Septembre 2020
A l'extérieur, Matthew et Anna se regardèrent, sans savoir trop quoi faire ensuite. Matthew s'essuya les yeux nerveusement et bégaya :
- Je… Il faut que j'appelle ses parents.
- Oui, bien sûr. Tu fais ça, et moi je vais monter au troisième et voir Sybil. Elle doit être encore là.
Alors qu'Anna traversait l'unité de pneumologie d'un pas décidé, une jeune infirmière l'aperçut dans sa tenue civile et la héla :
- Madame, s'il vous plaît, vous ne pouvez pas rester là !
Anna fouilla dans son sac et présenta son badge à la jeune fille :
- Je suis médecin ici, je cherche le Dr Branson, vous savez où je pourrais la trouver ?
- Oh, désolée, je crois qu'elle est dans son bureau, dit l'infirmière, en pointant vers le bout du couloir.
- Merci.
Anna se rendit au bureau médical et frappa doucement à la porte.
- Oui ?, répondit la voix de Sybil.
Anna entra et dit d'une voix douce :
- Bonjour Sybil.
- Anna ? Qu'est-ce que tu fais là, tu n'es pas de repos aujourd'hui ?
- Si. Je sors juste des urgences…
- Des urgences ? Pourquoi ?
Anna soupira. Elle savait que Sybil allait très mal prendre la nouvelle, et elle ne voyait pas comment elle pouvait adoucir le choc pour elle. Il n'y avait aucune bonne façon d'annoncer ce genre de choses.
- Je… Je suis désolée Sybil…
- Quoi ?! Qui ? C'est maman ?
- Non… C'est Mary.
Sybil resta immobile quelques secondes, puis murmura :
- Non… Non, non !
Puis elle hurla :
- PUTAIN !
Anna comprit que ça allait mal, car Sybil n'était vraiment pas du genre à jurer. Les larmes apparurent dans les yeux de la petite brune quand elle leva le regard vers Anna et demanda :
- C'est à quel point ?
- Matthew m'a appelé pour que je vienne la voir chez eux. Elle était polypnéique, avec une sat à 85 %. On l'a emmenée directement parce qu'il n'y avait pas d'ambulance dispo. Elle a été emmenée à l'unité d'évaluation Covid, on n'a pas pu l'accompagner.
- Punaise… Tout ça est ma faute, Anna, murmura Sybil avant de fondre en larmes.
Oubliant la distanciation l'espace d'un instant, Anna s'approcha et prit Sybil dans ses bras.
- Allez, Sybil, arrête ça. Ça ne lui fera aucun bien de te flageller.
Au bout d'un moment, Sybil se maîtrisa, attrapa un mouchoir de la boîte qui trônait sur son bureau et s'essuya les yeux.
- Merci Anna. D'avoir été là pour elle, et d'avoir géré. Tu es une meilleure amie que je ne suis une sœur.
- Sybil !, répliqua Anna fermement.
- Il faut que je descende la voir. Punaise comment je vais pouvoir la regarder dans les yeux… Mais il faut que je parle à l'urgentiste, que je sache si c'est vraiment sérieux.
- Fais ça. Je retourne voir Matthew, il m'attend en bas. Il appelle vos parents.
- Oh purée, papa et maman, ils vont être effondrés.
- Reste avec elle et tiens-nous au courant, OK ?
- Oui, bien sûr. Merci mille fois Anna.
Quand Anna fut de retour chez elle, elle mit tous ses habits directement au lave-linge, et se lava avec précaution sous la douche, y compris les cheveux. Quand tout cela fut fait, elle regarda devant elle d'un air hébété, et fondit en larmes.
- Mon dieu pitié ne m'enlève pas Mary… Ne l'enlève pas à sa famille…
C'était étrange, pensa-t-elle, comment en période d'angoisse, on se retrouvait à prier, même si on ne croyait pas en Dieu.
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Une heure plus tard, alors qu'Anna avait récupéré Timmy chez les Carson, sans entrer chez eux, et préparait le dîner, un texto de Sybil arriva :
« Elle a été stabilisé sous Optiflow, et mutée en réanimation. Thomas est son médecin référent. Son obstétricien est venu la voir aussi. Ils se donnent trois heures pour voir comment ça évolue avant de décider s'ils font une césarienne en urgence. »
Elle répondit rapidement :
« OK. Merci, tiens-moi au courant. A n'importe quelle heure stp »
« Bien sûr »
Anna expira lentement. Alors qu'elle se concentrait de nouveau sur le dîner, un autre SMS arriva. C'était John :
« Alors, est-ce que ma « thérapie » a eu des effets prolongés sur ton état d'anxiété ? »
Un émoji clin d'œil accompagnait le message. Le cœur d'Anna se serra. Dans toute cette frénésie elle avait complètement oublié de tenir John au courant. Elle composa sa réponse :
« Mary vient d'être admise en soins intensifs. Elle va peut-être avoir besoin d'une césarienne en urgence »
Quelques secondes après avoir envoyé le message, son téléphone sonna :
- Mon Dieu, Anna, je suis désolé, je suis vraiment un gros débile !
- Tu ne pouvais pas savoir John, répondit-elle calmement.
- Mais que s'est-il passé pour l'amour de Dieu ? Je croyais qu'elle allait bien ?!
Anna lui raconta comment leur après-midi, qui avait si bien commencé, s'était terminé en cauchemar.
- Bonté divine, conclut John. Je n'avais pas idée que ça pouvait s'aggraver si vite ! Mais pourquoi la césarienne ? Est-ce que le bébé est en danger ?
- Pas directement, mais les besoins en oxygène du bébé mettent une charge supplémentaire sur ses poumons, donc le retirer peut l'aider à s'en sortir mieux. En plus, une des techniques pour aider les poumons à fonctionner au mieux est de tourner le patient régulièrement sur le ventre, et de toute évidence on ne peut pas mettre une femme enceinte de sept mois en position allongée sur le ventre.
- Je vois. Mais est-ce que ça va aller pour le bébé ? Ce n'est pas trop tôt ?
-Elle est à trente-quatre semaines. Le bébé sera un peu prématuré, mais elle devrait bien s'en sortir.
- Pfiou… Punaise, Robert doit être dans tous ses états. D'abord sa femme, ensuite sa fille. Il faut que je l'appelle. Tu pourras me tenir au courant s'il te plaît ?
- D'accord.
- Merci. Salut Anna.
- Salut John.
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Sybil, ayant récemment eu le Covid, et étant une amie de Thomas, fut autorisée à rester auprès de Mary en soins intensifs. A dix heures, Thomas et l'obstétricien de Mary, Dr Turner se réunirent de nouveau à son chevet pour réévaluer la situation. La saturation en oxygène de Mary s'était stabilisée, mais au prix d'une augmentation régulière du débit d'Optiflow, et elle semblait épuisée. Les médecins étaient donc toujours inquiets, et suggérèrent de nouveau la césarienne urgente. Mary se tourna vers sa sœur pour trouver des conseils et du soutien. Elle pouvait à peine parler, mais parvint à dire :
- Que penses-tu Sybs ?
- Je pense que c'est pour le mieux Mary. Le bébé et toi vous en sortirez mieux séparément. Tous les deux.
- Je te fais confiance… Allez-y, faites-le, dit-elle en regardant Dr Turner. Appelle Matthew, demanda-t-elle à Sybil.
- Oui bien sûr. Et je serai là dès que tu reviendras du bloc.
- Rentre chez toi Sybil…, tenta sa sœur.
- Je reste avec toi, dit Sybil d'un ton têtu.
Étant toujours convaincue qu'elle était la cause des problèmes de sa sœur, Sybil ne comptait pas la laisser faire face à cette épreuve seule. Alors que Mary était emmenée vers le bloc opératoire d'obstétrique, Sybil prit son téléphone et appela Matthew :
- Salut Matthew, c'est Sybil.
- Oui, Sybil, comment ça se passe ?
- Bon. Elle a toujours besoin d'oxygène, et de plus en plus au fil du temps, donc avec son médecin de soins intensifs, et son obstétricien, on a décidé de faire une césarienne pour sortir le bébé. Comme ça elle devrait mieux respirer. Et on n'aura pas besoin de s'inquiéter du risque que le bébé manque d'oxygène.
- Seigneur, ça veut dire qu'ils font la césarienne, là maintenant ?
- Oui, ils viennent tout juste de l'emmener en salle d'opération.
- Oh mon dieu, mon enfant naît avec six semaines d'avance et je ne peux même pas être avec elles ! C'est tellement injuste !
- Je suis vraiment désolée Matthew. Mais ce que tu peux faire, c'est venir dès qu'ils auront terminé, et être avec ton bébé. Comme Mary ne pourra pas rester avec elle, toi tu peux. Elle aura besoin d'un parent avec elle. Tu peux déposer George chez moi avec Tom, je vais l'appeler, il sera d'accord.
- Oh, d'accord, oui, je vais faire ça.
- Et moi je vais rester avec Mary.
- Merci Sybil.
Après avoir raccroché, elle envoya un SMS à Anna :
« Mary vient d'être emmenée pour la césa. Ses besoins en O2 ne font qu'augmenter »
Mary ne serait pas de retour avant au moins une heure, donc Sybil décida de retourner à son bureau, en bas en pneumologie, pour trouver quelque chose à manger et travailler. Il ne servait à rien qu'elle rentre chez elle et risque de contaminer Tom, qui par chance ne l'avait pas attrapé ces deux dernières semaines.
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Chez elle, Anna reçut le message de Sybil et fit passer l'information à John. Elle tenta ensuite d'aller se coucher, mais eut du mal à s'endormir. Elle ne pouvait s'empêcher de ruminer la situation, de penser à son amie, donnant naissance à son bébé bien trop tôt, et qui serait forcée de rester éloignée d'elle, pour sa propre santé autant que pour la sécurité du bébé. Ce n'était pas comme ça que les choses étaient censées se passer, pensa-t-elle, frissonnante. Anna sentit sa gorge se serrer quand elle réalisa qu'elle ne pourrait rendre visite ni à son amie ni au bébé. Quand Mary avait eu George, Anna avait été une de ses premières visites à la maternité, et dans les jours qui avaient suivi, elle avait passé tout le temps qu'elle avait pu dégager auprès de son amie, pour aider à s'occuper du bébé pendant que Mary se reposait. Rien de tel n'aurait lieu cette fois-ci, et cela lui était très douloureux à admettre. Elle savait que cela était complètement inutile d'être en colère contre un virus, mais c'était son ressenti à ce moment-là. Ce fichu virus qui enlevait tant à la vie des gens. Pas seulement des vies à proprement parler, mais aussi tant de moments, qui auraient dû être heureux, et qui seraient perdus pour toujours.
Aux alentours de deux heures du matin, son téléphone vibra et elle se réveilla en sursaut, arrachée du demi-sommeil dans lequel elle avait fini par sombrer. Elle attrapa rapidement son téléphone, et lut le message de Matthew. Il avait envoyé un selfie de lui à la maternité, avec sa fille nouvelle-née en peau à peau contre sa poitrine dénudée. Le bébé était minuscule et avait de tout petits tubes d'oxygène dans le nez, mais par ailleurs elle semblait en paix, assoupie contre la poitrine de son père.
« Dis bonjour à la petite Alicia. Juste un peu plus de 2kg »
Anna ne put s'empêcher de sourire alors que les larmes menaçaient dans ses yeux.
« Elle est magnifique. Elle va bien ? Et Mary ? »
« Elle va bien. Le pédiatre dit que l'oxygène c'est par sécurité, mais qu'on pourra probablement l'enlever demain. Maintenant ils attendent de voir si elle arrive à téter, ou s'il faut lui mettre une sonde alimentaire. J'ai eu très peu d'info sur Mary. Je vais voir avec Sybil, mais j'ai été trop occupé avec la petite. »
« Merci de m'avoir tenu au courant Matthew »
« Normal »
En soins intensifs, Sybil surveillait Mary qui était de retour du bloc. Son état respiratoire n'était pas pire, mais pas vraiment meilleur non plus pour le moment. Elle ne pouvait toujours pas être positionnée à plat ventre, la cicatrice de la césarienne étant trop fraîche. Alors Sybil et les aides-soignantes l'aidaient à se tourner d'un côté à l'autre toutes les demi-heures. Quand l'aide-soignante fut partie, Sybil s'approcha de Mary et lui montra la même photo de Matthew avec le bébé.
- Regarde Mary, Alicia va très bien, elle est avec Matthew.
L'ombre d'un sourire se dessina sur les lèvres pâles de Mary, et elle ferma ses yeux d'épuisement, alors qu'une larme courait le long de son nez.
- Je suis contente, murmura-t-elle.
- Maintenant repose-toi.
Sybil s'assit dans un coin de la chambre, et s'occupa de donner des nouvelles à Matthew, leurs parents, Tom, leur autre sœur Edith et bien sûr Anna.
x x x x
Après cette nuit de cauchemar, l'état de Mary s'améliora lentement mais sûrement. Trois jours après la césarienne, elle put être sevrée de l'Optiflow pour passer sous oxygénothérapie classique. Après une nuit supplémentaire sous surveillance rapprochée en soins intensifs, elle fut transférée en unité de maladies infectieuses, qui accueillait la majorité des cas de Covid, avec la pneumologie. Sybil ne prit pas Mary comme patiente, d'une part parce qu'elle n'avait pas de lit disponible à ce moment-là, et d'autre part, parce qu'elle préférait ne pas être le médecin référent de sa propre sœur. Tous les médecins savent qu'on est un très mauvais médecin pour sa propre famille. Mary resta hospitalisée une semaine de plus avant de pouvoir rentrer chez elle, après un séjour total de onze jours. La petite Alicia était restée dix jours en néonatalogie, jusqu'à ce qu'elle parvienne à téter suffisamment bien pour pouvoir être remise aux bons soins de son père. Heureusement, les Crawley employaient une nourrice, donc Matthew avait de l'aide pour s'occuper de George et Alicia. Mary ne serait de toute évidence pas en état de s'occuper d'eux pendant encore quelques temps, et Cora commençait tout juste à parvenir à s'occuper d'elle-même. La mère de Matthew, Isobel, venait aider aussi, aussi souvent que son cabinet de psychologue le lui permettait.
Le jour suivant la sortie de Mary, Anna décida qu'il était justifié d'enfreindre la loi juste une fois pour rendre visite à son amie. Les médecins à l'hôpital avaient affirmé que Mary n'était plus contagieuse, mais ils continuèrent à porter un masque quand même, pendant toute la durée de la visite d'Anna.
- Bonjour Matthew, dit-elle quand il vient lui ouvrir la porte.
- Bonjour Anna, c'est gentil de passer.
Le pauvre Matthew, malgré l'aide qu'il avait réussi à rassembler autour de lui, semblait complètement épuisé. Onze jours à s'inquiéter et à courir entre l'hôpital, George à la maison, tout en continuant à gérer son travail à distance avaient manifestement pesé lourd sur lui. Il avait des cernes noirs sous les yeux, et ses cheveux blonds étaient en désordre. Quand elle entra dans le salon, à la suite de Matthew, Anna fut encore plus choquée de voir le visage de Mary, si pâle et marqué, et son corps, tellement plus maigre qu'avant (bien qu'elle aie déjà été mince auparavant). Elle avait beau être habituée à constater les conséquences d'une maladie grave et d'un séjour en réanimation sur le corps d'une personne, c'était autre chose de le voir sur sa meilleure amie.
- Mary !, dit-elle en pleurant, je suis si contente de te revoir. Tu nous as fait sacrément peur, tu sais !
Mary sourit d'un air fatigué.
- J'ai eu pas mal peur moi-même, pour être honnête.
- Comment tu te sens ?
- Euh… Comme si je m'étais fait rouler dessus par toute une armée de tanks ? J'arrive tout juste à marcher toute seule assez longtemps pour passer du canapé à la salle de bains et à mon lit. J'ai l'impression d'avoir quatre-vingts ans. Je déteste ça.
Anna pouffa. Elle se doutait que Dame Mary Crawley, si énergique et autonome, n'accepterait pas de bonne grâce sa propre fragilité.
- Tu vas aller mieux bientôt. Ne t'inquiète pas. Tu as vu un kiné à l'hôpital ?
- Oui. Et Matthew a pris rendez-vous avec un autre qui va venir ici tous les jours à partir de demain.
- Super. Travaille bien avec lui, et tu seras sur la bonne voie.
Anna se tourna vers le bébé, qui dormait tranquillement dans le berceau près du canapé. Elle sourit à la vue de la chevelure sombre et du petit nez.
- On dirait que celle-ci a pris plus de toi, remarqua-t-elle. Comment va-t-elle ? Elle grossit ?
- Oui, d'après ce que dit la sage-femme. Elle l'a pesée ce matin, elle avait l'air contente.
Mary annonça cela d'un ton relativement indifférent, ce qu'Anna remarqua. Elle perçut que quelque chose n'allait pas dans l'attitude de Mary. Elle s'assit près de son amie et posa sa main sur celle de Mary.
- Mary ? Ça va ? Tu te sens… mal ? A propos du bébé ?
Mary se détourna d'Anna, tentant de cacher ses larmes, mais soudain sa façade se fissura, et elle sanglota dans ses mains. Anna lui tendit un mouchoir, et attendit que son amie se calme.
- Qu'est-ce qui se passe Mary ? Elle va bien, et tu vas te remettre aussi.
- Oh, Anna… C'est juste que… Un jour elle était dans mon ventre, le lendemain elle n'y était plus, et je ne l'ai pas vue pendant dix jours. Maintenant je suis là, j'ai ce bébé que je ne connais pas, ou si peu, et tout le monde s'occupe d'elle, et moi je ne peux rien faire ! Je n'ai pas l'impression qu'elle est à moi, tu vois ? Je ne me sens pas sa mère ! Je n'ai jamais ressenti ça avec George, je l'ai eu dans mes bras et j'ai tout de suite su qu'il était à moi…
- Mary, chut…
Anna entoura les frêles épaules de Mary de ses bras.
- Eh, Mary. Allez. Tu viens juste de vivre un enfer. Tu as failli mourir, pour l'amour de dieu. Donne-toi du temps ! Bien sûr que tu la connais à peine, et elle te connait à peine. Il faut faire connaissance, mais ça va se faire ! Et plus vite que tu ne le pense, j'en suis sûre. Tu sais, ce n'est pas si rare qu'une mère ou un père ne se sente pas connecté à son enfant immédiatement. Ça arrive tout le temps. Et avec tout ce que tu as vécu, c'est franchement compréhensible ! Ne t'inquiète pas Mary, bientôt elle te fera tourner en bourrique.
Mary pouffa à travers ses larmes.
- Tu crois ? Tu ne penses pas que je suis une mauvaise mère alors ?
- Mary ! Bien sûr que non !
- Merci, murmura-t-elle, en posant sa tête sur l'épaule de son amie.
