Chapitre 8 : Doute
Merci à tous pour vos reviews. J'espère que ce chapitre va vous plaire. Des pistes s'ouvrent pour les prochains chapitres.
Bonne lecture et bon dimanche :D
Le début de cette matinée était de la plus haute importance : enfin les travaux pour la reconstruction de Kaamelot commençaient.
Guenièvre descendait les marches menant à un couloir desservant la salle du conseil de son vieux père. Quelque chose la fit se stopper l'espace d'une seconde : la voix d'Arthur.
« Il n'y pas que le château qu'il faut reconstruire. Bien sûr c'est une sacrée avancée mais le peuple aussi doit se reconstruire.
- On ne peut pas tout faire je vous signale ! répliqua Leodagan.
- Oui enfin si vous voulez que le royaume prospère, il va déjà falloir aider le peuple aussi petit soit-il à se relever.
Guenièvre avait oublié que son mari s'était toujours préoccupé des plus faibles, chose qu'elle avait toujours admiré chez lui.
- Bientôt vous allez me dire qu'il va falloir réembaucher vos maitresses^^
La Reine se tendit un peu face à cette proposition.
Arthur toisa son beau-père avant de répondre d'une voix amusée :
- Je ne veux plus aucune maitresse. D'une part parce que je n'en n'ai pas du tout envie et la deuxième raison nous écoute à l'instant. Venez donc Guenièvre.
L'intéressée sursauta légèrement et sourit à son Roi qui l'invita à venir à ses côtés.
- Ah parce que la Reine vient aux réunions maintenant ? Je croyais que c'était un truc que pour les chevaliers, s'exclama Perceval avec étonnement tout en saluant sa Reine.
Arthur prit le temps d'aller chercher un autre siège et laissa son trône à sa bien-aimée qui le regarda, l'air interloqué, tout comme la jolie assemblée de chevaliers et de quidams.
La Reine se pencha vers lui :
- Arthur rasseyez-vous sur votre trône je vous prie. Je n'ai pas ma place ici.
Seulement le Roi de Logres ne le voyait pas du tout de cet œil. Il tint la main de sa femme et la regarda avec un regard résolu :
- Vous êtes la fille du Roi de Carmélide où nous logeons actuellement et vous êtes Reine du Royaume de Logres qui se reconstruit dès aujourd'hui. Je pense qu'en étant la maitresse de ces futurs lieux, vous avez votre mot à dire. Votre place est bien ici.
- Non mais qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour récupérer sa femme^^^grommela Leodagan qui se fit instantanément fusiller du regard.
- Beau-père, je suis reconnaissant de l'accueil que vous nous faite mais je ne tolèrerai plus que l'on manque ne serait qu'un poil de respect à Guenièvre. Ça vous concerne tous d'ailleurs ! ajouta le Roi à l'assemblée.
Leodagan eu le sifflet coupé ! Personne d'autre ne répliqua. Guenièvre baissa la tête mais Arthur lui la releva délicatement du bout des doigts, l'autre maintenant toujours la sienne.
- Eh, vous n'avez rien à craindre ici et surtout vous êtes libre d'accéder aux réunions, la rassura-t-il avec douceur. Il me semble important que vous soyez présente. Faites comme vous le sentez.
Arthur se pencha à l'oreille de la Reine et lui murmura :
- En tout cas, ça me fait du bien de vous avoir à mes côtés et de fermer la gueule à ces cons !
Guenièvre se détacha de lui tout en émettant un petit rire qui regonfla le moral du Roi qui était en berne depuis ce matin.
Les époux se sourirent et s'assirent.
- Bien maintenant on peut continuer la réunion… »
La réunion dans l'ensemble s'était bien passée mais Guenièvre ressentit de la peur et de la mélancolie. Elle n'avait cessé de guetter les réactions de son bien aimé et les seuls moments où elle le voyait tel qu'il était, Arthur avait toujours ce regard triste voir éteint.
La dépression le rongeait toujours. Il n'était pas heureux. Et la seule question que la reine se posait était : combien de temps aller durer ce petit jeu jusqu'à ce que le roi se lasse et quitte Kaamelott de nouveau ?
La réunion se finit trois heures plus tard.
Comme tous les soirs depuis l'aveu d'Arthur, lui et Guenièvre s'asseyaient en tailleur, l'un en face de l'autre, ne faisant que méditer.
Certains seraient déçus de savoir la manière dont le couple royal passait ses débuts de nuitée. Mais pour eux, cette occupation, avait tout ce qu'il y a de plus intime.
Regarder l'autre et se voir à travers l'autre. Trouver de la sérénité et de la quiétude auprès de l'être aimé, sans forcément tout le côté charnel de la chose, vu ce qu'avait subi la Reine. Le Roi appréciait ces moments à deux.
« Si on m'avait appris la méditation plus tôt, je me serais moquer des médecines alternatives à la con. Mais avec vous, elle me paraît évidente", s'exclama-t-il plein d'entrain.
Guenièvre sourit poliment à son mari et se leva prestement pour enfiler sa cape, ses bottes et partir se promener… sans lui, toujours préoccupée de ce qu'elle avait décelé plus tôt chez son mari. Ce n'était pas la première fois que cela se produisait.
Arthur essayait de ne pas accuser le coup mais c'était plus fort que lui. Lui qui essaie d'être à l'écoute de sa femme, d'être là tout simplement, de tout faire pour qu'elle se sente en sécurité… faisait-il encore tout de travers ?!
Il pensait chaque mot qu'il avait prononcé. Même son beau-père, Bohort et Perceval le trouvait plus serein, plus tourné vers l'avenir…
Non décidément, ce soir il fallait qu'il sache ce qui clochait !
Il prit sa cape, une lanterne et s'insinua dans le crépuscule agrémenté de la lune bien basse. Cela donnait à la campagne de Carmélide un air presque fantastique.
Seul le bruit de sa cape frôlant l'herbe se distinguait…
Le silence dura une bonne dizaine de minutes jusqu'à ce qu'un autre bruit de cape l'attire à l'orée du bois. Sur le coup, il pensa qu'il avait rejoint sa femme mais un autre bruit de cape l'attira.
Arthur porta sa main à sa dague qu'il avait toujours sur lui et s'avança de ce côté. Le Roi entendit une lame sortie de son fourreau…il allait s'élancer contre l'inconnu tapi dans la forêt…
« Vous n'aviez pas besoin de…
Arthur dégaina sa dague et cloua la personne parlant contre un arbre. Sa dague scintillant contre le cou de :
- Guenièvre ! Merde ! Je suis désolé, j'ai cru que…dit-il tout en se tournant vers l'autre bruit qu'il avait cru entendre plus tôt.
Guenièvre s'était extraite du tronc contre lequel Arthur l'avait cloué avec un regard mauvais, se frottant le cou.
- Mais vous êtes complétement dingue ! hurla-t-elle en colère, encore sous le choc de ce malheureux assaut.
- J'ai entendu le bruit d'une lame…
- Non mais n'importe quoi ! Ai-je l'air d'un assassin ?!
Arthur tenta de se rapprocher de sa femme, mais cette dernière se recula vivement.
Cela était de trop pour le Roi de Logres qui se mit à gueuler contre la Reine :
- Je suis venu vous chercher ! Vous m'avez fui après la méditation, comme souvent d'ailleurs. Pourtant je fais des efforts : je vous inclus à la table Ronde, nous méditons ensemble, j'arrive à vous consacrer mon attention, mais rien y fait ! Qu'est-ce que je vous ai fait bon sang ?!
La Reine tourna la tête sur le côté, évitant le regard ombrageux et peiné de son mari. Celui-ci la poussa à reculer contre l'arbre situé derrière elle.
- Dites-moi Guenièvre pourquoi vous fuyez à chaque fois que l'on se rapproche. Je sais que vous avez vécu des choses innommables mais cette distance entre nous est insupportable.
Arthur voyait que sa femme se sentait acculée mais il avait besoin de savoir.
La Reine se mit à pleurer tout en s'effondrant au pied de l'arbre :
- J'ai peur que vous me quittiez à nouveau ou que vous vous ôtiez la vie ! Que tout cela ne soit qu'un rêve et que je me réveille dans cette maudite tour, sans rien n'y personne ! Et que j'ai imaginé votre retour, votre amour, vos belles promesses d'un nouveau mariage…
Voir sa bien-aimée ainsi était un coup au cœur pour notre bon Roi. Encore plus en sachant les doutes qu'elle avait sur la sincérité de son amour.
- Vous n'auriez jamais dû revenir ! Nous sommes tous les deux brisés ! Les dieux nous ont puni. Nous sommes à nouveau réunis mais qu'est-ce qui ne me dit pas que vous allez encre foutre le camp ou juste vous foutre en l'air ?!
Arthur se mit à la hauteur de sa Reine, l'air torturé :
- Je vous l'ai dit, je vous aime et je ne compte pas repartir. Sinon je ne vous ferai pas miroiter un nouveau mariage.
Le Roi s'assit auprès de l'arbre.
- J'avoue que ce n'est pas encore la grande forme et j'essaie, je vous le jure, d'aller mieux. Nos séances de méditation me font du bien. Votre présence m'est encore plus précieuse, si seulement vous saviez à quel point ! Mais reconstruire Kaamelot et reprendre la quête du Graal c'est un sacré morceau et ça me fait rappeler beaucoup de mauvais souvenirs. Réexpliquer les mêmes choses qu'il y a vingt ans, c'est épuisant et décourageant et surtout j'ai peur.
- Peur ?
- Peur d'échouer comme un débile. Et puis il n'y pas que ça…
- Dites-le-moi s'il vous plait.
- J'ai peur de tout rater avec vous et j'ai une soif de vengeance terrible depuis que vous m'avez confessé une partie de ce que Lancelot vous a fait subir. Je veux le retrouver, le torturer et le tuer…et ça me fait peur.
Guenièvre n'en revenait pas. Elle s'approcha d'Arthur et l'embrassa tendrement. Ce baiser était intense. La Reine y a retranscrit tout l'amour qu'elle voulait passer à son être aimé.
Au bout d'un temps qui leur semblait infini, les époux se séparèrent. La Reine se lova contre son Roi encore quelques minutes, Arthur lui embrassant le bout des doigts.
- Ne vous abaissez pas à ce monstre. Vous valez beaucoup mieux que lui. Vous êtes un homme bon au fond de votre cœur. Ne croyais pas que je ne suis pas reconnaissante de tout ce que vous faites pour moi. Je vois vos efforts. Je vois votre cœur. Je vous vois mon aimé.
La paix envahit ce dernier et il en fut presque désarmé. La dernière fois qu'il l'avait vraiment ressentie était lorsqu'il attendait la mort, allongé sur la table en pierre lors de la destruction de son château.
Après tout, peut-être qu'essayer de se donner la mort n'était pas la seule solution.
Une idée évidente le saisit mais avant qu'il ne puisse en parler à Guenièvre…un bruit se fit entendre qui le fit se lever instantanément, sa main portée instinctivement à sa dague.
La Reine se leva également, l'air inquiet.
- Qu'y-a-t-il mon ami ?
Le bruit s'était dissipé mais Arthur se tourna vers sa femme et lui dit :
- J'ai crût entendre quelque chose. Ce n'était peut-être qu'un animal. Rentrons. »
Le couple royal avança sous le clair de lune.
Tapis dans le bois, Lancelot serrait ses poings de rage. Arthur était en meilleur forme qu'il ne l'avait espéré et Guenièvre était aveuglé par les belles promesses de ce connard.
Arthur voulait le tuer… qu'il le cherche, il n'allait pas être déçu.
« Bientôt ma douce Guenièvre nous serons de nouveau réunis, je vous en fais la promesse. »
