Antoine grimpa dans sa voiture et arriva chez la victime une quinzaine de minutes plus tard. Il envoya l'adresse à Candice, enfila son brassard et salua les deux témoins qui assistaient aux fouilles de la maison. Une vingtaine de minutes plus tard, ils furent rejoints par la commandante qui les salua chaleureusement. Antoine lui adressa un sourire auquel elle répondit froidement. Il se sentait tellement mal.
Ils passèrent toutes les pièces au peigne fin et rien de particulier ne ressortait. Ils débriefèrent dans la cour :
« Donc d'après ce que vous me dites, à part le travail, Arnaud avait une vie calme. Dans son appartement on a rien retrouvé… Donc s'il n'avait que son travail, je vois pas pourquoi le meurtre n'y serait pas lié.
- Tu penses à quelque chose en particulier ?, demanda Mehdi.
- Non… Enfin, déjà j'achète pas la vengeance de la vendeuse licenciée en 2008. Si elle avait eu envie de le tuer, elle l'aurait fait bien avant. Mais, ce qui est sûr c'est qu'on a affaire à une vengeance. Cinq coups de couteau c'est pas rien. Y a de la haine là-dessous. C'est évident.
- Oui, enfin on peut pas trop négliger cette piste. C'est la seule qu'on a pour l'instant.
- Bien. Faites comme vous voulez monsieur le commissaire. Vous m'avez demandé mon avis, je vous le donne.
Val et Mehdi se regardèrent médusés face au comportement de leurs supérieurs. Antoine ne répondit pas. La tension régnait.
- Bon en attendant, on a quand même récupéré ses comptes. On va les éplucher voir !, lança Mehdi pour changer de conversation.
- Ok ! Faites ça., Val et Medhi s'éloignèrent vers la voiture, Candice ? On peut se parler ?
Le téléphone de Candice sonna. Jules était passé aux urgences. Il fallait qu'elle aille le rechercher.
- Je dois aller récupérer Jules aux urgences, lâcha laconiquement Candice.
- Bah je viens avec toi !, affirma-t-il en ouvrant la portière de sa voiture.
Résignée Candice accepta qu'il monte. Le trajet jusqu'à l'hôpital se déroula en silence. La commandante gara sa voiture et s'apprêtait à sortir lorsqu'elle sentit la main de son compagnon sur sa cuisse :
- Candice…
- Quoi ?
- Excuse-moi. Je suis désolé.
- Tu me l'as déjà dit ça Antoine.
- Comment est-ce que je pourrais me faire pardonner ?
- Je sais pas moi… En me disant la vérité peut-être…
Antoine retira sa main de la cuisse de sa partenaire et se rassit dans son siège.
- Ok… Je suis fatigué en ce moment. J'ai du mal à dormir donc je prends des somnifères. J'ai pas entendu ton appel d'hier soir et ce matin je dormais encore quand tu m'as appelé, lui mentit-il.
- Pourquoi tu m'as rien dit ?, demanda-t-elle inquiète.
- Parce que je voulais pas que tu t'inquiètes…
- C'est raté…
- Je sais. Antoine approcha sa tête de la sienne, Excuse-moi.
Candice déposa ses lèvres sur les siennes. Elle se sentait bête d'avoir réagi si durement. Mais la commandante était tellement déroutée par son comportement ces derniers temps qu'elle réagissait au quart de tour à la moindre petite chose. Elle demanda à Antoine de l'accompagner aux urgences récupérer Jules. Ayant beaucoup saigné, elle préférait qu'il soit présent en cas de malaise de son fils.
Ils entrèrent dans le hall de l'hôpital et marchèrent en direction des urgences quand une femme interpella Antoine. Il fit mine de ne rien entendre mais sa compagne lui signala qu'on l'appelait.
- Ah ! Stéphanie ! Désolé je t'avais pas entendu, s'excusa Antoine gêné.
- Bonjour !, salua Candice intriguée.
Stéphanie salua Candice à son tour et caressa amicalement l'épaule d'Antoine en guise de soutien. L'infirmière pensait en effet, que son ami était là pour lui. Candice observa la scène, silencieuse. Elle ressentit une pointe de jalousie envers cette jolie femme brune qui s'approchait dangereusement de son compagnon. Elle écouta passivement la suite de leur conversation.
« Qu'est-ce que tu fais là ?
- Euh. On va rechercher son fils aux urgences.
- Ah merde ! Rien de grave ?
- Non. Il s'est juste coupé !
- Ouf ! Bon beh je ne vous retarde pas plus. À bientôt Antoine, conclut-elle en lui faisant la bise.
L'infirmière adressa un sourire à Candice restée en retrait pendant leur conversation, puis disparut dans les couloirs de l'hôpital. Candice fixait son compagnon qui paraissait gêné. Évidemment jalouse, la blonde ne put se retenir :
- C'était qui ?, demanda-t-elle faussement enjouée.
- Eh bah… C'était Stéphanie !, annonça Antoine en enclenchant le pas, laissant sa partenaire derrière lui.
- Elle est jolie… constata-t-elle à haute voix, Et tu la connais d'où ?, demanda Candice en marchant derrière lui, suspicieuse.
- C'est une vieille amie.
- Amie, amie ? Ou amie ++ ?, tenta-t-elle en accélérant le rythme.
Antoine esquissa un sourire face à la jalousie évidente de sa compagne.
- T'es jalouse ?, lui demanda-t-il en se retournant.
- Moi jalouse ?, s'exclama-t-elle en s'arrêtant net.
- Hum. Oui…, répondit-il en s'arrêtant à son tour.
- Non mais, moi jalouse ? Je rêve…, lâcha-t-elle en le dépassant rapidement. »
Le commissaire hocha la tête de gauche à droite face à la mauvaise foi de sa compagne. Ils récupérèrent Jules aux urgences, le déposèrent chez Candice et retournèrent à la BSU voir leurs collègues.
- Alors, vous avez trouvé quelque chose ?
- Pas grand-chose… avoua Val.
- On a convoqué Vanessa Carlier, elle ne devrait pas tarder.
- Ok parfait ! Et les comptes ?
- On a à peine commencé… Mais en tout cas, la cogérante n'a pas menti sur le fait qu'en 2008 c'était chaud pour eux. Les comptes sont dans le rouge en permanence, ils sont pas passé loin de la fermeture.
- Bien. On va manger un morceau. Il est quasi 15h30. Vous avez mangé vous ?
- On a commandé des pizzas. Il en reste dans le frigo si vous voulez.
- C'est gentil, merci !, les remercia Candice. Et bon boulot !
Les deux collègues se retrouvèrent dans la salle de repos autour d'un morceau de pizza. Candice n'eut même pas le temps de le terminer qu'elle courut en salle d'interrogatoire s'entretenir avec l'ancienne vendeuse de la victime.
- Donc, Vanessa Carlier c'est bien ça ?
- En effet.
- Vous avez été licenciée en 2008. Pour quel motif ?
- Bah c'était la crise… On était deux vendeuses, fallait faire un choix et voilà quoi.
- Sur quels critères s'est-il basé ?
- Il a gardé la plus vieille, la plus expérimenté. Moi je débutais dans le métier…
- Vous lui en avez voulu ?
- Sur le moment oui évidemment. On était en pleine crise et il m'a jeté dehors. Forcément j'ai eu envie de l'étrangler, mais comme tout le monde dans ce cas-là je suppose.
- Vous étiez où ce matin vers 5h00 ?
- Attendez… Vous croyez quand même pas que j'ai voulu le tuer ? Non mais c'est bon maintenant, j'ai digéré la pilule hein ! C'était y a plus de 10 ans. Ok j'suis rancunière mais y a des limites. Puis bon, j'le sentais pas ce taff, alors c'était pas une si mauvaise chose. La preuve le mec est mort.
- Comment ça vous le sentiez pas ?
- Non, fin c'est qu'une impression… Mais Arnaud je le sentais pas. Toujours au téléphone à se cacher, à téléphoner à l'étranger là… Il croyait que je voyais rien mais j'étais pas conne hein !
Medhi fit irruption dans la salle
- Candice, j'peux te parler deux minutes ?
Medhi l'entraîna hors de la salle d'interrogatoire. Il lui remit les relevés de compte sur lesquels il avait entouré des transactions suspectes. Il expliqua sa trouvaille à sa cheffe.
- Alors, dès 2010 on observe un redressement de la boutique. Et c'est en même temps que l'apparition de transferts d'argent à l'étranger…
- Ça colle avec ce que me disait la vendeuse…
- Regarde c'est surtout vers la Chine, la Malaisie, le Bangladesh…
- Évidemment !
- Quoi ?, demanda-t-il dérouté en observant Candice partir avec ses feuilles vers l'openspace.
- Dépêche-toi Mehdi!, le pressa-t-elle en accélérant le pas dans le couloir
