Avant toute chose, je tiens à vous souhaiter une belle et heureuse année 2022 ! Que tous vos souhaits soient exaucés et que la santé soit avec vous en ces temps compliqués !

Vous l'avez sûrement remarqué mais, j'ai mis un peu plus de temps pour vous sortir ce nouveau chapitre. Et oui, mes cours ont repris donc j'ai un peu moins de temps pour écrire, je ne pourrais donc plus assurer une publication par jour à compter de maintenant. Toutefois, pas de panique ! Je continuerai à poster jusque la fin de cette œuvre (qui comptera une trentaine de chapitres donc nous arrivons déjà au bout) à raison d'une fois par semaine (le jour n'est pas encore défini, je l'avoue).

Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture pour continuer à suivre les aventures de notre petite troupe Saltzman !


Chapitre 24

Penelope était restée. Pour le plus grand plaisir de Josie, même si son esprit tourmenté ne lui permettait pas de profiter de la présence de sa petite-amie autant qu'elle l'aurait souhaité. Allongée au bord du lit, blottie dans les bras de Josie, Penelope s'était endormie, deux bonnes heures plus tôt, la tête posée contre l'épaule de sa belle. Un fin sourire, furtif, éclairait le visage de la Saltzman, avant de repartir aussi vite qu'il était venu, tandis qu'elle s'apercevait que c'était bien la première fois qu'elles se retrouvaient dans cette position. Jusqu'à lors, c'était toujours Josie qui se posait ainsi sur l'hispanique et, au fond, elle aurait menti si elle avait assuré que son cœur ne fondait pas lorsqu'elle se rendait compte qu'après tant de temps passé ensemble, Penelope s'autorisait enfin à apparaître comme autre chose que l'incarnation du Diable. Elle faisait enfin suffisamment confiance à Josie pour être faible et pour avoir besoin de réconfort. Et Josie appréciait cela.

- A quoi est-ce que tu penses ? Demanda soudainement la voix ensommeillée de la Park.

Josie sursautait à l'entente de cette question, surprise de constater que sa petite-amie s'était réveillée.

- A nous, répondit-elle avec un sérieux qui inquiétait aussitôt la seconde adolescente.

- A nous ? Tu sais que ça fait peur lorsque tu dis ce genre de choses ?

Un fin sourire amusé vint étirer les lèvres de Josie tandis que Penelope avait remonté le menton pour croiser son regard.

- Je rêve ou tu viens de dire que tu avais peur ? La taquina la Saltzman sur un ton malicieux. Depuis quand l'impitoyable Penelope Park a peur de quelque chose ?

La lèvre inférieure de l'hispanique se retroussait en dessous de l'autre et un air boudeur s'emparait de son visage.

- Oh la ferme, rétorqua-t-elle en déclenchant le rire de la malade.

L'amusement de Josie fut vite partagé par celui de Penelope, qui quittait les bras rassurants de la première pour s'asseoir en tailleur sur le bord du lit, près de ses pieds. Josie se redressait alors à son tour, poussant sur ses bras afin de se hisser en position semi-assise, mais ce simple effort lui arrachait une grimace de douleur, faisant ainsi retomber leur hilarité commune au profit d'un long silence.

Josie sentait que son corps la lâchait, comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Et même si elle se gardait bien de le confier à l'hispanique pour ne pas l'effrayer, un simple échange de regard avec celle-ci lui indiquait que Penelope le voyait bien malgré tout.

- En fait, je repensais au bal des débutantes de l'année dernière, avoua Josie dans un soupir en baissant piteusement le regard sur la couverture d'hôpital qui la couvrait. Si tu savais à quel point je regrette de ne pas avoir su quoi dire, ou quoi faire, pour te faire rester, ce jour-là…

Le regard de Penelope devenait plus sombre. Elle se rappelait cette journée comme si elle s'était produite la veille. Et ce n'était pas spécialement agréable.

- Tu n'aurais rien pu faire, affirma-t-elle avec un sourire coupable. Il fallait que je m'en aille. J'en avais besoin, Jojo.

La tête de Josie se hochait légèrement. Bien sûr, elle savait que Penelope avait raison. Mais, ça n'en faisait pas moins mal pour autant.

- Peut-être, concéda-t-elle tout de même en retenant un soupir. Mais ça n'empêche en rien le fait que, si je pouvais retourner dans le passé, je ferais tout différemment.

- Et qu'est-ce que tu changerais ?

La question de Penelope était réellement intéressée. Josie pouvait lire la curiosité dans les yeux de son interlocutrice, qui soutenait son regard avec un air intrigué.

- Et bien… je suppose que j'aurais commencé par lire cette lettre que tu m'avais écrite plus rapidement, comme ça j'aurais su beaucoup plus tôt que tu t'en allais en Belgique. Alors je ne t'aurais pas repoussée et j'aurais passé chaque seconde à profiter de ta présence. Je n'aurais pas saboté cette répétition de danse pour le bal, même si tu trouvais ça ringard. Je t'aurai prouvé que tu avais raison de croire que je pouvais gagner et je n'aurais pas fait exprès de tomber dans ces foutus escaliers pour aider Hope à avoir la couronne.

La jeune Saltzman marquait une pause, le visage à la fois triste et teinté par la nostalgie de cette époque passée. Cette époque où sa maladie ne lui jouait pas encore des tours et où elle allait relativement bien. Une époque où, même si elle pensait être malheureuse et où Penelope lui avait déjà brisé le cœur, elle était relativement comblée par les évènements qui surgissaient dans sa vie. Une époque où elle n'avait pas à faire des choix compliqués et où la seule chose qui occupait ses pensées étaient de mener la vie aussi dure à l'hispanique que ce que celle-ci lui faisait endurer.

- Mais surtout, reprenait-elle avec un faible sourire, j'aurai tenu tête à Lizzie, comme tu voulais que je le fasse, pour qu'elle se rende compte que j'existais et que je méritais ce titre autant que Hope et que notre mère avant elle.

- Je ne pensais pas entendre ça un jour.

Le sourire de Josie se fit un peu plus grand tandis que son regard, lui, se faisait indéniablement plus doux. Elle non plus n'aurait jamais pensé être capable de dire une chose pareille un jour. Pourtant, la jeune femme avait tiré des leçons de son passé et, lentement, sa codépendance à sa jumelle s'estompait pour laisser place à plus de liberté. Quelle ironie, pensait-elle amèrement, il fallait que ce soit au moment où elle avait enfin l'impression de commencer à exister que la mort décidait de venir la menacer.

- Quand tu es partie, tu m'as assurée qu'un jour, je comprendrais pourquoi tu avais fait tout ce que tu avais fait, déclara la malade avec sérieux. Et tu avais raison, j'ai fini par comprendre. On pensait tous que tu aimais juste être méchante mais, en réalité, maintenant, je sais que toutes les méchancetés que tu as dites, toutes les crasses que tu as faites, n'avait qu'un seul but : m'endurcir. Je pense que je serais toujours cette petite fille sous le joug de sa jumelle si tu ne t'étais pas donnée tant de mal pour me faire ouvrir les yeux…

Josie pinçait les lèvres avant de venir saisir les mains de sa belle avec énormément de délicatesse, la tirant un peu plus vers elle pour pouvoir détailler son visage au teint mat.

- Ce n'était peut-être pas fait de la meilleure des manières qui soit mais… merci pour ça. J'avais besoin de me dégager de Lizzie et de découvrir qu'il y avait aussi de la place pour moi dans ce monde. Je n'aurais pas réussi sans toi.

Le cœur de Penelope bondissait dans sa poitrine à cette révélation, en parfaite adéquation avec l'immense sourire qui venait éclairer son visage, tant elle était touchée. Cela faisait des mois qu'elle ne s'attendait plus à entendre ces mots un jour. Et l'hispanique en était d'autant plus touchée de savoir qu'elle ne s'était pas mis tout le pensionnat Salvatore à dos pour rien.

- Il n'y a rien que je ne ferais pas pour toi, Josette Saltzman, avoua-t-elle avec sincérité.

Les lèvres de Josie se soulevèrent en un faible rictus et, l'espace d'un instant, Penelope aurait juré pouvoir y lire de la culpabilité. Mais elle devait se faire des idées, pas vrai ? Pourquoi Diable Josie se serait-elle sentie coupable de quoi que ce soit ?

Penelope n'eût pas à chercher la réponse. Celle-ci s'évadait de la bouche de la plus jeune aussitôt cette pensée émise.

- Je sais. C'est pour ça que je veux que tu me promettes quelque chose.

Les sourcils de Penelope se froncèrent d'incrédulité tandis que son regard s'activait à détailler les traits tirés de la Saltzman avec plus d'attention, comme si elle risquait de manquer quelque chose.

- Il faut que tu me promettes que tu passeras à autre chose et que tu te trouveras une autre fille formidable avec qui passer le restant de tes jours si jamais je ne m'en sors pas. Promets-moi que tu seras heureuse, même si je ne suis plus à tes côtés.

- Quoi ?

Penelope avait bien failli s'étrangler avec sa salive tant cette requête l'avait ébranlée. Comment Josie pouvait-elle lui demander une chose pareille ? Son monde avait besoin d'elle pour continuer à tourner, c'était ainsi. Alors imaginer vivre sans elle… c'était tout bonnement hors de question. Penelope ne pouvait pas s'y résoudre.

- Non, Josie, affirma-t-elle en secouant vivement la tête, pleine d'une conviction que la brune ne partageait pas. Tu ne vas pas mourir. On va trouver une solution.

Le cœur de Josie se serrait immédiatement face à la douleur et au déni qui habitait sa compagne.

- S'il te plaît, Penelope, insista-t-elle dans un soupir de désespoir. Je sais que tu veux y croire, et je veux y croire, moi-aussi, mais il faut être réalistes. Il ne me reste sûrement plus beaucoup de temps et je veux pouvoir partir en paix, en sachant que tu seras heureuse. S'il te plaît.

L'hispanique s'était apprêtée à répliquer mais les mots étaient morts dans son larynx lorsque son regard avait croisé celui, brillant de larmes retenues, de Josie. Penelope aurait voulu lui crier son désaccord, lui dire à quel point elle allait être malheureuse et à quel point son cœur lui donnait déjà l'impression d'être en train de mourir sous la douleur dans sa poitrine, mais elle n'en fit rien. Elle lisait, dans l'immensité noisette des iris de sa belle, que tout ce dont celle-ci avait vraiment besoin était d'être rassurée et de savoir que ces dernières volontés seraient respectées, même si ça faisait plus mal qu'un coup de couteau. Et Penelope aimait trop Josie pour ne pas lui accorder cette sérénité, surtout après tout ce qu'elle lui avait déjà fait subir par le passé.

Alors, dans un soupir résigné, la Park avait abdiqué, soulageant l'esprit meurtri de sa petite-amie malade.

- Je te le promets, Jojo. Je te le promets…

Durant un instant, à la fois tellement court et tellement long, les deux adolescentes s'étaient toisées avec des sourires forcés. Puis, soudainement, la porte de la chambre s'était ouverte sur une silhouette élancée et obscure, dont l'identité se trouvait cachée par l'intense lumière qui émanait du couloir.

La personne fit quelques pas dans la pièce, laissant aux deux femmes le loisir de découvrir une chevelure grisonnante qu'elles connaissaient bien depuis leur arrivée à l'hôpital. L'homme leur adressait immédiatement un sourire bienveillant et, sans perdre une seule seconde, sa voix bourrue s'élevait dans la pièce, sonnant comme une délivrance :

- Mademoiselle Saltzman, nous vous avons trouvé un donneur. Vous allez pouvoir recevoir une greffe de moelle osseuse dès demain matin. Votre amie, Finch, est déjà avec l'un de mes collègues pour procéder au don.