En horlogerie, "accotement" est un frottement anormal de deux pièces qui gêne leur mouvement. Tout comme dire "accoter quelqu'un/quelque-chose" signifier "soutenir en étant au contact de".
Je n'ai pas pu choisir entre les deux. Donc, j'ai fait un peu les deux.
Tw Alcool
Les Fins - Jamais fini
13. Accotement
Très longtemps, l'ange resta assis sans faire autre chose que de boire sa bière - dont il ne percevait même pas le goût. Dean, lui, n'arrivait même pas à approcher la bouteille de ses lèvres, aux pries avec ses réflexions.
Le chasseur sortit de la torpeur dans laquelle il se complaisait : ils devaient parler et il en était bien conscient.
- Cass. Depuis un moment, j'ai besoin de beaucoup d'espace.
Il laissa un instant de silence, espérant que Castiel le comble. L'ange avait bien l'intention de le laisser parler sans lui accorder la moindre aide.
Dean eut un sourire en coin, synthèse entre exaspération de devoir faire un exercice qui ne lui plaisait pas (exprimer ses sentiments), devoir enfin oser le faire, et le soulagement d'essayer.
- D'accord, répondit-il pour lui-même devant l'absence de réaction de Cass.
Il posa sa bière sur l'îlot central, colla le bas de son dos au meuble avant de placer les bras en arrières pour prendre appui.
- Désolé de la barrière que j'ai érigée. Je devais être seul un moment.
Aucune réponse du côté de Cass. Dean se mordit les lèvres, regarda ailleurs, avant de continuer.
- C'était égoïste. J'ai cherché après toi pendant longtemps, allant jusqu'à créer le pendule.
À la mention de celui-ci, le chasseur regarda son poignet. Le pendule faisait preuve d'une immobilité rare, pointant vers Castiel même quand Dean le faisait légèrement bouger. Cette réaction du traqueur le laissait toujours admiratif. La puissance qu'un si petit objet pouvait contenir l'impressionnait.
Sortant de ses réflexions, le chasseur reprit.
- Je t'ai poursuivi. Appelé en permanence. Demandé des explications. Et pourtant, quand j'ai eu tout ce que je voulais, j'ai exigé que tu me laisses de l'espace.
Affichant un détachement qu'il était loin de ressentir, Castiel écoutait attentivement, ne perdant pas une seule seconde de ce qui se passait. Emmagasinant tout ce qu'il pouvait.
Parlant peu de ce qu'il ressentait, Dean commençait à se sentir mal à l'aise, en danger. Tout cela, Cass le ressentait à travers la marque qu'ils partageaient, le lien qui les unissait en tant que famille. Dean savait que l'ange ressentait tout ce qu'il vivait. Il commençait à lui en vouloir de ne pas l'aider.
- Nous sommes liés, je n'ai pas envie qu'il en soit autrement. Pourtant, c'est trop pour moi. Être lié empathiquement à Sam et émotionnellement à toi, c'est bien trop pour moi.
Le formuler à haute voix le rendait vulnérable.
Seul le silence de Castiel lui répondit.
Pour lui-même, Dean acquiesça de la tête avant de continuer cette conversation qui le torturait. Parler de ses sentiments n'avait jamais été facile. En parler devant quelqu'un qui n'avait aucune réaction était infiniment compliqué.
Tendu à l'extrême, il ferma les yeux, se força à respirer calmement avant de reprendre.
- Je me suis toujours senti... Comment dire... J'ai toujours été une malédiction qui s'accroche à ceux qui m'aime, ceux que j'aime.
Il souffla profondément avant de continuer.
- Savoir que ce n'est pas le cas est différent que d'en avoir la preuve, d'en être convaincu.
Regardant Castiel pour la première fois dans les yeux depuis le début de cette conversation à sens unique, Dean continua.
- Vous être liés ainsi - à Sam et toi -, ce n'est plus en être convaincu. C'est en être marqué au fer rouge. Je le sens dans chaque parcelle de mon âme, que vous tenez à moi, que vous m'aimez.
Un sourire furtif et douloureux apparut aussi vite qu'il ne disparut du visage du chasseur.
- Je ne comprends pas comment c'est possible. Je ne comprends pas tout cet amour sans borne, alors que je ne m'aime pas moi-mê-
C'était le maximum que put dire Dean. Il quitta sa position avant de se mettre à arpenter la cuisine. Sans réaction de la part de Castiel, le chasseur sortit et se dirigea vers la sortie du bunker. Il devait respirer, loin du bunker. Loin de cet amplificateur émotionnel recréé à son attention par Jack et Castiel.
Avant qu'il n'ait pu atteindre la sortie - près de la table gravée des initiales et des noms de la famille de Dean - Castiel atterrit et attrapa le bras du fuyard. Le chasseur se débarrassa de la main qui le retenait.
- Dean, je suis désolé de t'avoir laissé faire tout ce chemin pour me parler.
- Si tu en es tellement désolé, pourquoi ne pas intervenir plus tôt ?, s'énerva le chasseur.
Cass détourna le regard une seconde avant de planter ses yeux dans ceux de Dean.
- Je t'ai laissé faire, parce que...
Les mots avaient du mal à sortir.
- Parce que, c'est ce qui va arriver si tu draines la magie contenue dans le pendule...
De la main droite, Cass attrapa le bras gauche de Dean. L'ange regardait tristement leur marque commune. L'ange pointa la partie effilée du pendule enroulé autour du poignet du chasseur.
- Quand tu en auras drainé sa magie, nos marques en seront vidées également. Après l'opération, elles ne seront plus que symboliques, si elles ne s'estompent ou ne disparaissent pas.
Ce que disait Castiel n'avait pas de sens pour le chasseur en cet instant.
- Ce lien qui te semble si pesant. Tu en seras débarrassé.
Cass laissa une seconde passée.
- Cette promesse d'être une famille, d'être un ensemble. Tu en seras débarrassé.
Difficilement, Dean avala sa salive. L'information était trop grosse pour être directement assimilée.
- Mieux vaut que tu sois au courant. Mieux vaut t'y habituer dès maintenant.
Une alarme liée aux protections du Paradis attira l'attention de Castiel. Il lâcha le bras de Dean. Avant que celui-ci ne tente de le retenir, Cass s'était envolé, laissant les doigts du son âme sœur se refermer sur le vide.
Second moment perso en approche...
Parler de ce que je ressens est compliqué : j'en dis (beaucoup) trop ou pas assez...
Ça a probablement déteint sur ce chapitre.
