RÉSUMÉ : Après la guerre, Fred et George décident d'engager Hermione, fatiguée et perdue, chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux. Hermione, qui n'y voyait qu'un moyen de faire une pause dans sa vie, ne pouvait pas imaginer qu'elle trouverait l'amour dans une boutique aussi incroyable que magique.

N/A : Joyeuses fêtes à toutes et tous, merci pour votre soutien !


C – CHOCOLAT

Chocolat – Produit sucré ou boisson réconfortante pour les soirs d'hiver

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31 AOÛT 1998 – LE TERRIER

– Tiens mon chéri, dit Molly en tendant à Harry un plat pour qu'il l'apporte dehors.

Harry sourit à la femme qu'il considérait comme sa mère et sortit dans le jardin du Terrier, heureux de voir la famille Weasley discuter et rire.

Il manquait les jumeaux et Hermione (qui travaillaient ce matin à la boutique), Arthur qui avait une réunion au Ministère et Percy n'était pas encore arrivé (Ron pensait d'ailleurs qu'il ne viendrait pas).

C'était une belle journée, même si elle annonçait des départs. Charlie repartait en Roumanie le soir même et Ron commencerait sa formation de Médicomage. Il continuerait d'habiter au Terrier, les cours se trouvant dans le centre de Londres, mais Harry savait que c'était une bonne chose.

Après un an loin de sa famille et à craindre pour sa vie, Ron avait bien mérité du repos chez ses parents.

Harry, lui, avait fait un choix différent. Ginny et lui partaient à Poudlard pour y effectuer leur septième et dernière année. Harry avait longuement hésité avant de retourner à Poudlard. Il n'avait jamais été un adepte de l'école de manière générale et il avait eu une proposition pour intégrer les Aurors, sans même avoir besoin de diplôme.

Mais après en avoir discuté avec ses amis de toujours, Ron et Hermione, il avait conclu qu'une année loin de tout (et surtout du tapage médiatique qui avait suivi la Bataille Finale) lui ferait du bien. Il allait pouvoir profiter d'une année à Poudlard, l'endroit où il s'était presque toujours senti à sa place, chez lui.

Il allait jouer au Quidditch avec Ginny, il allait prendre le temps de guérir ses plaies et de réfléchir sur son avenir. Pour le moment, il ne savait pas s'il voulait vraiment intégrer les Aurors ou s'il ne s'agissait que de sa volonté de réussir ce qu'il avait souhaité devenir quand il était en quatrième année.

Prendre une année pour lui allait lui faire le plus grand bien. Mais surtout, il allait pouvoir s'éloigner du monde sorcier qui l'étouffait.

Entre les articles de la Gazette, les gens qui se tournaient sur son passage dès qu'il daignait sortir (il ne sortait d'ailleurs plus du tout dans le monde sorcier, préférant le calme du monde moldu) ou encore les nombreuses invitations (à se marier ou même à aller à des cérémonies ennuyeuses au Ministère) il était ravi de retrouver très vite la sécheresse apparente de McGonagall et même de retrouver les cachots sombres et humides de Slughorn.

– Tu vas rester planté ici toute la journée ? lui demanda Ginny en haussant un sourcil en le voyant plongé dans ses pensées.

Harry se remis en mouvement, se rendant compte qu'il était resté perdu dans ses pensées à observer la famille Weasley, et se dirigea vers la table pour y déposer le plat confié par Molly.

– Ce n'est plus le Garçon-qui-a-Survécu-deux-fois, mais le Garçon-qui-attend-perdu, ironisa Ron derrière eux en ricanant.

– Arrête avec ces surnoms ridicules, marmonna Harry en levant les yeux au ciel.

– Comme si tu ne savais pas que ma mère garde les coupures de journaux dans un cahier pour te les ressortir dans quelques années. C'est quoi le dernier surnom que lui a donné la Gazette, déjà ? demanda Ron à la cantonade.

– Le Bigleux, lança Charlie en lançant un Souaffle à un Bill hilare.

– Je crois que c'est l'Homme-qui-tue-avec-un-Expelliarmus, corrigea Ginny sérieusement en s'installant à table aux côtés de Fleur.

– Je croyais que c'était Celui-qui-se-met-toujours-en-danger-sans-plan-pour-s'en-sortir, ajouta Fleur avec son accent français et son sourire en coin.

– Il a des plans... Mais qui incluent souvent un dragon, ajouta Ron en leur rappelant leur escapade à Gringotts.

– Vous êtes tous bêtes, siffla Harry en levant les yeux au ciel. Fleur, je n'en reviens pas que tu te ranges de leur côté !

– Excuse-moi Arry, mais tu dois avouer que la Gazette est assez imaginative à chaque fois pour te trouver des surnoms, répliqua Fleur alors que Ginny éclatait de rire.

Harry sourit, parce qu'il savait qu'ici il n'était pas le Grand Harry Potter, mais simplement le petit sorcier perdu que la famille Weasley avait aidé dès leur première rencontre.

La famille avait été agrandie, à présent, mais tout était toujours comme avant : une famille unie et soudée qui se disait les choses, qui riait des uns des autres, et qui lui permettait de ne pas avoir un gros Souaffle à la place de la tête.

– Tu as vu Teddy ? demanda plus sérieusement Fleur.

– Je vais y aller tout à l'heure pour lui dire au revoir, répondit Harry en grimaçant tout en s'asseyant face aux deux femmes.

Il sentait son cœur se serrer à l'idée d'abandonner Teddy. Il était parfaitement bien élevé par Andromeda, qui se remettait difficilement de la perte de son mari et de sa fille, mais Harry savait que se séparer de son filleul allait être difficile.

Il s'était attaché à ce petit bonhomme qui lui ramenait tant de joie dans sa vie. Harry s'était assuré d'y aller au moins quatre à cinq fois par semaine pour lui rendre visite et le couvrir de cadeaux. Il avait souvent été accompagné par Ginny et de ses meilleurs amis.

C'était Teddy qui l'avait fait hésiter à repartir à Poudlard, mais Andromeda lui avait promis de le lui ramener à chaque sortie Pré-au-Lard. Et ce n'était qu'une année.

L'année prochaine, il savait qu'il pourrait passer voir son filleul plus souvent et être présent pour lui, de la même manière que Sirius l'avait aidé à son échelle. Il voulait être une figure pour Teddy, pour l'aider à affronter le monde extérieur. Il voulait surtout que Teddy ne manque de rien, c'était son devoir de parrain.

– Tout se passera bien, assura Ginny qui savait qu'il avait du mal à le quitter.

– Hermione m'a dit qu'elle passerait le voir régulièrement, ajouta Harry qui se sentait rassuré à cette idée.

– Bien sûr ! lança Hermione qui venait d'arriver, flanquée de Fred dont la peau était d'une jolie couleur rouge vive. Je serai là pour Teddy, Harry, je te l'ai promis.

Hermione s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras et Harry sourit contre sa meilleure amie. Il ne l'avait pas vu aussi rayonnante depuis très longtemps. Elle souriait de toutes ses dents et elle semblait beaucoup plus légère, comme si le dragon qu'elle portait sur ses épaules depuis sept ans (à force de le soutenir dans tous ses plans dangereux) s'était enfin envolé.

Harry n'avait pas cru que Hermione pourrait se plaire chez les jumeaux, au contraire de Ron qui lui avait assuré que c'était ce qu'il lui fallait.

Il devait admettre que Ron avait eu raison sur toute la ligne. Quand il l'avait vu il y a deux jours, sourire aux clients, les conseiller, rire avec les jumeaux, mais aussi se défendre contre leurs attaques, il avait compris que c'était exactement ce qu'il fallait à la brune.

Être challengée, se trouver loin de la politique et de la guerre, rire, faire de la belle magie, voir des gens et les rendre heureux c'était cela qui allait rendre Hermione heureuse.

– Tu as l'air en forme, constata Fleur qui n'avait pas vu Hermione depuis longtemps.

– Merci Fleur, répondit Hermione plus cordialement qu'elle n'avait jamais parlé à Fleur.

Elle s'autorisa même à lui sourire et Harry savait que cette soudaine amitié s'expliquait surtout par le séjour qu'ils avaient fait à la Chaumière aux Coquillages, après être passés par le Manoir Malefoy.

Fleur s'était, depuis lors, rapprochée de Hermione et s'efforçait de savoir si elle allait vraiment bien à chaque fois qu'elles se voyaient. Sans doute que la vision d'une Hermione évanouie et torturée avait dû marquer Bill et Fleur, bien plus qu'ils ne l'avoueraient jamais, puisque même Bill se tourna vers Hermione en hochant la tête, visiblement soulagé de la voir en bonne santé.

– Mes frères ne t'en font pas trop voir ? demanda Ginny en souriant à son tour, ravie de voir Hermione aussi épanouie.

– Tu rigoles ? C'est elle qui nous en fait voir, de toutes les couleurs ! s'écria Fred en se plaçant aux côtés de Hermione d'une façon naturelle qui fit ricaner Ginny et Fleur. Regarde ce qu'elle m'a fait ce matin.

Il désigna son corps qui n'était plus blanc, mais rouge. Il y avait quelques endroits qui n'étaient pas rouges vifs, ce qui donnait à l'ensemble quelque chose de très particulier que Harry n'était pas sûr de savoir apprécier.

– C'est toi qui as commencé, marmonna Hermione en levant les yeux au ciel. Je te rappelle que c'est toi qui m'as agressé avec ta boîte à Flemme dans la joue.

– Et tu t'es vengée pour ça ? s'horrifia Fred.

– Tu remarqueras que George a la peau blanche, ironisa Hermione. Parce que lui ce n'est pas un troll !

– Un troll ? Répète ça, sorcière ? siffla Fred en plissant les yeux. C'était une seule boîte et ce n'était même pas fait exprès !

– C'était totalement voulu, cria George derrière eux.

Hermione leva le menton vers Fred d'un air triomphant.

– Et en plus tu as été méchant ce matin, ajouta Hermione comme si elle voulait clore le débat.

– Moi, méchant ? Jamais de la vie !

Tout le monde regardait Fred et Hermione se faire face comme un jeu de Bavboules particulièrement intense.

Le roux et la brune se toisaient du regard en se fusillant du regard, avant que Fred ne lui lance un air innocent qui ne plut pas du tout à Hermione.

– Tu as dit à ce pauvre client que j'étais contagieuse parce que tu avais testé la Démangite sur moi ! s'horrifia Hermione en le fusillant du regard.

Harry fronça les sourcils car il ne connaissait pas ce produit des jumeaux et songea que ce devait être un de leurs nouveaux produits en développement.

Généralement, les jumeaux développaient des produits toute l'année, mais sortaient deux collections nouvelles pour noël et les grandes vacances, là où ils avaient le plus de clientèle.

Harry le savait uniquement car les jumeaux lui envoyaient une lettre deux fois par an en récapitulant les ventes et en le suppliant d'accepter une partie des bénéfices.

– Il était trop insistant avec toi, avoua Fred en rosissant. Je pensais t'aider, mais la prochaine fois je te laisserai te débrouiller seule.

Hermione leva les yeux au ciel en le regardant de travers.

– Il m'a simplement demandé ce que moi je préférais entre les Pralines Longues Langues et les Baguettes Farceuses, je ne vois pas en quoi c'est être insistant. Tu étais où pour me sauver du vieux monsieur qui m'a demandé si j'avais tué un Mangemort l'année dernière ?

– Lui il se posait juste des questions, répliqua Fred en grimaçant. Il ne te regardait pas comme... comme...

– Comme quoi ? demanda Hermione d'une voix menaçante.

Fred sembla soudain mal à l'aise et regarda autour de lui en constatant que tout le monde les fixait avec insistance.

– Peu importe, marmonna Fred. De toute façon tu t'es bien vengée avec ton sort.

Hermione soupira en comprenant qu'il n'expliquerait pas ce qui lui avait pris, mais une lueur triomphante passa dans ses yeux marron.

– Tu ne nous as pas dit combien de temps ça durerait, intervint George d'un ton innocent, même s'il masquait une hilarité que personne ne pouvait comprendre.

– Franchement George, je croyais que tu savais comment marchait le magasin, ironisa Hermione en rigolant faussement. Fred est le premier à tester le sortilège. Je compte sur toi pour noter tout ce que tu ressens et nous faire un compte-rendu le plus rapidement possible.

Hermione le regarda avec défi de la contredire, avant d'hocher la tête d'un air ravi et de tourner les talons pour rentrer au Terrier et sans doute aider Molly à préparer le repas.

Fred, lui, la regarda partir en restant pantois.

Au moment où Hermione eut disparu de son champ de vision, George se mit à éclater de rire en se tenant le ventre. Charlie aussi avait un sourire en coin que Harry ne comprit pas.

Il se tourna vers Ron et Fleur qui haussèrent les épaules d'un même mouvement, aussi perdus que lui.

– Franchement Fred, tu es ridicule, siffla Ginny en fusillant son frère du regard.

– Quoi ? fit Fred en regardant sa sœur avec hauteur. J'ai voulu aider Hermione à se débarrasser d'un troll qui...

– Arrête ton balai, coupa George en regardant son jumeau comme s'il était fou. Personne ne te croît ici. Et puis, le client n'était vraiment pas insistant. C'est simplement qu'il était intéressé par Hermione et que ça ne t'a pas plu.

– Pas du tout ! s'écria Fred.

– Tu sais, si tu aimes bien Hermione, tu n'es pas obligée de faire peur à tous les garçons qui sont intéressés par elle, indiqua Ginny d'un ton plus doux. Tu peux juste lui demander de sortir avec toi.

– Que... quoi... je ne... pas du tout ! balbutia Fred en rougissant à la mode Weasley alors que tous ses frères éclataient de rire.

– Je me tue à lui dire, ajouta George avec un sourire en coin.

– Est-ce que tu veux vraiment aller sur ce terrain, Georgie ? siffla Fred en regardant son jumeau avec insistance.

George se mit à rougir à son tour et Ginny frappa dans ses mains d'excitation.

– Tu as quelque chose à nous annoncer ?

– Pas du tout, coupa George en prenant un air plus détaché. On se la fait cette partie de Quidditch avant le repas ? proposa-t-il en se dirigeant à grands pas vers Bill et Charlie pour se faire des passes de Souaffle.

Il fut bien vite rejoint par Fred et les jumeaux retrouvèrent leur hilarité habituelle, bien que les regards se portaient plus régulièrement sur eux.

Harry, lui, était un peu perdu sur ce qu'il venait de se passer et se tourna vers Ginny, les yeux écarquillés.

– Fred est intéressé par Hermine ? demanda Harry un peu sous le choc.

Ginny le fixa avec un mélange d'adoration et de dépit.

– Je pense qu'il ne le sait pas encore, mais c'est évident. Pourquoi tu penses qu'il lui a proposé de venir travailler à la boutique ? demanda Ginny en le regardant comme s'il était fou lui aussi.

– Parce que c'est une sorcière brillante ? proposa Harry.

– Oh Harry, tu as encore beaucoup à apprendre pour séduire une femme, rit Fleur en rejetant ses cheveux en arrière.

Bill se tourna au même instant vers sa femme, les yeux rêveurs et se prit le Souaffle en pleine tête, sous les rires moqueurs de ses frères.

– Est-ce qu'on doit s'inquiéter ? demanda Ron qui avait écouté la conversation.

– Hermione est parfaitement capable de se défendre seule, rappela Ginny avec un sourire en coin. On va simplement observer comme ça se passer.

– On peut lancer les paris du coup ? proposa Ron avec machiavélisme.

– Bien sûr ! confirma Ginny les yeux flamboyants. Je dis Noël !

– Hermione ne se laissera pas séduire aussi facilement, grimaça Ron, je dis mai pour l'anniversaire de la Bataille Finale.

– Moi je propose le mois de novembre, intervint Fleur avec sérieux.

– Novembre ? s'horrifièrent Ron et Ginny.

– Impossible, confirma Harry en hochant la tête. Plutôt le Nouvel An, surtout si elle le fête chez les jumeaux.

– Vous verrez, dit Fleur avec un sourire en coin, appelez ça l'intuition de vélane.

Ginny ricana, sûre de son pari, alors que les membres de la famille Weasley se tapaient dans la main pour marquer leur accord et leur pari.

– J'irai demander à Charlie et Bill tout à l'heure, proposa Ginny avec un sourire en coin.

– Il faut aussi parier sur la Coupe de la Ligue, rappela Fleur. Bill veut m'emmener voir les Flèches, il dit que c'est la meilleure équipe.

– Pouah, les Harpies sont bien mieux, assura Ginny. Il faut que tu arrêtes d'écouter mon frère, Fleur.

– Ça ne te pose pas de problème, toi, que Fred soit intéressé par Hermione ? demanda Harry en attirant Ron un peu à l'extérieur après que Ginny et Fleur aient commencé à parler de la Coupe de la Ligue et de leurs équipes favorites.

– Pourquoi ça m'en poserait un ? fit Ron en haussant les épaules. Tu sais notre week-end en Australie nous a vraiment fait prendre conscience qu'on était mieux en tant qu'amis.

– Et le fait qu'elle sorte avec ton frère ? insista Harry qui avait un peu peur pour son meilleur ami.

Il avait vu Hermione et Ron se chercher pendant des années, avant de se séparer quelques semaines après la Bataille Finale.

Il avait compris, bien sûr, que la guerre avait tout changé. La Hermione et le Ron de Poudlard avaient grandis et n'étaient plus les mêmes, plus compatibles en tant que meilleurs amis qu'en tant qu'amants. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de trouver ça dommage, que ses amis soient séparés après tant d'années à se tourner autour.

– Je pense que c'est la meilleure chose qui puisse lui arriver. J'y avais pensé, bien sûr, et j'avais peur qu'elle sorte avec un idiot comme McLaggen, mais mon frère... Il est parfois un peu agaçant, admit Ron en haussant les épaules, mais c'est mon grand frère. Je sais qu'il ne lui fera pas de mal et c'est tout ce qui compte, non ?

– Je suis content que tu le prennes comme ça, répondit Harry soulagé de voir son meilleur ami en paix avec sa relation passée.

– Allez, allons manger avant ma mère ne vienne nous chercher, rit Ron en lui donnant une tape dans le dos.

Quand Harry s'installa entre une Hermione au grand sourire et un Ron taquin, face à Ginny qui le regardait avec amour, au milieu de toute la famille Weasley, il se dit qu'il avait vraiment de la chance d'être en vie et d'avoir trouvé une famille.

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1er SEPTEMBRE 1998 – LE TERRIER

Hermione était tranquillement installée dans le canapé du Terrier, un livre à la main, profitant du calme ambiant.

Les jumeaux étaient dans la cuisine en train de planifier de nouvelles blagues. Ils avaient décidé de venir dîner au Terrier, sentant que leur mère était triste d'avoir accompagné pour la dernière fois Ginny et Harry au Poudlard Express.

Hermione avait eu un pincement au cœur en voyant le train rouge siffloter et retourner vers le château, sans elle à l'intérieur. Mais elle ne pouvait pas le regretter. Elle avait sa vie, à présent, même si ses amis allaient lui manquer.

Ron était revenu de sa première journée à l'école de Médicomagie et semblait plutôt content de la promotion et des premiers cours qu'il avait pu avoir. Hermione croisait les doigts pour que tout se passe bien pour lui et qu'il trouve enfin la voie qui lui convenait.

– Est-ce que tu penses amener Pattenrond à la boutique ? demanda Fred en passant la tête dans l'embrasure de la porte de la cuisine.

– Bien sûr que non ! s'horrifia Hermione en caressant son chat orange qui s'était assoupi sur ses jambes. Pourquoi ?

– Il pourrait s'amuser là-bas, insista Fred.

Hermione se tourna vers Fred et lui jeta un regard mauvais.

– Pour qu'il devienne la victime d'une de vos expériences ? Hors de question.

– On ne lui fera pas de mal, promit George en passant sa tête à son tour dans l'embrasure de la porte.

– Je ne vous fait pas confiance. Pourquoi vous avez besoin de Pattenrond ? demanda-t-elle suspicieusement.

– On a besoin de poils de Fléreur, admit Fred à contrecœur.

– Je vous donnera les poils tombés alors, proposa Hermione. Pas besoin de traumatiser mon chat avec vos expériences dangereuses.

– Super ! s'écria George en retournant dans la cuisine, avant de repasser sa tête dans l'embrasure de la porte. Mais il est quand même le bienvenu. Il protègera la marchandise.

Hermione fixa son chat en se posant des questions. Elle n'avait jamais songé à emmener Pattenrond à la boutique des jumeaux. D'abord, parce ce qu'elle avait effectivement peur des expériences des jumeaux qui pouvaient tourner mal...

Mais surtout, elle n'y avait pas pensé.

Elle voyait Pattenrond beaucoup moins depuis qu'elle avait commencé à travailler chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux.

Son chat sortait assez peu finalement, il ne serait pas déboussolé à l'idée d'être à la boutique, il avait toujours été présent dans la Salle Commune quand les jumeaux faisaient exploser des choses.

Elle devait y réfléchir, mais l'idée de voir son chat un peu plus régulièrement lui semblait être une bonne chose, même si cela n'interviendrait pas avant qu'elle ne soit correctement intégrée au magasin.

Pour le moment, elle avait du mal à savoir où se positionner et c'était un peu difficile. Elle s'intégrait petit à petit, mais elle sentait qu'elle n'était pas encore au niveau. Si elle s'entendait plus ou moins bien avec les jumeaux, l'environnement était dur à supporter.

Le magasin était un bazar monstre, désorganisé, et il n'était pas rare que Hermione soit la victime de produits qui explosaient, bondissaient, brûlaient elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait utilisé la potion de soins des jumeaux.

Si les jumeaux s'assuraient à chaque fois qu'elle aille bien, elle devait avouer que ce capharnaüm constant commençait à lui peser sur le moral. Elle devait faire attention à chaque pas qu'elle faisait, à chaque mouvement, sous peine d'être blessée.

Hier, un Feuxfous Fuseboum avait explosé au sein même du magasin (parce que Fred avait lancé sur des étagères une baguette farceuse) et elle avait été brûlée sur tout l'avant-bras. Elle avait pesté contre les jumeaux qui n'avaient rien trouvé de mieux à faire que de rire.

Encore aujourd'hui, elle était assez agacée par leur comportement et ne voulait rien leur laisser passer. Cette insouciance pouvait coûter la vie à certaines personnes. Ils ne s'en rendaient même pas compte, mais une petite fille avait été là et aurait pu être blessée avec ce genre de comportements !

– JE L'AI ! JE L'AI ! hurla Ron en brandissant une lettre au-dessus de sa tête.

Hermione sursauta, réveillant Pattenrond qui cracha dans sa direction et marcha vers le jardin en lui montrant sa queue, l'air agacé d'avoir été réveillé aussi brusquement.

– Pardon Pattenrond, dit Hermione avant de se tourner vers Ron qui sautait sur place en brandissant la lettre avec l'air le plus ravi qu'elle n'ait jamais vu sur lui.

– Qu'est-ce que tu as ? demanda Fred qui était sorti de la cuisine avec George et leur mère.

– MA CARTE DE CHOCOGRENOUILLE ! TU L'AS AUSSI HERMIONE ! hurla Ron en commençant à avoir des larmes aux yeux. JE L'AI ! VOUS NE COMPRENEZ PAS ? JE L'AI !

– Arrête de hurler déjà, on te comprendra mieux, proposa George alors que Fred attrapait la lettre sans difficulté des mains de son petit-frère.

« Cher Mr Weasley, Nous avons l'honneur de vous informer que la société Chocogrenouille souhaite réaliser une carte à votre effigie. Nous souhaitons réaliser votre portrait le plus rapidement possible, afin de lancer la collection « héros de guerre » pour les fêtes de noël. Pourriez-vous nous indiquer vos disponibilités par retour de hibou ? » lut Fred, ses yeux s'écarquillant à mesure qu'il avançant dans la lettre.

– Mais c'est merveilleux Ron ! s'écria Molly Weasley en prenant son fils dans les bras, les larmes aux yeux.

– Tu en as une toi aussi ! s'écria soudain Ron en se tournant vers Hermione pour lui tendre une seconde lettre.

Hermione, elle, prit une grande inspiration en attrapant la lettre où une grenouille en chocolat faisait de grands bonds. Elle la décacheta et trouva le même message qui avait été adressé à Ron. Elle dut s'asseoir sur le rebord du canapé, un peu surprise par cette nouvelle.

Elle n'était pas vraiment étonnée. Elle savait que le créateur des Chocogrenouille voulait un portrait de Harry.

Après tout, il était et resterait le Survivant, vainqueur de Voldemort. Elle était plus étonnée par le fait d'avoir une carte à elle. Elle n'était qu'une des personnes ayant participé à la Bataille, mais d'autres avaient fait bien plus qu'elle et...

– Tu la mérites, assura Fred en voyant son trouble.

– Je suis surtout contente pour Ron, admit Hermione qui voyait son meilleur ami montrer et lire la lettre à Arthur qui venait de faire son apparition au Terrier.

– Ayons une pensée pour Harry qui doit être partagé entre son envie de faire plaisir à Ron et son envie de se faire oublier et de partir s'installer en Alaska, ironisa George qui s'approcha d'eux à son tour. Félicitations Granger, tu vas nous ramener du monde au magasin !

Hermione sourit, ravie du soutien des jumeaux, qui comprenaient bien qu'elle se serait bien passée de cette nouvelle publicité. Elle n'aspirait qu'au repos, à présent.

– Je trouve ces Cartes un peu stupides en plus, soupira Hermione.

– N'oses pas dire du mal des Cartes ! s'horrifia Ron, qui se tourna vers elle en la fusillant du regard.

– C'est vrai quoi, ce sont uniquement des sorciers ou des sorcières célèbres pour leur Magie. Mais elles sont toutes décédées depuis longtemps. Elles ne parlent pas aux jeunes d'aujourd'hui. Pourquoi on ne pourrait pas avoir des Cartes qui représentent vraiment la population sorcière de Grande Bretagne ? Avec des sorciers et sorcières qui ont marqué notre temps oui, mais pourquoi pas des loups-garous comme Remus ? Des elfes de maison ? Des joueurs de Quidditch puisque vous adorez ça, ou... Quoi ?

Hermione s'arrêta en voyant les jumeaux se regarder, avec une lueur dans leurs yeux qu'elle avait appris à reconnaître : c'était la lueur d'une idée merveilleuse ou terriblement dangereuse, ou les deux, qui venait d'apparaître dans leurs esprits.

– Tu es géniale ! s'écria Fred en tapant dans la main tendue de George alors que les autres Weasley les regardaient avec interrogation.

– De quoi s'agit-il ? demanda Arthur en souriant, comme habitué à voir les jumeaux en effervescence.

– On va créer nos propres Cartes ! s'écrièrent les jumeaux.

– C'est une excellente idée, approuva Arthur en hochant la tête. Il est vrai que les Cartes de Chocogrenouille commencent à perdre de leur intérêt à présent.

– Qu'est-ce que vous allez proposer à la place des grenouilles en chocolat ? demanda Ron avec intérêt.

– C'est vrai que c'est le meilleur dans les Chocogrenouilles, le chocolat, confirma Hermione qui n'avait jamais compris la volonté de collectionner de Ron.

– On doit y réfléchir, dit George. Tu as des idées ?

– Je vous ferai signe si c'est le cas, promit Ron visiblement fier que George lui demande son avis.

– On lance une gamme et on inclut des cartes dedans, continua Fred qui sautillait presque d'impatience.

– Ça va être génial, tu imagines les ventes qu'on va faire avec ça ! s'écria George à son tour.

– Hermione prendra un bénéfice sur la vente des Cartes, intervint soudain Ron en fixant les jumeaux avec sérieux. Puisque c'est elle qui a eu l'idée et qui va vous aider dans les recherches.

Hermione laissa échapper un glapissement de surprise.

– Arrête Ron c'est complètement...

– Une merveilleuse idée, insista Ron en la regardant avec sérieux. Tu vas sans doute faire les recherches pour les noms des personnes que vous mettrez sur les cartes, non ? Je protège tes intérêts, donc laisse-moi faire.

Les jumeaux fixaient Ron avec un mélange de fierté et de stupeur. Hermione retint sa respiration en se demandant comment les jumeaux allaient réagir. C'était impossible qu'ils acceptent. Elle avait proposé l'idée, oui, mais c'étaient les jumeaux qui créaient, elle n'était que leur vendeuse, et...

– Cinq pourcent, proposa soudain Fred en fixant Ron très sérieusement.

– Quinze.

– Dix et elle peut avoir une collection complète, ajouta George.

Ron se tourna vers Hermione qui, surprise et choquée, hocha simplement la tête, alors que Fred et Ron se serraient la main en signe d'accord.

– Ça te va Granger ? demanda Fred en se tournant vers elle en la regardant avec une sollicitude qui la toucha plus qu'elle n'aurait dû.

– Euh oui, je crois, répondit Hermione qui observait les jumeaux, l'air stupéfait.

– Alors on va travailler dur pour ces cartes, tu vas nous aider et on signe un contrat dès que possible, enchaîna Fred avec un sourire en coin.

– On va manger ? demanda George avec espoir.

– Allons-y oui, nous allons fêter les bonnes nouvelles, dit Molly avec un grand sourire.

Hermione resta avec Ron qui avait les joues rouges de fierté, d'un côté par rapport aux Chocogrenouilles, mais aussi pour avoir négocié avec les jumeaux.

– On va avoir notre Carte de Chocogrenouille, murmura Ron qui semblait encore sonné.

– Tu viens de me donner les droits sur les futures Cartes des jumeaux, ajouta Hermione.

Les deux amis se regardèrent en souriant, avant de se sourire et de se prendre dans les bras.

– Merci Ron, pour tout.

– Ne me remercie, attends de voir la tête de Harry quand on va lui dire qu'il aura sa tête, sur les Chocogrenouilles, mais aussi sur les Cartes des Jumeaux.

– On va trouver une description qui soit amusante, promit Hermione avec machiavélisme.

– Du style « Harry Potter, le Bigleux, a Vaincu Vous-Savez-Qui, mais a surtout contribué à financer le meilleur magasin de Farces et Attrapes de l'Angleterre. Merci à toi, Grand Patron ».

Hermione et Ron éclatèrent de rire, avant de se diriger vers la cuisine pour fêter la bonne nouvelle, Hermione se promettant d'envoyer rapidement une lettre à Harry pour l'informer de la situation. Il allait détester ça.

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15 SEPTEMBRE 1998 – LE TERRIER

George sourit contre la bouche d'Adrian, son corps collé contre lui. Il prit une grande inspiration, encore surpris de le voir avec lui, de le sentir contre lui.

Adrian était arrivé ce matin à l'appartement, par surprise, et le sourire de George n'était pas retombé depuis. Il faisait une pause avant de commencer la Coupe de la Ligue et il était venu passer quelques jours à l'appartement pour qu'ils puissent se retrouver.

– Tu m'as manqué, murmura Adrian contre lui en l'embrassant dans le cou, entraînant une myriade de frissons dans son corps.

Ils étaient allongés sur le lit et George avait profité de lui toute la journée. Il avait pu prendre sa journée, grâce à Hermione et Fred qui avaient géré le magasin.

À présent que la rentrée était passé, le calme était revenu à la boutique et ils pouvaient souffler un peu plus.

George avait un peu peur que son frère et Hermione ne finissent par faire exploser le magasin, mais il avait préféré profiter d'Adrian, le temps qu'il était là, avant qu'il ne reparte pour ses matchs. Il savait à quel point cette saison était intense pour les joueurs de Quidditch.

– Tu te sens comment pour la Coupe de la Ligue ? demanda George avec intérêt en réussissant (difficilement) à s'écarter de son petit-ami pour le regarder.

– Oh je pense qu'on est bien partis, admit Adrian avec un grand sourire. On n'est jamais sûrs, évidemment, mais je pense qu'on a une bonne équipe. Surtout depuis qu'on a recruté Amy.

– Tu penses pouvoir battre le club de Flaquemare ? s'amusa George qui savait à quel point la compétition était intense entre les deux clubs.

– Bien sûr ! s'horrifia Adrian en se redressant sur son coude, ses cheveux lui tombant légèrement devant les yeux. Les Flèches sont bien meilleures.

George avait toujours soutenu le club de Flaquemare depuis qu'il était petit. À présent qu'il sortait avec Adrian, il supportait les Flèches d'Appleby. Une grosse affiche de l'équipe, lançant des flèches dans le ciel, trônait en bonne place face à son lit. Cela lui permettait de penser à Adrian quand il n'était pas là, ce qui était très souvent le cas. La saison de Quidditch était toujours intense et leur laissait peu de temps tous les deux.

– Pas trop fatigué par la Coupe du Monde ? s'enquit George qui trouvait qu'Adrian avait plus de cernes que d'ordinaire.

– Un peu, admit Adrian. J'aurai préféré dormir avec toi encore un peu.

C'était un bon Poursuiveur, qui était devenu excellent grâce à un travail de groupe intense. Notamment depuis qu'il était chez les Flèches et qu'Amy Gonzalès avait été recrutée, ils formaient avec Marcus Johnson un trio doré.

Puis, Adrian était devenu Poursuiveur pour l'Équipe d'Angleterre lors de la dernière Coupe du Monde qui avait eu lieu pendant les grandes vacances et il y avait été remarqué pour son jeu.

George était fier de son petit-ami, qui avait réussi là où beaucoup l'en pensait incapable. George avait suivi avec attention tous les matchs de la Coupe du Monde et, même si l'Angleterre n'avait pas gagné, cela avait été une très belle compétition, malgré les circonstances de la fin de la guerre qui avait empêché l'équipe de s'entraîner.

– Moi aussi j'aimerai qu'on se voie plus souvent, soupira George.

– Tu n'as qu'une chose à faire pour ça, releva Adrian en haussant un sourcil.

– Tu sais bien que je dois encore l'annoncer à mes parents. J'ai juste peur de leur réaction.

Le cœur de George se mit à battre un peu plus fort quand il s'imagina devoir avouer sa relation avec Adrian à ses parents.

– Tu penses qu'ils ne m'accepteront pas ? demanda Adrian l'air triste.

– Je pense qu'il ne m'accepterons pas, corrigea George en fermant les yeux.

Il avait peur, bien sûr, de l'annoncer à ses parents. Seul Fred savait qu'il aimait les garçons et surtout qu'il sortait avec Adrian Pucey depuis près de trois ans.

Seul Fred était capable de le regarder d'un air de dire « tu fais une bêtise de sortir avec un Serpentard » tout en ayant un air heureux disant « mais félicitations double de moi ».

Adrian et George s'étaient mis ensemble lors de leur dernière année commune à Poudlard.

George se souvenait encore des regards en coin qu'ils se lançaient entre deux entraînements, du moment où ils s'étaient retrouvés dans le vestiaire en même temps, de leur premier baiser sous la douche, des premiers rendez-vous secrets...

Cela avait été une relation très secrète, dès le départ. Parce qu'Ombrage avait jeté un vent de froid sur le château, qu'aucun Serpentard ne voulait être vu avec un Gryffondor et que Harry avait été accusé d'être un menteur à cette époque.

Seul George savait que tous les Serpentard n'étaient pas comme ça... Lui seul se souvenait de la rage dans laquelle s'était trouvée Adrian quand il voyait à quel point Harry se faisait maltraiter.

C'était peut-être le fait que son petit-ami soit aussi attentif aux autres et qu'il haïsse Voldemort autant que lui qui lui avait plu au début.

Il s'était rendu compte, après avoir passé la première attirance physique qui lui avait fait un peu peur, que tous les Serpentard n'étaient pas des monstres. Adrian, lui-même, n'était pas seulement un gorille de Serpentard, mais également quelqu'un qui avait un cœur.

Harry n'en avait aucune idée, il ne savait pas qu'il avait eu des soutiens, même à Serpentard, mais que ces personnes n'avaient tout simplement rien pu dire. Pour se protéger et protéger leurs familles. Mais George le savait. Il avait réussi à voir ça chez Adrian et, depuis, il était tombé irrémédiablement amoureux de ce garçon.

– Ils t'accepteront, j'en suis sûr, assura Adrian.

Quand ils avaient quitté Poudlard, tout avait été plus simple. Adrian avait été repéré par les Flèches et avait rapidement signé son contrat. George s'était installé à la boutique et Adrian était venu habiter avec lui quand il n'était pas au club d'entraînement pour les gros matchs. Il passait la moitié de l'année au club des Flèches, à dormir sur place, mais il arrivait de plus en plus à se libérer. Et, au fur et à mesure du temps, leur relation avait évolué tranquillement.

George avait eu peur, quand il avait perdu son oreille, mais Adrian l'avait rassuré en lui promettant qu'il l'aimait quoi qu'il lui arrive. Ça avait été la première fois qu'ils s'étaient avoué leur amour, avant que George ne soit contraint de se cacher chez la Tante Murielle, jusqu'à la Bataille Finale, où Adrian l'avait rejoint.

Ils s'étaient battus ensemble, jusqu'à la victoire de Harry où Adrian avait glissé à son oreille « j'ai eu raison de faire confiance au petit binoclard » qui avait fait éclater de rire George.

Mais, depuis la fin de la Bataille Finale, Adrian le poussait à dire la vérité à ses parents, pour qu'ils puissent enfin s'afficher en public. George savait qu'il devait le faire, mais il craignait vraiment la réaction de sa famille.

Après avoir failli tous les perdre, il ne pouvait pas imaginer ce qu'il se passerait s'il n'était pas accepté...

– Où est passé ton courage de Gryffondor ? demanda Adrian en s'écartant brusquement de lui. Tu sais George, je ne vais pas attendre éternellement caché dans ta chambre.

– Je le sais, bien sûr que je le sais et je ne te le demande pas, fit George en frissonnant à l'idée qu'Adrian ne veuille le quitter. Laisse-moi juste du temps.

– Je t'en laisse assez, je pense, dit Adrian plus sèchement. Ça fait trois ans, George. Trois ans et seul ton frère jumeau sait que nous sortons ensemble et encore c'est juste parce qu'il vit avec toi ! Je ne peux même pas en parler à mes coéquipiers.

– Pourquoi tu aurais besoin de leur en parler ? demanda George en sentant une pointe de jalousie le traverser.

Il savait qu'Adrian était beau. Il voyait les filles s'extasier sur lui à chaque match. Il avait des cheveux bouclés et de grands yeux bleus qui lui donnaient un air charmeur. Il était drôle. Il était parfait.

Il voyait les regards qu'il y avait sur son petit-ami, mais il savait aussi qu'il ne pouvait rien dire à ce sujet, puisqu'il n'était rien pour Adrian, officiellement. Il était juste le propriétaire d'une boutique de farces et attrapes, ayant participé à la Bataille Finale. Alors qu'Adrian était un Poursuiveur célèbre qui pouvait avoir qui il voulait s'il le décidait.

– Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis charmant, dit Adrian avec prétention. Ils commencent à se demander pourquoi je ne sors avec personne après les matchs. J'aimerai simplement leur dire que j'aime déjà quelqu'un, mais tu me l'interdis.

– Je vais leur dire, promit George.

– Je ne te crois plus vraiment, George, soupira Adrian en se relevant du lit pour s'habiller avec des vêtements moldus. Je t'aime, mais j'en ai assez de me balader dans le monde moldu et de cacher qui je suis parce que tu es trop effrayé de parler à tes parents.

– Ce n'est pas vraiment ça le prob...

– Si, ça l'est, siffla Adrian clairement agacé. Tu crois que c'est facile pour moi ? Je te rappelle que mes parents ne veulent plus me parler depuis qu'ils savent que j'aime les hommes. Toi, tes parents t'aiment et ils t'aimeront toujours. Mais tu leur cache la vérité depuis trop longtemps. Alors soit tu en parles à tes parents, soit on arrête là.

– Tu veux me quitter ? demanda George d'une petite voix.

Il ne pouvait pas imaginer qu'Adrian décide de le quitter. Ils avaient tant vécu de choses. George aimait Adrian, sincèrement. Il aimait quand Adrian lui lançait des piques, il aimait quand ils riaient comme des perdus tous les deux, il aimait quand Adrian venait à l'appartement et faisait des jeux de société ou buvait avec Fred comme s'ils avaient toujours été amis, se rappelant leur temps à Poudlard et leurs plus beaux affrontements sur le terrain de Quidditch. Adrian ne pouvait pas le quitter, jamais il ne le supporterait.

– George, je ne vais pas te quitter maintenant, assura Adrian plus doucement en voyant son inquiétude. Mais tu dois comprendre que je ne peux pas rester dans cette situation toute ma vie. On dirait que tu as honte de moi.

– Pas du tout ! s'écria George en se relevant du lit, les joues rouges. Jamais. Je t'assure que...

– Alors montre-le moi, dit simplement Adrian en haussant les épaules.

George soupira en se disant qu'Adrian avait raison.

Bien sûr qu'il avait raison. Fred lui disait tous les jours qu'il devait révéler leur relation et ce n'était pas étonnant qu'Adrian soit impatient, trois ans après leur premier baiser. Mais George ne savait pas vraiment comment et l'annoncer.

Comment devait se faire l'annonce ? Adrian devait-il être présent ? Et si tout tournait au rouge et que ses parents lui lançaient un Cognard à la figure en lui demandant de partir du Terrier ? George pourrait-il le supporter ?

– Je vais ess...

George fut interrompu quand il entendit la porte d'entrée de l'appartement claquer avec force et des hurlements provenir du salon.

Il regarda Adrian et, d'un même mouvement, ils se précipitèrent dans le salon, baguettes à la main.

George fut surpris de découvrir Hermione et Fred se faire face en se hurlant dessus.

Hermione recouverte d'un liquide vert qui, George le savait, brûlait la peau. C'était l'une de leurs dernières expériences qu'ils avaient laissé dans l'arrière-boutique, dans un carton, qui était très probablement tombé sur une Hermione, qui était à présent folle de rage.

Adrian observa la scène, avec un mélange d'effroi et d'amusement, comme s'il était habitué à ce genre de scène. George faillit lui dire d'aller se cacher, avant de se dire que c'était le premier pas pour qu'il accepte et révèle leur relation au grand jour et que ce n'était pas le moment pour qu'Adrian se mette lui aussi en colère.

– Je ne comprends pas pourquoi tu hurles ! cria Fred les poings serrés.

– Pourquoi je hurle ? Mais tu te rends compte du bazar dans cette boutique ? Je ne peux même pas marcher tranquillement sans risquer de mourir ! cria Hermione en retour.

– Tu savais très bien pour quoi tu t'engageais !

– Si j'avais su, j'aurai refusé ! hurla Hermione alors que Fred faisait un pas en arrière, l'air blessé.

George sentit d'ici le cœur de son frère se briser. Parce qu'il était persuadé qu'il avait une affection énorme pour Hermione et qu'il ne voulait pas se l'admettre.

– Alors pars ! Pars si tu en as marre ! cria Fred qui avait été blessé dans son égo.

– Ce n'est pas ce que je veux, répondit Hermione d'un ton, toujours agacé, mais plus doux en voyant sans doute qu'elle avait blessé Fred. Je veux simplement pouvoir travailler sans risquer ma vie.

– C'est ridicule tu n'as qu'à faire plus attention.

George aurait voulu lancer des signaux à Fred pour l'empêcher de dire ça, mais il ne se rendait même pas compte qu'Adrian et lui observaient la scène. Fred était concentré sur Hermione, se retenant visiblement de l'assassiner.

– Faire plus attention ? répéta Hermione d'une voix menaçante. Mais bien sûr ! Et tu n'as pas à ranger ton capharnaüm peut-être ?

– Ce n'est pas ton magasin, on fait ce qu'on veut ! dit puérilement Fred.

– Tu t'étonnes que personne ne veuille travailler au magasin, mais c'est plus dangereux que d'affronter Voldemort ! hurla-t-elle.

– Est-ce que vous ne pourriez pas... commença à intervenir George en voyant que la situation s'envenimait.

– Pas maintenant ! sifflèrent Fred et Hermione d'une même voix sans même se tourner vers lui, se défiant toujours du regard.

Ils continuèrent de se fixer et George vit son jumeau prendre une grande inspiration pour se calmer.

– Je vais ranger les expériences qui risquent de te blesser, alors, concéda Fred avec précaution.

– Tu as intérêt. Parce que je ne remets pas un pied dans cette boutique de malheur si je risque une seule fois de me retrouver en miette parce que môsieur Fred Weasley n'a pas rangé ses affaires.

– Tu n'es pas ma mère ! s'écria Fred en plissant les yeux.

– Non, c'est sûr, et je ne voudrais pas l'être, répliqua Hermione. Je n'en reviens pas, je suis blessée et tout ce que tu trouves à me dire c'est que j'aurai dû faire attention !

– Tu n'es pas blessée, ce n'est rien ça, s'agaça Fred.

– Je vais partir si tu continues à me parler comme ça et c'est tout ce que tu auras gagné ! cria Hermione.

– Très bien. Pars alors ! Nous n'avons même pas besoin de toi ! hurla Fred.

Il y eu un petit silence entre eux et Hermione laissa échapper un rire blessé.

Fred ouvrit la bouche, sans doute pour s'excuser, mais Hermione leva la main pour l'empêcher de parler.

– Parfait, dit Hermione en tournant les talons pour attraper sa cape qu'elle avait laissé sur le canapé. J'ai compris.

Elle posa les yeux sur Adrian et George, ce dernier remarquant immédiatement que ses yeux marron étaient remplis de larmes.

– Bonjour Pucey, dit-elle en fixant Adrian avec un air désabusé. Tu as du courage de sortir avec l'une des têtes de troll ici présente !

– C'est moi que tu traites de troll ? s'exclama Fred, outré, alors que le cœur de George faisait un bond.

– Non, je parle de Florian Fortarôme ! ironisa Hermione avant de partir de l'appartement en claquant la porte et en éclatant en sanglots.

Il y eut un long silence, presque gênant, alors que les garçons prenaient conscience que Hermione venait réellement de claquer la porte et risquait de ne pas revenir.

– Comment, par Godric, elle peut savoir que nous sortons ensemble ? fut la seule phrase que George put prononcer et qui détendit l'atmosphère.

– Je ne sais pas, mais si elle revient je l'assassine, marmonna Fred en sortant de l'appartement à son tour pour retourner au magasin en pestant contre Hermione.

– On a du boulot je crois, rit Adrian qui était habitué aux éclats de voix.

– Ce n'est pas vraiment ce que tu avais espéré comme week-end, soupira George qui savait qu'il allait devoir aller calmer son jumeau.

– Tant que je suis avec toi, tout me va, assura Adrian en l'embrassant tendrement sur les lèvres. On a du rangement à faire, allons-y avant que ton double ne détruise tout sur son passage.

En voyant Adrian aller parler à Fred et les aider à tout ranger, George se dit qu'il avait vraiment trouvé le Vif d'or du match et qu'il devait absolument le garder.

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15 SEPTEMBRE 1998 – LE CHEMIN DE TRAVERSE

Hermione ne décolorait pas. Elle n'en revenait pas que Fred ait osé lui dire une telle chose ! Elle allait partir et c'était tout. Elle n'allait pas s'embarrasser de politesse alors qu'il ne voulait même plus d'elle au magasin.

Pourtant, au moment où elle imaginait partir, son cœur se serra d'inquiétude. Parce qu'elle aimait travailler chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux. Elle aimait conseiller les clients, elle aimait l'ambiance magique du magasin et, par-dessus tout, elle adorait les jumeaux.

Ils étaient souvent agaçants, la blessaient parfois, mais ils étaient vraiment charmants. Ils lui faisaient oublier la guerre, ils lui faisaient penser à autre chose, ils la faisaient rire... Tout cela n'avait pas de prix. Elle ne pouvait pas juste partir comme ça.

Elle avait des larmes de rage aux yeux, perdue quant à ce qu'elle devait faire et ses pas la menèrent instinctivement vers le Chaudron Baveur. Premier lieu où elle avait découvert la magie.

Depuis qu'elle travaillait chez les jumeaux, elle n'avait pas eu trop le temps de se balader sur le Chemin de Traverse. Elle était parfois passée chez Florian pour acheter une glace ou chez Fleury et Bott pour acheter des ouvrages, mais elle regrettait de ne pas avoir pris le temps.

Parce que le Chemin de Traverse était magique, lui aussi. Elle aimait l'ambiance plus feutrée maintenant que la rentrée était passée, l'effervescence dans certains magasins, l'attroupement devant la boutique de Quidditch, les bonnes odeurs sucrées des pâtisseries de Myranda Desserta...

– Bonjour... oh, Hermione ! lança une voix joyeuse quand elle entra dans le Chaudron Baveur.

Hermione écarquilla légèrement les yeux en voyant Susan Bones, de Poufsouffle, derrière le comptoir. Elles n'étaient pas spécialement amies à Poudlard, mais elles avaient toutes les deux pris le cours de Runes et avaient parfois travaillé ensemble sur certains devoirs. Susan avait perdu sa tante pendant la guerre et Hermione se souvenait l'avoir vu se battre vaillamment pendant la Bataille Finale.

– Tu travailles ici ? demanda Hermione en s'installant face à elle.

– Eh oui, Tom a pris sa retraite, annonça Susan. Il me forme depuis le mois de juin et là il m'a laissé la boutique.

Elle ouvrit ses bras en grand en désignant le bar hôtel, un peu défraichi, qui était assez peu occupé. Il était encore assez tôt pour que les gens qui y dormaient ne commencent à descendre pour le dîner.

– Super, dit Hermione en lui souriant. Je suis contente que tu aies trouvé quelque chose qui te plaise.

– Oh oui, j'adore ça, confirma la Poufsouffle les yeux brillants de joie. Je peux faire des tas de pâtisseries, chouchouter mes clients, et surtout ne pas avoir à retourner à Poudlard. Tiens, tu m'en diras des nouvelles.

Hermione attrapa un biscuit à la cannelle que lui tendait Susan et ferma les yeux de bonheur.

– C'est toi qui as fait ça ? s'étonna Hermione en en prenant un deuxième. C'est excellent !

– Merci Hermione, sourit Susan en rougissant.

Hermione comprenait que Susan n'ait pas voulu retourner à Poudlard. Comme elle, elle n'avait pas pu remettre les pieds dans un endroit que les Mangemorts avaient souillés et envahis. Trop de morts, trop de choses qui s'étaient passées. Elles avaient toutes les deux eu besoin d'avancer dans leurs vies et Hermione était ravie pour elle.

– Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? demanda Susan qui avait sans doute remarqué ses larmes.

– Oh je... Je travaille chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux.

Susan écarquilla les yeux avant de taper dans ses mains en riant.

– Alors ça ! Si on m'avait dit que Hermione Granger travaillerait avec les jumeaux Weasley, je n'aurai pas parié une Noise ! Et ça te plaît ?

Hermione soupira de soulagement en voyant que Susan était juste heureuse pour elle. Elle avait déjà vu plusieurs personnes lui dire qu'elle gâchait ses talents là-bas, alors que ça avait été vraiment l'une des plus belles expériences de sa vie.

C'était sans doute terminé, à présent. Maintenant qu'elle avait renvoyé Fred sur les baguettes, jamais ils ne voudraient travailler avec elle de nouveau.

Elle sentit les larmes lui monter et elle baissa les yeux pour ne pas montrer son trouble. Susan comprit immédiatement que ça n'allait pas puisqu'elle posa une main sur son bras.

– Tout va bien Hermione ?

– C'est juste que... Je pense que j'ai tout gâché.

Elle ne savait pas pourquoi elle se confiait à Susan Bones, qu'elle ne connaissait pas plus que Merlin. Mais la douceur et la gentillesse de la Poufsouffle l'avait toujours marquée et elle se rendait compte qu'elle n'avait pas vraiment d'amis pour en discuter.

Harry et Ginny étaient à Poudlard, Ron était concentré dans ses études et elle ne pouvait pas vraiment lui parler de son frère, c'était déjà assez gênant comme ça...

– Tu t'es disputée avec les jumeaux ? demanda Susan avec clairvoyance.

– Oui, avec Fred, murmura Hermione qui se sentait honteuse à présent. Je lui ai dit des choses horribles, jamais il ne voudra que je travaille pour lui de nouveau.

– Oh, Hermione, tu sais les rapports peuvent souvent être tendus. Je me souviens m'être déjà disputée avec Tom, alors que nous sommes tous les deux d'un caractère plutôt conciliant. Je n'imagine pas avec deux têtes de troll comme les jumeaux.

Hermione éclata de rire quand Susan les qualifia de « troll » comme elle avait pu le faire auparavant.

– Voilà, ça c'est mieux, dit Susan en montrant le sourire de Hermione. J'ai toujours pensé que les jumeaux pouvaient être intenses dans leurs relations avec les autres. Je pense que c'est normal que, parfois, ça ne se passe pas bien ou que le chaudron explose. Mais ils seraient bêtes de ne pas vouloir te garder.

– Merci Susan, dit sincèrement Hermione.

Elle ne se sentait pas plus rassurée que ça, mais la gentillesse et la positivité de Susan la rassuraient énormément.

– Allez, on va se prendre un bon chocolat chaud et papoter sur Poudlard. Ça te changera les idées.

Quand Hermione eut terminé sa journée, ayant discuté avec Susan et l'ayant aidé avec certains clients, elle se dit que la vie était bien faite et que certaines rencontres pouvaient vraiment changer les choses.

Elle avait passé une vraie bonne fin journée, riant avec Susan, discutant de Poudlard, parlant de tout ce qu'elle ne pouvait pas dire sur les jumeaux, disant enfin ce qui la travaillait et, à la fin, elle se sentait prête à affronter les jumeaux ou plutôt l'un d'eux.

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15 SEPTEMBRE 1998 – WWW

Fred tournait en rond dans le magasin, qui avait fermé il y a déjà une bonne heure. Il était seul, puisqu'il avait laissé George et Adrian aller manger en amoureux dans un restaurant moldu avant que ce dernier ne retourne à l'entraînement.

Hermione n'était pas revenue, alors qu'il était sûr qu'elle l'aurait fait. Il avait passé un coup de cheminette à sa mère, mais la brune n'était pas encore rentrée au Terrier.

Fred était inquiet qu'il lui soit arrivé quelque chose ou, pire, qu'elle ne veuille plus jamais lui parler après ce qu'il avait osé lui dire. Il s'en voulait tellement. Il avait l'impression d'agir comme un idiot dès qu'il était près d'elle et tout était de la faute de George !

Quand il avait proposé à Hermione de venir travailler pour eux, il avait simplement pensé faire un acte de charité. Mais George lui avait mis en tête qu'il aimait bien Hermione et, à présent, il ne pouvait s'empêcher de remarquer tout ce qu'il aimait chez elle...

Puis, il avait commencé à intervenir quand un client était trop insistant avec elle, craignant qu'elle n'accepte une invitation à dîner avec eux, voulant la protéger des gens, selon lui, mal intentionnés...

Quand elle lui avait dit qu'elle en avait marre de travailler pour eux, il s'était senti blessé et il avait mal réagi parce qu'il avait été vexé, triste qu'elle ne l'aime pas assez pour rester. Maintenant, il comprenait que Hermione avait simplement réagi au quart de tour, comme elle pouvait le faire parfois... Mais ce qu'il lui avait dit, c'était vraiment nul de sa part...

Et si elle ne revenait jamais ?

Et si...

Les pensées de Fred furent interrompues lorsque la porte du magasin s'ouvrit et que Hermione fit son apparition. Elle rougit en voyant qu'il l'attendait et ils restèrent un long moment à se regarder dans le blanc des yeux, sans savoir quoi se dire.

– Je suis... Pardon... Vas-y, dirent-ils en même temps avant de rire doucement.

Hermione s'approcha de lui et Fred vit qu'elle avait l'air plus calme que ce matin, mais aussi assez résignée.

– Je sais que tu ne veux plus travailler avec moi, mais...

– Hermione, je...

– Non, laisse-moi terminer, coupa Hermione en relevant la tête pour le fixer dans les yeux. J'aime travailler avec vous. Je sais que je ne suis pas la meilleure employée et que j'ai beaucoup de choses à apprendre... Mais j'adore vous voir travailler ensemble, j'aime la boutique, et je suis désolée de t'avoir dit toutes ces choses ce matin. Je ne veux pas partir, mais je comprendrais si...

Fred l'interrompit en s'approchant d'elle et en la prenant dans ses bras, sans pouvoir s'en empêcher. Il prit une grande goulée de son odeur sucrée et ferma les yeux, appréciant ce moment qui ne durerait qu'un temps.

Il sentit enfin Hermione lui rendre son câlin et ne put s'empêcher de sourire en se rendant compte qu'elle était vraiment petite par rapport à lui. Son visage était collé contre son torse et elle devait sentir son cœur battre la chamade.

– Ne pars plus jamais comme ça, murmura Fred. J'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose.

– Qu'est-ce que tu veux qu'il m'arrive ? demanda Hermione en s'écartant légèrement pour le regarder.

– Il reste encore des Mangemorts en liberté, rappela Fred.

– Je sais me défendre.

– Je le sais, mais je voudrais que tu n'aies plus à te défendre, admit Fred en rougissant. Tu as mérité de te reposer, maintenant. Et c'est moi qui suis désolé. Je n'aurai pas dû te dire ça. Je veux que tu restes travailler avec m... nous, se corrigea-t-il à temps.

– Même si je suis agaçante par moment ?

– Je suis encore pire que toi, dit Fred en riant. Je t'ai frappé avec une boîte à Flemme, je laisse toutes nos inventions traîner et je sais que c'est dangereux de travailler avec nous. Mais tu sais te défendre, comme tu l'as dit. Reste, s'il te plaît.

– Tu veux vraiment que je reste ? Tu ne dis pas ça par charité ou parce que je suis la meilleure amie de Ron ?

– Hermione, tu n'es pas seulement la meilleure amie de mon petit frère. Tu es mon amie, à moi aussi, corrigea Fred en souriant tendrement.

Hermione rosit à son tour, se rendant compte qu'ils étaient assez proches et s'écarta en se raclant la gorge, bien qu'un sourire touché avait pris place sur son visage.

– Tu es mon ami aussi Fred, reconnut Hermione ce qui provoqua une vague de soulagement en Fred.

– Les amis ont le droit d'être agacés l'un envers l'autre, n'est-ce pas ?

– Je pense que oui, dit Hermione qui se souvenait sans doute de toutes les fois où elle s'était disputée avec Ron et Hermione.

– Amis ?

– Amis et collègues, ajouta Hermione en lui tendant la main.

Fred l'attrapa et sentit une bouffée de chaleur l'envahir en comprenant qu'elle allait et qu'elle voulait rester avec eux. Il continuerait de la voir tous les jours. Quel bonheur !

– Mais je rêve où vous avez rangé ? demanda Hermione qui venait de parcourir la boutique d'un coup d'œil.

Fred passa une main derrière son cou, un peu gêné et haussa les épaules.

– On a un peu organisé la boutique pour que... On voulait que tu te sentes bien. On restera désorganisés, mais on va essayer de ne plus laisser traîner les choses dangereuses.

– Et je vais essayer de ne pas m'énerver si un carton n'est pas à sa place et faire attention où je mets ma baguette, compléta Hermione en souriant.

– On va y arriver, promit Fred. Je te promets que tu te sentiras bien ici.

Hermione tendit son petit doigt et Fred y noua le sien, en signe de promesse.

– Je me sens déjà bien, avoua Hermione en souriant.

– Parfait alors, sourit Fred. George nous a laissé tomber pour la soirée, ça te dit d'aller prendre un verre au Chaudron Baveur ?

Il ne savait pas pourquoi il avait proposé ça, mais il n'osait pas imaginer Hermione rentrant au Terrier comme ça. Il fallait au moins fêter leur collaboration.

– J'en viens, s'amusa Hermione.

– Tu as passé toute la journée à boire ? Je ne te pensais pas comme ça, ironisa Fred taquin.

– Susan Bones tient le Chaudron Baveur, on a discuté toute la journée. Tu ne veux pas plutôt tenter un bar moldu ? proposa Hermione.

Fred déglutit difficilement, parce qu'il n'avait jamais vraiment été dans un bar moldu. Il avait tenté quelques aventures dans le monde moldu, plus pour essayer de comprendre pourquoi son père raffolait des moldus que par réel envie, alors que George était plus habitué que lui. Pour lui, le monde moldu lui paraissait un peu trop dangereux, mais il ne voulait pas le montrer, alors il hocha courageusement la tête.

– Pourquoi pas.

Hermione dut voir qu'il était un peu anxieux puisqu'elle rit et l'attrapa par le bras pour l'entraîner à l'extérieur.

– On va se contenter de rester ici pour cette fois. Mais la prochaine fois, on tente le côté moldu, d'accord ?

– Promis, souffla Fred qui se sentait soulagé. Je vais te faire mon meilleur chocolat chaud.

– Pourquoi tu crois que je veux rester ici, s'amusa Hermione.

Il était content de pouvoir lui préparer sa recette secrète de chocolat. Fred savait, après tout, que toutes les disputes pouvaient se régler avec un chocolat.

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