Chapitre 8
- Je vais tuer Lizzie, vociféra Hope en faisant de grands gestes avec ses bras. Elle me rend folle !
L'orpheline marquait une minuscule pause, reprenait sa respiration avant de saisir fermement une mèche de ses cheveux dont la couleur n'était pas naturelle et de l'agiter devant le nez de Josie.
- Regarde ce qu'elle a fait ! Mais qui fais une chose pareille ?!
Lizzie, pensait automatiquement l'aînée des jumelles en s'empêchant de rire car, il fallait l'avouer, quand bien même elle comprenait la colère de son amie, la blague de sa sœur restait assez hilarante.
Josie, qui suivait Hope presque au pas de course en direction de la forêt, dans le froid glacial de ce jour de réveillon, se figeait à sous le petit kiosque au fond du jardin, à l'abri de la neige qui tombait, obligeant son accompagnatrice à faire de même. Un fin sourire espiègle qu'elle ne parvenait pas à réprimer sur le visage, l'aînée des jumelles s'était saisie du poignet de son amie, qui tenait encore fermement sa mèche de cheveux, et s'était approchée pour la regarder de plus près.
La proximité entre elles soudainement réduite dans un élan de spontanéité, le souffle de Hope se coupait tandis que les effluves parfumés de Josie lui parvenaient aux narines. Et pour cause, son visage se trouvait désormais juste au-dessus de son épaule, à seulement quelques centimètres de son cou, épicentre de ces douces fragrances. Il n'en avait pas fallu davantage à la Mikaelson pour que toute la colère qu'elle éprouvait pour Lizzie ne s'envole, la laissant tout bonnement hébétée.
- Ça ne te vas pas si mal, tenta de la rassurer Josie, sans grand succès néanmoins.
Les lèvres de Hope se retroussèrent en une expression dubitative.
- Je suis rousse, Jo.
La dénommée se reculait doucement, laissant sa main glisser le long du bras de son amie, dans une douce caresse qui fit frissonner l'orpheline. Sans mettre fin à ce contact physique, Hope avait enfin lâché sa mèche de cheveux afin de pouvoir suivre la main de Josie lorsque celle-ci retombait presque le long de son corps.
En à peine quelques secondes, l'atmosphère qui régnait entre les deux adolescentes avaient considérablement changée. L'air froid de l'hiver laissait place à quelque chose de plus chaud, presque étouffant, si bien que Josie sentait cette même chaleur s'accroître au sein de son bas ventre. Mais ce n'était rien contrairement à la torsion que connaissait son estomac, identique à celui de la rousse qui lui faisait face avec cet air boudeur hautement attendrissant.
- C'est vrai, acquiesça la Saltzman avec un sourire franc, mais tu restes jolie, peu importe la couleur de tes cheveux, Hope.
La sincérité qui perçait dans les mots de Josie prenait l'orpheline aux tripes. Et pour la première fois depuis que Landon l'avait abandonnée en s'enfuyant, son cœur s'emballait au creux de sa poitrine. Aussitôt, l'image du jeune homme fût effacée de sa mémoire, ne laissant la place qu'à Josie et son sourire tendre. Qu'à Josie et ses yeux pétillants de malice.
Elle la trouvait jolie, se répétait-elle en entendant l'écho de ses paroles dans son esprit. Josie Saltzman la trouvait jolie, et c'était tout ce qui comptait en ce moment.
- Tu trouves ? S'enquit-elle encore, incapable de refouler son incertitude. J'ai l'impression d'être une citrouille.
- Une très jolie citrouille, approuva la seconde, sur le ton de la plaisanterie.
Cette réplique fût accueillie par un rire et la lueur dans les yeux de Josie se fit plus douce encore. C'était la première fois qu'elle entendait Hope rire. Puis, comme aspirée par tant de bonne humeur, l'adolescente s'était mise à rigoler, elle aussi.
Avec un naturel déconcertant, la main de Hope était remontée pour saisir le poignet de Josie afin de pouvoir s'appuyer sur elle, mais, dans la même initiative, l'aînée des jumelles avait entreprit une rotation de son poignet. Leurs mains se rencontraient alors tandis que leurs doigts s'entrelaçaient, comme s'ils avaient été faits pour se tenir ainsi et, subitement, elles cessèrent de rire.
Face à ce geste malencontreux, leurs deux corps s'étaient crispés, dans l'expectative que quelque chose de mauvais survienne. Pourtant, au lieu de cela, leurs orbes foncés ne firent que se rencontrer et, une microseconde plus tard, voilà qu'elles se retrouvaient dans l'un de ses nombreux moments suspendus entre deux possibilités.
Les deux adolescentes restèrent ainsi quelques instants, à se regarder dans le blanc des yeux sans ne savoir, ni quoi dire, ni quoi faire, le souffle coupé. Une éternité semblait s'écouler pour Josie alors que ses prunelles chocolat ne parvenaient pas à contempler autre chose que la soudaine lueur de convoitise qu'elle percevait dans le regard de Hope et qui ne fit qu'accroître la chaleur déjà présente dans le bas de son ventre.
Alors, seulement, elle fut en mesure de voir ce même regard descendre le long de sa propre mâchoire, pour finalement se stopper sur ses lèvres. Aux prises entre deux alternatives, Josie se sentait maintenant partagée entre l'irrépressible envie qui l'habitait de fondre sur les lèvres de sa camarade et de réduire enfin la distance tentatrice qui les séparaient, et celle, beaucoup plus raisonnable, de faire un peu en arrière et de mettre fin à ce supplice.
Toutefois, la décision n'avait pas eu le temps de lui revenir. Hope l'avait devancée.
Prise d'un élan de courage, la Mikaelson avait fait ce que Josie n'aurait jamais osé faire à sa place. Dans une douce pression sur sa main, la jeune orpheline avait attiré l'adolescente contre elle en glissant sa main libre dans son cou et, l'instant suivant, ses lèvres s'étaient alors posées sur les siennes avec une douceur que Josie n'aurait jamais imaginée.
La brune, incapable de penser correctement maintenant que sa pulsion la plus secrète venait d'être assouvie, s'était laissé aller contre le corps chaud de Hope, qu'elle avait si souvent imaginé pressé contre le sien. Elle pouvait le dire désormais, l'imaginaire n'était pas à la hauteur du réel. Mouvant ses lèvres contre celles, si lisses, de la rousse, Josie découvrait le goût fruité qu'elles avaient et fermait les yeux, incapable de faire autre chose que de profiter de cet instant.
Ce n'est que lorsque la langue de Hope se fit plus audacieuse et partait à l'assaut de sa bouche, en léchant délicatement la lèvre inférieure de la fille Saltzman, que cette dernière fut ramenée brusquement à la réalité.
Finch.
Bien plus brusquement que tout ce qui avait été entreprit jusque-là, Josie quittait la douceur de la bouche de Hope avec précipitation et se reculait, le visage teinté par la culpabilité.
Dans un geste instinctif, elle ramenait sa main contre sa bouche, les yeux écarquillés par la terreur tandis que Hope, elle, la toisait avec une peur que Josie ne lui connaissait pas. Mais la brune se sentait bien trop mal en pensant à l'écart qu'elle venait de commettre vis-à-vis de sa petite-amie pour penser à prendre des gants avec la rousse. Tout ce qu'elle voulait, tout ce qu'elle souhaitait, était de disparaître six pieds sous terre. Malheureusement, elle ne disposait pas de ce superpouvoir.
- Merde, s'exclama-t-elle en se reculant un peu plus encore, Hope…
- Josie, je suis désolée, s'empressa de bredouiller la seconde mais c'était trop tard, le mal était déjà fait.
La brune ne l'écoutait déjà plus. Elle secouait simplement la tête de droite à gauche dans l'espoir de repousser le souvenir de ce baiser le plus loin possible dans son esprit. En vain.
- Il… il faut que j'y aille, bredouilla-t-elle à son tour en faisant volte-face. Je suis désolée…
Hope aurait souhaité être capable de la retenir mais, à la place, elle s'était contentée de la regarder s'enfuir vers le pensionnat, consciente qu'elle venait sûrement de commettre la plus grosse erreur de toute sa vie.
