Juillet 2020
Anna leva les yeux vers John, un sourire béat sur son visage, et affirma :
- Eh bien, M. Bates, je dois dire… tu es doué.
John ne put que rire avant de répondre :
- Eh bien, Mlle Smith, j'en suis ravi. Tu n'es pas mauvaise non plus.
Ils étaient allongés côte à côte sur le canapé de John, dans les suites de leur deuxième rendez-vous d'« amis amants », environ une semaine après leur première session hâtive. John avait décrété que leur première fois avait été comme un fast-food dévoré en hâte pour calmer une fringale, mais que cette fois-ci il comptait bien offrir à Anna un repas gastronomique. Et il avait tenu sa promesse. Ils avaient pris le temps de bien en profiter, sans se presser.
- Gastronomique, c'est bien le terme qui convient, dit Anna d'un ton joueur. Je ne crois pas avoir eu de meilleur partenaire. Non pas que j'en ai eu tant que ça, ajouta-t-elle rapidement, les joues un peu rougies. Mais aucun ne tient la comparaison.
- Ah bon ? Et combien y en a-t-il eu ? Juste pour savoir combien de gars j'ai coiffés au poteau, demanda-t-il, intéressé.
Anna réfléchit un moment :
- Seulement trois en fait. Et ce furent toutes des histoires très courtes. Et toi ?
John avait plus de dix ans de plus qu'elle, donc elle supposait qu'il devait avoir eu plus de partenaires, surtout vu qu'il était divorcé depuis plusieurs années maintenant.
- Euh… seulement deux, si je dois être honnête.
- Vraiment ?
- Oui. J'ai eu une amoureuse au lycée et à la fac, quand j'étais vraiment jeune. Puis on s'est perdus de vue, et puis il y a eu Vera. Je suis restée avec elle presque quinze ans, pas les meilleurs de ma vie, loin s'en faut, et depuis elle, il n'y a eu personne d'autre jusqu'à la semaine dernière.
- Oh. Donc quand tu as dit l'autre jour que ça faisait longtemps, c'était vraiment longtemps.
- Ben oui. Ça fait cinq ans qu'on est divorcé, et je pense qu'on avait pas eu de rapports depuis au moins trois ans avant ça.
- Wow.
- Et toi ? Tu as dit que ça faisait longtemps aussi.
- En fait, seulement une fois depuis la naissance de Timmy. C'était il y a trois ans je dirais. Ce n'était pas inoubliable.
Anna se leva du canapé et commença à se rhabiller.
- Donc, merci, en fait, d'être un partenaire si attentif.
- Tout le plaisir est pour moi, répondit John, tout en récupérant ses habits aussi.
Tandis qu'ils se rhabillaient tous les deux, il ajouta :
- Tiens, j'ai une question pour toi.
- Oui ?
- Tu veux venir avec moi en Écosse dans deux semaines ? Puisque tu m'as dit la dernière fois que tu n'avais pas de plans particulier pour les vacances, je me suis dit que ça pourrait être sympa.
- Genre, tu trouves qu'aller disperser les cendres de ta mère est un plan vacances sympa ?
Il pouffa.
- Oui, non, ce n'est pas vraiment ce que je voulais dire. Mais on pourrait prendre quelques jours, faire un peu de tourisme. Tu m'as dit que tu n'étais jamais allée en Écosse.
- C'est vrai. Ça pourrait être sympa, en fait. Il faut que je voie avec Charles et Elsie s'il veulent bien prendre Timmy quelques jours. Il sera en vacances à la fin de la semaine prochaine.
- Alors, tu voudrais venir ?
- En tant qu'amis ?, demanda-t-elle, en le regardant avec suspicion.
- Bien sûr, en tant qu'amis.
- Amis amants ?, demanda-t-elle de nouveau, avec un sourire en coin.
- Je serai un amant motivé dès que tu le souhaiteras, répondit-il avec un clin d'œil.
- OK alors. Je viendrai. Si je peux m'arranger pour Timmy, bien sûr. Je te tiens au courant dès que possible.
x x x x
Plus tard dans la journée, Anna et Mary avait convenu de se retrouver au parc après l'école. Pendant que les enfants s'ébattaient autour d'elle, les deux femmes marchaient paisiblement. Depuis qu'elles s'étaient rejointes, Mary ne cessait de jeter des regards curieux à son amie, qu'elle trouvait différente, sans pouvoir identifier en quoi, mais avec une nouvelle énergie. Alors qu'elle se demandait de quoi il pouvait s'agir, la voix d'Anna l'atteint à travers sa rêverie.
- Pardon, tu disais ?, demanda Mary.
- Je peux savoir pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Je ne sais pas, tu as quelque chose de changé. Je n'arrive pas à dire quoi. Il t'est arrivé quelque chose ces derniers temps ?
Anna fronça les sourcils, gênée. Elle n'avait pas informé Mary des derniers développements de sa relation avec John, parce qu'elle savait que si elle le faisait, Mary ne la laisserait jamais en paix.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Il n'y a rien de spécial.
- Oh si.
Soudainement une idée traversé la brune.
- Tu as couché avec un gars ?!
- Mary, sérieusement ! On est dans un lieu public !
Les joues d'Anna étaient maintenant écarlates, et la vérité sautait aux yeux.
- C'est ça ! Je le savais, tu as la tête d'une fille qui vient de passer du bon temps au lit !
- Mary, pour l'amour de dieu tais-toi !
Anna aurait préféré disparaître. Elle ne cessait de jeter des regards alentours, s'assurant que personne n'écoutait leur conversation pas si discrète.
- Qui ?, demanda Mary.
Anna baissa les yeux, plus rouge que jamais. Mary ouvrit de grands yeux, et murmura d'un ton inquisiteur :
- Oh mon Dieu, tu as couché avec John Bates ?!
- D'accord, je m'avoue vaincue, admit Anna. Je ne peux vraiment rien te cacher.
- Donc, tu as passé la nuit avec John Bates !
- Techniquement, ce n'était pas la nuit…
- Combien de fois ?!
- Deux fois, pour le moment.
- Mais c'est génial ! Je suis tellement contente pour toi ! Enfin tu laisses tomber ta règle stupide de ne sortir avec personne !
- Ah ah ah, Mary, dit Anna, levant les mains pour détromper son amie. John et moi avons passé un accord.
- Quel genre d'accord ?, demanda Mary, méfiante.
- Nous sommes amis amants. On ne sort pas ensemble.
Mary s'arrêta et se tourna pour faire face à son amie, les mains sur les hanches, bouche bée.
- Anna May Smith, tu es la pire tête de pioche que j'aie jamais connu !
- Mary Crawley, répliqua Anna d'un ton encore plus affirmé, vas-tu un jour arrêter de vouloir mener ma vie personnelle à ma place, et me laisser faire mes propres choix ?!
- D'accord, d'accord, fais tes propres choix. Ou plutôt tes propres erreurs, je dirais. Je n'essaierai plus d'intervenir.
- Merci bien !, répondit Anna fermement.
- De rien. Mais la dernière chose que je dirai, c'est qu'à mon avis, cet accord ne tiendra jamais.
x x x x
Deux semaines plus tard, Anna laissa Timmy chez les Carson, pour quelques jours, et elle pris la route avec John en direction de l'Écosse. Ils avaient décidé de s'arrêter tout d'abord à Édimbourg, faire un tour rapide de la ville, puis de partir vers le nord en direction d'Inverness, où se trouvaient les attaches familiales de Margaret Bates. Anna avait insisté pour que John réserve deux chambres séparées dans les bed-and-breakfast où ils allaient séjourner. John n'avait pas protesté. Donc, un frais matin de juillet, ils se retrouvèrent sur le parking de l'immeuble d'Anna, et partirent pour l'Écosse dans la voiture de John.
- Tu conduis, au fait ?, demanda John, comme il savait qu'Anna ne possédait pas de voiture.
- J'ai mon permis, mais je conduis très rarement. Il m'est arrivé de louer une voiture pour emmener Timmy en vacances, mais le plus souvent on part en train. Tu voudras partager la conduite ?
- Comme tu veux. Ça ne me dérange pas de conduire tout le long. Ce n'est que quatre heures jusqu'à Édimbourg.
- Je préférerai admirer les paysages, alors. Je ne voudrais pas abîmer ta voiture.
Ils prirent l'autoroute, et débutèrent leur trajet vers le nord, , alternant des moments de silence et de conversation.
- Tu as toujours voulu être médecin ?, demanda John à un moment donné.
- Je ne dirais pas « toujours », mais depuis le lycée, oui. Une fois qu'il est devenu évident que la carrière de musicienne professionnelle dont rêvait mon père ne se concrétiserait jamais, ça a été mon but. J'aimais toutes les matières scientifiques, et je voulais me rendre utile.
- Tes parents ont été fiers de ton choix ?
- Hmm, pas vraiment. Enfin, ma mère ne donnait jamais son avis, donc, qui sait, peut-être… Mais mon père, non… Son but pour moi, comme pour Katie avant moi, à part la musique, c'était de nous marier au plus vite et de faire de nous de parfaites femmes au foyer. Le sujet d'une carrière potentielle n'était pas vraiment au programme. Pour lui nous étions faites pour rester à la maison et élever les enfants. Quand je lui ai annoncé que j'avais l'intention de m'inscrire en fac de médecine, au départ il a été d'accord, mais en fait, parce qu'il pensait que ça serait un bon moyen de me trouver un mari qui soit un futur médecin. Mais quand j'ai continué, année après année, sans jamais revenir à la maison avec un fiancé, il a été moins enthousiaste. Après ma quatrième année, il a décidé que le jeu avait assez duré, que l'investissement était un échec, et qu'il ne paierait plus.
- Oh. Et comment as-tu fait ?
- J'ai pris un job étudiant et un prêt. Je travaillais comme garde de nuit dans une maison de convalescence.
- Ça a dû être difficile…
- D'autres l'ont fait avant moi, dit-elle en haussant les épaules. J'avais de bonnes amies. Mary et Sybil m'invitaient souvent à dîner pour que j'économise le prix du repas.
- C'est gentil de leur part. C'est à ce moment-là que ton père a coupé les ponts avec toi ? Parce que tu as poursuivi tes études contre son avis ?
- Non. C'était quand je lui ai annoncé que j'étais enceinte et que j'avais l'intention d'être mère célibataire. Ça a été le point de rupture pour lui.
A cet instant, le moteur de la voiture passa sur la réserve et l'alarme sonna. John dit :
- Oh, il va falloir qu'on s'arrête faire le plein.
- Bien, parce que j'ai besoin de passer aux toilettes aussi.
Après une courte pause, ils repartirent. John était curieux d'en apprendre plus sur les circonstances de la naissance de Timmy, et pourquoi les parents d'Anna avaient coupé les ponts, mais elle fut plus rapide à poser la question suivante :
- Je parle beaucoup de moi, mais et toi ? Que s'est-il passé avec Vera ?
Le visage de John s'assombrit, et Anna le remarqua.
- Si ça ne t'ennuie pas de me raconter, bien sûr.
- Non, ça ne m'ennuie pas, ce n'est que justice que je te raconte ma vie, si tu me racontes la tienne. Vera était une personne très narcissique. Tu sais, ce qu'on appelle perversion narcissique ? Elle était comme ça. Elle avait beaucoup de problèmes personnels. Au début j'avais de la peine pour elle, j'ai pensé que je pourrais l'aider à surmonter ses démons. Mais il s'est avéré que je ne pouvais pas. Non seulement je ne pouvais pas l'aider, mais elle me faisait supporter ces démons. Elle m'a fait beaucoup de mal. C'était une relation très toxique, mais il m'a fallu dix ans pour m'en rendre compte. Je me suis longtemps accroché à l'espoir que je pourrais la réparer, nous réparer. Mais je ne pouvais pas.
- C'est terrible.
- J'étais quasiment détruit quand j'ai enfin fini par la quitter. Ma mère, elle avait jugé Vera à sa juste valeur depuis le début, et elle avait essayé de me mettre en garde. Mais je pensais qu'elle avait des préjugés contre elle, et je ne l'ai pas écoutée. Au final, j'ai dû traverser les pires choses, pour me rendre compte qu'elle avait raison dès le début. Je suis retourné vivre avec elle un moment quand j'ai quitté Vera définitivement. Elle ne m'a pas jugé ou dit « je te l'avais bien dit », ou ce genre de choses. Elle m'a seulement accueilli, et m'a soutenu pendant que je pansais mes blessures. C'était une femme admirable.
- J'en ai l'impression, oui.
Anna remarqua les yeux brillants de John.
- Elle te manque, n'est-ce pas ?
- Oui. Énormément.
- Je suis navrée.
- Ce n'est rien. C'est dans le cours naturel des choses, de survivre à ses parents.
- Et ton père ?
-Il est mort quand j'avais dix ans. Un anévrisme, à ce qu'on m'a dit. Ça a été soudain. Ma mère ne s'en est jamais remise. Il n'y a jamais eu personne d'autre.
- Et tu n'avais pas d'autre famille ? Je me souviens que ta mère m'a dit que tu n'avais pas de frère et sœur. Mais sa famille ? Tes grands-parents ?
- Je ne les ai jamais connus. Elle a épousé mon père contre la volonté de sa famille. Elle a été exclue de la famille après ça. C'est pour ça qu'elle a quitté l'Écosse.
- Oh. C'est amusant dans un sens. Elle a été exclue parce qu'elle a choisi d'épouser qui elle voulait, je l'ai été car j'ai refusé de me marier.
- Oui. Certaines personnes ont encore du mal avec le fait que les femmes fassent leurs propres choix.
- Et toi, ça ne te pose pas de problème ?
- Non.
- C'est bon à savoir.
x x x x
C'était le milieu de l'après-midi quand ils arrivèrent à Édimbourg et s'installèrent dans leur bed-and-breakfast. Ils furent accueillis par une météo éminemment écossaise, à savoir un crachin froid et du brouillard. Ils passèrent donc le reste de l'après-midi dans le salon du BnB, à consulter leur guide de voyage et à organiser leurs visites du lendemain, les prévisions météorologiques étant un peu meilleures. Il passèrent les deux jours suivants à visiter la cité, essayant d'en voir le plus possible, ne s'arrêtant que pour se restaurer dans des pubs ou des restaurants. Anna adora les paysages et fut très intéressée par le côté historique des monuments. Les soirs les trouvaient épuisés d'avoir tant crapahuté, et ils n'eurent même pas l'énergie de se rendre visite dans leurs chambres respectives. Le matin du troisième jour, ils repartirent vers le nord, en direction d'Inverness. Sur le chemin, ils s'arrêtèrent à Midhope Castle, un peu à l'ouest d'Édimbourg, qui avait servi de cadre de tournage pour « Lallybroch », le foyer de Jamie Fraser dans Outlander. Il restait trois heures de route après ça, et ils y arrivèrent en début d'après-midi. Après avoir posé leurs bagages au petit hôtel, dans un petit village près de la ville, John proposa qu'ils se rendent directement au village des ancêtres de sa mère, Bunachton, situé entre le Loch Ness et la plaine de Culloden.
- Je pense que je me sentirai mieux, plus libre, quand ce sera fait, dit-il.
- D'accord, je comprends.
Ils roulèrent jusqu'à Bunachton, et marchèrent à travers le village, John cherchant le meilleur endroit. Il trouva enfin ce qu'il cherchait, un champ sauvage un peu à l'extérieur du village, non loin de l'église et du cimetière.
- Ma mère était croyante, je pense qu'elle voudrait être près de l'église.
Anna répondit d'un sourire silencieux. John marcha à travers le champ, jusqu'à la lisière de la foret. Là, il ouvrit l'urne et dispersa les cendres. Quand ce fut fait, il posa l'urne par terre, et ferma les yeux. Anna comprit qu'il priait, et resta en retrait de quelques pas. Quand il rouvrit ses yeux, il se signa, et Anna l'imita, bien qu'elle ne fut pas elle-même croyante. Il se retourna ensuite, et lui offrit un sourire triste. Ses yeux étaient rouges, mais il se sentait mieux.
- Bien. Je pense qu'elle sera en paix ici.
- Oui. C'est un bel endroit.
- On marche encore un peu ?
Quand ils furent de retour à l'hôtel, ils prirent plus amplement possession de leurs chambres respectives. Anna ouvrit la porte-fenêtre de sa chambre, et sortit sur le balcon. Là, elle remarqua que le balcon faisait toute la longueur de la façade de l'hôtel, de sorte qu'elle pouvait frapper à la fenêtre de John par l'extérieur. Elle le fit aussitôt, et il lui ouvrit.
- Pratique pour se faufiler l'un chez l'autre, tu ne crois pas, plaisanta-t-elle avec un sourire malicieux.
- En effet. Mais pourquoi voudriez-vous vous faufiler dans ma chambre, Mlle Smith, je me pose la question, répliqua-t-il, en la laissant entrer.
Un peu plus tard, alors qu'ils se remettaient de leur exercice physique, John suggéra :
- On sort se trouver un pub pour le dîner ?
- OK. Tout ce sport m'a donné faim, dit Anna joyeusement.
x x x x
Le jour suivant, John avait prévu d'emmener Anna marcher le long du Loch Ness, et visiter le château d'Urquhart. Ils se mirent en route en fin de matinée, sous un ciel changeant. Il était bien vrai que dans ces contrées, on pouvait voir les quatre saisons dans la même journée. Ils passèrent une très agréable journée, et autant John qu'Anna trouvèrent la randonnée dans les plaines rafraîchissante et apaisante. Le temps s'était amélioré en cours de journée, et la fin d'après-midi était assez douce, de sorte qu'on les trouva assis sur des chaises longues sur la terrasse de l'hôtel, profitant d'une bière fraîche. Le soleil de la fin juillet jouait à cache-cache avec les nuages blancs moelleux.
- Je peux te poser une question ?, commença John soudainement.
- Hmm ?, répondit Anna, en le regardant.
- Je veux dire, c'est une question assez personnelle, donc n'hésite pas à me rembarrer si tu me trouves trop curieux, mais j'aimerais vraiment savoir.
- Oui ?
- Tu ne m'as jamais dit, pour Timmy… Je veux dire… Comment il est venu au monde. Son père.
- Je t'ai dit, il n'y a pas de père.
- Oui, d'accord, mais bon, je suppose que tu n'es pas la Vierge Marie, ou je me trompe ? Il y a ben dû y avoir un géniteur à un moment donné ?
Anna sourit.
- Il y en a eu un, oui. Il n'y a pas grand-chose à raconter, en fait. Une fin de soirée bourrée, voilà ce que c'était. J'ai appris que le gars avait déménagé en Nouvelle-Zélande environ une semaine avant que je découvre que j'étais enceinte, donc je ne l'ai pas poursuivi pour l'en informer. J'ai décidé d'avoir le bébé et de l'élever toute seule.
- D'accord…
John continua à l'observer avec curiosité, jusqu'à ce qu'Anna le remarque.
- Quoi ?
- Je ne sais pas, je suppose que je ne te voyais pas comme quelqu'un qui ferait ça de ses fins de soirée bourrées.
- J'étais tellement bourrée que je ne me souviens d'absolument rien de cette nuit-là. Je ne pourrais même pas te dire si le gars était bon.
John pouffa.
- J'ai du mal à t'imaginer boire suffisamment pour tomber dans les pommes comme ça. Tu m'as plutôt l'air de quelqu'un qui tente de garder le contrôle à tout moment.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise. Apparemment pas. Est-ce que ça diminue l'opinion que tu as de moi ?
- Bien sûr que non Anna. On a tous fait des trucs stupides dans nos vies. Je ne suis pas bien placé pour juger qui que ce soit après mes propres erreurs avec Vera. Et au final, tu as eu ton fils, qui est si mignon, donc je suppose que tu ne regrettes pas plus que ça ?
- Tu as raison. J'ai été bénie pour m'être comportée de façon irresponsable. Étrange, n'est-ce pas ?
- Est-ce que tu te rappelles au moins le nom du type ?
- Oui. Il s'appelait Alex Green.
Plus tard dans la soirée, dans sa chambre, Anna ne pouvait s'empêcher de repenser à ce que John avait dit plus tôt. Il avait raison, elle n'était pas du genre à boire jusqu'à être ivre morte. C'était assez étrange, en fait, parce qu'elle ne se souvenait pas avoir bu outre-mesure cette nuit-là.
