Bonne année 2022 !


Chapitre 4 – Ce qui est sûr de sûr, c'est que Boruto n'aime pas Sarada.

Quand il était inquiet, Boruto parlait fort. Il savait qu'il tenait ça de son père qui avait aussi tendance à s'exprimer avec plus de coffre dès lors que la situation devenait compliquée et il avait essayé, étant plus jeune, de gommer cette ressemblance avec son paternel.

Pourtant, il n'avait jamais réussi à totalement effacer ce trait, continuant à donner de la voix à chaque fois qu'il ressentait une inquiétude, même minime. Et, cette fois, ses inquiétudes n'étaient pas minimes. Il pinça les lèvres et regarda à droite, du côté de Kawaki qui était concentré sur les images de la télévision, les sourcils froncés, un petit bout de langue coincé entre les lèvres.

Les deux adolescents avaient décidé de jouer à un jeu vidéo en attendant que Naruto rentre de la Tour Hokage. Ils n'avaient pas reparlé de la situation. Pas devant Himawari, avaient-ils décrété, l'un comme l'autre voulant s'assurer que l'enfant ne souffre pas trop de la tension actuelle.

C'était peine perdue, bien entendu. Himawari était merveilleusement ouverte aux émotions des autres. Elle laissait souvent Kawaki et Boruto pantois devant la finesse de ses analyses et aucun des deux ne pouvait dire si c'était parce qu'elle était une perceptrice hors-norme, ou si c'était son byakugan qui l'aidait dans cette tâche.

Elle était actuellement assise entre eux, concentrée sur un travail de broderie avec la plus grande attention. Les odeurs de cuisine se répandaient partout dans le salon, le silence ponctué par les cris de Boruto et les grognements frustrés de Kawaki.

Ils s'affrontaient à Shinobi Striker, un jeu qui permettait de faire combattre des ninjas sur lequel Boruto mettait un point d'honneur à maîtriser absolument tous les personnages jusqu'aux combos les plus difficiles à déclencher. Kawaki, lui, prenait toujours le même : il choisissait Naruto.

Un jour, Boruto lui dirait que cette obsession pour son père était un peu dégueulasse et qu'il fallait vraiment qu'il sorte plus souvent et découvre d'autres gens, mais pour l'instant, il laissait faire. Principalement parce que ça restait un plaisir de botter le cul virtuel de son paternel en usant de diverses techniques.

Il avait choisi le personnage d'Hashirama Senju – et ça n'avait rien, mais absolument rien à voir avec le fait que Sarada adorait cet Hokage par-delà les mots, bien sûr que non. Il n'appréciait qu'à peine Sarada. Parce qu'il y était forcé, en plus. Il n'avait pas le choix, ils avaient grandi ensemble parce que leurs parents étaient amis, mais il ne la trouvait ni super jolie ni méga intelligente et s'il avait promis de la protéger, c'était uniquement parce qu'elle voulait être Hokage et que ce serait son rôle, voilà.

— Boruto.

— Quoi, non, c'est pas vrai, je pensais pas à Sarada !

En retour, il reçut un regard sceptique aussi bien de la part de Kawaki que de la part de sa petite sœur, mais aucun des deux ne fit davantage de commentaire, et c'était tant mieux, parce qu'il se sentait ridicule avec ses joues qui chauffaient.

Il oublia bien vite son malaise quand Kawaki tendit son menton vers la fenêtre pour désigner l'Hokage qui rentrait enfin chez lui, accompagné par deux silhouettes enroulées dans des capes qui dissimulaient leur visage et leur allure. Il y avait, tout de même, une différence de taille flagrante entre les trois, Naruto étant pile au milieu des deux.

Les deux adolescents échangèrent un regard et le silence soudain attira l'attention d'Hinata qui fronça les sourcils, essuyant ses mains sur un torchon avant d'avancer prudemment dans le salon.

Quand Naruto entra, laissant les silhouettes sur le pallier, son visage s'illumina quand il croisa le regard de son épouse et Boruto trouva ça mignon, mais quand même un peu répugnant.

— Hinata, s'écria Naruto. Tu es particulièrement belle aujourd'hui !

Elle rosit et se tortilla, touchée par le compliment et Boruto roula des yeux. Il connaissait cette technique : son père s'en servait à chaque fois qu'il avait quelque chose de désagréable à annoncer à sa mère.

Pour autant, ça marchait encore. Hinata savait très bien que c'était une façon de l'amadouer, mais elle se laissait faire, malgré tout, encourageant son mari à s'approcher d'elle pour l'enlacer et déposer un baiser sur sa joue.

L'ambiance familiale retomba pourtant rapidement quand les deux adolescents s'approchèrent et que Naruto retrouva tout son sérieux, soupirant avec dépit.

— Nous allons avoir deux invités et il faut que je vous parle, les garçons.

Puis il se tourna vers sa fille.

— Hima, tu veux bien monter dans ta chambre et ne pas écouter aux portes, cette fois-ci ?

De mauvaise grâce, l'enfant quitta le canapé et traîna ses pieds jusqu'à l'étage, pendant qu'Hinata se précipitait derrière ses fourneaux pour couper le feu et empêcher son dîner de brûler.

Naruto considéra les trois personnes qui restaient avec lui, guettant le bruit de fermeture de la porte de la chambre d'Himawari, puis il soupira avec fatigue.

— Nos deux invités sont un peu particuliers, annonça-t-il en prenant garde aux réactions de son épouse quand elle recevrait ses mots.

Hinata cilla, Boruto se redressa légèrement. Kawaki fit un pas en arrière et Naruto le regarda.

— J'imagine que tu n'as pas eu le temps d'en apprendre plus sur l'histoire de Konoha.

L'adolescent haussa les épaules dans une non-réponse que Naruto traduisit à la perfection et il revint vers son épouse, saisissant sa main pour la serrer.

— Hagoromo Otsutsuki a décidé de nous prêter main forte, avec Kara, annonça-t-il. Je vous expliquerai en détails, bien entendu, mais pour l'instant… Il a ramené à la vie des personnes qui étaient mortes.

Il déglutit, plongea ses yeux dans ceux d'Hinata.

— Uchiha Itachi, Uchiha Obito, Uchiha Madara, Uzumaki Nagato et Senju Hashirama.

Hinata hoqueta, une lumière de chagrin illuminant ses yeux alors qu'elle réalisait ce que Naruto était en train d'expliquer.

— Mon amour, demanda-t-il, acceptes-tu de te retrouver face à Nagato ? Les trois Uchiha seront hébergés chez Sasuke, tu n'auras pas à te tenir face à celui qui a tué ton cousin. Cependant, je dois savoir si tu acceptes de recevoir Nagato sous ton toit.

Elle prit une respiration fébrile et Boruto déglutit. Il connaissait le nom de Nagato Uzumaki. Pain. L'homme qui avait détruit Konoha, autrefois. Et qui avait brisé les os d'Hinata en la propulsant contre le sol d'une hauteur de plus de vingt mètres. Les mauvais jours, elle sentait encore ses articulations tirer, malgré les bons soins de Sakura.

Pourtant, ô comme Boruto était fier de sa mère, elle hocha la tête avec fermeté pour accepter d'offrir l'hospitalité à quelqu'un qui l'avait détruite physiquement. Parce qu'elle était au-dessus de ça. Au-dessus de la haine.

Alors les deux silhouettes entrèrent, retirant les capes qui les recouvraient et leurs chaussures furent abandonnées dans l'entrée.

— Hashirama, Nagato, laissez-moi vous présenter ma famille. Mon épouse, Hinata…

Elle s'inclina.

— Seigneur Hokage, sourit-elle en ignorant le Premier qui disait déjà « Oh non, on est de la même famille, appelle-moi par mon prénom ! », Nagato.

Elle tressaillit quand il leva la tête, s'attendant à rencontrer le regard violet dérangeant, mais elle ne trouva à la place que des yeux noirs, semblables à ceux de Sarada. Elle papillonna des cils avec surprise.

— Et voilà deux de mes trois enfants, Kawaki et Boruto. Ma fille Himawari est à l'étage, elle est encore trop petite pour ce genre de conversations.

Le reste des présentations dura quelques minutes, principalement parce que Hashirama aimait à s'exprimer, peut-être un peu trop au goût de Boruto.

Noyé sous la logorrhée du revenant Senju, il mit du temps à réaliser que, devant lui, se trouvait l'idole de Sarada et que, s'il en croyait son père, elle se retrouvait coincée avec les trois rebuts du clan Uchiha, les porteurs de malheur, les traîtres à leur sang.

— Oh bon sang, gémit-il finalement dans un silence, Sarada va me tuer.


À samedi prochain !