Disclaimer : les personnages et lieux mentionnés ici sont bien entendu issus de l'imagination de Pierre Bottero, et non pas de la mienne !

À la chasse

Edwin se glissa entre deux troncs d'arbres, appréciant la fraîcheur de la forêt et l'ombre sur ses épaules. Il tenait son arc et une flèche à la main, prêt à s'en servir, et tous ses sens étaient aux aguets.

Il se tourna en silence pour indiquer une direction à Ellana qui marchait plus loin, mais interrompit son geste, soufflé par la vision qui s'offrait à lui.

La jeune femme se déplaçait avec une telle légèreté qu'aucun son ne se dégageait de ses pas. Elle semblait presque flotter, irréelle, et Edwin sentit son coeur s'emballer. Quelques taches de soleil qui avaient réussi à percer l'épaisseur de la forêt dansaient sur son corps, faisant ressortir la peau mate de ses bras, débarrassés de son manteau de cuir. Le lien qui retenait sa longue tresse s'était défait et ses cheveux cascadaient autour de son visage.

L'espace d'un instant, leurs yeux se rencontrèrent et le Frontalier lu une telle plénitude et un tel bonheur dans le regard d'Ellana qu'il en fut ému. Il comprit que, tout comme lui était un fils du Nord, chez lui dans les paysages enneigés et froids, la forêt était l'élément de la marchombre.

Comme pour confirmer ses pensées, elle sourit à Edwin avant de lui indiquer d'un mouvement du menton un bel arbre devant eux. En quelques gestes fluides, elle se hissa dans l'arbre, et Edwin n'eut que le temps d'entendre le claquement significatif de la corde de l'arc: à une vingtaine de mètres d'eux, une bête s'effondra dans des buissons.

Ellana se laissa tomber avec grâce devant lui, et il se contenta de la suivre en silence jusqu'à la biche qu'elle avait abattu, troublé par les émotions qui l'avaient assailli quelques minutes plus tôt. La jeune femme s'agenouilla pour récupérer sa flèche et posa un instant sa main sur le cadavre de l'animal en signe de recueillement.

Un bruissement dans un fourré devant eux se fit entendre. Edwin banda son arc, encocha sa flèche et attendit: quelques secondes plus tard, il abattit un gros lièvre des forêts. Il devait s'avouer qu'il était soulagé d'avoir réussi à reprendre ses esprits et de ne pas revenir bredouille de la chasse.

- Bien joué! S'écria Ellana tandis qu'il revenait vers elle en tenant l'animal par les pattes. Mais il va falloir que tu m'aides à transporter cette biche jusqu'au campement.

Ils attrapèrent chacun une extrémité de l'animal et marchèrent tranquillement, côte à côte, profitant du chant des oiseaux et du calme que leur offrait ce moment. Du coin de l'oeil, Edwin vit Ellana lever la tête vers la cime des arbres et sourire.

- La forêt te va bien.

Il avait parlé sans réfléchir et se maudit à la seconde où les mots étaient sortis de sa bouche. La jeune femme lui adressa un regard surpris, ses joues prirent une teinte rouge vif, mais le sourire qu'elle lui lança effaça les regrets du maître d'armes.

- Je m'y sens chez moi, répliqua-t-elle simplement. À la maison.

Edwin hocha la tête. Ils arrivèrent à la lisière des arbres et entendirent des hurlements et des rires, provenant du lac à côté du campement où leurs compagnons se livraient à une bataille endiablée. Salim s'était hissé sur les épaules de Bjorn, Ewilan sur celles de Maniel, et chacun essayait de faire basculer les autres dans l'eau claire du lac.

Ils déposèrent leurs proies à côté du feu où Artis Valpierre et Maître Duom devisaient.

Ellana se tourna vers Edwin.

- Un bain?