La vendeuse l'accueillit au comptoir et l'encaissa. Elle remit les achats de la commandante dans un sac et la remercia. Le couple sortit de la boutique et s'éloignèrent de quelques mètres avant qu'Antoine ne s'énerve :

« C'était quoi ça ?

- Alors, j'ai joué la comédie pour obtenir des sous-vêtements que je vais faire analyser à Nathalie.

- Je parlais pas de ça…, s'agaça-t-il.

- Ah bon ?!, l'interrogea-t-elle ironique, Je n'ai pourtant dit que la vérité, lança-t-elle durement.

- Arrête. C'est toi qui t'es braquée hier soir et qui m'a tourné le dos.

- Pardon ? Parce que c'est de ma faute en plus maintenant ? Mais on rêve là !, s'emporta la blonde.

- C'est pas ce que je voulais dire.

- Tu sais quoi Antoine ? Que tu ne veuilles plus de moi, je peux l'entendre. Mais que tu rejettes la faute sur moi, ça j'accepte pas !, déclara-t-elle les larmes aux yeux.

- J'ai jamais dit que je voulais plus de toi…, se radoucit-il.

- Ah bon ? Parce que c'est exactement ce que ton comportement me montre, lâcha-t-elle en tournant les talons.

- Candice !, tenta-t-il de la retenir en vain. »

Ils pénétrèrent dans la BSU chacun de leur côté. Candice était décidément remontée contre Antoine et ce-dernier n'était toujours pas décidé à lui parler. Elle arriva agacée dans le labo, salua Nathalie et lâcha son sac qui s'écrasa sur le sol. Sa collègue suivit le mouvement du sac et aperçut les sous-vêtements :

« Soirée coquine ?, l'interrogea-t-elle taquine.

- Si seulement… Hélas, je t'apporte du travail.

- Ah ! Je t'écoute !

Candice se pencha et récupéra les quelques sous-vêtements qu'elle venait d'acheter.

- Ça provient de la boutique de Jouarre. Faudrait que tu puisses me les analyser s'il-te-plaît.

- Très bien. T'as une idée derrière la tête ?

- Bah je voudrais voir jusqu'où le gérant était capable d'aller dans sa magouille.

- C'est-à-dire ?

- On peut rejoindre l'équipe si ça t'embête pas ? Comme ça je leur explique aussi., demanda Candice en sortant du labo.

- Ok !, répondit Nathalie en la suivant, Dis-voir ça va pas mieux toi ?

- Non…, lâcha Candice dans un soupir bruyant, Je te raconterai ! »

Les deux femmes se dirigèrent vers l'openspace. Candice attendit que l'équipe soit au complet et exposa sa théorie :

« Donc ce matin, je suis allée acheter quelques sous-vêtements dans la boutique. Et la vendeuse n'a pas hésité à bien nous conseiller, mon mari et moi, commença Candice en montrant Antoine.

- C'est malin !, s'exclama Mehdi., Mais attends, elle t'a pas reconnu la vendeuse, Antoine ?

- Eh bah non ! Puisque c'était l'autre. Celle que vous avez interrogée remplaçait l'autre vendeuse pendant ses congés. Donc elle ne nous avait jamais vu.

- Et vous avez trouvé quelque chose ?, demanda Marquez.

- Alors ça n'a pas changé, c'est toujours très moche… Mais, y a quelque chose d'intéressant. Sur leurs étiquettes, c'est écrit « production française », or, nous savons désormais que les trois quarts de ses produits sont importés. J'ai donc demandé à Nathalie de les analyser.

- Pourquoi faire ?, demanda Antoine perdu.

- Parce que les normes de fabrication françaises et asiatiques sont différentes. Je voudrais savoir s'il les respectait malgré tout.

- Je comprends rien…, demanda Marquez.

- Rooooh, s'agaça Candice. Mais vous avez jamais entendu parler des scandales liés aux produits toxiques dans les vêtements ? Y a eu un article y a pas longtemps. Y a certains magasins qui importent des produits super toxiques, sans se soucier des réglementations de l'Union européenne.

- Ok. Et tu penses que ça pourrait être le cas chez Jouarre ?

- Bah ça se vérifie en tout cas.

- Ouais… Enfin, c'est un peu tiré par les cheveux cette histoire quand même…, déclara le commissaire.

- Écoute, moi au moins j'essaye d'y réfléchir. Donc ça se tente !, répondit la commandante, cinglante.

- T'insinue quoi là Candice ? Que je fais rien ?, s'indigna Antoine outré.

- Bah excuse-moi, mais depuis le début, t'as pas apporté grand-chose hein.

- Pardon ? Mais c'est parce que TU es bornée sur cette histoire de magouille. D'emblée t'as écarté sa vie privée. Et résultat, bah… on a rien quoi.

- Et bah vas-y, occupe-toi en de sa vie privée toi. Pendant que NOUS on s'intéresse à quelque chose de concret…, s'emporta-t-elle.

- Oh ! Oh ! Oh ! On se calme ok?, temporisa Nathalie, Et si vous avez un problème, vous allez le régler ailleurs bon sang ! »

Énervée, Candice sortit de l'openspace. Elle se dirigea vers la salle de repos et pris l'air sur le balcon. Antoine s'était dirigé dans son bureau en claquant la porte. Le bruit résonna dans son oreille et lui déclencha un atroce mal de crâne. Il dut se tenir au mur pour ne pas vaciller. Ses crises étaient de plus en plus violentes, et garder le contrôle devenait difficile. Il porta son corps jusqu'au fauteuil positionné au fond de la pièce et s'affala dessus.

Dans la grande pièce, toute discussion était tournée autour de ce qui venait de se passer.

« Eh bah voilà ! Ça commence… Je l'avais dit que ça allait foutre la merde leur histoire, constata Val.

- Non mais c'est peut-être qu'une mini dispute. On sait pas…, tenta de relativiser Mehdi.

- Et surtout ça nous regarde pas !, déclara Nathalie.

- T'étais au courant ?, lui demanda Val.

- De quoi ?

- Bah qu'ils sont ensemble. Candice te l'a dit ?

- Roooh ! Mais vous avez fini tous ?

- Ouais bah moi en attendant, j'vais aller faire des pompes. Ça va me détendre !, déclara Mehdi en se levant.

- J'viens avec toi !, précisa Marquez en suivant son collègue. »

Val se replongea dans sa paperasse et Nathalie se dirigea vers le bureau d'Antoine. Elle comptait bien avoir une discussion avec lui.

Toujours assis sur son fauteuil, il sursauta à l'ouverture de la porte.

« C'est plus possible Antoine. Faut que tu lui parles., déclara sérieusement Nathalie.

- Qu'est-ce que je t'ai dit déjà ?

- Tu vois pas qu'elle va pas bien ?

- Mais tu veux que je lui dise quoi ? Que je suis malade et que je vais peut-être en crever ?

- Bah oui par exemple.

- Et bien non. Désolé de te décevoir mais j'ai pas envie de sa pitié.

- Mais t'es borné ma parole ! Tu sais quoi Antoine ? Démmerde-toi. Mais tu viendras pas pleurer quand elle t'aura largué., lâcha durement Nathalie avant de sortir du bureau. »

Antoine jura contre lui-même. Il se leva de son fauteuil et s'assit sur son siège de bureau. Il s'empara de son stylo et plongea son nez dans ses dossiers pour oublier ce qu'il venait de se passer.

La responsable de l'IJ s'attela désormais à réconforter sa collègue. Elle la retrouva à l'extérieur de la salle de repos, assise sur une chaise haute, la tête posée sur sa main gauche.

« Candice ?,

- La commandante essuya ses larmes et tourna le tête vers sa collègue.

- Oui ?, murmura-t-elle.

- Allez ça va aller !, la réconforta Nathalie en lui caressant l'épaule.

- C'est de ma faute…

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Il… Candice ravala sa salive. Il m'a repoussé hier soir et je me suis braquée. Je lui ai pas laissé le temps de s'expliquer. Je gâche toujours tout.

- Je t'interdis de dire ça. Vous êtes deux dans cette histoire, donc chacun à sa part de responsabilité.

- Je le comprends pas... Je... Je comprends pas ce qu'il a!

Nathalie baissa la tête. Savoir la raison de son comportement mais devoir se taire devenait insupportable pour la responsable de l'IJ.

- Je suis sûre que c'est rien de grave... se contenta-t-elle de répondre.

- Désolée de vous infliger ça…

- C'est rien va ! En tout cas, si tu voulais garder ça secret… C'est raté ma vieille ! Je crois que toute l'équipe a compris…

Candice s'autorisa un rire.

- Tant pis... lâcha-t-elle dans un sourire.

- Bon ! J'vais faire analyser tes achats, sinon on va y passer 5 ans. Je devrais avoir les résultats dans la journée.

- Parfait ! Merci. »