Chapitre 8 : Il

Il était là. Dans l'ombre, caché à la vue de tous. Il surveillait une des maisons. Elles se ressemblait toute. Un inconnu s'y serait perdu. C'était la protection idéale. Mais cela lui semblait aussi angoissant. Comment des familles pouvaient choisir d'habiter dans un lieu si… impersonnel ? Chaque maison a une âme, ici, il n'y a rien. 16h30, sortie des cours. Début du défilé des voitures, les enfants sortent leurs lourds cartable, le trainent jusqu'à leur maison, parfois les parents leur portent. Pourtant toujours personne devant la maison qu'il surveille. 17h. Pas un chat. 17h30, que se passe-t-il ? Ce n'est pas normal.

D'habitude la famille est de retour à 16h35 précise. Cela fait des semaines qu'il observe. Les enfants vont à l'école, pas loin, dans le quartier. Mais la femme tient à les emmener en voiture, surement pour ne pas fatiguer le plus petit qui semble de constitution fragile, à moins que ce ne soit pour ne pas essouffler le plus grand, en surpoids. La famille est diviser en deux, les minces et les gros. Enfin ça c'est son point de vu. Les enfants passent la journée à l'école, ils vont à la cantine et ne rentrent que le soir. A 16h précise la mère quitte la maison avec sa belle voiture, à 16h35 tapante, ils sont de retour. Le plus grand des garçons sort en premier, le petit suit rapidement. Puis vers 19h, c'est le retour du père. Un numéro celui-là. Le rituel est toujours le même. Il gare sa voiture. Eteins les phares, sort, s'étire un grand coup, il fait le tour de sa voiture, vérifie qu'il n'y a aucune éraflure, aucune saleté sur sa carrosserie. Si par malheur il y a la moindre trace, il demande à son fils de la nettoyer dans la soirée. Une fois sa vérification faite, il ouvre en grand son coffre, prend son attaché-casse, ferme le coffre, s'étire une deuxième fois. Il sort ses clés et rentre chez lui, en lançant un tonitruant « Bonsoir Pétunia » avant de fermer la porte de chez lui, faisant profiter tout le quartier de son retour.

Quelque chose n'allait pas. Il en était sûr. La famille n'était pas rentrée. Plus d'une heure de retard. 18h, le plus jeune garçon rentre. Seul. A pied. Son petit cartable visiblement bien remplit sur le dos. Il attend sur le porche de la maison. Il ne prend pas le temps de sonner. L'enfant doit savoir qu'il n'y a personne. Le petit garçon reste dans le froid. Sans blouson. Sans blouson ? D'habitude il porte un énorme machin qui bien que trop large pour son petit corps mais qui a le mérite de bien le protéger du froid. Pourquoi ne va-t-il pas se mettre au chaud chez un voisin ? Il ne le saura jamais. Une voiture arrive. C'est la mère avec le plus grand. Elle semble en colère. Même pas un signe de sympathie ou d'inquiétude pour son enfant frigorifié. La porte claque rapidement derrière eux. Puis le père arrive. Il lance son tonitruant « bonsoir Pétunia » et claque sa porte. Il s'apprêtait à sortir de son recoin quand le remue-ménage de la famille l'arrête dans son mouvement. La femme vient de pousser le petit garçon hors de la maison. « Pas de ça chez moi » a-t-il le temps d'entendre avant que la porte se referme sur l'enfant. Le laissant seul dans le noir et le froid de décembre. Qui peut laisser un enfant de la sorte ? Il ferait bien d'alerter les autorités. Non. Ce serait trop compliqué. L'enfant finit par s'assoir sur le porche en sanglotant dans ses bras. Il doit résister. Il ne peut pas aller consoler le petit. Il sait qu'il ne doit pas s'approcher. Mais c'est tellement dur de voir cette petite chose sanglotante et terrifiée dans le froid. Si seulement il pouvait… Au bout d'une demi-heure qui lui semble durer une éternité, la porte s'ouvre de nouveau. Heureusement sinon il aurait pu craquer et aller consoler l'enfant. Ce condamnant par là-même. C'est la Pétunia. «Debout ! Entre ! Dans le pla » la porte se ferme avant qu'il ne puisse saisir le dernier mot.

Il est perplexe : que s'est-il passé ce jour-là ? Il en saura plus le lendemain. Oui, il reviendra. Tant pis pour son travail. Il veut savoir.

Pétunia craignait plus que tout que son secret soit découvert. Sa Lily lui avait bien expliqué : le code du secret magique interdit de révéler l'existence du monde magique aux moldus. Ce serait trop dangereux pour les moldus comme pour les sorciers. Mais personne n'avait pensé aux moldus élevant seuls un enfant sorcier. Personne n'avait aidé ses parents à s'occuper de la magie de sa sœur. C'était un miracle que aucun moldu n'ai remarqué la petite rousse à l'époque. Et là. Harry qui se… Comment cela se dit-il ? Se téléporte. C'est surement cela. La maitresse lui avait expliqué que Harry jouait avec Dudley à chat quand il avait décidé d'escalader le bâtiment. Personne ne l'avait vu avant qu'il ne soit sur le toit. Elle en était sur : il s'était téléporté. Il avait fallu appeler les pompiers, faire taire Dudley qui commençait à parler comme son père lorsque la magie de Harry était concernée : «sa monstruosité ». Elle avait de plus en plus peur. Et s'il était tombé du toit ? Et si un moldu lui faisait du mal à cause de ses pouvoirs ? Et si les sorciers venaient l'enlever du jour au lendemain ? Et si … Il fallait agir. Les punitions marchaient bien. Harry faisait de moins en moins de magie quand on le reprenait. Elle en parlerait avec Vernom. Pétunia ne se doutait pas que son homme enverrait le petit dans le froid de décembre pour « éloigner un peu sa monstruosité de leur famille ». Au moins le temps qu'il comprenne que ce n'était pas autorisé dans cette maison. Puis ce fut un aller simple pour le placard. Elle veillerait à ce qu'il reçoive au moins un morceau de pain. Heureusement tout se passait bien avec son Dudley. Avec lui il n'y avait pas de problème et dans le pire des cas, une sucrerie ou un petit jouet suffisait à le calmer. Il était un peu gâté mais elle l'avait attendu si longtemps ce bébé ! Elle garderait le contrôle sur Harry. Il y avait bien un moyen de l'éloigner des danger de la sorcellerie.

Tout à l'opposée de cette démarche, les Granger essayaient d'aider leur fille. Ce qui arrivait à leur petite Hermione n'était absolument pas scientifique. Pourtant cela se produisait. Ils en étaient sur. Ce n'était pas un rêve. Les grands-parents avaient constaté les mêmes phénomènes. Heureusement plus de peurs que de mal dans certains cas. Un vase qui lévite vers la petite fille et qui s'écrase au sol. Il avait fallu consoler la petite. Non, ce n'était pas sa faute. Elle ne l'avait pas fait exprès. Ils étaient souvent allés à la bibliothèque. Ils avaient écumé les rayons. Hermione avait été la plus gourmande. Elle engloutissait les livres à une vitesse. Ce devait être sa magie qui lui permettait de comprendre si vite… Rien, enfin pas grand-chose. Prestidigitation, mentalisme, tours de passe-passe. Rien de concordant. Il y avait toujours un truc à connaitre. Hors impossible de trouver « le truc » de Hermione. Jusqu'au jour où ils reçurent un cadeau un peu spécial. C'était lors des 9 ans de leur petit trésor. Ils étaient à table en train de servir le dessert quand une lettre apparu littéralement par magie devant l'enfant.

« Hermione chez Monsieur et Madame Granger

Petit ange, voici un trésor pour toi. Conserve-le précieusement. Ce collier est pour toi. Il te protègera. Tu trouveras aussi un livre. Qui j'espère t'intéressera. » Assez laconique. Pas de signature. Pas d'expéditeur. Impossible pour les deux moldus de retrouver l'envoyeur.

Avec le lettre, il y avait en effet un petit collier doré. Dessus était sculpté un petit ange. Au verso : Hermione 19 septembre 1979. Une petite chaine permettait d'accrocher le pendentif. Comme indiqué dans le petit mot, il y avait un livre « La sorcellerie, approche pour les enfants non sorciers » écrit par Matilda Gage.

Ce ne fut pas le bijou qui attira le regard de la petite. En revanche l'horrible manuscrit corné et abimé enthousiasma l'enfant. La petite famille apprit ainsi que certaines personnes naissaient avec des « pouvoirs magiques » que c'était un don certes précieux mais aussi dangereux. Matilda faisait en effet partie de ces sorciers qui pensaient que, bien que le secret du monde magique devait être protéger, les enfants de moldus ne devaient pas être abandonnés. Quelques explications sur les pouvoirs, de nombreuses recommandations de ne pas les étaler, des astuces que tous les enfants sorciers connaissaient pour contrôler leur magie : pratiquer la méditation, vivre dans un foyer aimant, s'éloigner le plus possible de la violence. La petite Hermione engloutit l'ouvrage en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Abracadabra. Très vite ils se mirent, en famille, au yoga et à la méditation pour suivre les recommandations de leur seule piste au sujet de la magie. Et très vite, ils s'aperçurent qu'Hermione contrôlait de mieux en mieux « le truc ». Plus de vase cassé, plus de livre incapable de réattérir, et de moins en moins de surprises bizarres surement liées au « truc ».