Elie est sortie de sa méditation par les tremblements du vaisseau qui indiquent qu'il est passé en vol SLM après avoir passé un relais. Un regard à son omni et la mercenaire constate qu'ils doivent être arrivés dans la nébuleuse du Sablier. Elle se relève, accueille la douleur avec un cocktail de pilules, puis se dirige doucement vers le cockpit. Cette action lui provoque des flashs de l'époque du Normandy, et un cœur se serre, quelque part en elle. Quand elle arrive près du pilote, elle ne peut que s'extasier de la vue de la nébuleuse, sublime étendue dans le néant du monde. En SLM, il leur faudra encore six heures pour rejoindre Osun et leur cible Erinle.
Selon les rapports d'après-guerre, cette planète a été ravagé par les Moissonneurs assez tôt dans le conflit, la colonie galarienne y étant installée réduite à néant. Elie commence à étudier les données des sondes que les équipes d'Aria ont envoyées. Selon Anto, le plus gros des deux vaisseaux disparus aurait été abattu avant même de pouvoir atteindre la planète. Cela pourrait indiquer soit des défenses orbitales lourdes, soit un vaisseau caché dans le secteur. Mais aucune des sondes déployées dans Osun n'a signalé de pic thermique, ce qui pousse Elie à parier sur des tourelles orbitales lourdes installées sur des astéroïdes. Si Vega était là, elle aurait parié mille crédits. Si tel est le cas, et Elie en est persuadé, le système furtif du vaisseau les fera passer et une fois en bas, ils pourront les désactiver, ou les réinitialiser. Et ça, Elie en est convaincu, ça plairait beaucoup à Aria. Le plus petit des deux vaisseaux, plus rapide a pu atteindre la surface, si on en croit les sondes encore en état en orbite autour d'Erinle. Mais après ça, plus rien.
Ces sondes signalent la colonie galarienne, froide, en ruine, et une signature thermique discrète d'un bâtiment à l'extrême sud des ruines. La cible. Elle ferait cinq cents mètres de long, sur près de cent de large, mais ce qui ennuie Elie, c'est que la structure semble être majoritairement souterraine. Une longue mission… Elle étudie alors les plans qu'Aria a récupéré lors de la libération d'Oméga, cherchant dans les bases de données une structure correspondant à peu près à ce qu'ils vont trouver. Après quelques heures de recherche, Elie pense avoir trouvé quelques schémas qui pourront les aider à établir une stratégie puis évoluer dans le complexe. Satisfaite, elle passe au bar, où elle croise les turiens, un des butariens, et l'humain, boit un verre avec eux, leur parle un peu de la mission, puis embarque le whisky vers la salle d'observation. Chapeau sur la tête, elle se prépare un cocktail de pilules, boit un peu de son alcool, puis dérive lentement dans la nébuleuse du Sablier.
C'est Kesanta qui la sort doucement de sa dérive, d'une main posée sur l'épaule, lui disant que l'approche est prévue d'ici quarante-cinq minutes. Elie remercie l'asari, reprend des pilules puis se lève, boit un peu, en offre à la commando, qui accepte en haussant les épaules. La mercenaire rejoint sa cabine, s'équipe de tous ses nouveaux jouets, dont un viseur qui s'adapte à son œil gris. Dorénavant, d'un mouvement, elle peut basculer en infrarouge, en vision nocturne et en vision thermique. Il faudra qu'elle s'habitue et n'oublie pas de fermer l'autre œil et ça deviendra un atout important pour le combat. Elle retrouve son équipe dans la soute et est satisfaite de les voir tous prêts au combat. A les voir, elle comprend qu'ils ont déjà combattu tous ensemble au moins une fois. C'est parfait. Elle les invite autour d'une table d'armements et leur montre les schémas qu'elle a assemblé, leur expliquant la procédure, les protocoles radios, et précisant certaines choses au sein de l'équipe. Kali, qu'elle a observé attentivement et pense être la plus expérimentée du groupe, sera seconde. Caso est désigné pilote, et Paul co-pilote. Ils resteront à l'extérieur avec la navette. Elle rappelle les objectifs, garder intacte la structure et les données, éliminer tous les ennemis.
Cinq minutes avant l'arrivée, ils grimpent dans la navette, plaisantant, vérifiant leurs armes, leurs armures, leurs casques. Une fois en vol, Shepard leur dit :
« Bon, je suppose que vous savez tous ce que ces bâtards de Cerberus ont fait avant et pendant la guerre. Ce sont des résidus de fils de varrens accouplés avec des yaghs, les raclures de l'univers. Mais ce sont des raclures intelligentes, sournoises, et vraiment barrées dans leur délire de création divine. Alors ne prenez aucun risque inutile, inspectez chaque pièce, enquêtez sur chaque bruit, et n'en laissez pas un seul en vie. Car à notre place, ils nous autopsieraient vivants. Bien compris ? »
Des hochements de tête, des « Oui, chef », des grognements krogans lui répondent. Dernière inspection, dernier rituel pour chacun, l'un une prière, l'autre la récitation des mods de son arme, l'autre encore vérifie les facteurs météo extérieurs. Elie, elle, avale deux pilules rouges, une noire, sourit et prépare ses biotiques. Quand ils touchent le sol, tout le monde sort très rapidement et se dirigent vers l'entrée, guettant des défenses, cherchant les signes de la première équipe d'Aria. Dans un champ à l'ouest de l'entrée du complexe, il voit les traces de ce qui doit être un atterrissage compliqué. Elie décide de placer en surveillance de l'entrée les trois krogans et les trois butariens et se dirige vers les lieux du crash avec les autres.
Le vaisseau, un petit modèle turien semblable à celui qu'avait Elie pour ses premières missions, est dans un très mauvais état. Il y a des impacts de tourelles lourdes, Bingo ! Pense Elie. L'atterrissage a aussi créé beaucoup de dommages sur la coque. Selon Anto, il y avait sept personnes dans le vaisseau, dont le pilote. Quand ils ouvrent le sas, ils trouvent trois cadavres, le pilote et deux turiens. Aucune trace des autres, et rien qui n'indique qu'ils sont allés ailleurs que dans le complexe. Ils retrouvent les autres à cent-cinquante mètres de l'entrée. Aucune défense extérieure détectée, pas de caméras. Ils avancent. Le sas est déverrouillé, ce qui dérange les instincts d'Elie. Si le reste de l'équipe d'Aria est mort, pourquoi les gars de Cerberus n'aurait pas reverrouillé le complexe ? Et si ils ne sont pas morts, où sont-ils ? Ils ouvrent, écoutent. Aucun bruit. Elie dispatche les équipes. Elle envoie à gauche, où elle pense que se trouvent les quartiers du personnel et les hangars de ravitaillement et de logistique, Kali et son équipe, Mirtak, Sepius, Privius, Doro et Cren. Elle part à droite avec Kesanta, Wrortak, Crorlok et Sasvan.
Comme elle l'imaginait, à droite, ils tombent sur des zones de bureaux, des zones de stockages et deux laboratoires. Vides. Elle ordonne à son équipe de fouiller les pièces et fait signe à Kesanta de l'accompagner pour accèder à la salle de contrôle, ou ce qu'elle pense être la salle de contrôle, au bout du complexe. Elle déverrouille la porte et tombe sur la première chose étrange du complexe. Un cadavre de butarien, sur une chaise, devant un écran, au bout de la salle. Elles s'approchent doucement, observent le cadavre. Il semble s'être suicidé. Elie fait signe à Kesanta de faire le tour de la pièce et allume l'appareil. Elle voit des écrans splités de caméras de sécurité. Ils montrent des couloirs dans les étages inférieurs. Elle regarde ce qu'il y a d'autre mais ce terminal ne semble servir qu'à ça. Kesanta a fini son tour et la rejoint. Elle observe un moment les caméras de surveillance, quand à la radio, Kali signale à Elie que sa zone est claire et qu'ils attendent les ordres. Alors qu'Elie transmet aux autres l'ordre de se regrouper près des ascenseurs au centre du complexe, Kesanta sursaute et crie :
« Mouvement !
Elie, surprise, regarde la commando sans comprendre. Puis la voit montrer les caméras et dire :
- Mouvement, étage -3. Merde, mouvement étages -4 et -6 aussi. Déesse combien y a d'étages ?
- Apparemment, vingt-deux. Ça va être long, oui.
- Je n'arrive pas à déterminer ce qui bouge, c'est trop loin des caméras.
Elie appelle à la radio et dit :
- Cren, on a besoin de vous ici, surveillance visuelle, vous serez nos yeux.
- Pas de problème, boss, répond le butarien.
- Kesanta, on y va. »
Elles rejoignent les autres devant le sas qui mène à l'ascenseur. Ils forcent les portes et observent la cage. L'ascenseur est dix étages plus bas. Elie n'aime pas prendre l'ascenseur dans un endroit dont elle ne sait rien. Alors ils vont faire du rappel. Arrivés au -1, ils descendent et refont la même chose qu'au dessus. Pas de cadavres, pas d'agents de Cerberus, rien à part de grandes salles vides, apparemment prévues pour être des dortoirs, des salles de repos ou des hôpitaux. Beaucoup de lits, sans matelas. Sur un terminal, elle récupère les plans partiels du complexe. Vingt-deux étages. La cible principale, la salle de contrôle, celle qui gère vraiment tout le bâtiment, est au -10. Entre le -1 et là-bas, il semblerait que ce soit des laboratoires et des salles non identifiées. Elle décide d'envoyer Kali et son équipe aux -2, -4 et -6, et elle fera les -3, -5 et -7. Après ça, regroupement et ils aviseront.
Elie et son équipe ouvrent silencieusement le sas du -3. Si Kesanta a vraiment vu du mouvement à cet étage, il ne faut pas se planter. Ils arrivent sur un couloir qui part tout droit sur une dizaine de mètres. La mercenaire voit une des caméras dans un angle et demande confirmation à Cren qu'ils sont en direct. Il répond par l'affirmative et l'équipe avance. Avant qu'ils atteignent l'autre porte, ils entendent un bruit, au loin. Un cri. Il glace le sang d'Elie, qui alerte immédiatement par radio qu'il y a peut-être des Furies. L'information crée un bazar abominable car tout le monde se met à parler en même temps à la radio, à demander comment c'est possible et à dire que ce n'est pas possible. De sa voix la plus autoritaire, la mercenaire met fin aux bavardages par un « On sait comment les buter, c'est tout ce qui compte pour l'instant. » Ils ouvrent la porte et entendent à nouveau le cri, toujours loin devant.
L'équipe avance doucement, balayant toutes les pièces qu'ils croisent. Les cris se rapprochent. Ou plutôt, l'équipe se rapproche des cris. Elie est persuadée qu'il n'y en a qu'une, et qu'il vaut mieux pouvoir choisir le terrain où la combattre. Arrivés dans un hall assez vaste, donnant sur des petites pièces remplies de capsules de cryogénisation vides, elle place son équipe puis avance seule vers le cri. Elle va rameuter la bête vers l'embuscade. Elle avance dans le couloir, essayant de ne pas paniquer à chaque fois que le cri retentit. Une dernière porte. Elle sait que le monstre est derrière, à moins d'une vingtaine de mètre. Le problème, c'est qu'elle vient de parcourir plus de cinquante mètres dans un couloir étroit et qu'elle est obligée de s'avancer pour ouvrir la porte. Et après, plus rien n'empêchera la Furie de charger.
Elle avale une pilule rouge, respire, prépare ses biotiques, et ouvre. La bête est en face, de profil. Elle n'est pas tout à fait comme pendant la guerre. Elle semble… Plus électrique. La bête se retourne d'un coup et ses yeux tombent sur la mercenaire. A cette vue, la mercenaire se retourne et charge, une fois, regarde derrière elle, la Furie a crié et charge aussi. Elle est à quinze mètres. Elie charge à nouveau. Même chose, la bête est à une dizaine de mètres et avance. Il reste vingt-cinq mètres avant le lieu de l'embuscade. Elie court, la bête charge encore, elle sent les biotiques crépiter dans l'air juste derrière elle, il reste une dizine de mètres, elle charge, arrive presque au milieu de ses coéquipiers, se retourne… Et la bête charge directement sur elle , une griffe s'abattant directement sur son avant-bras gauche, pénétrant l'armure. Elie tire un coup de fusil à pompe dans la gorge, recule et ses collègues déclenche l'enfer.
« Cette saloperie a abîmé mon nouveau bras, s'exclame Elie une fois que la Furie est tombée.
Son équipe la regarde, tous surpris, et c'est Kesanta qui verbalise leur expression :
- Une Furie version électrique vient de vous faire un câlin et tout ce que vous trouvez à dire c'est qu'elle a abîmé votre bras ?
- Bah oui, il est tout neuf ! Répond impassiblement Elie, provoquant les rires des autres alors que l'asari lève les yeux au ciel. »
Ils ne trouvent plus d'hostiles à cet étage, mais des extraits des expériences menées dans le complexe, notamment sur les colons galariens qui avaient survécus à l'attaque des Moissonneurs mais aussi sur des humains, et bien évidemment des asaris. Le personnel semblait entièrement endoctriné. Normalement, deux mois après la fin de la guerre, ils devraient tous être morts, trop déments pour survivre sans leurs maîtres. Mais rien n'explique pourquoi la Furie, elle, a survécu. Peut-être fonctionnait-elle sur un autre niveau d'endoctrinement. L'autre équipe a déjà fouillé le -2 et commence le -4, sans surprise jusque-là.
Le -5 est une répétition du -3, sans Furie, avec encore d'autres vidéos, d'autres expériences. Quand ils arrivent au -7, Elie, devant le sas fermé, perçoit un vrombissement sourd, permanent, qui provient de l'intérieur. Quand elle demande aux autres si ils entendent, ils répondent par la négative. Ils ouvrent et tombent sur une grande salle. Vide. Au mur, des dispositifs audio, comme des hauts-parleurs, mais étrangement élaborés. Sur un écriteau avant le couloir qui mène au reste de l'étage, un panneau stipulant « zone de traitement ». Le vrombissement devient de plus en plus fort et Elie se retrouve à avoir des spasmes réguliers, comme si ses muscles se rebellaient. Alors qu'elle se tourne pour inspecter une dernière fois la pièce, elle pense voir, au fond, dans le coin, les yeux bleus. Elle se fige et ses coéquipiers s'arrêtent aussi, surpris. Ils attendent en silence. Elie regarde les yeux bleus. Le vrombissement est partout autour d'elle maintenant. Comme une tempête. La mercenaire essaie de comprendre. Regarde le mur. Voit le dispositif. C'est la seule chose. Si elle arrive à détruire ça, peut-être que le vrombissement s'arrête, que les yeux bleus s'en vont. Mais bouger est très compliqué. Alors elle dit, non, elle hurle : « Détruisez ces trucs au mur, maintenant. » Et ses coéquipiers obéissent. Mais le vrombissement diminue seulement. Elle comprend qu'il y en a d'autres à l'étage. Elle ne voit plus les yeux bleus, parvient à nouveau à bouger. Les autres voudraient poser des questions mais son visage les fait taire. Son œil rouge comme le rayon d'un moissonneur les fait taire. Elle ordonne d'avancer, et de détruire les dispositifs audio à vue. Ils acquiescent et la suivent en silence. Le reste de l'étage est calme et une fois tous les dispositifs enlevés, le vrombissement a disparu. C'est comme un poids en moins dans la tête d'Elie. Selon les documents qu'ils trouvent, l'étage servait à accueillir les « visiteurs », les prisonniers, colons survivants et autres, et ils les mettaient dans les pièces simplement, là, debout, pendant des heures. Après, ils étaient emmenés dans les autres laboratoires du complexe pour être « assimilés ».
Elle ordonne aux équipes de se regrouper devant le sas du -9 et ils débriefent rapidement. L'équipe de Kali a rencontré deux Furies et le cadavre d'un des membres d'équipage du vaisseau. Il en reste deux encore à trouver. Rien de plus, à part les vidéos et documents habituels. Elie descend au -10 et Kali commence le nettoyage du -9. Les portes du -10 sont verrouillées avec un programme plus sophistiqué et demande quatre minutes avant de s'ouvrir enfin. Une nouvelle fois, une petite salle, un long couloir, mais au fond, un sas lourdement blindé. Et dans le couloir, six squelettes en uniformes de Cerberus, alignés. Exécutés. L'équipe les fouille pendant qu'Elie hacke la porte. Elle s'ouvre avec un gros grincement et les mercenaires se positionnent immédiatement dans la salle qu'ils viennent d'atteindre. C'est une salle de surveillance centralisée. Elie dit à son équipe de faire le tour pendant qu'elle observe les caméras de sécurité. Elles filment les étages en dessous d'eux. Et ce qu'elle voit lui donne la nausée. A l'étage -11, de nombreux squelettes en uniformes de Cerberus, amoncelés près du sas de l'ascenseur. A l'étage -12, des zombis, bleus électriques, errent, une centaine. Au -13, des cadavres non identifiés, impossible à quantifier. Certains étages sont dans le noir complet. Et ça continue, des abominations, jusqu'au dernier étage. Aria vient de récupérer une fosse commune. Les autres se sont installés un peu partout. Sauf Kesanta, qui a vu le visage d'Elie se transformer et est venue voir ce qu'elle regardait. Peu de temps après, les deux mercenaires partagent la même expression.
Ceux du -9 finissent par les rejoindre, ils ont trouvé d'autres cadavres de Cerberus, quelques zombis et le dernier membre de l'équipage du vaisseau écrasé. Elie trouve le terminal qui gère les tourelles balistiques lourdes, quinze installées sur des astéroïdes en orbite de la planète. Elle les désactive, enregistre les clés de cryptage pour les donner aux équipes d'Aria puis se met en quête d'un système de purge. Cerberus n'est pas assez stupide pour avoir créer un complexe souterrain dédié à des expériences scientifiques affreuses sans un système de purge en cas de problème. Elle fouille les terminaux. Elle en a marre de voir, du coin de l'œil, les zombis qui se baladent, bleus électriques, bleus comme ces putains d'yeux, bleus comme cette Furie… Elle trouve enfin un système de purge. Élaboré bizarrement. Cela ouvrirait des panneaux dans la salle principale de chaque étage, panneaux qui donnent sur un conduit menant, cinquante mètres plus bas, sur des pales tournant à très haute vitesse. Apparemment, les étages sont construits pour permettre qu'une aspiration, qui se déclenche à l'ouverture des panneaux, attirent tout ce qui n'est pas scellé à une mort certaine. Avec joie, Elie, entre les clés d'activation, appuie. Se rend compte qu'une fois de plus elle tue beaucoup de gens d'un coup. Mais ils sont déjà morts. Mais quand même, se dit son esprit.
Après la purge, elle dit à ses hommes de faire des équipes de deux et de fouiller chaque étage purgé. Elle prend Kesanta et part au -11. Devant le sas, même chose qu'au -7, ce vrombissement bruyant, envahissant. Elle ouvre vite, entre et cherche les dispositifs. N'en trouve pas. Ordonne à Kesanta de faire de même. Elles fouillent, et plus elles avancent, plus le vrombissement est fort et moins Elie trouve la force de bouger. Et puis, face à des yeux bleus qui l'entourent de partout, « des yeux bleus, partout », Elie d'un coup disparaît.
Kesanta voit bien que sa chef ne va pas bien. Cela fait une bonne minute qu'elle ne bouge plus. Et d'un coup, elle voit la mercenaire lâcher son arme, son corps se tendre, se distordre d'une façon absolument ignoble pour l'asari. Elle ne sait pas quoi faire, observe sa chef, hésite à appeler les autres en soutien mais pense que ça ne changerait rien. Elle repense au -7, aux dispositifs, refouille les pièces et tombe enfin sur une salle avec, au fond, une baie vitrée, trouée, et à l'intérieur, un de ces dispositifs, mais bien plus grand. Elle se dit qu'il faut le détruire, que c'est ce truc, quoique ce soit, qui fait du mal à sa patronne. Alors elle vise, tire, vide tout son chargeur sur l'appareil, jusqu'à ce qu'il soit réduit en un amas de pièces métalliques. Elle repart rapidement vers Whelps, toujours prostrée, l'air cassé, vide. Comme si ce corps n'avait plus d'âme. Elle s'installe par terre, à côté, attrape une main rigide qu'elle caresse doucement. A la radio, elle dit aux autres qu'elles ont trouvé des trucs intéressants, qu'elles en ont pour un moment, puis reste là, à regarder cette personne étrange, à bien des égards.
Après une éternité, pour Elie, elle se redresse et tombe sur les yeux inquiets de Kesanta. Elie, confuse, lui demande :
« Qu'est-ce qu'on fait là ?
- A vous de me le dire, boss. On est entré, et vous avec commencé à agir comme au -7 et puis c'est devenu pire. Vous avez marmonné un truc sur des yeux bleus. Et puis vous vous êtes prostrée, par terre, je n'ai jamais vu ça. J'ai trouvé un dispositif, comme ce qu'on a détruit plus haut, et je l'ai démoli. Ça n'a pas changé grand-chose. Ça fait dix minutes que je vous surveille. Les autres pensent qu'on a trouvé un truc.
- Ho… Merci. De m'avoir… Merci.
- C'est quoi votre problème ?
- J'en sais rien. N'en parlez à personne s'il vous plaît. Je veux quitter cette base rapidement.
- Je dirai rien, chef. Et moi donc. Cette place est une tombe.
- Comme tout avec Cerberus. Ils font deux choses correctement : des monstres et des vaisseaux. »
Les autres ont continué la fouille. Elie ordonne aux dernières équipes de se dépêcher et de se retrouver au rez-de-chaussée, ils y retrouvent Cren qui a certainement pioncé pendant ces presque neuf heures d'exploration. Ils sortent et Elie verrouille l'accès avec une clé cryptée fournie par Anto. Ils rejoignent la navette, puis le vaisseau. Elle offre à boire à tout le monde, puis va dans sa cabine. Elle avale deux pilules jaunes, s'allonge, et disparaît dans le néant, loin des yeux bleus, des furies, loin de tout.
