-Cassie tient à ce que cette soirée se passe le mieux possible alors vous allez devoir vous plier à certaines conditions.
Voyant qu'il ne comprenait pas très bien où elle voulait en venir, Sam l'invita à entrer.
Il s'avança prudemment dans l'entrée, craignant de devoir se confronter une deuxième fois à sa filleule. Il reconnut les affaires de Teal'c et de Daniel, sur la chaise du hall, et déposa sa veste par-dessus.
-Venez avec moi mon Général.
Le militaire suivi la jeune femme dans les escaliers et il fit de son mieux pour ne pas marcher sur la robe de la maîtresse de maison. Ils empruntèrent un petit couloir et s'arrêtèrent devant la porte du fond. Elle actionna la poignée et le convia à entrer.
-Installez-vous sur le lit mon Général, je reviens tout de suite. Annonça Sam en partant dans la direction opposée.
Jack pénétra dans la pièce et il ne mit pas longtemps à comprendre qu'il était dans la chambre de sa subordonnée.
N'étant pas du tout préparé à se retrouver seul dans l'espace intime de la jeune femme, il se sentit très vite mal à l'aise. Son regard survola alors les effets personnels de la scientifique et il fît de son mieux pour ne pas laisser trop longtemps ses yeux vagabonder au même endroit, de peur de découvrir quelque chose qu'il aurait du mal à oublier par la suite.
Ce n'était certes pas la première fois que le militaire entrait dans cette pièce, mais il n'y était jamais venu en tant que civil et il ne s'était jamais assis sur le lit de la jeune femme.
Pendant ce temps, Sam était descendue dans la cuisine. Elle s'était servie un verre d'alcool et l'avait bu d'un seul trait. Un geste qui pouvait paraître totalement désespéré pour une personne extérieure à sa situation, mais qui avait pour but de lui donner du courage pour le reste de la soirée.
Depuis sa rupture avec Pete le mois dernier, Jack était devenu très présent pour elle. La scientifique avait ressenti de plus en plus souvent le besoin de se confier intimement à son supérieur. Passé le cap de l'étonnement, il s'était montré présent et d'un grand soutient envers elle.
De ce fait, l'attente de leurs petits moments à deux était devenue plus urgente, créant un manque lorsqu'ils n'arrivaient pas à se voir de la journée.
Bien entendu, rien ne s'était vraiment passé entre eux. Ils étaient certes plus soudés qu'avant et plus taquins qu'à l'origine, mais jamais au grand jamais, ils n'avaient franchi le seuil de la fraternisation.
Cela faisait donc deux semaines que la militaire avait pris une grande résolution. Sam n'était pas complètement sereine avec son idée, mais elle souhaitait pouvoir aller jusqu'au bout et ce « contre-temps » lui donnait justement le moyen de parvenir à ses fins.
Elle ressortit de la cuisine pour se rendre dans la salle de bain et prit plusieurs accessoires et outils pour les besoins de la tâche qui l'attendait en haut. Elle arriva les bras chargés, dans sa chambre et se posa sur le lit aux côtés de son supérieur.
-Carter, je peux savoir ce que vous prévoyez de faire ?
Si elle ne le connaissait pas aussi bien, elle n'aurait pas pu déceler la pointe de sarcasme dans sa voix. Elle l'avait invité dans sa chambre et il était mal à l'aise, sa meilleure défense était donc l'attaque. Il espérait la gêner afin de se sentir en contrôle.
Néanmoins, elle devait avancer dans sa quête, avant que Cassandra vienne les réprimander pour le temps perdu. Elle regarda le matériel devant elle et le montra à son supérieur.
-C'est à vous de choisir mon Général.
Ce dernier releva un sourcil interrogateur et sourit du coin des lèvres.
-Carter, vous m'entraînez dans votre chambre et vous me demandez de choisir ce que vous allez me faire ?
Son esprit lui murmura qu'elle avait plus à faire à un enfant qu'à un adulte.
-Je serais sage, si c'est ce qui vous inquiète Monsieur. Vous n'avez aucune crainte à avoir. Dit-elle en levant les yeux au ciel.
-Vous rigolez j'espère, vous vous êtes déguisée en votre double maléfique Carter, j'ai donc toutes les raisons du monde de me méfier de vous.
Jack n'était vraiment pas à son aise. Il se demandait comment son second pouvait rester aussi paisible face à leur situation. Ils étaient seuls dans une chambre et ils étaient séparés par seulement cinquante centimètres de distance, ce qui ne leur arrivait jamais en dehors des missions.
Le militaire ne pouvait s'empêcher de penser que toutes les circonstances, potentiellement dangereuses, étaient réunies, au sein même de cette pièce. Cela ne pouvait que mal finir.
Sam souffla face à son adversaire. Son supérieur avait décidé de lui rendre la tâche encore plus difficile qu'elle ne l'était déjà.
-Fermez les yeux. Dit-elle en perdant patience.
Son côté militaire prenant le dessus sur son côté posé et patient de scientifique.
-Quoi ? S'écria-t-il surpris.
-Fermez les yeux mon Général. Répéta-t-elle le plus calmement qu'elle le put.
L'angoisse de se retrouver complètement vulnérable face à son second, priva Jack de toutes pensées rationnelles.
-Carter que les choses soient claires, il est hors de question que je ferme les yeux.
Sam commençait vraiment à perdre patience et son pied se mit à exercer de faibles, mais rapides, petits mouvements d'agacement.
-Fermez les yeux ou j'appelle Cassie et vous réglerez ça avec elle.
Elle avait beau être clémente et patiente avec lui, elle n'en restait pas moins une militaire.
Face à l'air résolu de son second, Jack s'obligea à écouter ses instructions.
La jeune femme prit une profonde respiration pour se calmer. Il était plus facile pour Sam de se concentrer sur sa mission, maintenant que les deux pupilles chocolatées de son supérieur étaient plantées ailleurs que sur elle. Elle attrapa un crayon noir et tenta de commencer son travail.
C'était sans compter sur Jack qui, avec tous ses sens en éveil, essayait de percevoir les moindres faits et gestes de sa coéquipière et à peine eut-elle posé sa main sur son visage qu'il se recula légèrement, surpris par le contact de la peau de sa collègue sur sa joue.
-Détendez-vous mon Général.
-J'aimerais bien vous y voir.
Voyant qu'elle n'arriverait à rien comme ça, elle choisit une autre méthode.
-Ok, regardez-moi mon Général.
Ce dernier ne se fît pas prier deux fois et ouvrit grand les yeux.
-Monsieur. Commença Sam. Avez-vous confiance en moi ?
Il fut de nouveau surpris face à la question de sa subordonnée. Il accordait certes sa confiance à peu de monde, mais il pouvait sans nul doute affirmer qu'elle était la première personne à qui il confirait sa vie.
-Vous en doutez encore ?
Les yeux de Jack étaient moqueurs et inquiets.
-Répondez simplement à ma question s'il vous plaît Monsieur.
-Pourquoi avez-vous tant besoin d'entendre une chose que vous savez déjà ?
Sam aurait pu répondre qu'elle en avait terriblement besoin pour poursuivre son plan à la lettre, mais c'était se révéler complètement à lui et elle n'en était pas encore tout à fait prête.
-Parce que j'ai besoin que vous me laissiez faire ce que j'ai à faire sur vous. Souffla la militaire avec le plus de sincérité possible. Sans m'interrompre à chaque fois que je bouge.
Jack ne pût pas s'empêcher de sourire face à la réplique de sa partenaire. Se rendait-elle compte, de ce qu'elle venait de dire ?
Ils échangèrent un long regard et Jack comprît qu'il devait lui laisser les rênes. Il tenta de relâcher la pression qui s'était logée dans sa cage thoracique depuis son entrée dans la pièce. Après tout, elle avait raison, il lui faisait bien confiance pour des tâches beaucoup plus dure que celle-ci, alors pourquoi ne pouvait-il pas simplement s'abandonner à elle ?
Parce qu'il s'agissait de Carter, lui souffla une petite voix et que tout ce qui la touchait de près était compliqué. Mais il réussit à isoler cette pensée dans un coin de sa tête et ignora volontairement les signaux d'alerte provoqués par son corps.
-Très bien Carter, allez-y. Soupira le militaire.
Montrant sa bonne fois, il referma les yeux et resta tranquille lorsqu'elle reposa sa main sur lui.
Elle attrapa une éponge et déposa de la peinture rouge dessus. La scientifique avança prudemment vers le visage de son supérieur et tapota progressivement sa peau, lui recouvrant entièrement la tête de la substance rougeâtre. Le teint de ce dernier ne mit pas longtemps à se métamorphoser.
Elle sculpta ensuite ses pommettes avec une poudre noire, de manière à créer un effet squelettique sur ses joues. Puis Sam passa aux sourcils de Jack et les noircit à l'aide d'un pinceau, de façon à accentuer ses traits.
C'était la première fois qu'elle avait le droit de pouvoir toucher ainsi le visage de son supérieur, c'était totalement inédit pour elle.
Sam sentait que sa peau était parfaitement douce et lisse par endroit et qu'elle devenait plus rêche dès qu'elle arrivait au niveau de sa barbe. En l'observant de plus près, elle remarqua que cette dernière avait finement été taillée ce matin même. Elle fît lentement glisser son pouce le long de sa mâchoire et elle se laissa aller à la sensation de sa peau sous la pulpe de ses doigts.
Puis elle se rappela qu'il lui avait accordé sa confiance et qu'elle n'avait pas le droit d'en profiter. De plus, il restait toujours son supérieur. Elle traça alors un trait d'eye-liner sur ses paupières et l'invita à rouvrir les yeux une deuxième fois. Elle répéta son geste sur ses paupières inférieures et à son plus grand étonnement, il se laissa faire.
Jack avait ressenti la caresse que Sam avait effectuée sur son visage. Il ne s'en était pas plaint et avait apprécié silencieusement le geste, mais il se demandait tout de même pourquoi la jeune femme s'était laissée aller à un tel comportement.
En général, elle était la plus forte des deux à respecter leur distance de sécurité. Une distance qu'ils avaient mise en place après le test Zatarc et qui leur avait permis, à de nombreuses reprises, de rester forts face à leurs sentiments et de toujours rester professionnels.
De son côté, Sam continuait de peaufiner le maquillage de l'homme qui se tenait face à elle, et tout en déposant une fine couche de mascara sur les cils du militaire, elle sombra dans son regard chocolaté.
Durant tout ce temps, Jack l'avait observé avoir des gestes doux et précis avec lui et voilà qu'il se retrouvait désormais perdu dans l'océan rougeâtre des yeux de sa subordonnée.
Un ange passa dans la chambre de celle-ci et Sam suspendit son mouvement. Ils étaient rivés l'un à l'autre, comme deux aimants se rejoignant enfin après une longue séparation. Leurs cœurs se mirent à battre plus vite et plus fort, trouvant instinctivement une union commune. Ils avaient pleinement conscience de l'attraction de leur corps, mais aucun des deux ne put stopper cet effet.
La scientifique réussit tout de même à dévier son regard et glissa sur les lèvres de Jack. Perdant un peu plus pied, elle se força à se reculer pour poursuivre le maquillage de son supérieur.
La résolution que la jeune femme avait prise plus tôt était de trouver un moyen d'enlever cette tension entre elle et son supérieur. Chose qui n'était déjà pas facile, mais qui devenait encore plus compliquée en présence du militaire.
Sam s'attaqua alors à sa bouche. Elle prit un rouge à lèvre noir et l'invita à entrouvrir ses lèvres afin de déposer sur la partie charnue de ces dernières la matière adipeuse du tube.
Encore une fois, c'était une partie de son corps qui lui était habituellement interdite et pouvoir les contempler de si près, lui fît prendre conscience du moment unique.
Elle sentît le rouge monter à ses joues et une forte chaleur se propager dans tout son être. Son corps à l'insu de son cerveau décida de s'avancer plus près de lui et mécaniquement elle se mordit la lèvre inférieure. Quelques centimètres la séparaient de la bouche de Jack et elle n'aurait eu aucun mal à l'embrasser si elle l'avait voulu.
Son souffle devint subitement plus saccadé et elle pouvait très clairement sentir le regard enflammé de son supérieur sur ses mouvements. Il faisait de son mieux pour contrôler sa respiration lui aussi, mais ils étaient tellement proches qu'ils n'avaient aucun mal à échanger le même souffle.
C'était exactement pour cette raison que Jack n'avait pas souhaité fermer les yeux et s'abandonner à elle la première fois. Parce qu'ils avaient beau être tous les deux très forts pour passer au-dessus de leurs sentiments, ils n'en restaient pas moins complètement sensibles aux charmes de l'autre, lorsqu'ils se retrouvaient dans ce genre de situation.
La tension était électrique et Sam eut besoin de toute sa concentration pour terminer son maquillage. Elle referma le rouge à lèvre et se recula pour admirer son œuvre. Jack l'en remercia silencieusement. S'ils étaient restés dans cette position encore deux minutes de plus, il aurait fini par craquer et l'embrasser. Son cœur se remit à battre normalement et il ferma les yeux le temps de reprendre un souffle plus neutre.
Il sentît alors une nouvelle chaleur envahir sa tête. Il rouvrit les yeux et aperçut les mains de sa subordonnée près de son visage. Elle était en train de déposer quelque chose sur son crâne et il s'abandonna une fois de plus à elle.
Sam laissa traîner ses doigts dans les cheveux de son supérieur et si le moment dura plus que de raison, Jack ne fît rien pour l'arrêter. Elle finit tout de même par le libérer de son emprise et se leva du lit.
-Venez voir.
Elle l'invita à se mettre devant la glace de son armoire. Ce qu'il fît après un temps de réflexion. Ne se reconnaissant pas lui-même, il amena ses mains à son visage, comme pour vérifier qu'il s'agissait bien de lui.
-Wow, Carter vous êtes vraiment très douée.
La militaire, les joues en feux, prit le compliment. Elle le laissa se regarder encore un instant et commença à sortir de la pièce.
-Carter ?
Il lui attrapa le poignet avant qu'elle ait eu le temps de s'échapper de la chambre et il la retourna face à lui.
-Monsieur ? S'exclamat-elle surprise. Nous devrions redescendre, Cassie ne va pas tarder à venir nous chercher.
-Je voudrais simplement savoir… Commença Jack. Pourquoi avoir choisi le diable ?
Il s'observa une dernière fois dans la glace avant d'ancrer son regard dans celui de Sam. Les cornes qu'elle lui avait glissé sur la tête et ce maquillage parfaitement réalisé, ne laissait aucun doute à Jack sur son déguisement.
Sam se questionna sur le degré de franchise qu'elle se devait d'avoir envers lui. Cela faisait plus d'un mois qu'elle se sentait seule quand elle rentrait chez elle. Cassie n'étant plus souvent à la maison et Pete aillant été chassé de sa vie, elle n'avait plus personne.
Sur son îlot de solitude, il était le seul à lui porter une attention particulière et elle en avait vraiment besoin. C'est pourquoi elle était terrifiée à l'idée de le perdre.
La militaire finit tout de même par se souvenir de sa résolution.
Elle avait fait le bilan de ses dernières années et elle s'était rendu compte qu'elle n'avait cessé de mentir à tout le monde. D'abord, à Pete, à qui elle avait fait croire que son amour pour elle était suffisant pour un avenir à deux.
Puis à elle, en essayant de se convaincre que le seul chemin pour construire une famille était de s'abandonner au premier homme qui lui présentait un peu d'attention, oubliant par la même occasion tous les signaux d'alerte qui lui affirmaient le contraire.
Et enfin, à la terre entière en essayant de cacher à tous son amour pour son supérieur.
Tous ces mensonges qui avaient brisé Pete, blessé son supérieur et déçu ses amis, étaient désormais en train de la noyer.
Alors, elle s'était fait une promesse.
Cesser une bonne fois pour toute de faire semblant.
C'est pourquoi en parfaite maîtrise de ses mouvements, elle se rapprocha de son supérieur et fît glisser sa main dans la sienne.
Les yeux du Général tombèrent alors sur leurs mains jointes, surpris et ne sachant pas quoi faire face au comportement de sa subordonnée, il remonta son regard sur le visage de la scientifique.
-Vous resterez toujours ma plus grande tentation. Avoua-t-elle dans un souffle.
Cassandra déboula à cet instant précis, dans la chambre, sans frapper.
- Sam Teal'c a presque mangé tous les bonbons. Se plaignit l'adolescente. Vous avez fini tous les deux ?
Hello campeurs!
J'espère que ce nouveau chapitre vous aura plus. Je sais, je suis sadique de vous laisser la-dessus ;P
Merci pour les premières reviews, ça fait toujours plaisir de lire vos gentils mots.
Encore merci à Gynnie pour son travail de correction!
La suite la semaine prochaine. Dites-moi ce que vous en avez pensé.
Bye à bientôt
