Chapitre 3 : La méditation
"Il n'en est pas question ! On ne vous cédera pas un kopeck de terre !"
Arthur commençait à s'énerver intérieurement devant un chef saxon des plus avides. Il se leva après ces négociations sans fin et sortit s'aérer au bord du lac. L'air frais lui faisait du bien, même s'il avait encore des difficultés à se faire au climat breton.
Soudain, il repensa aux ricochets faits avec Guenièvre la veille au soir. Il se saisit d'une pierre et en fit. Il reprit une pierre, puis une autre et de fil en aiguille, il ne vit pas le temps passé.
Ce fût Perceval qui vint l'appeler pour le banquet du soir. Bien sûr, toutes les folies étaient de sortie : Pierres précieuses, or, viandes, femmes, vins… il y en avait pour tous les goûts.
Son hôte Saxon le salua et il alla gagner la place qui lui était destinée mais son regard fût attiré tout de suite sur la place vacante à ses côtés.
Comme s'il lisait dans ses pensées, Horsa continua sur sa lancée :
« La Reine ne veut pas assister à la fête ?
- Où est-elle d'ailleurs celle-là ?! s'étonna Leodagan qui se trouvait non loin de son gendre.
- La p'tite n'est pas dans son assiette. Elle en a le droit non !? s'exclama Dame Séli, le regard fuyant.
Arthur sut que quelque chose n'allait pas et fit semblant de ne pas s'en faire.
- Oh vous savez, ma femme n'a jamais été trop fêtes. »
Le Roi de Logres n'avait choqué personne, son entourage habitué à le voir nonchalant concernant son épouse.
Le dîner se poursuivait et la fête se transformait en un gros bordel.
« Ya pas à dire, les Saxons, ils savent recevoir ! s'exclama Karadoc en dévorant à pleines mais une cuisse de dinde.
- Et vous avez vu, les nénettes ?! Elles n'ont pas froid aux yeux !
Arthur regardait ce spectacle avec une certaine lassitude et une désolation.
Deux ou trois jeunes femmes avaient tenté de l'encanailler, mais il était resté droit dans ses bottes, ses pensées égarées ailleurs que dans cette farce.
Le faste, la cour, rien de tout ça ne lui avait manqué.
Il prit congé de ses hôtes en gardant une assiette garnie dans ses mains.
Le Roi de Logres monta les escaliers de la tour abritant leur couche à Guenièvre et à lui.
Guenièvre…voilà qui était nouveau. Il n'avait cessé d'être tracassée par sa femme tout le long du banquet. Il avait menti en disant qu'elle n'aimait pas les banquets. Autrefois, elle les adorait.
Il se retrouva devant la chambre et marqua un arrêt, puis frappa à la porte, soudain gêné de sa visite.
Sans réponses, Arthur décida d'ouvrir. Sa femme devait être en balade comme les autres soirs.
Seulement, Guenièvre se trouvait bien ici. Au centre de la pièce, assise en tailleur par terre. Elle avait les yeux fermés, le buste droit, les mains posées sur ses genoux. Elle avait les cheveux tombant que sur une de ses épaules, dont une qui s'échappait de sa chemise de nuit lâche.
Seules quelques bougies disposées çà et là éclairaient la pièce.
Arthur resta une poignée de secondes sans dire un mot, puis alla déposer l'assiette garnie de victuailles sur la petite coiffeuse et s'éclaircit la voix :
- Je vous aie apporté de quoi grailler au cas où.
La Reine ne semblait pas l'entendre, le visage serein, imperturbable.
Au bout de deux marmonnements, elle ouvrit les yeux et s'adressa à son mari :
- Merci Arthur.
- Pas de quoi. Dites…vous allez bien ?
- Bien pourquoi ? demanda-t-elle en haussant légèrement les épaules.
- Ce n'est pas votre habitude de rater les festivités !
La belle brune se leva en s'étirant, révélant sa peau nue par endroit…faisant palpiter le cœur d'Arthur dangereusement.
Ça aussi c'était nouveau, pensa le Roi.
- Disons que les paillettes et tout le tintouin, ce n'est plus trop mon truc.
Arthur commença à déposer son veston sur une chaise tout en lançant un regard à sa femme qui semblait contrariée.
- Avant vous aimiez bien…
Guenièvre se figea un instant avant d'aller vers la seule fenêtre de la chambre. Elle lança dans un souffle :
- Lancelot aimait les fastes avant de m'enfermer…Vous aimiez les fastes à Kaamelot avant…
Ces mots, Guenièvre les avaient prononcés avec la voix chevrotante. Arthur s'avança vers elle malgré les avertissements qu'elle lui donnait de sa main.
Il se plaça contre son dos et entoura sa taille de ses bras, comme un cocon rassurant. Le Roi chatouilla la nuque de sa femme de son souffle.
- Je ne sais pas ce que ce pignouf vous a fait vivre mais j'espère qu'un jour, vous arriverez à m'en parler.
Le Roi prit le menton de la belle brune et força délicatement à ce que leurs yeux se rencontrent. La Reine avait les joues striées de larmes et le regard de quelqu'un de blessé.
- Je vous fais la promesse de ne pas vous forcer à assister aux banquets à venir. Vous êtes libre Guenièvre, vous n'avez d'ordres à recevoir de personne, moi y comprit.
- Mais vous êtes le Roi.
- Et vous êtes ma femme avant tout. Enfin ma future femme si on est bien parti tous les deux pour renouveler nos vœux. Sincères cette fois ci.
Guenièvre sourit en acquiesçant ce qui le fit sourire à son tour.
N'étant pas encore à l'aise avec ces nouveaux sentiments, Arthur changea de sujet :
- Et si vous me disiez ce que vous faisiez assise par terre tout à l'heure ?!
La Reine s'assit de son côté du lit, desserrant l'étreinte si douce et chaude son époux.
- Je pratique depuis huit années la méditation ? ça m'aide à trouver le calme. Ça m'aidait surtout lorsque Lance…il me visitait.
La colère s'empara d'Arthur mais il essaya de la contenir en se déshabillant et en rejoignant la couche à son tour.
- Et ça consiste en quoi votre truc ?
Sous les couvertures, la Reine prit la main de son époux et la guida sur son propre ventre. Leur regard se rencontra à nouveau.
- A respirer. Respirer par le ventre.
Le Roi avait l'air perplexe. Enfin il essayait de ne pas s'emparer du corps de cette si jolie femme. Guenièvre, elle, posa sa tête sur l'oreiller et lui dit :
- Si vous voulez, on pourra méditer ensemble demain soir. Cela vous fera du bien j'en suis persuadée.
- A une seule condition.
La Reine leva un sourcil. Arthur s'approcha d'elle, sa tête également contre son oreiller. Une fois bien installé, il dit en fixant sa femme :
- Venez assister au banquet demain soir avec moi.
- Non mais vous n'avez rien écouté de ce que je viens de vous dire ?! Je n'irais pas et c'est tout !
Le Roi se permit de caresser tendrement la joue de son épouse afin de calmer son tourment :
- Guenièvre, ce n'est pas un ordre. Considérez ça comme une invitation. Cette soirée vous sera entièrement dédiée.
Guenièvre vit la sincérité se dégager dans les paroles de son époux mais le passé lui menait la vie dure.
Elle répondit simplement :
- Je ne vous promets rien mon ami. »
Arthur sourit et embrassa la joue de sa femme. Avant que l'un et l'autre ne sombrent dans un sommeil réparateur, le Roi de Logres pensait déjà au futur banquet et aux différents moyens de courtiser son épouse.
Chers lecteurs j'espère que vous avez apprécié ce chapitre et que vous avez hâte d'être conviés au banquet! ;D
