Chapitre 7 : quatre jours et trois nuits
Chers lecteurs, me revoici avec un nouveau chapitre que j'ai adoré écrire.
J'espère que vous aurez plaisir à le lire.
Bonne lecture :D
Le voyage de retour en Carmélide se passa plutôt sans encombres.
Roi et Reine avait fait voyage à part. Arthur y tenait pour le bien être de sa femme. Le soir de leur arrivée, le Roi alla toquer à la porte de ses beaux-parents, demandant Dame Séli.
« Vous me voulez quoi non d'un chien ?!
- Séli. Je veux que Lancelot meurt, répondit-il avec calme, le regard plein de fureur.
Séli soupira.
- Elle vous l'a dit.
- Oui
- Il était temps. La petite est complètement sans dessus dessous depuis votre dernière nuit ensemble. Vous l'avez touché ?
- Non mais ça ne va pas ! Vous osez me comparer à lui !?
La voix d'Arthur tonnait si fort que Séli le chopa vite par le bras et lui fit descendre un étage.
- Vous allez descendre d'un ton oui !? Son père ne sait pas.
Arthur soupira en se pinçant le nez.
- Il l'aurait su, Lancelot serait déjà torturé dans les geôles renchérit la Reine de Carmélide.
- Ben justement, il devrait être au courant !
- Non de non ! Je vous signale qu'il y a des choses plus importantes à faire en ce moment comme reconstruire votre château.
Le Roi de Logres ouvrit de grands yeux incendiaires. Il répondit avec une voix sèche et froide à sa belle-mère.
- Ah parce que ça, c'est plus important que de tuer le salaud qui s'en ai pris à votre fille ?! Eh bien, elle est belle la famille^^
- Oh arrêtez vos conneries tout de suite mon p'tit père ! Entre votre fuite et votre tentative de crever, vous vous en fichiez bien de notre fille ! Vous ne vous êtes jamais priver de la faire cocue à tout va, avec tout ce qui vous passer sous la main sans la toucher ! On n'aurait jamais dû sceller cette union…
- Vous parlez ! Le pognon était tout ce qui comptait pour vous. Et oui, j'ai été un mari plus que merdique, mais si je suis revenu dans ce bordel, c'est pour Guenièvre ! Et savoir qu'elle a vécu ça, c'est une vraie torture.
- Ça vous fait les pieds ! répliqua Séli, un peu étonnée des dernières révélations de son gendre.
Le silence tomba entre eux quelques secondes, avant qu'Arthur relance la discussion plus posément.
- Je veux être présent pour Guenièvre. Depuis quelques semaines, on s'est rapproché et je sais que je vais passer pour un con mais je l'ai redemandé en mariage. Un vrai mariage, pas celui pourri qu'on a eu à la va vite. Pas un sans amour.
Séli plissa les yeux, l'air méfiante et laissa son gendre (futur gendre ?) poursuivre :
- Seulement avec ce que je viens d'apprendre, je ne veux rien bousculer et surtout je ne veux plus la perdre. Je veux qu'elle me fasse confiance et surtout qu'elle puisse se remettre de ces horreurs. Que puis-je faire pour apaiser sa douleur ?
La Reine regarda Arthur avec étonnement. Enfin ce gringalet semblait prendre cas de sa fille ! Le souci, c'est qu'elle aussi était tout aussi démunie fasse à cela.
Le Roi prit le silence de cette dernière comme un affront et commença à se diriger, l'air sombre, vers les escaliers.
- Laissez-lui du temps. La petite viendra à vous. »
Arthur se retourna et hocha la tête avant de regagner sa couche.
Elle était froide, dépouillée. Depuis leur retour, il avait demandé une chambre seule afin de ne pas déranger sa femme. Sauf que ce lit vide le déprimait davantage.
Heureusement que la reconstruction du château et les réunions avec ses compères l'occupaient, sinon, sa vie lui paraissait sans intérêts.
Les seules fois où il avait croisé Guenièvre depuis la déclaration, une douleur sans nom émanait d'elle. Et, ça, le Roi le vivait très mal.
Ce silence, ces regards évités par gêne et par honte, autant de sa part que celle de sa femme, ce silence était pire que tout pour lui.
Mais que dire de ce supplice enduré. Que dire après toutes ces années ?
Arthur avait peur d'être maladroit dans ses propos.
Quatre jours passèrent ainsi.
Quatre jours et trois nuits.
Quatre jours d'un ennui, d'une tristesse sans nom et trois nuits froides vides comme le gel qui prenait peu à peu possession du cœur du Roi de Logres.
Pourtant, au début de cette troisième nuit, Arthur entendit quelqu'un taper à la porte de sa chambre.
Guenièvre se tenait là, vêtue d'une longue cape grise.
« Guenièvre, que faites-vous là ?
- Puis-je ? demanda sa femme en lui montrant des yeux la chambre.
Le Roi s'écarta de la porte pour la laisser passer. Elle s'approcha de l'âtre brûlant de la cheminée afin de réchauffer ses mains.
- Je viens de faire un petit tour dehors.
- Je vois ça, répliqua immédiatement Arthur en allant chercher une couverture pour en draper la promeneuse frigorifiée.
Elle ne dit rien mais fut touchée par cette attention.
Arthur alla chercher deux chaises et les installa près du feu.
Guenièvre s'y assise tout en regardant le sol. La peur émanait toujours d'elle. Le Roi s'assit à son tour et contempla le feu, attendant que sa femme fasse le premier pas, mais sans y voir venir c'est lui qui initia la conversation.
- Je vous aime.
La Reine fixa tout à coup Arthur qui contemplait toujours le feu. Peut-être par gêne de cet aveu.
- Que vous vous croyiez impure ou indigne de moi ne changera rien aux sentiments qui ne cessent de grandir dans mon cœur. Pour être honnête, ces sentiments étaient déjà présents avant ma fuite mais ils n'étaient assez puissants pour éviter ma tentative de suicide.
Seul le bruit du bois qui craque cassait un peu le monologue de l'amoureux.
- Par contre ils ont été assez puissants pour me faire retourner à Kaamelot dès que j'ai su pour votre séquestration.
Une larme commença à couler tout doucement contre la joue de la douce Guenièvre. Arthur posa ses coudes sur ses genoux et prit sa propre tête entre les mains en soupirant.
- J'espère qu'un jour vous me direz ce que cet odieux reptile vous a fait. Je ne vous demande pas de le faire maintenant. Je ne vous demande rien. Je n'ai aucun droit sur vous. Et même si vous décidez de rester en Carmélide, de vivre seule, ça me fera un putain de mal de chien mais si c'est le prix pour vous voir ne serait-ce qu'un peu apaisée, alors il en sera ainsi.
Sa voix se fit étranglée et Guenièvre vit son mari pleurer. Pour de vrai.
Le Roi essayait de poursuivre plus aucun mot ne purent franchir la barrière de ses lèvres ourlées. Une main caressa sa joue : sa femme s'était rapprochée. Leurs chaises et leurs genoux se touchaient.
- Je vous en prie, ne pleurez plus Arthur.
Ce dernier leva ses yeux baignés de larmes vers celle qui avait toujours été à ses côtés malgré tout ce qu'il lui avait fait vivre.
Il essaya de se reprendre mais impossible : les vannes lâchaient et les bras de sa femme l'accueillirent instinctivement.
Ils restèrent lovés ainsi un bon moment jusqu'à ce qu'Arthur sente sa femme grelotter de froid. Il se défit de cette douce et apaisante étreinte à contre cœur et se leva.
- Excusez-moi, je vous ai retenue trop longtemps vous allez attraper froid.
Guenièvre se leva en lui faisant un petit sourire, mais fit quelque chose qu'il n'aurait jamais crut possible ce soir : elle se dirigea vers le lit, et se retourna vers lui en disant :
- Allons au lit, je ne grelotterais pas dans vos bras. Et désolée pour la froideur de mes pieds d'avance.
Arthur restait toujours sans voix, si bien que la Reine ôta ses bottines, ses bas et sa cape, puis s'immisça sous les couvertures du lit.
Le Roi l'imita, ne croyant toujours pas à ce qui se produisait : sa femme se blottit au creux de ses bras et lui dit :
- Je vous aime aussi Arthur. Un jour je vous en fais la promesse, je vous raconterais ces dernières années, mais ce soir je veux juste dormir dans vos bras. Ses trois nuits ont été très dures pour moi également. »
En guise de réponse, Arthur déposa un baiser contre le front de sa femme, heureux de la savoir contre lui.
Cette nuit-là, ils dormirent d'un sommeil sans tourment.
