CHAPITRE 5

23 Mars 2020

Anna attendit un moment avant de sortir de l'église, offrant une nouvelle pensée pour Margaret et tous les autres patients dont elle avait fermé les yeux au cours des deux dernières semaines. Elle fut éblouie quand elle sortit dans la lumière du soleil, à l'extérieur. Quand ses yeux se furent habitués, elle vit que le parvis de l'église était vide, car l'assemblée était partie vers le cimetière. Elle alla reprendre son vélo et rentra chez elle. Dans moins d'une heure, elle devait être à l'école pour récupérer Timmy, après son dernier jour d'école jusqu'à qui savait quand. Elle ne savait pas vraiment comment elle allait gérer la fermeture de l'école avec son travail. Si elle faisait venir Esther pour toutes ces heures supplémentaires, cela lui coûterait une fortune, et ce n'était même pas sûr que la jeune fille voudrait faire toutes ces heures, puisqu'elle faisait des études en parallèle. Elle ne se sentait pas à l'aise de demander à Charles et Elsie de garder Timmy, parce qu'elle aurait peur de leur apporter des germes à chaque fois qu'elle viendrait le déposer ou le récupérer, ou qu'elle contamine Timmy qui ensuite les contaminerait eux. Les Carson étaient en bonne santé, mais ils avaient soixante-cinq et soixante-huit ans, et rien que cela les rendait vulnérables. Elle tournait et retournait le problème dans son esprit pendant son trajet de retour. Alors qu'elle garait son vélo, elle entendit la sonnerie des textos sur son téléphone. Elle le regarda dans l'ascenseur, et son cœur manqua un battement. C'était Esther :

« Bonjour Mme Smith. J'ai décidé d'aller me confiner chez mes parents à Birmingham. Je suis désolée de vous laisser tomber, mais je ne veux pas rester des semaines seule dans mon studio. J'espère que vous comprendrez. »

Anna entra dans son appartement, ferma la porte derrière elle d'un coup de pied, et s'effondra sur une chaise dans la cuisine. Elle lut et relut le texto, tentant de réaliser qu'elle n'avait maintenant plus du tout de moyen de garde, et était censée s'occuper d'un enfant de quatre ans, lui faire l'école à la maison, tout en travaillant à temps plein à l'hôpital. Elle n'arrivait pas à trouver une solution pour faire tout cela à la fois. Elle sentit la panique l'envahir un instant. L'esprit vide, elle envoya un message à Mary :

« Ma nounou vient de me lâcher. Je ne sais pas comment je suis censée gérer Timmy à la maison, et mon boulot. »

Elle se leva et aller vers l'évier pour se servir un verre d'eau. Il était rare qu'elle regrette que Timmy n'ait pas de père, mais là en l'occurrence, elle aurait apprécié de l'aide. Elle allait reposer le verre dans l'évier quand son téléphone sonna :

- Salut Mary.

- C'est quoi ce bazar avec ta nounou ?, attaqua Mary sans autre préambule. C'est comme ça qu'elle aide les travailleurs essentiels ?

- Elle dit qu'elle veut se confiner chez ses parents, qu'elle ne se sent pas de rester plusieurs semaines seule dans son studio. Je la comprends dans un sens, mais ça me met dans une situation impossible !

- Tu ne crois pas qu'elle a simplement peur que toi ou Timmy vous lui refiliez le Covid, mais qu'elle n'ose pas te le dire ?

- Peut-être. De toute façons, quelles que soient ses raisons, je ne peux pas la forcer, donc… je ne sais vraiment pas quoi faire. Je ne veux pas demander aux Carson, parce que là c'est moi qui ait peur de leur refiler le Covid.

- Écoute, le domaine de Downton doit fermer pour la durée du confinement. Matthew et moi on va aller se confiner dans la maison de mes parents près de Downton Abbey. Laisse-moi prendre Timmy avec nous. Matthew et George l'adorent. On sera quatre adultes pour s'occuper de deux enfants. Même si on est censés bosser, je pense qu'on s'en sortira. Timmy aura un copain, et une grande maison, et un parc où il pourra courir tous les jours, il sera mieux que dans un appartement. Et toi tu auras l'esprit libre pour te concentrer sur ton job.

- Super, dit Anna avec amertume. Sauf que mon fils sera séparé de sa mère pendant Dieu sait combien de temps.

Anna n'avait jamais laissé Timmy pour de longues périodes. Au maximum, ils avaient été séparés pendant trois jours, une fois où Mary avait réussi à convaincre Anna de partir passer un week-end entre filles. Sa gorge se serra à l'idée de ne pas voir son fils pendant plusieurs semaines.

- Je sais, dit Mary. Je suis désolée. Mais c'est la meilleure solution à laquelle je pense là tout de suite…

Anna se massa les tempes du bout des doigts, et essuya furtivement une larme.

- J'imagine que tu as raison, soupira-t-elle. Matthew et tes parents sont d'accord avec ça ?

- Ils le seront.

- OK… Bon… D'accord, on fait comme ça. Merci Mary. Vraiment.

- Tu l'amènes quand ? On y va ce soir. Oh, mince, c'est vrai que tu n'as pas de voiture, j'oublie toujours ça. Bon, tu sais quoi, on vient le chercher ce soir à six heures. C'est bon pour toi ?

- Pas vraiment, mais oui, j'imagine que je vais devoir m'y faire… Je vais préparer sa valise. Et je paierai pour les dépenses supplémentaires.

- Anna Smith !, s'exclama Mary sévèrement. Arrête de raconter des bêtises ou je vais me vexer ! On peut se permettre de nourrir un enfant de quatre ans, ne sois pas ridicule.

Anna rit doucement au ton péremptoire de son amie.

- D'accord, Mary, désolée. Et merci, encore. On se voit à six heures alors.

x x x x

À quatre heures, Anna était de retour chez elle avec Timmy. Elle avait tenté de lui expliquer la situation du mieux qu'elle pouvait. L'enfant semblait prendre les choses plutôt bien, ravi de partir à l'aventure et de loger dans un château avec sa tante Mary et son ami George. Il ne semblait pas réaliser que cela signifiait qu'il ne verrait pas sa mère pendant plusieurs semaines. Quand Mary arriva avec George à six heures, les bagages de Timmy étaient prêts et attendaient près de la porte. Avant que leurs mères ne puissent dire quoi que ce soit, Timmy avait entraîné George dans sa chambre pour lui montrer un jouet. Mary et Anna, portant toutes deux un masque, se retrouvèrent seules dans la cuisine d'Anna. Les yeux d'Anna brillaient et sa voix était pleine de larmes quand elle souffla :

- Merci, Mary, tu me sauves. Vraiment.

- Eh bien, je fais ce que je peux pour aider. C'est toi qui sauves des gens.

- Ou pas… remarqua Anna amèrement.

- Tu sauves un bon nombre de personnes qui mourraient si tu ne t'en occupais pas ! Ne t'inquiète pas, les garçons vont s'amuser comme des dingues à Downton.

- J'espère.

Les larmes coulaient maintenant sur les joues d'Anna.

- Oh Mary… Je ne veux pas le laisser partir… Il va tellement me manquer.

Alors que Mary s'approchait d'Anna et la prenait dans ses bras, Anna tenta de la repousser.

- Mary, non… Tu ne devrais pas t'approcher de moi !

Serrant son amie contre elle, Mary murmura :

- Je m'en fiche Anna. Tu es humaine, et tu as besoin d'un câlin là maintenant.

- Tu as raison, soupira Anna, en sanglotant sur l'épaule de Mary.

Mais elle se reprit rapidement, essuya ses yeux et remit un sourire sur son visage quand le babillage des enfants se rapprocha et qu'ils réapparurent dans la cuisine.

- Alors, tante Mary, on va au château ?, demanda Timmy.

- Absolument ! Vous êtes prêts les garçons ?

- Ouais !, se réjouirent les deux petits garçons.

- Allez, Timmy, tu dis au revoir à ta maman ?

Anna s'accroupit et serra Timmy fort dans ses bras, essayant d'emplir ses sens de son odeur, sa chaleur et son toucher, suffisamment pour lui durer plusieurs semaines. Elle se força à avoir l'air joyeux en lui faisant un clin d'œil.

- Tu seras sage avec tante Mary et Matthew ?

- Oui maman ! Et toi, sois sage à l'hôpital !

Anna ne put s'empêcher de rire.

- Promis. Je t'aime Timmy. Très très fort. Et on se parlera sur Skype dès que tu voudras. Tu demandes à tante Mary, et elle m'appelleras, d'accord ?

- D'accord maman.

- Bien. Bisou et câlin ?

- Bisou et câlin, répéta Timmy, en donnant un baiser à sa mère et en se blottissant dans ses bras.

- Je t'aime mon garçon. Amuse-toi bien avec George au château. Tu me diras si tu trouves un fantôme. Ou un trésor.

- OK !

Anna se releva et lentement relâcha Timmy, puis George prit sa main, et Mary attrapa les bagages.

- A bientôt Anna. Sois forte. Je te tiendrai au courant tous les jours. Promis.

- Merci Mary.

La porte se referma sur Mary et les garçons, et Anna se retrouva seule dans le silence.

x x x x

Ce soir-là, Anna erra un moment sans but dans son appartement. Elle n'avait pas l'habitude d'être seule un soir de semaine à la maison, sans avoir à préparer le dîner pour Timmy et le mettre au lit. Elle se sentait vide et inutile. Elle ne s'était pas sentie aussi mal depuis longtemps. Elle se préparait à une longue série de jours identiques, à travailler en réanimation, puis à rentrer seule chez elle.

Elle se prépara un plateau-repas rapide et s'effondra sur le canapé. En se promenant sur Netflix à la recherche de quelque chose d'intéressant à regarder, elle tomba sur une série nommée Outlander. Le résumé parlait d'une infirmière de la Seconde Guerre Mondiale qui se retrouvait accidentellement coincée au 18e siècle dans les Highlands écossais. Le fait que cela se passe en Écosse attira Anna, et elle décida de tenter. Le premier épisode se déroulait à Inverness, et l'esprit d'Anna revint encore vers Margaret Bates. Elle se remémora la performance de son fils à l'enterrement plus tôt dans la journée. Tout l'après-midi, le son de la voix de John, et la mélodie lui étaient restés en tête. Elle contempla l'idée de lui envoyer un message pour lui dire combien elle avait trouvé sa chanson belle et émouvante. Après tout, elle avait son numéro, car elle avait dû une fois l'appeler depuis son téléphone personnel, un jour que son téléphone professionnel n'avait plus de batterie. Elle avait masqué son numéro personnel ce jour-là, afin qu'il ne puisse pas le récupérer. Si elle lui envoyait un SMS ou un message Whatsapp maintenant, cela signifiait qu'il aurait son numéro. Le voulait-elle, telle était la question. Ne jamais donner son numéro personnel, telle était la règle quand on travaillait à l'hôpital. Cela ferait de lui définitivement plus qu'un simple proche de patient. Une connaissance au minimum. Un ami ? Son attention délaissant la série qui continuait sur l'écran, elle entra le numéro dans son compte Whatsapp. Elle commença à composer un message, l'effaça, et le réécrit plusieurs fois. Enfin, elle relut le message terminé :

« Bonsoir M. Bates. Je ne savais pas que vous étiez un musicien et chanteur si talentueux. Votre Everglow était très touchant. Je suis certaine que votre mère est très fière de vous. »

Elle appuya sur l'icône « Envoyer » avant de pouvoir changer d'avis, et tenta de se concentrer de nouveau sur la série.

Quinze minutes passèrent sans réponse. Anna faisait de son mieux pour se concentrer sur les aventures de Claire Randall en Écosse, mais elle ne pouvait s'empêcher de vérifier son téléphone toutes les deux minutes environ. Celui-ci sonna enfin, mais c'était un message de Mary, qui envoyait une photo de George et Timmy installés dans des lits superposés dans la chambre d'enfant de Downton Abbey. Elle sourit devant le visage radieux de son fils. Il semblait vivre sa meilleure vie, et elle espérait profondément que cela continue. Elle retourna de nouveau à sa série. Cinq minutes plus tard, une notification Whatsapp sonna.

« Qui est-ce ? »

Elle sourit. Elle n'avait pas signé son message.

« Anna Smith »

« Dr Smith ? »

« Appelez-moi Anna, je vous en prie »

« Vous étiez aux obsèques de ma mère ?! »

« J'y étais »

« Mais… je ne vous ai pas vue. Pourquoi n'êtes-vous pas venue vers moi ? »

« Je ne voulais pas m'imposer. Je suis restée au fond. »

« Ma mère aurait été très honorée. Mais vous n'étiez pas obligée. »

« Je sais. Mais j'en avais envie. Votre mère était une très belle personne. »

« Merci, ça me touche beaucoup. »

« Et je suis contente d'être venue, j'ai découvert quel pianiste doué vous êtes. Cette chanson était formidable. »

Il était heureux pour John qu'Anna ne puisse pas le voir, ou elle aurait remarqué le rouge à ses joues.

« Merci. Je ne suis qu'un amateur. Quoique j'ai joué à des évènements à Downton de temps en temps. »

« Oh, vraiment ? Eh bien il faudra que je vienne la prochaine fois. Jouez-vous d'autres instruments ? »

« Principalement le piano et la guitare. Je me suis essayé au violoncelle il y a longtemps, mais ce fut un désastre. Donc j'ai fait une fleur à mon voisinage, et j'ai abandonné. XD »

« Je vois ;D

Je suis sûre que le voisinage est reconnaissant. J'ai eu un voisin qui essayait de jouer du violon il y a quelques temps. Je suis ravie qu'il ait déménagé. »

« Et vous, jouez-vous d'un instrument ? »

« En fait, j'ai appris le piano aussi. Mais j'ai abandonné il y a très longtemps. »

« Oh, pourquoi ? »

« Eh bien, mon père avait décidé de m'inscrire dans un école de musique très select, alors il m'a fait travailler des heures chaque jour. Alors quand j'ai eu quinze ans, j'en ai eu marre, et j'ai cassé mon piano. »

« Vous… avez cassé le piano ? Genre, vraiment cassé ? /0\ »

« Absolument. Avec un des clubs de golf de mon père. J'étais une ado assez rebelle. »

« Mon Dieu ! Comment a réagi votre père ? »

« Il n'était pas franchement ravi. Mais il m'a enlevée de l'école de musique, et je n'ai jamais rejoué depuis. »

Anna n'avait pas l'intention, à cet instant, de raconter à un quasi-inconnu comment son père avait réellement réagi.

« Wow. »

« C'est dommage en fait, parce que j'aimais jouer. Mais je n'aimais pas qu'on me force pendant des heures. Il a réussi à m'en dégoûter. »

« Je comprends. Et avez-vous pu vous réconcilier avec votre père ? »

Anna se tendit. Les choses devenaient personnelles, et elle connaissait à peine cet homme. Elle n'était pas prête à entrer dans les détails de sa relation avec son père.

« Pas vraiment. Mon père n'est pas quelqu'un de sympa. Il a résolu notre différend il y a cinq ans en coupant complètement les ponts entre nous. »

Ça devrait suffire pour le moment. Elle ne comptait pas donner plus de détails.

« Oh. Désolé. Je ne voulais pas être intrusif. »

« Pas de problème. »

Elle décidé de changer de sujet.

« Hey, je suis en train de tester une série qui s'appelle Outlander. Ça se passe dans les Highlands écossais au 18e siècle. Vous connaissez ? »

« Non. C'est bien ? »

« Eh bien, je regardais juste le premier épisode, et maintenant qu'on discute, je ne peux pas dire que j'aie trop suivi… Donc c'est difficile à dire. ;) »

«;D Il va falloir recommencer alors, et vous me direz. Si c'est bien, j'essaierai. Ça me rappellera l'Écosse jusqu'à ce que je puisse y retourner. »

« Vous allez y retourner ? »

« Dès qu'on pourra de nouveau voyager. Je dois aller au village de ma mère près d'Inverness, pour disperser ses cendres. »

« Oh, elle a été incinérée ? »

« Oui »

« OK. Quand je suis sortie de l'église, vous étiez tous partis, je pensais que vous étiez au cimetière. »

« Ah, non, nous étions au crématorium. Ma mère a toujours dit qu'elle souhaiterait que ses cendres soient dispersées à un endroit bien particulier près du village de ses ancêtres. »

« Oh, oui, elle m'a parlé de ça, je m'en souviens maintenant. J'espère qu'elle reposera en paix là-bas. »

« Je suis sûr que ce sera le cas. »

« Je suis vraiment navrée, encore, M. Bates, pour la façon dont les choses ont tourné. »

« Si vous voulez que je vous appelle Anna, il va falloir m'appeler John. »

« D'accord, John, je suis désolée de la façon dont les choses ont tourné. Et peut-être pourrions-nous nous tutoyer aussi ? »

« Ça me va. Et je sais. Je sais que tu as fait de ton mieux. Parfois les choses se passent mal et on n'y peut rien. »

« Je sais. Mais je suis navrée quand même. »

Le générique de fin d'Outlander défilait maintenant sur l'écran d'Anna.

« Eh bien voilà. L'épisode est terminé, et je n'ai rien suivi après les 20 premières minutes. »

« Désolé, je t'ai distraite. »

« Ben, c'est moi qui t'ai contacté en premier... »

« C'est vrai. »

« Je le regarderai encore demain. Le début avait l'air intéressant. Est-ce que tu es au chômage technique avec le confinement ? »

« Pas vraiment. La comptabilité continue. Je suis allé à Downton aujourd'hui, j'ai récupéré tout ce dont j'avais besoin pour travailler depuis chez moi. Maintenant je dois répartir le travail à tous mes collaborateurs. J'aurais bien aimé pouvoir me confiner à Downton cela dit, comme Rob et Cora. C'est plus facile de rester à la maison quand on a 54 pièces et un parc géant. »

Anna sourit.

« Je sais, Mary y est allée aussi, et elle a emmené mon fils. »

« Tu as un fils ? »

« Oui. Timmy, il a 4 ans. J'étais bien dans la mouise, avec la fermeture des écoles et ma nounou qui a décidé d'aller se confiner chez ses parents à Birmingham… Je ne peux évidemment pas m'arrêter de travailler, alors elle m'a proposé de l'emmener à Downton. »

« Son père ne pouvait pas s'en occuper ? »

« Il n'a pas de père. »

A l'autre bout de la ligne, John regretta immédiatement d'avoir posé la question. C'était la deuxième fois qu'il posait des questions trop intimes. Il se maudit pour sa maladresse.

« Purée, je suis désolé, Anna, je suis très indiscret. »

« Oh, non, ne t'inquiète pas. Je suis maman célibataire et très contente de l'être. Enfin sauf en cas de pandémie quand il n'y a plus aucun mode de garde disponible. »

« Il va s'amuser à Downton. Il a à peu près le même âge que le fils de Mary non ? »

« Oui, George a neuf mois de plus. Ils s'entendent très bien. Je ne suis pas du tout inquiète pour son bien-être. C'est juste qu'il va me manquer. »

« Je comprends. »

« Bref, c'était sympa de discuter. Je vais aller me coucher maintenant. Je suis de jour demain. »

« D'accord. J'ai apprécié cette discussion aussi. Tu me diras pour la série. Bonne nuit et merci pour ton travail. »

« Bonne nuit John. »

« S'il y a quelque chose que je puisse faire pour toi, n'hésite pas. »

« Merci. »

Anna éteignit la télévision, et alla poser son téléphone sur son chargeur pour la nuit. Pendant qu'elle faisait sa toilette dans la salle de bain, elle repensa à leur conversation. Le gars semblait sympa, et elle avait apprécié de discuter avec lui. Elle se dit qu'un ami de plus ne lui ferait pas de mal. Elle n'en avait pas tant, hormis Mary, et quelques collègues avec qui elle sortait de temps en temps. L'infirmière Gwen, et un médecin d'une autre unité de réanimation, Thomas Barrow, étaient les deux personnes avec qui elle passait parfois du temps hors du travail. Il y avait aussi Sybil Crawley, la sœur de Mary, qui était pneumologue dans le même hôpital. Thomas, Sybil et elle-même avaient été étudiants dans la même faculté, avant de prendre des postes dans le même hôpital. Mais à part ces quatre personnes, Anna ne pouvait pas se vanter d'avoir beaucoup d'amis. Il n'y avait aucun risque à tester John. Il était plus vieux qu'elle, bien sûr, mais semblait être un type intéressant et gentil. Et au moins, pendant le confinement, il ne pourrait pas essayer d'obtenir plus d'elle.