Contribution : Isa'ralia Faradien
#8 - Cage
Retour en cellule. Les deux gardes la poussèrent pour qu'elle avance, et elle remarqua immédiatement la petite cage qui se tenait à la place de la chaise habituelle. Ils l'y firent rentrer de force, et elle y passa à grand-peine.
Ils claquèrent le panneau d'ouverture derrière elle et ressortirent de la cellule sans un mot.
Prise au piège dans cette cage d'acier, seulement percée de quelques trous pour la lumière et l'oxygène, elle frissonna. De froid. D'émotions mal contenues.
Elle cogna rageusement aux parois de la cage, bien évidemment sans succès - mais se débattre de la sorte lui fit un bien indescriptible, malgré le tourbillon de douleur qui la déchirait en mille morceaux.
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Les heures s'écoulaient tels des jours infinis. La cellule avait été plongée dans la pénombre pour renforcer cette impression. Recroquevillée dans le minuscule espace, les genoux repliés contre sa poitrine, elle divaguait, conséquence d'une telle méthode de torture. Toutefois, elle savait encore parfaitement ce qu'elle faisait ici, et pourquoi elle se trouvait ici - en raison de son entêtement.
Celui qui venait de coûter la vie à deux innocentes.
Pour permettre de faire gagner du temps à ses amies en fuite.
Étrangement, la balance lui paraissait horriblement déséquilibrée, après avoir traversé un tel épisode.
Perdue dans son vide intérieur, elle se mit à chantonner à voix basse pour aider à passer le temps :
- Bébé… Tu sais, c'est élémentaire… Le paradis est sur cette terre… Ils disent qu'au paradis, l'amour est prioritaire… Faisons venir le paradis sur terre… Lorsque la nuit tombe… Je t'attends… Et tu viens à moi… Le monde prend vie… Au son des voix des enfants… Dehors, dans la rue… Bébé, tu sais, c'est élémentaire… Le paradis est sur cette terre… Ils disent qu'au paradis, l'amour est prioritaire… Faisons venir le paradis sur terre…
Cette chanson, elle avait déjà pu l'entonner, une éternité plus tôt, au chevet de sa dernière compagne de promenade. La pauvre mourait à petit feu d'une balle dans la tête, mais les médecins la maintenaient en vie pour sauver son fœtus.
Lydia l'ayant jugée responsable du déraillement de cette femme, elle l'avait contrainte à rester en permanence à son chevet, à genoux sur un coussin, la tête basse. Une position inconfortable, comme à présent… Le bip régulier des machines lui avait alors rappelé cette vieille chanson…
