Chapitre 11 : Actes et conséquences
« Acceptez-vous de devenir ma femme de nouveau Guenièvre ?
Guenièvre regarda son Roi qui attendait sa réponse, lui décochant un sourire timide. La Reine sourit à son tour et serra les mains de son amour en hochant la tête avant de se lever brusquement du lit sur lequel ils étaient assis :
- J'ai hâte de devenir votre femme mais pas comme avant hein ?!
Arthur se leva à son tour :
- Je vous en fait la promesse. Ce mariage sera un mariage d'amour.
Les « futurs » époux s'embrassèrent et allèrent annoncer la bonne nouvelle à Leodagan et Séli, qui bizarrement restèrent silencieux.
- Vous n'êtes pas heureux papa et maman ? demanda une Guenièvre assez mal à l'aise.
- Ben ce n'est pas ça, c'est qu'il y a un os, annonça Séli du mieux qu'elle le put.
- Crachez le morceau, répliqua Arthur, assez nerveux du silence de Leodagan.
Le silence ne traina pas éternellement et la réponse fût assez surprenante.
- Ma chère fille et mon Roi, il s'agit que vous n'êtes pas mariés officiellement…
- Qu'est-ce que vous me biter là beau-père ?!
- Vous vous souvenez de l'échange d'épouse ? demanda une Dame Séli assez énervée.
Les amoureux se figèrent instantanément. Arthur baissa légèrement la tête de honte. Séli continua :
- Il se trouve que lorsque vous êtes partis à la recherche de votre descendance avant de vouloir caner, votre morue de Mevanoui a brûlé l'acte d'annulation de l'échange…ce qui fait que…
- Ce glandu de Karadoc reste officiellement le mari de ma fille, finit Leodagan.
Guenièvre se cramponna encore plus au bras d'un Arthur plus qu'énervé.
- Pourtant il n'a pas eu l'air d'être inquiet toutes ces années^^lança le Roi de Logres.
- C'est parce qu'on a tout fait pour pas qu'il ne sache que l'acte a été annulé ! s'écria Séli.
- Ça veut dire que Mevanoui reste votre femme ?
La reine s'était détachée du bras d'Arthur, ses yeux voilés par des souvenirs très désagréables.
Elle se voyait dans les cuisines de Kaamelott, après avoir surprise Mevanoui et Arthur. Elle réentendait les mots lamentables que son mari avait eu à son égard…
Elle sentit une main serrer la sienne…mais le tournis la prit :
- Guenièvre ! Non non, restez avec moi !
Mais la Reine tomba, étant rattrapée par un Arthur très inquiet. Essayant sans succès de tirer sa femme de l'inconscience.
Le Roi porta sa femme dans ses bras, lançant des éclairs à ses beaux-parents :
- Faites-moi venir Karadoc au plus vite ! Guenièvre n'a plus à subir les conséquences de mes erreurs passées.
Arthur emmena sa femme dans leur chambre et en attendant qu'elle reprenne ses esprits, il songea à ses mariages passés : le premier avait été fugace mais intense et ses sentiments pour Aconia avaient perdurés jusque tard. Son mariage avec Guenièvre n'avait pas été heureux et surtout, il avait tout fait pour détester celle qu'il aime enfin. Quant à parler de son mariage avec Mevanoui, Arthur reconnait là sa plus grande bêtise : avoir succomber à la chair alors que cette vipère désirait juste un accès au trône, trône où elle se cramponnait encore.
Pour résumé : Aconia avait préféré son mari à la carrière prestigieuse que lui, Mevanoui préférait le pouvoir et cela ne la déranger pas de le laisser crevé dans une geôle. Seule Guenièvre n'avait jamais cessé de l'aimer, de le soutenir malgré les insultes, la recherche de sa descendance, sa tentative de suicide et sa fuite.
Guenièvre ne lui avait jamais rien demander d'extraordinaire à part son amour. Et la voilà insultée une fois de plus.
Seulement pour le Roi de Logres, cela suffisait.
Un frémissement de la main de sa douce fit lever les yeux d'Arthur. La Reine restait pâle et en un instant elle se remémora de la cause de son tourment. Elle retira sa main de celle de l'homme se tenant auprès d'elle.
Ce dernier se frotta le visage de ses mains, ravalant la déception de voir la belle brune si attristée.
- Je vais faire annuler ce bordel Guenièvre je vous le promets.
- Savoir que vous êtes toujours mariée à elle…ça me donne envie de vomir.
Cette phrase atteignit Arthur en plein cœur. La Reine s'avança vers la fenêtre pour prendre un peu l'air.
Le silence prenait toute la place. Le Roi s'avança vers Guenièvre qui se déroba vers sa penderie, prenant une cape noire. Arthur sentit son cœur se déliter.
- Attendons mon entrevue avec Karadoc, il y a forcément quelque chose à…
- Je suis désolée Arthur, j'ai besoin d'être un moment, seule. »
Le Roi ne put rien faire à part laisser sa bien-aimée partir réfléchir. Un torrent d'angoisse et de douleur l'envahit soudain : allait-il perdre Guenièvre à cause de LA FAUTE ?
Il resta statique de bonnes minutes jusque les gardes l'informent de la venue de Karadoc. Arthur se hâta de ce pas. Il faudrait la jouer fine avec son ancien compagnon.
Guenièvre s'aventura dans les jardins du château de son père, le cœur lourd. Le diner serait bientôt servi mais la Reine n'avait pas le cœur à assister à un repas où ça gueule, ça se chambre, ça parle tactique…
Tout est en train de redevenir comme avant… pensa-t-elle. Elle essayait d'être forte pour eux deux mais cette annonce l'avait engloutie.
Ses pensées étaient accompagnées de tristes moments la concernant. Elle revoyait Arthur lui dire qu'il ne la désirait pas. Elle se revoyait encore surprendre Mevanoui et lui dans les cuisines. Elle revoyait les engueulades à table entre Arthur et son père…
Elle revoyait son mari, ronchon, pas bien, supportant le lourd fardeau du règne et de la quête du Graal en plus d'elle… puis elle le revit les veines d'Arthur entaillées dans un bain préparé par ses soins…cette image la hantait tellement qu'elle ne vit pas la branche et sa tête heurta le sol.
« Donc je suis toujours marié à Guenièvre ?! demanda incrédule Karadoc.
- Oui enfin pas pour longtemps, lança Leodagan l'air menaçant.
- Mais on l'avait pas annulé ce truc d'échange ?! demanda de nouveau l'ancien chevalier un peu perdu, il faut le souligner.
Arthur rongeait son frein mais c'était dur pour lui d'admettre que Karadoc avait le sort de Guenièvre entre ses mains. Deux heures s'étaient écoulées et son ancien chevalier ne captait toujours pas.
- On l'a annulé mais Mevanoui a brûlé l'acte d'annulation. Il faut en faire un de nouveau avec votre accord. Je vous le dis depuis plus d'une heure !
Les yeux de Karadoc s'illuminèrent, bien conscient d'un coup, de ce qui se jouait ici. Il tendit son doigt vers Arthur :
- Je veux bien annuler l'acte d'échange si vous m'offrez des mecs pour rétablir mon QG.
Leodagan allait s'insurger mais Arthur, furieux, escalada la table de bout en bout, sortit Excalibur de son fourreau et poussa la chaise de Karadoc en arrière.
Arthur se trouva ainsi debout, Karadoc allongé sur le dos, Excalibur étincelant dangereusement sur son cou d'une couleur blanche. Le Roi ne prit cas de ce fait qu'une seconde avant de s'accroupir. Il s'approcha du visage de son ancien chevalier.
- Je ne vais vous dire cela qu'une fois, pas une de plus : Guenièvre n'est pas une marchandise que l'on échange. Je l'ai fait une fois comme le gros connard que j'étais et je ne referai plus jamais. Je suis déjà mal de la faire repasser par ce souvenir déplaisant. Vous n'avez su que c'était votre femme que ce soir, alors vous allez me faire le plaisir de signer cet acte d'annulation fissa ou vous gouterez à Excalibur.
- Ah ouais carrément ! lança Karadoc, soucieux de voir Arthur aussi contrarié.
Arthur hocha la tête. Il allait continuer sa tirade mais un garde vint les couper, l'air affolé :
- La Reine est tombée !
- Ça, c'était plus tôt, il faut vous mettre à la page mon gars ! tonna Leodagan, énervé.
- Non !! Un des autres gardes est en train de la ramener au château. On l'a trouvé dans les blettes ! Un manant a failli la prendre dans ses bras mais on a pu le faire fuir avant.
Tout le monde se figea et ni une ni deux, Leodagan et Arthur se précipitèrent à l'entrée du château où le garde était en train de porter la belle brune inanimée, du sang s'écoulant lentement de sa tempe droite.
- Faites venir Elias au plus vite dans la chambre de la p'tite ! hurla Séli, touchant le visage et les mains bleues et froides de sa fille.
- Un manant… murmura Leodagan avant d'hurler à tous les soldats présents : TROUVEZ CE PUTAIN DE GROUILLOT ET RENFORCEZ LES TROUPES AUX ABORDS DU CHATEAU. MA FILLE N'EST PAS EN SECURITE !
Il lança un regard à Arthur qui pensa la même chose : ce n'était pas un manant qui était venu au secours de Guenièvre mais Lancelot, attendant la moindre occasion de la ravir.
Une fois Guenièvre posée sur son lit, Elias se mettant à l'œuvre, le garde ayant porté la brune vulnérable s'approcha de Leodagan et d'Arthur.
- Le manant a laissé ça près de la Reine, dit le jeune garde en tendant le bout de parchemin à Leodagan.
- Merci. Disposez.
Leodagan lut le parchemin et le tendit, la mine sombre, à son gendre.
« Bientôt »
Arthur prit la carafe à ses côtés et l'envoya valser de colère. Leodagan lui mit la main sur l'épaule :
- On va l'avoir ce salopard. »
Le Roi lança un regard de reconnaissance à son beau-père avant de s'approcher de sa douce, toujours confiée aux bons soins d'Elias. Il lui caressa sa joue fraîche et pria les dieux de l'épargner.
« Notre bonne Reine a passé le pire. Elle va se réveiller dans quelques heures.
- Dieu merci ! s'exclama une Dame Séli soulagée avant d'aller annoncer la bonne nouvelle à son mari.
- Elle devra peut-être garder le lit pendant deux ou trois jours le temps de se requinquer et de laisser sa cheville au repos.
Arthur soupira de soulagement. Sa main n'ayant pas quitté Guenièvre depuis qu'on l'avait ramené des jardins.
Leodagan passa la porte de la chambre et s'adressa à son gendre.
- Venez grailler un bout.
- J'attends que votre fille se réveille.
- Vous ne voulez pas qu'elle vous trouve le visage pâle comme un cul juste parce que vous avez refusé de manger ?! Et puis j'ai un truc à vous dire, enfin on a besoin de vous à table.
Arthur soupira de nouveau, laissant à contre cœur sa bien-aimée et comprit que sa venue au repas était attendue.
- Je vais veiller sur Madame, dit Nessa, la servante et amie de Guenièvre.
- Merci.
Lorsqu'ils arrivèrent, Karadoc était toujours là et se goinfrer de sanglier, sous le regard dégouté de Séli.
- Ah ce n'est pas trop tôt. La Reine va bien, c'est super ! Lança Karadoc tout en dévorant sa part de sanglier.
Arthur ne dit rien et commença à manger comme un porc : ok il se rendit compte qu'il avait faim.
- Dites-lui ce que vous nous avez dit il y a une heure, s'exclama Leodagan avec un sourire.
- Je vous laisse la reine Sire.
Le parchemin roula jusqu'à Arthur qui se dépêcha de le déballer : c'était bien l'acte d'annulation qu'il avait dans les mains.
- Même si je le voudrais, je sais qu'elle ne serait pas heureuse avec moi. Elle a l'habitude au prestige, à tout ça, continua Karadoc en montrant la salle de réception. Et puis elle n'a pas l'air de bien aimer la bouffe alors ça fait un gros centre d'intérêt en moins.
- Bien tiens^^^ répliqua Leodagan tout en roulant des yeux.
- Allez signez ce fichu parchemin que je puisse commencer à préparer le mariage de ma fille ! Ajouta Dame Séli au chevalier semi croustillant.
Arthur se renfrogna tout à coup.
- Quoi ne me dites pas que je me suis casser le cul à trouver celui-là pour rien !? Hurla Leodagan qui s'assurait bien que Karadoc signe le parchemin.
- Disons que je ne sais pas si votre fille va être d'accord avec ce qu'elle a appris aujourd'hui et je vous rappelle que sa santé en a souffert deux fois. »
Une fois le parchemin signé des deux époux et signé du Roi de Carmélide, Arthur s'excusa de table après avoir remercié Karadoc qui allait rejoindre son clan des semi croustillants.
Il gagna sa chambre. Guenièvre semblait toujours endormie. Nessa qui était à ses côtés se leva doucement et s'avança vers lui.
« Madame dort profondément depuis près d'une demi-heure. L'enchanteur l'a examiné et sa tête va bien. J'ai essayé de l'alimenter mais Madame n'avait pas faim.
- Merci d'être restée près d'elle.
- Il faut bien que quelqu'un soit là pour elle."
Arthur préféra ignorer cette remarque juste mais cinglante et demanda à la servante de partir. Il se débarrassa de sa cape et de sa tenue officielle afin de revêtir des habits noirs plus simples et légers tout en faisant le moins de bruit possible.
Le Roi s'allongea près de sa belle et commença à lire les parchemins qui lui étaient parvenus de tout le Royaume de Logres.
Les travaux concernant la forteresse de Kaamelot avançaient plus qu'il ne l'aurait pensé. En même temps, avec Leodagan à l'œuvre, ça ne devait pas chômer ! Les paysans commençaient à se rassembler et à reconstruire leurs fermes, ainsi qu'à élever du nouveau bétail et semer les graines de leur future récolte. Arthur avait fait envoyer des hommes pour aider le petit peuple, ainsi qu'un peu de vivres et enfin, les choses commençaient à avancer.
Une lettre de Horsa, le chef Saxon, était aussi présente dans le tas. Arthur fronça les sourcils mais Horsa ne faisait que lui présenter ses excuses pour la réception dernière et voulait qu'il revienne sur l'île de Tanet, lui et sa femme…
Sa femme … Arthur se tourna vers sa belle endormie. Il sentait son cœur s'emballer : il aimait enfin Guenièvre mais allait-elle se remarier avec lui ? Amitié, Amour, Fidélité, Soutien : voilà ce qu'il voulait lui apporter mais le voudrait-t-elle encore ?
Cette nuit-là, Guenièvre continua de dormir et, au bout de longues heures, Arthur sombra dans un sommeil profond, voulant être frais et dispo dès le lendemain matin.
Le lendemain, Arthur remontait dans leur chambre, un plateau de vivres dans les mains et la tête pleines des hurlements de son beau-père.
Il avait délégué à son beau-père les décisions qu'il devait prendre tant que Guenièvre ne serait pas sur pied. Autant vous dire qu'il n'avait pas eu beau temps avec Leodagan, mais ces prochains jours ne seront que pour elle.
Voilà pour ce nouveau chapitre mes chers lecteurs.
J'espère qu'il vous a plu et je vous remercie encore de vos messages. J'espère que vous avez plaisir à lire cette fanfic autant que j'ai de plaisir à l'écrire.
D'autres aventures attendent notre couple préféré avant le final, donc il reste encore d'autres chapitres à venir.
N'hésitez pas à laisser des commentaires.
Bonne soirée et bonne lecture :D
