Chapitre 14
Finch n'avait pas réussi à dormir correctement cette nuit-là, tant son sommeil avait été mouvementé, parsemé de cauchemars et de réflexions en tout genre sur le sens de la vie.
Finch regrettait. Elle regrettait ses mots, regrettait sa dispute avec Josie et, plus que tout, elle regrettait d'avoir mis fin à la relation qu'elles partageaient. Néanmoins, malgré son cœur atrocement serré dans sa poitrine, l'adolescente n'avait pas su se résoudre à rattraper la brune lorsqu'elle était partie, principalement par question de fierté. Pendant deux bonnes heures, Finch avait intimement était persuadée que Josie allait rebrousser chemin et revenir auprès d'elle. Mais passé ce délai, la jeune femme avait compris qu'elle s'était leurrée : la Saltzman ne comptait pas revenir.
Lorsque les premières lueurs de l'aube s'étaient levées, Finch n'avait pas perdu plus de temps en réflexion et avait sauté sur ses pieds. Quelques secondes plus tard, l'espoir lui tordant le ventre, elle avait dévalé les escaliers menant au salon en s'attendant à y voir la personne qu'elle cherchait. Mais Josie n'était pas là, et cela réduisit un peu plus son cœur en morceaux.
En ne la voyant pas arriver, durant la nuit, Finch avait conclu que l'aînée des deux sœurs avait dû trouver refuge dans la chambre de sa jumelle, auprès de Lizzie et de Hope. Pourtant, la blonde était assise sur le canapé du salon, assise en tailleur, en train de plaisanter avec la rousse, et elles étaient bel et bien seules.
Cette vision, certes incongrue tant les deux femmes étaient joyeuses, n'avait pas suffi à effacer la brune de l'esprit de Finch. Elle devait à tout prix s'excuser et, pour ça, il fallait qu'elle réussisse à la trouver. Avec un peu de chance, il n'était pas trop tard pour qu'elle répare son erreur, se répétait-elle en boucle dans son esprit.
- Josie n'est pas avec vous ? S'enquit-elle auprès des deux autres adolescentes.
Surprises de ne plus être seules, Lizzie et Hope avaient eu un soubresaut depuis leurs places, sur le canapé. Automatiquement, elles avaient mis plus de distance entre elles, comme si la présence de Finch les avait gênées. Reportant son regard sur la nouvelle venue, la cadette des jumelles Saltzman avait froncé les sourcils.
- Bien sûr que non, déclara-t-elle sur le ton de l'évidence, c'est avec toi qu'elle dort, pourquoi elle serait avec nous ?
Le visage de Finch s'assombrissait à l'entente de ses paroles et, avant même qu'elle n'ait pu répondre quoi que ce soit, Lizzie avait déjà repris la parole.
- Mais j'imagine que si tu la cherches, c'est qu'elle n'a pas dormi avec toi, en réalité…
Un soupir quittait les lèvres de la jeune femme au teint basané.
- On s'est disputée, hier, expliqua-t-elle avec peine. Elle est partie et n'est jamais revenue. Je pensais qu'elle était avec vous, du coup.
Lizzie secouait la tête de droite à gauche en guise de réponse, ce qui terminait de contrarier un peu plus la dernière petite-amie de Josie en date. Son faciès se crispait, parfait reflet de la tension qui habitait désormais son corps alors qu'elle s'apprêtait à poser une nouvelle question à laquelle elle aurait déjà dû avoir la réponse.
- Mais si elle n'est pas avec vous, ni avec moi, alors où est-elle ?
Un macabre silence accueillait sa question, morbide et chargé d'électricité. Lizzie échangeait un regard avec Hope avant de reporter ses prunelles claires dans celles, foncées, de Finch. Durant un moment qui avait paru interminable à la seconde adolescentes, elles s'étaient ainsi fixées dans le blanc des yeux, jusqu'à ce que l'évidence frappe enfin Finch de plein fouet. Alors, elle n'eût besoin d'aucune réponse, elle savait simplement.
- Penelope, grommela-t-elle tandis que la tête de Lizzie se mettait à acquiescer.
- Il n'y a pas une seule seconde à perdre, répondit la blonde en se levant déjà du canapé sur lequel elle était assise.
Si ça n'avait tenu à Lizzie et Finch, les trois jeunes femmes se seraient déjà retrouvées dans la chambre de Penelope en une petite fraction de seconde. Mais avant que Lizzie n'ait pu se précipiter dans l'escalier pour conduire l'ex-petite-amie de sa sœur à la chambre de Penelope, - dont Finch ne connaissait pas l'emplacement -, Hope s'était empressée de saisir le poignet de la Saltzman pour la retenir.
Une décharge électrique avait parcouru le corps de la blonde à ce contact que Lizzie n'attendait pas. Un long frisson parcourait son échine de part en part et ses muscles se tendaient un peu plus si tant est que ce soit même possible. Comme étourdie, la plus jeune des deux jumelles avait lentement tourné sa tête vers Hope pour plonger son regard dans le sien. A peine ses prunelles bleutées eurent-elles établies un visuel avec ceux, brunâtres, de Hope, qu'un nœud se formait au creux de son estomac, si bien qu'elle parvenait à entendre son cœur tambouriner dans sa poitrine comme un écho dans son esprit.
- Ce n'est pas une bonne idée, prévint la rousse en raffermissant sa prise sur le poignet de son interlocutrice directe. Elle va bien finir par descendre.
Un sourire crispé étirait les lèvres de Lizzie, soudainement pleine d'amertume. Non pas contre Hope, qui osait prendre le parti de Penelope par sous-entendu, mais contre le reste du monde. Penelope était encore, très certainement, parvenue à profiter de son aînée comme elle le faisait tout le temps. Lizzie lui en voulait pour ça. Pire, elle s'en voulait à elle-même, car elle aurait dû le voir arriver bien plus tôt.
- Ah, parce que tu penses que laisser ma sœur aux griffes du démon, s'en est une meilleure ? S'agaça Lizzie en récupérant vivement son poignet.
L'air de Hope se teintait de peine tandis que son bras retombait mollement le long de son corps.
- Lizzie, soupira-t-elle, il va bien falloir que tu l'acceptes. Si ta sœur a décidé de rejoindre Penelope plutôt que quelqu'un d'autre, c'est sûrement car c'est avec elle qu'elle se sent le mieux.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? S'enquit la blonde en croisant les bras contre sa poitrine, peu sûre de comprendre où la rousse souhaitait en venir.
Hope se levait à son tour du canapé, un maigre sourire sur le visage, avant de poser ses deux mains sur les épaules de son interlocutrice. Jamais, encore, l'orpheline n'avait osé se tenir si proche de Lizzie. Jamais, elle n'avait osé essayer de lui faire comprendre quelque chose. Et pourtant, maintenant que leur relation semblait s'être améliorée pour une raison qu'elle-même ne comprenait pas, si ce n'était qu'elles s'étaient toutes les deux donné du mal pour confectionner leur décoration spéciale de Noël, Hope avait décidé qu'il était temps pour elle de réussir à lui faire entendre raison. Lizzie devait se rendre compte de l'importance qu'était Penelope pour sa sœur, même si ça faisait du mal à Hope d'en parler, car elle tenait à Josie.
- Tu veux toujours tout contrôler, soupira de plus belle la Mikaelson. Mais il y a des choses qu'on ne décide pas, comme tomber amoureux. Tu détestes toutes les petites-amies de ta sœur, seulement car Josie a le malheur de les aimer et parce que, toi, tu as peur qu'en l'acceptant, Josie s'en aille. Tu ne peux pas continuer. Josie mérite d'être heureuse autant que toi et ce n'est pas en lui menant la vie dure, en essayant de la garder pour toi, que tu vas réussir à la retenir pour toujours. Au contraire. Pourquoi tu crois qu'elle aime Penelope ? C'est la seule qui ose vraiment de tenir tête et qui offre à Josie un semblant de liberté !
Durant tout le discours de la rousse, Lizzie avait été pendue à ses lèvres. Etait-ce leur soudaine proximité qui faisait naître en elle cette irrésistible envie de fondre sur ses lèvres pour en découvrir le goût ? Lizzie n'en était pas sûre. Néanmoins, les paroles de Hope avaient fait leur chemin dans sa tête et, finalement, Lizzie baissait la tête dans une mimique penaude. Elle n'aurait pas cru le dire un jour mais, maintenant qu'elle y réfléchissait réellement, Hope avait raison. Hope Mikaelson avait toujours raison.
- Peut-être que tu n'as pas tout à fait tort, concéda Lizzie d'une voix traînante, à contre cœur.
Hope aurait voulu répondre, mais le temps qu'elle ouvre la bouche, des bruits de course leur parvenaient et elles découvraient, sans réelle surprise, que Finch gravissait les marches de l'escalier en courant, transpirant la colère.
- Non mais vous plaisantez j'espère ? S'était-elle écriée en atteignant posant son pied sur la marche supérieure. Hors de question que je reste là à attendre sans rien faire ! Et je ferais toutes les chambres pour les trouver s'il le faut !
Les deux adolescentes échangèrent un regard furtif, tacite. De cette simple œillade, elles s'étaient comprises. Et dans un soupir commun, elles s'étaient alors précipitées à la suite de Finch. Elles ne seraient sûrement pas trop de trois pour ce qui allait suivre.
