Chapitre 15 Interrogations

Huit mois passèrent et la reconstruction de Kaamelot avançait bien. Plus que bien même.

Avec un Leodagan assez directif et des troupes motivées, une partie du château était redevenu habitable. Arthur prit la décision d'y loger les ouvriers et leur famille, ainsi que certaines familles de paysan qui n'avaient pas encore reconstruit leur ferme et qui étaient dans le besoin.

Une certaine routine s'était installée.

Arthur visitait Kaamelot deux fois par semaine pour voir de ses propres yeux, l'avancée des travaux. Il effectuait les séances de doléances deux fois par semaine également, puis il effectuait un point sur la traque de Lancelot et Mevanoui au moins une fois dans la semaine, selon les informations que ses chevaliers arrivaient à glaner.

Les nouveaux et les plus anciens de ses chevaliers se tenaient à la table ronde que Bohort avait faite fabriquer de nouveau. Elle était comme celle que le Roi avait découverte lors de son retour : modeste, grande et noble.

Arthur aimait cette table, ainsi que le calme qui régnait dans la pièce, la plupart du temps. Et depuis ses deuxièmes noces, le Roi y passait beaucoup de temps.

Depuis qu'il avait senti OGMA changer et que son épée flamboyait d'une couleur rouge orangée, le Roi de Logres se mit en quête de réponses.

Pourquoi ce changement soudain ? Avaient-il de nouveau l'aval des Dieux ?

Pourtant, la Dame du Lac n'avait pas retrouvé sa magie. Elle participait à ses recherches et tenait une place de conseillère à ses côtés. Tous deux pouvaient passer des journées entières à rechercher le moindre indice sur des livres ou des parchemins…enfin, des demie journées car la Reine Guenièvre veillait au bien-être de son mari.

Depuis leurs secondes noces, l'un comme l'autre étaient plus sereins.

Cela était possible, d'une part, à l'amour aussi bien physique que spirituel qu'ils se témoignaient et qui ne cessait de s'épanouir au fil des mois. Et d'autre part, le couple se soutenait l'un comme l'autre dans leurs projets, dans les galères quotidiennes. Ils se chamaillaient aussi^^.

Mais Guenièvre n'oubliait pas que son mari était encore fragile mentalement, même s'il guérissait tout doucement.

Donc, cet après-midi-là, Arthur, qui s'échinait à lire attentivement un livre dans la salle de la table ronde, sentit une main délicate se poser sur son bras.

« Mon mari, je crois qu'il est temps pour vous de vous détendre… dit-elle de son air mutin en se posant entre lui et la table.

Le Roi sourit et posa sa tête sur la cuisse de sa femme.

- J'ai l'impression de me noyer sous une tonne de paperasse. Les dieux ont vraiment décidé de m'emmerder !

- Ne dites pas ça où vous allez vraiment finir par attiser leur colère.

Arthur releva sa tête pour mieux voir sa femme, lui prit la main qu'il embrassa du bout des lèvres.

- Ça vous plait de me clouer le bec, n'est-ce pas ?! »

Guenièvre se mit à rire, son regard pétillait de malice. Elle tapota la joue du Roi avant de se décoller de la table et de tirer ce dernier au pied de l'Arbre, leur arbre au bord du lac, pour un instant complice, à eux. Rien qu'à eux.

Ils étaient fous de penser que rien ne viendrait les inquiéter…


« Non mais ne me dites pas que vous allez encore dans les villages pour parler aux bonnes femmes ?!

Depuis deux mois, la Reine avait enfin dévoilé la cause qui lui tenait à cœur à son être aimé. Elle avait décidé de porter secours et assistance aux femmes maltraitées et laissées pour compte, qu'elles soient ou non mères.

Trois matins par semaine, elle se rendait aux villages alentours, aux points de rencontre qu'elle avait fait donner aux compteurs vivant là-bas. Des sortes de bouées de détresse.

Son mari avait insisté à ce qu'elle soit accompagnée par au moins deux gardes, et il lui avait appris, non sans peine, deux ou trois gestes pour se défendre en cas d'attaque. Si Arthur soutenait sa cause, Leodagan tirait la gueule. Ce midi ne dérogeait pas à la règle.

- Oui Père, je ne vois pas ce qui vous mets de travers…

- Ce qui me met de travers c'est le fait que vous vous baladiez presque sans défense ! Avec ce fou de Lancelot aux alentours !

Guenièvre leva les yeux au ciel avant de les poser sur son mari, puis de nouveau sur son Père avant de taper du poing sur la table. Fait nouveau qui surprit même le Roi de Logres.

- Ça fait des plombes que vous ressassez Lancelot, la sécurité, mais ce que je fais, je le fais pour aider le peuple à ma façon. Et Arthur veille à ma sécurité.

- Pff ouais…il y a du laisser-aller de ce côté je trouve^^ répliqua Leodagan en regardant son gendre. Et ma fille, je vous signale que vous logez dans mon château, alors le seul qui puisse taper du poing sur la table c'est moi et seulement moi, comprit ?

- Et moi je pue du bec peut-être ?! lança Dame Séli qui se trouvait aux côtés de sa fille.

- Bon, on va tous baisser d'un ton, dit Arthur en guettant des yeux sa douce.

Leodagan se leva à demi et regarda son gendre d'un air mauvais, lui montrant sa dague :

- Essayez pour voir !

- ÇA SUFFIT ! J'EN AI ASSEZ DES REPAS GÂCHES PAR VOTRE TRAPPE ! IL FAUT TOUJOURS QUE VOUS RAMENIEZ TOUS LES SUJETS A VOTRE PERSONNE ! cria Guenièvre en se levant également. J'EN AI MARRE DE VOS CONNERIES ET MARRE QUE VOUS PARLIEZ A MON MARI DE CETTE MANIERE. POURQUOI TOUJOU…

La Reine s'interrompit en sentant une douleur qui lui fit blanchir les jointures de ses doigts sur la table. Puis elle se reprit :

- Veuillez tous m'excuser, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je vais aller préparer mon départ pour demain.

- Je vous accompagne, dit aussitôt Arthur qui commençait à se lever, mais un geste de sa femme et il se rassit.

- Non mon amour, il me semble que Bohort veut s'entretenir avec vous après ce repas, puis vous avez des entretiens.

- Vous êtes sûre que vous ne voulez pas que je vous accompagne pour une ballade ?

- Non, ne vous inquiétez pas, tout va bien. C'est juste ce repas qui me gonfle.

- Merde ! cria Leodagan à sa fille qui partait déjà sous l'œil perçant d'une Séli à l'affût.

La Reine parcourut encore deux couloirs lorsque la douleur la reprit. Une douleur légère au niveau de son ventre, mais qui, depuis un ou deux jours la dérangeait.

- Tout va bien ma fille ?

Séli l'avait rejointe et la regardait avec un drôle d'air. La main de Guenièvre se détacha aussitôt de son ventre.

- Oui tout va bien, c'est juste que Papa va me rendre folle avec ses gueulantes lorsqu'on mange^^Mais qu'est-ce vous faites ?!

Séli s'était rapprochée d'elle et avait placé sa main sur le ventre de sa fille. La douleur se reproduisit et Séli ouvrit des yeux grands comme des soucoupes.

- Depuis combien de temps vous avez ces « douleurs » ?! interrogea Dame Séli en mimant des guillemets.

- Pff je n'en sais rien moi, depuis deux semaines peut-être, ça part vite de toute façon, ça ne doit pas être…

- Vous avez saigné quand la dernière fois ?

- Je ne sais pas moi, vous m'en posez des questions ! Depuis le dernier solstice…je sais ça fait cinq mois passés mais bon…ça doit être dans l'ordre des choses je suppose.

- C'est-à-dire ?

- Ben la ménomachine là, le fait que je ne puisse plus jamais concevoir !

- Ménopause.

- Oui ça ! répliqua la Reine tout en roulant des yeux avant de ressentir de nouveau cette douleur.

Séli sourit et entraîna sa fille dans la première pièce privée qu'elle avait trouvé. Guenièvre crût que sa mère allait lui en mettre une … mais au lieu de ça, elle l'a pris dans ses bras en scandant au ciel des mercis.

- Vous allez me dire pourquoi vous faites ça je vous prie parce que vous me faites flipper maman !

La Reine de Carmélide stoppa son étreinte et prit la main de sa fille pour la poser sur son ventre.

- Il se passe que votre mari a enfin fait son travail et que vous portez la vie mon enfant.

- C'est impossible…murmura Guenièvre, abasourdie, ne voulant pas y croire. Arthur ne peut pas… Non c'est impossible.

- Il ne peut pas quoi ?! En tout cas il nous a fait un héritier !

- Non je vous dis ! répliqua vivement la Reine qui sentit à nouveau cette douleur.

Séli lui désigna du doigt l'endroit où la vive douleur frappait.

- Ça, ce sont des coups de pieds donnés par votre bébé. De plus, vous venez de me dire que vous n'avez plus saigné depuis le dernier solstice, et votre colère magistrale ce midi me fait penser que vos hormones sont à fleurs de peau.

Guenièvre s'assit sur la première chaise qu'elle trouva et garda la main sur son ventre. Et lorsque la douleur reprit, effectivement, cela ressemblait à un coup de pied.

Tout bascula dans la tête de la Reine. Tout son univers changeait tout à coup et une chaleur parcourut son cœur instantanément.

Elle comprit.

- C'est un miracle, dit-elle à sa mère avec un grand sourire.

- Un putain de miracle oui ! Les Dieux se sont enfin bouger les miches ! »


Voilà l'avant dernier chapitre de cette fanfic.

J'espère qu'il vous a plu.

Bonne soirée :D