Chapitre 14 : Retour sur la glace
En une semaine, Angelo déjoua quatre tentatives des journalistes qui voulaient photographier ou interviewer la Petite Étoile. La police vint également l'interroger sur l'accident et les divers incidents qui s'étaient produits avant. A la fin de la semaine, les médecins laissèrent la jeune fille retourner chez elle mais avec ordre de rester allongée ou assise toute la journée. Elle avait le droit à cent pas par jour et savait que tous surveilleraient attentivement qu'elle ne les dépasse pas. Le jour de sa sortie, les journalistes faisaient le pied de grue devant l'entrée de l'hôpital. Mais les médecins la firent sortir par une sortie discrète. Néanmoins, elle n'eut pas le droit de sortir sur ses deux pieds mais assise dans un fauteuil roulant. Elle râla un peu mais Shun, qui poussait son fauteuil, lui rappela qu'elle relevait d'une grave blessure et que beaucoup de monde avait tremblé pour elle. Cela la fit taire instantanément, elle était désolée d'avoir inquiété les siens. Grâce à la ruse des médecins, les journalistes ne se rendirent compte de sa sortie que trop tard. Cependant, Hyoga et Camus savaient qu'à plus ou moins brève échéance, ils devraient organiser une conférence de presse avec la jeune fille. Malgré tout, ils préféraient attendre les résultats de l'enquête et être sûr de l'état de santé de l'adolescente avant de l'envisager. Une fois arrivés chez eux, Ikki souleva sa sœur et l'allongea sur le canapé du salon. Natassia s'assit à son chevet.
Natassia : Pour que cela soit plus simple pour toi et pour tout le monde, on t'a installée, momentanément, dans la chambre d'ami. Si tu as besoin de quelque chose, appelle, n'hésite pas, il y aura toujours quelqu'un aux alentours.
Cécile : Je vais vous ennuyer, mère.
Natassia : Mais non, ma puce, mais toi, tu dois être très sage et bien écouter les médecins. Tant que tes côtes n'ont pas commencé à se ressouder, tu es en danger, tu le sais.
Cécile : Je sais, mère, Shun, Mû et les médecins m'ont bien fait la leçon.
Natassia : C'est aussi très important, ma chérie, c'est une grave menace pour ta santé.
Cécile : Je sais, mère, désolée, je me sens inutile et j'ai l'impression d'embêter tout le monde.
Natassia : Je comprends, ma puce, je t'assure.
Cécile : Toi aussi, tu as été blessée gravement, mère ?
Natassia : Pas autant que toi, mais quand j'avais dix sept ans, je me suis fracturée une cheville et j'ai du rester deux mois sans poser le pied par terre. C'était très dur mais je savais que c'était pour pouvoir reprendre l'entraînement dans de bonnes conditions et ne pas avoir de fragilité à ce niveau. Ton oncle m'a beaucoup aidé et soutenu et je suis sûre que tes frères et ta sœur seront là pour toi.
Cécile : Merci, mère.
Natassia : De rien, ma chérie, repose-toi.
Elle se pencha et déposa un chaste baiser sur le front de sa benjamine avant de se lever. Saori prit sa place et tendit, à la plus jeune, un livre et une console de jeux portable.
Saori : Tu vas avoir le temps de battre ton score à Tetris.
Cécile : Merci Saori.
Saori : Je t'ai aussi pris le roman que tu cherchais.
Cécile : Merci, grande sœur. Et ton jumping, ça c'est bien passé ? J'espère que je ne t'ai pas fait trop peur.
Saori : Ça c'est bien passé et grâce à Aioros et Saga, j'ai pu gérer l'annonce de père. Oui, j'ai eu peur, tu es ma petite sœur, c'est normal et je suis très contente que tu sois rentrée à la maison et que tu sois hors de danger.
Cécile : Pas encore, il faut attendre que mes côtes commencent à se ressouder.
Saori : On sera là, ma belle, je te fournirai en livres et en dvd c'est promis.
Elles rirent doucement mais cela arracha malgré tout une grimace de douleur à la plus jeune. Deux semaines plus tard, les premiers signes de consolidation étant apparue, elle eut le droit de se déplacer un peu plus. Ne pouvant pas encore retourner au collège, Aioros vint l'aider dans ses études. Pourtant l'accident avait ébranlé son esprit. Elle faisait de fréquents cauchemars depuis qu'il avait eu lieu. Un mois plus tard, elle demanda à retourner sur la glace mais Shaka, Natassia et Mû lui opposèrent un non ferme. Shaka ajouta qu'elle ne remonterait pas sur des patins tant qu'elle ferait autant de cauchemars. Aussi, Mû lui proposa quelques séances avec Shion en voyant sa tristesse à cette réponse.
Mû : Est ce que tu penses que cela te ferait du bien de parler avec Shion de tout ça ?
Cécile : Je ne sais pas, Mû. Oui, peut-être. La glace est plus qu'un élément, pour moi, c'est une amie, elle me manque.
Mû : Je comprends, ma belle, mais c'est encore très risqué. Tes côtes se ressoudent bien mais une chute un peu brusque pourrait les recasser. Il vaut mieux attendre que cela soit complètement ressoudé.
Cécile : Je ne suis pas sûre que cela suffise pour père et Shun.
Mû : Ceci aussi, tu pourras en parler avec Shion, ça te fera du bien.
Cécile : D'accord !
Mû : Je vais voir avec lui et je te tiens au courant, ça te convient ?
Cécile : Oui, merci, oncle Mû.
Mû : Courage ma belle, dans un mois, normalement, tout sera consolidé et tout rentrera dans l'ordre.
Cécile : je l'espère.
Mû : Je vais te laisser, repose-toi.
Il ébouriffa gentiment les cheveux de l'adolescente et la laissa dans sa chambre pour rejoindre Shaka dans son bureau.
Shaka : Alors ?
Mû : Elle consolide bien, elle est sage. Elle sera bientôt en état de patiner à nouveau.
Shaka : Chose que je ne suis pas prêt à accepter pour l'instant, mon ami.
Mû : C'est une championne internationale maintenant, tu vas devoir t'y faire.
Shaka : J'ai vu ma toute petite fille inconsciente, le visage tuméfié, risquant de ne jamais se réveiller parce que sa rivale n'est pas capable de se battre à la loyale.
Mû : Ça, tu n'en sais rien.
Shaka : Kanon vient de m'appeler. Ils sont remontés jusqu'à Thanatos Elysium et à sa fille.
Mû : Quelles sanctions ?
Shaka : Pour l'instant, Pandore a interdiction de l'approcher à moins de cent cinquante mètres exception faite, du fait des règles de leur sport et de leur niveau, du warm-up. Cependant, un officiel sera toujours présent entre elles. Pour le reste, le procès aura lieu dans deux mois. Elysium risque gros, tentative d'homicide volontaire, ça va chercher dans les quinze ans.
Mû : Donc tu peux tout à fait permettre à ta fille de retourner sur la glace d'ici un mois.
Shaka : J'y réfléchirai.
Mû : Shaka, elle en a besoin.
Shaka : Je ne suis pas prêt, mon ami. Et puis, elle fait beaucoup de cauchemars.
Mû : Je lui ai proposé de parler un peu à Shion, cela ne peut lui faire que du bien.
Shaka : Merci, pour ça aussi.
Mû : De rien, mon ami, de rien.
Ils se serrèrent la main et se firent une chaleureuse accolade avant que Mû sorte doucement. Une semaine plus tard, la jeune fille était dans le bureau de Shion. Elle y exprima ses doutes et ses cauchemars.
Shion : Hé bien ! Et tu gardes tout ça en toi ?
Cécile : J'en parle avec père, Shun et Hyoga, enfin Hyoga en ce moment. Des fois avec oncle Camus. Sinon, ma foi, le vent est une oreille attentive et qui ne répète rien, sourit-elle doucement.
Shion : Je comprends, mais tes cauchemars viennent aussi de ces peurs que tu n'exprimes pas.
Cécile : Je ne laisserai jamais Pandore gagner sur la glace ou dans mon esprit. Je ne comprends même pas pourquoi elle s'en prend à moi. De ce que j'ai vu de son patinage, avec du travail, elle pourrait me battre. Elle est plus grande que moi, elle a une bonne impulsion, ça lui donne plus de facilité et de légèreté.
Shion : Mais peut-être qu'elle réagit ainsi parce qu'elle est arrivé à un palier et qu'elle ne voit pas ce qu'elle pourrait faire de plus. Tout le monde n'a pas la même marge de progression et la même volonté.
Cécile : Oui, je vois.
Shion : Après, je ne vais pas te dire que ce qu'elle fait est bien, au contraire. Tu as raison de ne pas vouloir la laisser prendre le dessus dans ton esprit. Mais tu dois exprimer tes peurs et tes doutes pour mieux les surmonter. Tu comprends ?
Cécile : Je crois, oui, Shion, merci.
Shion : De rien. Reviens me voir la semaine prochaine, même heure.
Cécile : D'accord.
Elle lui sourit doucement et sortit rejoindre Shaka qui l'attendait. Ce dernier proposa à sa fille d'aller au cinéma. Elle accepta avec plaisir. Shaka et Natassia mettaient un point d'honneur à accorder à chacun des jeunes des moments en tête à tête avec l'un ou l'autre des parents. Conscient qu'elle trouvait la situation actuelle difficile, il espérait lui procurer un peu de détente de cette façon. Mais un mois et demi plus tard, quand Mû déclara la jeune fille complètement rétablie, il refusa catégoriquement qu'elle retourne sur la glace. Elle essaya de le fléchir et insista tant qu'elle put sans succès. Hyoga s'en mêla et après maintes et maintes discussions, il réussit à obtenir le droit de lui faire reprendre des entraînements légers dans le gymnase de la Fondation Graad que Saori avait mis à leur disposition. Il annonça la nouvelle à sa sœur.
Hyoga : Père est d'accord pour des entraînements légers dans le gymnase de la Fondation.
Cécile : J'ai deux programmes à refaire entièrement. Les Mondiaux sont dans moins de trois mois, on est fin novembre.
Hyoga : Sois patiente, petite sœur, on a tous eu très peur pour toi.
Cécile : Je sais. Toi, tu es venu me chercher et pourtant tu veux bien que je retourne patiner.
Hyoga : Je suis aussi ton entraîneur, ma puce. Et je sais ce qu'on ressent quand on est privé de glace. Mais je ne vais pas te dire que l'image de toi, inerte sur la glace, ne va pas me hanter pendant un moment.
Cécile : Tu devrais en parler à Shion. Je suis désolée, grand-frère.
Hyoga : Ne t'inquiète pas pour moi. Tu vas voir, on va bien travailler et laisser un peu de temps à père. Tu veux bien ?
Cécile : Oui, mais...la glace me manque.
Hyoga : Je comprends, je t'assure. Allez, va te préparer, on va déjà aller courir un peu tous les deux. Après, on parlera de tes programmes.
Cécile : D'accord.
Elle fila se changer et revint trois minutes plus tard, prête pour courir. Elle était heureuse de pouvoir recommencer à s'entraîner même si être sur la glace lui manquait énormément comme elle l'avait dit à son frère. Hyoga prit cependant garde à ce qu'elle ne force pas. Ils coururent une vingtaine de minutes puis il la fit stopper et lui fit faire des assouplissements. Ensuite, tout en lui faisant faire des mouvements de gymnastique et de renforcement musculaire, ils discutèrent des programmes et de leur contenu. Après une heure d'exercice, Hyoga signifia la fin de l'entraînement.
Cécile : Déjà ?
Hyoga : On va y aller doucement et progressivement. Tu as passé deux mois sans entraînement et au repos complet. Tes muscles ont fondus, il faut y aller doucement. Déjà tu vas boire beaucoup d'eau pour éviter les courbatures.
Cécile : Je peux au moins mettre par écrit les programmes et sélectionner des musiques ?
Hyoga : Oui, tu peux, mais d'abord, bois ! Fit-il en lui tendant une gourde.
Elle s'exécutât et vida la gourde qu'il lui tendait.
Cécile : Satisfait ?
Hyoga : Oui, ma puce, le prends pas comme une sanction.
Cécile : Désolée, grand-frère.
Hyoga : Allez,viens là ! Il l'attira contre lui pour un fraternel câlin.
Hyoga : On va y aller pas à pas et je te promets de t'emmener aux Jeux Olympiques, ma puce.
Cécile : Si tu arrives à convaincre, père ! Et moi, je te promets de ramener la médaille d'or.
Hyoga : Après, je ne vais pas te cacher que pour les mondiaux de cette année, c'est mal parti. Ce qui va te valoir une année intensive.
Cécile : Tu veux dire battre Pandore à plates coutures à chaque compétition internationale pendant une année, tu m'offres un cadeau de Noël en avance, là.
Hyoga : Ne t'occupe pas d'elle, pense à tes rêves, à ton désir d'une médaille d'or. Elle ne doit pas être ta cible.
Cécile : Tu ne vas pas m'en vouloir d'avoir envie d'une petite vengeance, quand même ?
Hyoga : Qu'en dit Shion ?
Cécile : Il a très bien compris que c'est juste une manière de me motiver un peu plus. Pour toi, pour mère, pour Camus, pour tous ceux que j'aime, qui m'ont soutenue contre vents et marées, pour moi aussi, je veux ce graal, la médaille d'or aux Jeux Olympiques. Et si je dois passer un an et deux mois à bosser comme une dingue, je le ferai.
Hyoga : Tu seras prête, je t'en fais le serment.
Cécile : Merci, niisan. Heureusement, j'aurais quinze ans donc l'âge de participer. Reste le plus dur à faire, convaincre père.
Hyoga : Je te l'ai dit, patiente un peu.
Cécile : Je vais essayer, promis.
Ils se sourirent. Peu à peu, Hyoga et Camus intensifièrent les entraînements, prenant soin de ne pas la surmener tout en essayant de lui procurer suffisamment de liberté pour ne pas qu'elle se sente brimée ou surprotégée. Malgré tout, le refus constant de Shaka de la laisser reprendre la glace, soutenu sans réserve par Shun, la rendait extrêmement nerveuse et à fleur de peau. Elle avait du aussi faire face à la conférence de presse organisée par ses entraîneurs et la fédération. Aussi, au bout d'une vingtaine de jours de ce régime, elle demanda à son père un entretien privé. Shaka la laissa développer ses arguments mais fut choqué quand elle termina en le suppliant à genoux de la laisser retourner sur la glace. Il inspira profondément pour se laisser le temps de préparer sa réponse et ne pas répondre sous le coup de la colère ou du choc. Il annonça calmement.
Shaka : Tu en fais trop, c'est toujours non, tu as encore des cauchemars.
Cécile : Beaucoup moins, père, je t'en prie. J'ai besoin de la glace.
Shaka : Non, ça suffit, je ne veux plus rien entendre de ta part sur ce sujet.
Cécile : Père, je t'en supplie, s'il te plaît ? Je ne te demande même pas de reprendre l'entraînement, juste retourner sur la glace.
Shaka : Non, et je ne veux plus rien entendre sur ce sujet, tu peux disposer.
Elle sortit en larmes et alla se réfugier dans la chambre d'Ikki. Son aîné préparait ses affaires pour retourner dans son appartement. Il fut surpris de voir sa sœur se jeter en larmes dans ses bras, elle n'avait guère l'habitude de s'épancher auprès de lui. Néanmoins, il referma ses bras sur sa cadette et lui frotta gentiment le dos tout en lui demandant.
Ikki : Qu'as tu, petite sœur?
Cécile : Je n'en peux plus Ikki. Père refuse de me laisser retourner sur la glace. Je ne veux même pas m'entraîner. Juste retourner sur la glace, retrouver mes sensations. J'ai besoin de retrouver mon amie, ma partenaire et en même temps, j'ai si peur.
Ikki : Je sais,petite sœur. Tu as peur d'avoir peur sur la glace. Et tu as besoin de la retrouver, de refaire connaissance avec elle.
Cécile : C'est ça, tu me comprends si bien.
Ikki : Je comprends parce que comme toi, la glace fait partie de moi. Mais toi, tu dois comprendre combien on a eu peur pour toi.
Cécile : Je sais bien, j'en suis désolée, mais il y a plus de deux mois maintenant. Tu veux bien essayer de parler à père, s'il te plaît ?
Ikki soupira et serra sa sœur contre lui, il comprenait son chagrin.
Ikki : Ça ne servira à rien, sinon à le braquer davantage.
Cécile : Mais toi, tu comprends.
Ikki : Ce n'est pas moi qu'il faut convaincre, ma chérie. Mais attends un peu, tu dois lui laisser du temps, il t'aime, petite sœur, tu es sa petite dernière, son bébé. On t'aime tous et on a cru te perdre. Il a peur que s'il te laisse retourner sur la glace, un jour, tu disparaisses.
Cécile : Mais Pandore n'a plus le droit de m'approcher.
Ikki : Son père n'a été condamné que pour incitation à la violence. Tu es toujours en danger, ne l'oublie pas.
Cécile : Je ne vais pas la laisser me gâcher la vie et me dominer. Je sais qu'elle peut encore me nuire mais je refuse de me laisser intimider, je ne suis plus une petite Junior surclassée qu'on peut effrayer. Et je sais qu'Angelo me protège.
Ikki : C'est vrai, mais vraiment, attends un peu avant de retenter de parler à père, d'accord ?
Cécile : D'accord, merci de m'avoir écoutée, Ikki.
Ikki : De rien. Et pourquoi tu n'es pas allée pleurer sur l'épaule de Shun ?
Cécile : Il est à fond derrière père. Hyoga tempère tant qu'il peut m'entraîner au gymnase de la Fondation. Saori ne prend pas partie tout comme mère.
Ikki : Je vois, allez, sèche tes larmes, tout va s'arranger, tu verras.
Cécile : Encore merci, Ikki, seulement, père ne va plus guère me parler pendant quelques jours, j'ai un peu insisté.
Ikki : Tu sais pourtant qu'il a horreur qu'on le bouscule et qu'on insiste quand il refuse.
Cécile : Je sais mais c'est si important pour moi. Mais je ne parle que de moi, tu en es où de tes sélections ?
Ikki : C'est la dernière ligne droite, on attend les résultats, ils vont tomber aux alentours de Noël normalement. Si je suis accepté, il y a un stage de deux semaines à Kyoto en février pour nous souder et après entraînement trois fois par semaine jusqu'au départ pour les Jeux Olympiques deux semaines avant le début pour s'entraîner sur le terrain.
Cécile : Cela serait tellement bien que tu sois sélectionné. Tu as travaillé dur, tu le mérites et comme ça, au moins un de nous ira aux J.O, réaliser le rêve de mère.
Ikki: Le plus important, ma puce, c'est tes rêves à toi. Courage, père va bien finir par changer d'avis, il ne peut pas te cloîtrer indéfiniment. Tu est la première mondiale et la meilleure patineuse du Japon, ça serait un comble qu'ils ne te sélectionnent pas.
Cécile : Ça fait plus de deux mois que je suis absente, je n'aurais que les Mondiaux et le Skate USA pour me qualifier. Il faut terminer dans les cinq premières, ce qui me laisse moins de deux mois pour me préparer, avec des nouveaux programmes. Ça va être juste.
Ikki : Tu n'as jamais présenté le programme long que tu as créé la dernière fois. Tu pourrais le réutiliser. Et tu n'as pas fini le court, personne ne pourra t'en vouloir si tu le recommences, au contraire.
Cécile : C'est vrai. Hyoga a peur que j'ai des doutes et que ça me pénalise, alors au cas où…
Ikki : Et tu ne le sauras qu'en retournant sur la glace. Effectivement, je vois le problème.
Cécile : Merci, Ikki, ça m'a fait du bien de parler avec toi. Je vais te laisser tranquillement finir de te préparer.
Ikki : Merci, ma puce, et n'hésite pas si tu as besoin.
Cécile : Encore merci, Ikki.
Elle lui déposa un rapide baiser sur la joue avant de sortir pour rejoindre sa chambre. Là, elle sélectionna une musique, s'assit en tailleur sur son lit et ferma les yeux, essayant de visualiser le programme qu'ils avaient mis au point avec Hyoga et Camus. Elle patinait sur une musique du film Gladiator, ce qui lui permettrait d'avoir une tunique à l'aspect d'une cuirasse dans laquelle Miho coudrait de très fines plaques de mousse dense, susceptibles d'amortir les chocs. Elle ne désirait pas prendre le risque de revivre la même mésaventure. D'ailleurs toutes ses tuniques subiraient cette modification. Elle aurait aimé ne pas avoir à s'entourer d'une telle précaution mais même Shion lui avait conseillé. Nul ne savait comment aller réagir les Elysium comme l'avait dit Ikki, elle n'était donc pas libre de tout danger. Elle rouvrit les yeux, agacée, ses pensées l'avaient entraînée bien loin de son exercice de visualisation. Elle allait recommencer quand on toqua à sa porte. Elle alla ouvrir et soupira en voyant Shun patienter sagement devant sa porte.
Cécile : Oui, Shun, tu désires ?
Shun : Juste savoir comment c'est passé ton entraînement du jour ?
Cécile : Très bien, pas de douleur à la tête, pas de vertige ni de nausées, juste les côtes qui tirent un peu surtout avec le harnais pour sauter.
Shun : Très bien, n'oublie pas de te ménager et repose-toi.
Cécile : Oui, je sais, je sais, je travaille là.
Shun : Je te laisse, dans trois jours tu as ton scanner de contrôle.
Cécile : C'est noté, d'autant plus que tu me le rappelles tous les jours. Je peux, maintenant ?
Shun : Tu t'es entraînée deux heures, tu as fait tes devoirs, fini les exercices, tu peux lire, regarder la télé mais plus d'entraînement, repos jeune fille !
Cécile : J'écoute de la musique sur mon lit, c'est ça mon exercice. C'est pas fatiguant, il faut juste de la concentration.
Shun : Je me rends, fit-il en voyant qu'elle s'énervait contre lui. Il savait combien la situation actuelle lui pesait et ne souhaitait pas envenimer davantage ses relations avec elle. Il avait eu très peur pour elle et avait de la peine à admettre qu'elle veuille remonter sur la glace. Aussi soutenait-il la décision de leur père, tout en sachant que cela la rendait malheureuse. Il était déchiré entre sa peur et son amour fraternel, tout comme leur père était déchiré entre sa peur et son amour paternel. Shun en avait parlé à Mû et ce dernier lui avait conseillé de ne pas trop brusquer la benjamine de la famille. Dans cette situation, il choisit de se retirer. Néanmoins, sa sœur ne réussit pas à reprendre son exercice. Elle était beaucoup trop nerveuse et à fleur de peau pour y arriver. Elle soupira, elle avait besoin d'une séance de relaxation made in Shaka et le convaincre de la laisser parler n'allait pas être une partie de plaisir. Cependant, elle n'avait guère le choix. Elle partit à la recherche de son père, ce dernier lisait tranquillement au salon. Il vit parfaitement sa fille approcher de lui mais resta concentré sur sa lecture. Il avait suffisamment entendu ses arguments pour aujourd'hui et ne souhaitait pas recommencer leur dispute et augmenter leur désaccord. Toutefois, elle s'assit calmement en tailleur, en silence, devant lui. Il leva les yeux sur elle mais ne dit rien. Au bout d'un moment, voyant qu'elle ne bougeait pas et qu'elle désirait vraiment lui parler, il soupira et referma son livre avant de demander.
Shaka : Qu'est ce que tu veux ? Si c'est pour présenter à nouveau tes arguments, tu peux oublier.
Cécile : Non, j'ai besoin d'une séance de relaxation avant que j'écharpe le prochain qui me parle de repos.
Shaka : A ce point ?
Cécile : Oui.
Shaka : C'est entendu, mais si j'entends les mots « glace » ou « patinoire », j'arrête tout immédiatement.
Cécile : C'est compris.
Shaka : Viens, on va aller das mon bureau.
Il l'entraîna avec lui. Une fois arrivé, il déroula un matelas et un tapis en mousse et la fit allonger sur le ventre. Ensuite, il lui massa délicatement les épaules et le dos. Il sentit les tensions accumulées dans le corps frêle.
Shaka : Effectivement, tu es très tendue, on dirait un arc. On va commencer par quelques exercices de relaxations et de respiration, avant...disons Shiva et Vishnou ?
Cécile : D'accord, merci.
Shaka : De rien, même si nous sommes en désaccord, je serai toujours là si tu as besoin de mon aide.
Cécile : Merci, pour ça aussi ;
Shaka : Allez, assieds toi, respire calmement, je vais te masser les épaules pendant que tu te concentres sur ta respiration.
Il passa une longue heure à l'aider à se relaxer et à se détendre pour lui permettre d'être plus sereine. Elle avait évacué de cette façon, une bonne partie de sa nervosité et de ses tensions. Lorsqu'il eut terminé et qu'elle eut quitté la pièce, il réalisa que la peine qu'elle avait et le fait que lui et Shun se soutiennent pour lui interdire la glace la privait d'aller s'épancher sur leurs épaules comme elle le faisait habituellement lorsqu'elle avait des problèmes. Donc, elle n'avait plus de moyens de soulager la pression d'où les énormes tensions qu'elle emmagasinait. Il prit son téléphone et parla longuement à son interlocuteur. A tel point que Saori vint le chercher pour le repas. Le soir, dans leur lit, il demanda à Natassia.
Shaka : Tu crois que j'ai tort ?
Natassia : De quoi ? A propos de Cécile ?
Shaka : Oui, de lui refuser de remonter sur la glace.
Natassia : Tu sais que tu ne pourras pas lui interdire éternellement. Elle en a besoin, comme tous les patineurs ont besoin de la glace, elle est notre amie, notre partenaire. Et à la fois, elle doit avoir très peur de remonter dessus. Comme tu as peur qu'elle retombe et se blesse à nouveau, elle a peur de retomber. Tu as toujours encouragé nos enfants à affronter leurs peurs. Et quand elle demande à le faire, tu lui refuses cette possibilité. Mais tout comme toi, j'ai eu très peur en la voyant inconsciente, si fragile et si jeune. Mais je sais ce qu'elle ressent, surtout avec les Mondiaux qui approchent et la perspective des J. O l'année prochaine. Mais, à ta différence, j'ai déjà été à sa place, j'ai plus de facilité à comprendre les deux parties. En tant que mère, je comprends que tu essayes de la préserver, en tant que patineuse, sa hâte de recommencer à patiner.
Shaka : Merci.
Natassia : Dois-je en conclure que tu vas la laisser patiner à nouveau ?
Shaka : Tout à l'heure, quand je l'ai massé, j'ai senti des tensions, je ne l'avais jamais sentie aussi tendue et aussi triste à la fois, ça m'a fait mal. J'ai appelé Shion, il m'a beaucoup parlé et je me suis ouvert à lui de mes doutes et de mes peurs. J'ai quand même besoin de quelques jours encore pour me faire à cette pensée et puis j'ai eu une idée, si nous faisions une partie de notre réveillon à la patinoire ?
Natassia : Oh, mon amour, quelle délicate attention, un cadeau surprise, elle va adorer. Nos enfants seront ravis de t'aider.
Shaka : Sauf Shun !
Natassia : Il souffre autant que toi de voir notre bébé aussi malheureuse, il va suivre le mouvement.
Shaka : Merci, ma douce.
Ils s'embrassèrent passionnément avant de discuter de la la façon de s'y prendre pour surprendre leur benjamine. Dans les jours suivants, ils mirent au courants leurs aînés un par un, en faisant bien attention que la plus jeune ne se doute de rien. Saori, quand elle fut mise au courant, glissa à Shaka.
Saori : Père, Miho voulait lui faire une surprise et lui a refait pour Noël sa tunique de gala qu'elle adorait.
Shaka : Je croyais qu'elle était irrécupérable.
Saori : Miho lui a refait à l'identique et à sa taille. On pourrait lui bander les yeux et lui faire revêtir avant de l'emmener à la patinoire.
Shaka : Très bonne idée ma chérie. Reste à l'écarter de la maison le vingt trois après midi. On se réunit tous pour tout mettre en place.
Saori : Je m'en occupe, père. Je l'emmènerai faire les magasins.
Shaka : Je me demande comment tu vas réussir ce tour de force. Elle a déjà fait tous ses cadeaux, prévu sa robe pour la soirée, elle n'a plus de raison de faire les courses.
Saori : Cécile n'a jamais su refuser de rendre un service. Je vais lui demander de m'aider à choisir ma robe.
Shaka : Bien vu, on compte sur toi.
Saori : Promis, père.
Quelques jours plus tard, Saori vint frapper à la porte de sa sœur.
Saori : Petite sœur, j'ai absolument besoin de ton aide.
Cécile : Qu'est ce que je peux faire de t'aider, Saori ?
Saori : Il faut absolument que tu m'aides à choisir ma robe, j'ai un créneau le vingt trois après midi. S'il te plaît, j'hésite entre deux et je dois encore choisir le cadeau de Shun.
Cécile : Je t'avais dit de t'y prendre à l'avance. Si je peux, oui, je viendrais avec toi. Mais il faut demander à Hyoga. Je sais qu'il voulait faire une grosse séance le vingt trois parce qu'on avait qu'une heure et demi le vingt quatre avec la réception.
Saori : D'accord, je vais lui demander, mais tu viendras, hein ? Au passage, tu pourras aussi te choisir une robe pour la réception.
Cécile : Je voulais mettre ma robe verte. Elle est assez habillée sans être trop ostentatoire.
Saori : Et si on t'en trouve une jolie ?
Cécile : J'ai pas vraiment le cœur à chercher des robes en ce moment.
Saori : Et tu n'aimes pas le shopping, je sais. Mais j'ai vraiment besoin de ton avis.
Cécile : Tu l'auras, c'est promis.
Saori : Merci, petite sœur !
Elle lui plaqua un gros baiser sur chaque joue, se retira en riant et en criant le prénom de Hyoga à tue-tête. Cécile sourit doucement, amusée. Saori savait obtenir ce qu'elle voulait. La patineuse retourna s'asseoir sur son lit et recommença son exercice de visualisation. Depuis que son père l'avait aidé à se détendre, elle arrivait beaucoup mieux à accomplir cet exercice mais estimait qu'elle avait encore besoin de progresser. Elle s'immergea dans cette activité et sursauta quand on frappa fortement à sa porte. Elle invita la personne à entrer, Hyoga la rejoignit.
Hyoga : Tu fais encore cet exercice ?
Cécile : Saori m'a interrompue tout à l'heure et j'ai du mal sur la fin du programme.
Hyoga : On l'a déjà beaucoup modifié et ça fait cinq minutes que je tape à ta porte et ça fait plus d'une heure que Saori est venue me parler.
Cécile : Je n'ai pas vu le temps passer.
Hyoga : Ce n'est rien. Demain, on travaillera la fin du programme long et l'enchaînement double-triple-triple du court, maintenant viens manger. Et tu veux vraiment aller avec Saori dans trois jours ou je te sauve d'une tournée shopping ?
Cécile : Elle m'a demandée de l'aider, ce n'est pas ma tasse de thé mais si ça lui fait plaisir et que ça lui rend service, pourquoi je refuserai ?
Hyoga : Je vois, je vous dégage l'après midi, mais du coup, comme tu es en vacances, on fera trois heures d'entraînement le matin, d'accord ?
Cécile : Oui, merci, Hyoga.
Elle sourit à son frère et le suivit pour aller rejoindre le reste de la famille à table. Alors qu'ils mangeaient, Ikki reçut un message. Shaka rappela.
Shaka : Je croyais qu'on étaient tous d'accord, pas de téléphone à table.
Ikki : Désolé, j'ai oublié de le poser, j'attendais les résultats de la sélection.
Shaka : Allez, regarde, si c'est ça, tu peux ouvrir le message, tout le monde est d'accord ?
Tous acquiescèrent et Ikki lut le message. Il se leva fou de joie, en criant.
Ikki : Je suis sélectionné !
Tous le félicitèrent chaudement. Le jeune homme de vingt deux ans venait d'être pris dans l'équipe nationale du Japon pour les Jeux Olympiques comme centre sur la deuxième ligne et assistant du capitaine. Il était très content et tous étaient heureux pour lui et très fiers de ses prestations. Tous le lui dirent et le congratulèrent tout en lui souhaitant le meilleur pour la suite. Natassia serra son fils dans ses bras. Shaka lui fit une généreuse accolade et lui serra la main en lui disant combien il était heureux et fier de lui. Hyoga et Shun lui firent de nombreuses tapes dans le dos et le chahutèrent gentiment tout en le félicitant. Saori et Cécile lui sautèrent au cou avec de grands sourires. Enfin, l'agitation retomba un peu mais Shaka alla chercher une bouteille de champagne et l'ouvrit. Il servit Natassia, Hyoga, Ikki et lui même et versa un fond de verre au trois plus jeunes pour qu'ils puissent trinquer avec eux en l'honneur d'Ikki. Saori rigola gentiment.
Saori : Père, tu sais bien que certaines négociations se font autour d'un verre, j'ai déjà bu une coupe de champagne.
Shaka : Sous mon toit, jeune fille, pas plus d'un fond de verre pour les personnes non majeures et encore que pour des raisons exceptionnelles. Être présidente d'une grande fondation n'y changera rien. Allez, trinquons à la réussite d'Ikki et souhaitons lui le meilleur pour la suite. Félicitations, fils.
Ikki rosit et remercia tout le monde pour leur soutien et leurs encouragements. Alors qu'ils sortaient de table, il chuchota à sa cadette.
Ikki : Bientôt, ça sera ton tour, j'en suis certain.
Elle lui fit un pauvre sourire pour le remercier. Il savait que la décision de leur père de lui interdire la glace avait profondément blessée la jeune fille et que sa sélection lui rappelait qu'elle ne pourrait peut-être pas, elle, aller aux Jeux Olympiques, par la faute de Pandore. Il la serra contre lui.
Ikki : Ne pleure pas, ma puce.
Cécile : Merci, Ikki. Tu as raison, je suis égoïste, c'est ton grand jour et je suis très heureuse pour toi.
Ikki : Ne te crois pas égoïste parce que tu souffres, ma puce. Si je pouvais, j'irai lui faire ravaler son bulletin de naissance à cette fille.
Cécile : Elle n'en vaut vraiment pas la peine, Ikki ! Je ne voudrai pas que tu ais des ennuis pour ça, s'il te plaît ?
Ikki:Et mon rôle de grand-frère protecteur, alors ?
Cécile : Tu le remplis très bien, n'en doute pas, merci niisan.
Elle lui sourit. Il admira la force d'âme de sa sœur et se réjouit de la surprise que tous lui préparaient. Tout se déroulait à merveille et elle ne se doutait de rien. Le vingt trois après midi, Saori tint sa sœur à l'écart de la maison en lui montrant les deux robes entre lesquelles elle hésitait puis en l'emmenant faire les magasins sous prétexte de trouver un cadeau à Shun. La plus jeune la suivit en riant en la voyant s'éparpiller et s'arrêter à toutes les boutiques. Elle revinrent, chargées de paquets. Shaka les vit arriver.
Shaka : Je vois que vous avez dévalisé les boutiques.
Saori : Cécile a été très sage, elle n'a qu'un paquet, elle m'a gentiment aidé à porter les miens. Mais j'ai tout trouvé.
Shaka : C'est bien. Et toi, Cécile, qu'as tu trouvé ?
Cécile : Ceci, c'est un petit cadeau pour Gérald, j'espère que ça lui plaira, dit-elle en exhibant un bracelet fin en argent comportant un patin suspendu.
Shaka : C'est très beau, ma puce.
Cécile : Merci. Père, je voudrais te donner ceci. Elle lui tendit une lettre qu'il prit.
Shaka : Dois-je attendre pour la lire ?
Cécile : Non, je te l'ai écrite sur les conseils de Shion. Lis là au calme, c'est tout.
Shaka : D'accord. Allez, on mange dans un quart d'heure. Saori, besoin d'aide ?
Cécile : Je vais l'aider, père.
Shaka : On va l'aider tous les deux, si tu veux bien ?
Elle acquiesça en silence. Elle voyait bien que son père essayait de rétablir leurs relations après leur brouille. Elle avait toujours eu des relations très fortes avec lui et leur désaccord lui pesait. Elle savait que la décision de son père de l'éloigner de la glace était la conséquence de sa chute mais elle voulait tellement retourner à la patinoire qu'elle n'acceptait cette décision qu'avec peine et en espérant qu'il changerait rapidement d'avis. Saori et Shaka échangèrent un regard de connivence, manifestement, elle ne se doutait de rien. Le lendemain matin, tous aidaient à préparer la fête qui aurait lieu le soir même. Natassia distribuait les tâches tout en s'activant à décorer le salon avec Shun et Saori. Shaka, Ikki et Hyoga transportaient des meubles, des bancs et des chaises. Cécile devait faire des petits gâteaux chocolatés. Elle soupira doucement, pour réussir son glaçage au chocolat, il lui fallait de l'aide mais personne ne semblait disposé à la seconder. Elle avait crié trois fois, essuyé deux refus polis de Shaka et Hyoga. Excédé, d'autant que depuis le matin, elle ne pouvait pas discuter plus deux minutes avec quelqu'un sans qu'ils soient interrompus ou que la personne en question se défile sous un prétexte ou un autre. Elle alla au salon et dit aussi calmement que possible.
Cécile : Si vous voulez que je prépare cinquante gâteaux chocolatés, il va falloir que quelqu'un vienne m'aider.
Natassia : C'est une façon de demander ?
Cécile : Désolée, mère, cela fait trois fois que je crie à l'aide, j'ai essuyé deux refus polis et j'ai vraiment besoin d'assistance.
Saori : J'arrive, petite sœur.
Cécile : Merci, Saori, fit-elle soulagée.
Les deux filles partirent à la cuisine. L'aînée comprit alors pourquoi la benjamine avait besoin d'aide, elles s'attelèrent à la tâche en discutant. L'une versait délicatement du chocolat que l'autre étalait avec précautions sur la moitié inférieure des gâteaux avec l'aide d'une spatule sans briser les fragiles pâtisseries.
Cécile : Merci beaucoup, Saori, cette fête accapare tout le monde et je ne sais pas ce qui se passe depuis ce matin, je ne peux pas parler à quelqu'un plus de deux minutes sans qu'on nous interrompe ou qu'il se défile. Hyoga a même reporté notre séance à cette après midi.
Saori : Bah, le gymnase est à votre entière disposition, et même l'écurie si vous en avez envie.
Cécile : C'est très gentil à toi, mais je vais décliner pour l'écurie.
Saori : Tu voudras bien faire une balade avec moi, demain après-midi, quand même ?
Cécile : Si tu me promets que tu resteras à côté de moi si on doit galoper ?
Saori : Promis.
Cécile : Alors oui, avec plaisir.
Saori : Je demanderai à Shun, Père et Hyoga s'ils veulent venir.
Cécile : Oncle Camus aimerait peut-être et Mère pourrait prendre la calèche.
Saori : Quelle bonne idée, reste à convaincre Ikki.
Cécile : Bon courage, il ne voudra jamais.
Saori : On verra, alors, tu en es où de tes programmes ?
Cécile : On avance, mais il faut finaliser le tout sur la glace et là...ben, tout dépend de père.
Saori : Il va bien finir par changer d'avis.
Cécile : Le problème, c'est le temps. Il reste à peine deux mois avant les mondiaux.
Saori : Tout va s'arranger, tu verras.
Cécile : Merci, onesan.
Saori : De rien, petite sœur.
Cécile : Et toi, comment ça se passe à la Fondation ?
Saori : Très bien. Aioros a accepté d'être mon conseiller personnel et le conseil de gérance s'en tient à son rôle, aucun d'eux ne s'accrochera à son poste. Je compte les garder comme conseillers.
Cécile : C'est génial pour toi, et côté amour ?
Saori : Seiya est venu me rendre visite ces derniers temps. Mais ne dis rien, s'il te plaît ?
Cécile : Tu as ma parole.
Elles continuèrent à discuter de tout et de rien tout en finissant leur tâche. L'après midi, au gymnase de la Fondation. Hyoga fit travailler sa sœur en douceur mais en ancrant les mouvements dans sa mémoire musculaire. Après deux heures de travail, il proposa.
Hyoga : Tu prends ta douche et on rentre ?
Cécile : Déjà ?
Hyoga : Ça fait deux heures que tu travailles, ma puce, et puis, il faut qu'on se prépare pour la réception de ce soir. Je t'ai préparé quelques affaires, j'ai oublié de te prévenir que la réception a été avancée à dix sept heures. Désolé, c'était la folie ce matin et j'ai complètement oublié de te le dire.
Cécile : Je vais à peine avoir le temps de me préparer, j'ai laissé ma robe à la maison. On avait convenu dix huit heures. Il va falloir que je me dépêche.
Hyoga : Prends ta douche, je range, dit-il en lui tendant un petit sac.
Cécile : Merci, je fais vite pour que tu puisses prendre la tienne aussi.
Hyoga : J'en ai pour trois minutes et cinq à me préparer, ça devrait aller.
Cécile : Hé, dis tout de suite que je mets deux plombes à me préparer !
Hyoga : Toi, non, juste une, sous la douche et vois le bon côté des choses,tu auras de l'eau chaude comme ça. Ils rirent tous les deux et elle se dirigea vers le vestiaire. Elle en revint une dizaine de minutes plus tard, douchée et changée. Ils rentrèrent en bavardant gaiement. Shaka les attendaient dans l'entrée.
Cécile : Père, nous sommes en retard ?
Shaka : Pas du tout, j'ai un cadeau pour toi, si tu acceptes ?
Cécile : Un cadeau ?
Shaka : Oui, mais qui nécessite un peu de préparation, je vais donc te bander les yeux.
Cécile : Mais, la réception ?
Shaka : Ais confiance, ma fille, tu veux bien ?
Cécile : Oui.
Il lui sourit et lui banda les yeux. Hyoga s'était discrètement éclipsé. Shaka la guida précautionneusement au salon où il la confia à Saori.
Shaka : Voilà, Saori va t'habiller.
Cécile : Je peux le faire toute seule…
Shaka : Oui, mais tu éventerais la surprise, ça serait dommage, non ?
Saori : N'aie pas peur, je ne te lâche pas.
Elle guida doucement l'adolescente jusque dans sa chambre et lui fit revêtir la tunique faite par Miho avec des collants.
Cécile : Ce n'est pas ma robe !
Saori : Arrête de tout analyser, laisse toi porter, tu vas adorer, je te promets. Voilà, tu es presque prête. Viens là, assieds-toi. Elle la fit asseoir près de la coiffeuse et lui mit des écouteurs sur les oreilles avant de la coiffer d'une tresse puis de faire entrer Hyoga et de lui demander si elle n'avait rien oublié dans la tenue de la patineuse. Hyoga acquiesça et ajouta seulement une fine paire de chaussettes pour ne pas abîmer les collants et bien maintenir le pied dans les patins. Ils la raccompagnèrent en bas et après qu'on lui ait mis un blouson et une paire de baskets, elle fut installée dans une voiture. Les yeux toujours bandés, de la musique dans les oreilles, elle ne pouvait pas savoir où on l'emmenait et n'essayait pas. Elle voulait profiter à fond de la surprise. Une fois arrivés à la patinoire, Ikki la souleva pour ne pas qu'elle puisse reconnaître le chemin qu'elle avait fait tant de fois à l'intérieur de cette structure. A l'intérieur, leurs amis, Camus et Milo, Dohko, Shion et Mû, Seiya, Shiryu, June, Jabu, Miho, Marine, Aiolia, Kanon, Saga, Aioros et Gérald les attendaient devant la piste. Tous se tenaient en silence pour ne pas éventer la surprise, Ikki posa sa sœur au sol, Shaka se plaça devant elle avec un paquet assez volumineux et fit signe à Shun de lui ôter son jeune homme défit d'abord la musique puis le bandeau alors que tous criaient : Surprise, Joyeux Noël !
Elle regarda autour d'elle et se mit à pleurer de joie.
Cécile : Je peux, vraiment ?
Shaka : Oui, tiens c'est pour toi, Joyeux Noël, ma fille. Il lui tendit le paquet qu'il tenait. Elle le prit mais se jeta dans les bras de son père en disant.
Cécile : Merci infiniment, père, merci beaucoup.
Shaka : Ravi de voir que ce cadeau te plaît, ouvre ton paquet, tu vas en avoir besoin.
Elle acquiesça doucement, essuya ses larmes, et déballa son présent avec un grand sourire. Elle découvrit une paire de patins flambants neufs.
Cécile : Ils sont magnifiques, merci.
Shaka : C'est ta mère qui les as choisis.
Cécile : Merci, mère. Natassia lui sourit, l'embrassa et l'encouragea à mettre ses nouveaux patins. Elle les mit et se rapprocha de la glace. Elle eut un moment d'hésitation mais Gérald était déjà sur la piste et lui tendit la main en souriant, elle la prit et fit ses premiers pas sur la glace depuis trois longs mois, après quelques moments d'appréhension, elle s'élança en compagnie de Camus, Hyoga, Gérald, Natassia et Marine. Tous les rejoignirent avec plus ou moins d'adresse. Les patineurs artistiques régalaient tous les yeux de diverses figures. La jeune fille emportée par la joie et l'ambiance, se lança dans une série de figures et finit par le saut sur lequel elle était tombée. Elle avait senti le besoin d'essayer précisément ce saut là pour se rassurer et reprendre ses marques. Comme un cavalier qui tombe de cheval doit remonter au plus vite, elle avait besoin de retrouver ses sensations sur des patins. Tous applaudirent de bon cœur quand elle atterrit, puis tous s'égayèrent sur la glace. Natassia avait prit la main de Shaka pour le guider. Marine s'avança vers Aiolia, lui proposant une main secourable. Ceux qui maîtrisaient le patinage aidant ceux qui avaient plus de difficultés. Puis Cécile et Gérald se mirent à patiner ensemble, main dans la main. La jeune fille rayonnait et Shaka et Natassia sentirent leur cœur se gonfler de joie parentale. Shaka la vit sourire et rire avec d'autant plus de plaisir qu'il avait fortement souffert de la voir si triste lorsqu'il lui refusait de retourner patiner. Il fut content d'avoir finalement cédé. Elle patina avec tous et renouvela ses remerciements à tous pour cette magnifique surprise. La soirée fut très gaie et tous s'amusèrent.
