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Les Fins - Jamais fini

04. Distraction

Le Paradis, par définition, était paradisiaque. Par contre, pour un chasseur, - surtout un qui n'avait connu et consacré presque toute sa vie qu'à la traque - trouver des activités et de l'occupation était un défi.
Arrivée la première dans l'au-delà, Max avait eu la malchance de constater l'absence d'armes au Paradis. Et donc, de moyen de s'amuser, pour elle. Durant tout le temps où elle était restée seule, elle s'était distraite en fabriquant certaines.
Toutefois, plus tard, à l'arrivée de Sam et Dean dans Baby, elle ne fut pas plus surprise que ça quand elle découvrit que les seules armes à feu, disponibles dans l'entièreté du Paradis, s'étaient avérées toutes être contenues dans le coffre de l'Impala. Sans jamais le formuler comme tel, Castiel avait laissé sous-entendre que le coffre de Baby avait été gardé à l'identique pour permettre à Dean de se défouler quand il aurait besoin de s'occuper l'esprit en cas de nécessité.
Tout ce qui touchait de près ou de loin à l'Impala était un sujet sensible. Il fallut beaucoup de tractations entre les frères pour que l'aîné accepte de donner une arme à son cadet, sa belle-sœur et son neveu. Se protéger seul laissait de mauvaises habitudes. Ayant passé une vie un pistolet sur soi ne pas en détenir un donnait l'impression d'être nu, vulnérable.
Sam avait appris que tant qu'elle vécut seule, en attendant sa venue et celle de leur fils, Max s'était recréée quelques armes. Depuis, elle continuait d'en produire. C'était devenu un passe-temps comme un autre : fabriquer du matériel de chasse à détruire soi-même en s'entrainant. Un hobby qui était devenu celui de son mari également.
Et ce qui semblait être le plan de Max s'avérait être de prendre quelques-unes des machettes, pieux, et autres, les tester jusqu'à ce qu'ils soient hors d'usage. Ça allait prendre un moment. Tant mieux, c'est ce dont elle avait besoin : du temps à tuer pour occuper l'esprit de Sam.

Esquivant Buddy - sortit dans le jardin en trombe - et descendant de la petite terrasse, la chasseuse attrapa le matériel que Sam avait fabriqué et oublié de ranger : des bokkens¹ - un peu tordus au demeurant. Elle attrapa deux des armes rudimentaires avant de se retourner pour vérifier si son mari la suivait. Max lança une de ses nouvelles acquisitions à Sam qui l'attrapa sans peine.
- Ce serait dommage de perdre la forme.
Le chasseur lui répondit avec un sourire en coin.
- Au Paradis ? Tu sais qu'on ne peut pas perdre la forme, ici ?
Max s'approcha de Sam pour l'embrasser. Avant de toucher ses lèvres, elle crocheta les jambes de son mari avec son katana en bois. Le chasseur tomba lourdement au sol.
- Tu es sûr de ce que tu racontes ? Pourtant, il t'en faut peu pour être distrait.
- D'accord, madame Winchester : jouons, dit-il en se relevant.

Pendant un temps, les pensées de Sam ne furent pas prises d'assaut par Dean et les problèmes qu'il pouvait bien avoir : Max savait garder l'attention de ses opposants sur elle. C'était ce qui avait causé sa mort.
Le chasseur se rendait bien compte que sa femme faisait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas le laisser retomber dans sa tristesse. Il sentait bien qu'elle s'investissait plus que de raison pour ne pas le laisser replonger dans un état proche duquel elle l'avait connu. Quand il avait été incapable de faire son deuil et prenait des risques inconsidérés pour rejoindre Dean dans la mort.
- Je jette l'éponge, rigola Sam.
- Même pas en rêve mon chéri. Allez, on continue.

Toujours autant en forme qu'à la première seconde où ils avaient commencé leur combat, Max demeurait bien déterminée à continuer. Aucun des deux combattants n'étaient épuisés ou en sueur. Peu d'évènements pouvaient fatiguer ou blesser une âme dans l'au-delà.
Sans baisser sa garde, espérant distraire sa femme pour pouvoir l'attaquer par surprise, le chasseur continua à parler.
- Je sais ce que tu fais. Tu ne lâcheras pas l'affaire, n'est-ce pas ?
- Jamais. C'est pour ça que tu m'aimes, affirma Max avec aplomb.
Sam soupira : elle avait raison. De toute façon, il n'aurait jamais pu tomber amoureux d'une personne moins têtue que lui.
Abandonnant l'idée de continuer le combat, il jeta son arme au sol. Avança vers sa femme. La souleva de terre pour la jeter sur son épaule.
- Allez, il y a mieux à faire.
Il sentit le souffle de Max se couper à cause de la position. Cependant, n'ayant plus besoin de respirer au Paradis, elle réussit à articuler.
- J'ai dit, plus tard.
D'un mouvement fluide, elle se laissa glisser dans le dos de Sam et lui asséna un coup à l'arrière du genou, le faisant tomber lourdement. Le chasseur après avoir grogné de mal et lâché quelques jurons se redressa sur son coude en restant allongé. À son côté, sa femme, assise sur ses talons l'observait.
- Quoi ? Je sais marcher tu sais, dit-elle innocemment.
Sans rien dire, ils se regardèrent un long moment. Lui, avachi sur le gazon ; elle toujours accroupie, assise sur ses talons. Sam était heureux d'avoir sa femme à ses côtés. Ils rattrapaient autant qu'ils le pouvaient les décennies de séparation dues à la mort prématurée de Max. Et ce genre de moment, lui avait manqué : elle comprenait ce qu'il taisait, puis elle lui bottait le cul et tout le monde était content.
La chasseuse se redressa pour se diriger vers leur maison. Buddy - qui tournait autour d'eux et pressé - la suivit en courant. Sam les regardait avancer. Par-dessus son épaule, elle le nargua.
- Il est "plus tard", tu viens ?
Pressé, un immense sourire aux lèvres, il se leva et se dirigea vivement vers le bâtiment.
- J'arrive.


Note de bas de pages :

¹ Bokken : sabre japonais en bois imitant la forme du katana


Ce chapitre n'est que de l'exploration de monde. Il reste un des passages que j'ai préféré écrire.