« Oh ? Candice ?, l'interrogea-t-elle en la voyant figée.
- Non mais, dis-moi que je rêve là !, lâcha-t-elle en montrant Antoine au loin.
- Quoi ?, demanda Nathalie en se tournant dans la direction indiquée par Candice.
- Il se fout de moi !, s'énerva-t-elle les larmes aux yeux, J'y vais !
- Non ! Candice !, l'interrompit-elle en l'empêchant d'aller plus loin, Tu restes là. Tu vas pas faire un scandale en plein restau non ?
- Bah je vais me gêner tiens !, lâcha-t-elle déterminée.
- CANDICE !, cria-t-elle à nouveau en la retenant, J'suis sûre que c'est rien du tout, ok ? Donc tu redescends et tu le confronteras demain.
- Mais…
- Y a pas de mais ! J'te connais et si t'y vas à chaud tu vas dire des choses que tu vas regretter.
- Putain mais j'y crois pas… Il m'a dit qu'il était avec sa fille. Il m'a menti quoi ! Tout ça pour aller au restaurant avec elle…
- Tu la connais ?
- Oui… Enfin non… C'est une infirmière, on l'a vu à l'hôpital quand on est allés rechercher Jules.
- Mais ils se connaissent ?
- C'est une AMIE d'Antoine. Enfin c'est ce qu'il m'a dit quoi.
- Ah bah voilà ! Pas de quoi s'inquiéter, c'est qu'une amie.
- Amitié mon cul oui. T'as vu comment elle est fringuée ? Puis déjà l'amitié entre un homme et une femme, hein, excuse-moi mais… J'y crois pas !
- Bon ! Tu sais ce qu'on va faire ? On va se boire un Mojito pour digérer la pilule et tu verras ça demain.
- Ok… Mais...
- Pas de MAIS! On y va! »
Le lendemain matin Candice se réveilla avec un mal de crâne assez violent. Conséquence de sa soirée de la veille, pensa-t-elle. Elle éteignit son réveil et déverrouilla son téléphone. La conversation avec Antoine apparut et afficha le dernier message de sa part : un « Bonne nuit » accompagné d'un cœur, reçu à 00h. La commandante n'avait même pas pris la peine de lui répondre, beaucoup trop énervée par son comportement. Elle était si perdue… Il repoussait très clairement ses avances, il était distant et maintenant il lui mentait. Candice était plongée dans l'incompréhension. Antoine Dumas serait-il capable de la tromper ?
Elle arriva une heure plus tard dans la BSU, tendue à l'idée de le confronter. Elle se dirigea vers l'openspace et salua ses collègues qui discutaient à propos de l'enquête lorsqu'Antoine pénétra dans la pièce. Il adressa un sourire à Candice qui ne lui répondit pas et tourna la tête vers le fond du mur. Surpris, il les prévint que la cogérante arriverait prochainement et repartit dans son bureau. Il s'assit sur son fauteuil et se saisit de son téléphone pour lui envoyer un message : « On peut se parler ? ». Candice consulta le message et prit une grande inspiration avant de sortir de la pièce. Devant la porte du bureau d'Antoine, la commandante ravala sa salive et s'encouragea intérieurement. Elle allait entrer en scène et devait être crédible dans son rôle de femme naïve. Candice prit sur elle, toqua et entra dans la foulée tout en se forçant à sourire.
« Ah j'ai cru que tu viendrais pas ! lâcha-t-il en se levant.
- Bah si, pourquoi je viendrais pas ?, mentit-elle froidement.
- Je sais pas… Comme tu m'as pas répondu hier soir, je pensais que… Enfin que tu faisais toujours la gueule quoi, tenta-t-il en s'approchant d'elle.
- Ah non pas du tout. Je dormais c'est pour ça, lui répondit-elle dans un faux sourire.
- Ok, conclut-il en la prenant dans ses bras »
Candice n'avait tellement pas envie de son contact. Elle le laissa faire pour qu'il ne se doute de rien mais sa non-réceptivité la trahissait. Antoine prit doucement ses distances et la fixa dubitatif :
« Qu'est-ce qu'il y a ? T'es bizarre.
- Rien ! Ça a été avec Suzanne hier soir ?, l'interrogea-t-elle suspicieuse.
- Euh… Oui ! répondit-il déstabilisé, On a passé une soirée tranquille devant les dessins animés. Enfin rien de bien fou quoi.
- Ok… Super…, lâcha-t-elle laconiquement, outrée qu'il lui mente ouvertement au nez.
- Et avant que tu ne proposes, pour ce soir, je pourrais pas non plus… Le préfet veut me voir.
- Ok… Super…, répondit-elle robotiquement sans prendre conscience de l'incohérence de ses propos. »
Soudain Mehdi ouvrit la porte, pour une fois qu'il arrivait au bon moment pensa Candice. La cogérante était arrivée et Candice se dirigea vers la salle d'interrogatoire avec Marquez.
« Bien. Merci d'être venu Madame Caldasse. Nous avons quelques questions à vous poser, débuta la commandante
- Euh… Oui. Je vous écoute.
- On a épluché les comptes de l'entreprise et en effet… Vous nous aviez pas menti sur le fait que la crise ait beaucoup impacté la boutique. À partir de 2008 vous êtes dans le rouge, vous licenciez votre vendeuse Vanessa mais ça ne suffit pas… Donc vous changez votre fusil d'épaule et entrez en contact avec de nouveaux fournisseurs. C'est juste ?
- Euh oui. Enfin… Vous savez, c'était Arnaud qui gérait tout ça… Moi j'avais qu'un rôle secondaire.
- Justement, quel était votre rôle précisément ? Non parce qu'à vous écouter on dirait qu'Arnaud faisait tout et vous… bah pas grand-chose quoi. Hein Marquez.
Son collègue acquiesça avant de renchérir.
- C'est vrai ça… Comment vous allez faire pour gérer maintenant que votre adjoint est mort ? Ça risque d'être compliqué…
- Ça va hein. Je saurai gérer. Arnaud me prenait peut-être comme sa secrétaire mais il se rendait même pas compte que j'étais pas si nulle que ça. Il passait son temps à me dénigrer, à faire ses magouilles dans mon dos, en faisant comme si de rien… Ça me rendait dingue.
- Donc vous reconnaissez être au courant de son trafic ?
- Ouais…
- Depuis combien de temps vous le saviez ?
- La semaine dernière… J'en avais tellement mal d'être mise à l'écart que j'ai pas pu m'empêcher d'aller fouiller dans les comptes. À chaque fois que je m'en approchais, il était fuyant. Je savais que quelque chose clochait.
- Et donc ?
- Donc j'ai compris pour les fournisseurs étrangers… J'étais outrée.
- Et vous l'avez confronté ?
- Oui… J'avais tellement plus rien à perdre que je l'ai menacé de tout dévoiler. On s'est disputés et il m'a renvoyé.
- C'était quand ça ?
- La… La veille de sa mort. Mais je l'ai pas tué ! Je vous jure !
- Vous étiez où à 5h du matin le jour de sa mort ?
- Chez moi, seule.
- Donc personne ne peut témoigner de votre présence ?
- Non…
- Bien. Donc il est 11h02 et vous êtes désormais en garde-à-vue. »
Candice et Marquez sortirent de la salle d'interrogatoire. Ils indiquèrent au brigadier d'emmener la suspecte et rejoignirent Val et Mehdi dans l'openspace. La blonde s'empressa de poser son dossier à son bureau et revêtit son manteau :
« Val ! Tu viens avec moi, on va à la boutique. On va parler lingerie entre femmes ! » lâcha-t-elle en faisant un clin d'œil avant d'être suivie par sa collègue.
Les deux flics montèrent dans la voiture de Candice et prirent la route en direction de la boutique tout en se livrant quelques confidences :
« Ça fait longtemps que j'ai pas pris de tes nouvelles… Ça va avec Marion ?
- Bah justement ça tombe bien que t'en parles parce que… enfin… On va essayer de faire un bébé.
- C'est pas vrai !?, s'exclama la commandante surprise.
- Si… Marion part demain à Barcelone pour une insémination. Je voulais demander à Antoine un congé mais comme c'était tendu depuis hier, j'ai pas osé…
- Ah non ! Mais ça n'a rien à voir Val ! Bien sûr qu'il va te l'accorder ce congé. Je suis super heureuse pour vous. C'est génial !
- Merci !, répondit la jeune femme gênée par les compliments de sa supérieure. »
