RÉSUMÉ : Après la guerre, Fred et George décident d'engager Hermione, fatiguée et perdue, chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux. Hermione, qui n'y voyait qu'un moyen de faire une pause dans sa vie, ne pouvait pas imaginer qu'elle trouverait l'amour dans une boutique aussi incroyable que magique.
N/A : Merci à toutes et tous pour l'accueil que vous avez réservé à Un Job Magique [UJM] ! Je suis très touchée de retrouver certains d'entre vous et enchantée de rencontrer de nouvelles personnes.
J'espère que les aventures de Hermione & Fred vous plairont.
Contrairement à mes autres histoires, UJM est vraiment centrée sur Hermione & Fred. Il y aura quelques histoires annexes, mais l'histoire est vraiment focalisée sur leur couple. Je ne sais pas si cela va tenir, car j'ai toujours du mal et toujours l'envie d'explorer les histoires de personnages secondaires (les lecteurs du Refuge le savent très bien), mais je vais faire de mon mieux pour ne pas trop m'étaler.
Petite précision, quand j'écris "WWW" je parle de la boutique des jumeaux qui, en anglais, s'appelle "Weasleys' Wizard Wheezes". Le nom français va rester pour les dialogues, mais je trouve que l'abréviation est plus sympa en anglais.
S'agissant du rythme de publication, je vais essayer de publier régulièrement. J'aimerai, idéalement, vous proposer un voire deux chapitres par semaine, mais je ne promets rien. Et je n'ai pas de jours de publication spécifique, je publie dès que j'ai l'envie et surtout le temps.
Bonne lecture !
B – BIENVENUE
Bienvenue – Saluer l'entrer de quelqu'un qui est accueillie avec joie.
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22 AOÛT 1998 – APPARTEMENT DE GRED ET FORGE
– Bienvenue chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux, dit Hermione dans un sourire qu'elle espérait convainquant.
– Recommence.
– Bienvenue chez...
– Non, ça ne va pas.
– Qu'est-ce qui ne va pas maintenant ?
– Tu ne souris même pas !
Hermione soupira avant de jeter un regard glacé à Fred en se demandant ce qu'elle faisait ici.
Elle était passée par la cheminette du Terrier pour arriver à l'appartement des jumeaux, très tôt ce matin.
Elle avait pensé commencer rapidement la vente et accueillir les clients, mais Fred avait insisté pour qu'ils « répètent » en arguant que c'était indispensable si elle voulait « survivre en ce premier jour ».
– Ça fait deux heures qu'on est là-dessus, on ne peut pas juste avancer ? demanda Hermione d'une voix déjà fatiguée.
– Non. La première impression est toujours la bonne. On dirait que tu n'as pas envie d'être là, remarqua Fred qui semblait trouver la situation très amusante.
Hermione se força à inspirer et à expirer et à sortir ses envies d'Avada Kedavra de sa tête.
Fred la regardait avec un sourire narquois et elle était persuadée qu'il se plaisait à la faire mariner dans son chaudron depuis ce matin, sans doute pour se venger de toutes les fois où elle lui avait retiré des points à Poudlard.
Évidemment, Fred était rancunier. En témoignait ses cheveux roux qui n'avaient toujours pas changé de couleur depuis la veille, bien au contraire ! La couleur était de plus en plus vive et Hermione se demandait si elle retrouverait un jour sa chevelure brune.
– Bien sûr que j'ai envie d'être là, marmonna Hermione sans grande conviction.
– Tu devrais être heureuse de travailler pour nous, fit Fred en arquant un sourcil. Deux garçons intelligents, amusants et...
– Insupportables, ajouta Hermione.
Fred porta la main à son cœur, l'air blessé.
– Nous t'offrons un emploi, nous t'offrons un toit...
– Tes parents m'offrent un toit, corrigea Hermione.
– ... et voilà comment tu nous remercies ? continua Fred sans faire mine de l'avoir écouté.
Hermione ne put s'empêcher d'éclater de rire, avant que le visage de Fred ne se fende d'un sourire ravi. Comme s'il n'avait attendu que ce moment où Hermione allait se détendre et sourire sincèrement.
– Dis-le maintenant, dit Fred en tenant ses deux bras en sa direction.
– Bienvenue chez Weasley, Farce pour Sorciers Facétieux.
– Parfait ! s'écria Fred en essuyant une larme imaginaire. Maintenant on peut passer à la deuxième partie. Répète après moi "que puis-je faire pour vous ?".
Hermione attrapa un coussin sur le canapé et le lança de toutes ses forces en direction du rouquin, qui se prit l'objet du crime en pleine poitrine, portant la main à son cœur et fit semblant de tomber en gémissant.
– Elle m'a tué ! À moi !
– Je vais m'en sortir, assura Hermione sans même prêter attention à Fred toujours gémissant à terre. Ce n'est pas si compli…
Fred se releva avec une agilité et une rapidité surprenantes, pour se précipiter sur elle en posant sa main droite sur sa bouche tout en faisant les gros yeux.
– Ne dis surtout pas ça Granger. Tant que tu n'as pas fait une journée dans la boutique, tu ne sais pas ce que c'est. C'est plus fatiguant que tu le penses.
Hermione se dégagea brusquement et le fusilla du regard.
– De quoi ? Dire bonjour ?
– Non les clients, rectifia Fred avec un air supérieur qui voulait dire qu'il en savait plus qu'elle. Ils peuvent être difficiles à gérer, certains ne sont pas agréables, ils vont te demander des choses précises, ils peuvent être tatillons et parfois franchement agaçants.
S'il y avait bien une chose que détestait Hermione Granger c'était se sentir inférieure à quelqu'un ou ne pas savoir quelque chose. Et, à ce moment précis, elle était persuadée que Fred cherchait à lui faire peur. C'était une blague, tout au plus. Elle ne voyait pas ce qu'il y avait de compliqué dans le fait d'accueillir des clients, de sourire et de leur conseiller des produits.
– Tu dois connaître tous les produits de notre boutique, pour les conseiller, insista Fred qui voyait bien qu'elle ne le croyait pas.
– Je les connais déjà, souffla Hermione en levant les yeux au ciel.
Fred plissa les yeux, avant qu'un sourire malicieux (qui ne plaisait pas du tout à Hermione) étire son visage.
– Très bien, mise en situation.
Fred prit Hermione par le bras et l'installa derrière l'ilot central de la cuisine, pour prétendre qu'il s'agissait d'un comptoir. Hermione haussa un sourcil et plaqua finalement un sourire sur son visage en voyant Fred faire semblant d'arriver dans la cuisine (qui représentait la boutique) et regarder autour de lui.
– Bienvenue chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux, dit Hermione en se retenant d'éclater de rire en voyant Fred passer ses doigts sous son menton en le caressant comme s'il avait une barbe.
– Je cherche un cadeau pour mon fils, expliqua Fred d'un ton assez sec qui fit froncer les sourcils de Hermione.
– Euh... oui, bien sûr, fit Hermione en tentant de se reprendre. Qu'est-ce que vous cherchez exactement ?
– Je ne sais pas, répondit Fred d'un ton toujours distant. Quelque chose qui n'est pas dangereux.
Hermione haussa un sourcil, son cerveau réfléchissant à toute allure en tentant de chercher un produit de chez Fred et George qui ne soit pas dangereux. Sécurité et jumeaux Weasley n'allaient pas du tout ensemble.
– Quel âge a votre fils ? demanda Hermione.
– Sept.
– C'est pour une occasion particulière ?
– Anniversaire.
Hermione tenta de ne pas se laisser désarmer par la froideur de Fred. C'était assez étrange de le voir aussi sec et distant, lui qui avait d'ordinaire toujours le mot pour rire c'était le roux qui détendait toujours l'atmosphère, qui cherchait à faire sourire toutes les personnes dans une pièce et qui avait toujours l'air avenant. Elle n'arrivait pas à imaginer Fred si sérieux et indifférent. Elle avait l'impression d'avoir une autre personne face à elle.
– Vous pourriez lui prendre des Feuxfous Fuseboum, proposa Hermione qui voulait montrer à son ami qu'elle connaissait leur gamme de produits (puisqu'elle l'avait bien étudié depuis qu'elle avait signé son contrat). Ce sont des feux d'artifices qui...
– Trop dangereux ! s'écria Fred en écarquillant les yeux. Vous voulez que mon petit soit blessé par un jet de flamme ?
– Euh non... Bien sûr que non, balbutia Hermione. Nous avons également des oreilles à rallonge pour écouter à distance.
– Hors de question que mon fils espionne mes conversations, fit Fred en plissant les yeux.
– Un assortiment de Marques des Ténèbres comestibles alors ? Il ne nous en reste plus beaucoup et elles sont très appréciées par les enfants. Vous pourriez également lui prendre des bonbons de...
– Pas de sucre, siffla Fred en levant les yeux au ciel. Vous savez à quel point les bonbons sont dangereux pour nos enfants ?
– Si vous saviez, marmonna Hermione dont les deux parents, dentistes, lui avaient toujours interdit de manger des bonbons. Pourquoi pas une baguette farceuse, dans ce cas ? Dès qu'il l'utilise, elle se transforme. Vous en avez par exemple qui se transforme en poulet en...
– Nous sommes végétariens.
Fred dit sa phrase si sérieusement, que Hermione n'y tint plus elle éclata de rire. Elle ferma les yeux pour ne plus voir l'air distant de Fred tout en continuant de rire.
– Tu vois que tu n'es pas prête, remarqua triomphalement Fred en souriant à son tour.
– Personne n'est aussi extrême, souffla Hermione remise de son hilarité.
– Tu serais surprise, fit Fred qui souriait comme un enfant. Mais je suis content d'entendre que tu as étudié notre catalogue.
– Vous avez surtout testé la majorité des produits à Poudlard ou sur nous, opposa Hermione qui se souvenait avoir été la victime de certaines mauvaises blagues.
– Tu t'es bien débrouillée, ajouta Fred d'un ton plus doux. Ce n'est pas totalement ça, mais je pense que tu apprendras au fur et à mesure.
Hermione renonça à lever les bras au ciel en signe de victoire, ne voulant pas que Fred en profite pour lui rajouter des devoirs supplémentaires. Elle voulait avancer et arrêter de rester là à inventer des situations imaginaires qui n'arrivaient jamais.
– Tu penses que ça ira ? demanda Fred d'un ton presque inquiet qui étonna Hermione.
C'était comme si toute cette répétition avait plus pour but de rassurer Fred que de lui apprendre réellement à accueillir des clients.
– J'ai combattu des Mangemorts, plus rien ne peut me faire peur, philosopha Hermione en haussant les épaules.
Elle était un peu anxieuse, bien évidemment. C'était un nouveau travail et quelque chose qu'elle n'aurait jamais imaginé faire.
Cependant, elle était prête à commencer son nouveau travail et à faire en sorte que les jumeaux ne regrettent pas leur choix de l'avoir prise au magasin. Elle avait besoin de ce job. C'était devenu vital. Elle n'avait encore pas dormi de la nuit et il lui fallait quelque chose pour lui changer les idées, sinon, elle allait devenir folle.
– Allons-y, dit Fred qui avait dû voir sa détermination dans ses yeux. George doit se demander si je ne t'ai pas tué parce que tu as oublié de mentionner les Feuxfous.
– Tu as failli, s'amusa Hermione alors que Fred se dirigeait vers la porte de l'appartement et l'ouvrait en lui faisant signe de passer en première.
– Après vous, ma chère, dit Fred en s'inclinant légèrement.
Hermione ricana en le voyant aussi sérieux, pris une grande inspiration et franchit la porte qui la menait à sa nouvelle vie.
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22 AOÛT 1998 – WWW
– Tu ne t'occuperas pas de la vitrine. On la change toutes les semaines avec Gred, indiqua George avec un sourire fier en désignant l'entrée de la boutique.
Hermione hocha la tête, les yeux embués en regardant la vitrine qui attirait l'œil comme un feu d'artifice, même de l'intérieur. Elle voyait au loin les passants qui regardaient, la mine ébahie, la vitrine.
Il y avait une variété d'objets qui tournaient, éclataient, clignotaient, bondissaient, hurlaient. Elle avait presque peur de ne pas supporter ce bruit constant, elle qui aimait tant le calme, mais elle se rappela que Fred et George s'en accommodaient bien et qu'elle pouvait faire comme eux. Il lui faudrait un temps d'adaptation certain, mais elle était prête à faire l'effort.
– Et, ici, tu as toute la boutique. C'est la partie dans laquelle tu seras le plus, indiqua George en ouvrant les bras théâtralement pour lui montrer l'intérieur de la boutique.
Hermione n'osa pas lui dire qu'elle était déjà venue plusieurs fois, pour ne pas le vexer. L'endroit était bondé et elle vit Fred en train de conseiller quelques clients. La boutique était bondée et Hermione sentit son cœur battre d'appréhension en voyant autant de sorcières et sorciers.
Ils arrivaient à peine à s'approcher des étagères. Il y avait des cartons qui s'empilaient jusqu'au plafond : il y avait les boîtes à Flemme, que les jumeaux avaient mis au point au cours de leur dernière année, inachevée, à Poudlard, une boîte de nougats Néansang...
Elle vit aussi les boîtes pleines de baguettes farceuses : la moins chère se transformait en poulet de caoutchouc ou en caleçon quand on la brandissait, la plus coûteuse donnait des coups sur la tête de l'utilisateur.
Ailleurs, des caisses débordaient de plumes diverses, depuis le modèle autoencreur, jusqu'à la Plume à Réplique Cinglante en passant par celles munies d'un vérificateur d'orthographe (que Hermione s'était toujours interdit d'utiliser pour ses propres devoirs à Poudlard)
– Pour le moment, tu t'occuperas essentiellement de la caisse, lui indiqua George en la prenant par les épaules pour la mener jusqu'au comptoir.
Hermione sourit en voyant qu'aux côtés du comptoir se trouvait le « Rêve éveillé ». Quand elle l'avait vu la première fois, elle avait dit que c'était « vraiment extraordinaire, comme magie ! » et elle le pensait encore.
Cela démontrait que Fred et George n'étaient pas simplement de petits farceurs, mais de grands sorciers, qui savaient aller aux limites de la Magie pour créer des produits merveilleux. Bien sûr, elle s'était promis de ne jamais le dire à haute voix, pour toutes les fois où ils l'avaient empêché de travailler le soir, dans la Salle Commune de Gryffondor. Et elle ne voulait pas que les jumeaux prennent le Souaffle, ils étaient déjà assez vantards !
– Tu devras dire bonjour aux clients... commença George.
– Fred m'a briefé sur ça, ironisa Hermione.
– Pauvre de toi. Il peut être tatillon sur ce sujet, ajouta George en lui faisant un clin d'œil complice.
Hermione rit doucement, ravie d'avoir trouvé un allié en la personne de George. Elle ne l'avait jamais remarqué avant, mais George était beaucoup plus calme et apaisé que Fred. Cela se voyait difficilement quand ils étaient tous les deux, mais à présent qu'elle avait passé du temps avec Fred, elle voyait bien qu'ils n'étaient pas les mêmes.
Elle se tourna vers la caisse enregistreuse face à elle, remplie de monnaie sorcière. Il y avait à côté un petit cahier, aussi violet que les robes des jumeaux.
– Le cahier c'est pour tenir les comptes, il faut simplement mettre le chiffre d'affaires, ce qu'on a vendu le plus. Je t'expliquerai un peu plus ce soir ce que j'attends, c'est moi qui m'occupe de ça. Mais je pense que tu t'en sortiras très bien. Tu t'occuperas des clients un peu plus tard, la rassura George qui avait senti son anxiété. Pour le moment tu souris et tu encaisses les Gallions.
Hermione hocha vivement la tête, se sentant déjà plus à l'aise avec la tenue d'une caisse qu'avec la relation avec leurs clients. Pour le moment elle n'aurait qu'à vendre et accepter l'argent, avec un sourire et souhaiter la bienvenue aux clients.
– Et enfin tu as l'arrière-boutique, présenta George en l'entraînant derrière un rideau à côté des tours de magie moldus.
Hermione découvrit une pièce plus sombre où il avait moins de monde. Les emballages des produits alignés sur les étagères étaient plus discrets. Elle n'était jamais allée ici quand elle était venue avec les garçons pour voir la boutique il y a deux ans.
– C'est notre ligne Défense contre les Forces du Mal, expliqua George en attrapant un Chapeau Bouclier. Maintenant que la guerre est terminée on cherche une gamme un peu plus sérieuse pour le grand public. Même si cette gamme restera toujours en vente. Le Ministère en raffole.
– C'est utile, en effet, confirma Hermione. C'est ici que vous créez vos produits ?
– Oh non, surtout pas ! Tu imagines si un enfant débarquait ici ? frissonna George. On a notre atelier dans l'appartement, Fred ne t'a pas fait visiter ?
– Non, il m'a formé sur l'accueil des clients, marmonna Hermione en se souvenant de cette heure qui lui avait paru des jours.
– Je comprends, rit George. On te fera visiter plus tard, tu vas voir c'est assez drôle et complètement différent de la boutique.
– Vous avez des idées pour la suite, ici ? demanda Hermione en désignant leur gamme de Boucliers.
– On cherche, admit George en haussant les épaules. On veut surtout développer des lignes sérieuses que tout le monde peut utiliser. Si tu as des idées, on est preneurs.
– Je vais y réfléchir, répondit Hermione qui savait qu'elle n'aurait pas d'idées.
Elle n'avait pas le génie des jumeaux pour créer des choses et inventer des choses magiques. Elle était beaucoup trop scolaire, elle le savait. Elle avait appris l'Histoire de Poudlard par cœur, ce qui ne lui avait jamais été utile. Au contraire de Harry, elle avait besoin d'apprendre, de lire, avant d'appliquer.
Même si la période de la guerre avait changé les choses, même si, loin de Poudlard et du confort de la bibliothèque, elle avait réussi à s'en sortir, à utiliser la Magie à bon escient, parfois même pour leur sauver la vie...
– Ça va Granger ? demanda George en posant une main sur son épaule, l'air inquiet.
Hermione secoua la tête en se rendant compte qu'elle était repartie dans les pensées de la guerre alors qu'elle s'était promis de ne jamais le faire.
– Oui, pardon... patron, ajouta Hermione avec humour.
George étira son visage en un large sourire, bien que ses yeux bleus semblaient plus inquiets.
– Est-ce que tu es prête à encaisser tes premiers clients ? demanda Fred qui venait d'apparaître dans l'arrière-boutique comme par Magie. Je suis un peu surmené.
– Je suis prête, oui, dit Hermione en hochant la tête, son ventre se tordant d'angoisse.
Elle espérait être à la hauteur de la proposition des jumeaux...
Et ne pas avoir un objet qui lui explose au visage.
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22 AOÛT 1998 – LE TERRIER
Hermione réussit à grimacer un sourire en pénétrant dans la cuisine du Terrier, après être apparue dans le salon des Weasley dans une bouffée de flammes vertes.
Le voyage en cheminette avait toujours le don de l'extasier, même si elle l'utilisait régulièrement depuis la fin de la Bataille Finale. Elle trouvait ça incroyable de se dire que les cheminées étaient reliées entre elles, permettant de voyager dans toutes les maisons de Grande Bretagne.
Bien sûr, depuis la guerre, les cheminettes avaient été de plus en plus protégées et il fallait à présent des mots de passe pour entrer chez les personnes à l'improviste. Mais il y avait toujours la même magie à voir les cheminettes à l'œuvre.
Elle savait que Ron avait beaucoup plus de difficultés à voir à quel point tout cela était magique, puisqu'il avait toujours vécu dans cet univers et que tout cela lui paraissait normal, mais c'était incroyable et elle espérait ne jamais cesser de s'émerveiller du monde magique.
– Tu rentres tard, Hermione, constata Molly derrière sa marmite de fer.
Molly tapota de sa baguette sa marmite qui bondit sur la cuisinière avec un grand bruit et se mit aussitôt à bouillonner. Hermione prit une grande inspiration et gémit presque de bonheur en sentant la cuisine de Molly Weasley, qui était sans doute la meilleure qu'elle ait jamais goûté de sa vie.
– Assieds-toi, intima Molly en se tournant vers elle et en la menaçant presque avec sa baguette.
Elle s'assit sur la chaise qui lui était attribuée depuis qu'elle vivait au Terrier. Pattenrond, son chat au pelage touffu et au museau écrasé, lui sauta sur les genoux et s'y installa en ronronnant. Hermione le gratta derrière l'oreille, sachant à quel point cela le rendait fou. Elle était heureuse de sentir la chaleur de son chat sur elle et de l'entendre ronronner. Pattenrond lui avait horriblement manqué pendant la guerre, mais il s'était habitué au Terrier et Hermione n'avait pu que remercier Molly et Arthur pour en avoir pris soin.
– Tiens, voilà pour toi ma chérie, dit Molly en donnant à nouveau un petit coup de baguette.
Cette fois, la marmite s'envola vers Hermione et s'inclina. Molly glissa un bol au-dessous, juste à temps pour recueillir l'épaisse soupe à l'oignon fumante qui s'en déversait.
– Du pain ? proposa Molly.
– Oui, merci, Mrs Wea... euh... Molly, se corrigea à temps Hermione en la voyant faire des gros yeux.
Cela avait été l'une des conditions pour qu'elle puisse vivre au Terrier : appeler Mrs et Mr Weasley par leurs prénoms. Hermione avait encore du mal, mais elle savait que cela lui avait permis de se sentir un peu plus chez elle, ce qui avait été le but recherché par Molly et Arthur.
Molly agita sa baguette par-dessus son épaule et une miche de pain accompagnée d'un couteau vinrent atterrir avec grâce sur la table. La miche de pain se coupa d'elle-même et la marmite de soupe retourna se poser sur la cuisinière pendant que la matriarche venait s'installer face à elle.
– Où sont Ron et Harry ? demanda Hermione un peu déçue de ne pas voir ses amis lui demander comment s'était passée sa première journée.
– Ils dorment déjà, Hermione, annonça Molly en plissant les yeux. Il est déjà minuit et demi.
– Oh, déjà ? s'étonna Hermione en se tournant vers l'une des horloges de la maison.
Pas celle qui montrait, grâce à ses neuf aiguilles d'or, les endroits où se trouvaient chacun des Weasley, mais la petite horloge du coin de la cuisine qui permettait de connaître une heure plus ou moins approximative, l'horloge étant vivante et lançant de manière aléatoire des « debout fainéant, il est l'heure de se lever » alors même qu'il était dix-huit heures.
– Je n'avais pas vu l'heure, souffla Hermione tout en avalant une première louche de soupe brûlante qui lui réchauffa le cœur.
Hermione avait toujours un pincement au cœur en voyant Molly s'occuper d'elle comme si elle était sa fille.
En rentrant chaque soir au Terrier, elle savait qu'elle rentrait chez elle. Les Weasley avaient été clairs : en habitant ici, Hermione était chez elle.
Sauf que, ce chez elle était un lieu où ne se trouvait pas ses parents.
C'était difficile de les savoir en Australie, là où ils ne voulaient plus lui parler après ce qu'elle leur avait fait subir.
Elle comprenait, bien sûr, pourquoi ils lui en voulaient. Mais elle espérait, qu'un jour, ils la pardonneraient. Après tout, elle ne regrettait rien, elle avait fait tout ça pour les protéger et tant pis s'ils ne l'acceptaient pas, au moins ils étaient vivants !
Mais des soirs comme ceux-ci, où elle était fatiguée, perdue, où elle ne se sentait pas à la hauteur... elle avait envie de voir sa mère et de lui parler. Elle aurait tant voulu leur parler de sa première journée, de leur parler de ce qu'elle avait vécu, de ses difficultés...
Malgré tout, elle se rendait compte que, même si ses parents avaient accepté de lui parler, elle n'aurait pu rien leur dire sur sa première journée. Parce qu'elle avait tenu ses parents éloignés trop longtemps de sa vie de sorcière. Ils ne savaient pas ce qu'elle avait vécu. Ils ne savaient rien sur sa vie de sorcière, parce qu'elle les avait volontairement éloignés de sa vie. Elle ne leur avait jamais rien dit. Et maintenant c'était trop tard, rien ne pourrait réparer ce mur qui s'était instauré entre eux.
Pour toujours, sans doute.
– Tout va bien, Hermione ? demanda Molly en posant sa main sur la sienne et la faisant sortir de ses pensées.
Hermione grimaça un sourire en se rendant compte qu'elle devait avoir une tête à faire peur, qui avait inquiété Molly.
– Je suis simplement fatiguée, admit Hermione.
Il y a quelques mois, sans doute qu'elle n'aurait jamais dit cela à voix haute, n'aurait jamais montré qu'elle n'allait pas bien. Surtout pas à Molly Weasley, qui était un modèle de courage et qui, malgré tout ce qu'elle avait pu vivre, était toujours debout.
À présent, tout était différent. La guerre était passée par là, et elle estimait qu'elle avait le droit de montrer sa faiblesse à la seule femme qui la soutenait, quoi qu'elle fasse. À la personne qui l'avait accueillie chez elle, sans réfléchir, alors même que les Weasley ne roulaient pas sur l'or, à la personne qui la traitait comme sa propre fille, sans aucune autre raison que la gentillesse.
– Tu sais Hermione, le premier jour où les jumeaux ont ouvert leur boutique, ils sont venus manger ici, au Terrier. Personne n'est au courant, bien sûr, ils ont leur image de garçons drôles et insouciants à tenir, rit Molly ses yeux bleus pétillant d'un amour inconditionnel pour ses enfants. Mais ils étaient terrifiés et épuisés. Ils ne l'ont pas dit, mais je pense qu'ils ont eu envie d'abandonner après ce premier jour. Ils ne voulaient pas y retourner.
– Impossible, souffla Hermione les yeux écarquillés en regardant la matriarche comme si elle lui racontait une blague. Ils sont si à l'aise ! Ils arrivent à gérer tout en même temps, ils conseillent, ils rigolent, ils sont faits pour ça... alors que moi...
Hermione soupira en se renfrognant légèrement. Elle ne pouvait pas dire que sa première journée avait été une catastrophe, mais elle avait été difficile.
Elle n'avait jamais pensé qu'il était si dur de rester debout à piétiner toute la journée, à sourire, à éviter les questions sur la guerre qu'on lui posait, à conseiller les clients en s'efforçant de rester agréable, vendre des produits, réfléchir, faire attention aux vols...
C'était presque impossible !
Alors que Fred et George étaient en symbiose. Si l'un faisait quelque chose, l'autre faisait autre chose, ce qui leur permettait d'avoir l'œil partout, tout le temps. Ils connaissaient bien évidemment tous leurs produits, mais même parler à certains clients récalcitrants paraissait facile pour eux. Ils souriaient tout le temps, sans avoir besoin de se forcer. Tout était si naturel dans leur façon de gérer leur magasin que s'en était presque fascinant.
Elle avait à des moments fixé les jumeaux pendant de longues minutes, appréciant simplement le fait qu'ils soient aussi doués dans ce qu'ils faisaient. Ce qui avait eu pour conséquence de lui faire comprendre qu'elle était loin d'être au niveau et que, peut-être, Fred avait eu raison de l'entraîner et de lui dire que ce serait difficile.
Sauf que, pour Hermione Granger, il était inconcevable de ne pas être la meilleure dans ce qu'elle faisait. Elle ne voulait surtout pas que les jumeaux regrettent de lui avoir donné sa chance, alors qu'ils auraient pu prendre n'importe quelle autre fille, plus jolie, plus souriante, plus adaptable.
– Alors que toi, quoi ? demanda Molly, visiblement perdue. Hermione, eux aussi ont eu du mal au début. Mais ils ont appris, comme tu apprendras aussi. Les jumeaux savent que tu n'as pas eu de formation, il te faudra du temps.
– Je le sais bien, soupira Hermione en haussant les épaules avant de prendre une autre gorgée de soupe. Je ne veux juste pas qu'ils pensent avoir fait une erreur en m'engageant.
– Je ne le dis pas souvent, mais les jumeaux font rarement d'erreurs quand il s'agit de leur boutique, indiqua Molly avec un sourire maternel aux lèvres. S'ils t'ont engagé, c'est parce qu'ils savent que tu es la bonne personne pour eux. Alors peut-être que tu n'arriveras pas à faire ce qu'ils font, eux, mais tu as d'autres qualités que tu pourras mettre à leur disposition.
– Je sais réciter l'Histoire de Poudlard par cœur ? proposa Hermione avec ironie sachant que son savoir plutôt encyclopédique n'allait pas lui servir chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux.
– Oh ma chérie, tu as beaucoup plus de qualités et de talents que ça. Mais c'est à toi de les découvrir, dit simplement Molly en continuant de sourire. Tout ce que tu peux faire à présent, c'est donner le maximum et essayer de trouver ta place.
– J'espère, Molly, je l'espère vraiment, répondit Hermione en croisant les doigts.
Ce matin, en se levant, elle n'avait pas pensé que ce travail l'intéresserait autant. Elle avait pensé à un moyen de se changer les idées et c'était d'ailleurs comme cela que Fred le lui avait vendu.
Pourtant, ce soir, elle avait voulu rester dans la boutique. La journée avait été difficile, les exigences très hautes, mais elle voulait vraiment réussir, elle voulait que les jumeaux soient contents de son travail, elle voulait se trouver une utilité et elle allait y arriver.
Elle n'était pas Hermione Granger pour rien.
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28 AOÛT 1998 – WWW
– Attrape ! cria Fred.
À la plus grande horreur de Fred, la boîte à Flemme qu'il venait d'envoyer dans les airs vint percuter la joue de Hermione.
– Aïe ! s'écria Hermione en se tournant vers lui pour le fusiller du regard, une grosse marque rouge sur sa joue qu'elle cachait avec sa main.
Fred ne put s'empêcher de ricaner en la voyant faire, avant de s'interrompre en voyant les yeux glacés de la brune.
– Je croyais que le bizutage était terminé, marmonna Hermione en frottant sa joue douloureuse.
– Tant que tu n'attrapes pas les choses qui volent dans le magasin, tu n'es pas encore totalement intégrée, indiqua George qui passa devant elle et lui donna une poche de glace violette (couleur officielle de la boutique).
– C'est une de vos inventions ? demanda Hermione en la posant sur sa joue.
– Bien sûr, se vanta Fred.
– La glace ne fond jamais, expliqua George. Très utile pour toutes les fois où on se blesse.
– Notamment pour les explosions, ajouta Fred.
– Sans aucun doute, ironisa Hermione en continuant de le regarder avec froideur.
– Tu vois, tu aurais participé aux séances de Quidditch à Poudlard, peut-être que tu aurais pu l'attraper.
Fred se baissa à temps pour éviter la boîte à Flemme que venait de lui renvoyer Hermione avec une force assez impressionnante qu'il ne soupçonnait pas chez elle.
– Tu aurais pu être Batteuse, siffla Fred d'un air impressionné.
Hermione leva les yeux au ciel et se tourna vers la caisse en continuant à compter.
Fred remarqua que ses cheveux avaient, pour partie, retrouvé une jolie teinte brune, mais certaines mèches restaient rousses.
L'effet était plutôt convaincant, mais la durée n'allait pas. Une couleur qui tenait plus d'une semaine, cela paraissait un peu trop long pour être une bonne idée de blague. Avec George, ils comptaient commercialiser la poudre pour noël, mais ils avaient encore des tests à conduire, sur eux-mêmes, et il fallait à tout prix que George réussisse à limiter les effets dans le temps.
– Comment vont tes cheveux ? s'enquit Fred en s'avançant vers le comptoir.
Hermione avait rapidement trouvé sa place derrière le comptoir, depuis une semaine. Fred lui-même était impressionné par l'aisance avec laquelle Hermione s'était installé ici. Elle accueillait principalement les clients, conseillait parfois, mais renvoyait majoritairement vers eux, les professionnels.
George et lui étaient plutôt rassurés de voir qu'elle n'était pas encore partie en courant, malgré les quelques explosions qui avaient pu avoir lieu au magasin quand les clients n'étaient pas là, malgré l'enfant qui avait vomi sur la cape de Hermione le deuxième jour ou encore quand des clients, un peu trop insistants, venaient lui poser des questions sur la guerre.
Hermione avait plus ou moins réussi à gérer les situations et, même si certaines étaient difficiles, elle revenait chaque jour et cela les rassurait énormément.
Pour le moment, tout n'était pas parfait. Hermione ne faisait que de la vente et pas assez de conseil, George avait appris par Ron qui l'avait appris de sa mère que Hermione était fatiguée et qu'elle avait du mal à trouver sa place ou à se penser utile, mais Fred avait foi en l'avenir.
Il savait que, d'ici à quelques semaines, Hermione serait aussi à l'aise qu'une sirène dans le lac noir. Hermione était adaptable, et il n'attendait qu'une chose : qu'elle laisse échapper son génie créatif, caché parmi tout son savoir et qu'elle se lâche pour créer des produits merveilleux (les jumeaux comptaient sur ça pour renouveler leurs produits, après tout).
– Tiens, dit Hermione d'un air distrait en lui tendant un petit carnet.
Fred écarquilla les yeux en voyant que Hermione avait pris la peine de noter, chaque jour, ses ressentis sur la Colopoudre. Il tourna les pages pour lire ses remarques.
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« J+1 : la couleur est vraiment très, très vive. Je ne sais pas si c'est un avantage pour mon premier jour (ça me permet de dire aux clients que, non, je ne suis pas l'amie de Harry Potter), ou si je déteste ça parce que je ne me reconnais pas. Mes cheveux sont beaucoup plus secs qu'avant et j'ai eu des résidus de poudre sur l'oreiller. »
« J+2 : premier lavage de cheveux, difficile. La couleur a énormément dégorgé et l'eau n'est pas devenue claire, mais a continué d'avoir une couleur boue pendant toute la durée du lavage. La couleur ne part pas pourtant, c'est intéressant. Peut-être un sortilège de fixation permanente, utilisé dans la peinture sorcière normalement ? »
« J+3 : démangeaisons. La couleur paraît beaucoup moins puissante, au lieu de ressembler à une Weasley, je ressemble à Susan Bones. J'espère ne pas finir chauve avec vos inventions. »
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– Waouh, Hermione ! siffla Fred les yeux écarquillés.
– C'est suffisant ? demanda distraitement Hermione en comptant les Gallions.
– Je savais qu'on pouvait compter sur toi, assura Fred qui se trouvait encore plus rassuré.
Bien évidemment que Hermione allait faire ses devoirs à la perfection, mais il ne s'était pas attendu à ce qu'elle l'écoute vraiment et prenne autant de notes. Elle avait noté les points positifs et négatifs chaque jour, avant de faire une remarque plus générale. C'était bien plus qu'il ne l'avait espéré...
Mais Hermione restait Hermione.
Fred connaissait son potentiel... En réalité, Ron connaissait le potentiel de Hermione et c'était lui qui leur avait parlé de tout ce qu'elle avait fait à Poudlard et c'était ça qui avait fait qu'ils avaient voulu l'avoir au sein de la boutique.
Le potentiel créativité de Hermione était un peu caché, mais il ne doutait pas qu'au sein de WWW, elle prendrait enfin conscience de son talent.
Hermione se contenta de sourire tout en finissant de compter la recette du jour.
– Bon bénéfice ? demanda Fred qui voyait Hermione noter dans le carnet le bilan du jour, avec une plume de paon.
– Plutôt très bon, par rapport à l'année dernière, remarqua Hermione en tapotant avec sa plume sur le carnet pour entourer les deux chiffres de l'année passée et de cette année.
George avait rapidement formé Hermione sur la tenue du cahier de compte, indispensable pour eux, pour leur permettre de suivre leur évolution, de voir quelques jours étaient les plus propices à la vente, quels produits étaient les plus vendus.
Hermione n'avait eu aucun mal à prendre en main le carnet et cela allait parfaitement à Fred.
D'ordinaire, il laissait les chiffres à son jumeau qui était beaucoup plus à l'aise que lui, mais il fallait forcément qu'il s'en occupe par moment. Maintenant que Hermione était là, il comptait lui laisser en main toute la comptabilité pour ne pas avoir à le faire lui-même. Au contraire de George, il était trop dans l'action pour tenir ce cahier ennuyeux.
– Je vais devoir rentrer, dit finalement Hermione en regardant l'heure sur sa montre.
Fred grimaça en voyant qu'il était encore très tard. Il savait qu'ils la faisaient travailler un peu trop, mais c'était essentiel pour qu'elle apprendre les bases.
La période de fin août était surtout la plus difficile à gérer pour eux, puisque tous les étudiants de Poudlard venaient faire le plein avant d'aller à Poudlard ou venaient découvrir les nouveaux produits. Mais Hermione n'avait pour le moment pas rechigné une seule fois, ce qui le rassurait légèrement.
Après tout, Hermione avait été en burn-out toute sa troisième année sans jamais rien dire. Fred se promis de la surveiller pour s'assurer qu'elle ne retourne pas dans ses travers.
George passa derrière le comptoir et fit de gros yeux à Fred d'un air de dire « vas-y ». Fred grimaça intérieurement en se demandant ce qu'il avait mérité pour avoir un frère comme lui, qui le soutenait un peu trop, dans quelque chose qu'il ne pensait pas vrai. Parce que George voulait qu'il tente quelque chose avec Hermione, mais Fred ne ressentait rien pour elle.
Hermione était l'amie de Ron, son employée, quelqu'un qu'il appréciait taquiner, mais c'était tout. Rien de plus.
Alors oui, il avait insisté pour qu'ils fêtent la première semaine de Hermione, mais c'était simplement parce qu'il était un bon patron.
– Bien joué Granger, dit George en lui tapotant l'épaule. Tu t'améliores dans le « bienvenue », ajouta-t-il avec un ricanement destiné à Fred qui leva les yeux au ciel.
– Je l'espère, répondit Hermione très sérieusement en défiant Fred du regard de dire quelque chose d'autre. Je m'entraîne tous les matins devant la glace.
– Une bonne semaine de passée, insista George en fixant à son tour Fred avec insistance.
Fred se racla la gorge, tentant de ne pas montrer sa propre gêne, alors qu'il agitait sa baguette, faisant apparaître une boîte enveloppée d'un papier bleu, où un chat orange qui ressemblait étrangement à Pattenrond, se promenait sur la boîte en miaulant.
– Tiens c'est pour toi, annonça Fred en lui tendant le paquet.
Hermione écarquilla les yeux en attrapant le paquet, fixant Fred avec interrogation, comme si elle n'était pas sûre que ce soit pour elle. Un froncement de sourcils apparu entre ses yeux et Fred craignit d'avoir fait un mauvais pas ou dit quelque chose qu'il ne fallait pas.
– Il n'y a rien qui va m'exploser au visage, rassurez-moi, demanda Hermione qui se tourna vers George, ce dernier levant les mains au ciel en signe de défense.
– On te promet qu'il n'y a rien de dangereux là-dedans, promit Fred en portant la main droite à son cœur en signe de promesse.
Hermione le regarda fixement dans les yeux, avant d'hocher la tête quand elle eut trouvé ce qu'elle cherchait.
Elle attrapa le nœud et le dénoua, rit quand le petit chat cracha quand elle arracha une partie du papier cadeau et finit par ouvrir la petite boîte en carton. Hermione écarquilla les yeux de stupeur, avant d'étirer son visage en un sourire tendre.
Elle mit les deux mains dans la boîte et en sortit un joli gâteau recouvert de crème rouge et or (aux couleurs de Gryffondor), avec une inscription en lettres dorées indiquant :
« Félicitations pour ta première semaine !
Bienvenue dans l'équipe !
Gred & Forge ».
– Merci les garçons, souffla Hermione visiblement émue par l'attention.
Elle leur lança un sourire resplendissant et Fred sentit son cœur battre à toute vitesse.
– C'est moi qui aie eu l'idée, se vanta Fred alors que George ne niait pas ce fait, sans doute pour « l'encourager ».
Fred avait été commander le gâteau hier, demandant la garniture rouge et or aux couleurs des Gryffondor à l'une des pâtissières du Chemin de Traverse qui était, à la fois gentille et douée. Il n'était d'ailleurs pas rare qu'ils aillent lui demander des conseils pour leur propre gamme de pâtisseries magiques, à visée de blague, bien évidemment.
– Ça me touche beaucoup, assura Hermione les yeux presque brillants.
– On ne va pas pleurer ! s'écria Fred en frissonnant à l'idée que Hermione soit triste.
Il sortit un couteau de sa cape pour découper trois parts assez inégales, cherchant à éviter de regarder Hermione émue. Son ventre se tordait un peu trop quand il l'imaginait être triste à cause de lui.
– Le fait qu'il y ait un couteau dans ta cape devrait m'inquiéter, releva Hermione en fixant la lame avec perplexité.
– C'est pour couper la main des voleurs, ironisa George.
– L'oreille, plutôt, corrigea Fred en ricanant et en désignant la tête de son frère. C'est pour ressembler au jumeau numéro deux.
– Pourquoi numéro deux ? s'horrifia Hermione.
– Hermione, ne te laisse surtout pas influencer par cet imbécile, dit sérieusement George. Il va te faire croire qu'il est né en premier, mais il n'en est rien !
– Bien sûr que si ! s'écria Fred en levant les yeux au ciel. Tu refuses de l'admettre c'est tout.
– Maman a toujours dit qu'elle ne savait plus qui est arrivé en premier.
– Parce qu'elle ne veut pas te faire de peine, opposa Fred en ricanant.
– Remarque, il a sans doute raison. Il a dû passer le premier, il avait la plus grosse tête, ajouta George en faisant un clin d'œil complice à Hermione.
Fred bouda dans son coin, alors que Hermione et George pouffaient.
Il ne voulait surtout pas montrer qu'il était déçu que Hermione ne prenne pas sa défense. Elle et George s'entendaient plutôt très bien et cela avait le don de l'agacer par moment, même s'il s'en était douté avant qu'elle n'arrive à la boutique.
George était plus doux que lui, plus accommodant, plus comme Hermione même s'il le montrait rarement. George était celui d'eux deux qui était le plus sage, qui tenait les comptes, qui s'assurait que tout soit bien en ordre.
Alors que Fred... Fred était plus impulsif et créatif. Il avait du mal à comprendre Hermione par moment, alors que George semblait parfaitement savoir ce qu'il fallait lui dire quand elle paniquait ou ne se sentait pas à la hauteur.
– Ne boude pas, s'amusa Hermione en lui tendant une part de gâteau. C'est interdit dans ce magasin.
– Vraiment ? s'étonna Fred en souriant comme un enfant quand il la vit faire.
– Bien sûr. Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux, c'est pour rêver et rire, pas pour bouder ou pleurer, répondit sincèrement Hermione en lui souriant doucement, craignant de l'avoir vexé.
– Et c'est exactement pour ça que tu es à ta place ici, conclut George en lui jetant un coup d'œil appréciateur.
– À notre nouvelle employée ! s'écria Fred en levant sa part de gâteau en l'air pour porter un toast à une Hermione rosissante.
Fred espérait surtout que la collaboration se passerait toujours aussi bien et que Hermione se plairait ici. Cela ne faisait qu'une semaine, mais il s'était déjà habitué à elle. Et il allait tout faire pour qu'elle reste le plus longtemps possible.
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29 AOÛT 1998 – WWW
Hermione pénétra dans la boutique bondée et eut un temps d'arrêt. Elle commençait son service beaucoup plus tard le samedi (« cadeau de la maison » lui avait dit Fred), mais elle avait oublié qu'il s'agissait du dernier week-end avant la rentrée et que le magasin allait être rempli. Hermione avait même du mal à s'avancer jusqu'aux étagères.
Elle réussit à se frayer un chemin jusqu'au comptoir devant lequel un groupe d'enfants de dix ans regardaient d'un ai ravi un petit bonhomme de bois monter les marches d'une potence. Au-dessous, on pouvait lire sur la boîte : « Le Pendu Réutilisable : Trouvez le bon sort ou il aura la corde au cou ! ».
– Ah, notre merveilleuse sorcière est arrivée ! s'écria Fred Weasley en s'approchant d'elle, la mine réjouie, vêtu d'une robe de sorcier magenta qui jurait magnifiquement avec ses cheveux d'un roux flamboyant.
– Salut patron, répondit Hermione avec ironie.
Elle essayait de leur montrer le respect qui leur était dû, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à toutes les blagues qu'ils avaient faites à Poudlard. Elle ne pouvait pas oublier que les deux garçons face à elle s'étaient battus à ses côtés dans la Bataille Finale et qu'ils avaient quitté Poudlard en s'envolant en balai.
Mais surtout... quand elle voyait les jumeaux, c'était l'image de deux vieillards à la barbe blanche qui avaient pris une potion de vieillissement pour mettre leur nom dans la Coupe de Feu qu'elle voyait.
– Il ne t'a pas loupé, dis-donc, remarqua George qui venait d'apparaître derrière elle et qui l'attrapa par le menton pour regarder le bleu qui avait pris une teinte violacée sur sa joue.
– Je vais pouvoir aller voir la Police Magique pour harcèlement sur salarié, ironisa Hermione en jetant un coup d'œil à la dérobée à un Fred qui ricanait.
George sortit un flacon de sa poche et le lui tendit. Hermione dévissa précautionneusement le bouchon et attrapa avec son doigt l'épaisse pâte jaune qu'elle connaissait bien pour l'avoir utilisée pour guérir son œil au beurre noir causé par le Télescope Farceur des jumeaux.
– C'est fou qu'à chaque fois que vous êtes impliqués dans une histoire, mon visage en prend un coup, siffla Hermione en appliquant la pâte qui avait un effet glacé qu'elle détestait, mais qu'elle savait efficace.
Les jumeaux éclatèrent de rire.
– C'est la Hermione qu'on connaît, s'amusa Fred en lui tapant dans le dos pour la conduire à la caisse. Fais attention aux petits voleurs aujourd'hui, ils sont nombreux quand il y a de l'affluence.
– Je ne suis pas Préfète pour rien, répondit Hermione en levant le menton en signe de défi.
– Pourquoi tu crois qu'on t'a engagé ? répondit George avec un sourire amusé.
– Je savais bien qu'être Préfète m'ouvrirait des portes, ironisa Hermione.
– Tu peux arrêter de faire de l'humour, j'ai l'impression que tu n'es pas la vraie Hermione, fit Fred en grimaçant.
Hermione lui tira puérilement la tête, attacha ses cheveux en une tresse lâche comme elle en avait l'habitude depuis qu'elle travaillait ici et s'installa derrière le comptoir, comme si elle avait toujours travaillé ici.
Hermione elle-même avait l'impression de travailler ici depuis toujours, même si cela ne faisait qu'une semaine. Elle avait parfois du mal à gérer, c'était dur et il lui restait beaucoup de choses à apprendre... Mais elle ne pouvait nier que, depuis une semaine, elle avait complètement oublié la guerre.
Elle y pensait parfois... mais beaucoup moins qu'avant. Elle rentrait tard le soir, souvent épuisée, elle prenait son dîner préparé par Molly, discutait rapidement avec cette dernière et allait se coucher.
La journée, elle était trop occupée à encaisser les clients, les conseiller et à essayer de ne plus souffrir à force de sourire pour penser à Voldemort ou à ce qu'ils avaient fait l'année passée.
Et c'était tout ce qu'elle avait voulu : oublier la guerre.
– Bonjour, la salua une petite fille en déposant sur le comptoir plusieurs pralines longue-langue et une boîte de Feuxfous Fuseboum.
– Bonjour, répondit Hermione en lui souriant avant de prendre le Gallion qu'elle lui tendait et de l'encaisser.
Gérer la caisse était assez simple pour elle. Quand elle était à l'école moldue, elle avait toujours eu des facilités avec les chiffres et c'était sans doute pour cela que l'Arithmancie était devenue sa matière préférée. Les chiffres la rassuraient et elle savait qu'elle s'en sortait bien. Elle avait légèrement repris le cahier de comptes des jumeaux, mais étonnamment ils étaient plutôt organisés, ce qui l'avait beaucoup étonné.
Elle avait toujours cru que les jumeaux étaient assez désorganisés. Et c'était ça dont elle avait eu peur en travaillant pour eux. Étonnamment, dans la tenue des comptes de la boutique et de l'argent, ils restaient assez clairs. Pas assez pour elle, bien sûr, mais suffisamment pour que les comptes soient parfaitement tenus et qu'elle n'ait aucun problème pour prendre la suite.
– Vous êtes l'amie de Mr Potter, l'Élu, notre Sauveur ? demanda soudain le père de la jeune fille.
La petite fille écarquilla les yeux à son tour alors que le père fixait Hermione avec de gros yeux presque humides.
– Euh, oui, répondit Hermione qui avait rapidement compris que nier ne servait à rien.
Les gens savaient qui elle était. Elle aurait aimé passer inaperçue, mais la Gazette du Sorcier avait publié une série d'articles sur les « héros de la Bataille Finale », sans leur accord bien évidemment.
Si Harry avait considéré ça comme inévitable, Hermione était devenue folle et avait envoyé une lettre bien sentie au journal. Elle ne savait pas si c'était la perspective d'être dans le journal, ou le fait qu'ils aient utilisé l'une des photos prises par Rita Skeeter à son insu quand elle était en quatrième année qui l'avait mise hors d'elle.
Le directeur de Gazette lui avait offert un an d'abonnement pour s'excuser et, depuis, tous les matins, Hermione arrivait chez les jumeaux en pestant contre chacun des articles du journal qu'elle avait lu.
Elle s'était rendu compte qu'il était beaucoup plus pratique de passer par leur appartement que par le Chemin de Traverse. Elle avait tenté, une fois, mais elle avait été alpaguée par divers passants qui l'avaient reconnu et, depuis qu'elle était arrivée une heure en retard lors de son deuxième jour, George lui avait proposé de passer par leur appartement.
– Merci, Miss Granger, merci de nous avoir sauvé. ! cria à moitié l'homme alors qu'il commençait presque à pleurer.
– Tenez, répondit Hermione en rougissant et en donnant à la petite fille la boîte qu'elle venait d'acheter et priant Merlin pour qu'ils partent rapidement avant que toute la boutique ne lui demande un autographe.
Elle crut que l'homme allait l'embrasser, mais il dut voir son regard paniqué, puisqu'il sortit de la boutique avec sa fille, sans cesser de la dévisager.
– Inquiétant ce type, murmura une voix à son oreille.
Hermione sursauta et se tourna face à Fred qui souriait de toutes ses dents, ravi de lui avoir fait peur.
– Tu t'améliores. La dernière fois tu as failli me tuer avec ta baguette.
Hermione rit à son tour, se souvenant en effet de la fois où Fred lui avait proposé de venir travailler chez WWW. Cela lui avait paru fou à l'époque.
Aujourd'hui, elle ne regrettait pas d'avoir signé, même si cela ne faisait qu'une bonne semaine.
– Tu le connaissais ? demanda Fred.
– Désolée de te décevoir, mais je suis assez connue à présent, rétorqua Hermione en attrapant l'Oreille à Rallonge du client suivant.
– Tu resteras toujours la petite Hermione Granger qui a fait perdre plus de cent points à sa maison en première année.
Hermione rougit en se souvenant de la fois où, avec Harry, elle avait en effet fait perdre des centaines de point à la maison Gryffondor, simplement parce qu'ils avaient rapporté Norberta à Charlie Weasley.
– J'ai sauvé un dragon, opposa Hermione en relevant le menton.
– Crois ce que tu veux Granger, Gryffondor n'a pas oublié ! cria George qui passait devant eux en tenant le bras en l'air comme s'il tenait une épée.
– Tu n'es pas assez digne pour avoir le droit de porter l'épée de Gryffondor, siffla Hermione en fusillant les jumeaux du regard. Qu'est-ce que vous faites là, vous n'avez pas un magasin à gérer ?
– Tout se passe parfaitement bien, assura Fred en s'asseyant sur le comptoir pour survoler le magasin des yeux, avec un air supérieur qu'il avait toujours au visage.
Le magasin marchait en effet parfaitement bien. Il ne restait que quelques jours avant la rentrée et il n'était pas rare que la plupart des élèves de Poudlard passent la nuit sur le Chemin de Traverse pour prendre le Poudlard Express deux jours plus tard.
– Tout se passe bien, mais les deux enfants qui sont en train de sortir ont volé deux Marques des Ténèbres, indiqua Hermione d'un ton détaché avant de sourire à la femme qui venait d'acheter un chaudron farceur. Merci pour votre achat. À bientôt chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux.
– Quoi !? s'écria Fred en sautant du comptoir avec agilité et courant vers les deux garçons.
Hermione sourit fièrement quand il revint avec les deux Marques des Ténèbres qu'il avait récupérées, après avoir copieusement fâché les deux enfants, leur promettant les pires sortilèges s'ils osaient remettre un pied dans la boutique.
– Comment, par Merlin tout puissant, tu as fait pour voir ça ? demanda George, qui avait assisté à la scène, les yeux écarquillés.
– Je suis Préfète, rappela Hermione en levant les yeux au ciel. J'ai eu de l'entraînement pendant deux ans, surtout avec vous.
– Nous étions des fées, dit Fred d'un ton innocent, alors qu'il s'accoudait au comptoir et la regardait avec adoration. Merci Granger.
– Je suis là pour ça, dit Hermione en haussant les épaules.
Elle s'écarta légèrement, car Fred était assez proche d'elle. Avant qu'elle ne travaille chez WWW, ils s'étaient toujours bien entendu, mais ils n'avaient pas été amis. Les jumeaux étaient amis avec Harry, oui, mais pas vraiment avec elle.
Ce retournement de situation dans leurs relations lui procurait quelques difficultés puisqu'elle avait du mal à savoir où se situer. Elle ne savait plus si les jumeaux avaient juste eu pitié d'elle et lui avait proposé ce poste parce qu'elle était la meilleure amie de leur frère, ou s'ils voulaient vraiment d'elle parce qu'ils la considéraient comme une amie. Elle préférait ne pas y penser.
– Retourne travailler, dit Hermione en lançant une Marque des Ténèbres comestible sur Fred.
Ce dernier ouvrit la bouche et l'avala d'une traite en lui faisant un clin d'œil.
– Merci de me nourrir Granger. Tu es vraiment l'employée du mois.
Hermione leva les yeux au ciel, mais son sourire étira ses lèvres sans qu'elle ne puisse s'en empêcher. Elle voulait leur rendre tout ce qu'ils lui avaient donné en lui proposant ce travail et si ça impliquait de les aider, elle allait le faire.
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– Bienvenue chez Weasley, Farces pour... Oh, c'est vous, constata Hermione.
Ginny et Ron lui lancèrent un grand sourire. Ils passaient plutôt inaperçus dans la boutique des jumeaux, mais elle aurait reconnu leurs chevelures rousses n'importe où.
Hermione leur sourit largement, heureuse de voir ses amis, avant de froncer les sourcils en voyant le garçon roux qui les accompagnait. Il lui semblait vaguement familier, mais elle n'arrivait pas à se souvenir d'où elle le connaissait. Ce ne fut que quand le garçon roux lui sourit qu'elle le reconnut.
– Harry ! chuchota Hermione, les yeux écarquillés.
– On a été obligé de lui donner du polynectar, expliqua Ginny à voix basse. Tu sais comment sont les gens, incapables de se contenir quand ils voient l'Élu.
– Je voulais surtout faire mes courses tranquillement, expliqua Harry en haussant les épaules en rougissant.
Hermione sourit à son meilleur ami, comprenant son souhait. Elle aussi elle aurait voulu passer inaperçu par moment, même si elle n'avait pas de cicatrice sur le front.
Elle comprenait aussi que Ginny et Harry veuille garder leur relation secrète des grands journaux. Ils en avaient fait le choix quand Ginny avait dit qu'elle voulait d'abord construire sa carrière professionnelle (quelle qu'elle soit), avant de révéler au grand jour leur relation, pour ne pas être accusée d'avoir réussi parce qu'elle était « la petite-amie de Harry Potter ».
– Molly ne vous a pas accompagné ? s'étonna Hermione qui s'attendait presque à voir la mère Weasley apparaître entre deux étagères.
– On lui a dit qu'on attirerait trop l'attention si elle venait, expliqua Ron avec fierté d'avoir réussi à évincer sa mère. Et nous voilà !
– Bienvenue, bienvenue, dit une voix derrière Hermione.
Cette dernière frémit en se rendant compte que Fred se tenait très près d'elle. À tel point qu'elle sentait sa chaleur derrière elle et qu'elle était persuadée que, si elle se retournait, ils se retrouveraient collés l'un à l'autre.
Ne pas y penser, ne pas y penser... songea-t-elle dans sa tête sans pouvoir s'empêcher de rosir.
– Comment avez-vous trouvé l'accueil ? s'enquit Fred.
– Parfait, affirma Ginny en jetant à Hermione un regard appréciateur. Tu l'as fait travailler, non ?
– Bien sûr, sœurette, répondit Fred en lui faisant un clin d'œil complice. Vous êtes là pour acheter ?
– Évidemment, je dois faire le plein avant de repartir à Poudlard ! affirma Ginny dont les yeux virevoltaient dans la boutique. Enfin, Harry va prendre ce que je veux comme ça je ne vais pas payer.
– Tu es folle, je paye mes achats ! s'horrifia Harry.
– Rêve toujours, s'amusa Hermione. Regarde ce que j'ai ici.
Elle lui tendit un petit bout de parchemin, d'ordinaire posé à côté de la caisse, et sur lequel était écrit :
« Gratuité pour Harry Potter, le Grand Patron de WWW ».
– N'importe quoi, fit Harry en levant les yeux au ciel. Je vais payer, c'est non négociable.
– Laisse-tomber Potter, ça pouvait marcher avant, maintenant tu dois passer devant le dragon à côté de moi, ironisa Fred en désignant Hermione. Tu sais qu'il vaut mieux faire ce qu'elle dit.
– Il a plutôt raison, confirma Hermione en décrochant à Harry un sourire carnassier.
Harry déglutit difficilement et attrapa la main de Ginny pour l'entraîner dans le magasin.
– On se voit demain, n'est-ce pas ? dit Ron en restant avec eux.
– Bien sûr, confirma Hermione en lui souriant. Il faut fêter ta rentrée à l'école de Médicomagie.
– Et dire au revoir aux petits, ajouta Fred en désignant Ginny et Harry qui riaient tous les deux comme s'ils étaient seuls au monde.
– Je suis contente qu'ils se soient réconciliés, sourit Hermione rêveusement.
– Ils sont plutôt mignons, confirma Fred.
– Plutôt ? releva Hermione en haussant un sourcil.
– Ginny reste notre sœur, rappela Ron.
– Et Harry est ton meilleur ami ! Elle ne pouvait pas tomber sur un garçon aussi bien que lui.
– C'est sûr qu'on est rassurés, confirma George qui venait d'arriver. Au moins si elle est embêtée, Harry a juste à sortir sa baguette et la personne déguerpira en pensant qu'il peut le tuer avec un Expelliarmus.
S'il y avait bien une rumeur qui faisait éclater de rire tous les proches de Harry, c'était le fait qu'il ait tué Voldemort avec un simple sort de Désarmement.
La Gazette en avait parlé dans plusieurs articles et depuis il était impossible pour Harry d'échapper à la question quand il sortait dans la rue sous sa véritable apparence.
– Tu as vu des élèves de Poudlard ? demanda Ron à Hermione.
– Pas tellement, admit Hermione. Mais le professeur McGonagall m'avait dit que peu d'élèves de notre année retournaient à l'école cette année. On a vu Luna hier avec Neville, les jumelles Patil...
– Lee est passé aussi, ajouta Fred. Des Poufsouffle...
– Oui, Ernie Macmillan et Hannah Abbot, confirma Hermione qui avait pu discuter un peu avec les deux Poufsouffle qui retournaient à Poudlard cette année. Il y avait aussi les anciens membres de l'équipe de Quidditch de Gryffondor.
– On a vu aussi l'ancienne petite-amie de Harry ! s'écria George en frappant dans ses mains. Comment elle s'appelle déjà ?
– Cho ? fit Ron.
– Je ne l'ai pas vu... dit Hermione en fronçant les sourcils.
– Mais non, pas elle, celle qui a failli tuer Ron avec son philtre d'amour, ricana Fred.
– Romilda Vane, comprit Hermione en voyant que Ron ne voyait pas de qui son frère parlait.
– Oh elle, frissonna Ron.
Il se souvenait sans doute du philtre d'amour, destiné à Harry, caché dans des chocolats, qui l'avait amené jusqu'au bureau de Slughorn, où il avait failli mourir en raison du poison dans la bouteille de vin.
– Je vais faire un tour, dit Ron tout en arrêtant George pour lui demander conseil.
– Tu n'as pas de travail à faire, Fred ? demanda Hermione en se tournant vers le roux qui n'avait pas bougé de place.
Ils étaient effectivement très proches. Et il ne faisait pas mine de bouger. Au contraire, son sourire se fit plus grand quand il remarqua leur proximité.
Hermione se racla la gorge, un peu gênée.
– Tu sais, Verity nous appelait Mr et Mr Weasley. Pourquoi tu ne fais pas ça toi ? demanda Fred d'un air très sérieux.
– Il va falloir me payer très cher pour ça, siffla Hermione entre ses dents.
– Je suis ton patron, opposa Fred en se rapprochant imperceptiblement d'elle.
Proche, trop proche...
– Je croyais qu'on était amis, opposa Hermione, l'air triomphant.
– Nous sommes amis, confirma Fred.
Hermione se retint de sourire, ravie qu'il le confirme, avant qu'il n'étire son visage en un sourire ironique.
– Mais je suis quand même ton supérieur. C'est moi qui t'accueille chez moi, qui te paie, qui te fait rire. En somme, sans moi, tu ne peux pas exister, remarqua Fred.
Hermione ouvrit la bouche pour lui répondre avec une remarque acide dont elle avait le secret, mais la porte d'entrée tinta. Elle se retint à temps de frapper Fred en voyant son sourire ironique pour se tourner vers la famille qui venait d'entrer et plaqua un sourire sur son visage, bien que la colère la fasse bouillir de rage.
Et elle s'efforça de lancer, d'un ton agréable et avec un sourire sincère :
– Bienvenue...
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