CHAPITRE 6
Fin Mars-début Avril 2020
Les jours et les gardes en réanimation s'enchaînèrent, identiques pour la plupart. Se lever, pédaler jusqu'à l'hôpital, intuber des gens, les retourner sur le ventre pour les aider à mieux respirer, expliquer à des proches effondrés que leur parent ne reviendrait pas. Chaque soir, Anna rentrait chez elle et découvrait les innombrables SMS, photos et vidéos que Mary lui envoyait, afin de la garder au courant de la vie de Timmy. Il avait l'air de bien s'amuser, pour ça au moins Anna était reconnaissante. Elle, de son côté, ne s'habituait pas au silence de son appartement. Elle avait de nouveau regardé le premier épisode d'Outlander, puis le deuxième, et en avait rediscuté avec John. Il avait dit qu'il les regarderait aussi, pour qu'ils puissent en discuter ensemble. Il fallait bien trouver des moyens de s'occuper. Les jours sans travail étaient les pires pour Anna. Elle tournait en rond dans son appartement, broyant du noir toute seule, et s'ennuyait énormément. Elle ne pouvait pas aller voir son fils, et ne pouvait pas sortir faire de longues balades en vélo. L'appartement était propre comme un sou neuf à force de ménage répété. Elle avait réorganisé tous ses placards et étagères, et avait trié tous les vêtements et chaussures de Timmy. Elle s'était commandé un vélo d'appartement sur internet, histoire de ne pas devenir folle par manque d'exercice.
Deux jours après leur première conversation, John avait envoyé à Anna un enregistrement de lui jouant l'Aria de Bach au piano. Anna avait adoré. Ils avaient discuté musique de nouveau, et Anna avait dit qu'elle essaierai peut-être de s'y remettre un jour. Cette nuit-là, elle s'était endormie en écoutant cette musique.
Le jour suivant, l'équipe de la réanimation avait eu la bonne surprise de recevoir une grosse livraison de nourriture, envoyée par Mme Patmore, la cheffe du restaurant de Downton Abbey. Il y avait des boîtes et des boîtes de friandises qui semblaient toutes plus délicieuses les unes que les autres. Quand Anna et Gwen eurent passé les contenus en revue, elles se mirent d'accord sur le fait qu'il y en avait beaucoup trop pour leur seule unité. Leur frigo n'était pas assez grand, et le personnel n'aurait pas le temps de tout manger avant que les aliments ne périment. Alors Anna pris son téléphone et appela son ami Thomas Barrow :
- Eh Thomas !
- Anna ! Oui, qu'est-ce qu'il y a ?
- On a reçu une grosse livraison de nourriture de Downton Abbey, il y en a trop pour nous. Viens te servir pour ton unité.
- Oh, chouette ! J'arrive.
Elle passa ensuite le même coup de fil à Sybil en pneumologie. Ça faisait longtemps que les trois ne s'étaient pas vus, alors ils en profitèrent pour passer un petit moment dans la salle de repos de la réanimation. Anna avait trouvé de grands cartons dans la réserve du service, et commença à les remplir de nourriture.
- Ça vient des cuisines de Downton Abbey, rien que ça ! Je pense que ça devrait se laisser manger.
- Bien, apprécia Thomas. Je n'ai jamais mangé dans ce restaurant. Pas dans mes moyens. Travailler en réa pendant une pandémie a donc quelques avantages…
Sybil par contre connaissait bien la cuisine de Mme Patmore, puisque Downton Abbey était le domaine de son père et sa sœur. Elle savait donc que la cheffe était douée.
- Ça sera une bonne amélioration par rapport à ma gamelle, sourit la petite brune.
Elle explora la grande quantité de boîtes. Même quand elle et Thomas eurent rempli un grand carton pour chacune de leurs unités, il en restait encore plein.
- On devrait en descendre une partie aux urgences, suggéra Sybil. Ils le méritent autant que nous.
- C'est vrai, dit Anna.
Et ils commencèrent à remplir un troisième carton. Pendant qu'ils s'affairaient, Anna demanda à Thomas :
- Alors, comment ça va en réa non-Covid ?
- C'est… étrange. On n'a plus de victimes d'AVP. Mais on a des gens qui n'auraient jamais dû se retrouver en réa, s'ils étaient venus aux urgences plus tôt. Ils le disent en bas, les urgences sont vides en dehors des patients Covid. Les autres ont peur de venir. Plus de douleurs thoraciques, de douleurs abdos… Certains guérissent probablement tout seuls, mais pour ceux qui ont vraiment besoin de soins, c'est un jeu dangereux. J'ai un patient en choc septique sur une péritonite. Le gars a attendu trois jours avec un tableau d'appendicite typique. Et aussi une jeune femme qui a failli mourir d'une hémorragie après une fausse-couche, parce qu'elle avait peur de venir. Son conjoint a fini par appeler le 999 quand elle a perdu connaissance à force de saigner… Elle a fait un arrêt juste en arrivant dans le service.
- La vache…, dit Sybil. Les autorités de santé devraient vraiment communiquer plus à ce sujet. Sinon il y aura des morts évitables, pas du Covid.
x x x x
Ce soir-là, à la maison, Anna envoya un message à John :
« Salut John. Par hasard, aurais-tu quelque chose à voir avec une grosse livraison de nourriture en réa, en provenance de Downton ? »
Quelques minutes plus tard, la réponse arriva :
« C'est possible. Mme Patmore avait toute cette nourriture en reste au restaurant, elle ne savait pas quoi en faire. Elle ne voulait pas tout jeter. Je lui ai suggéré le personnel de l'hôpital. C'était bon ?
« Délicieux ! Merci beaucoup. Il y en avait tellement qu'on a pu partager avec trois autres services. »
« Je suis ravi que ça vous ait plu »
« Tu remercieras Mme Patmore pour moi stp »
« Bien sûr. Elle sera contente. On se regarde un épisode d'Outlander ce soir ? »
« Allez. »
Anna s'installa sur le canapé, avec un plaid et une tasse de thé, et ils regardèrent la série ensemble à distance, partageant leurs commentaires par Whatsapp. Anna aimait bien ces moments, qui l'aidaient à se sentir moins seule. Pendant ce temps, elle envoya un SMS à Mary :
« Timmy n'a pas réclamé un Skype ? »
« Non. Trop occupé. »
« Je suppose que ça veut dire qu'il s'adapte bien. »
« En effet. »
« Et pas qu'il a oublié sa mère. »
« Bien sûr que non. Il parle de toi tout le temps. Ma maman fait ceci, et ma maman fait cela… Je t'informe d'ailleurs que mes pancakes sont bien moins bons que les tiens. »
Anna sourit. Elle savait que c'était stupide, mais elle ne put s'empêcher de se sentir soulagée.
« Sympa. J'essaierai de lui apprendre la politesse dans le futur;D »
« Je proposerai un Skype demain. Tu es chez toi toute la journée ? »
« Malheureusement oui »
« D'accord. Je te tiens au courant. »
« Merci »
Anna avait manqué cinq minutes de la série, ce que John remarqua quand elle lui posa une question sur ce qui venait juste de se passer. Il la gronda gentiment.
« Hey, il faut suivre Madame ! »
x x x x
Le lendemain matin, Anna pédalait de toutes ses forces sur son nouveau vélo d'appartement, en écoutant de la musique à fond sur son enceinte Bluetooth, quand son téléphone sonna. Elle l'attrapa, tout en continuant à pédaler.
« Coucou Anna, tu es dispo pour un Skype avec ton fils ? »
Anna éteignit la musique et s'essuya rapidement le visage avec une serviette, avala une gorgée d'eau et répondit :
« Prête »
Elle se dépêcha d'ouvrir son ordinateur portable et connecta Skype. Quelques secondes plus tard, l'appel de Mary apparut. Anna pouvait voir Timmy, assis dans le grand séjour des Crawley.
- Salut Timmy, comment vas-tu mon chéri ?
- Coucou Maman, ça va !
- Tu t'amuses bien avec George ?
- Oui ! Hier on est allé au lac, et Matthew m'a appris à faire des ricochets !
- Super ! Et tu as réussi à en faire ?
- Oui, un !
- Génial ! Et qu'est-ce que tu as fait d'autre ?
Anna réussit à sourire tout le temps qu'elle passa à écouter Timmy lui raconter sa vie à Downton. La séparation semblait peser plus lourd sur elle que sur lui. Elle préférait ça. Quand Timmy eut fini, Anna demanda à Mary qui était assise près de lui :
-Alors, comment ça se passe ? Ils sont sages ?
- Franchement, ça va. Je veux dire, c'est des gamins, je ne peux pas dire qu'il n'y a aucune bêtise, mais non, il sont sympas.
- Et toi, comment tu gères ?
- Ça va, ça va. Et toi ?
- Je m'ennuie à mourir à la maison. Je désespère un peu à l'hôpital.
Elle ne voulait pas trop entrer dans les détails de ce qui se passait à l'hôpital. Elle changea rapidement de sujet.
- Tu sais que John Bates nous a fait livrer de la nourriture du restaurant ?
- Ah, oui, il m'en a parlé. Super idée, j'ai trouvé. C'était bon ?
- Un peu que c'était bon. La cuisine de Mme Patmore est toujours au top…
- Elle est si désespérée, de n'avoir plus rien à faire. Je veux dire, on lui a proposé de cuisiner pour nous pendant la durée de la fermeture du restaurant, mais bon, ça n'a rien à voir de nourrir quatre adultes et deux enfants et un restaurant entier.
- C'est toujours mieux que d'être complètement au chômage je suppose.
Les deux amies continuèrent à discuter quelques instants, quand Timmy interrompit :
- Maman, je veux aller jouer avec George. Je peux te dire au revoir ?
- Bien sûr. Je t'aime, petit gars, je t'envoie plein de bisous. Je pense à toi tous les jours. Sois sage. Bye bye.
- Au revoir Maman !
Anna sentit sa poitrine se serrer un peu quand son fils courut rejoindre son copain, mais il ne semblait absolument pas perturbé par ce nouveau mode de vie. Anna soupira :
- Je ne pourrai jamais te remercier assez, Mary, pour ce que tu fais pour nous. Il faudra que je te le rende un jour.
- Rend-le moi en restant en bonne santé, veux-tu.
- Je fais de mon mieux.
- Bon, je dois y aller, l'école à la maison attend, dit Mary. Jésus, je n'aurais jamais pu être prof, ajouta-t-elle.
Anna rit.
- Et ils ne sont que deux…
x x x x
Environ dix jours après le début du confinement, Anna venait d'arriver pour sa garde de nuit, et les équipes de jour et de nuit étaient rassemblées dans la salle de repos, discutant des patients. A vingt heures précises, un étrange bourdonnement commença à se faire entendre dans la salle.
- C'est quoi ce bruit ?, demanda Anna.
Gwen se rendit à la fenêtre et l'ouvrit. Les bruits étouffés venaient en réalité des gens qui applaudissaient à leurs fenêtres et balcons à travers tout le voisinage. Gwen sourit, et lança un regard à ses collègues :
- Alors les gens, ça fait quoi d'être des héros nationaux ?
Ed soupira :
- C'est sympa de leur part, mais ils n'ont pas la moindre idée de ce que c'est.
A cet instant, Phyllis Baxter entra, affichant un air sombre.
- Salut Phyllis, qu'est-ce qui se passe ?, demanda Anna, préoccupée.
- Je viens d'apprendre que Joe Molesley a été hospitalisé en pneumologie.
- Oh, non, merde, dit Gwen.
- Et voilà les héros…, ajouta Ed, démoralisé. Comment va-t-il ?
- Il se maintient avec trois litres d'oxygène, apparemment. Mais Dr Branson avait l'air un peu inquiète.
- Punaise… Bon, on peut faire confiance à Sybil pour bien s'occuper de lui. Espérons qu'il se remette vite, dit Anna.
- Je vais aller le voir, dit Phyllis.
- Fais-lui passer toute notre amitié et notre soutien, d'accord Phyllis ?, demanda Gwen.
- Je n'y manquerai pas. Allez, bonne soirée tout le monde. A demain.
L'humeur était maussade cette nuit-là dans l'équipe, car tous pensaient à Molesley. Anna n'était pas spécialement proche de lui, mais c'était un collègue agréable, toujours de bonne volonté, et Phyllis semblait avoir enfin remarqué l'intérêt qu'il lui portait. Aux alentours de quatre heures du matin, après avoir prononcé un nouveau décès, Anna finit par aller se coucher, espérant pouvoir grappiller un peu de sommeil avant d'être rappelée pour faire entrer un nouveau patient dans le lit rendu disponible. Elle avait dormi environ une heure, quand son téléphone de garde sonna. Elle passa ses mains sur son visage et décrocha :
- Oui ?
- Anna, je suis désolée de te réveiller, dit Gwen à l'autre bout de la ligne. C'est le médecin de garde de pneumologie, il veut nous transférer un patient. Il aurait besoin d'être intubé d'après lui.
- OK, je vais aller le voir. Ou la voir ?
- Le. C'est Molesley.
Le cœur d'Anna manqua un battement. Il y eut une seconde de silence, avant qu'elle réponde :
- Merde.
- Oui. Je sais, dit Gwen.
- OK, merci, je descend tout de suite.
Anna se sentit d'un seul coup complètement réveillée. Elle attrapa ses chaussures, se passa de l'eau fraîche sur le visage, et attacha ses cheveux en un chignon désordonné. Elle s'arrêta à la réserve pour attraper un nouveau masque et une nouvelle casaque de bloc, et se dirigea vers la pneumologie.
Le pneumologue de garde la mena auprès de Molesley, et un rapide regard lui confirma l'évaluation de son collègue. Malgré la forte dose d'oxygène, Molesley était trop essoufflé pour parler. Anna pris sa main. Son regard trahissait la panique qui envahit les gens qui n'arrivent plus à respirer correctement.
- Joe, ne t'inquiète pas, je t'emmène en réa, on va bien s'occuper de toi.
Avec l'aide de l'infirmière de nuit, Molesley fut rapidement emmené en réa, transféré sur son nouveau lit, et préparé.
- Bon, Joe, dit Anna, en reprenant sa main. Tu sais que je dois t'endormir maintenant, pour l'intubation. Je serai là quand tu te réveilleras, je te le promets. Et tu pourras inviter Phyllis à sortir avec toi.
Un discret sourire passa sur le visage de Molesley, quelques secondes avant que Gwen n'injecte les anesthésiants dans sa perfusion, et qu'Anna ne l'intube d'une main experte. Quand elle eut réglé le respirateur avec les bons paramètres, les choses semblèrent se stabiliser. Anna se détendit un peu.
Le répit fut de courte durée toutefois, et quelques quarante minutes plus tard, alors qu'Anna et Gwen dégustaient une tasse de thé, l'alarme du moniteur commença à hurler. Le taux d'oxygène était descendu à 83 %, ce qui était loin d'être suffisant. Pendant l'heure qui suivit, Anna augmenta graduellement la fraction d'oxygène contenue dans l'air que le respirateur délivrait dans les poumons de Joe, jusqu'à atteindre 100 %. Malgré cela, la saturation continua à descendre. Anna et Gwen s'affairaient autour du lit de Joe, faisant tout ce qu'elles pouvaient pour faire remonter son taux d'oxygène. Anna marmonnait :
- Allez, Joe, allez. Ne m'oblige pas à annoncer à Phyllis que tu n'es plus là…
Quand elles eurent injecté tous les médicaments qui pouvaient être utiles, et qu'elles durent constater que la saturation ne remontait toujours pas, Gwen regarda Anna, les larmes au yeux :
- On va le perdre…
Anna baissa les yeux vers le sol, incapable de prononcer la réponse qu'elles savaient toutes deux inévitable. Un sanglot s'échappa de ses lèvres, et elle s'assit près de Molesley, tenant sa main. Elle éteignit l'alarme, qui ne servait plus à rien à part à leur répéter ce qu'elles savaient déjà. Les deux femmes restèrent auprès de Joe, contemplant en silence alors que la saturation, puis la fréquence cardiaque diminuaient lentement, jusqu'au moment où elle s'arrêta complètement.
Ed sentit immédiatement que les choses allaient très mal quand il arriva deux heures plus tard pour la garde de jour. Toutes les personnes présentes avaient les yeux rouges et le visage rincé de larmes. Dévisageant Anna, il demanda doucement :
- Quoi ?
Anna inspira profondément, et ferma brièvement ses yeux avant de répondre :
- Joe…
- Il est…
Anna acquiesça discrètement avant de fondre en larmes de nouveau.
- Je l'ai laissé mourir, Ed ! Et maintenant je dois annoncer ça à Phyllis ! Et à son père !
- Attend, Anna, ne dis pas ça. Tu n'es pas responsable. Je sais que tu as fait tout ce qui était possible. Écoute, rentre chez toi, j'appellerai son père.
- Non, je ne pars pas avant d'avoir vu Phyllis.
Ed se positionna derrière Anna et massa doucement ses épaules nouées. Une minute plus tard, Phyllis entra dans la pièce, et l'atmosphère s'alourdit encore. En voyant l'air dévasté d'Anna et de ses collègues, elle demanda :
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
Ed se tourna vers la cadre infirmière, et lui prit le bras :
- Assied-toi Phyllis.
- Attend, tu me fais peur Ed. Qu'est-ce qui se passe ?, répéta-t-elle.
Anna exhala et déclara rapidement :
- J'ai dû prendre Joe la nuit dernière. Les choses se sont dégradées très vite. Il est mort sous ma responsabilité, vers sept heures. Je suis désolée, Phyllis.
Phyllis pâlit en entendant les mots d'Anna.
- Non, non…, répétait-elle en boucle.
Gwen s'approcha d'elle, ses yeux toujours brillants, et posa une main compatissante sur son épaule.
- On est tous tellement désolés Phyllis.
Ils découvrirent tous que pleurer sous un masque FFP2 était très inconfortable. On ne pouvait même pas s'essuyer les yeux ou se moucher correctement. Après un moment d'épais silence, Ed répéta :
- Rentrez chez vous, tous. Vous en avez fait assez. Allez vous reposer. On va gérer la journée.
- Merci Ed, murmura Anna en se levant.
Avant de partir, elle s'arrêta près de Phyllis qui pleurait en silence, et lui serra la main, dans l'espoir de lui transmettre un peu de réconfort.
Anna n'était jamais rentré chez elle aussi rapidement. Elle délesta toute sa colère sur ses pédales, tout en laissant les larmes couler librement sur ses joues. Quand elle fut enfin dans sa chambre, elle ne prit pas la peine de se déshabiller ou de prendre une douche. Elle sortit un petit flacon de sa poche, qu'elle avait pris dans la pharmacie du service juste avant de partir. Il contenait quelques comprimés d'oxazépam. Elle renversa le contenu dans sa main, en prit deux et remit le reste dans le flacon. Elle les avala avec une gorgée d'eau, et se laissa tomber sur son lit. Elle ne mit pas son réveil non plus. Elle voulait seulement oublier cette foutue nuit. Le plus longtemps possible.
