Chapitre 5 : Le banquet partie 2

Guenièvre ne bougeait pas d'un poil, aveuglée par une rage sourde qu'Arthur reconnut car il avait été trop souvent à cette place.

Le Roi se dirigea vite vers les protagonistes et leur ordonna de ranger leur lame…

Un silence assourdissant régnait dans la salle, jusqu'à ce que Horsa s'avance et parle à Arthur d'une voix calme :

« Ils ne bougeront pas tant que je ne leur en donne pas l'ordre.

- Faites-leur baisser leurs lames ! répliqua le Roi de Logres en dégainant Excalibur, ses compagnons levant également leurs lames.

Horsa s'avança vers Guenièvre et le saxon à terre. Il fit signe à ce dernier de se lever, sans accorder un regard à la Reine :

- Que s'est-il passé pour que tu te retrouves à terre ?

- Je voulais m'amuser avec la petite, répondit le saxon aviné d'un sourire mauvais en fixant la jeune servante apeurée derrière Guenièvre, mais la Reine s'est interposée et m'a giflé !

- Il l'a frappé ! dit la belle brune en serrant les dents, le regard toujours aussi noir. Vous appelez ça « s'amuser » ! Non mais quel goujat !

Horsa leva un sourcil et regarda Arthur :

- Je ne pensais pas que les Bretonnes avaient un tel tempérament !

- Ma femme est Picte et elle vient de protéger cette jeune fille de ce qui me semble être une agression. Que vos hommes baissent leur épées…

- Sinon ? demanda un Horsa très amusé par la situation.

Le Roi de Logres regarda sa femme qui avait encore ses yeux rivés sur le saxon et se dit qu'il fallait vraiment la tirer vite de cette salle avant que les choses ne tournent mal, autant pour elle que pour lui et ses compères.

Arthur fit signe à ses hommes de ranger leurs armes ce qu'il fit également. Horsa fit également signe aux siens car trop de choses étaient en jeu. Cette scène n'en valait pas la peine.

Le Roi s'avança vers Guenièvre et lui caressa le bras tout en lui susurrant :

- Venez Guenièvre, la soirée est terminée.

Seulement, la Reine semblait ne pas l'écouter et rester statique. Arthur renforça sa prise sur sa femme qui le poussa en le projetant contre le mur situé derrière en lui disant :

- Ne me touchez plus de cette manière !

Arthur crût se recevoir une claque : en effet, il avait tenu sa femme par le bras comme un lot. Cette vision le dégoûta de lui-même.

Tout le monde s'attendait sûrement à ce qu'il corrige sa femme, mais il fit quelque chose que personne n'avait fait jusque-là : le roi s'avança et s'agenouilla devant sa Reine.

- Pardonnez-moi Guenièvre, dit-il devant une assemblée muette et une reine stupéfaite.

La belle brune desserra sa mâchoire et ses poings. Elle n'avait jamais vu Arthur se comporter d'une manière aussi chevaleresque, surtout en présence de toute une cour.

Elle prit l'importance de la situation et posa sa main sur la joue de son mari. Elle semblait catastrophée de la violence de son propre geste.

- Relevez-vous je vous prie. Je… je suis désolée, s'exclama-t-elle à l'attention du chef saxon et de son épouse.

Cette dernière lui fit un sourire :

- Ne vous en faites pas madame, les hommes de mon mari n'ont qu'à mieux se tenir.

Arthur continuait de regarder Guenièvre, tout en bouillant de rage contre Horsa. Il n'aimait pas voir sa femme souffrir. Les saxons commençaient à lui taper sur le système.

La belle brune le stoppa dans sa réflexion.

- Je suis vraiment nulle. Je vais y aller. Je suis navrée. »

Il ne put que la regarder disparaitre de la salle de réception car son beau-père faisait des siennes avec les saxons. Il ne fallait pas qu'une guerre éclate maintenant. Kaamelot avait trop besoin d'eux.

Arthur respira un coup et serra les dents.

Plus vite il aura réglé ce problème, plus vite il sera auprès de Guenièvre.


Il fallut au moins une bonne heure à Arthur pour calmer les saxons et ses compères. Cela se finit à grand coup de vins et de bouffe.

Le Roi de Logres s'empressa, une fois libéré de ses fonctions, d'aller voir dans quel état se trouvait Guenièvre.

Il avait tellement peur qu'elle ne soit pas dans leur chambre qu'il courra comme un dératé ! Il ne pensait plus faire ça à son âge.

C'est en prenant une grande respiration qu'Arthur arriva dans la chambre. Guenièvre se tenait devant la fenêtre, dos à lui, silencieuse.

Elle se tourna suite à l'entrée de son mari, les joues striées de maquillage.

Arthur se renfrogna de nouveau. Rien allait ce soir alors que ça lui tenait à cœur. Il se rapprocha de sa femme, sans la toucher de quelque manière, toutefois, par peur de ramasser une mandale.

« Comment allez-vous Guenièvre ?

Cette dernière haussa les épaules tout en détournant son regard.

- J'ai connu mieux.

- Je suis désolé pour le merdier de ce soir.

Sa femme le stoppa en posant sa main sur sa poitrine :

- C'est moi qui suis désolée Arthur. Ce que je vous ai fait devant la cour, devant les saxons, je mérite de…

Arthur embrassa la Reine afin de taire sa culpabilité. Un baiser chaste mais long, dont il ne se lassera jamais, pensa-t-il sur le moment.

Il se retira avec douceur tout en essuyant les stries des joues de Guenièvre qui lui sourit, l'air embarrassée et un peu plus sereine.

- Vous n'avez pas à vous excuser d'avoir voulu sauver une jeune femme des griffes d'un pervers. Vous ne devez rien à la cour, aux saxons, même à moi.

Guenièvre hocha la tête. Arthur poursuivit en soupirant :

- De toute façon avec ou sans scandale à cette réception, il va s'en passer une avec ce peuple. Je ne sais pas quoi encore mais la manière dont Horsa a géré la situation tout à l'heure, il ne voulait pas faire baisser les lames de ses connards de saxons, ça ne me plaît pas.

- Vous pensez qu'il va vous tendre un piège ? demanda la Reine, inquiète.

Arthur s'écarta de sa femme et laissa tomber ses bras bruyamment contre son corps, abattu :

- Il y a toujours un piège avec ce peuple. C'est pour cela qu'on a toujours été en guerre contre eux. J'en ai ma claque d'être ici. Je vous ai fait passer une soirée nulle à chier pardessus le marché !

Guenièvre le regarda droit dans les yeux et se rapprocha, un tantinet mutine :

- D'une part, la soirée n'était pas nulle à chier, malgré cet incident regrettable. C'était magnifique…Merci Arthur.

Sur ce, elle déposa un baiser sur la joue d'un Roi qui sentit son cœur s'apaiser un peu.

- Et puis, la soirée n'est pas terminée. Je vous rappelle qu'on a une séance de méditation à faire. »

Cette dernière phrase fit sourire le Roi de Logres.


« Non mais ça ne marche pas votre machin !

Guenièvre essaya de se recentrer sur sa respiration pour la neuvième fois de la soirée.

- Essayez de vous calmer et de faire partir votre inspiration du ventre…

- Plus facile à dire qu'à faire^^^

Arthur n'avait fait que bougonner, au plus grand dam de la Reine qui prit une décision :

- Asseyez-vous en tailleur face à moi mon ami. Ça sera peut-être plus simple.

Le Roi fit ce que lui demandait sa femme. Cela lui faisait une sensation bizarre. Ils étaient assez près l'un de l'autre et Guenièvre prit la main d'Arthur et la posa sur son cœur, tout en fermant les yeux et en recommençant à respirer façon méditation.

Une minute passa, peut-être plusieurs en fait, Arthur avait stoppé son ronchonnement et calait sa respiration sur les battements du cœur de la Reine. Il avait même fermé les yeux, comme s'il se laissait aller, ce qui avait été rare toute sa vie.

Etre Roi ou même soldat romain n'est pas idéal pour arriver à conserver un brin de sérénité !

- Voilà mon ami, il me semble que ça commence à fonctionner sur vous.

Arthur ouvrit les yeux et vit Guenièvre le regarder avec un petit sourire.

- Ça a pris combien de séances avant que cela vous apaise vraiment ?

- Honnêtement beaucoup de séances. C'est du travail. Mais une fois qu'on arrive à trouver un peu de calme au milieu d'un chaos sans nom, ça fait du bien.

Les deux époux se sourirent. Arthur aimait cette intimité qui s'installait avec sa femme.

D'ailleurs, ses joues virèrent aux rouges lorsque Guenièvre posa son regard sur sa main toujours contre son cœur. Il la retira de ce pas.

- Excusez-moi Guenièvre.

- Ce n'est rien.

Ils se levèrent en même temps et se retrouvèrent vraiment proches physiquement. Leurs yeux se happèrent. La Reine posa sa main sur le cœur du Sanglier de Cornouaille.

- Vous n'imaginez même pas à quel point vous venez de sublimer de nouveau cette soirée. »

Arthur fut touché en plein cœur. Et cela fut encore plus magnifique lorsque Guenièvre scella ses lèvres contre les siennes.