Chapitre 3 : la magie des moldus

L'instinct maternel est une magie sauvage, universelle et incontrôlable. Cette magie archaïque est tellement puissante que les moldus ne se sont jamais rendu compte qu'ils la côtoyaient. Même certains grands sorciers ignoraient son existence. Et pourtant c'est cette magie qui sauva la vie de Harry Potter.

Lorsque Pétunia Dursley trouva un beau matin un bébé devant sa porte, dans le froid de novembre. Son cœur s'emballa : le petit était gelé. Peu importait la lettre glissée dans ses langes, peu importait son nom : le bébé avait besoin d'un bon bain chaud au plus vite. Et d'un biberon ! Pétunia prit le temps de câliner l'enfant, de lui donner un pyjamas tout propre qu'elle dut dénicher au fond des caisses contenant les anciennes tenues de Dudley. Son propre bambin était beaucoup plus costaud que le petit. Cela tombait bien, Dudley venait de passer au lit à barreau « de grand » et le nouveau bébé, tout petit, tiendrait encore dans son lit « de petit » le temps de mettre la situation au clair. Vernom partit au travail en lui faisant promettre de le joindre s'il y avait un problème. Deux enfants c'est beaucoup pour une seule maman ! Mais sa Pétunia était une de ses femmes courageuses et efficaces.

La lettre fut oubliée quelque temps, le temps de réchauffer le bébé, de le nourrir, de la changer. De le consoler aussi. Perdu dans ce nouvel univers, ne trouvant ni sa maman, ni son papa, ni son doudou, le petit bébé semblait inconsolable. C'est après de nombreuses heures à essayer de rassurer le bambin que Pétunia, le cœur pincé de ne pouvoir consoler l'enfant, se rappela la lettre. Peut-être y trouverait-elle le prénom du bébé, peut-être qu'elle trouverait le moyen de lui apporter du réconfort ?

Vernom ne s'attendait absolument pas à la scène qu'il trouva en rentrant du bureau : Pétunia en pleure dans le salon, Dudley hurlant à plein poumon depuis son parc, et le bébé, silencieux et tendu par tant de bruit.

Sa sœur, Sa sorcière, celle qu'elle avait voulu protéger des dangers du monde. Celle qui avait été envoyé dans un monde qu'elle ne connaissait pas, seule, sans sa grande sœur pour la protéger. Sa Lily était morte. Morte à cause d'un sorcier terroriste. Morte en protégeant son fils. Le monde magique venait de lui enlever pour la deuxième fois sa petite sœur. Pour toujours. Alors qu'elles n'avaient jamais pu se réconcilier. Pétunia n'avait jamais pu lui expliquer sa peur de la voir disparaitre, de la voir partir dans cet autre monde. Elle n'avait pas pu lui demander pardon pour toutes les moqueries, ces piques qu'elle avait dressés autour d'elle comme une carapace pour protéger son cœur du départ de sa petite Lily. Elle n'avait même pas été conviée au mariage. Ni à la naissance de l'enfant. Sa Lily ne lui avait pas pardonnée et elle était morte. Morte sans savoir l'espoir qui habitait dans le cœur de sa sœur. L'espoir de se réconcilier, l'espoir de se rapprocher, l'espoir de faire partie de la même vie.

Oh, bien sûr Lily avait eu ce même espoir de nombreuses fois pendant la guerre. Mais elle se savait cible numéro un de Lord Voldemort. Elle avait l'espoir de revoir sa sœur mais pour cela il fallait garder Pétunia, comme beaucoup d'autres, loin d'elle, en sécurité. Il n'y avait pas eu de mariage en grande pompe, le serment magique avait été prononcé dans l'intimité la plus discrète : les mariés, un officiant, et les témoins, pas plus. Lily avait espéré célébrer un mariage moldu après la guerre. D'ailleurs la liste des invités était prête, les invitations aussi, bien que non datés.

Ce fut Vernom qui sortit Pétunia de sa léthargie, en lui mettant le bébé et un biberon dans les bras tandis qu'il donnait son repas à Dudley dans la chaise haute. A ce moment-là, Pétunia détailla vraiment pour la première fois le bébé. Il était petit et léger pour un enfant de…Quel âge avait-il ? 15 mois ? Oui, l'enfant était petit (à moins que ce ne soit Dudley qui avait un grand gabarit). Il avait la peau pâle, comme Lily, les cheveux soyeux, fins, des cheveux de bébé, d'un noir corbeau. Surement un héritage de son père ? Et une vilaine cicatrice, qui aurait pu passer à merveille dans un costume d'Halloween mais au quotidien… Les médecins trouveraient forcément une solution à ce détail. Le nez plus droit que celui de Lily. Mais ses yeux. De magnifiques émeraudes, chargées de larmes, rougies par les pleurs. Pétunia n'avait jamais su résister aux yeux de sa petite sœur. Et cela lui fit mal. Mal de voir le regard de sa Lily empreint de tristesse, de douleur et de chagrin. Elle installât plus confortablement le bébé et, tout en fredonnant la berceuse qu'elle et Lily adoraient, lui donna son biberon. La chanson apaisa l'enfant. Qui, fatigué d'avoir tant pleure, s'endormit, le biberon à moitié avalé. Elle installa le berceau dans leur chambre, mis l'enfant en pyjamas et le coucha. Dudley fut plus difficile à endormir. Il voulait rester debout comme les « grands ». Finalement, peu après minuit, son bout de chou s'endormit, laissant un peu de répit à ses parents. Vernom préparât le thé, chose rare, signifiant de Pétunia avait vraiment besoin de réconfort.

Le monde magique était dans un bazar sans nom. Un petit groupe de mangemort continuait de semer la terreur dans l'espoir d'obtenir des informations sur leur maître. Le reste des fidèle de celui-dont-le-nom-est-tabou, se terraient de peur de finir à Azkaban. Le magenmagot n'était pas très clément. Les anti-mangemorts dominaient au tribunal, sans pitié les peines les plus lourdes étaient attribués. Les familles séparées, les orphelins confié à des sorciers anti-Voldemort dans le meilleur des cas, à des moldus inconnus dans le pire. Albus Dumbledore essayait de freiner l'élan de haine qui engloutissait le ministère. Son espion faisait partie des accusés, engloutit par le désespoir de la perte de Lily, il s'était fait dénoncer, puis capturé sans résister. Albus se doutait bien que Severus ne se défendait pas pour purger sa peine. Il savait que le potioniste se considérait comme l'assassin de son amie. Albus remua terre et ciel pour sortir Severus de prison, pour lui donner des objectifs. Puis, peu à peu, il vit le maître des potions émerger de sa tristesse. Albus dut aussi gérer le gardien du secret mais le tribunal, exalté d'avoir trouvé le coupable parfait ne laissa pas le temps à Albus de réagir.

Loin de cet épouvante, dans un petit quartier moldu calme, une famille venait de prendre une grande décision. Après une longue discussion au sujet de Lily, de son fils, Pétunia et Vernom tombèrent d'accord : ils garderaient l'enfant et le protégeraient de la magie et du monde des sorciers. Il ne serait pas une Lily bis. Ils l'aimeraient et le choieraient comme Duddy. Mais surtout, ils le tiendraient éloigné des sorciers le plus longtemps possible. Ils répondirent à Dumbledore en lui assurant garder le bébé à l'unique condition que jamais les sorciers ne s'approchent de l'enfant. Dumbledore promit pour l'enfant mais rappela que peut-être sa magie se développerait et que à ce moment-là, l'enfant appartiendrait au monde des sorciers. Cette simple phrase emplit le cœur de Pétunia d'épouvante : non elle ne commettrait pas la même erreur qu'avec Lily. Elle ferait tout pour protéger l'enfant même si elle devait le protéger de sa propre magie ! Pour le moment le monde magique était un chaos et Albus avait trop de travail, le petit Harry en sécurité, il accéda au souhait des Dursley. Personne ne sut où se trouvait le Sauveur, juste que l'enfant était en sécurité et choyé.