongea sa patiente.

Mû : Doucement, jeune fille, pas de mouvement brusque pour toi. Je vais t'examiner. Shaka, tu nous laisses, s'il te plaît ? Le sophrologue se leva sans rien dire et sortit de la pièce.

Mû testa les sens de l'adolescente, vérifia ses réflexes neurologiques puis palpa doucement l'œil blessé. Elle grimaça et s'agita pour échapper à la douleur.

Mû : Désolé, bon tu ne t'en sors pas si mal, traumatisme crânien, deux côtes cassées, cela aurait pu être pire.

Cécile : Mon passage va être annulé, je dois…

Mû : Reste allongée, ça fait plus de deux heures que tu es inconsciente, jeune fille. Alors, tu ne dois rien faire. Tu vas rester quelques jours en observation et après repos obligatoire.

Cécile : Je suis tombée? Tout s'embrouille.

Mû : Plutôt normal, tu es tombée tête la première sur la glace, vingt points de suture à la tempe, heureusement pour moi, tu étais inconsciente quand je t'ai recousu, lui sourit-il. Elle rit mais s'arrêta instantanément, ses côtes la lançaient et son visage était douloureux.

Cécile : Aïe, ça fait mal !

Mû : Comme je te l'ai dit, tu as également deux côtes cassées, tu vas les sentir pendant quelques temps. Trêve de plaisanterie, quelle est la première chose que j'ai dite en arrivant ?

Cécile : Heu...doucement, jeune fille, pas de mouvement brusque pour toi.

Mû : Très bien. On va te donner un médicament pour que tu puisses dormir.

Cécile : Père peut rester ?

Mû : Je vais vous laisser trois minutes mais tu restes bien sagement allongée, compris ?

Cécile : Oui.

Mû : C'est bien, ma grande.

Il fit entrer Shaka. Ce dernier embrassa tendrement sa fille et lui promit de revenir la voir, le lendemain, avec toute la famille. Mû introduisit un médicament dans la perfusion reliée à la jeune fille et elle s'endormit rapidement. Mû fit sortir Shaka et s'installa au chevet de l'adolescente. Shun vint le rejoindre en compagnie de Hyoga, quelques temps plus tard.

Mû : Je vois que Camus t'a laissé la place.

Hyoga : Oui. Shun m'a expliqué, quand se réveillera-t-elle ?

Mû : Demain matin, elle a repris connaissance tout à l'heure, avec votre père. Simplement, je lui ai donné un médicament contre la douleur qui la fait dormir. Embrasse là, puis va rejoindre les tiens, ils ont besoin de toi.

Shun : Je vais rester avec Mû. Je vous tiens au courant.

Hyoga embrassa chastement sa sœur et sortit. Mû considéra Shun puis accepta.

Mû : Ok, Shun, je te laisse la place mais d'abord tu viens avec moi, on va prendre un thé et discuter un peu. Angelo ?

Shun : Des petites plaies sans importance, mais le pauvre s'en veut beaucoup, il se sent coupable.

Mû : Je comprends. Allons prendre ce thé. Une infirmière va surveiller Cécile. Tout en disant ceci, il appela une infirmière et lui confia l'adolescente. Un peu plus tard, un homme entra dans la chambre. L'infirmière l'interpella aussitôt.

Infirmière : Monsieur, vous êtes dans une chambre privée, que faîtes vous ici ?

Homme : Je suis un ami et admirateur de cette jeune fille, je lui ai apporté ceci. Il exhiba une petite poupée. L'infirmière se radoucit mais resta ferme.

Infirmière : C'est très gentil à vous, mais seule la famille est admise et de plus l'heure des visites est largement passée, veuillez sortir.

Homme : Je comprends, je peux laisser la poupée et ensuite je m'en vais ?

Infirmière : Bien sûr, allez-y !

Il posa la poupée auprès de la jeune fille et sortit calmement. Mû et Shun revinrent peu après. L'infirmière les informa de ce qui venait de se passer. Mû la remercia pour sa réaction. Néanmoins aucun d'eux ne retira la poupée. Mû laissa Shun veiller sur sa sœur, la nuit fut calme. Le lendemain, après avoir examiné la jeune fille, Mû et Shun la firent transférer dans un autre service pour qu'elle reste en observation. Tout se passait pour le mieux et les deux médecins promirent à la jeune patineuse de venir la voir tous les jours. En revenant aux Urgences, ils furent arrêtés par un groupe de journalistes qui voulaient voir la Petite Étoile. Mû leur ordonna sèchement de partir en les rabrouant. Ils étaient dans un hôpital, pas dans une conférence de presse ou sur un événement sportif et il ne tolérait pas cette effervescence et ce brouhaha dans un milieu médical leur signifia-t-il. Un des journalistes lui tendit un quotidien avec, en première page, un article sur la chute de l'adolescente et une photo d'elle avec le visage tuméfiée, allongée, endormie sur son lit d'hôpital en disant.

Journaliste : Vous avez pourtant autorisé cette photo.

Mû : Non, aucunement, elle a été volée. Maintenant, veuillez sortir, tous, cette agitation n'a rien à faire aux Urgences et cette jeune fille n'est même plus ici. Au revoir, nous avons du travail, on va vous reconduire.

Comprenant qu'ils ne tireraient rien de plus du médecin et que celui-ci ne lâcherait aucune information sur la santé de la jeune sportive, ils se retirèrent rapidement sous la surveillance des vigiles, à la demande de Mû. Mû se tourna vers Shun.

Mû : Préviens le service, ils vont sûrement essayer de revenir en douce.

Shun : Comment ont-ils pu ? Je ne l'ai pas quitté de la nuit.

Mû : Bonne question. Moi non plus et à part le mystérieux visiteur, personne n'est venu.

Shun : Attends, je l'ai laissée trois minutes pour aller aux toilettes, peut-être à ce moment là …

Mû : Hé ne te culpabilise pas, on ne sait pas et ils sont très malins.

Shun : D'accord, ma pauvre petite puce !

Mû : Va prévenir le service et puis va dormir un peu, tu as besoin de te reposer. Et puis le reste de ta famille ne va pas tarder, il leur faudra quelqu'un pour les rassurer et leur expliquer que les journalistes risquent de faire le pied de grue aux entrées et aux sorties.

Shun : Je leur dis de passer par l'entrée de la pharmacie ?

Mû : Excellente idée, mais vérifie là avant.

Shun : J'y cours.

A la maison des Garasu. Ikki avait été acheter des fleurs pour sa sœur. Il avait vu les journalistes qui guettaient devant le portail et les avait chassés sans ménagement. Il revint, furieux après avoir vu le journal dans lequel s'étalait la photo de sa sœur. Il se rendit dans le salon en maugréant, Shaka était présent.

Ikki : Les fumiers, comment osent-ils, je vais les…

Shaka : Ça n'arrangera rien, mon fils, le coupa-t-il.

Ikki : Mais père, ils ont osé la prendre en photo dans cet état !

Shaka : J'ai vu, mais cela ne va pas aider ta sœur de t'en prendre à eux. Plus tu va les chasser ou leur tomber dessus, plus ils vont accorder d'importance à avoir des photos et des exclusivités. Alors que, si nous restons discrets, en quelques jours tout sera oublié et ta petite sœur pourra se concentrer uniquement sur sa guérison. Tu comprends ?

Ikki : Oui, père, tu as raison, comme toujours. Mais s'ils ont réussi à entrer dans l'hôpital, ils peuvent recommencer.

Shaka : Ne t'inquiète pas, je vais charger Angelo de filtrer les entrées à sa chambre. Il m'a appelé tout à l'heure et ne devrait plus tarder.

Ikki : Quelle bonne idée, père ! Heureusement qu'Angelo était là et a attrapé le tireur, avec un peu de chance on pourra savoir qui s'en est pris à Céc' et qui lui en veut autant, même si j'ai ma petite idée.

Shaka : Tout à fait d'accord avec toi ! Tu viens avec nous, on va voir ta sœur dans deux heures ? Les visites commencent à onze heures.

Ikki : Bien sûr, je lui ai acheté des fleurs, fit-il en montrant le petit bouquet de fleurs simples qu'il tenait à la main.

Shaka : Très joli. Ta sœur adorera.

Ikki : Merci père !

Shaka : De rien.

Peu après Angelo arriva et demanda à parler à Shaka en privé. Il avait l'air profondément troublé. Voyant ceci, le sophrologue convia le garde du corps dans son bureau.

Shaka : Je vous écoute Angelo, que se passe-t-il ?

Angelo : J'ai échoué à protéger votre fille, j'ai failli à ma mission, je vous présente ma démission.

Le sophrologue soupira doucement. Il aurait du se douter de la réaction de l'homme, se morigéna-t-il.

Shaka : Dois-je vous rappeler que sans vous, on ne saurait même pas qui s'en pris à elle. Vous ne pouvez pas tout prévoir, c'est dans l'ordre des choses. Je refuse votre démission. J'ai encore besoin de vous, ma fille a besoin de vous. Certes, elle a été blessée mais au moins, grâce à votre habilité et votre rapidité, celui qui s'en prit à elle ne peut plus rien lui faire et on va pouvoir remonter à l'instigateur. Et voici pourquoi j'ai encore besoin que vous la protégiez.

Il tendit à l'homme un homme un journal. En première page s'étalait la photo de la jeune fille, visage tuméfiée, sur son lit d'hôpital.

Shaka : Vous connaissez son entourage, vous saurez identifier ceux qui ne sont pas ce qu'ils prétendent. Il est hors de question que ma fille soit ainsi exposée dans les médias.

Angelo : Je ...Entendu ! Comment va-t-elle ?

Shaka : Elle s'est réveillée, hier, deux heures après sa chute. Ils la gardent une semaine en observation pour être sûrs qu'il n'y aura aucune séquelle.

Angelo : Merci, j'y vais de ce pas.

Shaka : C'est moi qui vous remercie, je la sais en sécurité avec vous.

Angelo serra la main de Shaka et sortit. Il rejoignit rapidement l'hôpital et le service où se trouvait la jeune fille, guidé par Shun.

Angelo : On sait comment ils sont entrés ?

Shun : Non. Personne n'est venu à part nous et les médecins. Un homme est venu lui apporter une poupée, mais il n'est resté que trois minutes et l'infirmière était là, elle n'a rien vu.

Angelo : Pas besoin de faire une photo, une poupée tu dis ?

Shun : Oui, celle-ci, fit-il en désignant la poupée posée à côté de la jeune fille endormie. Le garde du corps prit l'objet et sortant un couteau de sa poche, ouvrit le ventre de la poupée. Dedans, il y avait des fils et une caméra.

Angelo : Et voilà, c'est comme ça qu'il a eu sa photo. C'est une vraie plaie, ces trucs.

Shun : Dans la poupée ?

Angelo : C'est une caméra-espion, à l'origine c'était pour protéger les enfants, surveiller ce qui se passe dans la chambre. Seulement, beaucoup de journalistes s'en servent aussi pour des photos inédites. Qui irait se méfiait d'une peluche ou d'une poupée ?

Shun : Comment a-tu-su ?

Angelo : Mon ancien protégé s'est fait prendre comme ça.

Shun : Merci, Angelo. Je vais de ce pas rassurer Naomi, l'infirmière, elle croyait qu'il avait pris une photo sans qu'elle le voit et elle se sentait coupable.

Angelo : Elle aurait difficilement pu deviner.

Shun : Je te laisse, tu as besoin de quelque chose ?

Angelo : Que tu me présente ceux qui vont s'occuper de ta sœur ou bien un trombinoscope, que je ne me fasse pas avoir par un journaliste ou autre.

Shun : Pas de souci, il y en a un dans chaque service et tout le monde a des badges d'identification. Je t'apporte ça.

Angelo : Merci.

Shun rejoignit le poste des infirmières, leur expliqua la présence d'Angelo et sa demande. Dix minutes plus tard, il présenta un trombinoscope au garde du corps. A onze heures, toute la famille vint voir l'adolescente. Cependant on ne les autorisa à entrer que deux par deux et pas plus de dix minutes à chaque fois.