Merci de continuer à lire cette histoire !
Excellente lecture à vous.
Les Fins - Jamais fini
18. Brisure
La léthargie forcée dans laquelle se trouvait Dean s'éternisa.
Ne voulant pas la laisser dans l'expectative, Castiel finit par aller trouver Jo pour lui expliquer que les recherches allaient sans doute durer plus longtemps que ce qu'il ne pensait.
Malgré la torpeur dans laquelle la chasseuse était plongée depuis l'incident du bunker, sa déception fut sans fond. Elle désespérait de retrouver sa mère et d'enfin vivre la paix qu'elles méritaient.
- Je ne peux rien faire de plus pour l'instant, s'excusa Castiel. Je sais que ce n'est pas ce que tu as envie d'entendre.
- Ce n'est rien de le dire.
L'ange voulut rassurer Jo.
- Le Paradis ne s'est pas encore habitué à ta présence, ton jardin personnel ne s'est pas encore matérialisé. Il faudra sûrement encore un peu de temps avant que tout ne se met en place. En attendant, j'ai demandé à Sam et Max de te garder chez eux. Ils ont accepté avec joie.
La chasseuse répondit par un drôle de bruit, se situant entre l'énervement et l'exaspération.
- Merci quand même.
Ne comprenant pas le sarcasme de Jo, l'ange répondit.
- De rien.
Avant de s'envoler.
Après le sommeil étonnamment long de Dean, il fut décidé qu'ils se rassembleraient tous au bunker. Dans un premier temps, Sam et Castiel s'y étaient opposés. Il fallut toute la persuasion de Max et Kid, ainsi que celle des Mary et John, avec l'insistance de Jo pour leur faire entendre raison. Bobby fut la voix de la sagesse quand il les appela tous "idiots" en faisant remarquer que le seul endroit où les recherches pouvaient continuer était l'étrange bibliothèque présente dans le bâtiment des Hommes de Lettres.
Dean installé à l'une des tables de la salle de lecture - Buddy judicieusement placé sur ses genoux pour se faire gratter la tête sans que la position ne soit inconfortable pour l'un ou l'autre - attendait l'arrivée des autres.
Exaspéré par les regards insistants de Castiel, le chasseur se décida à arrêter de l'ignorer.
- Ça ne sert à rien de m'observer comme ça : je vais bien.
L'ange se leva du plat la table sur laquelle il s'était assis, avant de s'avancer vers Dean.
- Laisse-moi en juger, dit Castiel en avançant main tendue pour toucher le front du chasseur.
Celui-ci eut un sursaut - dérangeant Buddy qui grogna en signe de protestation.
- Même pas en rêve, Cass.
La réaction de Dean blessa Castiel. L'ange arrêta son mouvement et leva les mains pour signifier qu'il ne le toucherait pas. Le chasseur se réinstalla correctement. Buddy en profita pour reprendre sa place. Quand ce fut fait, le chien se tourna vers Castiel et émit un éternuement de protestation à son attention.
- Même Buddy n'a pas envie, tu vois.
- Dean.
- Non, Cass. Tu restes où tu es.
Il en coutait cher au chasseur de tenir son autre moitié à distance.
- Dean, commença Castiel.
- Non, Cass. Je sais, pourquoi tu as fait ça. C'était la seule chose à faire. Juste, ne me touche pas pour l'instant.
L'ange acquiesça de la tête, aucun son n'arrivant à passer la barrière de ses lèvres.
N'insistant pas, Castiel resta là où il s'était arrêté. Il tentait de maîtriser l'angoisse de Dean qui coulait à travers leur lien. Pour y arriver, il ferma les yeux, essayant de ne pas se laisser distraire par les alarmes incessantes des sceaux de protection et la brûlure du regard de Dean l'observant.
Quand il s'en sentit capable, l'ange s'assit sur la chaise en face de Dean, de l'autre côté de la table.
Installé à la table de lecture gravée, attendant l'arrivée des autres chasseurs, Buddy sur ses jambes, Dean passait distraitement la main sur les lettres sculptées sur le plateau en bois. Il trouvait ça idiot de passer son temps à toucher du bout des doigts les gravures. Pourtant, ça le calmait.
Il savait avoir besoin de toute sa concentration pour ne plus se laisser submerger de nouveau par ses émotions. Autant utiliser un point d'ancrage puissant : sa famille. Justement, ce que symbolisait toutes ces initiales et prénoms.
Il fallut un peu plus de temps au chasseur pour tenir son stress en laisse. Une fois que cela fut fait, il tourna la tête vers l'ange pour l'observer avec autant de nonchalance qu'il était possible pour lui d'afficher à cet instant.
Un temps passa avant que le silence ne soit rompu.
- Buddy ? Kid l'a laissé pour m'aider ?, fit le chasseur en caressant la tête de l'animal.
- Oui, il s'est dit qu'il pourrait te calmer quand tu te réveillerais.
Un petit sourire en coin s'épanouit sur la figure de Dean.
- Le gamin est doué.
- Il s'en veut surtout, énonça factuellement Castiel.
Repensant à tous les évènements qui avaient amené à cette convalescence forcée, Dean se crispa un peu. Buddy bougea légèrement son museau pour lécher la main de son maître, l'apaisant presque aussi vite. Un bref exercice de respiration - totalement inutile - plus tard, le chasseur se sentit mieux.
Un minuscule sourire crispé plus tard, en repensant au malaise de Kid lors de sa confession, Dean continua.
- Je sais.
Buddy sauta des jambes de son maître avant de courir à toute vitesse dans les escaliers. À mi-chemin, il fit tomber à la renverse le neveu de Dean. Tournant légèrement la tête, le chasseur regarda son jeune homonyme.
Celui-ci se lança.
- J'aimerais-
Avant de pouvoir continuer, Dean le coupa.
- Pas besoin, Kid. T'en fais pas. J'aurais fait la même chose que toi, tu sais. En fait, j'ai fait la même chose. Quand on a été mis au courant de l'existence desSupernatural, ton père et moi en avons lu une partie chacun. Il y a des choses qu'il aurait aimé ne pas savoir, et il a des choses que j'aurais préféré ne jamais connaître.
Pour la première fois depuis son réveil, Dean semblait arborer un vrai sourire. Kid sourit timidement, toujours gêné d'avoir lu sur la vie de son père et son oncle. Le plus vieux des Winchester, se réinstallant correctement sur sa chaise, fit signe au jeune chasseur de s'asseoir à table. Ce qu'il accepta tout de suite. Suivit de Buddy qui s'installa entre les deux générations de Dean.
Le manège du chasseur n'échappa pas à Castiel : Dean se forçait à agir nonchalamment pour donner le change, comme à l'accoutumée.
Quand tout le monde fut arrivé et enfin installé, Dean demanda intrigué.
- Où sont maman et papa ?
Son cadet regarda ses pieds avant de relever la tête, en se frottant les mains sur son jean.
- Ils ont préféré ne pas venir. Ils ont pensé que leur présence allait surcharger le lieu.
La déception brilla dans le regard de Dean. Castiel ressentit une vive brûlure traversant l'entièreté de son bras droit, tandis que Sam ferma les yeux sous l'impact du chagrin qui le submergeait.
Voyant les réactions qu'il provoquait, Dean se força à dissiper ses sentiments négatifs. Comme il l'avait toujours fait.
Rien n'échappa à Sam ou Castiel, connectés avec lui, mais surtout bien trop rodés à ce genre de réactions.
Afin de ne pas raviver la peine de Dean, tous deux firent comme si rien ne s'était passé. Ils en avaient assez l'habitude pour que leur cinéma échappe aux moins attentifs. Leurs réactions auraient pu passer inaperçues s'ils ne s'étaient pas tous trouvés entourés de chasseurs. De chasseurs qui les connaissaient parfaitement de surcroit.
Je voulais ce chapitre comme un gros retour en arrière pour Dean. Se dire que toutes ses vieilles habitudes étaient là quelque part et que très vite, il est possible d'y replonger. Même - surtout - quand on n'y fait pas attention.
